- InvitéInvité
Deux sirènes [Adélaïde]
Sam 13 Juil 2019 - 20:01
Ce fût la toux, ce matin qui m'extirpa de mon sommeil. Nombreux avaient été les réveils durant la nuit et tant bien que mal j’avais essayé de me faire discrète pour ne pas déranger Lubia. Je doutais hélas d'y être parfaitement parvenue. Un soupir traversa mes narines alors que je sentais une légère migraine cogner mon front. Encore guère habituée à la vie sur un bateau et aux soirées fraîches qui l'accompagnait, j'avais malencontreusement baissé un peu ma garde et avait pris froid. C'était bien sûr sans compter le relâchement mental que me procurait les vacances d'été, mon déménagement et la nouvelle sérénité qui s'installait dans ma vie. Toute la pression n'étant plus contenue, mon corps se libéra lui aussi. Voilà le cocktail parfait pour me faire tomber malade durant les premières de l'été. Toutefois je me formalisais bien peu. J'étais habituée à vivre ce genre de situation et j'avais tout ce qu'il fallait avec moi. Je n'en étais pas au point où il fallait rester à mon chevet et c'était tant mieux car je ne voulais pas être un fardeau pour Lubia qui avait bien assez d'autres préoccupations. Inutile d'en rajouter.
Qui plus est, aujourd'hui la journée ne pouvait être que bonne du fait que j'avais enfin pu arranger une date avec ma sœur pour que nous puissions passer un peu de temps ensemble. Avec les examens de fin d’année et nos révisions respectives nous n'avions guère eu de temps pour se retrouver les deux. A cela c’était ajouté sa convalescence et moi tout mes tracas personnels. A présents que le moment était à l'apaisement, nous pouvions enfin nous consacrer l'une à l'autre.
Ainsi, et du fait de ma petite santé de ces jours, je lui avais proposé de se rendre au port d'Inverness pour que nous puissions rester tranquilles durant la journée chez mon aimée. Chez moi aussi à présent. Un peu. J'essayais tant bien que mal de me mettre à l'aise ici et même si Lubia se montrait douce, moi, je restais prudente. Nous étions encore dans le doux, léger et romantique tâtonnement de l'autre, pour mieux se connaître, s'apprivoiser et s'aimer. Par ailleurs, je n’avais pas eu à user trop de mes atouts pour la convaincre de laisser ma cadette venir à bord. Ou plutôt si, j'en avais usé et même abusé, mais ni elle ni moi ne nous étions plaintes de quoique ce soit. Voilà qu'il aurait été étrange.
Après m’être fait violence pour me hisser hors des draps, je me dirigeait à la salle de bain pour y prendre ma douche, sans oublier mes divers médicaments et potions destinés à aider à ma guérison. Sortant de la pièce vêtue d'une jupe rouge tombant jusqu’à mes genoux, la peau de mes jambes recouvertes d'un collant, j’enfilais un chemisier blanc simple tout en attachant mes cheveux en une simple queue de cheval. Rares étaient les fois où je ne les laissais pas libres, mais pour cette fois, j'étais inspirée ainsi.
C'est en baillant, qui engendra une toux légère, que je me rendais à la cuisine pour me faire mon café tandis que Rufus, le amstaff gris de ma moitié vint m'accueillir avec cet entrain propre au chien. Amusée, je lui grattais la tête avec tendresse avant de me saisir de ma baguette et de lancer de simples sortilèges informulés pour effectuer un ménage rapide de l'Insubmersible.
En montant sur le pont je retrouvais George, un parchemin enroulé dans ses serres. Le lui attrapant avec douceur, car j'aimais mon vieux Grand-Duc de tout mon cœur malgré son sale caractère, je prenais connaissance des quelques lignes écrites. C'est soulagée que je prenais connaissance de la tolérance du ministère face à ma santé de l’instant. Bien sûr, mes collègues là-bas ne connaissaient pas tout, et ils n'avaient pas à le savoir. Ça arrivait à tout le monde de tomber malade après tout, et ils savaient que j’étais une stagiaire assidue. Je ne profitais pas de la situation, j'avais vraiment besoin de rester tranquille et de me soigner. Recevoir des visites n'était pas défendu et quand bien même. C’était ma sœur.
Une fois l'heure arrivée, je descendis sur le quai et déambulais lentement le long du port, mon mug de café dans les mains. Rufus me suivant, je le laissais fureter au gré de ses envies alors que je guettais la venue de cette silhouette si caractéristique. Celle que je pouvais reconnaître entre mille tant je l’aimais.
Qui plus est, aujourd'hui la journée ne pouvait être que bonne du fait que j'avais enfin pu arranger une date avec ma sœur pour que nous puissions passer un peu de temps ensemble. Avec les examens de fin d’année et nos révisions respectives nous n'avions guère eu de temps pour se retrouver les deux. A cela c’était ajouté sa convalescence et moi tout mes tracas personnels. A présents que le moment était à l'apaisement, nous pouvions enfin nous consacrer l'une à l'autre.
Ainsi, et du fait de ma petite santé de ces jours, je lui avais proposé de se rendre au port d'Inverness pour que nous puissions rester tranquilles durant la journée chez mon aimée. Chez moi aussi à présent. Un peu. J'essayais tant bien que mal de me mettre à l'aise ici et même si Lubia se montrait douce, moi, je restais prudente. Nous étions encore dans le doux, léger et romantique tâtonnement de l'autre, pour mieux se connaître, s'apprivoiser et s'aimer. Par ailleurs, je n’avais pas eu à user trop de mes atouts pour la convaincre de laisser ma cadette venir à bord. Ou plutôt si, j'en avais usé et même abusé, mais ni elle ni moi ne nous étions plaintes de quoique ce soit. Voilà qu'il aurait été étrange.
Après m’être fait violence pour me hisser hors des draps, je me dirigeait à la salle de bain pour y prendre ma douche, sans oublier mes divers médicaments et potions destinés à aider à ma guérison. Sortant de la pièce vêtue d'une jupe rouge tombant jusqu’à mes genoux, la peau de mes jambes recouvertes d'un collant, j’enfilais un chemisier blanc simple tout en attachant mes cheveux en une simple queue de cheval. Rares étaient les fois où je ne les laissais pas libres, mais pour cette fois, j'étais inspirée ainsi.
C'est en baillant, qui engendra une toux légère, que je me rendais à la cuisine pour me faire mon café tandis que Rufus, le amstaff gris de ma moitié vint m'accueillir avec cet entrain propre au chien. Amusée, je lui grattais la tête avec tendresse avant de me saisir de ma baguette et de lancer de simples sortilèges informulés pour effectuer un ménage rapide de l'Insubmersible.
En montant sur le pont je retrouvais George, un parchemin enroulé dans ses serres. Le lui attrapant avec douceur, car j'aimais mon vieux Grand-Duc de tout mon cœur malgré son sale caractère, je prenais connaissance des quelques lignes écrites. C'est soulagée que je prenais connaissance de la tolérance du ministère face à ma santé de l’instant. Bien sûr, mes collègues là-bas ne connaissaient pas tout, et ils n'avaient pas à le savoir. Ça arrivait à tout le monde de tomber malade après tout, et ils savaient que j’étais une stagiaire assidue. Je ne profitais pas de la situation, j'avais vraiment besoin de rester tranquille et de me soigner. Recevoir des visites n'était pas défendu et quand bien même. C’était ma sœur.
