Depuis plusieurs semaines – qui s’étirent lentement en mois – Nour a des soucis pleins la tête. Des questions qui, ne trouvant pas de réponses, tournent en boucle dans sa tête toute la journée comme un écho et la déconcentrent régulièrement. Elle qui a étonnement réussi à se maintenir à un niveau plutôt correct depuis son arrivée à l’université, sent sa belle motivation de fournir un minimum de travail quotidien disparaître au fil des jours. C’est moche. D’autant plus que ses études ne sont pas les seules à pâtir de la situation. Encore, les cours c’est une chose. La grymm se rassure facilement sur le sujet avec des phrases toutes faîtes mais le quidditch, c’est une autre affaire. Pour le coup, ne plus parvenir ni à quiller des cognards dans les tronches des joueurs adversaires ni à esquiver ceux qu’on lui envoie, ça l’enquiquine beaucoup plus. Parce que Nour, de un, c’est une passionnée high level, elle ne se contente pas de jouer le match, elle le vit. De deux, chacune de ses prestations doit la rapprocher de son but ultime : intégrer une équipe professionnelle.  Sauf que là, si quelqu’un se cache pour démasquer des talents, ce n’est certainement pas sur elle qu’il va s’arrêter. Elle a été nulle durant tout le match, pas tout à fait une plante verte mais pas loin. Son bras droit qui la lance à certains moments en est la preuve. Elle est fâchée, Nour. Contre la maladie de sa mère, contre Selim et son attitude bizarre l’autre soir et contre elle-même de laisser autant transparaître ses émotions dans son jeu. Elle bouillone dans son coin, tandis qu’à quelques mètres, d’autres explosent. Voir qu’elle n’est visiblement pas la seule à être dans les meilleures conditions possible pour ce match aurait pu la faire sourire mais pas cette fois. L’implication de Flores dans la bagarre ne l’étonne guère, c’est à peine si elle hausse un sourcil en le voyant en venir au mains avec un des batteurs de l’équipe adverse, en revanche ça n’est pas pour l’arranger. Pas parce que le joli minois de son équipier risque d’être abimer mais parce que ce n’est pas le moment de se retrouver avec un joueur pénalisé dans l’équipe. Ni une ni deux, la jeune femme suit le mouvement. Initialement, elle veut les arrêter mais se mêle à sa volonté de bien faire, une envie de se défouler. Et puis, dans le fond elle comprend la réaction de Flores. Tous les cognards à son encontre c’était vraiment trop et sans raisons véritables hormis le plaisir de le faire chier... C’est pas ça bien jouer au quidditch.  Finalement, avant d’avoir eu le temps de prendre distinctement parti de son coéquiiper, la bagarre est interrompue par les entraîneurs.

Nour ne souhaite pas aller à l’infirmerie, ce n’est pas le genre de nana à se plaindre au moindre bobo, puis elle en a vu d’autre. Mais on ne lui demande pas son envie, on lui intime d’y aller et au vu de la tension qui règne désormais sur le terrain, la jeune femme obtempère. Elle ne veut pas froisser les entraîneurs, pas remettre de l’huile sur le feu. Nour est sanguine comme fille, mais elle est aussi capable de réfléchir avant d’agir quand il s’agit de quidditch. Vu l’état des deux crétins, la jeune femme n’est clairement pas la priorité de l’infirmière et elle espère simplement que son tour ne va pas trop tarder. Assise dans son coin, elle rumine. Déjà qu’elle n’est pas dans ses beaux jours mais là, perdre du temps, ça ne l’aide pas vraiment à être de bonne humeur. Elle s’agace vite, alors quand Flores l’interpelle, elle lui lance un regard noir. « Ça n’se voit pas ? T’as perdu des neurones dans la bagarre ou bien ? J’attends patiemment mon tour. » A cause de toi, qu’elle se retient de lui cracher à la figure mais en fait c’est faux, rien ne l’obligeait à les rejoindre. « Peut-être qu’on m’a envoyé pour éviter que vous remettiez le couvert toi et Muller. Vous feriez mieux de rester sages, je ne compte pas jouer la nounou trop longtemps. » La liste de ses choses à faire n’est pas bien grande mais qu’importe, Flores n’a aucun moyen de savoir qu’elle n’a pas en réalité pas beaucoup mieux à faire que les surveiller, parce que tout simplement elle n’est pas capacité de. « Franchement, vous auriez pu attendre la fin du match. C’est la fin de l’année là, c’est pas le moment de déconner et de se faire exclure temporairement de l’équipe. On doit assurer jusqu’au bout. » Sauver les meubles et tenter de faire croire que leur défaite au cours du tournoi universitaire était un énorme malentendu. Son ton se fait moins agressif, moins enclin à des reproches. Elle veut pas se fâcher Nour, elle veut juste se donner toutes les chances.

