Comme lors de ces jeunes années à Poudlard – que cela lui semblait éloigné ! – Alex connaissait le chemin menant aux cuisines au nombre de pas près. Elle y était alors passée, ni vu ni connu, offrant de charmant sourire aux Elfes de maison encore présent. Méthode magique qui lui permettait d’obtenir un petit quelque chose, et, l’absence du maître des lieux lui facilitait la tâche. Elle n’avait pas besoin de négocier avec les commis de cuisine, et pouvait directement aller to the point. Et l’heure était grave. Encore une fois, son chat – appelé Whisky, ou le Chat – avait pris la poudre d’escampette. Voilà trois jours qu’il était parti. Trois jours qu’Alex dormait sans sa peluche préférée, sans ses ronronnements et l’Anglaise commençait à être inquiète. Elle savait que son chat était un aventurier, un vrai dur à cuire qui ne craignait ni la pluie, ni la neige et ne reculait jamais devant un canidé. Mais trois jours, cela commençait à faire beaucoup et Alex savait que, pour le récupérer, elle devait trouver un moyen efficace. L’idée n’avait pas mis longtemps avant de popper dans son esprit : à manger. S’il était possible de l’appâter Elle, avec un bon repas, il était évident que Le Chat n’allait pas résister à un bon de poisson frais. Choses qu’on lui tendis alors dans un petit bol. « Pour Mlle Alex ! » dit la jeune elfe, glissant entre les mains de l’étudiante ce qui allait surement lui permettre de récupérer sa boule de poil rousses.

La jeune femme remercia la créature magique d’un sourire, et quitta cet endroit si apaisant qu’était les cuisines, tant qu’elle n’avait pas besoin de passer derrière le fourneau, il n’y avait pas lieu à s’inquiéter. Et la jeune femme, enroulé dans un gros manteau d’hiver, s’apprêta à affronter le froid de cette fin de soirée. Echarpe, gants.. elle avait tout pour ne pas mourir de froid. Heureusement, la pluie n’était pas de la partie, ce qui ne l’empêcha cependant pas de râler au moment même ou elle ouvrit la porte et quitta la chaleur du bâtiment. Botte aux pieds, elle avança dans la lumière des éclairages. Le parc était désert à cette heure là et. « Oh. » laissa-t-elle échapper. N’était-ce pas le cuisinier en personne qui se trouvait là, seul, dans le froid ? Il devait certainement retrouver le chemin de ses appartements, ou de ses cuisines. Peut-être que l’un n’allait pas sans l’autre ? La jeune femme n’en savait rien, elle avait bien trop chose en tête, et s’avança, bol en mains, vers Sebastian. Ah, Bash, le grand frère de sa meilleure amie. Si, fidèle à lui-même, quelque soit la circonstance.

Alors qu’il semble s’éloigner, Alex s’écria : « EH BASH ATTENDS ! » Nul doute qu’il l’avait entendu, puisqu’il cessa tout mouvement et se retourna vers elle. La jeune femme le rejoint à grandes enjambées, et lui adressa un sourire, une fois à son niveau. « Salut Bash ! Je te demanderais bien comment tu vas, tout ça, mais je suis dans une urgence. » dit-elle, ses mots s’élevant dans la fumée que ses paroles produisaient. Il faisait vraiment froid. « Tu n’aurais pas vu un chat passer, par hasard ?  Un gros matou roux, avec une petite cicatrice sur l’œil droit ! » dit-elle, décrivant avec soins l’animal. « Oh, il s’appelle Whisky. Mais je crois qu’il répond davantage à Chat. » termina-t-elle, laissant son regard bleu s’appuyer sur le visage du cuisinier. Il allait lui donner une bonne réponse, n’est-ce pas ? Il allait peut-être même lui avouer qu’il avait récupérer le vagabond, et en avait pris soins en attendant que sa propriétaire vienne le récupérer. Oh, Alex était inquiète, lorsqu’elle avait adopté ce vieux matou roux, elle n’aurait jamais pensé s’y attacher de cette manière, et pourtant…

Si Baz ne s’ennuyait jamais vraiment de l’Irlande et de ses verts vallons, il demeurait une chose qui manquait à son quotidien ; le port de sa ville natale. La vue de l’océan qui s’étend à l’infini depuis Galway la jolie, cet hurlement géant du vent qui s’engouffre dans les cavités de l’arche espagnole, puis cette impression que la vie c’est quelque chose d’immense, de plus grand que lui-même. Ce sentiment là l’avait bien souvent sauvé de ses déprimes ou d’idées noires auxquelles il refusait de se laisser aller, sentiment retrouvé à l’époque lorsque Murphy insistait pour qu’ils aillent simplement écouter le chant des oiseaux, mais c’était plutôt devant ce panorama hivernal que Baz retrouvait une part de cette apaisante démesure qui lui faisait défaut. Le campus en hiver prenait des airs d’océan blanc, un contraste marquant avec ses cuisines sombres et souterraines, raison pour laquelle il profitait de chacune de ses pauses pour confier à Tadky — son bras-droit à longues oreilles — le contrôle de l’âtre principal et émerger à la surface.