Une fois l'heure arrivée, je descendis sur le quai et déambulais lentement le long du port, mon mug de café dans les mains. Rufus me suivant, je le laissais fureter au gré de ses envies alors que je guettais la venue de cette silhouette si caractéristique. Celle que je pouvais reconnaître entre mille tant je l’aimais.
- InvitéInvité
Re: Deux sirènes [Adélaïde]
Dim 14 Juil 2019 - 19:51
Les soeurs Dowell
Deux sirènes
Les dernières semaines avaient été tellement éprouvantes que la jeune Wright s’était endormie comme une masse. Dès que sa tête s’était reposée sur l’oreiller de plumes, la propriétaire s’était envolée vers le pays des rêves. Son corps et son esprit ressentaient ce besoin impérieux de se ressourcer. Adélaïde faisait parti de ce genre de personne capable de rester éveillée de longues heures et d’être en forme avec un minimum d’heures de repos (et une bonne dose de caféine), sauf que comme tous êtres humains, elle arrivait également à ses limites en fin d’année scolaire. Evidemment, la jeune Dowell ne pouvait pas simplement se reposer dès la fin des examens – oh que non, il fallait célébrer ça ! Et puis, sans l’avouer, la jeune femme suite aux révélations de Darius devait bien admettre que se vider la tête en l’embrumant avec de l’alcool et la musique lui permettait de mettre cette révoltante affaire de côté – pour le moment. D’ailleurs cela faisait déjà quelques semaines qu’elle n’avait pas reposé son popotin sur sa princesse, de quoi se demander ce qui se passait dans la tête de la brunette. Autant dire qu’il s’y passait des tas de choses. Pourtant, elle ne se sentait pas prête à les affronter pas encore et pas seule. C’était comme si l’on venait de la priver de deux éléments essentiels à son existence sur Terre. Il ne manquerait plus qu’il arrive quelque chose à Abigail et là pouf…, la solide carapace de la cadette pourrait bien se fissurer.
Lorsque son réveil sonna…une fois…deux fois…trois fois…quatre fois…si celui-ci possédait une conscience propre il aurait sans aucun fait pousser des jambes pour donner un coup de pied à Dowell, ou renverser son plumard. Comme ce n’était pas le cas, la brunette émergeait doucement en grognant rien qu’à l’écoute du son strident. Chaque matin s’était pareil, elle se demandait pourquoi elle avait choisi une sonnerie aussi agaçante. Simplement, car dans le cas contraire, elle passerait du bon temps en restant allongée. Sa tête ébouriffée finit par ressortir du coussin en un rien de temps lorsque l’image de son aînée se précisa sous ses paupières. Leur rendez-vous ! D’un coup de patte, elle expulsa la fine couverture et fila sans tarder à la douche, évitant plutôt adroitement les murs et obstacles au sol pour un début de matinée. L’eau chaude acheva de réveiller totalement la jeune sorcière qui se retrouva bien vite devant sa penderie ouverte à la recherche de la tenue adéquate. Elle jeta un petit regard par la fenêtre afin d’apercevoir un semblant de la météo du jour. Dowell attrapa son éternel t-shirt Métallica, un pantalon gris foncé avec quelques trous d’aération qu’elle retroussa et ses vieilles Vans. Son porte-monnaie, portable et ses clefs au fond des poches, la jeune femme était parée à affronter cette nouvelle journée. Elle évita de penser à son deux-roues lorsqu’elle se rendit au point de rendez-vous convenu avec son aînée. Bonjour le pincement au cœur.
En arrivant sur le port, la jeune femme marqua un petit temps d’arrêt. Cela lui arrivait que très rarement d’hésiter. La jeune femme mourrait d’envie de serrer sa sœur dans ses bras évidemment, mais elle ne pouvait s’empêcher de craindre par rapport à sa compagne. C’est vrai, Abigail ne lui en avait pas vraiment parlé et voilà qu’elle avait emménagé chez elle, sur un bateau ! L’instinct protecteur de la cadette se mettait en marche tout seul. Abi comptait terriblement pour elle et elle avait déjà subi assez d’épreuves sans finir avec un cœur brisé au milieu du port. Pourquoi son aînée ne lui en avait-elle pas parlé ? Qui était cette femme qui faisait faire le grand saut à sa moitié ? Adélaïde n’aimait pas toutes ces incertitudes, elle devait en avoir le cœur net ! Cela commençait bien entendu par une inspection du lieu de vie et de l’état d’Abi. Elle inspira un grand coup et à coups de grandes enjambées, sa détermination de retour, se dirigea vers le quai. Ses grands yeux bleus caractéristiques ne manquèrent pas la silhouette plus frêle de son aînée. Instinctivement, elle accéléra la cadence en faisant de grands gestes à sa sœur pour que celle-ci l’aperçoive.
« ABIGAIL ! » lança la jeune femme, faisant sans aucun doute se retourner les badauds. Discrétion ? Connait pas la petite étudiante. Au moins, tout le port devait savoir à présent que l’autre brunette vivait par-là. A quelques mètres, elle manqua de lui bondir dessus pour l’attirer dans ses bras.
« Salut Soeurette ! » s’exprima Adélaïde en baissant le volume pour ne pas lui percer les tympans. Elle se recula légèrement pour scruter le visage de son aînée avec une mine inquisitrice. « J’aurai aimé dire que tu as bonne mine, mais franchement tu t’es vu, t’es toute pâlotte ! »
Au fond de ses yeux bleus, la brunette ne pouvait masquer l’inquiétude face à l’état post maladie de sa soeurette. Elle détestait la voir ainsi. Se mordant le bout de la langue, elle s’interdisait de lui demander si elle avait pris ses potions. La Wright devait se calmer sur le flot de parole et sur le mode médecin personnel. Après tout, Abigail prenait son envol ici avec quelqu’un qui partageait à présent sa vie. Elle tira une légère moue, ce qui voudrait dire qu’elle devait lui lâcher la grappe et laisser quelqu’un d’autre prendre soin d’elle…enfin espérer que ladite personne avait les compétences suffisantes. Adélaïde scruta le chien au côté de son aînée et afficha un petit sourire. Sa sœur savait y faire avec les bestioles, ça c’était certain. La jeune femme, décidée à faire un effort et ne pas donner son verdict tout de suite, se pencha vers le toutou et le gratta derrière ses oreilles touffues.
« Il a un petit nom ce gentil bonhomme ? » demanda-t-elle, en poursuivant ses caresses au chien qui semblait les apprécier.
Si elle mettait le chien de son côté, ce serait déjà bien parti non ? En se redressant, elle prit le temps pour tourner sur elle-même et scruter les environs et les nombreux bateaux, se demandant lequel était devenu le nouveau foyer d’Abigail. Il est vrai que la jeune femme était curieuse, tout cela l’intriguait beaucoup. Mais il lui fallait ralentir un peu et laisser sa sœur prendre les devants, comme cela devait être très important pour elle. Tout le reste pouvait bien attendre un peu.
