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Boulot bouleau
Jeu 17 Jan 2019 - 12:54
C'est qu'il faisait froid aujourd'hui. En traversant les couloirs de l'hôpital je dénotais rapidement le nombre des chambres nouvellement occupées tandis que mon ouïe fut distraite en entendant le concert de toux et de crachats qui me parvenaient. Rien de bien glamour pour la plupart du commun des mortels. Pour moi, c'était simplement significatif de travail, et j'aimais mon travail. D'autant plus depuis ma venue à Sainte Marie pour m'occuper du service que je dirigeais aujourd'hui. Je ne laissais rien au hasard. Ainsi, après avoir fait le tour dans la salle de mon personnel et après les avoir coaché, je me retrouvais dans le couloir dans la ferme intention de me rendre au stock de médicament.
Lors de ma dernière visite j'avais cru voir que la liste n'avait pas été mise à jour et qu'il commençait à manquer certains produits. Une situation que je ne pouvais tolérer. Travailler dans les soins n'était pas une sinécure, et si je tenais la responsable de ces agissements bâclés, il se verrait crouler sous les heures supplémentaires. Intransigeante, je l'étais, et c'était ce qui m'avait fait aller aussi loin dans mon métier, et ceci avec un parcours sans faute et sans bavure. Ça n'allait donc pas commencer maintenant, j'y mettais un point d'honneur.
Poussant la porte du dépôt, j'allumais la lumière et faisait comme chez moi, car ici, j'étais chez moi. Je notais tout ce qu'il y avait à noter sur mon calepin, attentive au moindre détail. Bientôt, le papier fut noirci de mes diverses notes, me prouvant que j'avais eu raison de me méfier. Bien sûr j'avais écrit bien plus qu'il ne le fallait, mais je voulais que tout soit impeccable. Alors ça le sera. Mais avant ça, je me devais de parer au plus urgent. Des plantes allaient cruellement me manquer, notamment certaines espèces particulièrement difficiles à trouver en hiver.
Maintenant que j'étais nouvellement arrivée, je me devais de me faire des relations commerciales pour tenir convenablement mon service. Fort heureusement, j'avais passé plusieurs années dans la région, je savais donc où m'adresser sans effectuer de recherches trop approfondies pour l'heure. Vite fait, bien fait, était mon adage favoris. Je n'allais pas m'épuiser en de vaines recherches alors que je savais parfaitement où est-ce que je devais me rendre.
Rapidement, j'adressais un courrier au professeur de botanique de l'université d'Hungcalf. Je savais que la serre regorgeait de plantes de toutes variétés. Sans doute trouverai-je ce dont j'avais besoin, ou au moins, en grande partie.
Après avoir envoyé le hibou de l'hôpital, je me rendais à mon bureau pour refaire une liste propre de ce qu'il me fallait. Ça allait sans nul doute être plus agréable pour mon interlocutrice que le brouillon que j'avais fait plus tôt, que seule moi étais capable de relire, il fallait reconnaître ce qui était.
Entre temps, la réponse m'arrivait déjà. Parfait. La vision que j'avais eue à propos de cette femme s'avérait pour le moment exact : elle semblait appliquée dans ce qu'elle faisait. C'était d'une telle collaboration que je souhaitais pour mener à bien les tâches qui m'incombaient dans mon service. Après avoir pris connaissance de l'heure de rendez-vous, je me permettais de travailler encore un peu avant de laisser tomber ma blouse verte. Je relâchais ma longue chevelure rousse tenue jusque-là en un chignon strict. Secouant légèrement la tête pour les arranger rapidement dans mon dos, j'attrapais ma veste et l'enfilais tout en sortant du bâtiment après avoir prévenu mon second que je m'absentais pour affaire. Même s'il semblait surpris que je puisse partir en pleine heure de service, il ne discutait pas. De toute façon, il avait eu intérêt à ne pas le faire, s'aurait été dangereux pour lui.
Prenant la direction de l'université, je m'y rendais machinalement, comme si mes dix années d'étude ici avaient été profondément gravées en mois à tel point que je n'étais pas choquée de remettre les pieds ici. L'idée d'aller déranger Evan en plein cours me traversa l'esprit, et heureusement que j'étais pile à l'heure pour mon rendez-vous, sinon je me serai sans doute exécutée.
Ravisée, je traversais le hall d'entrée en faisant claquer les talons de mes chaussures sur le sol jusqu'à atteindre la salle des professeurs où je me permettais de toquer trois coups peu discrets. Ma présence était justifiée et je voulais qu'on m'entende pour m'éviter de perdre mon temps. Je ne cherchais donc pas à faire dans la discrétion.
