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you look so good in my head
Jeu 18 Avr 2019 - 11:32
Ideaphobia
whoever he's talking to, the boy is always scared of being rejected because of his spectacular imagination.
Son père lui disait toujours d'avancer. De vaincre cette timidité qui « le bouffait ». C'était ses mots. Et cruellement, il avait raison. Émile était même mieux au courant que lui des conséquences que lui affligeait cette honte constante à se montrer, parler, oser s'introduire dans une conversation ou se mettre en désaccord avec quelqu'un, même s'il était l'interlocuteur de base.
Émile était timide, et tout au fond de lui, ça le frustrait énormément.
Aujourd'hui, il regrettait par exemple de ne pas avoir osé demander à la bibliothécaire s'il pouvait allonger le délai d'emprunt de son livre. Ou ce moment gênant où on lui avait demandé ce qu'il préférait entre les chaussures rouges et les blanches qu'on lui avait fait choisir. Au final, il avait dit « blerh » alors qu'il pensait « blanches », mais les mots ne suivaient pas.
Crois-moi, Papa, cette timidité, elle me gonfle aussi. Quand bien même il y avait mille-et-une solutions à sa portée pour y remédier, affronter la timidité et cette honte imaginaire ne se faisait pas en un claquement de doigts, même en trouvant le remède miracle ! Il fallait encore le faire passer du stade d'« incapable à commander une pizza au téléphone » à « bégayeur de première, mais qui parvient à remercier la caissière du supermarché ». En attendant, on en était là.
Et là, c'est les innombrables tentatives pour aborder encore et toujours la même personne...
Au détour d'un couloir, Émile avait remarqué la silhouette de la fabuleuse Fiona des magazines. Elle pouvait certes s'appeler « Fiona » tout court, mais le petit bonhomme Norvégien avait cette manie à idéaliser la jeune femme au point de se sentir d'un peu trop s'il venait à l'approcher.
Et c'est bien pour cela qu'il tente, qu'il tente, mais n'y parvient jamais.
Cette foutue timidité, au-delà des limites du personnel, était aussi particulièrement gênante quand il s'agissait d'ouvertures professionnelles.
Fiona, il la suivait dans les magazines dans lesquels elle posait. Aujourd'hui encore, il se surprend à ne pas revenir du fait qu'elle est élève ici, à Hungcalf, et même une année en-dessous de la sienne (alors qu'elle est nettement plus âgée que lui). C'était ce genre de faits qui lui rendait espoir quant à son propre avenir : comme quoi, même avec autant de retard dans sa scolarité, on pouvait devenir une star (idéalisation, vous dis-je).
Et Merlin sait le nombre de fois où il a tenté de l'accoster depuis son retour le mois dernier ! Eh bien... beaucoup de fois !
Bouillonnant silencieusement dans l'envie pressante de conclure une petite affaire avec elle, Émile se sentait néanmoins trop impétueux pour oser l'approcher sans de vraies bonnes raisons. Le fameux « de trop » qui revient. Alors il passait à côté d'elle, une fois, deux fois, trois fois... jusqu'à ne plus avoir assez de doigts.
Trop longtemps que ça dure pour laisser passer sa nouvelle chance en cette fin de journée. Car, à la seconde où il la vit tourner dans un couloir, il la suivit.
Cette fois-ci, il allait le faire ! Il n'allait pas fuir devant ses appréhensions et enfin réaliser un de ses désirs tant refoulés !
La fin du jardin parcourue, il inspira avec stress l'ultime bouffée d'air qui allait l'aider à se lancer, puis s'écria à l'attention de sa camarade de maison :
- Fiona !
Sans bégayer, sans le dire trop bas.
Émile avait réussi.
Mais maintenant, le rouge lui montait aux joues, et il fallait peut-être s'attendre à ce qu'il était en fait en train de repousser depuis le mois de mars : un bon gros rejet bien pensé.
Émile était timide, et tout au fond de lui, ça le frustrait énormément.
Aujourd'hui, il regrettait par exemple de ne pas avoir osé demander à la bibliothécaire s'il pouvait allonger le délai d'emprunt de son livre. Ou ce moment gênant où on lui avait demandé ce qu'il préférait entre les chaussures rouges et les blanches qu'on lui avait fait choisir. Au final, il avait dit « blerh » alors qu'il pensait « blanches », mais les mots ne suivaient pas.