« Alors...tu me fais visiter, frangine ? » poursuivit-elle, le regard pétillant à l’idée de la découverte qu’elle allait faire, « c'est lequel ton nid douillet ? »
- InvitéInvité
Re: Deux sirènes [Adélaïde]
Lun 15 Juil 2019 - 11:05
Si elle m'avait reconnue au loin, il en allait de même pour moi, et j'étais fort aise lorsqu'elle hurla mon prénom. Au moins maintenant, tout le monde savait comment s'appelait la petite sorcière du bout du quai. Au-delà de ça, j'avais là la preuve que ma sœur semblait s'être remise de son accident, même si je restais inquiète des séquelles, surtout à ses mains. Aujourd'hui était aussi fait pour ça : pour discuter de tous les changements survenus dans notre vie récemment. Ça allait en faire des choses à raconter, mais ça n'allait pas entacher ma bonne humeur. Être avec Adélaïde c'était toujours des moments de joie. Sauf la fois où elle avait ruiné mon dessin dragon quand nous étions enfant. Et quand elle a cassé une assiette dans la cuisine. Ou encore quand elle a rompu avec son copain et que j'ai dû la ramasser à la petite cuillère. Sinon il y avait aussi cette fois où, en trébuchant dans la rue, je lui avais malencontreusement tiré les cheveux.
Des broutilles de gamines quoi. Et nous en étions toujours, des gamines, lorsque nous étions ensemble. Voilà pourquoi je répondais de la même manière qu'elle, chose que je ne ferais avec personne d'autre, ou presque. Adoptant exprès une voix criarde et nasillarde, je levais les deux bras en l'air en agitant mes doigts, imitant un vieux film moldu français que j'appréciais par-dessus tout tant il était idiot : la cité de la peur.
- YOUHOUUUUU, ADEEEE, YOUHOUUU
La laissant approcher, je lui souriais, ce sourire que seules de rares personnes pouvaient voir chez moi, et je penchais légèrement la tête sur le côté tandis qu'elle m'inspectait. Je ne me formalisais plus, j'étais habituée à ça depuis si longtemps que maintenant j'en riais. Ce que je fis à sa remarque avant de lui répondre en roulant mes yeux dans leurs orbites, mimant une lassitude que je ne ressentais pas en réalité.
- Coucou. Oui je suis un peu malade mais ça va, ça va même très bien. Oui je prends bien mes médicaments et mes potions. Oui je continue toujours mes études sur les dragons. Oui je suis surmenée mais je profite des vacances. Oui je suis très heureuse et épanouie. Non je n'ai pas de symptômes de diarrhée. Non je ne suis pas enceinte. Je lui tirais la langue, pleine de moquerie et de malice, avant de tremper mes lèvres dans mon café. Et toi alors comment vas-tu ?
La voyant s'intéresser à Rufus, ce qui ne m'étonnait guère, je les laissais faire connaissance à mes pieds. D'ordinaire, le Amstaff suivait mon aimée partout, mais ce n'était pas le cas lorsqu'elle était au ministère comme aujourd'hui. Ce qui m'allait très bien. C'était peut-être idiot, mais j'appréciais la présence de l'animal sur le bateau, il me rassurait, dans un sens, et m'aidait à me sentir chez moi, moi qui n'osait pas encore vraiment m'installer. Qui plus est, les animaux avaient toujours eu une certaine magie à mon encontre, je ne pouvais donc pas nier les bienfaits de la présence du chien.
- Il s'appelle Rufus, il est à Lubia.
Inutile de raconter tous les détails dans l'immédiat, que en réalité, Rufus était à Caleb et qu'il lui avait laissé à sa cousine. Le plus important étant que le chien soit heureux là où il était aujourd'hui, et ça semblait être le cas.
La lueur de malice ne quittant pas mes prunelles brunes foncées, je devinais sans mal à son comportement et son maintien que ma sœur était quelque peu impatiente. Même si elle le cachait très bien, je le voyais à sa posture, à ses œillades qui balayait le port, à sa manière de me scruter. Elle cherchait à occuper son esprit pour ne pas m'assaillir de question. Cette situation m'amusait et j'aurais pu en profiter, mais je n'étais pas totalement d'humour à faire languir ma frangine. Dans le fond, j'avais hâte moi aussi, de tout lui montrer, et tout lui raconter. Lui donnant un petit coup de coude, je rétorquais d'un ton enjoué.
- Haha ! T'es impatiente hein ? Aller. Avoue. Crache le morceau ! T'en chie de rester sur place comme ça mouhaha ! Attrapant son bras, je l'entrainais alors avec moi jusqu'au bout du quai, faisant attention à mon mug de café. Une fois devant le petit Sloop, je regardais mon miroir dans un grand sourire. Tadaaaaa…. ! Ouais bon ok il est pas immense, mais c'est confortable. C'est pas désagréable de dormir bercée par les vagues.
Et par les baisers de Lubia, mais ça, je le gardais pour moi. Grimpant la première, je l'invitais à me suivre à son bord, laissant alors Rufus sur le quai. Le chien était habitué à se promener dans le port comme bon lui semblait, il ne s'éloignait jamais vraiment. Je n'allais donc pas le forcer à remonter avec nous s'il n'en avait pas envie.
La voile du petit bateau était repliée et il tanguait tranquillement au gré du caprice lent des vagues du port. Il fallait toutefois valser entre les cordages et le gouvernail, mais il y avait bien assez de place pour s'installer confortablement. Lâchant la bride à ma sœur, car de toute façon si elle voulait courir à l'intérieur, je ne pouvais pas le lui en empêcher, je la lorgnais avec gaité.
- Tu voudrais boire quelque chose ?
Des broutilles de gamines quoi. Et nous en étions toujours, des gamines, lorsque nous étions ensemble. Voilà pourquoi je répondais de la même manière qu'elle, chose que je ne ferais avec personne d'autre, ou presque. Adoptant exprès une voix criarde et nasillarde, je levais les deux bras en l'air en agitant mes doigts, imitant un vieux film moldu français que j'appréciais par-dessus tout tant il était idiot : la cité de la peur.
- YOUHOUUUUU, ADEEEE, YOUHOUUU
La laissant approcher, je lui souriais, ce sourire que seules de rares personnes pouvaient voir chez moi, et je penchais légèrement la tête sur le côté tandis qu'elle m'inspectait. Je ne me formalisais plus, j'étais habituée à ça depuis si longtemps que maintenant j'en riais. Ce que je fis à sa remarque avant de lui répondre en roulant mes yeux dans leurs orbites, mimant une lassitude que je ne ressentais pas en réalité.
- Coucou. Oui je suis un peu malade mais ça va, ça va même très bien. Oui je prends bien mes médicaments et mes potions. Oui je continue toujours mes études sur les dragons. Oui je suis surmenée mais je profite des vacances. Oui je suis très heureuse et épanouie. Non je n'ai pas de symptômes de diarrhée. Non je ne suis pas enceinte. Je lui tirais la langue, pleine de moquerie et de malice, avant de tremper mes lèvres dans mon café. Et toi alors comment vas-tu ?
