le plaisir des choses mal faites
Feat @Dhan Chaffinch

FRIMELDA

Les mains sorties des poches, Dhan venait de s’extraire à grand peine de l’une des tentes qui parsemaient Myrddin Wyllt District. Un peu plus tôt dans la semaine, il avait promis à sa fille de l’emmener au festival de cinéma pendant le week end. L’enfant avait trépigné, ravie à l’idée de rencontrer ses personnages préférés… Et mentionné des films dont il n’était pas tout à fait sur qu’ils fussent bien de son âge. Une petite fille de trois ans avait elle Vraiment besoin d’aller serrer la pogne -enfin, le tentacule – d’un kraken en compagnie d’une bande de pirates salés et avinés ? Il n’en était pas convaincu. Aussi, avant de jouer les pères indignes ou trop sévères, il s’était décidé à essayer les tentes des films et dessins animés préférés de son bébé yéti en solo, afin de s’éviter la moindre déconvenue. Il n’avait pas été déçu du voyage, l’organisation du festival s’était surpassée, cette fois ci.
Il était de dos quand une voix familière lui fit tourner la tête, découvrant sa face partiellement couverte de chocolat blanc et noir en forme de peintures tribales, qu’il était en train d’essuyer tant bien que mal avec un mouchoir en tissu trop petit pour la tâche affectée. Il venait de s’extirper de la chocolaterie d’une certaine Charlie qui, clairement, se ferait retoquer par les services de sécurité et d’hygiène du magistère si on venait à contrôler son entreprise. Il avait failli mourir, virtuellement ou non, une demi douzaine de fois au bas mot, à cause d’une utilisation tout à fait invraisemblable du chocolat. Il ne vivrait plus jamais Pâques de la même façon.

Sans arrêter de se nettoyer la barbe, il répondit aux courbettes d’Evan d’un sourcil haussé.

- Wakefield.

Passé d’un oompa loompas à un troll, c’était presque du gâteau pour le secrétaire.

- Superbe oui, je me demande quel pourcentage de perte humaine a été autorisé par attraction cet année. Je crois avoir vu un elfe de maison trainé un corps derrière la tente du comte Dracula.

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Dhan se saisit du second mouchoir tendu par Evan pour éponger sa barbe. Il avait beau la garder courte et bien entretenu, il avait l’impression que le chocolat s’y était agrippé comme mû par une volonté propre. Ce qui était tout à fait plausible, au passage.

- Merci bien. Je vous le rendrai propre dès demain.

La promesse n’était pas pieuse, il mettrait un point d’honneur à ce que l’enseignant récupère sa pochette dès le lendemain matin, à potron minet. Il acheva de se rendre à nouveau présentable tout en chassant le serpent d’encre qui remontait de son nombril pour essayer de darder de sa langue pointue un peu de chocolat qui s’était fourvoyé derrière son oreille. Allez savoir pourquoi, ce tatouage là était le moins timide, le plus désobéissant et surtout le plus gourmand. Comme s’il avait vraiment la capacité de gouter à la sucrerie sur la peau de son propriétaire. Dhan secoua la tête, faisant choir le reptile sous ses vêtements.

- J’en ai entendu parler, mais je ne suis pas venu au festival l’année dernière. C’était ma première année en tant que secrétaire, et j’avais bien trop de travail pour me permettre de perdre du temps ici.

Insinuait il qu’il avait moins de travail que l’année précédente ? Certainement pas. En revanche, il était bien plus efficace et, surtout, quelques unes de ses priorités avaient changé depuis qu’une minuscule demoiselle brune s’était frayée un chemin et une place de choix dans son emploi du temps de ministre. Enfin, de secrétaire – ministre. A la découverte du plan maquette du musicien, il arqua un sourcil, affectant un air presque choqué, une main sur le coeur.

- Wakefield … Serait ce un … un plan ? Pour … Organiser quelque chose ?

