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L'un pour l'autre... | Rose
Jeu 26 Déc 2019 - 23:17
Gaby, je sais que c'est probablement pas le moment, mais ça s'est genre mal passé avec Rose. Je... Ils se sont... Enfin, je penses que c'est mieux que tu viennes. S'il te plait... Je suis vraiment vraiment désolé. Tu sais que je le ferais pas si c'était pas important.
Il avait suffit que je lise le message pour comprendre. Et qu'importe alors ce que je faisais, il m'était impossible de ne pas y répondre, de ne pas m'excuser auprès des personnes avec qui je passais la soirée et de tout plaquer pour y aller. Pas parce qu'il s'agissait de Primerose, mais bien de Rose. Rose, pour qui j'étais maintenant réellement inquiet. Et peu de temps après la réception du message, j'arrivais quelques part dans les Highlands, près de ce que j'avais parfois entrevu comme un foyer. Et rapidement, je franchissais les mètres qui m'en séparait, pour finalement sonner, entrer, et être acceuillit par la même personne qui m'avait envoyé le sms.
***
-"Gabriel !"
La femme entra dans la pièce, et vint rapidement s'interposer entre moi et l'homme que je venais de frapper d'un réel crochet du droit. Nous nous étions emportés, enfin surtout moi, et le coup était parti tout seul. Lui, le vaissellier l'avait réceptionné, dans un vacarme qui avait attiré femmes et regards.
-"Barthélémy, ça va ?"
L'épouse s’enquerrait du bien-être de son mari, quand Prim' vint elle me tenir par les bras, comme pour s'assurer que cette lueur dans mon regard était bien ce qu'elle avait cru voir.
-"Tu... Tu m'as frappé ?" demanda l'homme, presque étonné.
-"Comment avez-vous pu lui dire ça !" hurlais-je alors dans une rage qui m'habitait, qui était tellement rare chez moi. Unique, en réalité.
-"Gaby, tes cheveux... tes yeux..."
La jeune Coldridge avait la voie presque paniqué, mais si mon regard dévia vers une glace un instant, voir ces couleurs apparaître -Du noir, rayé d'écarlate avec des touches orangées- ne m'étonnait pas vraiment. Et ne suffisait pas à me calmer.
-"Et que devais-je faire ? Accepter ? Tu sais très bien ce que j'en penses ?"
-"Espèce de..."
-"Gaby !" Les mains de la Poudlardienne serrèrent encore plus mes bras, et elle m'attirait dehors de la pièce, consciente qu'il fallait m'éloigner, désolée de m'avoir mêler à ça.
***
-"Gabriel..."
Voix plus douce, moins inquiète, la mère de Rose venait nous rejoindre alors que nous étions assis tout deux sous le péron, mon smartphone entre les mains. J'avais envoyé une quinzaine de message et tenté un nombre incalculable d'appels, mais rien n'y avait fait. La seule chose que je savais, c'est que ma soeur et mon filleul avait transplané d'ici, et que son téléphone était coupé. Et depuis le temps, je savais qu'elle ne reviendrait pas chez elle, qu'elle ne ferait pas marche arrière.
S'asseyant, la matriarche passa sa main dans mes cheveux, attirant ainsi mon regard.
-"Je suis désolé pour la vaiselle."
-"Elle est réparée." déclara-t-elle simplement. Bien sur qu'elle l'était , un réparo fut l'affaire.
-"Tu veux en parler ?"
Prim releva alors la tête vers moi, à la question de sa mère, mais la seule réponse que j'offris à ces deux personnes chères pourtant à mon coeur fut un signe de tête, signifiant un non. Je n'étais pas prêt à vivre ça ce soir. Pas prêt à entendre ces mots de la part de cet homme que j'avais si longtemps respecté, qui m'avait un jour appris certaines valeurs comme le pardon, la miséricorde,... Comment avait-il pu alors parler ainsi à sa propre fille ? Me le dire ensuite ? Trouver son attitude normale ? D'homme que je respectais, il était tombé si bas, si proche de mon père, et au fond, c'est ce qui m'inquiétais le plus. Ce soir, j'étais inquiet pour Rose, parce que je savais ce que ça faisait de se faire ainsi rejeter par sa propre famille. Mais moi, je l'avais toujours connu quand elle avait grandi dans un foyer d'amour.
-"Vous l'avez retrouvé ?"
-"Non..."
Un non qui ne me convenait pas, qui me fit me relever et redescendre les marches dans l'unique but de quitter les lieux.
-"Gabriel..."
A l'appel, je m'arrêtais, me retournais un instant vers mère et fille, laissant celle-ci ajouter l'évidence même :
-"Retrouves-les, s'il-te-plait. Je te confies mes bébés..."
Et sans un mot, je transplanais. Si Rose avait coupé son téléphone, il ne me restait plus beaucoup de solutions. Et la première était la plus évidente : chercher. J'allais commencer par le départ : chez elle.
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Re: L'un pour l'autre... | Rose
Ven 27 Déc 2019 - 16:13
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
Tout avait commencé comme à l’ordinaire, en cette veille de Noël, au sein du chaleureux foyer de la famille Coldridge. En attendant que ses aînées arrivent, Blandine et ses plus jeunes filles avaient briqué la maison du sol au plafond, ajusté les décorations, vérifié que tout était près pour accueillir la totalité de la sororité ainsi que les pièces rapportées de certaines de filles. On attendait aussi un invité de marque, et pas de moindre : le tout jeune Malachi allait vivre son premier Noël au sein de sa famille maternelle, seul garçon Coldridge depuis son grand-père. Grand père qui devait mourir d’impatience et de fierté à l’idée de retrouver le fier héritier de son patronyme, voué à disparaître si lui n’était pas apparu.
Oui, Barthélémy aurait du mourir d’impatience, et pourtant. A la place, c’était un feu bien sombre qui couvait sous les braises de son regard aussi bleu que l’était ceux de ses filles, chacune ayant hérité du regard azur de leur géniteur. Il avait retourné le problème dans tous les sens, mille et une fois, s’était confié au Très Haut dans le silence hivernal de son église, le priant de lui indiquer le chemin, la meilleure manière d’accueillir cet enfant illégitime au sein de son clan. Las, il n’avait trouvé ni réponse ni réconfort entre les murs de pierres, et n’avait pas eu le courage de demander conseil à sa femme, elle n’aurait pas compris. Elle n’avait pas la Foi comme lui, et si elle s’était convertie de bonne grâce, docile sorcière ramenée dans le giron du créateur par le pâtre charismatique, il savait que ses valeurs morales étaient bien plus éthérées que les siennes. Elle pardonnait la Blandine, elle pardonnait les erreurs de ses filles, ses précieuses, plus encore celle de son aînée si bien faite, si bien née, sorcière émérite, guérisseuse de talent, soumise au devoir familial et pourtant si prompte à le décevoir, lui. C’était peut être parce qu’il avait placé tant d’espoir en elle que la déception était si grande. Il n’avait point été sot au point d’imaginer qu’elle était restée éloignée des hommes. Il ne l’imaginait cependant pas assez bête pour se laisser engrosser par le premier quidam venu.