La voyant s'intéresser à Rufus, ce qui ne m'étonnait guère, je les laissais faire connaissance à mes pieds. D'ordinaire, le Amstaff suivait mon aimée partout, mais ce n'était pas le cas lorsqu'elle était au ministère comme aujourd'hui. Ce qui m'allait très bien. C'était peut-être idiot, mais j'appréciais la présence de l'animal sur le bateau, il me rassurait, dans un sens, et m'aidait à me sentir chez moi, moi qui n'osait pas encore vraiment m'installer. Qui plus est, les animaux avaient toujours eu une certaine magie à mon encontre, je ne pouvais donc pas nier les bienfaits de la présence du chien.
- Il s'appelle Rufus, il est à Lubia.
Inutile de raconter tous les détails dans l'immédiat, que en réalité, Rufus était à Caleb et qu'il lui avait laissé à sa cousine. Le plus important étant que le chien soit heureux là où il était aujourd'hui, et ça semblait être le cas.
La lueur de malice ne quittant pas mes prunelles brunes foncées, je devinais sans mal à son comportement et son maintien que ma sœur était quelque peu impatiente. Même si elle le cachait très bien, je le voyais à sa posture, à ses œillades qui balayait le port, à sa manière de me scruter. Elle cherchait à occuper son esprit pour ne pas m'assaillir de question. Cette situation m'amusait et j'aurais pu en profiter, mais je n'étais pas totalement d'humour à faire languir ma frangine. Dans le fond, j'avais hâte moi aussi, de tout lui montrer, et tout lui raconter. Lui donnant un petit coup de coude, je rétorquais d'un ton enjoué.
- Haha ! T'es impatiente hein ? Aller. Avoue. Crache le morceau ! T'en chie de rester sur place comme ça mouhaha ! Attrapant son bras, je l'entrainais alors avec moi jusqu'au bout du quai, faisant attention à mon mug de café. Une fois devant le petit Sloop, je regardais mon miroir dans un grand sourire. Tadaaaaa…. ! Ouais bon ok il est pas immense, mais c'est confortable. C'est pas désagréable de dormir bercée par les vagues.
Et par les baisers de Lubia, mais ça, je le gardais pour moi. Grimpant la première, je l'invitais à me suivre à son bord, laissant alors Rufus sur le quai. Le chien était habitué à se promener dans le port comme bon lui semblait, il ne s'éloignait jamais vraiment. Je n'allais donc pas le forcer à remonter avec nous s'il n'en avait pas envie.
La voile du petit bateau était repliée et il tanguait tranquillement au gré du caprice lent des vagues du port. Il fallait toutefois valser entre les cordages et le gouvernail, mais il y avait bien assez de place pour s'installer confortablement. Lâchant la bride à ma sœur, car de toute façon si elle voulait courir à l'intérieur, je ne pouvais pas le lui en empêcher, je la lorgnais avec gaité.
- Tu voudrais boire quelque chose ?
- InvitéInvité
Re: Deux sirènes [Adélaïde]
Ven 19 Juil 2019 - 17:10
Les soeurs Dowell
Deux sirènes
Inutile de tenter de cacher qu’Abigail serait encore et toujours la personne favorite d’Adélaïde. Tout en elle, son regard, son comportement, ses propos trahissaient son amour pour son aînée. Qui aurait cru que les deux petites brunes seraient devenues inséparables dès la naissance de la plus jeune ? Il est connu que les fratries ont plutôt tendance à se détruire, à se jalouser, à passer des moments difficiles au fil du temps. Bien sûr que tout n’a pas été rose pour les deux Dowell, mais elles ont maintenu le cap, épreuve après épreuve et les voilà, sur ce quai, encore et toujours unies contre vent et marées. Il s’agit d’un sentiment plutôt agréable et rassurant de savoir que peu importe ce qu’il se passe, peu importe nos actions, il y aura toujours quelqu’un prêt à prendre notre défense. Dans le cas d’Adélaïde, cette personne n’est autre que celle qui a été la première à la prendre dans ses bras après son père et celle qui n’hésitait pas à la laisser venir se faufiler dans son lit après un cauchemar. Leur relation solide s’est construite en un regard et s’est développée jusqu’à devenir aussi immuable qu’une encre indélébile. Alors, autant avouer tout de suite, que de voir sa sœur avec un air fragile se lisant sur les traits et sa posture n’était pas la chose la plus rassurante pour sa cadette.
Heureusement, la jeune femme ressentait le bonheur de son aîné à se trouver si près de son nid douillet. Un cocon que sa cadette ne tarderait pas à découvrir de ses propres prunelles. Sincèrement, Adélaïde se réjouissait réellement pour son aîné d’avoir pu trouver la stabilité auprès de cette femme inconnue et sur un bateau…après tout pourquoi pas ? Il est clair que ce n’était pas la situation la plus standard auquel on pouvait s’attendre chez un jeune couple mais franchement, à quel moment les soeurettes Dowell faisaient dans les normes ? Au moins, leur mère et leur père ne seraient pas choqués. Ils connaissent bien leur fille aînée, ainsi que leur cadette.
La réaction joviale d’Abigail et sa réponse spontanée suivi de leurs singeries habituelles, ne firent qu’accentuer le sourire béat chez la cadette. Leurs retrouvailles se passaient rarement dans le calme et les embrassades timides, déjà parce que la cadette ne savait pas comment faire pour rester discrète et surtout parce qu’elle s’en tapait royalement de ce que peut penser x ou y de ses actions. Des raisons suffisantes pour que les sorcières se laissent aller à cette profusion d’amour et d’excitation peut-être un poil puéril, mais qui s’en soucie ? Adélaïde ne masqua pas sa moue en écoutant la réponse rapide mais très claire de son aînée. Abigail ne prenait pas mal ses œillades inquiètes et appuyées mais lui faisait clairement passer le message que tout allait bien. La jeune femme ne put s’empêcher de lever un sourire amusé en l’écoutant faire le résumé de sa vie en quelques tirades. Sa personne favorite savait toujours la surprendre en tout cas lorsqu’elle ne se trouvait qu’en présence de sa sœur. Peut-être était-ce le cas avec le capitaine du bateau ? La curiosité semblait commencer à piquer la cadette. Mais cela pouvait encore attendre un peu.
« Oh, je ne doute pas que tu es absorbée par tes bestioles à écailles. » acquiesça-t-elle, en riant. Il est vrai qu’Abigail a toujours été une enfant à part et brillante aux yeux de sa sœur, qui s’émerveillait de l’exploration du monde incarnés par les dessins de son aînée.
Il faut dire qu’Adé préférait grimper partout plutôt que de tenir un crayon dans sa main et de recopier des traits ou même d’en inventer. Ce n’était pas une question de manque d’imagination mais surtout de patience et sans nul doute de talent. Oh bah, la brunette excelle dans l’art abstrait des traits qui n’ont aucun sens et des petits bonhommes patates, c’est déjà pas mal non ? Le pire jeu de son enfance « dessiner, c’est gagné », ben voyons ! Dans son cas, c’était surtout l’inverse. Conseil d’ami, ne jamais prendre Adé dans votre équipe, sauf si c’est pour déconcentrer l’adversaire.
