Ton signe de tête est bref, tes mimiques graves. L’idée est totalement démente, sans doute extraordinairement brillante dans l’esprit d’un homme comme Wakefield. C’est probablement cela qui t’as charmée chez ce type. Lorsqu’il a fait ses premiers pas au Ministère de la Magie, ce fut au Département de la Justice Magique. Néanmoins, sa formation en forces publiques vous a réunis dans le même bureau. Pour parler magie noire et autres arts martiaux. Mentor sur plusieurs mois, tu as fait en sorte de façonner son esprit du tiens. Amitié naissante puis confirmée avec le temps. Vous ancrer tous deux en tant que point de focalisation te semble être la clef de voûte de votre planification.
« Je fournirais la deuxième » renchéris-tu d’un ton ferme, l’esquisse amusée au coin des lèvres. Cela ne sera pas votre première soirée au Black Wolf, et dieu sait combien de verres vous avez enchainé là-bas. Les minutes passent, le silence s’installer. D’abord dos à dos, tu inspires longuement l’air frais alentour. La rue est déserte hormis cette famille que vous venez de mettre à l’abri. Ils doivent sérieusement se questionner sur votre santé mentale, vous prenant probablement pour des dingues.
L’absence brisée. Le timbre du blond semble retentir en écho. La gorge comprimée, enserrée par les doutes quant à cette action à laquelle vous vous prêtez. Tes sourcils se froncent. Jamais, il ne t’a parlé des suites de la mort de la douce Elena. Danseuse ballerine moldue, une jeune femme pétillante au décès brutal et surtout à des miles l’un de l’autre. Véritable tragédie. D’autant qu’il t’annonce ne jamais s’être rendu aux funérailles. Adieux impossibles. Culpabilité dévorante. Tu t’apprêtes à te retourner en sa direction, à dire ne serait-ce qu’un mot. Mais rien ne sort de tes lèvres carmin.
Les pensées les plus simplistes résonnent en effet dans l’esprit d’un animagus. La vie y est tellement plus simple. Tu te reconnais dans cette histoire contée avec brio. Récit poignant, te prenant aux tripes au point de t’arracher une perle le long de ta joue. Tu croises son regard, bien plus clair que le tiens. Tu prends le temps de l’observer. Il n’y a pas de mots qui soient réparateurs de ce qu’il vient de t’avouer. Cet homme, brisé, aurait pu ne pas se retrouver à tes côtés ce soir si sa mort propre était advenue.
Sans attendre, tu te saisis de sa main que tu enlaces entre tes phalanges. Ta façon à toi de lui signifier ta présence, ta compréhension aussi. Parce que tu te prépares à prendre le relais. « Je … » commences-tu, d’abord incertaine, puis, prenant ton courage à deux mains – littéralement, ce sont tes deux mains qui encerclent celles du bel étudiant. « Je t’ai souvent parlé de cet Auror dont j’ai été folle amoureuse. Nous nous sommes rencontrés dès mon arrivée au Ministère. Il était à peine plus âgé que moi. Il venait d’entrer au Département de la Justice Magique. Pour ma part, j’étais membre du Département des Mystères. »
Tu marques une courte pause, la gorge nouée. « Il a énormément compté à mes yeux. Il a su voir ce qu’il y avait de meilleur en moi, malgré les apparences. Il m’a poussé à me dépasser et à devenir la sorcière que je suis désormais. Je lui dois tout. » Tout. Effectivement. « J’avais reçu cette mission, sur les terres d’un ancien cimetière, en Roumanie. J’avais pour rôle de venir à bout d’une malédiction, au cœur d’un caveau souterrain, taillé à même la roche. La magie noire est tentatrice, elle attire. J’aurais dû l’empêcher de s’approcher ainsi … La malédiction s’est emparée de lui. »
Tes mains se resserrent sur les siennes, les pupilles humides. Vides. « Me reviennent encore souvent ces senteurs d’explosion … Ces bruits de craquements d’os … Je me souviens si précisément de l’écho de sa colonne vertébrale se brisant contre la pierre. Ce craquement sinistre. L’éboulement a engloutit son corps. Je n’ai jamais pu le ramener avec moi. J’ai pris la fuite. Sous ma forme animagus. Sans ça … » Tu détournes les yeux, refusant d’y penser davantage. Ce ne sera pas nécessaire. Un froid morbide envahit la grand-rue dans laquelle vous vous trouvez. « Ils sont là. Ils arrivent. » Tu reprends tes esprits, repoussant volontairement l’Auror de l’autre côté, te munissant de ta baguette. « Evan ? » lances-tu en guise de prémices.
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heartstrings x evan (terminé)
heartstrings
Evan & Cléopatra
« Locomotor Mortis ! » L’éclair fend la tranquillité environnante. La silhouette adjacente reste inerte, les jambes comme accolées de liens invisibles. Tes pas rapides t’entrainent jusqu’à ta cible que tu contournes, la mine fière. Ton menton se penche jusqu’au creux de son oreille, se posant sur l’épaule tendue. « Allons, je t’ai connu plus réactif ! » Dans un tournoiement céruléen, les pans de ta tenue claquent sous l’impulsion donnée. Tu te dégages de l’étreinte à temps, l’homme étant un admirable duelliste, il ne mit pas longtemps à se défaire de ta malédiction. Tu te munies cette fois des deux dagues que tu portes autour de ta taille. Celles-ci, ornées de pierres et de gravures, te sont principalement utiles lorsqu’il s’agit des entrainements du club de duels.
En cette soirée d’Halloween vous n’avez rien trouvé de plus intéressant que de vous lancer dans ce ballet funèbre, danse des lames dont le tranchant strie le silence à mesure que vos gestes se font plus durs. Là, le bel Evan prend le dessus, te plaquant contre le mur le plus proche, rasoir passant à proximité de ta gorge. Sans vraiment t’en rendre compte, une froideur inhabituelle semble émaner de dehors. D’ordinaire le hangar servant de sous-sol à La Griffe de l’Hippo est un endroit bien plus chaleureux, immense cheminée présente non loin de vous dont le crépitement semble s’affaisser au fil du temps.
« Evan … » souffles-tu, le fer toujours contre le cou. Tu souhaites lui dire que tu pressens quelque chose d’anormal, ce froid alentour, ce feu qui vient de s’éteindre. « Le feu. » C’est tout ce qui s’échappe de tes lèvres carmin. Tu profites de la situation pour t’extirper de l’étau par transplanage avant de réapparaître juste derrière lui, à quelques mètres toutefois. « Quoi ? Je soulignais simplement que le feu s’était éteint » lances-tu en guise de réponse à son air déconfit. Tu t’avances, les talons hauts claquant sur le sol de l’estrade. « Cette tenue d’Halloween n’a rien d’adéquat pour le combat » commentes-tu en levant les yeux au ciel alors que tes traits prennent aisément des contours bien plus félins.
