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an ordinary day (adriel)
Mer 27 Fév 2019 - 13:26
an ordinary day
Adriel & Victor
Ce jour-là, et comme presque tous les jours, Victor avait revêtu son éternelle veste de daim, une de ses chemises blanches, il avait bu son café, lu son canard, fumé sa cigarette, répondu au courrier, enregistré ses commandes, fumer une autre cigarette, travaillé sur ses recherches, déjeuné avec un collaborateur, aiguillé les clients les plus difficiles et nettoyé la cave. Une journée comme il les aimait : touffues et réglées comme sur du papier à musique. Le programme à venir était des plus simples : rédiger les commandes fournisseurs pour la semaine suivante, donner ses directives et aller boire son thé en terrasse.
Il était de ces gens qui ne vivait le changement que par absolue nécessité, et la journée était parfaitement anodine. Une cigarette allumée s’auto-consumait dans le cendrier alors qu’il inscrivait les derniers chiffres sur son tableau Excel - beaucoup plus pratique qu’un morceau de parchemin. Alors que son index pressait enfin la touche d’entrée, une voix s’éleva depuis la caisse.
« Je vous dis, Monsieur, que ce livre sera livré demain ! » « Mais c’est maintenant que j’en ai besoin. » Victor soupira, brûla ses lèvres en fumant ce qui restait de tabac, et vola au secours de son employée, le visage fermé. « Monsieur, si vous nous aviez prévenu plus tôt que vous vouliez ce livre, peut-être serait-il arrivé avant. Ce n’est donc pas la peine de crier sur ma pauvre vendeuse qui ne fait que son travail. Ce n’est pas non plus la peine de rejeter la faute sur nous auprès de vos professeurs si vous n’êtes pas capable de vous organiser correctement. Bonne journée. »
Le sourire mi-narquois mi-sérieux, mi-indescriptible, Victor regarda le jeune sorcier partir la mine dépitée et grommelant dans sa barbe de trois jours. Ce genre d’étudiant, il en avait connu toute sa vie, et dieu merci il n’en n’avait jamais fait partie. Cet étudiant n’allait certainement plus jamais remettre les pieds dans La Griffe, grand bien lui fasse, des clients, il en avait beaucoup, et des plus éveillés.
Le cracmol sourit à son employée avant de s’éloigner de la caisse vers la bibliothèque. Cela faisait cinq ans qu’il était tombé amoureux de la boutique, et il avait comblé le bâtiment, alors vide, de livres qu’il chérissait, de matériel d’étude, il l’avait rempli de ses goûts pour le bois sombre, de ses habitudes de rangement minutieuses, et de toute sa vie. La Griffe de l'hippo était auparavant un temple dédié aux études, puis elle avait évolué en s’adaptant à la vie citadine, étudiante et surtout sorcière, tout comme lui avait évolué.
Se promenant dans les rayonnages, il caressa du bout des doigts une étagère dédiée aux nouveauté littéraire moldues en se rappelant à quel point cela lui avait posé problème avec les plus cons et conservateur des sorciers. Regardant vers le fond de la librairie, il aperçut un jeune homme qui semblait plongé dans un ouvrage déjà bien entamé.
Victor s’en approcha en silence, et reconnu ce client régulier entré il y a déjà plusieurs dizaines de minutes. « Bonjour Monsieur » Sa voix sévère rompu le calme de cette partie de la librairie. « Vous n’êtes pas autorisé à lire ce livre sans l’acheter. Vous êtes dans une librairie et non une bibliothèque. »
C’était la phrase qu’il prononçait le plus souvent au cours de sa journée, pourquoi les gens ne comprenaient pas que c’était uniquement grâce à la vente qu’une librairie prospérait ?