Le cou enroulé dans une sorte de vieux plaid à carreaux aux couleurs de Gryffondor, le chef cuisinier aimait bien observer les volutes d’air produites par son haleine tiède, celles-ci lui rappelant les émanations de fumée que ses anciens collègues avaient l’habitude de souffler entre chaque service, malgré que lui-même ne se soit jamais laissé aller à consommer la moindre cigarette. Il gardait toutefois toujours en main le zippo de son défunt géniteur sur lequel il s’amusait à faire danser la flamme, pour passer le temps — comme aujourd’hui — ou bien pour l’offrir à quelqu’un qui tenait une clope plutôt qu’une baguette. Malgré cela, l’Irlandais n’était jamais déçu au final de regagner ses quartiers, les sous-sols humides d’Hungcalf, ce qu’il s’apprêtait à faire lorsqu’un cri transperça le frimas pour atteindre ses tympans.

« EH BASH ATTENDS ! » puis il fut rejoint en quelques enjambées par une grande rousse armé d’un sourire et d’un bol de… saumon frais ? « Salut Bash ! Je te demanderais bien comment tu vas, tout ça, mais je suis dans une urgence. Tu n’aurais pas vu un chat passer, par hasard ? Un gros matou roux, avec une petite cicatrice sur l’œil droit ! »

Sourcils froncés puis bien haut, Baz avait rapidement reconnu Alex, la meilleure amie de sa frangine, celle sur qui l’ont pouvait toujours compter pour… et bien rien en fait. Non, car si quelque chose de réellement bon pouvait résulter d’une rencontre avec Nightingal, c’était parce que Merlin le tout-puissant vous tenait dans ses bonnes faveurs ce jour-là, tout simplement. Oh non pas qu’elle soit bien vilaine, mais simplement… fidèle à elle-même ? Ce qui voulait dire plutôt désorganisé et irresponsable, toujours gamine, souvent bruyante… à se demander comment Dhan — l'antithèse ultime de ce caractère — pouvait bien supporter de la voir installée si souvent à son bureau. D’ailleurs, à la mention du nom du fugitif, Baz eut du mal à ne pas rouler des yeux.

— Sans déconner Alex, déjà qu’il soit roux en Écosse, mais alors un chat qui répond au nom de chat ? 

Nouveau soupir, ajoutant aux arabesques que leur souffle combinés traçaient dans l’air. Malgré qu’il fut tenté de se moquer gentimment, il savait bien que la question lui était en quelque sorte posé de bon coeur, puis rien que par respect pour sa soeur, il ne pourrait jamais honnêtement bouder la potionniste.

 Et non, je ne fais que passer, mais je n’ai pas croisé le moindre félin. C’est le tien au fait ? questionna t-il tout en baissant les yeux sur le bol odorant que retenait deux moufles laineuses. C’est pour ça que tu balades mes filets de poisson au grand air, hum ?

Loin de lui l’idée de réprimander quiconque dans cette affaire, mais il songea que la gestion des garde-manger lui serait bien moins problématique s’il ne suffisait pas chaque fois d’un doux sourire pour convaincre le premier elfe venu de vous servir tout ce dont votre estomac pouvait rêver.

— Tu ne crois pas qu’un bol de lait bien gras dans le hall chauffé serait plus efficace ?

L’espoir brillait dans le regard de l’anglaise. Ses boucles rousses entourant son visage couplé à son expression brillant d’espérance, Alex ressemblait à une pré-adolescente qui poussait que certaines mimiques du visage suffisaient pour obtenir ce qu’elle souhaitait. Le contexte était cependant bien différent de celui de ces jeunes années, lorsqu’elle réclamait simplement une glace à la fraise à son père. Non, les choses étaient bien différentes ! Et elle avait beau abordé son visage angélique, et faire ses puppies eyes, les évènements étant, la réponse de Sebastian à ses questions n’allaient pas changer pour son beau plaisir. La jeune femme attendit alors, patiente, une réaction de la part du grand frère de sa meilleure amie. Et cette réaction, Alex ne l’apprécia pas. Avaient-ils vraiment le temps de discuter du nom de son animal de compagnie ? Elle croisa ses bras sur sa poitrine et observa le cuisinier d’un air blasé. « Son nom ne change rien. Il n’en avait même pas quand je l’ai récupéré. » expliqua-t-elle, rapidement avant de s’arrêter. Elle n’allait tout de même pas expliquer les origines de son nom. Bon. Whisky était simplement le nom inscrit sur les papiers du félin. Lorsqu’elle l’avait adopté, il n’en avait pas. Mais puisqu’il avait toujours davantage répondu à « chat », Alex avait rapidement abandonné son nom officiel. Il n’avait plus l’âge d’apprendre à reconnaître un nouveau nom, de toute façon, et il fallait parfois aller à l’essentiel.