Ton rugissement se fait sonore, tes lourdes pattes frappant le sol à mesure que tu t’approches du musicien. C’est une lueur prédatrice – comme toujours – qui semble luire au fond de ton regard. Tes réflexes de panthère sont si aiguisés que tu perçois du mouvement au dehors. Tu esquives un sortilège du bellâtre avant de t’arrêter net pour te concentrer sur une fenêtre du hangar, donnant vers la rue principale. Ces voiles déchirés. Ces hautes statures. Ce givre sur le verre. Le feu qui s’est éteint. Tu reprends instantanément ta forme humaine et pare d’un geste vif de la main ses dernières attaques magiques. « Attends ! » Le silence s’installe, orbes inquiètes, l’intonation grave. Tu lui tends la main pour qu’il se joigne à toi afin de partager cette même constatation. « C’est impossible. » Là, des hurlements stridents. Des enfants. Instinctivement, ton faciès se tourne vers celui de ton si précieux ami.
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L’Écossais avait été puissant et terrible en son genre, jadis. À l’époque futur auror promis à une carrière brillante (dont il ne voulait pas), premier de classe de métamorphose alors même qu’on l’avait inscrit dans des cours plus avancés, Evan avait été un phénomène en soi lorsqu’il était question de duels. Plus lucide que la moyenne lorsqu’il s’agissait d’admettre ses torts, mais particulièrement borgné en ce qui concernait ses véritables faiblesses, le professeur n’avait jamais entièrement reconnu que certains aspects de sa formation en forces publiques lui manquaient. Rejoignant à nouveau les rangs du club de duel lors de son retour, le géant roux avait dû concéder les lacunes qui s’étaient glissées entre les atouts non-négligeables de sa grâce puissante. Manque de rigueur, absence de pratique disciplinée et surtout, une quantité impressionnante de temps passée chez les moldus – qui, s’ils savaient se défendre au corps à corps, n’avaient pas la multidisciplinarité que le pianiste affrontait désormais chez son amie de toujours. Trop concentré sur les parades exécutées, Evan ne releva même pas les railleries de Cléopatra, même s’il se permit un sifflement agacé entre ses dents. Lequasi-quadragénairetrentenaire savait (trop) bien qu’il en avait perdu, mais l’Égyptienne devait-elle constamment lui mettre le nez dans ses fautes? Oui – parce qu’il en avait toujours été ainsi entre eux, et que si les situations avaient été inversées, il ne lui aurait pas témoigné davantage de compassion.
Si le musicien se défendait admirablement, il fallait admettre que ses parades se faisaient généralement à la dernière seconde, et de justesse – rouillé, et les réflexes engourdis par trop d’années passées à rire et jouer de la musique, alors que son adversaire était le danger incarné. Sourire mutin aux lèvres, il accueillit pourtant avec un sourire confiant le combat au corps à corps – en ce domaine, il se savait d’une puissance supérieure à celle de son amie. (Fallait-il toutefois qu’elle se montre aussi agile, l’agaçante professeure?) La plaquant sans ménagement, laissant échapper un rire traversé de plaisir, le musicien s’arrêta net alors même que la sorcière murmurait. « Evan … Le feu ». Sourcil malin haussé, prêt à répliquer, le sorcier baissa sa garde une fraction de secondes de trop, suffisant pour que la brune se libère de son étau. « Quoi ? Je soulignais simplement que le feu s’était éteint ». Laissant échapper un petit rire, l’Écossais se contenta de pointer les formes soulignées par le justaucorps de la sorcière du menton. « Comme si j’étais resté un jeune homme lubrique, c’est mal me connaître », fit-il en se donnant un air théâtral (et acceptable, au jugé de ses intentions) de vierge effarouchée, lançant un sort esquivé avant de se transformer au même rythme que la sorcière. Corps au diapason dans la transformation – ils avaient été binômes, étaient devenus amis, mais leurs formes diamétralement opposées, les deux sorciers les avaient découvertes ensemble. Les avaient apprivoisées à deux. Envolé, l’Écossais se transforma en se laissant chuter pour mieux surprendre l’Égyptienne, plaquant la panthère au sol en enserrant ses pattes en un étau imparable.
Sa voix humaine le fit presque sursauter alors que les formes redevenaient toutes deux humaines, les prunelles forêt du sorcier suivant celui de la professeure. « C’est impossible ». Les cris déchirant la nuit. Regard assombri, Evan constata la présence de dizaines de formes éthérées semant la terreur, le givre envahissant les carreaux de la fenêtre de leur salle d’entraînement leur bloquant rapidement la vue. « Merlin … », souffla le sorcier, se passant une main sur le visage avant de regarder Cléopatra – ils avaient toujours été réactifs. C’était le moment de prouver qu’ils formaient toujours un binôme accordé au diapason. L’Écossais ne doutait pas de leurs capacités mutuelles à produire des patronus capables de repousser les créatures, mais où iraient-elles, une fois dispersées? Au sein de Myrddin Wylt les détraqueurs étaient visibles. « Il faut disperser la foule, d’abord », fit Evan, les réflexes acquis dans le cadre de ses stages d’auror (plus d’une vie auparavant, semblait-il) lui revenant en tête avec un naturel déconcertant. Jetant un œil à la fenêtre qui ne leur apprenait plus rien, le sorcier fit signe à Cléopatra de le suivre alors qu’il escaladait les marches de l’escalier quatre à quatre. Dehors, les hurlements et la cohue humaine régnaient. « Savoir exactement où se trouvent les détraqueurs », poursuivit-il, pointant le ciel – l’Égyptienne comprendrait qu’il avait l’intention de se transformer afin de recueillir l’information cruciale. « Puis les repousser sans les envoyer chez les moldus », compléta le sorcier avant de disparaître, sa haute charpente remplacée par la minuscule forme du rossignol qui s’envola instantanément. Battements d’ailes ralentis par le froid glacial envahissant ses petits membres, l’oiseau entêté affrontait l’engourdissement et la crainte, qui semblaient vouloir se frayer un chemin jusque dans ses entrailles. Le spectacle était terrifiant et étrangement grisant à la fois : des dizaines de silhouettes liées à des centaines de cœurs, suçant la moelle émotionnelle de tout le quartier sorcier. Frigorifié, le rossignol piqua vers le sol, retrouvant sa forme humaine alors même qu’il semblait presque se fracasser contre le pavé. « Ils sont partout », déclara Evan. « Aucune trace des aurors ». Il semblait que tout ce que cette portion du quartier avait pour l’instant était une professeure de défense contre les forces du mal et un ex-aspirant auror devenu pianiste pour la défendre. En espérant que ça suffise …
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Re: heartstrings x evan (terminé)
heartstrings
Evan & Cléopatra
L’inquiétude dans le regard à la mesure des hurlements, température ambiante qui ne cesse de chuter au fil du passage de ces hautes figures encapuchonnées. La peur, aussi, parce qu’au fond cette émotion est bien réelle, mettant ton organisme tout entier dans une posture particulière. Celle de l’alerte, adrénaline emplissant tes veines, le souffle entrecoupé. L’exclamation de l’ami te confirme que tu ne rêves pas. Te tournant vers le musicien, tu restes interdite, quelques secondes, à l’écoute.