Et pourtant.
A l’arrivée de l’enfante prodigue et de son rejeton, il était resté en retrait, laissant aux femmes le plaisir des premières embrassades. Rose avait laissé à l’une de ses sœurs le soin de sortir Malachi de sa poussette pour prendre le temps de serrer sa mère contre elle, puis chacune de ses cadettes avec un sourire lumineux. De loin, il pouvait voir les traits fatigués de sa fille, mais ne pouvait nier l’évidence : être mère lui allait bien, elle irradiait du bonheur de la maternité épuisante mais épanouissante. Pourquoi avait elle du pour se faire se priver d’un père ? Elle n’était pas mère fille, elle lui avait expliqué que le garçon resterait dans le tableau de sa vie, sans devenir son compagnon. C’était impensable à ses yeux, et même Blandine avait grimacé, mais plus à la découverte du patronyme de ce dernier qu’à ce simulacre de famille recomposée. Les Muller, avait elle soufflé, n’étaient pas des sorciers recommandables. Barthélémy lui songea qu’un homme qui mettait enceinte sa fille sans l’épouser avant l’accouchement ne pouvait être qu’un bon à rien. Et sa fille, une imbécile. Il avait tout fait pour que cela ne soit pas le cas, pourtant. Il pensait qu’elle avait retenu toutes les leçons. Quand elle s’était approchée de lui, il avait senti son corps se raidir, mais son visage n’avait trahi aucun tourment. Il avait embrassé sa fille, comme il le faisait à chaque retrouvaille, avec tout l’amour d’un père, et avait ramené ses ouailles dans le grand salon . Il s’était promis de ne pas faire d’esclandre, de faire en sorte que ces quelques jours réunis, tous ensemble, leur fasse du bien. Les aînées n’étaient plus à la maison depuis bien longtemps maintenant, les fêtes étaient l’excuse rêvée pour se retrouver. Il avait à coeur, vraiment, de leur faire vivre un bon moment, avec la messe de minuit en point d’orgue, les louanges au Seigneur comme une promesse d’une nouvelle année de symbiose familiale.
La porte de la maison avait claqué à vingt trois heures. Rose n’irait pas à la messe ce soir, pour la première fois en vingt-huit ans de vie.
Son bébé serré dans ses bras, elle avait atterri dans Myrddin Willt District, hagarde, les yeux brûlants de larmes.
Bâtard.
Elle ne s’était pas imaginée la violence de ce mot avant qu’il ne sorte de la bouche de son père, en plein milieu d’une conversation. Une partie de ses sœurs était affairée en cuisine, surveillant la cuisson des plats qui seraient à point à leur retour de l’église, et il n’y avait que Primerose qui câlinait Malachi, pendant qu’elle expliquait avec fierté à son père et sa mère le chemin parcouru depuis sa dernière visite : le travail à l’infirmerie, ses échanges avec les enseignants, la confiance que lui offrait le doyen et les étudiants qui plaçaient leur santé entre ses mains, mais aussi sa décision de pardonner à Katherine Lewis, et enfin celle, si dure à prendre, si importante, d’offrir à Caël la possibilité de reconnaître officiellement son fils. Malachi Coldridge était à présent un Coldridge-Muller, et Dieu seul savait le chemin parcouru par la jeune femme pour ravaler son orgueil au profit d’un meilleur futur pour son fils. Elle avait cherché l’approbation dans le regard de ses parents, soucieuse de montrer qu’elle grandissait, qu’elle avait gagné en maturité malgré les épreuves de la vie.
La sentence était tombée sur son coeur comme guillotine sur sa gorge.
- Ca n’en fera pas moins un Bâtard, ma fille.
Primerose avait sursauté, elle même avait glapi et elle avait vu sa mère plonger le nez dans son verre. Elle avait battu des cils, fixant son père comme au premier jour de sa vie, les yeux arrondis par la stupéfaction. Elle lui avait demandé de répéter. Il avait persisté, et signé, le ton cinglant, le regard saurien. Vaurien. Là Rose avait senti le monde s’écrouler sous ses pieds, alors que la logorrhée de son père lui dégoulinait dessus, suitant de toute l’incompréhension tout le mépris de ce dernier pour la situation de sa progéniture souillée. D’ailleurs, il se demandait bien ce qu’il avait loupé pour que sa fille se mettre dans pareille situation. Primerose avait hurlé sur son père. Blandine l’avait supplié du regard de se taire, Rose, elle, l’avait laissé faire, le regard vide, le menton tremblant. Sans un mot, elle s’était levée, avait pris son fils dans le creux d’un bras, et ses affaires s’étaient mises à léviter dans la pièce. D’habitude, les filles magiques de la maison faisaient profil bas quand ils étaient réunis, mais à quoi bon ? Son père lui avait fait comprendre le peu d’estime qu’il avait à présent pour elle, pour eux. Alors un peu plus, un peu moins… La porte avait claqué malgré les cris des sœurs, les supplications de la mère et, dans un craquement, Rose avait disparu, pour réapparaitre ailleurs.
Dans les rues illuminées du centre ville, elle avait écrasé les larmes sur ses joues d’un revers de manche de son manteau, avant de vérifier que le petit était toujours bien habillé. Lui n’avait d’yeux que pour les lumières qui scintillaient au dessus de sa tête, babillant sans comprendre ce qu’il venait de se passer. C’était tant mieux. Rose n’aurait pas eu la force de le réconforter. Dans sa poche déjà, son portable se mettait à frémir, vibrer, remplir l’air de la sonnerie entêtante des appels, incessante. Elle éteignit l’objet, fit rétrécir ses bagages jusqu’à pouvoir les mettre dans sa poche. La magie elle, au moins, ne l’abandonnait pas. C’était toujours ça de pris. Elle avait balayé la rue du regard, s’était assise sur un banc un long moment, dans la rue déserte. Elle avait observé les ombres qui se découpaient au travers de certaines fenêtres , laissant deviner les festins, les embrassades, les moments partagés, et elle eut froid. Pourtant, elle resta là jusqu’à ce que sonne minuit, et que le petit garçon se mette à ronchonner. Il était tard, il avait besoin de dormir. Sans plus réfléchir, elle s’était mise en marche en direction du Phare. Ses colocataires n’y étaient pas, en théorie. Comme tout le monde, elles étaient en famille pour le réveillon. Tout le monde sauf elle.