La jeune femme décroisa ses bras et laissa son regard vert dérivé vers la profondeur de la forêt. Et si Whisky avait fait une mauvaise rencontre ? Et s’il s’en était pris à plus fort que lui ? Et si elle ne le retrouvait jamais ? Elle reporta son attention sur Bash, qui le demanda alors si c’était bien son chat. Elle soupira. « Oui, c’est mon chat. » répondit-elle simplement. Elle n’irait pas affronter la fraîcheur de cette fin d’hiver autrement. Elle n’était pas aussi irresponsable que cela.

Son regard passa alors du visage du cuisinier, attaqué par le froid, au bol qu’elle tenait entre ses moufles, charitablement donné par un elfe de maison. « Euuuuh… » laissa-t-elle échapper, prise sur le fait d’avoir pris quelque chose aux cuisines qui ne lui était pas destiné. « C’était presque périmé, rassure-toi. » expliqua-t-elle, cherchant un moyen de se justifier. Enfin, elle connaissait Sebastian, il n’allait pas l’emmener dans le bureau du directeur pour ça. Il n’allait pas non plus lui reprendre le bol des mains afin de le rapporter dans son antre. C’était trop de tard de toute façon, et Alex ne comptait pas se laisser faire. Elle secoua la tête à la suggestion de Bash. « Oh non, c’est un vieux chat, il ne digère pas le lait. » expliqua-t-elle finalement, avant d’attraper la main du cuisinier. « Allez, puisque tu es là, tu vas m’aider. » dit-elle, ne laissant guère le choix à l’Irlandais, qu’elle tira en direction du cœur de la forêt. Il n’était pas question de perdre davantage de temps avec des explications sur le prénom ou les habitudes alimentaires du compagnon d’Alex. « Je te revaudrais ça, promis. » souffla-t-elle alors que doucement, l’obscurité de la forêt les absorba. Elle s’arrêta quelques pas seulement plus loin. « Tu n’aurais pas ta baguette par hasard ? » demanda-t-elle, parce que forcément, elle n’avait pas la sienne. Et si Alex n’était pas une trouillarde, elle savait ce qu’il se disait sur la forêt et si elle était motivée à retrouver son chat, elle était aussi motivée à rentrer en vie. Elle pouvait toujours pousser Sebastian pour sauver sa peau, cela dit, mais doutait de la bonne réaction de sa meilleure amie si cela devait arriver.

Les pupilles aussi brillantes que suppliantes de la Miss Nightingale n’étaient pas entièrement étrangères à Baz, pas plus que cette moue mi-boudeuse mi-déterminée qu’elle lui servait sans gêne. Leurs familiarités tenaient bien sûr à cet être que tous deux avaient en commun, Mercy, une autre habile abonnée du chantage émotif avec toutefois un net avantage ; leur lien de sang. Non pas que le cuisinier puisse répugner entièrement la méthode, mais un peu de finesse n’aurait tout de même pas fait de tort après le haut vol des fruits de mers prévus au service du soir.

« Son nom ne change rien. Il n’en avait même pas quand je l’ai récupéré. »

Baz éleva un sourcil circonspect en réajustant un peu mieux ses moufles et son foulard, bien certain que même les refuges les plus bas de gamme nommait temporairement leurs pensionnaires jusqu’à l’adoption.

— Hold on, on parle d’un truc sauvage alors ? Est-ce qu’on est bien certain que c’est un chat seulement ? ironisa t-il à moitié avant qu’Alex ne confirme qu’il s’agissait bien de sa bestiole.

« Oh non, c’est un vieux chat, il ne digère pas le lait. »

— Oh. Donc, on vient de passer d’un potentiel lynx à un matou sénior intolérant au lactose, bloody brilliant.

Ironiquement, la rouquine venait toute de même de lui servir l’argument qui manquait ; celui de l’état de santé fragile de son compagnon à quatre pattes, car si le cuisinier ne possédait pas lui-même de familier, il avait bien une centaine d’elfes sous ses ordres et il était le premier à s’inquiéter de les savoir indisposés. L’idée même qu’un être — magique ou non, humain ou non — puisse être laissé de côté pour des indispositions particulières chatouillait bien mal son sens de la justice et il semblait donc que l’Irlandais allait être de la partie pour cette « charmante » balade en forêt.

Déjà, ils en avaient pour quelques minutes avant d’atteindre l’orée du bois et malgré que tout le chemin jusque là soit parfaitement dégagé, la pareille n’était pas garantie pour la portion plus boisé du parcours. Au contact de la main d’Alex, Baz esquissa un semblant de grimace, songeant que si quiconque devait les voir à l’instant, le ragot qui pouvait en découler aurait une saveur bien plus avarié que celle des filets de saumon — parfaitement frais ! — leur servant d’appât.

« Tu n’aurais pas ta baguette par hasard ? »

Le cuisinier se libéra aussitôt de la poigne de la représentante Wright, marquant une pause. Non vraiment, parfois, c’était à se demander si derrière ce regard vert tendre se trouvait bel et bien une matière grise.

— Comment par hasard ? Le hasard n’a rien à voir là-dedans, je l’ai volontairement rangé dans mon manteau. Et où se trouve la tienne exactement ? Puis, avant même que la lady ne lui fasse réponse, il enchaîna. You know what, je crois que je préfère ne pas savoir. Allez, j’ai encore un service dans deux heures. ajouta t-il en étendant un bras devant lui, pour mieux guider sa trajectoire.