Disperser la foule, en effet. Ses qualités de leader sont certainement bien au-dessus des tiennes. Il aurait été un Auror extrêmement doué, tu n’en as aucun doute. Toi, panthère égyptienne, tu agis presque uniquement seule, dans ta profession tu apprends à te débrouiller sans aucune compagnie. Tu es consciente également, d’être une leader solide, figure d’autorité, prestance immanquable, mais sorcière solitaire avant tout. Tu acquiesces d’un signe franc du minois, le suivant jusqu’à l’escalier qu’il monte quatre-à-quatre.
Tu restes légèrement en retrait, derrière sa stature imposante. C’est lui, le justicier après tout. Toi, tu es une jeteuse de sortilèges hors pairs, mais ermite avant tout. S’il faut s’assurer qu’un groupe de personnes soit mis en sécurité, tu pourras gérer cela sans problème. En revanche, diriger de telles opérations, de cette façon-là, ce n’est pas ta formation de base. Tu constates qu’avec les années, les compétences restent, bien qu’un peu étamées par les années, elles sont bien présentes. Tu comprends vite où il veut en venir, sourire admiratif.
L’émerveillement lisible sur tes traits fixant le rossignol qui s’envole en direction du ciel. Cette façon de s’y prendre est tout à fait réfléchie, et encore une fois permise et possible par cette forme animagus qui pourtant ne paie pas de mine. Impressionnée, tu le seras à jamais lorsqu’il s’agit d’Evan Wakefield. Tu reconnais l’homme, rassurant, imposant, qui te redonne confiance. Tu retiens la précaution de ne pas repousser les détraqueurs en direction des moldus. Anecdote pouvant paraître banale et qui pourtant est essentielle dans ce genre de situation.
Alors que le volatile s’élance vers le ciel afin d’y observer vos prochaines proies, tu t’assures qu’aucun danger ne se pointe autour de vous. Réflexes aiguisés de l’enseignante en défense contre les forces du mal. Parce que tu les ressens, non loin de vous, ces auras négatives. Le museau retroussé, prédatrice qui ne demande qu’à ouvrir la chasse. Par réflexe, tu t’empares de ta baguette magique, rarement utilisée, et coincée entre les pans bleus de ta tenue d’Halloween. Tu laisses vagabonder l’élégant et sombre morceau de sorbier entre tes phalanges, consciente, à chaque seconde, de la dangereuse chaleur qui émane de l’objet.
Cette sensation va à l’encontre de l’embargo brumeux qui prend le dessus sur les rues adjacentes. En arrière-fond, les cris se font entendre, mais tu n’y prêtes presque plus attention, tu as besoin de te concentrer sur la façon dont vous allez agir. Manquant de s’écraser au sol, l’oiseau repris sa forme humaine, bien plus solide. Tu déglutis difficilement, apprenant qu’ils ont assiégé l’ensemble du quartier sorcier. Qu’il n’y a aucune trace des aurors. Doux frimas s’échappant de tes lèvres carmin. « Ils n’ont peut-être pas encore été alertés. » Sans plus attendre, tu pointes vers le ciel étoilé, figé aussi, lançant un patronus messager en direction des bureaux de la brigade d’Inverness. « En attendant, il nous faut barricader les alentours, mettre les gens à l’abri et réunir ceux qui pourront se défendre. » Profiter des compétences individuelles pour en faire une force collective.
De ta baguette s’échappent de nouveau des filaments argentés qui tournoient autour de toi, prenant la forme d’un étalon pur-sang à la musculature saillante dont les sabots résonnent contre le sol de pierre. Le hennissement de l’équidé est fort, présence chaleureuse que tu accueilles en déposant ta main sur son chanfrein. Tu tournes la tête vers le pianiste, et lui adresse une esquisse plus rassurée. Estimé acolyte, avançant tous les deux à la lueur des réverbères. Tu t’arrêtes à un croisement de rues, observatrice. « Il y a un groupe là-bas, avec des enfants. Je pense que nous pourrions les isoler dans cette ruelle avant l’arrivée d’autres détraqueurs. Je me charge des protections, toi, ils te suivront, tu fais moins peur que moi … » souffles-tu, ironique, en référence à ta tenue du moment.