- … Tu n’es pas avec Holly ?
Une question, simple, détonnant avec la complexité de la situation. Sur le perron de la maison, prêt à s’en aller, Gabriel la toisait de toute sa hauteur, plus les trois marches que les séparaient. Elle ne comprenait pas ce qu’il faisait là. Il fallait dire qu’elle n’était plus apte à comprendre grand-chose, c’était le cerveau reptilien qui avait pris le pas sur le reste, concentré sur l’essentiel, occultant les sentiments : Nourrir Bébé, coucher Bébé. Dormir. Espérer ne jamais se réveiller.
- … Qu’est ce que tu fais là ?
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
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Re: L'un pour l'autre... | Rose
Ven 27 Déc 2019 - 23:17
-"Rose ! Rose !"
Je tapais à sa porte, mais rien. Personne ne répondait. Pourtant, il fallait que j'en ai le coeur net. Alors si vous vous demandez jusqu'à quel point je suis capable d'aller, je ne vous répondrais qu'une chose, la seule que mon esprit prononca mentalement en l'instant, ma baguette virevoltant à la hauteur de la poignée de cette fichue porte. Puis, j'en actionnais le mécanisme, et poussait celle-ci pour entrer.
Violation de vie privée ? Tentative d'effraction ? Rien à foutre. Rien du tout. C'est pas comme si j'étais le fils d'un fumier de bas-étage, tout droit sorti d'un orphelinat après tout. Avec en prime pour la soirée une coloration de cheveux à la junky. Les lumières éteintes ne le furent pas longtemps, et connaissant les lieux, je me dirigeais d'instinct vers les endroits les plus probables : chambre de Malachi, de Rose, salle de bains,... mais rien. Elle n'était pas ici, ni même Malachi. La maison était rangée impeccablement et toutes les affaires du fils étaient dans l'armoire. Seule déduction logique : elle n'était donc pas encore passé par ici. Seul ennui : ça n'allait pas me faciliter la vie. Mes yeux cherchaient des indices, tandis que mon cerveau reflechissait à d'autres possibilités : Marcus, Caël, le domaine Nampara... Toutes de potentielles idées qui avaient pu traverser son esprit, mais pour chacunes, une part de mon esprit me retenait : ma soeur n'aurait pas afficher cette faiblesse. Ça laissait à peu près tous les pubs présents dans ce putain de pays. Et je ne vous parle là que des bars. Conneries de merde. J'avais pas le temps de fouiller tout ça à l'aveuglette. Il allait me falloir de l'aide, et là tout de suite, même si c'était dérangé les De Launay dans une soirée privée que j'avais prévu de respecter, je ne voyais que le petit frère d'Holly pour m'aider. Peut-être qu'il connaîtrait un sort pour localiser Rose.
Virevoltant à nouveau, je venais éteindre les lumières, fermer la porte et entreprit de faire chemin inverse, dévalant le couloirs à enjambées rapides pour sortir en ajustant ma veste.
- … Tu n’es pas avec Holly ?
Le son de sa voix me fit m'arrêter net, relevant la tête dans sa direction. Elle était là, à quelques mètres, et l'espace d'un instant, ma vie s'arrêta nette. Une fraction de seconde qui semblait en durer mille, dessinant de très légères ligne dorée dans ma chevelure déjà multicolore. Et sur la fin de la même seconde, je transplanais de la distance qui nous séparait.
- … Qu’est ce que tu fais là ?
Arrivant face à elle, sans un mot, ma main droite venait épouser sa joue, séparant celle-ci de sa chevelure dorée, sentant par la même l'humidité qui l'avait souillé. Ou était-ce ce que mon esprit trouvait là de plus logique à me faire sentir ? Sur le même moment, mon front vint embrasser le sien et ma main droite se poser sur le front de Malou. Aucun des deux n'avaient de fièvre, mais les deux avaient ce que je craignais le plus : froid. Et seulement là, je prenais le temps d'expirer, un voile de brume se dessinant alors entre nous.
Mes yeux s'ouvrirent sur les siens, et la teinte enragée qui les habitaient jusqu'à maintenant disparue, au détriment de mes cheveux. Comment répondre à ses questions, alors que mon cœur était en ce moment précis juste soulagée d'avoir retrouvé ces êtres si chers à mon âme, ces deux merveilles que la vie m'avait juste donné la chance de connaitre ? Parce que je ne le savais pas, en était incapable là maintenant, mon bras droit se contenta de passer sur ses épaules et le gauche de venir soutenir ses genoux, la prenant telle une nouvelle mariée. J'avais confiance en elle pour tenir Malachi. Elle était ce genre de mère, qui malgré l'adversité d'un moment pareil, saurait tenir son fils fermement. Et les emmenant, j'entrepris de gravir une nouvelle fois ces marches. J'entrais dans l'appartement, allumer les lumières sur ma route au possible, avec eux dans mes bras, et vint la déposer délicatement sur le sofa.
Tout aussi précautionneusement, je venais la décharger de son petit homme. J'allais m'occuper de m'assurer qu'il allait bien, qu'il retrouve la quiétude de son lit, de ses doudous après avoir ingurgité un biberon dont je savais l'emplacement dans le frigo et reçu les soins nécessaires à la préparation d'un sommeil mérité. Un long moment, où l'ainée des Coldridge pourrait se reposer, se ressourcer, se perdre avec elle-même avant que je ne vienne la retrouver, deux tasses de chocolats chaud en main. Juste avant cependant, un message parti à l'intention de sa soeur et de sa mère, afin d'informer les deux que nos sources d'inquiétudes communes étaient retrouvées. M'asseyant à même le sol, je déposais les tasses de chocolat sur la table basse du salon, et vint planter mon regard dans le sien une nouvelle fois, toujours enfermé dans un mutisme qui ne s'était pas produit depuis tellement d'années.