Crois-moi, Papa, cette timidité, elle me gonfle aussi. Quand bien même il y avait mille-et-une solutions à sa portée pour y remédier, affronter la timidité et cette honte imaginaire ne se faisait pas en un claquement de doigts, même en trouvant le remède miracle ! Il fallait encore le faire passer du stade d'« incapable à commander une pizza au téléphone » à « bégayeur de première, mais qui parvient à remercier la caissière du supermarché ». En attendant, on en était là.
Et là, c'est les innombrables tentatives pour aborder encore et toujours la même personne...
Au détour d'un couloir, Émile avait remarqué la silhouette de la fabuleuse Fiona des magazines. Elle pouvait certes s'appeler « Fiona » tout court, mais le petit bonhomme Norvégien avait cette manie à idéaliser la jeune femme au point de se sentir d'un peu trop s'il venait à l'approcher.
Et c'est bien pour cela qu'il tente, qu'il tente, mais n'y parvient jamais.
Cette foutue timidité, au-delà des limites du personnel, était aussi particulièrement gênante quand il s'agissait d'ouvertures professionnelles.
Fiona, il la suivait dans les magazines dans lesquels elle posait. Aujourd'hui encore, il se surprend à ne pas revenir du fait qu'elle est élève ici, à Hungcalf, et même une année en-dessous de la sienne (alors qu'elle est nettement plus âgée que lui). C'était ce genre de faits qui lui rendait espoir quant à son propre avenir : comme quoi, même avec autant de retard dans sa scolarité, on pouvait devenir une star (idéalisation, vous dis-je).
Et Merlin sait le nombre de fois où il a tenté de l'accoster depuis son retour le mois dernier ! Eh bien... beaucoup de fois !
Bouillonnant silencieusement dans l'envie pressante de conclure une petite affaire avec elle, Émile se sentait néanmoins trop impétueux pour oser l'approcher sans de vraies bonnes raisons. Le fameux « de trop » qui revient. Alors il passait à côté d'elle, une fois, deux fois, trois fois... jusqu'à ne plus avoir assez de doigts.
Trop longtemps que ça dure pour laisser passer sa nouvelle chance en cette fin de journée. Car, à la seconde où il la vit tourner dans un couloir, il la suivit.
Cette fois-ci, il allait le faire ! Il n'allait pas fuir devant ses appréhensions et enfin réaliser un de ses désirs tant refoulés !
La fin du jardin parcourue, il inspira avec stress l'ultime bouffée d'air qui allait l'aider à se lancer, puis s'écria à l'attention de sa camarade de maison :
- Fiona !
Sans bégayer, sans le dire trop bas.
Émile avait réussi.
Mais maintenant, le rouge lui montait aux joues, et il fallait peut-être s'attendre à ce qu'il était en fait en train de repousser depuis le mois de mars : un bon gros rejet bien pensé.
- InvitéInvité
Re: you look so good in my head
Lun 22 Avr 2019 - 14:45
Dernier cours de la journée, je rassemble mes affaires sans trainer. Sans courir non plus, je ne suis pas en retard. Mais j’aime autant récupérer ma fille dès que possible à la crèche et je ne m’attarde pas plus que nécessaire sur le campus en fin de journée. C’est donc d’un pas déterminé que je traverse les couloirs, la cour, le parc… pour me diriger vers la sortie du domaine. La crèche de Niamh n’est pas si loin de l’université et lorsque je ne finis pas trop tard, je me contente d’y aller à pieds. Après tout, transplaner ne me ferait gagner quoi… qu’une vingtaine de minutes ? Je le faisais les premiers temps. Mais j’ai finalement appris à apprécier ce petit break qui me laisse l’occasion de penser à moi et avec l’arrivée des beaux jours, je prends plaisir à faire le chemin en marchant. Mais juste alors que je m’apprête à franchir le portail pour quitter le campus, j’entends qu’on m’interpelle. Je me retourne pour poser mon regard sur un jeune homme blond – très blond – qui rougit jusqu’aux oreilles à présent que je lui fais face. Je l’identifie comme étant de la même maison que moi, il me semble d’ailleurs qu’on suit aussi le même cursus. Mais il est habituellement si discret que je ne parviens pas à retrouver son nom. Je lui souris malgré tout, avenante.