Sur ce, l’étalon s’élance au travers de la rue dont il se fait le gardien, longeant les habitations de sa lueur douce et sereine. Toi, tu ancres tes talons hauts dans le sol, vérifiant qu’il n’y aucune source de danger. Tu appliques ta main gauche contre un mur de pierre, ta baguette traçant des formes invisibles et complexes. A quelques mètres de là, tes murmures se laissent entendre à qui veut bien. « Repello Inimicum, Protego Totalum, Fianto Duri … » Là, une sorte de voile lumineux grimpe inlassablement jusqu’en haut des immeubles sorciers avant de disparaître instantanément. Ta paume effleure l’aspect presque liquide de la barrière magique. Tu cherches ton collègue du regard. « Evan, c’est bon de mon côté. »
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Re: heartstrings x evan (terminé)
Il y avait dans cette aventure nouvelle une mélodie ancienne qu'Evan retrouvait avec un arrière-goût de plaisir non-feint. Malgré le sérieux de la situation, malgré la panique qui les entourait, une poussée d'adrénaline vint prendre le sorcier au creux de ses entrailles. Il se sentit surhumain, comme le matamore qu'il avait été, jadis, plus jeune. Le jeune héros tête brûlée qui avait sommeillé, dissimulé entre deux trois-pièces de tweed et des bouteilles de whisky de qualité – la vérité, c'était qu'Evan était demeuré un rouge et or dans l'âme, même s'il l'avait un peu oublié. Oublié que le professeur de musique avait d’abord été un cœur de lion, puis un musicien. Un joueur de quidditch, puis un pianiste. Un apprenti auror, puis une amère déception familiale. Ces réalités s’étaient opposées si longtemps en son âme, le refus si vif de tout ce que l’Écossais avait associé à son père que le professeur en était venu à se couper de ces parts qu’il avait jadis aimées. Les réflexes reviennent rapidement, l’ex étudiant en forces publiques donnant quelques instructions à son alliée avant de prendre une forme de rossignol. Alors que le patronus de l’Égyptienne s’élance, l’Écossais emboîta le pas à son amie, ne prononçant pas lui aussi la formule. Evan avait assez confiance en ses réflexes pour se permettre de faire apparaître le bouclier émotionnel au bon moment pour ne pas s’en encombrer immédiatement, malgré le sourire naissant à ses lèvres lorsqu’il comprit le réconfort que Cléopatra semblait ressentir en la présence du sien. « Il y a un groupe là-bas, avec des enfants. Je pense que nous pourrions les isoler dans cette ruelle avant l’arrivée d’autres détraqueurs. Je me charge des protections, toi, ils te suivront, tu fais moins peur que moi … » Sourire ironique aux lèvres, le professeur hocha la tête. Il n’était lui-même pas costumé, et connaissait le caractère rassurant de sa présence.
Avançant à longues enjambées, le sorcier rejoignit rapidement le groupe désigné par Cléopatra. Deux jeunes familles avec plusieurs enfants, dont certains pleuraient. L’un d’entre eux semblait avoir perdu quelque chose, puisqu’il se débattait entre les bras de sa mère. « Bonsoir, je m’appelle Evan », commença Evan, s’approchant du petit groupe, son meilleur sourire aux lèvres – comme s’ils n’étaient pas en danger réel. Se penchant vers l’un des trois parents, le géant murmura à son oreille pour ne pas alerter les plus jeunes. « Ils vont bientôt arriver. Êtes-vous capables de produire un patronus? » Le père fit non de la tête, l’air désespéré. Inspirant doucement, l’Écossais hocha la tête, sourcils froncés. Un grand sourire fendit son visage lorsqu’il se pencha vers les enfants. « Aimez-vous jouer à cache-cache? », demanda le professeur, un air enjoué au visage. « Ouiiiii! Moi une fois je me suis caché sous l’évier et papa m’a jamais trouvé jsuis trop bonne », affirma la plus vieille, bombant le torse. Riant, ignorant le temps qui pressait, le musicien tendit la main à la gamine. « D’accord! Je vais fermer les yeux et compter à dix. Vous aurez un guide pour vous aider à trouver la meilleure cachette. Vous êtes prêts? » Glissant un regard vers les parents, qui hochèrent bravement la tête alors que les gamins affirmaient vigoureusement leur assentiment, Evan ferma les yeux, tendant les doigts devant lui. La sensation des touches d’ivoire sous ses doigts, l’odeur enfumée du pub miteux où il se produisait lors de cet été fatidique au cours duquel il avait claqué la porte aux projets d’avenir que lui réservait son père. « Expecto patronum ». Les filaments argentés formèrent une silhouette éthérée de cheval ailé, sous les exclamations émerveillées des enfants. « Whoaaaa c’est un pégase?! », s’exclama l’un d’entre eux. Sourire aux lèvres, Evan secoua la tête. « C’est un sombral », fit-il, se retenant d’ajouter et j’espère qu’il s’agit de la seule fois que tu en verras un. Animal de mort, attaché au cycle des deuils et qui, pourtant, produisait tant de douceur et de lumière – la forme du patronus n’était pas surprenante lorsqu’on connaissait minimalement l’homme à la haute stature. « Un … Deux … » Fermant les yeux, il se mit à compter à voix haute, entrouvrant une paupière pour vérifier que les deux familles suivaient la créature de lumière, qui se dirigeait doucement vers Cléopatra.
À dix, le sorcier se leva à nouveau, rejoignant rapidement la sorcière en faisant mine de ne pas voir les enfants. « Pardonne-moi Cléopatra mais aurais-tu vu cinq enfants? Environ de cette grandeur? » Le professeur mima une hauteur aléatoire. Adressant un clin d’œil aux parents à l’abri derrière les sorts de sa collègue, Evan fit signe à l’Égyptienne de le suivre. « On oublie qu’hors de l’université, les gens qui savent produire des patronus sont rares … », réfléchissait le sorcier à voix haute. Les gens capables de les assister seraient probablement rares, outre les étudiants qu’ils pourraient croiser. Se passant une main sur le visage, Evan tentait de réfléchir à une solution cohérente. « Nous ne pouvons pas simplement les chasser, s’ils se retrouvent dans une portion moldue ils ne seront jamais capables de se défendre. Il faudrait pouvoir les piéger quelque part … » Mais comment les attirer? Le regard sombre, Evan se tourna vers Cléopatra. « J’ai une idée, mais elle risque de nous attirer des ennuis », admit le sorcier. « Les détraqueurs sont attirés par le désespoir … Nous avons vécu des catastrophes, tous deux. Penses-tu … Crois-tu que nous soyions capables de nous replonger dedans pour les attirer … et de nous sortir de notre marasme à temps pour les piéger? » Il y avait quelque chose de fou, d’imbécile, dans sa proposition – mais le musicien faisait partie de ces gens pour qui les plans relevant de la folie semblaient fonctionner.
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Evan & Cléopatra
Les barrières magiques installées, tu te tournes en direction de ton patronus qui mène toujours la garde. Tu ignores encore combien de temps il vous reste avant que les détraqueurs ne se rendent compte de votre présence dans cette rue. Tu ne peux t’empêcher d’avoir une œillade bienveillante sur ton ami de toujours. De sa haute stature, il se fait bien plus rassurant que toi. Sa façon d’être y est pour beaucoup. Ses prouesses magiques également, mais ça, en l’occurrence, tu es la seule, ici, à le savoir pour l’instant.
Tu secoues lentement la tête à l’écoute lointaine de ses dires. Tu ne peux te résigner à croire qu’il ne cesse de faire le pitre en chaque situation. Parce qu’au fond, tu serais bien malhabile à sa place. Tu n’es pas du genre sociable, plutôt insupportable à vrai dire. Sa manière de s’adresser aux enfants est remarquable. Il ferait un bon père, une évidence qui n’est pas aussi prégnante quant à tes qualités maternelles. Et pourtant, tu aurais de l’amour à revendre. Eden en est la preuve, dans un registre sentimental.