Je tapais à sa porte, mais rien. Personne ne répondait. Pourtant, il fallait que j'en ai le coeur net. Alors si vous vous demandez jusqu'à quel point je suis capable d'aller, je ne vous répondrais qu'une chose, la seule que mon esprit prononca mentalement en l'instant, ma baguette virevoltant à la hauteur de la poignée de cette fichue porte. Puis, j'en actionnais le mécanisme, et poussait celle-ci pour entrer.
Violation de vie privée ? Tentative d'effraction ? Rien à foutre. Rien du tout. C'est pas comme si j'étais le fils d'un fumier de bas-étage, tout droit sorti d'un orphelinat après tout. Avec en prime pour la soirée une coloration de cheveux à la junky. Les lumières éteintes ne le furent pas longtemps, et connaissant les lieux, je me dirigeais d'instinct vers les endroits les plus probables : chambre de Malachi, de Rose, salle de bains,... mais rien. Elle n'était pas ici, ni même Malachi. La maison était rangée impeccablement et toutes les affaires du fils étaient dans l'armoire. Seule déduction logique : elle n'était donc pas encore passé par ici. Seul ennui : ça n'allait pas me faciliter la vie. Mes yeux cherchaient des indices, tandis que mon cerveau reflechissait à d'autres possibilités : Marcus, Caël, le domaine Nampara... Toutes de potentielles idées qui avaient pu traverser son esprit, mais pour chacunes, une part de mon esprit me retenait : ma soeur n'aurait pas afficher cette faiblesse. Ça laissait à peu près tous les pubs présents dans ce putain de pays. Et je ne vous parle là que des bars. Conneries de merde. J'avais pas le temps de fouiller tout ça à l'aveuglette. Il allait me falloir de l'aide, et là tout de suite, même si c'était dérangé les De Launay dans une soirée privée que j'avais prévu de respecter, je ne voyais que le petit frère d'Holly pour m'aider. Peut-être qu'il connaîtrait un sort pour localiser Rose.
Virevoltant à nouveau, je venais éteindre les lumières, fermer la porte et entreprit de faire chemin inverse, dévalant le couloirs à enjambées rapides pour sortir en ajustant ma veste.
- … Tu n’es pas avec Holly ?
Le son de sa voix me fit m'arrêter net, relevant la tête dans sa direction. Elle était là, à quelques mètres, et l'espace d'un instant, ma vie s'arrêta nette. Une fraction de seconde qui semblait en durer mille, dessinant de très légères ligne dorée dans ma chevelure déjà multicolore. Et sur la fin de la même seconde, je transplanais de la distance qui nous séparait.
- … Qu’est ce que tu fais là ?
Arrivant face à elle, sans un mot, ma main droite venait épouser sa joue, séparant celle-ci de sa chevelure dorée, sentant par la même l'humidité qui l'avait souillé. Ou était-ce ce que mon esprit trouvait là de plus logique à me faire sentir ? Sur le même moment, mon front vint embrasser le sien et ma main droite se poser sur le front de Malou. Aucun des deux n'avaient de fièvre, mais les deux avaient ce que je craignais le plus : froid. Et seulement là, je prenais le temps d'expirer, un voile de brume se dessinant alors entre nous.
Mes yeux s'ouvrirent sur les siens, et la teinte enragée qui les habitaient jusqu'à maintenant disparue, au détriment de mes cheveux. Comment répondre à ses questions, alors que mon cœur était en ce moment précis juste soulagée d'avoir retrouvé ces êtres si chers à mon âme, ces deux merveilles que la vie m'avait juste donné la chance de connaitre ? Parce que je ne le savais pas, en était incapable là maintenant, mon bras droit se contenta de passer sur ses épaules et le gauche de venir soutenir ses genoux, la prenant telle une nouvelle mariée. J'avais confiance en elle pour tenir Malachi. Elle était ce genre de mère, qui malgré l'adversité d'un moment pareil, saurait tenir son fils fermement. Et les emmenant, j'entrepris de gravir une nouvelle fois ces marches. J'entrais dans l'appartement, allumer les lumières sur ma route au possible, avec eux dans mes bras, et vint la déposer délicatement sur le sofa.
Tout aussi précautionneusement, je venais la décharger de son petit homme. J'allais m'occuper de m'assurer qu'il allait bien, qu'il retrouve la quiétude de son lit, de ses doudous après avoir ingurgité un biberon dont je savais l'emplacement dans le frigo et reçu les soins nécessaires à la préparation d'un sommeil mérité. Un long moment, où l'ainée des Coldridge pourrait se reposer, se ressourcer, se perdre avec elle-même avant que je ne vienne la retrouver, deux tasses de chocolats chaud en main. Juste avant cependant, un message parti à l'intention de sa soeur et de sa mère, afin d'informer les deux que nos sources d'inquiétudes communes étaient retrouvées. M'asseyant à même le sol, je déposais les tasses de chocolat sur la table basse du salon, et vint planter mon regard dans le sien une nouvelle fois, toujours enfermé dans un mutisme qui ne s'était pas produit depuis tellement d'années.
Rose Coldridge, tu viens de me faire la plus grande peur de ma vie.
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Lun 30 Déc 2019 - 19:07
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
Rose avait dévisagé Gabriel sans comprendre. L’avait vu disparaître du porche pour réapparaitre à ses cotés en un battement de cil. N’avait pas sursauté au contact familier de sa main chaude contre sa joue froide, tout juste avait elle cligné des yeux, les sourcils haussés. Puis elle les avait fermé, ses jolis yeux, quand le front de son presque frère avait touché le sien, son coeur s’emballant à nouveau. De loin, la scène paraissait surement terriblement romantique, ces deux jeunes gens se faisant face, se touchant, s’étreignant dans la fraicheur de la nuit de Noël. De près, c’était tragique, Il y avait de la fatigue, de la faim, de la tristesse, tellement de tristesse… La détresse lui étreignait la gorge, rendant la Coldridge silencieuse : une seule syllabe et tout basculerait, les vannes seraient ouvertes, elle ne retiendrait plus rien. Elle tenait, encore, au moins dans sa tête, alors que son corps tombait en poupée de chiffon dans les bras fort de Gab’. Elle s’était mise à trembler, mais elle ne pleurait pas. Dans sa tête, un nuage de sons, d’images et d’odeur, et cette impression persistante que tout cela n’était pas réel, ne pouvait Pas être réel.