Son air choqué était clairement exagéré, mais c’était de bonne guerre. Son entrevue avec Sapphire McBee lui était resté en travers de la gorge un moment, et il soupçonnait l’enseignant de l’avoir soigneusement évité ses dernières semaines pour ne pas avoir à répondre de ses filouteries. Le terme faisait beaucoup rire Héma quand il l’utilisait, mais en même temps, il n’avait rien trouvé de plus poli pour qualifier les enfantillages d’Evan. A peu près sur que Mercy aurait été bien plus vulgaire, par exemple.

- Et bien, puisque vous me montrez le vôtre, je peux sortir le mien.

Dhan sortit de sa poche un plan se rapprochant de celui d’Evan, mais avec des cases et des tentes déjà pré-entourées, autour desquelles voletaient des annotations en vert, orange et rouge.

- J’ai prévu de revenir demain avec ma fille. Elle adore le film moldu de Charlie et la Chocolaterie, mais je crois que si cela pourrait lui plaire, je ne suis pas prêt et n’ai pas de tenue adéquat pour ça. En revanche, Il est possible que je l’amène dans la tente dédiée au dessin animé de Vaïana, faire de la voile et des concours de tatouages qui chantent. Et vous, vous cherchez un type d’attraction en particulier ?

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Si Dhan se permettait d’être moqueur avec Evan, c’était qu’ils devaient composer l’un avec l’autre au quotidien et que sans un peu d’humour, ils auraient fini par véritablement s’écharper. Dhan appréciait l’Homme, mais l’Enseignant l’insupportait. Il admirait l’Artiste, mais s’agaçait du Collègue. Bref, ils pourraient sans problème s’entendre dehors. Au sein de la même institution c’était plus compliqué. Dhan acquiesça avec un regard appréciateur et faussement impressionné face à la remarque de son comparse. Comme quoi, il y avait donc bien des gens sur terre capables de le convaincre – contraindre- à un peu de discipline. Tout n’était donc pas tout à fait perdu.

- Et bien, il va me falloir rencontrer celui et celle qui a trouvé la recette pour vous donner goût à l’anticipation. Cela m’intéresse de connaître le prix à payer pour un peu d’auto discipline de votre part.

Il garda l’idée dans un coin de sa tête, alors qu’il se reconcentrait déjà sur les deux plans qui se superposaient sans difficulté, bien que leur degré de précision ne soit pas comparable. Dhan sourit.

- Je ne connais pas l’âge de la personne qui va vous accompagner, mais quand il faut gérer un enfant de trois ans, rien, absolument rien ne doit être laissé au hasard. J’imagine qu’accompagné d’un adulte, un peu plus de fantaisie peut être permise, mais depuis que je l’ai emmené voir un film moldu sur les dragons, je ne prendrai plus ce genre de risque. Allez donc expliquer à un enfant têtu que non, on ne peut pas acheter un bébé dragon pour avoir un « Crokmou trop mignon » à l’appartement et que non, c’est pas juste un gros chat qui vole.

L’anecdote avait de quoi amuser, mais il avait quand même du se fâcher, ou presque, pour éteindre un début de caprice de la part d’Héma sur le sujet. Si les moldus savaient comme se comportaient les vrais dragons, ils éviteraient peut être d’en faire des peluches à écailles dans leurs dessins animés. Bref.

- Une capricieuse donc. Il s’agit alors de ne pas se tromper.

Un demi sourire complice flottait sur les lèvres du chaffinch, mais il ne commenta pas. L’information était suffisamment mise en évidence pour comprendre le fin mot de l’histoire, et les enjeux qui en découlaient. Evan n’avait en effet pas le droit à l’erreur. Enfin débarrassé totalement de son fond de teint chocolaté, Dhan s’était remis à marcher, comptant naturellement sur le fait que Wakefield allait lui emboîter le pas.

- J’imagine que vous avez déjà une vague idée, de ce qui voulez ou ne voulez pas, me trompe-je ? J’ai cru comprendre que les films en soirée n’étaient pas forcément les mêmes qu’aux horaires diurnes. Vous savez déjà quand vous comptez venir ?