Tes orbes noirs traversent de nouveau la grand-rue, s’arrêtant sur l’étalon argenté qui ne cesse de marcher, au pas, éclairant vos âmes d’une douce lueur. L’animal est noble, intimidant aussi. Ce ne sera pas rien en présence de détraqueurs. C’est un léger sifflement dans l’air qui te ramène à la réalité. Le tant apprécié Wakefield vient de faire apparaître sous vos yeux un sublime équidé aux allures fantomatiques. Les ailes déchirées, la silhouette décharnée, délabrée. Ensemble que tu trouves pourtant agréable à admirer.
Une part de toi trouve cet animal fantastique absolument somptueux et digne d’attention. Sa symbolique mortuaire et pourtant esthétique. Du moins, tu oses le croire. Un Sombral donc, auquel tu attaches un pan de l’histoire individuelle de ton ami. Évidemment. La créature ailée approche de toi, accompagnée de la petite famille en question. Tu leur adresse une esquisse douce, tranchant avec ton visage d’habitude si fermé. Tu leur fait signe de se diriger derrière les barrières magiques qui les enveloppent chacun leur tour en fonction de leur passage.
« Cinq enfants ? Absolument pas, mon cher Evan » assures-tu comme si de rien n’était, complicité dans le regard. Tu lui emboite le pas, acquiesçant à sa remarque. C’est un bien triste constat que de se rendre compte à quel point ce sortilège peut être complexe à maîtriser. En faisant alors un signe de supériorité magique évidente mais également d’isolement tout aussi évident ce soir. La mine réflexive, tu places tes mains contre tes hanches dessinées par ta robe bleue marine. Tu en aurais presque oublié cette tenue de sorcière dédiée à la fête d’Halloween.
« Les piéger, oui » confirmes-tu alors que tu tends déjà l’oreille vers un éventuel complément d’information. Un sourire plus marqué étire tes lèvres carmin. L’idée que cela puisse vous attirer des ennuis n’a rien d’effrayant à tes yeux. Il s’agit même d’un élément tout à fait stimulant. « C’est complètement dingue, Evan. Mais j’adhère à cette proposition. » Tu lances un coup d’œil en biais aux deux patronus que tu fais disparaître dans une brume d’un mouvement de la main.
« Aucune once d’espoir ne doit persister en ces lieux. » Tu lui adresses un air grave, signe de la dangerosité qui vous guette. « Je n’ai pas d’épouvantard sous la main, mais l’imagination fera tout aussi bien, peut-être mieux. » Vos souffrances sont si ancrées qu’elles ne sauraient avoir besoin d’un médiateur tel qu’un épouvantard pour se manifester décemment. Tu tournes alors sur toi-même, les pans de ta robe claquant dans la noirceur de la nuit tout juste éclairée par les lampadaires. « Ils peuvent arriver de n’importe où. Mais l’intérêt peut également être celui de les encercler. Dans ce cas, nous devrions nous placer à des positions opposées afin de les attirer au centre de ces ruelles. Là, il nous faudra agir vite. »
Et la difficulté sera de taille. Retenir des dizaines de détraqueurs relèvera de l’exploit. Mais deux sorciers de votre trempe, cela devrait être envisageable. Ce qu’il est amplement plus délicat réside en la nécessité de vous replonger dans vos souvenirs les plus tragiques. Tu préfères couper tes doutes avant d’en être assaillie. « Je suis prête. » La mâchoire serrée, tu replaces tes cheveux longs et coiffés sur le côté, ceux-ci descendant élégamment sur ton buste. « Si nous sortons vivants de tout cela, promets-moi une bouteille au Black Wolf. »
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Re: heartstrings x evan (terminé)
De ces propositions un peu stupides et franchement casse-gueule – le géant en est un spécialiste, prêt à asséner coup sur coup à la vie pour voir ce qu’elle oserait lui renvoyer en guise de retour d’ascenseur. Férocement entêté lorsqu’il s’agissait de foncer, sa nature de futur auror revenant au galop rapidement auprès de son ancienne partenaire et mentor au Ministère, la suggestion brillante (et folle) d’attirer les détraqueurs du secteur vers eux par le biais de leurs souvenirs. Avec Cléopatra, l’Écossais n’avait aucun doute quant à la faisabilité de la chose. Avant de devenir son amie, elle avait été son mentor, lui avait appris tout ce qu’il savait sur la magie noire. Evan se savait appuyé par une alliée capable et féroce. Hocha la tête lorsque la directrice des Grymm affirme qu’aucun espoir ne peut persister autour d’eux – préparé à faire le vide dans son esprit, pour n’y laisser que la noirceur que son âme d’alchimiste transformait quotidiennement en volutes dorées. Éclatant dans la noirceur, c’était ce que l’Écossais était devenu au décès de sa mère, obstiné à ne pas se complaire dans le moule que le patriarche Wakefield avait tenté de lui imposer. « Oui », acquiesce-t-il à la suggestion d’encerclement. « Mais nous devrions rester ensemble pour les attirer. Créer un point focalisant notre appât, puis nous séparer vers nos positions respectives », fit le sorcier, désignant les places qu’ils occuperaient mutuellement.
« Je suis prête ». Il hocha la tête, un air grave inhabituel peint sur ses traits. Le vide, les craques cérébrales dans lesquelles la noirceur se glissait, desquelles elle s’échappait également. « Si nous sortons vivants de tout cela, promets-moi une bouteille au Black Wolf ». À ces dires, le futur auror se permit un rire léger. « Uniquement si tu fournis la deuxième », ne put-il s’empêcher de répliquer, sourire amusé aux lèvres. Même ici, même en cette situation sombre, le sorcier au sang pur n’y pouvait rien – son destin, semblait-il, était d’apporter une once de lumière à ceux qui l’entouraient, peu importe les moyens utilisés. Plissant les yeux, les mains jointes presque en un signe de prière sur sa bouche, il souffla. Le cœur battant presque au ralenti, décélérer le rythme de sa respiration. Il y avait une forme étrange de bravoure en lui – puisque l’étudiant aurait pu se contenter de songer à ses souvenirs, sans qu’ils entachent l’atmosphère.