« Essaie de profiter des vacances quand même. D’ailleurs, je te promets que si tu restes coincée le nez dans tes bouquins, tes études ou tes je-ne-sais-quoi, je te kidnappe ! » menaça-t-elle son aînée, une pointe de sérieux au fond de ses prunelles. « Dès que tu te sentiras mieux, on va s’amuser toi et moi. » promit la cadette, bien décidée à renouer le contact. « A moins que tu préfères rester enfermée dans ton cocon pour de toutes autres raisons que l’on ne va pas mentionner sur le quai du port » déclara-t-elle avec nonchalance et des yeux pétillants de malice.
Après cette fin de conversation plutôt suggestive qui ne laisserait que très peu de doute sur l’avancée de la relation avec la compagne de sa sœur, la jeune femme piétina un peu. Ces derniers temps n’avaient pas été de tout repos pour elle, mais elle se devait également de pas inquiéter sa soeurette. Seulement lui mentir ne semblait pas être le meilleur choix à opérer.
« ça va plutôt pas mal. Disons que je suis contente d’être enfin en vacances pour me ...reposer et m’éclater tu vois. » exprima-t-elle, en essayant de paraître le plus naturel possible. Raté ? Sans aucun doute. Cependant, elle ne pouvait pas se permettre de dévoiler l’entier de la raison de son trouble. Physiquement, elle allait bien. Psychiquement, elle irait bien, comme toujours non ? Il lui suffisait de jouer le jeu et d’éviter que son aînée ne remarque un comportement bizarre comme le fait de ne plus prendre sa moto par exemple, ah ah. Facile à faire. Adélaïde comptait surtout pointer la direction de la conversation vers tout ce qui la ne concernerait pas, comme l’idylle de son aînée par exemple !
« Attends, attends…tu as dit enceinte ? J’ai pas halluciné hein. Tu comptes me faire devenir une tata super cool prochainement ? » poursuivit-elle avec une jauge d’excitation frôlant les limites, omettant volontairement le pas dans la phrase.
Forcément, elle ne perdrait pas une seule chance d’embarrasser un peu son aînée et puis dans le fond, elle se voyait bien en tata. Abigail penserait-elle déjà à fonder une famille avec cette inconnue ? Cela intriguait fortement la cadette qui se disait qu’une conversation légère pouvait bien cacher quelque chose de plus profond.
Puis, elle tapota en souriant la tête du molosse. « T’as entendu ça mon pote, tu auras très certainement de la compagnie dans les pattes toi ! »
Le regard de Rufus qui indiquait clairement de par sa queue frémissante qu’il était content, la faisait sourire bien que son petit doigt lui dise que ce n’était pas en raison de la conversation qu’ils tenaient tous les deux.
« Bien sûr que je suis impatiente ! Non mais tu rigoles, tu m’appelles pour me proposer qu’on se voit et te voilà bientôt la bague au doigt ! » s’excita la cadette en faisant de grands gestes avec ses bras. « T’es vraiment vile comme sœur, c'est pas cool de me faire languir comme ça... » dit-elle en plissant les yeux et lui tirant la langue, tandis que son aînée l’entraînait voir son fameux trois-mâts (ça m’a échappé).
La bouche ouverte, la jeune fille ne s’attendait pas à ça ! Au premier abord, la conception du sloop semblait simple mais à bien y regarder la jeune femme ne cessait de remarquer des détails qui le rendait fringuant, comme le fier canidé.
« Eh merde ! Ce truc a de la gueule ! » s’exclama-t-elle, en jetant un coup d’œil à son aînée, demandant silencieusement la permission de monter à bord. Elle suivit d’un bond Abigail quittant ainsi le quai pour admirer de l’intérieur l’Insubmersible. Inconsciemment, la jeune femme se mit à arpenter de long en large le nouveau foyer de son aînée. « C’est clair que ce n’est pas conventionnel comme maison, mais ça tue ! »
La brune se tourna vers sa sœur, les yeux rieurs.
« Ma petite sœur devient une femme ! » ajouta-t-elle, mimant un air dramatique. « Et donc, toi et cette Lubia, vous vous êtes rencontrées comment ? Et comment ça se fait que je n’ai pas eu à lui faire passer un entretien pour être sûre qu’elle ne soit pas une psychopathe ? » poursuivit-elle en la taquinant.
A la mention d’une boisson, la jeune femme remarqua qu’effectivement elle n’avait même pas pris le temps de déjeuner ce matin. Il serait peut-être temps de remédier à cela.
« Je veux bien un verre, peu importe de quoi, le premier truc qui te passe sous la main ira très bien. » répondit-elle, « Et n’essaie pas d’éluder mes questions hein, je ne partirai pas d’ici avant de tout savoir ». Son regard se posa sur ce qui devait être la chambre avant qu’elle ne fronce les sourcils. Hum… « Presque tout savoir. » ajouta-elle, rapidement.
- InvitéInvité
Re: Deux sirènes [Adélaïde]
Sam 20 Juil 2019 - 7:27
Un large sourire ironique peignit mes lèvres alors qu'elle fit une réflexion quant aux dragons que j'étudiais. Depuis sa naissance elle m'avait connue absorbée par les dragons. D'aussi loin que je puisse m'en souvenir, ces reptiles m'enchantaient depuis le berceau, lorsque je regardais danser les ombres de ma veilleuse magique au plafond de ma chambre. Il y avait, parmi les demiguises et les licornes animés, quelques dragons. C'était eux que je regardais le plus, et davantage en grandissant. Une histoire d'amour qui m'avait esclavagisé le cœur et l'esprit et qui ne m'avait jamais quitté depuis, au grand dam de mes parents qui me voyaient sans doute dans un métier à moindre risque, comme celui de magizoologue ou botaniste, plutôt que dragonologiste. Combien d'histoire sur les dragons avais-je raconté à Adélaïde lorsque nous étions enfants ? Sans doute beaucoup trop, et j'étais toujours étonnée qu'elle en redemande, à cette époque, plutôt qu'elle me dise clairement que je l'emmerdais.
Une nouvelle étincelle de malice vint illuminer mon regard alors qu'elle enchaîna sur mon emploi du temps des vacances. La fixant comme avec un air de défi, je pouffais.
- Non ne t'inquiète pas, cette année je compte bien profiter, mais cela dit, même sans mes révisions je serais d'accord que tu me kidnappes pour qu'on s'amuse… tu veux t'amuser comment? Lui faisant un clin d'œil lourd de sous-entendus, accompagné d'un sourire farceur, je renchérissais. C'est que, ce n'était pas facile de désarçonner une grande sœur. Ho on peut les mentionner tu sais, mon cocon est parfait, et mon amoureuse l'est aussi. Haha… et on prend notre pied toutes les deux, si c'est ce que tu veux savoir.