Déposée sur son canapé en douceur, elle n’avait pas eu d’autre choix que de laisser Malachi à son parrain, le voyant s’éloigner au loin dans un babillement joyeux tranchant avec le naufrage de sa mère. Echouée entre les coussins, Rose avait froid, malgré la douceur de l’habitacle. Elle avait quitté son écharpe, son manteau et son bonnet, qu’elle avait posé sans précaution sur un fauteuil, et qui à présent gouttaient tristement sur le parquet. Elle n’avait pas le courage d’invoquer une serpillière, elle s’en occuperait demain. La tête sur un coussin, elle avait fermé les yeux, ecoutant les bruits familiers de la porte du frigo, de la minuterie du micro onde, les murmures de Gabriel à destination de son filleul. Ses pas dans l’escalier, ensuite, pour coucher l’enfant. Elle aurait voulu s’endormir, apaisée par la mélopée des lieux communs et des habitudes, mais son coeur en avait décidé autrement, frôlant la tachycardie, symptôme premier d’une crise d’angoisse sans précédent. Elle s'appliquait à respirer, lentement, inspirant à s’en éclater les poumons, expirant en contractant le ventre. Ça n’allait pas mieux. Cela n’irait plus jamais mieux ?
Elle observa la tasse de chocolat chaud sur la table, sans la prendre. Elle se sentait vide, vide de toute énergie, la tristesse dévorant tout à l’intérieur. Elle fixa l’arrière du crâne de son ami longuement, laissant les mots de ce dernier s’envoler comme des bulles dans ses oreilles, explosant au fond de sa tête sans y trouver le moindre sens. Plus rien n’en avait.
- Je ne vois pas pourquoi … J’ai juste…
Un soupir, triste comme le monde. Elle n’avait même pas envie de terminer sa phrase, tant il y avait à dire. Elle ne savait pas par où commencer, ni même sur quoi poursuivre, et encore moins comme la finir, cette foutue phrase qui était sensée résumer le désastre. Comme prévu, les larmes remontèrent, encore. Elle aurait voulu les ravaler, comme elle avait réussi à le faire devant son père. En vain. Acculée au fond de son fauteuil, elles dévalaient sur ses joues en cascade, s’immisçant dans les ridules discrètes au coin de ses yeux, passant la commissure de ses lèvres pour les assaisonner de sel humide. Ses épaules tressaillaient, à intervalle régulier. Elle était incapable de le contrôler, aussi elle détournait la tête, pudiquement, sottement aussi. Gabriel l’avait déjà vu pleurer, plus d’une fois, pourquoi celle-ci serait différente ? Peut être parce qu’il s’agissait là d’un nouveau chagrin, tout neuf, qui n’appartenait pour l’instant qu’à elle. Un chagrin d’amour, un grand amour s’il en était, qu’elle savait avoir perdu, peut être pour toujours.
- Je suis désolée de t’avoir inquiété…
C’était sincère, mais il y avait tellement de choses qu’elle regrettait ce soir, qu’elle ne savait même pas par où commencer. Alors elle pleurait, encore, toujours.
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Mar 31 Déc 2019 - 15:03
Mes yeux fuirent parfois les siens, incapable de voir les larmes qu'ils affichaient. Et à chaque fois, le sommet de mes métacarpes me faisaient. Endroit de l'impact avec la joue du père de Rose, ces bosses étaient encore rougies de la violence que j'avais ressenti sur le moment. J'exprimais à demi-mot mon inquiétude, et restait pourtant là, à regarder par à-coups ma soeur de coeur. Et chaque fois, pour chacune de ses gouttes qui abîmaient son visage, mon âme venait haïr l'homme qui en était responsable. Mais alors qu'elle se laissait vraiment aller, des teintes blanches se dessinaient dans les cheveux, rayant ma chevelure qui l'était déjà tant. Prenant appui sur mon genou, je me rapprochais à nouveau, posait ma main chaude sur sa joue libre.
-"Chuuut..."
D'aucuns lui auraient dit de ne pas pleurer, pas moi. Parce qu'au fond, à chaque fois que j'avais entendu la ceinture de mon père, vu son mépris dans le regard, j'avais pleuré. Comme elle, marqué à jamais dans l'âme par un être initialement conçu pour protégé et chérir. J'imaginais sa peine, et dans ses larmes, je voyais l'expression de celles-ci. Dès lors, les laisser couler était important, crucial pour qu'ensuite elle puisse avoir une chance de se reconstruire.
Fermant les yeux, posant de nouveau mon front contre le sien, je voulais lui envoyer ce message, le même que toujours : "Je suis là. Je le serais toujours...", mais aucun mot n'était nécessaire pour exprimer cette idée. Cela se dégageait déjà de ma présence, maintenant, à ses cotés.
-"Laisse-les couler. Laisses-les aller."
Murmure pour nos seules oreilles, je voulais la rassurer. Je ne la jugeais pas. Mon inquiétude n'était pas de son fait, tout en la concernant au plus haut point. Et malgré ma haine de l'instant, une part de moi restait convaincu qu'au fond, un jour, son père passerait outre, se raviserait, et que ma Rose serait de nouveau heureuse. Je savais que malgré les larmes, la joie était encore possible. Seulement, lorsque la tempête fait rage, on ne pense jamais au soleil.
-"Chuuut..."
D'aucuns lui auraient dit de ne pas pleurer, pas moi. Parce qu'au fond, à chaque fois que j'avais entendu la ceinture de mon père, vu son mépris dans le regard, j'avais pleuré. Comme elle, marqué à jamais dans l'âme par un être initialement conçu pour protégé et chérir. J'imaginais sa peine, et dans ses larmes, je voyais l'expression de celles-ci. Dès lors, les laisser couler était important, crucial pour qu'ensuite elle puisse avoir une chance de se reconstruire.
Fermant les yeux, posant de nouveau mon front contre le sien, je voulais lui envoyer ce message, le même que toujours : "Je suis là. Je le serais toujours...", mais aucun mot n'était nécessaire pour exprimer cette idée. Cela se dégageait déjà de ma présence, maintenant, à ses cotés.
-"Laisse-les couler. Laisses-les aller."
Murmure pour nos seules oreilles, je voulais la rassurer. Je ne la jugeais pas. Mon inquiétude n'était pas de son fait, tout en la concernant au plus haut point. Et malgré ma haine de l'instant, une part de moi restait convaincu qu'au fond, un jour, son père passerait outre, se raviserait, et que ma Rose serait de nouveau heureuse. Je savais que malgré les larmes, la joie était encore possible. Seulement, lorsque la tempête fait rage, on ne pense jamais au soleil.
