“under the red hood.” & Ta joue écrasée contre un tas de parchemins, ta respiration fait danser quelques poussières. Les paupières closes, tu es perdu entre un sommeil sans rêve et l’inconfort de ta position actuelle, trop engourdi pour bouger mais trop conscient pour laisser tes pensées en repos. Les longues traînées noires sont témoins des nuits d’insomnie que tu as passées, entre l’anxiété liée à la fin du semestre et l’angoisse que la vie te procure depuis quelques mois. Les horaires de bureau sont depuis longtemps dépassés, tu ne devrais même plus être là. La lune est déjà haute et souligne à travers les volets tes traits tirés de ses rayons, et étrangement, cela te fait du bien. Toi qui supportes depuis quelques mois de moins en moins sa vue, tu commences à t’adoucir, accepter ton destin malgré le futur incertain.
Le secret est lourd à porter, bien sûr. Parfois, il est insupportable, quand la paranoïa s’invite dans tes relations. Les sursauts, les sueurs froides, les regards inconfortables, tu t’en passerais bien. De cette morale qui déraille aussi, de sentir tes idées se noircir -ton instinct qui devient meurtrier à la moindre menace. Ce n’est pas la première fois que tu te trouves sur cette pente glissante, que la violence est lave dans tes veines, ton épouventard en est la preuve. Le loup et le tigre se déchirent dans tes tripes, et toi, tu es perdu. Alors tu t’accroches, tu t’accroches à tes études, tu t’accroches à ton stage. Tu te shoot à l’adrénaline, outrepasses tes limites et tes droits. Tu te dresses face à tes (futurs) collègues, quand ils prennent à la légère des pistes ou quand ils osent se laisser corrompre par la paresse. Alors tu pars à la chasse, parfois seul (on a vu où ça t’a mené) parfois accompagné, comme avec Lincoln.
Et puis il y a Grant. Cette force tranquille, ce type toujours droit, toujours incorruptible. Tu l’admires, mais depuis quelques temps c’est dur de le regarder dans les yeux. Tu lui caches tellement de choses tout en lui quémandant de la patience, un peu peureux de sa réaction s’il venait à apprendre tout tes secrets. Qu’il te vire, pire qu’il soit déçu. Tu ne sais pas s’il est ton commissaire Gordon -il était là quand tu es devenu qui tu es aujourd’hui après tout, ou si tu es le Robin de son Batman. Dick Grayson, le prodige ou Jason Todd, funambule entre la lumière et le crime, là est une question à laquelle tu ne veux pas répondre.
Peu à peu, tu te sens tiré vers le sommeil malgré tes sourcils soucieux et ta mâchoire crispée. Les souvenirs se mêlent aux cauchemars, inconscient de ce qui t’entoure pendant un instant. Puis un bruit, et tu te redresses violemment, sur tes deux pieds si vite que la chaise tombe derrière toi. Ta baguette pointée vers le bruit et le regard enflammé, tu défis la personne pendant une longue seconde avant de réaliser qu’il s’agit de nul autre que Grant Stanfield lui-même. Le souffle court, tu baisses lentement ton arme, les yeux perdus et un peu honteux. « Monsieur. »
 

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