Pourtant, le musicien avait conscience de l’effet de ricochet que pouvait avoir le partage de la douleur chez les autres – il y avait un réconfort dans le fait de s’ouvrir à autrui, mais aussi une multiplication de la peine, lorsque partagée. Doucement, il laissa s’échapper une longue expiration. Le moment qu’il n’avait confié à aucune âme qui vive. « Je ne t’ai jamais parlé des suites de la mort d’Elena », murmura-t-il, juste assez fort pour que la sorcière puisse l’entendre. Sa danseuse, sa ballerine moldue dont le sorcier était tombé éperdument amoureux – un amour qui l’avait consumé vivement, un mariage coup de tête quelques mois plus tard. Ils avaient été heureux, lors de cette année trop courte. Le décès n’en avait été que plus violent. these violent delights have violent ends, avait écrit Shakespeare. Cléopatra connaissait la suite d’événements : la danseuse moldue, décédée alors que son époux se trouvait au loin. Sans possibilité d’adieux, que de souffrance. « Je ne suis pas allé à ses funérailles », dit-il doucement, la gorge nouée. Ses prunelles claires cherchaient celles de la sorcière – peut-être par réflexe, par besoin de réconfort, mais il secoua la tête. L’objectif n’était pas de se confier pour être rassuré, mais bien d’accéder aux tréfonds de sa peine.
« J’ai passé deux mois sous ma forme de rossignol. J’étais … incapable d’y faire face. Tu connais l’effet de nos transformations – les pensées deviennent tellement plus simple, et j’en avais besoin ». La sensation de vouloir maudire la terre, le ciel et les étoiles, être incapable de pleurer, que de rager, d’accabler l’univers entier de malédictions plutôt que de se rendre à l’évidence, à l’époque : il était seul. Tellement seul. « Deux mois, à voler. À m’enfuir, parce que c’était tout ce que je savais faire face aux émotions, alors même que j’ai toujours foncé sur tout ». Fuir par en avant, c’était ce que le futur auror avait toujours fait de mieux – quelque part, il en avait (un peu) conscience. « Un jour, j’étais loin, en haut, et … » Sa voix, morte au fond de sa gorge. Incapable d’avancer, réellement, mais le jeune homme jeta un regard à la famille rendue invisible par les sortilèges de protection de Cléopatra. Des dizaines d’autres familles étaient dans la même situation : incapables de se défendre, et aucunement protégées par deux sorciers compétents. Il n’avait d’autre choix que d’aller de l’avant, malgré la douleur indicible. « je me suis laissé tomber ». Avec l’intention véritable de se laisser écraser au sol, d’en finir – avant de se rattraper in extremis. Mais en cet instant, il avait voulu mourir, et le sorcier omit intentionnellement la suite, le rattrapage, pour uniquement se remémorer cet instant – l’envie de mourir. De ne plus exister.
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Re: heartstrings x evan (terminé)
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Re: heartstrings x evan (terminé)
Qu'il s'agisse de douleur, de peines ou de succès, les êtres humains avaient cette extraordinaire capacité vers l'exceptionnalisme. Un besoin évolutif, peut-être, de se distinguer - mais pas trop, pour éviter de risquer l'ostracisme. Pourtant, n'était-il pas également terriblement humain de se mettre à la place de quelqu'un, de ressentir une once de leur souffrance ou de leur joie? Les âmes qui se touchaient, parfois le temps d'une chanson, égrener un refrain à pleine gorge avec une foule d'inconnus, se savoir partie d'un tout plus large, de cette sensible expérience humaine où les cœurs pouvaient se lier en paix, loin du jugement social porté sur la compassion masculine. Le cœur transi de compassion pour son amie, le géant écossais acceptait ses mots, sans chercher à panser les maux. La douceur n’avait pas sa place entre eux, pour l’heure – un myocarde à moitié consolé ne constituait rien d’intéressant pour les geôliers fantomatiques d’Azkaban. Les bras lâches, la respiration presque courte, comme s’il pouvait ressentir en sa propre poitrine la douleur de son amie alors même qu’il portait la sienne – car le sorcier avait toujours été ainsi, dans son caractère foncièrement entêté : à mi-chemin entre Atlas et Hermès. Prêt à tourner tout en dérision pour le plaisir des autres (et surtout le sien) et, malgré tout, porter les autres sur ses épaules. Tenter de soulager – transformer la noirceur en lumière.
Il n’y avait rien d’aussi contre-nature pour lui que de se taire, ainsi, en cet instant, alors que Cléopatra faisait revivre ces instants de deuil et de souffrance. Silencieusement, le musicien acceptait tout – sa douleur, sa peine. Laissa aller les doigts de la sorcière pour couper ces onces de proximité entre eux. Taire les élans d’humanité si forts en sa poitrine, réduire l’amitié au silence, tuer les grains d’empathie menaçant de consoler l’Égyptienne alors même qu’Evan n’aurait rien voulu d’autre. Avec douceur, attirer la féroce sorcière auprès de lui et lui témoigner sa chaleur, sans mots.
Derrière, la famille, terrée. Le future auror avait trop conscience de leur présence, et son cœur se mit à s’affoler dans sa poitrine – et si, plutôt que de protéger les âmes innocentes, ils les avaient plutôt prises au piège pour mieux attirer les détraqueurs à eux? Les mots de Cléopatra semblaient trouver un écho dans ses entrailles – il imaginait le son des os qui se fracassaient. Les bruits macabres qu’aucun mortel ne devrait entendre. L’Écossais jeta un regard neuf à l’Égyptienne. Il avait reconnu son aura mystérieuse dès leur première rencontre – comment aurait-il pu faire autrement? Mais ainsi, voyant la sorcière déguisée et sombre, il en vint presque à se demander comment la professeure avait pu rester saine d’esprit malgré cet épisode atroce de son passé. Les fêlures se dissimulaient-elles sous la surface? Si on la regardait trop longtemps dans les yeux, ses prunelles sombres laisseraient-elles entrevoir les craques dans le miroir trop parfait qu’elle renvoyait constamment au monde?
