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sólin og tunglið - pirian
Jeu 29 Aoû 2019 - 18:00
sólin og tunglið (le soleil et la lune)
@dorian jakobsen & pina
Si par delà les océans,
nos cœurs pouvaient se parler,
le miens dirait sûrement combien ta présence,
ton sourire, tes bras, ton réconfort, lui manque.
Si dans les étoiles parfois,
nos regards se perdent pour se retrouver,
tu verrais à quel point combien ici, tu es aimé.
Sur la veranda de la maison familiale, le vent islandais souffle avec douceur sur la prairie, caressant les joues de Pina, jouant avec ses larmes et sa mélancolie. Ce soir la nuit à un goût âcre dans le cœur de la jeune femme. L'été s'annonçait pourtant si doux avant que sa bulle n'éclate. Pourtant tout semblait si simple avant qu'il ne parte. Même si elle avait admis que la séparation était la solution la plus simple, elle avait un sentiment de pas-fini, une boule au fond de la gorge, un nœud dans son cœur qui criait qu'ils auraient pu y arriver, qu'ils auraient pu, même à distance, s'aimer. Elle qui aimait si fort, se retrouvait désemparée. L'odeur du chocolat chaud réparait un peu son cœur, et la présence rassurante de ses parents, de sa grand-mère, dans le salon, rendait la nuit moins froide. Elle était à la maison. Sa grand-mère s'était approchée doucement, embrassant sa tempe en murmurant dans leur langue natale. « Laisse tes blessures nager dans l'océan. Libère toi du passé. Va dire bonsoir aux baleines. »
Inspiration longue, et la voilà se dirigeant vers la mer, plaid sur les épaules, traversant la prairie qu'elle avait tant arpentée. Les heures s'étaient écoulées lentement, et ses larmes, libérées, avaient rejoint les vagues. Elle revenait vers la maison, apaisée. Et les éclats de rire dans le salon la firent sourire. Montant les quelques marches de la veranda, c'est une chaleur immense qui traversa son corps quand elle reconnut de suite la silhouette de son grand frère. “bróðir minn!” (mon frère) s'exclama t-elle en courant dans ses bras. La sensation d'être tenue fort la libéra immédiatement d'un poids lourd sur ses épaules, et les larmes qui coulaient maintenant sur ses joues ne reflétait que son bonheur. Elle embrassa sa joue avec douceur, l'inspectant sous toutes ses coutures sans lui demander son autorisation, passant ses deux mains sur ses joues, dans ses cheveux, sur ses épaules, ainsi sur la pointe des pieds. “tu m'as tellement manqué.” dit-elle avec un grand sourire, calant à nouveau la tête contre son torse. “farðu aldrei aftur” (ne pars plus jamais) chuchota t-elle en refusant de le lâcher. “je savais que tu reviendrais. tu doit tout me raconter!” Si certaines personnes auraient pu ressentir de la rancoeur envers Dorian, lui ayant disparu si longtemps, Pina, elle, n'était que bonheur de retrouver son frère. Elle irradiait le bonheur, ainsi à l'abris, contre lui.
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Re: sólin og tunglið - pirian
Lun 9 Sep 2019 - 16:14
sólin og tunglið (le soleil et la lune)
dorian & pina
D’abord, c’est le vent qui t’accueille. Légère tempête venue se perdre dans ta chevelure et piquer quelques pétales du bouquet que tu tiens soigneusement contre toi. L’Islande s’étend alors sous tes pieds, paysage chérie aux plaines rocheuses et falaises vertigineuses. Le spectacle est toujours aussi grandiose, malgré les quelques couleurs qui manquent à ce tableau. Ton soupir se joint à la brise et tu restes un instant sans bouger, laissant la mer bercer le chaos de tes pensées. Pendant ton exil volontaire, tu t’es senti orphelin de ces terres. Une année qui a eu le goût de l’éternité, constat étrange pour toi qui aime tant voyager. Peut-être est-ce le douloureux constat du compte-à-rebours qui court dans tes veines qui rend chaque instant loin de tes proches si amères. Peut-être est-cette infâme sensation qu’à chaque battement de cils, le monde se dérobe un peu plus à son regard qui te presse un peu plus à profiter des merveilles qui t’entourent Notamment ta famille. Un léger rire franchit tes lèvres à cette pensée avant que ton regard se baisse sur les fleurs contre ton torse. Les œillets s’y complaisent, cruelles tortionnaires. Tu aurais aimé mettre d’autres fleurs, mais elles sont des messagères précieuses quand il s’agit de demander pardon et avouer à quel point ils t’ont manqué. Complété de zinnias et de lys, c’est un bouquet coloré que tu t’apprêtes à porter à ceux qui t’ont considéré comme l’un des leurs. Toi qui as toujours été l’étranger, toi qui donnes sans jamais espérer quoi que ce soit en retour, ils n’ont jamais hésité à t’ouvrir leurs bras.