Gasmask
@adriel skinner
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Re: an ordinary day (adriel)
Sam 2 Mar 2019 - 19:03
VICTOR & ADRIEL
an ordinary day
Le vent est frais sur son visage, l'obligeant à s'enfoncer un peu plus dans son écharpe. Les passants hâtent le pas, probablement pressés de rentrer chez eux ou de se mettre à l'abri. Le soleil n'a pas pointé son nez de la journée, caché par de lourds nuages grisonnant, annonciateurs d'un mauvais temps à venir. Rien de surprenant pour cette partie du pays, une météo capricieuse à laquelle il s'est habitué depuis. Ses yeux clairs se posent sur la devanture de la librairie La griffe de l'hippo de l'autre côté de la rue. Un instant d'hésitation puis il traverse. Cela fait plusieurs semaines qu'il ne peut s'empêcher de s'arrêter sur le chemin du retour. Son collègue lui avait vaguement parlé de l'endroit, vantant la diversité des livres sorciers et moldus, grande première dans leur petit monde. C'est avec curiosité qu'il avait poussé la porte la première fois, puis avec envie toutes celles d'après. Il s'engouffre dans la petite boutique, faisant teinter la clochette sur son passage. Il accueille le calme et la chaleur avec un sourire, dénouant son écharpe. Comme d'habitude, il s'avance jusqu'au fond de la librairie, s'arrêtant devant le rayon moldu fantastique. Jamais auparavant il n'aurait plongé le nez dans une telle lecture, par éducation et par manque de connaissance. Et pourtant, il ne cesse de s'extasier devant la créativité des auteurs moldus et leurs idées si folles sur des mondes magiques et fantastiques. Et chaque fois qu'il passe dans la boutique, il ne peut s'empêcher d'en piocher un au hasard et de se laisser emporter par les intrigues. Jamais il n'achète, trop effrayé à l'idée que l'on découvre le penchant de l'héritier Skinner pour les romans moldus si mal vu dans les familles au sang-pur. Alors il se contente de lire quelques chapitres toutes les semaines, revenant celle d'après pour continuer - ou parfois changer de roman quand le dernier a été acheté entretemps. Ses doigts caressent les tranches des livres, s'arrêtant finalement sur une saga contant l'histoire d'un elfe commencé quelques semaines auparavant. C'est avec un certain plaisir coupable qu'il se plonge dans la suite des aventures, perdant la notion du temps. C'est une ombre et une voix grave qui le sortent de ses rêveries, l'obligeant à quitter les mots. L'homme le toise avec humeur, l'air peu aimable. Son visage abîmé par le temps, ses tempes grisonnantes lui donnent l'air si stricte. Les yeux clairs d'Adriel se plissent, n'appréciant que très moyennement la remontrance. « Comment acheter si je n'essaie pas ? » Un sourire innocent, si hypocrite. Il l'a déjà vu dans la boutique à plusieurs reprises, supposant que l'homme est un employé. « Ce serait comme entrer chez Ollivander et prendre la première baguette sans la tester. » Il referme le livre d'un bref mouvement, faisant claquer les pages entre elles, son sourire ne flanchant pas. « Une catastrophe, vous ne croyez pas ? » Il replace le livre à sa place, entre le tome deux et le tome quatre, les précédents ayant déjà été lus clandestinement. « Peut-être que cette collection et moi ne sommes pas compatibles et alors ce serait vraiment fâcheux. » Un soupire glisse entre ses lèvres, un regard vers l'autre homme. Il plonge sa main dans la poche de son blouson, faisant teinter les gallions s'y trouvant. « Mais si cela vous incommode tant, je peux aussi vous donner quelques gallions pour le dérangement et vous pourrez retourner importuner d'autres clients comme vous savez si bien le faire.» Un autre sourire éclatant, dévoilant ses dents blanches, teinté d'hypocrisie et de moquerie. Pour qui se prend-t-il ce vieux vendeur ?
@Victor Aldernmann
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Re: an ordinary day (adriel)
Sam 9 Mar 2019 - 21:32
an ordinary day
Adriel & Victor
Le rouge monta aux oreilles du cracmol. Subitement, la chaleur de la boutique se concentra dans son crâne, la colère déboulait à grand fracas. Lui qui sans être de nature paisible, mais ordinairement calme, venait de le perde. Force était de constater que cela n’arrivait pas souvent, mais suffisamment pour qu’il en reconnaisse les symptômes. Ce jeune homme était de ceux de la pire espèce aux yeux du libraire. De ceux qui non-contents de saccager son travail et son commerce, s’en vantaient allégrement et ne voyaient pas le mal derrière les actes et les mots fâcheux.
« Il y a de nombreuses différences entre mon commerce et celui d’Ollivander, ici, les non-sorciers ne sont pas exclus, les abrutis oui. »
Fâcheux. Les mots lui avaient échappé, mais il les pensait. En tant qu’enfant d’une famille sorcière anglaise réputée, malgré son sang-mêlé et sa non-compatibilité magique, il avait eu le droit à une visite chez Ollivander qui lui avait bien évidemment refusé les baguettes – et de façon humiliante. Il tirait de cet épisode une amertume tenace envers le fabricant. Le non-client n'en savait rien, bien entendu, mais la simple mention de la boutique sur le chemin de traverse faisait ressortir chez Victor un sentiment d'injustice.
La violence avec laquelle l’inconnu referma le livre, acheva de mettre en rogne Victor. Mais c’est avec surprise qu’il reconnut l’ouvrage moldu. Un hypocrite de plus qui se pensait au-dessus des êtres sans magie, mais qui en dévorait la culture sans scrupule. En observant plus attentivement l’allure de l’homme, il reconnut en lui un habitué de la section moldue. Plutôt, que d’user de violence physique, il reprit soudainement contenance mais fixa furieusement l’inconnu.