Chair de poule. Une main de glace posée sur son bras, semblait-il, et Evan leva les yeux sans voir quoi que ce soit. Hochant la tête alors que sa partenaire l’avertissait de l’arrivée prochaine des créatures décharnées, le sorcier écarta les pieds, posture guerrière. Les pieds ancrés au sol, baguette entre les mains, il inspira lentement. « Nos patronus, de part et d’autre de la ruelle, pour éviter les fuites », indiqua-t-il à la sorcière, lui faisant signe de se diriger plus loin pour qu’ils puissent les prendre en tenaille. Faisant un signe dans les airs, Evan désigna les murs de brique bordant la ruelle. « Ils seront pris au piège », fit le futur auror en désignant le ciel au-dessus de leurs têtes. Il faudrait trouver un moyen de créer une cage à l’aide des moyens du bord, mais pas avant d’avoir pu prendre les détraqueurs entre leurs patronus respectifs. Une cage d’argent pour les gardiens décharnés. Lentement, il recula de quelques pas, sa tête se tournant vers le sort protégeant la jeune famille derrière eux. « Essayez de demeurer silencieux », intima-t-il aux gens qu’il ne pouvait plus voir. « Nous allons garder leur attention ». Dans son ventre, l’impression d’avoir oublié quelque chose – ou plutôt, l’allure entêtée des rouges et or, ceux qui se lancent la tête première en oubliant que les malheurs viennent si rarement seuls. Son patronus avait disparu. Il ne restait plus que la lueur de la lune éclairant faiblement les traits de son amie, et les siens. À ses pieds, une petite flaque d’eau passa rapidement à la glace, et la première silhouette fantomatique fit son apparition, rapidement suivie par quelques congénères. Les pieds campés dans le sol, Evan attendait que le flot cesse pour qu’ils puissent les enfermer.
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Re: heartstrings x evan (terminé)
L’évocation de ces mauvais souvenirs te laisse un goût amer. L’amertume, oui, celle des jours difficiles, des moments endeuillés. L’appréhension de la perte d’un individu cher, pour ne pas mentionner l’incompréhension. Pourquoi lui. Pourquoi maintenant. Pourquoi ainsi. Ces questions, elles ont pris ton esprit tout entier pendant plusieurs années. Des nuits à ne pas dormir, plongée dans les méandres de tes souvenirs traumatiques. A présent davantage délivrée de tout cela, tu avances plus sereine.
Ces confidences ont cela de naturelles qu’elles se font en compagnie d’Evan. Un étudiant auquel tu attaches une importance démesurée. Un homme brillant, avant tout. Un garçon prometteur en lequel tu perçois un avenir alléchant. Il est impossible qu’il puisse te décevoir, n’est-ce pas ? La pauvreté de l’empathie qui réside entre vous a cela de réconfortant. Au moins, tu ne te sens pas prise par les sentiments, élan de pitié qui t’aurais incommodée à premier abord.
Une sonorité, presque infime parvint à tes oreilles. Les prunelles caressant le sol pavé, tu aperçois la première flaque à tes pieds qui finit par ses couvrir d’un manteau de glace. Ils arrivent. Il est désormais impossible de faire marche-arrière. Ils seront là d’ici à peine une poignée de secondes. Dos à toi, le sorcier se dresse dans une posture guerrière et sécurisante.
L’extrémité du sorbier s’illumine d’une douce lueur tandis que tes pupilles scrutent les cieux dont la couverture cotonneuse cache les étoiles. Il faudra effectivement les prendre au piège, faire en sorte que vous patronus soient en mesure d’enfermer ces créatures des ténèbres. Tu te tournes à sa suite vers la famille à laquelle l’ami musicien conseille de se montrer silencieuse. Cela semble impératif.
Ton esprit déjà à la réflexion, tu imagines nettement la suite des opérations. Vos patronus aux coins de la ruelle, enfermant les êtres décharnés, puis, faire en sorte qu’ils se resserrent en direction d’une autre rue, cette fois-ci en cul-de-sac. Après, faudra simplement engendrer une cage suffisamment solide pour tous les retenir. Douterais-tu de vos compétences combinées ? Un peu. D’autant que l’atmosphère se fait hivernale en à peine quelques secondes.
Un craquement, celui de l’eau gelée sous tes talons hauts. Nerveusement, tu plies un pan de ta robe d’Halloween afin d’être plus vaillante. Tu inspires grandement, levant les yeux vers un essaim de silhouettes fantomatiques qui se dirige vers vous à toute allure. « Maintenant ». D’un mouvement circulaire du bras, l’étalon immaculé s’échappe de ton artéfact magique et parcourt l’allée d’un pas de course noble.
La commissure des lèvres qui souligne la panthère qui sommeille en toi. L’aspect féroce de ta personne ressort dans ce genre de contexte. L’instinct de survie, peut-être. Malgré la lumière dégagée par l’être chevaleresque, plusieurs détraqueurs essaient de se diriger vers vous, comme il était prévu de le faire si vous souhaitez les enfermer entre ces murs. Dans un bruissement de ta robe sur le sol pavé, tu te baisses afin d’éviter l’encapuchonné le plus sournois qui tente de vampiriser ton âme en s’approchant par surprise. Ils sont là, tout proche. Il faut agir maintenant.
- Spoiler:
- Dé.
1 – 5 : Le patronus s’approche lentement vers votre position, la puissance de la lueur qu’il dégage créée une sorte de barrière qui devrait parvenir à retenir les détraqueurs.
6 : Le patronus s’approche lentement vers votre position mais sa puissance est altérée par le manque d’espoir généré par le rappel de souvenirs traumatiques. Certains détraqueurs se montrent plus agressifs et essaient d’aspirer vos âmes avant d’être chassés, profitant de leur nombre impressionnant.
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Re: heartstrings x evan (terminé)
'Dé de magie' : 5
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Re: heartstrings x evan (terminé)
Si l’instant se cristallisait, on parviendrait probablement à y déceler l’essence de l’homme, et des motifs qui l’avaient poussé à suivre le chemin tracé par son père – un désir viscéral de témoigner de la compassion aux autres et le besoin réel d’un sorcier se plaçant (trop) facilement dans une posture de sauveur. Capable de tout encaisser pour autrui, semblait-il, mais aussi de prendre la fuite dès qu’il s’agissait de ses propres monstres. L’éternelle fuite par en avant de ceux qui veulent trop vivre à contre-courant des autres et qui n’osent pas trop observer le reflet que leur renverrait un miroir de lucidité. Juste assez d’introspection pour se montrer (un peu) sage – mais pas assez pour réellement apprendre de ses erreurs les plus fondamentales. Le sol gelé sous leurs pas annonçant l’arrivée des créatures décharnées, il prit une posture guerrière – celle d’un duelliste aguerri faisant face à un ennemi dont il ne connaissait pas le nombre, ni réellement la force. Evan n’avait eu à affronter des détraqueurs qu’en nombre réduit, en guise d’exercice, au Ministère : il n’avait aucune idée si sa joie de vivre résisterait à l’assaut d’une vague entière de cet océan de désespoir que constituaient les êtres macabres.