Ainsi, l’étranger attend sur le pas de la porte. Ta respiration se perd dans la douce odeur de bois et de l’herbe humide et des larmes perlent déjà sur le coin de tes yeux. Le crépuscule est là, comme ce soir-là, il y a un an tout juste. Rien n’a changé, pourtant, tout est différent. Comme une vieille habitude, tu saisis la poignée : la porte n’est pas fermée, bien sûr.
C’est le regard ému de ta grand-mère qui t’accueille en premier, puis la voix tremble de ton père. Pour finir, c’est ta mère qui te prend en premiers dans ses bras. Déjà, tu ne vois plus sous le voile de larmes et dans l’ouragan d’émotions, des questions font naufrage. Dans l’œil de cyclone, c’est une main forte qui te console. Celui qu’on devrait voir avec défiance pour son étrange disparition est reçu comme le fils prodige et tu te sentirais presque indigne de tant d’amour. Les fleurs sont placées dans un vase dans un unique coup de baguette.« Où étais-tu ? » Tu veux répondre, pendant un court instant, tu veux dire la vérité. Avouer que le monde est plus terne jour après jour, que de cruelles racines colonisent tes veines et ta poitrine. Pourtant, les mots s’étranglent en voyant leurs sourires, leur bonheur de te voir. Pas maintenant. Alors tu te tais, souris et mens un peu : « Une folie, la peur de ne plus voir l’aube, les études qui sont dures et les doutes qui viennent tout bousculer. Je devais partir, explorer, voir aussi d’où je venais. » Cela ne pardonne rien, tu le sais, mais ton père hoche la tête : il comprend. Ils comprennent tous, que tu ne dis pas tout, que tu ne veux pas laisser une seule tâche gâchait cet heureux portrait de famille. Ce dernier est incomplet par ailleurs. « Où est Pina ? » Demandes-tu alors que vous vous installer dans le salon, à la fenêtre la lune couronne vos têtes.« Elle est partie saluer les baleines » Tu souris aux mots de ta grand-mère, acceptant avec plaisir la douceur d’un chocolat chaud.
Quelques instants passent et tu relates quelques escapades, taisant divers détails avec soin. Tu sursautes à peine quand une voix perce vos rires complices et, sans hésiter, tu ouvres les bras pour y récupérer un délicat perce-neige. La gardant contre toi, tu sens ses larmes mouiller tes habits et à ton tour, tu pleures de nouveau. Les mots ne sont pas suffisants pour décrire la joie de revoir ce doux visage, cet esprit sauvage qui a illuminé chacun de tes jours. Un rire franchit tes lèvres quand elle t’inspecte, malgré la légère crainte qu’elle ne remarque la pâleur de ta peau ou tes yeux une teinte plus sombre. « Toi aussi, tu m’as manqué, chaque jour. » Tu poses un baiser sur le haut de sa chevelure, salée de son escapade sur la plage. Elle t’ordonne de ne plus partir et tu affirmes avec douceur : « Aldrei aftur. Ég lofa því. » (Plus jamais, je te promets)
Ainsi entouré, tu te refuses à la laisser partir. Le bonheur pourrait s’enfuir d’un instant à l’autre, tu ne peux te risquer à le laisser s’échapper aussi facilement. « Tu devras aussi me raconter, il y a tant de choses que j’ai dû manquer. » Tes parents t’avaient prévenu de la mélancolie de ta petite sœur, et c’est avec culpabilité que tu pinces les lèvres. Quand elle le voudra, elle te racontera, tu le sais. « J’ai fait de nombreux croquis, tu voudrais les voir ? »
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Re: sólin og tunglið - pirian
Mer 23 Oct 2019 - 15:52
Ainsi le plaid tombe, s'écrasant sur le parquet, laissant la chaleur du feu et la chaleur de ses bras réconforter Pina. Ainsi le frère est revenu, et son étreinte vaut mille douceurs, et leur amour apaise tout les maux du cœur. « toi aussi, tu m'as manqué, chaque jour. » Baiser doux sur son front, force dans la tendresse, câlin, refus de le lâcher et pourtant juste assez pour se laisser tomber dans le canapé. « Tu devras aussi me raconter, il y a tant de choses que j'ai dû manquer. » Accroupie sur le canapé, son regard se voile d'une ombre triste, son cœur criant à son âme sœur qui l'a abandonné. Elle sourit néanmoins et hoche la tête. « J'ai fait de nombreux croquis, tu voudrais les voir ? »