Espiègle, je penchais la tête sur le côté et légèrement en arrière pour appuyer mes propos intimes volontairement. C'est qu'elle m'avait provoqué la jeunette, et elle n'avait toujours pas compris qu'avec moi, elle récoltait ce que l'on semait. Ou alors si, elle l'avait très bien saisi et elle s'en amusait, et elle avait parfaitement raison d'agir ainsi ! Pouffant de rire en secouant légèrement la tête, je trempais mes lèvres dans mon café. Pour parler de mon activité sexuelle, j'avais déjà Sterenn qui m'assistait alors que je ne lui avais rien demandé, je n'avais pas non plus besoin d'exposer tout cela à ma petite sœur. Qui plus est, je doute que la louve soit très encline à ce que j'aille dans les moindres détails. Après tout, ces moments nous appartenaient.
Billes brunes foncées se posant sur la silhouette plus solide que la mienne de ma sœur, je plissais légèrement les paupières alors que je m'inquiétais de son état. Elle pouvait nier à qui elle voulait, mais pas à moi. Elle avait eu un grave accident de moto, j'avais cru que notre mère en mourrait d'une attaque cardiaque en l'apprenant. Fort heureusement, la magie avait été présente pour l'aider, mais je savais de source sûre, pour être hospitalisée maintenant depuis des mois et encore aujourd'hui pour vérifier mes cicatrices, qu'elle ne faisait pas tout. Je parierais des gallions qu'Adélaïde souffrait de symptômes post-traumatiques. Soit de douleurs physiques, soit mentales. Entre nous, je n'avais jamais réellement saisi pourquoi elle essayait de jouer au caïd, à la femme forte, alors qu'elle se préoccupait toujours à ce point de ma fragile santé. Elle aussi, avait le droit de se sentir mal, ça n'avait jamais été un concours entre nous, et elle savait que j'étais présente pour elle si elle en avait besoin. Qui plus est, je le lisais en elle comme dans un livre ouvert. Adé était la personne que je connaissais le mieux sur terre, avec qui j'avais partagé le plus de choses, et, empathique et observatrice de nature, aucune de ses mimiques ne m'échappaient. C'est donc dubitative que je lui répondais sur un ton de voix lent et trainant.
- Adé… tu sais que tu peux tout me dire, t'as pas à jouer à ça devant moi.
Elle allait très bien savoir de quoi je parlais en prononçant un simple "ça". Me mentir n'avait jamais été une option, je finissais toujours par découvrir le pot aux roses.
J'allais boire une nouvelle gorgée de café lorsque, cette fois-ci, elle réussit à me surprendre en rebondissant sur quelque chose que j'avais prononcé en l'air, sans m'en rendre compte. Manquant de m'étouffer, car j'avais avalé de travers, je me mis à tousser, devenant aussi rouge qu'un piment mexicain.
- Q… Quoi ? Abasourdie, essayant de calmer ma toux, je l'écoutais parler à Rufus en s'enfonçant dans la situation d'un quelconque agrandissement de famille. B… bague au doigt ? Wow, wow calmos ! On en est pas là t'es… t'es pas bien ! Pourtant le carmin ne quittait pas mes joues enflammées. Y aurais-je songé ? Avec Levius oui, très clairement, avec Lubia, absolument pas non, même si mon engagement était d'autant plus sérieux aujourd'hui, et pour cause. Remuant le nez, visiblement contrariée, je haussais le menton en renchérissant d'un air faussement supérieur pour essayer de me dépêtrer de ce mauvais pas. D... De toute façon il n'y a que les dragons qui comptent pour moi, j'ai pas le temps pour un mioche… Je savais bien que tu avais toujours un souci malgré ce que tu prétends, tu t'es cogné la tête bien trop fort en tombant de ta moto ma pauvre chérie.
Évidemment, je devinais que c'était une forme de fuite pour elle. Changer de sujet, plutôt que de parler d'elle-même. Néanmoins, ça ne changerait rien. Contrairement à elle, j'étais patiente. Très patiente, et je saurais ce qu'il en était vraiment de son état tôt ou tard. Et ce serait aujourd'hui, foi d'aînée. Voilà pourquoi j'étais subtilement revenue sur l'accident. Moi aussi, je savais retourner les situations à mon avantage. Et franchement, pensait-elle vraiment que je n'avais pas remarqué l'absence de sa bécane ? Certes elle avait été défoncée par la collision, mais en un tour de baguette s'était réparé, bien plus facilement que les os, la peau et l'esprit. On ne me la faisait pas à moi.
Préférant plutôt entraîner ma sœur vers le Sloop, je ne lâchais pas son bras, m'y accrochant même sensiblement. J'étais heureuse de la revoir et de la retrouver, et même si je sentais un poids qu'elle trainait, j'étais rassérénée de constater qu'elle avait toujours la même énergie positive. Je ne pouvais m'empêcher de rire à ses divers commentaires concernant le bateau, la laissant alors visiter aussi bien le pont que la cale, celle-ci agrandie par magie. En la regardant ainsi, elle me faisait penser à une petite fouine. Ce petit animal qui agitait ses moustaches dans tous les sens et qui mettait son museau partout en couinant de plaisir. Chaque commentaire m'arrachait un nouveau sourire amusé.
- Tu rediras ça devant Lubia, elle va tout de suite t'adorer comme ça.
Flatter l'Insubmersible III, c'était flatter mon amour. Tranquillement, je suivais ma cadette dans la calle, descendant les quelques marches pour arriver dans le ventre du bateau. Ici, tout était spacieux à l'inverse de la petite taille du bâtiment, de plus, tout était confortablement aménagé. Il y avait une cuisine sertie du même bois que la coque et un petit fourneau dans un coin pour l'hiver. En parfait opposé se trouvait ce qui s'apparentait le plus à un petit salon, serti de son canapé. Au fond du couloir se trouvait deux pièces, l'une à la porte ouverte laissait deviner la salle de bain, la seconde, porte fermée, sous-entendait qu'il s'agissait de la chambre.
Fait peut-être étrange qu'Adé pouvait constater, c'est qu'il n'y avait aucune de mes affaires nulle part. Je vivais ici, mais il n'y avait rien à moi de visible, comme si, au fond, je n'étais là que pour quelques heures. Même un vacancier s'installerait davantage. Il y avait bien cette photo magique, animée, affichée non loin du canapé, scotchée au mur, de Lubia et moi. Ce cliché, typé selfie, démontrait apparemment un moment de joie et de complicité entre nous alors que nous nous laissions aller à plusieurs grimaces, éclats de rire et chastes baisers.
En dehors de ce petit bout de papier, il n'y avait aucune présence de moi de palpable sur le bateau.
Posant mon mug de café sur le comptoir de la cuisine, je m'y appuyais en laissant terminer le tour à ma sœur, grinçant des dents lorsqu'elle mentionna les mots "petite sœur".
- Ho hé ho ! Inverse pas les rôles ! Tu fais quelques centimètres de plus que moi, d'accord, mais ce n'est pas pour autant que tu prendras ma casquette de chef, petit sous-fifre ! Puis, espiègle, je fixais la jeune femme avant de me retourner pour lui préparer à son tour un café. En l'invitant, je savais très bien que j'allais être inondée de questions, et ça ne me dérangeait pas. Bien au contraire. Alors, non sans me défaire de mon air amusé, je répondais tranquillement. Tu auras bien l'occasion un jour de la rencontrer pour faire ton interrogatoire de police t'en fais pas, cependant, psychopathe, elle l'est. Tu peux déjà cocher la croix dans ton dossier. Adressant un regard par-dessus mon épaule à ma sœur, grand sourire imbécile sur les lèvres, je reprenais. La plus adorable des psychopathes.