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Ven 3 Jan 2020 - 17:21
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
Dans le calme paisible de la maison vide, Rose essayait de caler sa respiration erratique sur celle de Gabriel. Blottie contre lui, ses épaules raidies s’affaissant progressivement, son corps se faisant de chiffon contre le torse du jeune homme. A la manière d’une marée qui se retire, l’énergie animale qui avait permis à Rose de tenir le coup se dissolvait dans ses larmes, la laissant exsangue, sans force. Elle se sentait soudain tellement lasse, tellement fatiguée de tout. Lentement, son cerveau commençait à appréhender les conséquences des dernières heures passées, s’épouvantant entre deux sanglots. En quelques phrases assassines, son père l’avait répudié, avait renié sa valeur jusqu’aux racines même de leur relation. Elle le savait à présent, elle n’avait pas de père. L’homme de sa vie, le premier en tout cas, celui qui aurait du être le dernier aussi, lui fermait la porte, à son tour. D’abord Marcus, qui s’était mis à genou, qui lui avait promis de rester, pour le meilleur et le pire, qui avait passé le premier anneau à son doigt, contre vent, marée et mœurs rétrogrades, et maintenant son Père, celui qui l’avait élevé, aimé, baptisé, qui lui avait tout appris ou presque, celui qui l’avait construite, comme on sculpte dans l’argile meuble… La phrase de Gabriel vint percuter la bulle de ses pensées sombres, promesse lumineuse luttant contre ses sombres conclusions.
- Je n’arrive pas à y croire Gab’… Si même mon père ne veut pas de moi … de Malou et moi … Qu’est ce que je suis …
Elle avait soufflé sa question dans un murmure rhétorique, les yeux clos tant le sel les brûlait. Elle aurait aimé que Gabriel puisse lui répondre, mais y avait il une véritable réponse à sa question ? Elle avait cru mourir, la première fois, quand Marcus lui avait fait ses adieux sous le soleil brûlant de l’été. Elle avait eu envie de mourir, et pourtant, elle avait tenu. Courageusement, un peu clopin clopant, elle avait taché d’anesthésier son coeur bleui, avait presque eu l’impression que ça avait fonctionné. Elle était sortie, avait vécu, un peu, rencontré des gens, aussi, pris des décisions importantes, beaucoup. Elle avait arrêté de sentir son coeur lourd au réveil. Elle avait souri, d’abord de façade, puis un peu plus naturellement, au contact de ceux qui restaient. Elle pensait sincèrement que lentement, mais surement, cela irait mieux.
Cela n’allait pas mieux.
Barthélémy lui portait une estocade au coeur dont elle ne savait si elle pourrait se remettre. Il était son père, son Père, son papa, l’être qu’elle avait toujours cherché à rendre fier, dont elle avait cherché l’amour bien après avoir réglé son Oedipe, son modèle de vertu, de droiture, une idole matérielle qui l’écrasait à présent du talon. Les sanglots redoublèrent, la respiration, erratique, était symptome d’une panique grandissante. Elle n’arrivait pas à se calmer. Elle avait l’impression que son coeur n’allait plus en finir de la torturer, jusqu’à se déchirer en deux comme un vieux morceau de tissu usé.
- Je ne veux pas finir toute seule, Gab.. Je veux… Je sais pas si … Si je pourrais… Comment je pourrais me débrouiller sans lui… Je ne peux pas, je sais pas faire…
Mots familiers à l’oreille du métamorphomage, écho de ceux murmurés déjà des mois auparavant. Parlait elle toujours de la même personne ? Peut être, ou peut être pas. Elle resserra ses doigts contre le poignet du jeune homme, soupirant d’un dépit traduisant tout le malheur du monde, jusqu’à un souffle inattendu.
- … J’ai oublié tous les cadeaux du petit là bas… Seigneur… Oh non ...
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Mer 8 Jan 2020 - 11:06
Il y a longtemps...
-"Maman. Pourquoi tu pleures ?"
-"Tais-toi !"
-"Mais maman, pourquoi t'es triste ?"
La claque frappa sur joue, marquant mon visage de l'empreinte des doigts de celle qui m'avait mis au monde. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien.
-"Si tu n'avais pas existé, il n'aurais jamais su la vérité. JAMAIS !"
24 décembre 2019
- Je n’arrive pas à y croire Gab’… Si même mon père ne veut pas de moi … de Malou et moi … Qu’est ce que je suis …
Mon visage se peinait de te voir ainsi. Innocente, rejetée, perdue. Mon esprit se rappelait de mon enfance, mon âme te comprenait tellement. Et pourtant, j'avais quelque part la conviction que ton chagrin était pire, croyance qui se nourrissait du fait que moi, père et mère ne m'avait jamais aimé. Pas une fois. Toujours j'avais été à leurs yeux le déchet, l'erreur humaine, la vérité derrière le mensonge. Mais je comprenais, j'entendais ce que tu disais, et l'étreinte que je t'offris était unique dans ce sens. Si je voulais être fort pour toi, un instant la peine traversa mon visage, rayant mes joues des mêmes larmes, de la même tristesse. Un instant, je ne savais plus quoi dire, non pas parce que je n'avais pas de réponses, mais parce que te voir ainsi me rappelait la pire époque de ma vie.
- Je ne veux pas finir toute seule, Gab.. Je veux… Je sais pas si … Si je pourrais… Comment je pourrais me débrouiller sans lui… Je ne peux pas, je sais pas faire…
Complainte difficile, je reste muet, attentif à toi. Ma main caline ton omoplate, et je veux que tu saches que je serais là, toujours. Au fond de mon être, j'aimerais te dire, te promettre, que je remplacerais ton père, mais comment le pourrais-je ? Comment pourrais-je même envisager de prononcer des mots ainsi ? Ton père sera toujours ton père, et toi, tu te débrouilles déjà sans lui depuis si longtemps. Ton esprit ne s'accrochait qu'à un idéal qui n’existait plus, qui s'effritait de jours en jours, qui disparaissait progressivement de semaines en semaines.
-"Rose..."
Murmure doux, je ne sais comment continuer cette phrase qui commence. Quatre lettres suffisent à ma voix pour exprimer ma peine à ton égard, mais pas pour te dire tout ce que je voudrais. Je me rappelle de toi, de nous, à Poudlard. Vous me tendiez la main, toi et Abi, à votre façon à moi qui était le petit muet, le plus timide de toute l'école trois années de suite. Jamais vous n'avez abandonnés. J'aimerais tant te remercier pour ce cadeau que vous m'avez fait, mais j'en suis incapable à l'instant. Aucun mot ne convient, aucune parole ne pourrait t'apporter une once de consolation.