Regard tendre pour son frère voyageur, porteur de souvenirs et de splendeur. Une nouvelle fois elle hoche la tête, et pose sa tête contre son épaule. « Je veux que tu me montres tout. » Elle frotte doucement son front contre son frère avant de se redresser. « J'ai fait aussi pleins de photos, pour tout te partager. »
La voix douce de leur grand-mère s'immisce entre eux alors qu'elle dit avec malice, avec douceur. « Ne veux-tu pas lui montrer autre chose ? » Les étoiles scintillèrent dans leur deux regards complice, alors que Pina se redressa, faisant un clin d'oeil à sa grand-mère avant de se concentrer, fermant les yeux pour lancer le processus de transformation. Pina laissa place à cette douce petite renarde, blanche comme (perce)-neige qui sauta sur les genoux de son frère pour se frotter contre lui, avant de placer ses deux pattes sur ses épaules, léchant sa joue en jappant. Elle s'enfuit en courant sur les fauteuils et les canapés, passant sur les genoux de ses parents qui riaient, heureux de revoir leur fille pleine de vie. Sa transformation échoua cependant assez rapidement, laissant une Pina finir en roulé boulé sur le tapis, éclats de rire perçant la nuit. « Bon, mon apprentissage n'est pas encore fini, mais... ». La jeune sœur s'assit en tailleurs à côté du canapé, relevant les yeux sur son frère aîné, enfin de retour. « Montre nous tout, raconte nous tout. » Dit-elle, légèrement plus autoritaire qu'à l'accoutumée, alors qu'elle attrapa sa baguette pour faire baisser les lumières, laissant la place sur un grand mur blanc pour que Dorian projette ses souvenirs, ses photos, fasse passer ses croquis.
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Re: sólin og tunglið - pirian
Lun 18 Nov 2019 - 22:57
sólin og tunglið (le soleil et la lune)
dorian & pina
Cette chaleur au creux de tes bras semble adoucir tous tes tourments. Il n’y a plus de peur à avoir, plus de noirceur dans l’horizon à guetter. Il y a juste ce perce-neige qui s’épanouit, plus belle que tous les œillets qui transpercent ta poitrine. Contre sa chevelure, tu avoues à quel point elle t’a manqué, une teinte de culpabilité quand tu réalises tous ces instants que tu as dû manquer. Cela est étrange, d’imaginer l’éphémère qui t’a échappé, ces fous rires manqués ou encore ces tourments passagers à panser de compassion et de chocolat. Pour elle, tu ne souhaites pas être devenu un étranger. Crainte qu’une distance ne soit jamais plus comblé entre vous, mais son visage enfoui contre toi te prouve le contraire. Il n’y a que cette ombre, chimère de détresse pour laisser planer le doute. Ce que tu voudrais la faire disparaître, la vilaine peine.
Enthousiasme en réponse à tes propositions, tu ne peux qu’être attendrie. Tu voudrais capturer cet instant sur une toile, rendre éternel ce moment de bonheur, le protéger des déboires à avenir. J'ai fait aussi pleins de photos, pour tout te partager. Bien sûr, son âme résonne avec la tienne. Tout documenter, pour tout se partager. « J’ai hâte de voir tout ça. »
La malice s’invite, sous l’apparence de votre grand-mère. Intrigué par ses mots, ton regard d’obsidienne cherchent des réponses sur le visage de tes parents, mais eux aussi n’affichent qu’un rictus complice.
Puis il y a la métamorphose, la surprise et la joie qui éclot sur ton visage alors qu’un magnifique renard se dresse là où ta sœur était. « Pina, c’est sublime ! » Exclamation mêlée de gloussements, la douceur de sa fourrure vient chatouiller le bout de ton nez et ta peau si sensible. Elle s’enfuit après avoir léché ta joue, et les rires de ta famille se mêlent au tient. Tu réalises à cet instant que tu n’avais plus ri ainsi depuis près d’un an, alors, au coin de tes cils, une larme se forme. Discrète, elle s’échoue sur ta pommette pour disparaître aussitôt. Alors que Pina redevient elle-même, perdue dans l’hilarité, la tristesse n’est plus qu’un mauvais souvenir. Elle admet que son apprentissage n’est pas terminé, mais tu secoues la tête. « C’est extraordinaire, Pina, je suis si fier de toi. » Et à en voir les visages attendris de vos parents, ils l’étaient aussi.