- Salut !
Puis j’esquisse une moue d’excuse pour ajouter.
- Désolée, j’arrive pas à me rappeler comment tu t’appelles…
Il semble plus gêné encore alors qu’il s’aperçoit que je ne sais pas qui il est. Baissant les yeux en se mordant la lèvre, il se met à bégayer.
- E-Emile... Chase... A-Au pire c'est pas grave, oublie... !
Je crois que je commence à comprendre pourquoi il est si réservé et pourquoi je ne me souviens pas plus que ça de lui. Il semble être le genre de personne si timide qu’il finit par s’effacer et devenir presque invisible aux yeux des autres. Je m’en veux un peu de l’avoir mis si mal à l’aise et je tente de me rattraper en l’invitant à marcher avec moi d’un signe de tête.
- Non, non t’en fais pas. C’est ma faute. Je cours tellement à droite à gauche que j’oublie la moitié des gens que je croise. Tu voulais me demander quelque chose ?
Il m’emboîte le pas, restant malgré tout un peu en retrait. Il marque une longue hésitation avant de reprendre la parole, détachant ses mots comme s’il ne cessait de chercher le suivant.
- Oui, voilà... en fait...
Nouveau silence et je me contente de lui adresser un sourire encourageant.
- Voilà... Je voulais savoir...
Encore une fois, le jeune homme marque une pause sans parvenir à terminer sa phrase, avant de s’excuser, plus gêné que jamais.
- Désolé...
Je souris doucement et m’approche pour passer un bras autour de ses épaules dans un geste réconfortant.
- C’est pas grave. T’es en mode et textile aussi je crois non ? T’es en quelle année ?
En attendant qu’il retrouve ses moyens, j’essaie de le mettre en confiance en lui montrant que je lui porte de l’intérêt même si je ne savais pas dire qui il était un instant plus tôt. Je ne suis pas du tout timide pour ma part et je n’ai aucune idée de comment il doit se sentir en cet instant mais j’aimerais l’aider à se mettre à l’aise.
- Salut !
Puis j’esquisse une moue d’excuse pour ajouter.
- Désolée, j’arrive pas à me rappeler comment tu t’appelles…
Il semble plus gêné encore alors qu’il s’aperçoit que je ne sais pas qui il est. Baissant les yeux en se mordant la lèvre, il se met à bégayer.
- E-Emile... Chase... A-Au pire c'est pas grave, oublie... !
Je crois que je commence à comprendre pourquoi il est si réservé et pourquoi je ne me souviens pas plus que ça de lui. Il semble être le genre de personne si timide qu’il finit par s’effacer et devenir presque invisible aux yeux des autres. Je m’en veux un peu de l’avoir mis si mal à l’aise et je tente de me rattraper en l’invitant à marcher avec moi d’un signe de tête.
- Non, non t’en fais pas. C’est ma faute. Je cours tellement à droite à gauche que j’oublie la moitié des gens que je croise. Tu voulais me demander quelque chose ?
Il m’emboîte le pas, restant malgré tout un peu en retrait. Il marque une longue hésitation avant de reprendre la parole, détachant ses mots comme s’il ne cessait de chercher le suivant.
- Oui, voilà... en fait...
Nouveau silence et je me contente de lui adresser un sourire encourageant.
- Voilà... Je voulais savoir...
Encore une fois, le jeune homme marque une pause sans parvenir à terminer sa phrase, avant de s’excuser, plus gêné que jamais.
- Désolé...
Je souris doucement et m’approche pour passer un bras autour de ses épaules dans un geste réconfortant.
- C’est pas grave. T’es en mode et textile aussi je crois non ? T’es en quelle année ?
En attendant qu’il retrouve ses moyens, j’essaie de le mettre en confiance en lui montrant que je lui porte de l’intérêt même si je ne savais pas dire qui il était un instant plus tôt. Je ne suis pas du tout timide pour ma part et je n’ai aucune idée de comment il doit se sentir en cet instant mais j’aimerais l’aider à se mettre à l’aise.
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