Comment pouvais-je ne pas voir Lubia de cet œil dans un moment rieur ? Elle avait été la louve qui avait failli m'ôter la vie, et était tombée amoureuse de sa proie. Forcément, je n'étais pas mieux placée en tombant amoureuse de mon ravisseur, mais, il fallait croire que cette situation nous convenait à toutes les deux… et j'avais la prétention de croire que ce serait éternel.
Attendant que le café chauffe, je me retournais, toujours collée au comptoir, pour répondre à la dernière question, ne cherchant en rien à éluder quoique ce soit. Je savais que le filet de la marque Adélaïde était bien trop solide pour que je puisse m'en dépêtrer d'une manière ou d'une autre. Qui plus est, j'avais véritablement envie de partager tout ça avec elle. Le rouge qui m'était monté aux joues tout à l'heure ne me quittait pas alors que je parlais de ma bien-aimée, mais à présent, il était davantage plus rosé. Plus doux. Plus romantique. Pour sûre, j'étais sincèrement éprise de cette femme.
- On s'est connue à l'université. Elle travaille en diplomatie et elle y donne quelques conférences de temps en temps.
Hasard ou coup du destin qui nous a remis sur le même chemin ? J'étais persuadée que notre deuxième rencontre était écrite depuis bien longtemps.
Apportant son mug de café à ma cadette, je l'a fixais droit dans les yeux avec un énorme sourire affiché sur les lèvres alors qu'elle lorgnait la chambre conjugale.
- Ben quoi ? Les pratiques lesbiennes ne t'intéressent pas ? Je te pensais plus curieuse que ça dis-moi. D'ailleurs, t'en es ou toi ?
Pour provoquer la petite sœur, je répondais toujours présente. Ce genre de propos je ne les tenais qu'à de très rares personnes, jouant d'habitude davantage la subtilité. Toutefois, j'avais pour mission aujourd'hui de brusquer un peu mon premier amour aux yeux bleus pour pouvoir en apprendre plus. Ce n'est pas parce qu'elle était chez moi que nous allions parler que de moi et de ma vie. De plus, je n'avais aucune gêne à lui parler de pratique intime si elle en avait besoin. Certes elle avait sûrement plus d'expérience que moi dans l'hétérosexualité, mais je n'allais pas parier pour l'homosexualité. Quoique, elle pourrait toujours me surprendre. Justement, je voulais savoir.
Allant prendre place sur le canapé, je reposais mon café sur la table avant d'attraper ma baguette pour l'agiter et faire venir à nous, depuis un placard de la cuisine, une boite à biscuits. Une fois installée, et reniflant légèrement, je fixais ma sœur, attendant sa réponse. Non non petit papillon, tu ne t'échapperas pas.
Une nouvelle étincelle de malice vint illuminer mon regard alors qu'elle enchaîna sur mon emploi du temps des vacances. La fixant comme avec un air de défi, je pouffais.
- Non ne t'inquiète pas, cette année je compte bien profiter, mais cela dit, même sans mes révisions je serais d'accord que tu me kidnappes pour qu'on s'amuse… tu veux t'amuser comment? Lui faisant un clin d'œil lourd de sous-entendus, accompagné d'un sourire farceur, je renchérissais. C'est que, ce n'était pas facile de désarçonner une grande sœur. Ho on peut les mentionner tu sais, mon cocon est parfait, et mon amoureuse l'est aussi. Haha… et on prend notre pied toutes les deux, si c'est ce que tu veux savoir.
Espiègle, je penchais la tête sur le côté et légèrement en arrière pour appuyer mes propos intimes volontairement. C'est qu'elle m'avait provoqué la jeunette, et elle n'avait toujours pas compris qu'avec moi, elle récoltait ce que l'on semait. Ou alors si, elle l'avait très bien saisi et elle s'en amusait, et elle avait parfaitement raison d'agir ainsi ! Pouffant de rire en secouant légèrement la tête, je trempais mes lèvres dans mon café. Pour parler de mon activité sexuelle, j'avais déjà Sterenn qui m'assistait alors que je ne lui avais rien demandé, je n'avais pas non plus besoin d'exposer tout cela à ma petite sœur. Qui plus est, je doute que la louve soit très encline à ce que j'aille dans les moindres détails. Après tout, ces moments nous appartenaient.
Billes brunes foncées se posant sur la silhouette plus solide que la mienne de ma sœur, je plissais légèrement les paupières alors que je m'inquiétais de son état. Elle pouvait nier à qui elle voulait, mais pas à moi. Elle avait eu un grave accident de moto, j'avais cru que notre mère en mourrait d'une attaque cardiaque en l'apprenant. Fort heureusement, la magie avait été présente pour l'aider, mais je savais de source sûre, pour être hospitalisée maintenant depuis des mois et encore aujourd'hui pour vérifier mes cicatrices, qu'elle ne faisait pas tout. Je parierais des gallions qu'Adélaïde souffrait de symptômes post-traumatiques. Soit de douleurs physiques, soit mentales. Entre nous, je n'avais jamais réellement saisi pourquoi elle essayait de jouer au caïd, à la femme forte, alors qu'elle se préoccupait toujours à ce point de ma fragile santé. Elle aussi, avait le droit de se sentir mal, ça n'avait jamais été un concours entre nous, et elle savait que j'étais présente pour elle si elle en avait besoin. Qui plus est, je le lisais en elle comme dans un livre ouvert. Adé était la personne que je connaissais le mieux sur terre, avec qui j'avais partagé le plus de choses, et, empathique et observatrice de nature, aucune de ses mimiques ne m'échappaient. C'est donc dubitative que je lui répondais sur un ton de voix lent et trainant.
- Adé… tu sais que tu peux tout me dire, t'as pas à jouer à ça devant moi.
Elle allait très bien savoir de quoi je parlais en prononçant un simple "ça". Me mentir n'avait jamais été une option, je finissais toujours par découvrir le pot aux roses.
J'allais boire une nouvelle gorgée de café lorsque, cette fois-ci, elle réussit à me surprendre en rebondissant sur quelque chose que j'avais prononcé en l'air, sans m'en rendre compte. Manquant de m'étouffer, car j'avais avalé de travers, je me mis à tousser, devenant aussi rouge qu'un piment mexicain.
- Q… Quoi ? Abasourdie, essayant de calmer ma toux, je l'écoutais parler à Rufus en s'enfonçant dans la situation d'un quelconque agrandissement de famille. B… bague au doigt ? Wow, wow calmos ! On en est pas là t'es… t'es pas bien ! Pourtant le carmin ne quittait pas mes joues enflammées. Y aurais-je songé ? Avec Levius oui, très clairement, avec Lubia, absolument pas non, même si mon engagement était d'autant plus sérieux aujourd'hui, et pour cause. Remuant le nez, visiblement contrariée, je haussais le menton en renchérissant d'un air faussement supérieur pour essayer de me dépêtrer de ce mauvais pas. D... De toute façon il n'y a que les dragons qui comptent pour moi, j'ai pas le temps pour un mioche… Je savais bien que tu avais toujours un souci malgré ce que tu prétends, tu t'es cogné la tête bien trop fort en tombant de ta moto ma pauvre chérie.