Car non, il ne s’agissait pas de galanterie et le cuisiner s’autorisa un passage devant la demoiselle, ce qui fit donc de lui le premier à contourner le grand chêne rouge qui marquait l’entrée du territoire indéfriché d’Hungcalf.

— J’ai bien un Lumos décent, mais je te préviens, l’Expecto Patronum n’est pas inscrit à mon registre, alors d’ici une heure, Chat ou pas, je fais demi-tour.

D’où ils se tenaient, un sentier de terre battue s’allongeait sur quelques mètres, fromant ainsi une unique allée à travers les verdures, mais ils auraient ensuite sans doute à décider eux-mêmes des voies à emprunter.

— Il est plutôt du genre à aimer les hauteurs ou le gazon frais ? dit-il en pointant par principe la cime de l’arbre le plus près.

Alex connaissait Bash depuis de longues années maintenant, et si elle avait cette facilité de contact avec la plus grande majorité des gens, le frère de sa meilleur amie en avait vu des vertes et des pas mûres. Il fallait avouer que la rouquine ne faisait guère dans la dentelle, et ce soir en particulier, lorsque l’enjeux était si important que retrouver Whisky ou plus communément appelé Le Chat, Alex était prête à tout. Elle ne perdis donc pas son temps et gratifia le cuisinier de l’université d’un regard presque suppliant, ne cessant ces manigances que lorsqu’il acceptera de l’aider. Non pas qu’il ait particulièrement le choix, après tout. Et remarques dont il ne lui faisait pas, l’Anglaise les balayait d’un battement de cils, se moquant bien de connaître l’opinion de Bash sur la créature qui lui servait de chat, et qui en était d’ailleurs bien un. Un vrai matou qu’elle avait adopté dans un vieux refuge pour animaux de la pointe de Cornouailles et dont les propriétaires ne s’était jamais préoccupé de donner un nom à leurs pensionnaires. Mais ces derniers étaient tout de même bien traités, et c’était bien là tout ce qui importait, n’est-ce pas ? Après tout, qu’il s’appelle Ramsès ou Mister Bean, qu’est-ce que cela pouvait bien faire au chat moyen ? Alex était bien convaincue que rien, et n’avait donc pas tergiversé très longtemps sur le surnom qu’elle comptait donné à cette boule de poile rousse lorsqu’elle l’avait adopté. Et voilà tout, elle n’avait donc rien à ajouter aux remarques du cuisinier, et n’avait de toute façon, pas l’intention de se justifier.

Sur sa baguette, cependant, une explication était certainement nécessaire.. Ou pas ! Alex fronça ses sourcils, avant de pousser un petit soupire. Tant mieux s’il ne voulait pas savoir, puisqu’elle ne savait elle-même pas ou était sa baguette. Surement sous un tas de papier brouillons de sa thèse ? Possiblement, elle n’avait pas pris la peine de chercher, et n’y avais d’ailleurs même pas penser. Alex avait pourtant les pieds bien sur terre, mais dernièrement, son esprit était ailleurs, dans les brumes d’une dernière année qui n’avait rien pour la rassurer.

Enfin, l’heure n’était pas à la dramaturgie mais à la recherche de chat perdu. Et il était temps de s’y mettre. Alex s’apprêta d’ailleurs à se mettre en route, suivant la direction qu’indiquait Bash avec son bras, mais ce dernier la devança et contourna en premier le grand chêne rouge qui marquait le début du côté sauvage de l’université. Il lui expliqua ensuite qu’un lumos était dans ses cordes, mais qu’elle ne devait pas s’attendre à grand-chose. Il précisa aussi qu’après une heure, il ferait demi-tour. Alex ne répondit rien à ça, afin d’éviter qu’il ne fasse demi-tour maintenant. Elle avait besoin de lui, ne serait-ce que pour ne pas se retrouver toute seule dans cette forêt. Elle y était déjà allée, une fois, bourrée, et cela ne s’était pas très bien passé. Ils commencèrent alors à marcher sur un petit chemin bien délimité et visiblement bien entretenus, alors que Bash ne lui pose une question. Alex s’arrêta un instant, pensive. Elle se remémora son gros matou tenter de grimper sur l’une des tables du parcs du château, et échouer lamentablement. « Le gazon frais. » répondit-elle alors, non sans un petit sourire. Si son chat n’était pas capable de monter sur une table, comment pourrait monter aux arbres ? « Enfin, je suppose qu’il préfère même les hautes herbes. Et au vu de sa couleur, cela ne va pas être facile de le débusquer. » avoua-t-elle, dans une petite moue, avant de reprendre la marche.

Après quelques minutes de silence – Alex tenait à ne pas faire fuir son compagnon d’aventure – un étrange bruit se fit entendre. La rouquine, sur ces gardes, bien consciente des choses qui pouvaient trainer dans cette forêt, tendit l’oreille. « Tu entends ça ? » demanda-t-elle à Bash, curieuse de savoir ce qu’il en pensait.