- … J’ai oublié tous les cadeaux du petit là bas… Seigneur… Oh non ...
Sonorité fatidique, mon âme se délie enfin pour te répondre, d'un timbre toujours aussi doux :
-"Ne t’inquiètes pas. J'irai les chercher..."
Quand tu t'endormiras, quand je serais sur que tu auras vider ta peine pour la journée. Car elle restera, c'est évident. Blessure affective, elle marquera ton coeur au fer rouge du sentiment de trahison que tu ressens. Elle marquera ton âme aussi profondément que tes larmes sont réelles à présent. Je regrette de te voir ainsi, que tu doives subir ça. Si j'avais su, je t'en aurais protégé, toi qui comptait tellement à mes yeux.
Ces mots étaient aussi une promesse. Aussi longtemps que ton coeur mettrait à accepter ce qui venait de se produire, tu n'aurais pas à le revoir, à souffrir ainsi. Je serais là, je t'aiderais, je te soutiendrais.
-"Ca va aller..."
Murmure, une autre promesse. Grace à toi, j'avais remonté la pente à mon adolescence. Si je ne savais comment te le dire, je savais que je ne te laisserais pas la glisser totalement, pour toi et aussi pour Malachi. Tu étais une femme forte, la soeur qui m'avait toujours porté, ma famille à un titre bien plus honorable que n'importe quel lien de sang. Alors je souhaitais, je voulais, que tu ailles mieux. Prenant la tasse de chocolat, je ramenais mon bras la tenant vers toi, et disait délicatement :
-"Bois ça. Ca va te faire du bien..."
Au moins un peu.
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Dim 12 Jan 2020 - 13:40
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
Lentement, Rose commençait à réaliser la situation, quittant son état de choc pour assimiler progressivement la situation. Battements de cœur coordonnés à ceux de Gabriel qui la tenait encore fermement dans ses bras, comme si il eut peur qu’elle se dissolve, qu’elle s’effrite comme un château de sable. Elle posa le front dans le cou du jeune homme, fermant les yeux un moment, la scène se reproduisant derrière ses paupières closes. Aurait elle dû réagir autrement ? Aurait elle du ignorer les insultes, balayer tout ce jugement, cette violence d’un sourire complaisant ? Elle n’aurait pas été capable de le faire. Aurait elle du laisser sa mère et ses sœurs la défendre ? A quoi bon. Le schisme avec son paternel s’était fait quand elle avait eu le courage de leur annoncer la vérité sur la parentalité du petit, les raisons de la brutalité de la rupture de ses fiançailles avec Marcus. Il avait été sur la réserve depuis, malgré les efforts de sa fille pour l’inclure dans la vie de son petit fils. La mère de Rose n’avait pas été tendre, mais avait accepté la chair de sa chair sans condition. Le petit n’avait rien à voir avec les agissements de sa mère, elle avait su faire la part des choses. Son père… Elle ne comprenait pas, et en même temps comprenait trop. Elle le savait droit comme la justice, implacable dans sa vision de ce que devait être les choses dans une vie. Simplement, elle avait espéré que l’amour filial supplanterait tout le reste. De toute évidence, cela ne serait pas le cas.
- Je … Merci …
Elle n’avait plus assez de mots dans son vocabulaire pour dire à Gabriel tout ce qu’elle ressentait. Elle ne savait pas si ils existaient d’ailleurs, en anglais, en latin, en sanskri, ces mots pour décrire ce qu’il se passait dans son cœur à cet instant. Alors son corps parlait pour elle, se serrant plus fort contre le jeune homme, naufragé agrippé à son ultime bouée de sauvetage. Malgré la proximité entre eux, rien de sensuel, rien de lascif. L’intimité des deux jeunes gens se faisait quasi gémellaire, amour siamois, plus encore que fraternel, alors qu’il l’enjoignait de se redresser, un peu, pour boire à défaut de se nourrir. Il ne le lui avait même pas proposé d’ailleurs, surement conscient qu’elle serait incapable d’avaler quoi que ce soit. Elle se saisit du mug sans grande conviction. L’odeur sucrée eut le mérite de ne pas lui retourner l’estomac tout de suite, et elle plongea les lèvres dans le liquide chaud, sans être brûlant. Gabriel faisait les choses bien, comme toujours. Le liquide sirupeux lui tira un frisson, choc du chaud et du froid à l’intérieur, alors que son regard se perdait à nouveau dans la contemplation de la table basse, la tête ailleurs. Difficile pour elle de s’ancrer dans le présent, quand le futur lui paraissait à présent tellement incertain. Elle était désemparée, perdue et, instinctivement, gardait la main de son frère dans la sienne, comme pour s’assurer qu’il n’allait pas brusquement disparaitre, lui aussi. Soudain, une question émergea de sa gorge, la voix rauque d’avoir tant pleuré, le regard encore un peu vague.
- Comment tu as su ? Comment tu as su que je serais là ce soir ?
Après tout, il lui était tombé dessus comme un ange descendu du ciel, personne ne savait pas son départ, en dehors des principaux concernés. Comment aurait il pu avoir l’information si vite ? Elle avait bien une idée, mais puisqu’aujourd’hui, la réalité dépassait largement la fiction, elle préférait s’en assurer …
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Mer 15 Jan 2020 - 0:02
- Je … Merci …
Accepté, et pourtant inutile. Les remerciements n'existent plus entre nous, et sont pourtant notre lot quotidien, ritournelle inlassable de notre amitié basée sur ce que ton propre père nous a jadis appris. Je me rappelle de sa définition, tirée de la Bible, de l'amitié. Je me souviens, en te voyant ainsi, de la portée de celle-ci, de ce qu'elle avait toujours représenté pour moi. "Un frère né pour les jours de détresse..." Ce que j'avais toujours souhaité être pour toi, depuis que vous m'aviez sorti de mon mutisme. Et tu le méritais tant, parce que tu avais été celle qui, de nous deux, avait fait le premier pas. La première à agir ainsi.
En réponse à ce Merci, ma tête vint en silence se reposer sur la tienne. Etrangement, j'aimerais être une autre personne. J'aimerais être celui que ton coeur désire, cet être que tu aimes au plus profond de toi, pouvoir te rassurer, t'enlacer, te donner tout ce que tu mérites et plus encore. Je regrette que tu n'aies au final que moi actuellement. Parce que cette vérité n'est pas la seule, pas l'unique et surtout pas la vraie. Rose Coldridge, s'il te plait, n'oublies pas que tu as une famille, des amis, des gens qui t'aiment. Même ton père, à sa façon t'aime. Je le sais, je ne le sais que trop bien parce que je sais ce par quoi se traduit l'inverse.