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Dhan avait l’impression qu’Evan passait son temps à se marrer, littéralement. Il avait la gausse facile, l’œillade facétieuse, plus que la plupart des étudiants. D’ailleurs, Dhan prenait plus garde aux facéties de l’enseignant qu’à celles de leurs cadets. Evan avait l’avantage de l’expérience, et une imagination prolifique. Cependant, s’il riait et se moquait souvent, il n’avait pas d’impression de mépris ou de dédain dans sa goguenardise. Il était juste naturellement… Enjoué ? Ce naturel était si éloigné de celui du taiseux secretaire qu’il en devenait déroutant pour lui. Non pas qu’il soit contre un peu d’amusement de temps à autres, mais il restait d’un tempérament bien plus réservé. Il se demandait ce qui faisait, dans la tête de son camarade, que la vie devienne une immense fête, un carnaval permanent. Clairement, lui-même s’épuiserait d’une telle effervescence perpétuelle. L’ancien Lufkin s’extirpa de ses considérations intérieures pour se concentrer sur les explications du musicien. Son défi semblait être de taille : son invitée était de toute évidence bien plus difficile à contenter qu’une petite fille de trois ans. Et une médicomage… Avec le temps qu’il passait à Ste Marie, peut être la connaissait il ? Ce n’était pas Murphy, pour sur, le portrait de l’invitée mystère était bien trop … Fort de café pour correspondre à sa douce amie. Il ne poserait cependant pas la question directement : il préférait voir jusqu’où iraient naturellement les confidences du sorcier sur l’identité de sa dame.

- Si je pouvais lui toucher un mot sur l’endroit où vous enfermer, plutôt que dans un film de série B, j’aurai quelques idées sur un supplice plus pertinent pour vous …

Un demi sourire, tout juste un frémissement, suffisamment subtil pour faire douter du sérieux de la remarque. Il reprit :

- Je n’ai pas pris de notes sur ces titres, vous m’en voyez navré, dès lors qu’il ne corresponde pas vraiment aux attentes d’un individu passionné par les animaux à poils ou à plumes et les histoires de petits pois sous les matelas. Cependant ayant vécu probablement plus que de raison dans un environnement quasiment exclusivement féminin, j’ai peut être bien vu ces films là une ou deux fois …

Ou douze, pour ce qui était du Moulin Rouge. Ce n’était pas sa faute, mais celle de Niamh, qui avait développé une fascination pour ce film. Et comme lui, c’était elle qui le fascinait, à l’époque …

- J’ai du mal à voir ce que pourrait vraiment être l’intérêt d’une attraction sur the Notebook pour être honnête. Rendre les participants à moitié amnésiques ? J’ai quand même quelques vélléités sur le sujet … s’agissant de PS I love you, pourquoi pas, mais à part courir après des lettres … J’ai bien peur que celle qui vous a conseillé soit du genre à considérer que Roméo et Juliette est une belle histoire d’amour.

Peut être n’était il pas assez romantique, mais il trouvait tout cela confondant d’ennui. Et c’était quand même Dhan Chaffinch qui disait ça.

- Avez-vous pensé à quelque d’un peu plus … Tonique ? Il parait que la session de « M. et Mrs Smith » est un défouloir équilibré entre actions et romance. Si vous aimez les contextes de …. Confrontation. * il haussa les épaules* Mais ça, vous seul pouvez savoir …

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De toute évidence, Evan n’avait pas vraiment idée de ce que contenait les films dont il avait cité les titres, et la déception, réelle ou non, peinte sur son visage tira un rictus amusé au secrétaire. Dhan était un nerd, un vrai, cela impliquait donc quelques obsessions surprenantes, comme, par exemple, les comédies musicales ou encore les adaptations de livres en films et séries. C’était le cas de presque tous les films cités par Evan et, par conséquent, il les avait déjà tous vu une ou deux fois chacun, minimum. De toutes façons, c’était un homme d’intérieur, en dehors de ses expéditions du bout du monde, il avait bien plus poncé son canapé que les tabourets du bar d’à coté. Cela avait son charme, paraît il.