Nour est agacée par la tournure des événements, elle perd clairement son temps assise sur un lit de l’infirmerie à côté d’un garçon abîmé par des coups et imbuvable de nature, alors qu’il existe un tas d’autres endroits dans l’enceinte de l’université parfaits pour ruminer en paix, et les commentaires de l’infirmière à chacun de ses allers-retours n’arrangent pas son humeur. Rien de surprenant alors à ce que la jeune femme envoie bouler gratuitement – c’est cadeau – son coéquipier à la seconde où ce dernier lui adresse la parole. Qu’ils soient dans la même équipe de quidditch ne donne pas lieu à un traitement de faveur, elle n’est pas du genre à mettre des formes pour discuter des choses qui ne vont pas. Flores n’en a pas mit non plus. Sales gosses. Et puis, même si ce n’est pas totalement vrai que sa présence à l’infirmerie est du à celle de son aîné, ce n’est pas totalement faux non plus. Tout cela dépend de la manière dont on analyse ce qui s’est passé quelques minutes plus tôt au milieu du terrain de quidditch. Mais la véritable question n’est pas de savoir pourquoi l’égyptienne a atterri à l’infirmerie mais plutôt pourquoi elle a voulu intervenir dans la bagarre. La vérité, c’est qu’elle n’a pas eu besoin de raison particulière pour motiver ses intentions et donc qu’elle n’a rien de concret à répondre au poursuiveur mit à part peut-être parler d’une simple pulsion survenue sur le moment mais soyons honnête, l’explication paraît déjà sotte en pensée alors en vrai... « Tssss. Je n’ai aucun compte à te rendre, à ce que je sache. » Et bien que ce ne soit pas une tirade très convaincante, c’est néanmoins la vérité. Elle n’a pas à se justifier, n’est pas spécialement en capacité de le faire et n’en a de toute façon pas envie. Elle a agit, maintenant c’est fait, point barre. Et pour appuyer ses propos, l’impétueuse Nour affiche à son coéquipier une attitude faussement supérieure. C’est pour jouer le jeu, pour lui rendre son mépris. Elle ne se pense pas sincèrement supérieure à lui. Contrairement aux sorciers comme lui , la jeune femme ne juge pas les gens sur la nature de leur sang mais plutôt sur leurs actes accomplis.

C’est bien plus intéressant – et toujours plus facile – de s’en prendre à la personne en face qu’à soi-même, la jeune femme ne se fait donc pas prier et retourne rapidement la situation en s’en prenant à la conduite de Flores à la fin du match. C’est moche comme façon de faire mais n’attendez pas de Nour des remords. Elle a l’impression de réprimander un gamin, impression possiblement partager par son coéquipier au vu de la tête qu’il affiche. Cela la fait rire intérieurement tandis que cette fois c’est au tour d’Elios de brasser du vent. N’empêche que les mots du jeune homme la peinent un peu car elle s’attendait à autre chose de sa part, comme de la conviction. « En fait, t’es un perdant dans l’âme ? » qu’elle lâche, tel un reproche mais avec une once de déception. Non, Nour ne le voyait pas comme ça. « Quand on est vrai un compétiteur, on s’laisse pas abattre si facilement. Alors ouais, on a perdu et j’suis la première à qui la défaite reste en travers la défaite de la gorge mais faut penser à la suite aussi. Faut aller de l’avant dans la vie, on te l’a jamais dit ? » De belles paroles qui sonnent sans doute différemment dans leurs deux paires d’oreilles. La Grymm s’efforce de raisonner comme il lui semble qu’un professionnel le ferait, en refusant de vivre l’instant présent comme une fatalité et de rester bloquer dessus. La vie lui a apprit qu’il faut aller au-delà des obstacles, des contre-temps et cette leçon de vie chère à son cœur est valable pour presque tout. Avec sa leçon, elle donne peut-être l’air de vouloir jouer la maligne mais l’espace de quelques instants, son intention est bien loin de tout ça.

Nour se radoucit un peu mais ce n’est pas fait pour durer. C’est Elios qui lance les hostilités mais il n’est pas à blâmer. Si ce n’était pas lui, probablement que cela aurait été elle. Puis l’égyptienne a eu l’occasion de le chercher. Ce n’est finalement qu’un retour à l’envoyeur. « J’suis pas une moldue. » qu’elle lui répond sèchement. « Une née-moldue. C’est totalement différent. » Peut-être pas pour le sang-pur qu’il est mais pour elle, la différence est énorme. Si elle ne déteste pas complètement les moldus, elle ne les apprécie pas forcément non plus. Elle n’est pas complètement de leur monde et pas complètement de celui des sorciers. Elle est différente. On a eu de cesse de le lui reprocher il y a des années, maintenant c’est une force qu’elle n’a pas peur de revendiquer. « Si tu penses que c’est mon sang qui définit comment je cogne, je t’en prie approche un peu pour voir. Tu n’as peut-être pas eu l’occasion de bien te rendre compte... » Quelques secondes ont suffit pour que Nour prenne la mouche. C’est le genre de remarques à laquelle on l’a très vite habitué à son arrivée à Poudlard mais malgré tout cela fonctionne encore très bien sur elle.

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