Autoritaire, elle demande soudainement que tu tiennes ta promesse : tout leur raconter. Ne voulant que la vérité ternisse la beauté de ce tableau, tu te permets de croiser les doigts mentalement. Le mensonge est parfois salvateur.
Du bout de la baguette, tu fais voler tes croquis dans la pièce, les exhibant au regard de tous. De nombreuses fleurs s’y déclinent, ainsi que des regards, rencontres éphémères. Au fils du temps, les quelques couleurs sont saturées et vibrantes. « Je suis partie à la recherche de plantes, à cause des récits que l’on a pu me faire. J’ai commencé en Roumanie… » Ton regard traîne vers tes parents, mais ils acquissent -pensant surement que tu as voulu y retrouver tes origines. Cela est vrai, en un sens. Les images se succèdent, quelques paysages, des instants passagers. Une paire de main dessinée, le vampire qui t’a conté ta malédiction. Elles tordent un œillet pour les faire cuire avec d’autres pétales. Une danseuse, sublime, souvenir d’un soir étrange et hors du temps. Tu te demandes comment elle va, cette inconnue. Si elle continue de danser, au milieu de ce magnifique chaos.
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Re: sólin og tunglið - pirian
Mar 26 Nov 2019 - 17:43
« je suis si fier de toi ». Les mots résonnent dans le cœur de la cadette comme un pansement des plus doux, promesse d'un grand frère présent, mots doux d'une famille unie, avançant ensemble. Il était revenu et Pina ne voulait plus jamais le laisser partir. Pas sans elle, du moins. Si cette année, Pina avait accepté que leur corps soit loin, elle n'avait pourtant jamais arrêté de répondre à ses lettres, parsemées de photos et de dessins pour son frère. Elle avait caché sa peine (sans se douter qu'il fît de même) pour lui partager sa joie des réussites scolaires, des douceurs familiales.
Les croquis commencent à voler dans la pièce, pina observant chaque coup de crayon pour détecter les émotions, les vibrations. Elle s'ouvrit complètement à l'art de son frère pour en ressentir plus profondément les choses alors qu'il commençait son récit. « Je suis partie à la recherche de plantes, à cause de récits que l'on a pu me faire. J'ai commencé en Roumanie... » Nul n'ignorait chez les Jakobsen le peu d'information concernant la vie antérieure de l'aîné. À un certain âge, Pina avait même fait des recherches pour comprendre et connaître un peu plus les histoires d'adoptions, et ce que son frère pouvait ressentir, incapable de trier les sentiments qu'elle recevait en flot continue. Sa nouvelle passion pour l'arithmancie l'avait emmené à étudier également sa famille, son frère, essayant de comprendre son essence, son passé, son futur au travers de la numérologie et de la divination.
Pina écouta les récits de son frère en silence, s'abreuvant de ses découvertes, ses photos et ses croquis, se relevant des fois pour attraper une des feuilles pour l'observer de plus près. Elle trouva quelques portraits qu'elle étudia avec intention, avant de libérer le croquis pour qu'il flotte à nouveau. « As-tu trouvé les réponses que tu cherchais, mon frère ? » demanda t-elle, plantant ses yeux océans dans ceux de son frère. « As-tu trouvé la part de toi que tu cherchais ? » La jeune s'était relevée pour venir prendre place dans le canapé, près de sa mère qui la cajola dans un réflexe maternelle. « As-tu trouvé l'amour ? » un léger sourire malicieux s'afficha sur son minois alors qu'elle pointait du bout du nez, la belle danseuse.