- A votre trépas je passerai donc d’un quasi quadra bruyant et ingérable à une délicieuse enfant pleine de talents et de qualités administratives comme musicales. Que Dieu m’en préserve, le changement serait trop brutal, vous avez raison.

Un coup d’oeil de coté, histoire de lui faire comprendre qu’il était bien, bien, bieeeeen au courant de l’embauche de la douce Sapphire derrière son dos, et qu’il lui réservait un chien de sa chienne, avant de reprendre sur un ton égal. Sur leur droite, une affiche du Monde de Némo vantait une session de surf sur le dos d’une tortue marine, et un parcours d’obstacles où les participants rebondissaient de méduse en méduses. Il allait devoir prendre une potion d’énergie, ou un litre de café bien serré, s’il devait suivre Héma dans ce genre de truc.

- Moulin rouge...sorti en 2001, presque vingt ans, vous rendez vous compte, Wakefield… Ewan Mac Gregor et Nicole Kidman. Vous saviez que Nicole est une sorcière ? Je m’égare. L’histoire d’un poète qui tombe amoureux d’une meneuse de revue dans le Paris  de la Belle époque.  Je ne vous en dis pas plus pour ne pas gâcher les effets de l’attraction liés à l’histoire. Des oscars, des golden globes et des prix à ne plus savoir qu’en faire. De la musique et des chansons, beaucoup, dont certaines sont gravées dans l’histoire collective. Des reprises d’Elton John, The Police … Si ton invitée est sensible à la bonne musique et aux rebondissements burlesques, elle y trouvera son compte. Vous devriez gouter aussi la scénographie, cela à l’air d’être pile dans votre domaine de prédilection, la fantaisie.

Il passa devant l’enseignant, attrapant un dépliant sur « How to train a dragon » où un petit crokmou rugissait puis se léchait les babines comme un gros chat. C’était bien sa chance, le film était à présent tellement connu qu’il avait le droit à son attraction ici. Héma était obsédée par les dragons depuis noël, chassant sa passion pour les yétis. Elle avait même demandé à Mercy de faire pousser des ailes à Axis, le chien et Scapula le furet, pour voir à quoi ils ressemblaient, en dragons. Heureusement, elle ne lui avait pas demandé de leur faire cracher du feu… Mais il n’aurait pas fallu lui souffler l’idée non plus.

- Vous me direz quand vous comptez y aller, je rêve secrètement de vous voir danser le french cancan.

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Si Evan semblait trouver que Dhan n’était pas facile à dérider, ce dernier était pourtant du genre bon public … Face au bon spectacle. Il n’était pas bien compliqué de lui tirer un petit gloussement, une risette discrète, cependant pour cela, il fallait le mettre en confiance, et cela ne venait pas du jour au lendemain. Encore moins quand on avait tendance à se foutre des deadlines comme de la sexualité des doxys et que l’on prenait un malin plaisir à lui donner des sueurs froides sur le plan professionnel. Alors bien sur, pour le moment, Evan n’avait pu avoir à faire qu’à l’humour le plus anglais et grinçant de son bon collègue, mais hey, cela lui paraissait plutôt de bonne guerre.

- Puisqu’une seule fois suffit à trouver que c’est bien trop souvent à mon goût, je ne peux que vous concéder le qualificatif.

Le frémissement d’un sourire répondait aux éclats de rire sonores de l’enseignant. Dhan était bien incapable de rire aussi fort, même si il l’avait voulu. Venant de lui, cela aurait paru complètement artificiel, qui plus était. Il garda bien pour lui la nature de ses fantasmes, mais dans son cou, les anneaux du serpent encré sur sa peau venaient effleurer l’encolure de son habit, ondoyant langoureusement. Il pourrait être surpris, le Wakefield, s’il savait la vie de bohème qu’avait été celle de Dhan avant de revenir à la case université. Il était aussi libre qu’il était sérieux, mais chaque chose à sa place et à son temps. Compartimenter les différents aspects de sa vie lui avait toujours plutôt réussi, jusque là, et il faisait de son mieux pour que cela reste ainsi.