[HRP : Je te propose un dé ! Comme au bon vieux temps eheh
1-2 : Le bruit se rapproche, mais ce n’est finalement qu’un lapin qui saute au-devant des deux sorciers. Plus de surprise que de peur !
2-3 : Le bruit se rapproche, et puis s’éloigne, et puis se rapproche. Il y a bien quelque chose, mais quoi. Serait-il prudent d’aller voir ou d’avancer ?
4-6 : Il n’y a plus aucun bruit quand Bash tends l’oreille. Est-ce l’imagination d’Alex qui lui joue des tours ? Ou peut-être aurait-elle trop abusé de la boisson la veille en compagnie de Mercy ? En tout cas, ce n’est pas drôle.]

Du point de vue de Baz, l’univers était en quelque sorte un grand casino où une part de hasard venait toujours faire insulte à l’intelligence et à la détermination de l’homme. C’est pour cette raison qu’on se trouvait parfois au mauvais endroit au mauvais moment – un peu comme lui à l’instant ? – sans pour autant qu’un grandiose destin inconnu ne nous conduise exactement là ou l’aurais prévu Merlin depuis son laboratoire céleste, comme une fatalité obligatoire dans la réalisation planifié de l’existence. D’un autre côté, la vie était bien plus qu’un simple calendrier ou s’écoule lentement les saisons dans l’attente que quelque chose d’extraordinaire ne vienne en troubler la quiétude, raison pour laquelle l’aîné Donovan se refusait encore parfois à céder aux caprices de la sécurité, de la logique et de la raison ; tout ce qui s’opposait au caractère d’Alex Nightingal en somme.

« Le gazon frais. Enfin, je suppose qu’il préfère même les hautes herbes. Et au vu de sa couleur, cela ne va pas être facile de le débusquer. »

Comme pour changer, Baz afficha un air mi-circonspect, mi-contrarié. Par quel concours de circonstances fallait-il que ce châtiment soit aujourd’hui le sien ? Certes, la température avait son poids, mais il était bien certain que ses neurones n’étaient pas encore complètement gelés, pas assez en tout cas pour confondre les différents éléments de l’environnement avoisinant. Comme ils n’étaient pas encore tout à fait parvenus à la portion la plus dense de la forêt, le cuisinier marqua une pause au pied du chêne rouge qu’il avait désigné quelques instants plus tôt. Au loin, on observait déjà les derniers rayons du soleil se détacher du fond du ciel et céder place à l’obscurité naissante.

— Attends, n’est-il pas roux ce chat ? dit-il avant de tourner entièrement sur lui-même.

Quitter l’enceinte de l’Université tout juste avant le repas du soir était sans doute une bêtise, puisqu’il est connu que l’on réfléchit mieux le ventre plein.

— Parce que même dans le noir, il me semble qu’on devrait le voir émerger d’une couverture aussi blanche non? dit-il en écrasant quelque amas de neige que le feuillage des arbres n’avait pas su contenir.

Bien sûr, plus profondément dans la forêt, les herbes hautes auraient des teintes verdâtres, épargnés sans doute par le givre, mais tout de même, Alex exagérait. Ou alors, peut-être cherchait-elle tout bonnement à le tourner en bourrique ? Peut-être avait-elle tricoté de toute part cette histoire de chat évadé rien que pour récupérer autre chose dans les sous-bois d’Inverness ? Peut-être un ingrédient indispensable à l’avancement de sa thèse ? Si la flamboyante rousse avait bien la réputation d’être tête en l’air, celle d’être perfide ne lui collait pas trop à la peau.

« Tu entends ça ? »

Dans un silence qui fut maintenu quelques longues secondes, Baz guetta le moindre son en provenance de la forêt, quelque chose qui puisse révéler la présence d’un félin – ou de quelque chose d’un peu moins amical – mais il n’y avait rien, pas même le sifflement du vent.

— Seriously Alex? Je crois que ce que tu entends, ce sont les sanglots de ta pauvre baguette abandonnée appelant au secours… dit-il d’un ton plus ou moins ironique avant de lever le nez vers les cieux, réalisant alors que leur perspective n’était peut-être pas la meilleure. Hum, et si on tentait plutôt de prendre un peu de hauteur ?

Une main posé à plat sur l’écorce de l’arbre le plus près, Baz évaluait que quelques branches d’altitude supplémentaires suffiraient déjà à donner plus de portée à leur voix et leur appel, sans parler d’une meilleure vue sur les reliefs et replis du plancher des veaudelunes.

— Les dames d’abord ? proposa Baz en posant simultanément un genou au sol, puis en joignant ses mains quelques centimètres plus haut, question d’en faire un repose pied improvisé.