Le silence enveloppant la ruelle d’une chappe de ténèbres semblait exacerber les autres sens – les lueurs de leurs baguettes illuminant d’une lumière froide la nuit les entourant, son souffle embuant l’air aux alentours. Le manteau nuageux recouvrant les astres nocturnes découpait les silhouettes flottant vers eux, la sensation de ses talons ancrés dans le sol, et son cœur dont il força le ralentissement. Le souffle régulier, il avait les réflexes profondément inscrits en sa poitrine, le futur auror – on ne saurait le prendre par surprise, pas ainsi, pas ce soir. « Maintenant », fit la conjureure de sortilèges, et sa propre baguette libéra la forme décharnée mais élégante du sombral, qui galopa avant de prendre son envol vers les détraqueurs. Par réflexe, l’animagus se transforma en oiseau afin d’échapper à trois des silhouettes encapuchonnées, se laissant tomber au sol plus loin, arme brandie. La barrière créée par leurs protecteurs équidés respectifs tient à distance les créatures, pour l’instant.
Jadis, Evan en aurait peut-être profité pour fanfaronner, mais ils avaient des civils à leur charge, et le futur auror se refusait à l’idée d’une faille les mettant en danger (plus qu’ils ne l’étaient déjà). Les quelques détraqueurs étaient pris au piège, pour l’instant – le géant s’apprêtait à faire usage de métamorphose pour distendre les bâtisses les entourant afin de créer une cage de briques, mais le hurlement terrifié si caractéristique d’un enfant l’arrêta. L’un des jeunes, invisibles à leurs yeux derrière l’écran protecteur créé par l’enseignante – et la nouvelle vague de succubes, attirés par le bruit de panique aveugle. Serrant la mâchoire, Evan jeta un coup d’œil à son amie, qui tenait en respect la première vague, veillant à ne pas approcher du sortilège protégeant les familles – nul besoin d’attirer l’attention des détraqueurs vers ces derniers. D’un mouvement de baguette, l’ethelred envoya le sombral éthéré vers leurs nouveaux assaillants.
- Spoiler:
Dés :
1 à 3 : le patronus tient bon face aux détraqueurs, qui se retrouvent momentanément pris au piège entre le cul de sac et le sombral.
4 et 5 : le patronus fonctionne, piégeant une part des détraqueurs, mais deux d’entre eux s’échappent et attaquent Evan par derrière avant qu’il ne puisse se détourner.
6 : sensible au désespoir généré par les détraqueurs, le patronus d’Evan disparaît momentanément et les détraqueurs attaquent l’écrin protégeant la famille.
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Re: heartstrings x evan (terminé)
'Dé de magie' : 3
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Re: heartstrings x evan (terminé)
La nature humaine personnifiée en cette scène présente. La pulsion de mort, Thanatos, affrontant la vie, Eros. Chimères de l’âme rongeant les esprits brillants de vos personnes. L’humain, trop accaparé par ses foutues ambitions, par la perversion de ses actes, la proie facile de ces sangsues. Evan et toi avez su faire de vos traumatismes une véritable force, une noblesse rare en ce monde. La résilience, probablement.
De justesse, tu esquives un de ces voiles sombres, te baissant avec souplesse pour finalement te redresser dans un claquement sonore de ta robe, replaçant ta chevelure tressée sur ta poitrine. Tu sais le danger que représente votre présence ici. Si vous n’êtes pas capables de les repousser, vous finirez clairement vos jours enfermés à Ste-Mangouste. L’étude des effets du baiser du détraqueur sur des victimes te laisses savoir à quel point ses conséquences sont catastrophiques.
Faible lueur dans cette rue glacée, froide et désolée. La brume s’est frayée un chemin jusqu’à vous, emplissant les allées environnantes d’un nuage cotonneux dont l’esthétique pourrait être plaisante dans d’autres circonstances. L’équidé s’enquit rapidement de la première vague, suivi par le sombral, cheval décharné mais incroyablement beau. Il te rappellerait volontiers ce poème baudelairien, Une Charogne.
Les sens aiguisés, du fait des événements alentours, ne t’échappe pas cette métamorphose adéquate de ton étudiant afin d’échapper à ces terribles mercenaires. Strident, un hurlement enfantin traverse l’obscurité pour venir jusqu’à toi. Effarée, tu détournes le visage vers l’origine du bruit. Aucune vie ne devrait périr ce soir, encore moins celle d’un enfant. C’est bien pour t’en assurer que tu as mis à l’abri cette famille.
Tu t’apprêtes à faire volteface pour t’y rendre jusqu’à te rendre compte que celui que tu considères déjà comme un Auror est en quête de cet affront. La baguette levée en direction du présent afflux de détraqueurs, tu détournes le regarde pour t’assurer que tout va bien derrière toi. L’Ethelred détourne son invocation afin de les prendre au piège dans un cul de sac. Admiration perceptible dans tes iris. Tu lui lances un signe de tête afin de lui signifier que tu es prête à te joindre à lui, avec ta propre horde.
Ce que tu t’apprêtes à faire est extrêmement risqué. Tu comptes prendre des traits félins pour te faufiler sous la vague que tu tenais en respect jusque-là afin de les prendre par surprise et les repousser en direction du fameux cul de sac. Le risque est grand, Evan pourrait être mis en difficulté, toi également s’il advenait que l’action ne fonctionne pas avec efficience. Tant pis. Quelle enseignante serais-tu, à pousser tes étudiants vers l’excellence, si tu n’étais pas du genre à te confronter au pire ?
D’un signe de ta main libre, l’étalon semble s’évaporer. Sa lumière rassurante disparaît, et, avant qu’ils ne puissent reporter leur attention sur ta personne, tu sembles disparaître dans la brume, les muscles saillants, les pattes griffues martelant le sol d’un profond silence, la stature féline se hissant sous la multitude d’êtres obscurs. Enfin, tes traits reprennent ceux de l’égyptienne, le sorbier pointé en leur direction, le patronus reprend forme et les chasse vers ton acolyte.
« Evan ! » lances-tu à son encontre afin d’attirer son attention. Au dernier moment, oui, tu fais confiance en son instinct de duelliste. Cloison d’argent émanant du fier équidé dont la force permet de les maintenir en son endroit, et surtout de les repousser vers la rue close. « Je devrais pouvoir les retenir suffisamment longtemps » commences-tu en parvenant jusqu’à lui, le toisant de haut en bas, provocation de ta part, retour des signes amicaux. « Il est grand temps de faire preuve de tes talents, mon cher Evan ». Sur ce, ton regard appui nettement en direction des briques dont sont composés les immeubles de l’impasse. L’idée serait bien évidemment de les retenir, planification dont vous aviez discuté au préalable.