@prudence bellevue
Lors de ma dernière visite j'avais cru voir que la liste n'avait pas été mise à jour et qu'il commençait à manquer certains produits. Une situation que je ne pouvais tolérer. Travailler dans les soins n'était pas une sinécure, et si je tenais la responsable de ces agissements bâclés, il se verrait crouler sous les heures supplémentaires. Intransigeante, je l'étais, et c'était ce qui m'avait fait aller aussi loin dans mon métier, et ceci avec un parcours sans faute et sans bavure. Ça n'allait donc pas commencer maintenant, j'y mettais un point d'honneur.
Poussant la porte du dépôt, j'allumais la lumière et faisait comme chez moi, car ici, j'étais chez moi. Je notais tout ce qu'il y avait à noter sur mon calepin, attentive au moindre détail. Bientôt, le papier fut noirci de mes diverses notes, me prouvant que j'avais eu raison de me méfier. Bien sûr j'avais écrit bien plus qu'il ne le fallait, mais je voulais que tout soit impeccable. Alors ça le sera. Mais avant ça, je me devais de parer au plus urgent. Des plantes allaient cruellement me manquer, notamment certaines espèces particulièrement difficiles à trouver en hiver.
Maintenant que j'étais nouvellement arrivée, je me devais de me faire des relations commerciales pour tenir convenablement mon service. Fort heureusement, j'avais passé plusieurs années dans la région, je savais donc où m'adresser sans effectuer de recherches trop approfondies pour l'heure. Vite fait, bien fait, était mon adage favoris. Je n'allais pas m'épuiser en de vaines recherches alors que je savais parfaitement où est-ce que je devais me rendre.
Rapidement, j'adressais un courrier au professeur de botanique de l'université d'Hungcalf. Je savais que la serre regorgeait de plantes de toutes variétés. Sans doute trouverai-je ce dont j'avais besoin, ou au moins, en grande partie.
Après avoir envoyé le hibou de l'hôpital, je me rendais à mon bureau pour refaire une liste propre de ce qu'il me fallait. Ça allait sans nul doute être plus agréable pour mon interlocutrice que le brouillon que j'avais fait plus tôt, que seule moi étais capable de relire, il fallait reconnaître ce qui était.
Entre temps, la réponse m'arrivait déjà. Parfait. La vision que j'avais eue à propos de cette femme s'avérait pour le moment exact : elle semblait appliquée dans ce qu'elle faisait. C'était d'une telle collaboration que je souhaitais pour mener à bien les tâches qui m'incombaient dans mon service. Après avoir pris connaissance de l'heure de rendez-vous, je me permettais de travailler encore un peu avant de laisser tomber ma blouse verte. Je relâchais ma longue chevelure rousse tenue jusque-là en un chignon strict. Secouant légèrement la tête pour les arranger rapidement dans mon dos, j'attrapais ma veste et l'enfilais tout en sortant du bâtiment après avoir prévenu mon second que je m'absentais pour affaire. Même s'il semblait surpris que je puisse partir en pleine heure de service, il ne discutait pas. De toute façon, il avait eu intérêt à ne pas le faire, s'aurait été dangereux pour lui.
Prenant la direction de l'université, je m'y rendais machinalement, comme si mes dix années d'étude ici avaient été profondément gravées en mois à tel point que je n'étais pas choquée de remettre les pieds ici. L'idée d'aller déranger Evan en plein cours me traversa l'esprit, et heureusement que j'étais pile à l'heure pour mon rendez-vous, sinon je me serai sans doute exécutée.
Ravisée, je traversais le hall d'entrée en faisant claquer les talons de mes chaussures sur le sol jusqu'à atteindre la salle des professeurs où je me permettais de toquer trois coups peu discrets. Ma présence était justifiée et je voulais qu'on m'entende pour m'éviter de perdre mon temps. Je ne cherchais donc pas à faire dans la discrétion.