Roux ? Evidemment qu’il était roux. Whisky ne s’appellerais pas Whisky, autrement. Quelle question ! Alors, qu’est-ce qui le choquait ? Qu’il soit capable de se camoufler avec une couleur orangée ? Alex haussa un sourcil, et pris quelques secondes de réflexion, une légère moue sur son visage. Et un haussement d’épaule plus tard, son questionnement s’en alla. Un chat, qu’il soit roux ou non, était bien capable de rester cacher si l’envie lui en prenait, aussi les interrogations du cuisinier de l’université n’était pas pertinente pour la jeune femme, dont l’esprit était bien assez distrait comme ça. Il fallait avant tout retrouver ce vieux chat, avant qu’il ne lui arrive quoique ce soit. Elle ignora les autres mots de Bash. Oui, si Whisky se décidait à sortir de sa cachette, ils pourraient très certainement le retrouver, le roux jurant parfaitement avec le filet de neige blanc qui recouvrait le sol. En revanche, la question était tout le temps la même : Whisky tenait-il à être retrouvé, ou non ?

Là était toute la complexité de cette mission.

Alex s’arrêta subitement et tendit l’oreille. Avait-elle entendu un bruit ? Qui pouvait bien savoir ce qui se passait dans cette forêt ? Ils n’en étaient qu’à la lisière, mais rien que cela suffisait à faire frissonner la jeune femme. Et le froid n’avait rien à voir avec tout cela. La jeune femme fronça alors les sourcils, et tira la langue en direction de Bash, qui lui rappelait bien indélicatement – à son goût – qu’elle avait oublié sa baguette. Ses yeux roulèrent vers le ciel étoilé.

- C’est bon, j’ai oublié ma baguette, on ne va pas en faire tout un plat, si ? Est-ce que les moldus ont besoin de baguette pour retrouver leur chat perdu ? , siffla-t-elle, beaucoup moins ironique que son compagnon.

Elle toussa légèrement, avant de suivre le regard de Sebastian, vers le haut des arbres. Grimper ? En haut ? Vraiment ? Alex aurait dû penser à prendre son balai, ainsi, elle aurait évité l’escalade d’un arbre. Le regard clair de la jeune femme se reposa un instant sur Sebastian, avant de jauger la hauteur de l’arbre.

- Très bien, rattrape moi, si je tombe !, dit-elle, tout simplement, avant de s’appuyer sur Bash pour commencer son ascension.

Alex manqua de tomber quelques fois, et poussa quelques jurons à en faire pâlir sa Grand-Mère. Lorsqu’enfin, elle arriva à la cime de l’arbre. Il faisait encore plus froid en hauteur, et la jeune femme frissonna de plus belle. Ses dents claquèrent presque, tandis que son regard balayait la forêt devant elle, à la recherche d’un indice. Mais, comment trouver Whisky dans ce contexte ? Le regard de la rouquine tomba alors sur ce qui semblait être une petite clairière. Eclairée par le clair de lune, elle pouvait apercevoir quelques mouvements animaux. Elle plissa le regard, tendit l’oreille, et cru entendre un miaulement.

La jeune femme ne mit guère plus de temps pour redescendre sur le plancher des vaches, l’air inquiet.

- Je crois que j’ai vu quelques choses. Des créatures, dans une clairière, et j’ai entendu un miaulement, je pense que c’est Whisky, il faut qu’on aille dans cette direction, là ! , dit-elle, d’une traite, l’air un peu paniquée.

Si ce qu’elle avait vu était vraiment ce qu’elle pensait, il fallait aller vite. Elle attrapa d’ailleurs, sans tarder, la main de Bash pour le tirer vers la direction qu’elle avait repérée. Et la clairière se rapprochait de plus en plus, les deux sorciers pouvaient sentir l’agitation qui perturbait l’air calme des bois. Est-ce qu’elle avait bien vu ?

[HRP : Dé    :tong:
1-2-3 : Alex a vu juste, Whisky est bien là, et chercher les embrouilles avec des Chaporouges, ces derniers sont furieux, mais aucun des deux clans ne semble prêt à prendre le chemin de la paix..
4-5-6 : La vision d’Alex n’est plus aussi fiable qu’avant. C’est bien pire que les Chaporouges. Whisky tiens tête à une Acromentule, de la taille d’une vachette. Shit]

- Très bien, rattrape moi, si je tombe !

Sans commenter une potentielle chute de la demoiselle, Baz avait fait en sorte de donner le meilleur élan possible à la rouquine, la laissant par le fait même lui écraser une part du visage, en appui à sa première enjambé vers le sommet. Bien malgré lui, il avait également hérité des pêcheries prévues pour appâter Whisky, le bol ayant quelque peu vacillé au moment ou sa propriétaire le lui avait refourguer d’ailleurs.



Par chance pour le duo, le grand chêne tenait le coup et chacune de ses meilleures branches continuaient de s’étendre au-devant d’Alex, lui permettant ainsi d’atteindre la cime en un temps relativement record. Le cou bien en angle, le cuisiner n’avait d’autre choix que d’observer depuis le sol que la meilleure amie de sa précieuse soeur s’évite une fausse manoeuvre, le forçant alors à servir de matelas amortissant, puisque précisons le, si Alex venait à dégringoler de son mat de fortune, il y avait bien peu de chance que ce soit pour atterrir avec grâce dans les bras de l’Irlandais. Une fois qu’il la jugea bien assez haut pour ce que ses talents d’acrobate suffisaient à justifier, il se risqua à l’interrompre.