« Je vois que cette collection vous a plu pourtant. Je suppose que les deux premiers tomes de la saga vous étaient compatibles finalement. »
Il avança vers l’étagère pour reprendre l’ouvrage, et observa les pages froissées par le lecteur clandestin. D’une main légère, il tenta de rétablir l’aspect initial du papier laissant passer la tentative de corruption ridicule du jeune homme. Quand il referma l’œuvre avec une délicatesse qui ne reflétait pas son humeur, il regarda avec mépris le sorcier, le visage fermé et les yeux perçants.
« Ce n’est pas l’or qui vous manque. L’achat de la saga ne vous en coûtera que pièces : 3 gallions et 7 mornilles. La caisse est par là. »
Son regard menaçant, il désigna son employée derrière le comptoir. Il tendit le bouquin au sorcier avec un faux sourire qui ne dévoilait pas ses dents, et il le savait, déformait son visage en un masque effrayant.
« De plus, si vous êtes toujours intéressé, nous avons du même auteur un nouvel arrivage, mais une fois de plus, il faudra payer pour y goûter les mots. »
Les deux hommes se faisaient face et personne n’aurait pu dire lequel des deux allait lâcher prise en premier. Victor soupira intérieurement, l'heure de son thé était certainement passée, sa journée était gâchée.
Gasmask
@adriel skinner
- InvitéInvité
Re: an ordinary day (adriel)
Dim 10 Mar 2019 - 14:42
VICTOR & ADRIEL
an ordinary day
Les mots glissés avec une certaine ironie font mouche, piquant le libraire là où ça démange. Le rouge lui monte aux joues, jurant avec son teint blanc, probablement annonciateur d'une bonne pique ou d'une remise à sa place. Il l'a bien cherché, titillant le dragon qui dort. Et il est pourtant surpris par la véhémence de ses mots et l'étrange colère envers Ollivander. Les yeux clairs d'Adriel se pose avec un peu plus d’intérêt sur l'autre homme, se demandant quel genre de personne n'apprécie pas le vendeur de baguette de grande renommée Peut-être un étranger ? Un slave ? Il n'en porte pourtant pas l'accent tranchant ou l'habituelle froideur désagréable des élèves de Durmstrang. « Vous êtes curieusement étrange.» Un sourire moqueur, il referme le livre, un peu trop violemment, s'attirant un autre regard désapprobateur. Il devait être tombé sur l'employé modèle pour qu'il s'offusque si facilement et prenne autant soin des ouvrages de la librairie. Ou peut-être le propriétaire ? Adriel n'a aucune idée de l'identité du sorcier assez fou pour ouvrir un établissement mélangeant magie et moldu. Probablement un né-moldu ? Qu'importe. Ce personnage là est déjà particulièrement embêtant, il n'aimerait pas se frotter au propriétaire. « Ah ! Je ne pouvais pas juste tester trois pages. L'intrigue aurait pu prendre une tournure qui me déplait.» Un autre sourire amusé. Titiller l'autre homme a quelque chose de particulièrement amusant, l'aîné semblant prendre vraiment à coeur son travail - ce qui, en soit, est vraiment majestueux. Être passionné par ce que l'on fait n'est-il pas le but de chacun ? Avoir un boulot dans lequel on s'épanouit, conjuguer ses loisirs et son travail. Et pourquoi pas la paie. Il le regarde lisser avec une certaine tendresse les pages du livre, s'appliquant à la tâche. Puis c'est un regard rempli de mépris qui se lève sur le lui, jurant violemment avec ses gestes si doux. Ses propres doigts se referment sur le livre tendu, son regard voyageant jusqu'à l'employé derrière le comptoir. « Malheureusement...» Il tend à nouveau le livre vers le libraire, sourire pas du tout désolé. Sale garnement. « Cette saga ne me convient pas. » Un haussement d'épaule désabusé, une moue faussement sympathisante. « Et puis payer, toujours payer, n'est-ce pas d'une tristesse sans nom ? » Exagération digne d'un mauvais acteur de théâtre alors qu'il fait quelques pas entre les rayons, changeant de monde, feintant un intérêt pour les livres soigneusement alignés. Ses doigts frôlent les tranches, lisant les titres et les auteurs sans réellement les voir, juste pour embêter. Il faut tout de même avouer que la librairie propose un large choix de livres, la rendant particulièrement attrayante tout comme le concept moldu/sorcier mélangé. C'est probablement ce qui l'avait fait s'arrêter quelques mois auparavant, poussé par la curiosité et bien trop en avance à son rendez-vous. Il s'était pris d'affection pour l'endroit, appréciant le calme et la diversité des ouvrages. Il se stoppe dans une allée, sourire aux lèvres, sortant l'un des livres de son étagère pour le feuilleter.
@Victor Aldernmann
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