@prudence bellevue
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Re: Boulot bouleau
Ven 18 Jan 2019 - 21:28
Cela faisait cinq minutes que Prudence tournait en rond dans ses serres. L'agacement qu'elle ressentait commençait sérieusement à prendre de l'ampleur. Elle se maudissait intérieurement d'être aussi tête en l'air. L'un de ses cours venait de se terminer et elle savait qu'elle devait absolument faire quelque chose mais elle était tout bonnement incapable de se souvenir de quoi il s'agissait. Les noms d'oiseaux commençaient à fuser tandis qu'elle sentait son cœur battre plus fort. Ce n'était pas de l'angoisse ou de la panique, non, c'était tout simplement la colère qui commençait à gronder en elle. Rageusement, elle donna un coup de pied dans une motte de terre et un flash lui revint instantanément. Mais oui ! Une semaine auparavant, la jeune femme avait profité d'une pleine lune pour aller ramasser des crottes de Veaudelune. Elle avait attendu que la nuit soit profonde afin de se diriger dans la forêt. C'était seulement lorsque la lune était parfaitement ronde qu'elle pouvait trouver ce genre d'engrais. Bien sûr ce n'était pas très ragoutant, mais c'était tellement efficace que tous les mois la jeune sorcière allait s'en procurer. Aujourd'hui, elle devait s'en servir pour rempoter ses plants de dictame et de chou mordeur. Elle savait qu'avec cet engrais ses plantes pousseraient beaucoup plus vite et seraient surtout beaucoup plus efficaces. Satisfaite d'avoir retrouvé ses souvenirs perdus, l'enseignante se mit au travail. Comme souvent lorsqu'elle travaillait dans ses serres, elle se mit à chantonner. Occupée à travailler avec minutie, elle mit quelques secondes avant de se rendre compte qu'un hibou s'était posé sur un tuteur. Elle fronça les sourcils, tendit la main pour récupérer le courrier et décacheta la lettre. Plus elle lisait le courrier plus son visage s'illuminait. Elle acheva sa lecture, un large sourire accroché au visage. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas souri de la sorte. Le parchemin provenait d'Ariadne Eberhart, nouvelle cheffe de service à Sainte Marie. Elle lui écrivait pour pouvoir se réapprovisionner en certaines plantes. Prudence était ravie qu'on fasse appel à elle. Malgré son caractère peu commode ces dernières années, sa réputation la précédait. Elle était excellente dans son domaine, peut-être même la meilleure. Il n'était donc pas rare que l'on se tourne vers elle lorsque l'on désirait obtenir certaines plantes ou herbes. La jeune Bellevue avait toujours aimé rendre service, elle avait même un temps envisagé une carrière dans le médical avant de se rendre à l'évidence que la botanique était son véritable domaine de prédilection. Prudence rangea rapidement le courrier dans l'une de ses poches, termina en quelques minutes ce qu'elle avait commencé de faire avec ses crottes de Veaudelune et se dirigea d'un pas pressé dans la salle des professeurs.
Sa bonne humeur soudaine devait se ressentir puisque quelques élèves osèrent lui sourire lorsqu'ils la croisèrent. Elle fit quelques signes de tête pour saluer certaines personnes et finit par entrer dans la salle qui était pour le moment déserte. Elle s'empressa de se nettoyer les mains, jetant par la suite un sort afin de faire disparaître l'odeur qui s'était incrustée dans sa peau. Elle finit par s'installer à une table et par rédiger une brève lettre dans laquelle elle expliquait qu'elle serait ravie de pouvoir aider et qu'elle se tenait à disposition tout l'après-midi. Une fois l'enveloppe envolée, Prudence décida de corriger quelques parchemins qu'elle devait rendre à sa classe de 10ème année. Corriger des devoirs ne faisait pas partie des tâches qu'elle préférait, mais comme toujours, la jeune Bellevue faisait cela avec sérieux, rigueur et impartialité. Elle était exigeante et attendait le meilleur de ses élèves, elle ne laissait donc rien passer. Certains la trouvaient trop sévères, elle, elle se considérait comme juste et perfectionniste. Alors qu'elle en était à son deuxième devoir, on frappa à la porte. La jeune femme se leva et se dirigea jusqu'à l'entrée de la pièce. Une fois la porte ouverte, elle vit devant elle une jeune femme brune, élancée. Elle semblait élégante et sûre d'elle. Un sourire poli s'afficha sur le visage de Prudence tandis qu'elle lui tendait la main tout en disant : « Vous devez être Ariadne Eberhart ? Je suis Prudence Bellevue. Je vous en prie, entrez. » L'enseignante s'effaça afin de libérer le passage. Elle referma la porte derrière elle et tout en se dirigeant vers l'une des tables elle questionna la jeune femme qui venait de la rejoindre : « Vous désirez un thé ? Un café ? Autre chose peut-être ? » et tout en disant cela, elle se prépara une tasse de café. Il faisait froid ces derniers temps et si elles devaient toutes deux traverser à nouveau la cour, autant que cela soit avec un liquide chaud en elles. Prudence montra un fauteuil à la jeune médicomage afin de l'inviter à s'asseoir et poursuivit : « Je suis ravie de pouvoir vous aider. Dîtes-moi tout. De quoi avez-vous besoin ? » La jeune Bellevue était détendue, cela faisait tellement longtemps que cela ne lui était pas arrivé qu'elle s'en étonnait elle-même. Souriante et avenante, elle attendait qu'Ariadne lui réponde.