— Bon alors, tu vois quelque chose ? À part des feuilles mortes et des cuisiniers frigorifiés ? dit-il sans faire l’effort de dissimuler l’ironie dans son ton de voix et en tirant un peu plus sur les manches de son propre lainage.

Impossible de dire si son appel avait été entendu, mais toujours est-il que la doctorante fut bientôt de retour sur le plancher des veaudelunes et ce, avec des réponses fort peu rassurantes.

- Je crois que j’ai vu quelques choses. Des créatures, dans une clairière, et j’ai entendu un miaulement, je pense que c’est Whisky, il faut qu’on aille dans cette direction, là !

À partir de là, Baz n’avait guère eu d’autres choix que de se plier au trajet imposé par la demoiselle en charge de l’expédition. Le sol craquelait bien fort sous leur pas pressés — le frimas ayant emprisonné les quelques herbes encore vierges de tout givre — quoique plus la clairière approchait et plus les décibels ambiants se trouvaient démultipliés. Tout à l’inverse du pauvre matou désormais encerclé par une petite armée de gobelins miniatures et déterminés à le transformer en steak, les deux sorciers avançaient en ligne droite et libres de tous obstacles, ce qui n’était pourtant pas pour encourager l’aîné Donovan dans cette mission de sauvetage.

— Casse-cou et casse-pied, pas de doutes, c’est bien ton chat.

Comment diable allaient-ils bien pouvoir mater une demi douzaine de chaporouges sans l’ombre d’une potion de beauté et surtout, équipé d’une seule baguette entre eux ? Avec autant de paires d’yeux bientôt fixés sur eux, une diversion s’imposait et quelques minces filets de saumon ne suffiraient pas à convaincre les légitimes occupants de la clairière de déguerpir face à deux bipèdes congelés, encore moins de leur céder leur proie poilu.

— Okay Alex, je veux bien tenter de nous faire gagner du temps, mais il faudra forcément rejoindre la mêlée pour récupérer ton compagnon… débuta le cuisiner, baguette en main, traçant déjà quelques arabesques en taillant l’air frais. Tu crois que peux faire ça sans en évitant de te prendre un sortilège? questionna t-il, sourcils bien haut.

Can you ?:

Le cœur de la rouquine s’était emballé, lorsqu’elle avait vu Whisky, au loin, tenant tête à un petit groupe de Chaporouges. Ce chat était un vrai danger, et surtout pour lui-même. Il était casse-cou, bagarreur et aventurier. Il ressemblait beaucoup à sa maîtresse, qui l’aimait pourtant de tout son cœur. Mais Whisky lui posait bien des problèmes. Il avait déjà un certain âge quand elle l’avait récupéré, et il était certain qu’elle ignorait quatre-vingt dix pourcents de sa vie d’avant, ce qui pouvait expliquer bien des choses. Alex ne réagit donc pas à la remarque de Bash, lui adressant même un petit sourire entendu. Oui, son chat était comme elle. Ou peut-être était-ce l’inverse ? Mieux ne valait pas savoir. L’espoir de retrouver sa boule de poil revenu, Alex guida le duo en direction de la clairière. Son pas était vif et sûr, elle courait presque. L’appréhension montait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait. Le bruit des créatures de la clairière devenaient de plus en plus fort, et l’anglaise se demandant si Whisky allait être en mesure de tenir encore longtemps. Elle hâta le pas, bien décidé à récupérer son compagnon en un seul et unique morceau. Oh, la Wright ne comptait pas abandonner son animal de compagnie aussi facilement. Elle n’aurait pas pris la peine d’embaucher Bash, autrement. Ce sorcier était une valeur sûre !

L’homme proposa alors un plan d’attaque. Assez simple, il fallait l’avouer, mais avaient-ils le choix ? Alex n’avait pas sa baguette. Elle n’avait que ces jambes pour courir et ses poings pour frapper. Oh, elle pouvait donner des coups de pieds aussi, mais n’avait jamais été douée pour viser correctement. Enfin, personne ne lui demandait non plus de mettre un but avec l’un des assaillant du gros matou roux.

- Je crois que je peux faire ça, en effet ! Essaie simplement de ne pas me viser, dit-elle, le regard brillant, une expression confiante sur son visage.

Oh, peu importe ce qui arrivait, Alex était certaine de parvenir à récupérer Whisky. D’une œillade avec Bash, sans dire, un mot, elle passa à l’attaque. Le cri de rage et de détermination qu’elle poussa alors attira les regards de toutes les créatures de la clairière. Quant aux sortilèges du cuisinier, ils pleuvaient sur la racaille des bois, en touchant certains et effrayant les autres. La demi-douzaine de Chaporouges s’enfuirent alors, lorsque la rouquine fut à moins de deux mètres d’eux. Bientôt, Alex se retrouva seule face à Whisky, lequel miaula quelques fois, avant de trottiner vers sa maîtresse, qui l’attrapa et le serra contre elle, soulagée. A petits pas, elle retrouva Bash.