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Re: sólin og tunglið - pirian
Mar 3 Mar 2020 - 8:37
sólin og tunglið (le soleil et la lune)
dorian & pina
Avec délicatesse, tu fais danser les souvenirs autour de vous. Les feuilles sont noircies de tes croquis et de tes récits de voyage. Ton père en attrape quelques-unes et les étudie avec attention, les faisant circuler à ta grand-mère pour qu’elle puisse les apprécier à son tour. Mais celle qui semble le plus absorbée par tes coups de crayon est bien Pina, dont les yeux scrutent les moindres détails enfin en dégager l’essence. Dans ses yeux, tu vois sa curiosité et tu sais qu’elle s’est prise de passion aussi bien pour la divination que l’arithmancie. Tu as gardé précieusement chaque lettre qu’elle t’a envoyée, étant une des rares âmes avec lesquelles tu as échangé pendant ton exil. Au fond, tu aurais aimé l’emmener avec toi dans certains de tes périples mais cette aventure était de celle qui te fallait faire seul, et ce pour de nombreuses raisons. Ces mêmes raisons qui t’ont empêché de ternir tes lettres de tes inquiétudes et tes doutes, pour ne pas embrumer l’esprit de Pina de nuages sombres. Mais tu la connais assez pour savoir qu’elle a surement de nombreuses questions pour toi, alors tu détailles un peu plus ton voyage dans ton pays natal, tentant de taire la vérité salir ta langue de mensonge : « Je suis retournée sur les lieux de l’orphelinat, même s’il n’a pas été reconstruit après l’incendie. Le village est devenu désertique et aucune âme n’y est venue s’y installer depuis des années. Mais il y avait ce vampire qui se disait alchimiste, alors que je suis resté à ses côtés pendant quelques temps, pour qu’il m’apprenne sa science. Il dit avoir connu parents biologiques mais… Disons que je suis heureux d’avoir grandi ici et pas là-bas. » Ceux qui t’ont mis au monde n’étaient pas des démons, loin de là, mais ils n’avaient jamais souhaité devenir parents et tu n’aurais été rien d’autres qu’un fardeau. Un couple non marié, lui sorcier et promis à une autre et elle moldue et supposée entrer dans les ordres, cela aurait simplement tourné au drame. Tu n’as pas souhaité remonter plus loin l’arbre généalogique -sachant l’homme mort et la femme recluse. Tu soupires, les lèvres tordues dans un sourire ironique.
Les feuilles flottent en harmonie dans la pièce et tu te prends à en observer quelques-uns avec nostalgie -ton cœur se serrant quand tu te rappelles qu’un jour, tu ne pourras plus les voir. Au sens propre, bien sûr. Pina écoute tes paroles et observe tes croquis, puis ce sont les questions qui suivent. As-tu trouvé les réponses que tu cherchais, mon frère ? Ses yeux océans scrutent les tiens. « Pas toutes, mais ma quête n’est pas terminée. » Et tu doutes qu’elle ne le soit un jour, trouver un remède sera le travail d’une vie et tu devras sûrement céder tes recherches à une nouvelle génération quand ton temps sera venu. As-tu trouvé la part de toi que tu cherchais ? Tu restes silencieux et si ton regard est attendri, la question résonne en toi et te bouleverses plus que tu ne voudrais te l’avouer. Ta famille est là, devant toi, et c’est dans ce cadre et uniquement ce cadre que tu ne te sens pas étranger. Pendant longtemps, cela t’a suffi. Être un fils affectueux et assidu, un frère attentif et rassurant. Un bon ami pour le reste, parfois l’amant attentionné. Vivre pour les autres, ça t’allait bien. Mais maintenant, tu as ce désir que tu vois comme égoïste de, peut-être, ne plus avoir cette barrière avec les autres -donner sans accepter de recevoir. Parce qu’il y a ce compte à rebours et si donner chaque seconde qu’il te reste à ceux que tu aimes satisfait ton âme, tu ne peux ignorer les cris de ton cœur. « Je n’ai pas réellement de réponses précises, mais j’ai de nombreuses pistes, de nouvelles visions. De nouveaux désirs. J’en avais besoin. » Ton père pose une main affectueuse sur ton épaule, l’épais tissu l’empêchant de sentir la froideur de ta peau. Puis il rit à la question de Pina, as-tu trouvé l'amour ? et ton sourire fait écho au tien. « Mais c’est que l’on est un peu trop curieux ici. » Elle pointe le croquis de la danseuse et tu te rappelles ces précieux souvenirs avec elle. « Elle est une rencontre qui m’est des plus précieuses, mais… Non, ce n’est pas elle, mon grand amour. » Plaisantes-tu, alors que ton regard tombe sur le dessin d’une Hyacinthe. Souhaitant détourner la conversation, tu te tournes vers ta sœur : « Mais assez parlé de moi, dis-moi comment vas-tu depuis nos dernières lettres. » Après que tu aies prononcé ces mots, le regard de ta grand-mère te fait froncer les sourcils.
- Spoiler:
- désolée de l'attente
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