@Ariadne Eberhart
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Re: Boulot bouleau
Sam 19 Jan 2019 - 21:32
C'est un visage accueillant et poli fit sa place à la place de la porte qui venait de s'ouvrir. De mes yeux gris clairs, je fixais sans détour la femme qui se dressait à présent devant moi. Nous devions avoir le même âge toutes les deux, et cela était que pour me satisfaire. J'étais douée en la matière, et la réputation de madame Bellevue la précédait, sans compter que je connaissais la serre de l'université depuis des années et que j'y avais passé beaucoup de temps en étant étudiante. Ainsi, si mon intuition était correcte, cette enseignante était au moins aussi douée que moi.
Voilà pourquoi à mon tour je lui rendais son sourire courtois et venais lui serrer la main d'une poigne ferme et assurée.
- C'est un plaisir de vous rencontrer. Puis-je vous appeler par votre prénom ? Vous pouvez en faire de même pour moi évidemment.
Lorsqu'elle m'y invita, je rentrais dans la salle sans la moindre gêne, tout comme la question que je venais de lui poser. En plus de mes visions, j'étais à présent certaine que je voulais travailler avec elle. Cela dit, la discussion allait être intéressante, je le sentais, et je n'avais pas besoin de mon don pour le deviner. Puisque j'étais persuadée que notre collaboration allait être fructueuse, autant que nous nous mettions à l'aise toutes les deux, voilà pourquoi je lui avais directement proposé un peu plus de familiarité entre nous.
Mon regard balayait la pièce avec un soupçon de curiosité. Après tout, je n'avais jamais mis les pieds ici, car bien trop studieuse à l'époque, je n'avais jamais été convoquée par les enseignants autrement que pour discuter de mes excellents bulletins.
- Un café, volontiers.
Je n'étais pas spécialement friande des thés, le café était bénéfique pour moi parce qu'il pouvait me tenir éveillée de très longues heures. La caféine, j'en avais dans le sang depuis de nombreuses années, d'abord pour tenir mes interminables nuits de révisions, et maintenant pour que je puisse rester concentrée dans ma nouvelle fonction à Sainte Marie.
À l'aise, je prenais donc place lorsque mon hôte me le propose, même si je n'attendais pas spécialement son autorisation. Je savais me tenir, surtout lorsque la rencontre était aussi importante qu'aujourd'hui malgré mes attitudes d'ordinaire un peu trop libérées et décontractées. Aussi, cela dépendait des jours et de mon humeur. Aujourd'hui, j'étais d'excellente humeur, forcément, j'avançais dans mon travail, et j'appréciais plus que tout mon métier.
Joignant mes mains devant moi sur la table, je scrutais madame Bellevue de la neutralité de mon regard gris tandis que je croisais mes jambes, exacerbant cette allure la femme séduisante que j'étais. Loin de moi l'idée de charmer la professeure, tout du moins, pas de cette manière. À sa question, je plissais légèrement les yeux, rehaussant un certain amusement que je ressentais.
- De plusieurs choses à dire vrai. Pour commencer…
Écartant les pans de ma veste, je fouillais dans une poche intérieure pour en sortir le parchemin sur lequel j'avais dressé ma fameuse liste. Il y avait de tout, de l'espèce de dicatme la plus courante à une plante curative bien plus délicate à obtenir. De par cette liste, la sorcière pouvait aisément comprendre que j'étais une femme aux exigences élevées, pour rendre un travail de qualité.
- Il me faudrait tout ce que j'ai noté là. Mon prédécesseur a affreusement négligé certains stocks, comme vous pouvez le voir.
En silence, je la laissais prendre connaissance des énumérations, puis, en devinant aux mouvements oculaires qu'elle arrivait en bas du papier, je reprenais avec aisance.
- Pour tout vous dire, j'ai été nouvelle promue cheffe de service à Sainte Marie. Je suis donc en train de prendre mes repères. Je marquais un petit silence avant de reprendre, sans jamais perdre mon sourire courtois et concerné. J'aurai besoin de personnes de votre talent afin de pouvoir assurer une collaboration durable, fiable et de qualité.
Me faisant plus sérieuse, parce que je travaillais, je m'adossais de toute ma hauteur sur le fauteuil en scrutant mon interlocutrice d'une œillade intéressée et déterminée.