- Merci beaucoup, Bash ! Je ne pensais pas qu’on allait s’en sortir aussi facilement ! dit-elle alors, le ton plus léger, ravie d’avoir retrouver sa bête. Elle comptait le ramener au chaud, avant de l’observer sous toutes ses coutures, afin de s’assurer qu’il allait bien. L’animal était fatigué, elle aussi, Bash sans nul doute également.

- Je ne te remercierais jamais assez pour ça, je –  La jeune femme coupa sa France en plein milieu. Elle avait entendu un truc. Elle était certaine que ces sens ne lui jouaient pas de tour.

Que se passait-il, encore ?

[Un dernier dé !
Pair : Rien. Fausse alerte. Un silence de plomb s’abat sur les bois. Ils peuvent rentrer tranquille.
Impair : Les Chaporouges sont vraiment furieux, et reviennent plus nombreux. Les dieux leurs avaient promis un chat, ils étaient en droit de le récupérer. Plus question d’escalader ni de jouer avec sa baguette, la seule possibilité était de courir, et vite.]

Étrangement, la baguette de Sebastian n’avait pas fait le moindre caprice du froid qui ankylosait ses phalanges en raidissant au passage sa gestuelle tout entière. Chacun de ses sortilèges semblaient atteindre la cible exacte pour laquelle il avait été conjuré, qu’importe qu’il s’agisse de simples branchages pour faire obstacle ou bien d’un bon grand trou dans lequel l’une de ces petites furies rouge puisse dégringoler sans ne jamais en ressortir. Il était presque décevant pour le cuisinier de constater qu’une carrière de duelliste lui avait peut-être échappé, ses ennemis forestiers se dissipant sous les salves magiques comme l’océan venait s’effacer au rivage. Sur une ritournelle bien plus agressive, Alex elle, n’avait pas hésité à foncer dans la mêlée jusqu’à ne plus se tenir qu’à un mètre de son matou au prénom irréfutablement adéquat quoique discutable. Bien que l’excès de courage fut admirable, le cuisinier s’en remettait davantage à l’inconsidération de la rouquine pour toute forme de danger qu’à une hypothétique confiance aveugle à l’égard de ses talents d’escrimeur magique, aussi ne tarda t-il point à abréger les retrouvailles de Chat et de sa maîtresse.

— C’est ça, nous aussi on est bien content que tu sois en un morceau Chat, allez on rentre maintenant. lança t-il en élevant juste assez la voix pour être entendu, une volute de brume échappant à son souffle tant le mercure avait chuté.

Le chef avait usé de sa baguette pour tracer une sorte d’arabesque aérienne muette en direction de sa position, pressant ainsi le duo nouvellement réuni vers la sortie de la clairière. Il n’avait plus qu’une envie : retourner se coller les mains sur la poignée bien chaude d’un chaudron où mijotait un tendre ragoût. Autant il aurait voulu blâmer la Nightingal pour cette escapade imprévue à son horaire, autant il pouvait s’admettre satisfait de la tournure des évènements et de l’intégrité physique de l’imprudente. Mercy n’aurait pas hésité à découper en morceaux le dernier représentant de son sang s’il avait fallu que sa meilleure amie soit blessée, la faute au manque de soutien de son aîné.

- Je ne te remercierais jamais assez pour ça, je…

Prêt à décliner gentimment toute forme de compliments dont il ne voulait pas plus que de participer initialement à cette opération de secours, les chaporouges invaincus ne tardèrent pas à lui ravir cette opportunité en revenant à la charge.

— Eff no… lâcha le cuisto dans un slang plutôt instinctif avant de se retourner pour s’engager rapidement sur le seul sentier existant pour cette part du boisé. C’mon run ! insista t-il bien vite auprès d’Alex qu’il ne pouvait décemment garder hors de son champ de vision.

Quelques chaporouges lancés à leur poursuite s’obstinèrent à leur balancer une flopée de cailloux et autres graviers, ce à quoi Sebastian répondit avec la plus grande générosité, soit en leur balançant les quelques défunts sujets de Triton qu’il trimbalait depuis le début de la soirée, leur cédant même jusqu’au bol de céramique dans lequel ils reposaient. Devant eux, la forêt ne cessait de s’éclaircir, annonçant heureusement la fin de leurs périls, les petites créatures ne s’aventurant jamais au-delà de cette lisière qui délimitait leur habitat. Haletant, l’Irlandais ne se stoppa que lorsque les briques des murailles d’Hungcalf furent enfin bien en vue et qu’il sentit que sa collègue n’en pouvait plus également.

— Alex, jure-moi que tu ne laisseras plus ton matou mettre la patte hors des murs de l’Université ? dit-il en pointant le fautif, tout peinard et lové au creux des bras de la Wright, un air insouciant collé au visage. Et tu ferais mieux de trouver un plan pour te faire pardonner d’avoir gâché ces délicieux filets de saumon qui n’avaient rien demandés eux non plus ! conclua t-il d’un ton à peine plus léger en resserrant son écharpe autour de son cou et en s’engageant sur le voie des cuisines.