Évidemment, je devinais que c'était une forme de fuite pour elle. Changer de sujet, plutôt que de parler d'elle-même. Néanmoins, ça ne changerait rien. Contrairement à elle, j'étais patiente. Très patiente, et je saurais ce qu'il en était vraiment de son état tôt ou tard. Et ce serait aujourd'hui, foi d'aînée. Voilà pourquoi j'étais subtilement revenue sur l'accident. Moi aussi, je savais retourner les situations à mon avantage. Et franchement, pensait-elle vraiment que je n'avais pas remarqué l'absence de sa bécane ? Certes elle avait été défoncée par la collision, mais en un tour de baguette s'était réparé, bien plus facilement que les os, la peau et l'esprit. On ne me la faisait pas à moi.
Préférant plutôt entraîner ma sœur vers le Sloop, je ne lâchais pas son bras, m'y accrochant même sensiblement. J'étais heureuse de la revoir et de la retrouver, et même si je sentais un poids qu'elle trainait, j'étais rassérénée de constater qu'elle avait toujours la même énergie positive. Je ne pouvais m'empêcher de rire à ses divers commentaires concernant le bateau, la laissant alors visiter aussi bien le pont que la cale, celle-ci agrandie par magie. En la regardant ainsi, elle me faisait penser à une petite fouine. Ce petit animal qui agitait ses moustaches dans tous les sens et qui mettait son museau partout en couinant de plaisir. Chaque commentaire m'arrachait un nouveau sourire amusé.
- Tu rediras ça devant Lubia, elle va tout de suite t'adorer comme ça.
Flatter l'Insubmersible III, c'était flatter mon amour. Tranquillement, je suivais ma cadette dans la calle, descendant les quelques marches pour arriver dans le ventre du bateau. Ici, tout était spacieux à l'inverse de la petite taille du bâtiment, de plus, tout était confortablement aménagé. Il y avait une cuisine sertie du même bois que la coque et un petit fourneau dans un coin pour l'hiver. En parfait opposé se trouvait ce qui s'apparentait le plus à un petit salon, serti de son canapé. Au fond du couloir se trouvait deux pièces, l'une à la porte ouverte laissait deviner la salle de bain, la seconde, porte fermée, sous-entendait qu'il s'agissait de la chambre.
Fait peut-être étrange qu'Adé pouvait constater, c'est qu'il n'y avait aucune de mes affaires nulle part. Je vivais ici, mais il n'y avait rien à moi de visible, comme si, au fond, je n'étais là que pour quelques heures. Même un vacancier s'installerait davantage. Il y avait bien cette photo magique, animée, affichée non loin du canapé, scotchée au mur, de Lubia et moi. Ce cliché, typé selfie, démontrait apparemment un moment de joie et de complicité entre nous alors que nous nous laissions aller à plusieurs grimaces, éclats de rire et chastes baisers.
En dehors de ce petit bout de papier, il n'y avait aucune présence de moi de palpable sur le bateau.
Posant mon mug de café sur le comptoir de la cuisine, je m'y appuyais en laissant terminer le tour à ma sœur, grinçant des dents lorsqu'elle mentionna les mots "petite sœur".
- Ho hé ho ! Inverse pas les rôles ! Tu fais quelques centimètres de plus que moi, d'accord, mais ce n'est pas pour autant que tu prendras ma casquette de chef, petit sous-fifre ! Puis, espiègle, je fixais la jeune femme avant de me retourner pour lui préparer à son tour un café. En l'invitant, je savais très bien que j'allais être inondée de questions, et ça ne me dérangeait pas. Bien au contraire. Alors, non sans me défaire de mon air amusé, je répondais tranquillement. Tu auras bien l'occasion un jour de la rencontrer pour faire ton interrogatoire de police t'en fais pas, cependant, psychopathe, elle l'est. Tu peux déjà cocher la croix dans ton dossier. Adressant un regard par-dessus mon épaule à ma sœur, grand sourire imbécile sur les lèvres, je reprenais. La plus adorable des psychopathes.
Comment pouvais-je ne pas voir Lubia de cet œil dans un moment rieur ? Elle avait été la louve qui avait failli m'ôter la vie, et était tombée amoureuse de sa proie. Forcément, je n'étais pas mieux placée en tombant amoureuse de mon ravisseur, mais, il fallait croire que cette situation nous convenait à toutes les deux… et j'avais la prétention de croire que ce serait éternel.
Attendant que le café chauffe, je me retournais, toujours collée au comptoir, pour répondre à la dernière question, ne cherchant en rien à éluder quoique ce soit. Je savais que le filet de la marque Adélaïde était bien trop solide pour que je puisse m'en dépêtrer d'une manière ou d'une autre. Qui plus est, j'avais véritablement envie de partager tout ça avec elle. Le rouge qui m'était monté aux joues tout à l'heure ne me quittait pas alors que je parlais de ma bien-aimée, mais à présent, il était davantage plus rosé. Plus doux. Plus romantique. Pour sûre, j'étais sincèrement éprise de cette femme.
- On s'est connue à l'université. Elle travaille en diplomatie et elle y donne quelques conférences de temps en temps.
Hasard ou coup du destin qui nous a remis sur le même chemin ? J'étais persuadée que notre deuxième rencontre était écrite depuis bien longtemps.
Apportant son mug de café à ma cadette, je l'a fixais droit dans les yeux avec un énorme sourire affiché sur les lèvres alors qu'elle lorgnait la chambre conjugale.
- Ben quoi ? Les pratiques lesbiennes ne t'intéressent pas ? Je te pensais plus curieuse que ça dis-moi. D'ailleurs, t'en es ou toi ?
Pour provoquer la petite sœur, je répondais toujours présente. Ce genre de propos je ne les tenais qu'à de très rares personnes, jouant d'habitude davantage la subtilité. Toutefois, j'avais pour mission aujourd'hui de brusquer un peu mon premier amour aux yeux bleus pour pouvoir en apprendre plus. Ce n'est pas parce qu'elle était chez moi que nous allions parler que de moi et de ma vie. De plus, je n'avais aucune gêne à lui parler de pratique intime si elle en avait besoin. Certes elle avait sûrement plus d'expérience que moi dans l'hétérosexualité, mais je n'allais pas parier pour l'homosexualité. Quoique, elle pourrait toujours me surprendre. Justement, je voulais savoir.
Allant prendre place sur le canapé, je reposais mon café sur la table avant d'attraper ma baguette pour l'agiter et faire venir à nous, depuis un placard de la cuisine, une boite à biscuits. Une fois installée, et reniflant légèrement, je fixais ma sœur, attendant sa réponse. Non non petit papillon, tu ne t'échapperas pas.
|
|