Voilà pourquoi à mon tour je lui rendais son sourire courtois et venais lui serrer la main d'une poigne ferme et assurée.
- C'est un plaisir de vous rencontrer. Puis-je vous appeler par votre prénom ? Vous pouvez en faire de même pour moi évidemment.
Lorsqu'elle m'y invita, je rentrais dans la salle sans la moindre gêne, tout comme la question que je venais de lui poser. En plus de mes visions, j'étais à présent certaine que je voulais travailler avec elle. Cela dit, la discussion allait être intéressante, je le sentais, et je n'avais pas besoin de mon don pour le deviner. Puisque j'étais persuadée que notre collaboration allait être fructueuse, autant que nous nous mettions à l'aise toutes les deux, voilà pourquoi je lui avais directement proposé un peu plus de familiarité entre nous.
Mon regard balayait la pièce avec un soupçon de curiosité. Après tout, je n'avais jamais mis les pieds ici, car bien trop studieuse à l'époque, je n'avais jamais été convoquée par les enseignants autrement que pour discuter de mes excellents bulletins.
- Un café, volontiers.
Je n'étais pas spécialement friande des thés, le café était bénéfique pour moi parce qu'il pouvait me tenir éveillée de très longues heures. La caféine, j'en avais dans le sang depuis de nombreuses années, d'abord pour tenir mes interminables nuits de révisions, et maintenant pour que je puisse rester concentrée dans ma nouvelle fonction à Sainte Marie.
À l'aise, je prenais donc place lorsque mon hôte me le propose, même si je n'attendais pas spécialement son autorisation. Je savais me tenir, surtout lorsque la rencontre était aussi importante qu'aujourd'hui malgré mes attitudes d'ordinaire un peu trop libérées et décontractées. Aussi, cela dépendait des jours et de mon humeur. Aujourd'hui, j'étais d'excellente humeur, forcément, j'avançais dans mon travail, et j'appréciais plus que tout mon métier.
Joignant mes mains devant moi sur la table, je scrutais madame Bellevue de la neutralité de mon regard gris tandis que je croisais mes jambes, exacerbant cette allure la femme séduisante que j'étais. Loin de moi l'idée de charmer la professeure, tout du moins, pas de cette manière. À sa question, je plissais légèrement les yeux, rehaussant un certain amusement que je ressentais.
- De plusieurs choses à dire vrai. Pour commencer…
Écartant les pans de ma veste, je fouillais dans une poche intérieure pour en sortir le parchemin sur lequel j'avais dressé ma fameuse liste. Il y avait de tout, de l'espèce de dicatme la plus courante à une plante curative bien plus délicate à obtenir. De par cette liste, la sorcière pouvait aisément comprendre que j'étais une femme aux exigences élevées, pour rendre un travail de qualité.
- Il me faudrait tout ce que j'ai noté là. Mon prédécesseur a affreusement négligé certains stocks, comme vous pouvez le voir.
En silence, je la laissais prendre connaissance des énumérations, puis, en devinant aux mouvements oculaires qu'elle arrivait en bas du papier, je reprenais avec aisance.
- Pour tout vous dire, j'ai été nouvelle promue cheffe de service à Sainte Marie. Je suis donc en train de prendre mes repères. Je marquais un petit silence avant de reprendre, sans jamais perdre mon sourire courtois et concerné. J'aurai besoin de personnes de votre talent afin de pouvoir assurer une collaboration durable, fiable et de qualité.
Me faisant plus sérieuse, parce que je travaillais, je m'adossais de toute ma hauteur sur le fauteuil en scrutant mon interlocutrice d'une œillade intéressée et déterminée.
- InvitéInvité
Re: Boulot bouleau
Mar 29 Jan 2019 - 22:43
De prime abord, la jeune médicomage avait l'air fort sympathique. Prudence l'avait trouvée détendue et avenante, son regard gris inspirait même confiance. La jeune botaniste était pour le moment enchantée par cette rencontre. Cela lui faisait plaisir de collaborer avec une personne de son âge qui semblait – qui plus est – agréable. Rapidement elle se rendit compte qu'elle ne s'était pas trompée puisque la jeune femme proposa qu'elles s'appellent par leur prénom. Prudence acquiesça d'un signe de tête. En effet, cela serait plus simple et beaucoup moins protocolaire. Pas besoin de prendre des pincettes ou d'en faire trop. Cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait pas de respect entre les deux jeunes femmes, bien au contraire. Il semblerait qu'elles avaient toutes les deux la même optique de travail : Elles pouvaient très bien travailler ensemble en toute décontraction sans que l'une des deux cherche à prendre le dessus sur l'autre. Elles étaient toutes les deux plus que compétentes dans leur domaine et chacune avait sa propre renommée.