- J’inviterai donc le doyen à vérifier votre salle de cours juste avant la relâche de l’été, il appréciera, un fin connaisseur du patrimoine culturel français…

A la dernière remarque du grand blond, Dhan lui offrit une grimace tellement désolée et désabusée qu’elle en devenait comique. Il avait failli, littéralement, tomber de sa chaise quand le doyen de la faculté lui avait annoncé que le conseil d’administration et lui même avaient décidé d’octroyer à l’énergumène le rôle prestigieux de directeur de maison… Et quelle maison. Déjà qu’ils n’étaient pas tous connus pour leur discipline, mais avec un adulte pareil à leur tête, Dhan se préparait au pire. Qu’il soit excellent pédagogue, il n’en doutait pas une seule seconde, vraiment, mais les directeurs de maison n’étaient pas des enseignants ordinaires, ils étaient à la fois des encadrants et des modèles, il n’y avait qu’à voir Agrippa Skinner mener ses abeilles à la baguette, ou encore Cléopatra Amongwé auprès de ses taiseux grymms. Il n’était persuadé qu’Evan avait vraiment les épaules pour ce rôle où il fallait parfois jouer les méchants, ne pas être admiré et adoré par tous. Il avait dans l’idée qu’Evan était un peu trop … Tendre comparé à ses futurs confrères. Mais devait il vraiment lui en faire part ? Il doutait que cela change grand-chose, à part d’achever son propre portrait de fieffé rabat joie.

- Seigneur, ne m’en parlez pas, j’ulcère à cette pensée. D’ailleurs, cela signifie que nous sommes condamnés à nous voir plus souvent, j’ai des comités de pilotage et de direction régulièrement avec chacun de vos consœurs et confrères, et parfois tous ensemble.

Il fit une pause, secouant la tête, feignant un air de clown triste plus vrai que nature.

- Je ne suis pas assez payé pour cela.

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FRIMELDA

Les demis confidences allaient de bon train entre les deux hommes, que certains badauds dévisageaient avec un air circonspect à leur passage : il fallait dire que ces deux là dépassaient le sommet des crânes de la foule d’une bonne tête, peut être même une tête et demi, et on pouvait s’attendre à ce qu’un gamin leur rentre dans les genoux à n’importe quel moment. L’anecdote d’Evan fit hausser un sourcil à son compère : Dhan savait que le doyen avait un certain sens de l’humour – assez spécial d’ailleurs, mais ça c’était une autre histoire-, mais de là à jouer les Marceau… Depuis qu’il était devenu secrétaire de l’université, il n’avait jamais eu à se plaindre de son employeur, mais ce n’était quand même pas un gai luron. En même temps, les circonstances de leurs échanges ne prêtaient pas vraiment à la légereté et à la plaisanterie.
Face à l’air bovin languide de son vis-à-vis, le sorcier ne put s’empêcher de le tancer un peu. Il fallait dire qu’il tendait des perches, avec ses allégations à la Miss Magicworld 2019, et Dhan avait un humour redoutable, sorti du bureau :

- La différence fondamentale demeure que la variété des étudiants s’efface devant le montant uniforme des frais de scolarité. Les enseignants demeurent payés par lesdits charmants zèbres, et ils ne réclament rien de moins que la crème de la crème, sinon nous mettrions la clé sous la porte.

Un coup d’œil sur le coté, et Dhan s’arrêta devant l’une des attractions : il s’agissait de celle relatant l’histoire du roi lion, si on en croyait la devanture aux couleurs mordorées, les statues d’animaux de la savane animées qui entouraient la porte, et surtout la musique entêtante et reconnaissable entre mille qui résonnait dans l’air.

- Je crois que nos chemins se séparent, Wakefield, et laisser baguette, carotte ou baton là où ils sont, je suis sur que cela sera pour le mieux, pour tout le monde. Bon courage avec votre invitée, mais je ne doute pas une seconde que vous saurez tirer le meilleur du moulin rouge et d’un passage chez Satine. Bonne journée.

Un signe de la tête, et Dhan disparut derrière le drap doré de l’entrée de cette attraction là. Il avait une mission à accomplir, Héma ne supporterait que le meilleur.