Les deux femmes entrèrent dans la salle et Prudence commença à préparer deux cafés : un pour sa nouvelle associée et un pour elle-même. Elle aurait bien bu un verre de whisky mais cela aurait fait mauvais genre, et elle s'était promis de faire attention à sa consommation. Et puis cet après-midi, elle ne ressentait pas le besoin indispensable de boire de l'alcool ce qui était réellement un bon point. Elle observa Ariadne regarder autour d'elle et dit amusée : « Moi aussi ça m'a fait tout drôle la première fois que j'ai mis les pieds dans cette salle sans être élève. » Un sourire s'afficha sur son visage tandis qu'elle se souvenait de son entrée. Elle était arrivée la tête haute, comme si le monde lui appartenait, certains l'avaient même trouvé hautaine. En réalité, Prudence était terrifiée, elle avait tout bonnement l'impression de ne pas être à sa place. Mais elle n'avait pas voulu le montrer. Elle avait voulu présenter le visage d'une femme forte et déterminée pas celui d'une jeune demoiselle impressionnée et craintive. Cette sensation de ne pas être à sa place dans ce lieu avait finalement rapidement disparu. Elle se savait légitime à son poste et ne remettait plus en doute ses capacités. Une fois les deux cafés préparés, elle tendit une tasse à Ariadne et s'installa en face d'elle. Une fois que cela fut fait, la cheffe de service poursuivit : « De plusieurs choses à dire vrai. Pour commencer… ». Un sourire entendu s'afficha sur le visage de la jeune Bellevue. Bien, très bien même. Elle était ravie de savoir qu'elle allait pouvoir l'aider sur différents points. Au moins elle savait qu'elle n'était pas là juste pour la « dépanner » mais bien pour travailler en étroite collaboration. Enfin, c'était ce que l'enseignante pressentait.
Prudence but une gorgée de son café tandis qu'elle attendait qu'Ariadne lui donne sa liste. Un sourire satisfait apparut sur son visage lorsqu'elle lut l'écriture délicate et soignée du médecin. La liste était assez conséquente et ce n'était pas pour déplaire à Prue. Tout en suivant du bout du doigts les différentes plantes inscrites sur le parchemin, la jeune Bellevue ne pouvait s'empêcher de murmurer des : « Oui », « Bien sûr », « Intéressant » ou autres mots confirmant que le médecin avait vu juste en s'adressant à elle. Les plantes étaient variées comme plus rares. On pouvait trouver du dictame, de la molène, de l'astragale ou encore des plantes plus rares comme la hydnora africaine et la dracunculus vulgaris. Une fois sa lecture terminée, Prudence releva le visage et planta son regard dans celui du docteur. On pouvait lire dans les prunelles de Prue de l'excitation mais aussi une certaine forme de satisfaction. Elle savait qu'elle allait pouvoir fournir les meilleures plantes au centre médical et cela l'enchantait. « Il me faudrait tout ce que j'ai noté là. Mon prédécesseur a affreusement négligé certains stocks, comme vous pouvez le voir. » Prudence agacée claqua la langue et leva les yeux au ciel. Comprenant que son attitude pouvait porter à confusion elle ajouta avec précipitation : « Oh je veux bien vous croire ! Il m'a contactée une seule fois afin d'avoir un unique plan de branchiflore. Les médecins de l'hôpital avec qui je suis en contact étaient désespérés de voir que les réserves étaient vides ou mal approvisionnées. » Cela était désormais terminé et Prudence était ravie.
Alors qu'elle commençait à réfléchir aux plantes qu'elle avait déjà en sa possession, Ariadne poursuivit : « Pour tout vous dire, j'ai été nouvelle promue cheffe de service à Sainte Marie. Je suis donc en train de prendre mes repères. J'aurai besoin de personnes de votre talent afin de pouvoir assurer une collaboration durable, fiable et de qualité. » Prudence offrit un sourire entendu à la jeune femme. Il ne s'agissait pas de flatteries énoncées simplement pour se mettre l'enseignante dans la poche, non. La jeune Bellevue était persuadée que la jeune Eberhart était juste honnête. « Je dois vous avouer que je suis ravie de savoir que vous avez obtenu le poste. Je suis persuadée que nous ferons du bon travail ensemble. ». D'un coup de baguette magique, Prudence fit apparaître des macarons sur la table. C'était le péché mignon de sa mère, un biscuit purement français, purement moldu qui enchantait les bouches. Prudence se concentra un peu plus sur sa liste et ajouta : « Dans l'ensemble, j'ai déjà les plantes que vous recherchez dans mes serres, cependant certaines ne sont pas en ma possession actuellement » et elle commença à pointer certains noms. « Il me faudra une semaine pour récupérer un plant de wolffia angusta et au maximum deux semaines pour obtenir des night-blooming cereus. ». Elle savait exactement où se procurer ces plantes mais elle savait que cela ne serait pas forcément une tâche aisée. « Evidemment, je ferai au plus vite. » Et Prudence termina sa tasse de café, laissant ainsi le temps à sa nouvelle associée de réfléchir à tout cela. Après tout, ces plantes étaient peut-être indispensables et Ariadne n'aurait peut-être pas le temps d'attendre.
- InvitéInvité
Re: Boulot bouleau
Dim 3 Fév 2019 - 20:52
Ma tasse de café entre les mains, j'observais l'enseignante avec calme tandis qu'elle lisait ma liste. Je cachais mon sourire tout en buvant une gorgée tandis que j'écoutais avec satisfaction ses réactions à ma liste. Au moins, les défis qui étaient couchés sur le papier semblaient lui plaire, ou en tout cas, c'est ce que je prétendais voir en apercevant son regard pétiller d'excitation et de joie. Au moins, je n'étais pas venue m'adresser à la première venue, c'était bien ce que je pensais, et c'était tant mieux. Elle semblait tout à fait comprendre mes besoins et paraissait tout à fait disposée à entretenir avec moi une collaboration en bonne et due forme. Sans détourner mon regard d'acier, je fixais la professeure alors qu'un claquement de langue échappa à sa bouche, accentuant mon amusement qui se trahissait par le léger plissement aux coins de mes yeux. Les informations qu'elle me donnait vis-à-vis de mon prédécesseur m'intéressaient toutefois. Non pas que j'aimais juger les autres et les descendre plus bas que terre, mais cela me prouvait tout simplement que l'idée que je m'en étais faites était fondée. Évidemment, j'étais une personne particulièrement perfectionniste, et je savais qu'il était difficile de faire autant que moi, je reconnaissais que ça en était presque maladif. Néanmoins, les négligences apportées avant ma venue aux services des urgences relevaient d'un sérieux manque d'attention. Tout du moins pour moi, il s'agissait de lacunes évidentes à combler.
- Vous confirmez ce que je pensais déjà. À présent que je suis là, les choses vont changer, tout du moins, je vais faire en sorte que ça aille dans le bon sens.
Même si j'avais pleine confiance en moi et en mes capacités, nous ne pouvions pas dire de quoi demain était fait, pas même moi malgré mon don de voyance. Il y avait tellement d'avenir possibles que j'ignorais toujours si ce que je voyais était correct ou non. Un véritable casse-tête qui avait failli me faire perdre la raison. Fort heureusement, à une époque, j'avais eu un bon samaritain sur qui j'avais pu m'appuyer. Sans lui, sans doute me serai-je perdue, car au jour d'aujourd'hui, je l'étais. Perdue.
Ainsi, les flatteries de mon interlocutrice m'allèrent droit au cœur, surtout parce qu'elles étaient sincères. Qui plus est, je ne pouvais être que ravie de commencer une collaboration aussi fructueuse que la nôtre. Sans nul doute que ça allait nous apporter beaucoup à toutes les deux. Il était important dans le monde du travail de pouvoir entretenir de bonnes relations, mais surtout d'avoir pleinement confiance. Si je m'étais adressée à Prudence aujourd'hui, c'était aussi parce que je connaissais ce qui se trouvait dans la serre, tout du moins je l'avais vu à l'époque, et je savais que la qualité était présente. J'étais à présent d'autant plus rassérénée que je voyais la dévotion que semblait avoir l'enseignante pour sa matière enseignée. Attrapant l'une des douceurs qu'elle venait de faire apparaître, je me servais sans rechigner.
- Je suis également certaine que notre collaboration sera excellente. Je n'en attendais pas moins en m'adressant à vous.
Cette fois-ci toutefois, je ne cachais pas mon amusement alors qu'elle me signifiait devoir attendre plusieurs jours. Le contraire m'aurait très sincèrement étonnée. Ce genre de pousses n'étaient pas à la portée du premier venu et n'apparaissaient pas non plus comme de la mauvaise herbe. Je le savais, j'en avais conscience, et c'était aussi pourquoi je les avais listé : pour tester la jeune femme. Coup bas ou non, je n'en avais que faire, je m'assurais simplement que je me fiais à la bonne personne, et à présent, j'en étais définitivement convaincue.
- Ne vous précipitez pas, je demande la qualité avant d'avoir la rapidité. Si j'ai noté ces espèces c'est parce que j'ai conscience de la difficulté à s'en procurer. Je suis une femme prévoyante, et je n'en ai pas la nécessité tout de suite. Si je peux les avoir dans deux semaines, ce sera excellent.
Même plus tôt que ce que j'aurai espéré. J'avais répondu rapidement et aisément, sans apparemment chercher à réfléchir. J'avais tout prévu, alors que je n'avais pas forcément tout vu. Toutefois, j'appréciais de savoir que Prudence pouvait m'aider le plus rapidement possible si je me retrouvais un jour dans l'urgence. Ça aussi, c'était excellent. Terminant mon café, appréciant sa saveur qui éveillait mes sens, je reposais la tasse tranquillement tout en m'humectant les lèvres comme si je désirais savourer un instant de plus mon breuvage.
- Cependant, est-il possible que je puisse déjà obtenir certains éléments que vous avez déjà en votre possession ?
- Vous confirmez ce que je pensais déjà. À présent que je suis là, les choses vont changer, tout du moins, je vais faire en sorte que ça aille dans le bon sens.
Même si j'avais pleine confiance en moi et en mes capacités, nous ne pouvions pas dire de quoi demain était fait, pas même moi malgré mon don de voyance. Il y avait tellement d'avenir possibles que j'ignorais toujours si ce que je voyais était correct ou non. Un véritable casse-tête qui avait failli me faire perdre la raison. Fort heureusement, à une époque, j'avais eu un bon samaritain sur qui j'avais pu m'appuyer. Sans lui, sans doute me serai-je perdue, car au jour d'aujourd'hui, je l'étais. Perdue.
Ainsi, les flatteries de mon interlocutrice m'allèrent droit au cœur, surtout parce qu'elles étaient sincères. Qui plus est, je ne pouvais être que ravie de commencer une collaboration aussi fructueuse que la nôtre. Sans nul doute que ça allait nous apporter beaucoup à toutes les deux. Il était important dans le monde du travail de pouvoir entretenir de bonnes relations, mais surtout d'avoir pleinement confiance. Si je m'étais adressée à Prudence aujourd'hui, c'était aussi parce que je connaissais ce qui se trouvait dans la serre, tout du moins je l'avais vu à l'époque, et je savais que la qualité était présente. J'étais à présent d'autant plus rassérénée que je voyais la dévotion que semblait avoir l'enseignante pour sa matière enseignée. Attrapant l'une des douceurs qu'elle venait de faire apparaître, je me servais sans rechigner.
- Je suis également certaine que notre collaboration sera excellente. Je n'en attendais pas moins en m'adressant à vous.
Cette fois-ci toutefois, je ne cachais pas mon amusement alors qu'elle me signifiait devoir attendre plusieurs jours. Le contraire m'aurait très sincèrement étonnée. Ce genre de pousses n'étaient pas à la portée du premier venu et n'apparaissaient pas non plus comme de la mauvaise herbe. Je le savais, j'en avais conscience, et c'était aussi pourquoi je les avais listé : pour tester la jeune femme. Coup bas ou non, je n'en avais que faire, je m'assurais simplement que je me fiais à la bonne personne, et à présent, j'en étais définitivement convaincue.
- Ne vous précipitez pas, je demande la qualité avant d'avoir la rapidité. Si j'ai noté ces espèces c'est parce que j'ai conscience de la difficulté à s'en procurer. Je suis une femme prévoyante, et je n'en ai pas la nécessité tout de suite. Si je peux les avoir dans deux semaines, ce sera excellent.
Même plus tôt que ce que j'aurai espéré. J'avais répondu rapidement et aisément, sans apparemment chercher à réfléchir. J'avais tout prévu, alors que je n'avais pas forcément tout vu. Toutefois, j'appréciais de savoir que Prudence pouvait m'aider le plus rapidement possible si je me retrouvais un jour dans l'urgence. Ça aussi, c'était excellent. Terminant mon café, appréciant sa saveur qui éveillait mes sens, je reposais la tasse tranquillement tout en m'humectant les lèvres comme si je désirais savourer un instant de plus mon breuvage.
- Cependant, est-il possible que je puisse déjà obtenir certains éléments que vous avez déjà en votre possession ?