- Comment tu as su ? Comment tu as su que je serais là ce soir ?
Je soupire, mon regard se portant sur ma main encore douloureuse.
-"Primrose..."
Ma main se refermait sur ton épaule, caressant celle-ci dans l'unique but de réchauffer l'amie que tu étais, de te rassurer à la manière du frère que je voulais être, que j'aurais pu être.
-"Elle m'a appelé quand tu as transplané. J'ai été..."
Et j'ai regretté d'avoir refusé l'invitation à être à la table des Coldridge ce soir.
-"J'ai encore mal à la main."
Je ne mentais jamais. Mais il demeurait dur à avouer à cet être aimé d'une façon si particulière que j'avais décoché une droite à son père, digne de mes plus grande colère. Impossible d'expliquer que ma métamorphomagie s'était exprimée d'une façon si violente ce soir, unique, et en gardait encore les traces.
-"Ensuite, puisque je n'arrivais pas à t'avoir, j'ai choisi de commencer les recherches ici. La suite, tu la connais..."
Je m'en voulais. Profondément. Parce que j'aurais du être là. Parce que j'aurais pu m'opposer, la protéger, même si de mon avis, ce n'était pas à moi de le faire. J'aurais explosé tout autant, mais devant elle et elle serait encore avec ses soeurs pour l'entourer.
Accepté, et pourtant inutile. Les remerciements n'existent plus entre nous, et sont pourtant notre lot quotidien, ritournelle inlassable de notre amitié basée sur ce que ton propre père nous a jadis appris. Je me rappelle de sa définition, tirée de la Bible, de l'amitié. Je me souviens, en te voyant ainsi, de la portée de celle-ci, de ce qu'elle avait toujours représenté pour moi. "Un frère né pour les jours de détresse..." Ce que j'avais toujours souhaité être pour toi, depuis que vous m'aviez sorti de mon mutisme. Et tu le méritais tant, parce que tu avais été celle qui, de nous deux, avait fait le premier pas. La première à agir ainsi.
En réponse à ce Merci, ma tête vint en silence se reposer sur la tienne. Etrangement, j'aimerais être une autre personne. J'aimerais être celui que ton coeur désire, cet être que tu aimes au plus profond de toi, pouvoir te rassurer, t'enlacer, te donner tout ce que tu mérites et plus encore. Je regrette que tu n'aies au final que moi actuellement. Parce que cette vérité n'est pas la seule, pas l'unique et surtout pas la vraie. Rose Coldridge, s'il te plait, n'oublies pas que tu as une famille, des amis, des gens qui t'aiment. Même ton père, à sa façon t'aime. Je le sais, je ne le sais que trop bien parce que je sais ce par quoi se traduit l'inverse.
- Comment tu as su ? Comment tu as su que je serais là ce soir ?
Je soupire, mon regard se portant sur ma main encore douloureuse.
-"Primrose..."
Ma main se refermait sur ton épaule, caressant celle-ci dans l'unique but de réchauffer l'amie que tu étais, de te rassurer à la manière du frère que je voulais être, que j'aurais pu être.
-"Elle m'a appelé quand tu as transplané. J'ai été..."
Et j'ai regretté d'avoir refusé l'invitation à être à la table des Coldridge ce soir.
-"J'ai encore mal à la main."
Je ne mentais jamais. Mais il demeurait dur à avouer à cet être aimé d'une façon si particulière que j'avais décoché une droite à son père, digne de mes plus grande colère. Impossible d'expliquer que ma métamorphomagie s'était exprimée d'une façon si violente ce soir, unique, et en gardait encore les traces.
-"Ensuite, puisque je n'arrivais pas à t'avoir, j'ai choisi de commencer les recherches ici. La suite, tu la connais..."
Je m'en voulais. Profondément. Parce que j'aurais du être là. Parce que j'aurais pu m'opposer, la protéger, même si de mon avis, ce n'était pas à moi de le faire. J'aurais explosé tout autant, mais devant elle et elle serait encore avec ses soeurs pour l'entourer.
Pardonne-moi, Rose...
Pardonne-moi cette absence égoïste.
Pardonne-moi cette absence égoïste.
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Ven 17 Jan 2020 - 13:03
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
La réponse de Gabriel tenait en un mot, une évidence et pourtant, un soupir de soulagement face à une réponse qui, pour une fois, faisait sens : Primrose, sa petite sœur, la seconde sorcière de la famille. Prim et elle partageaient bien des choses, en plus de leurs qualités magiques. Elles avaient dix ans d’écart, elle avait été des années durant sa petite maman, et le lien qu’elle avait avec l’adolescente justifiait qu’elle ait été la première a appelé Gabriel après le désastre. Elle serait la première qu’elle appellerait, quand elle en aurait la force. Mais pas tout de suite, pas maintenant.
- Mal à la main ? Tu étais pas obligé d’essayer de casser la porte tu sais, s’amusa timidement la jeune femme, ignorant que le geste inhabituellement brutal de son presque frère avait été à destination du visage de son paternel.
Elle releva la main de Gab à sa bouche, embrassant ses phalanges avant de les frotter du bout des doigts.
- Bisou Magique. Testé et approuvé de génération en génération, mieux que le poussos’ ou l’episkey.
Les réponses de Gabriel étaient simples, évidentes, par conséquent rassurantes. Gabriel, c’était le bon sens, enfin un peu de logique et de pragmatisme dans cette vie qui semblait s’en défaire vitesse grand V. Le phare dans la tempête, la constance malgré les vents contraire. La jeune femme reprit une gorgée de boisson, soupira à nouveau. Se demanda si elle arriverait un jour à expirer sans que le souffle se fasse si court et languissant. Malgré tout, la boisson, la chaleur des bras du jeune homme, commençaient à lui faire du bien. Le cœur encore suffoquant, bien sur, cela ne changerait pas de sitôt, la belle commençait à sortir de sa neurasthénie, boule d’énergie qu’elle était par nature, difficile de la faire tenir en place. Et puis, elle phosphorait, Rose, c’était inné chez elle, elle ne savait pas éteindre son cerveau et à cet instant, il fallait qu’elle l’occupe, pour ne pas se noyer sous les flashs de cette soirée désastreuse.
- Il est une heure du matin. D’ordinaire, c’est presque la fin de la messe. Les estomacs gargouillent d’avoir du jeûner toute la soirée, mais les yeux sont brillants du reflet des bougies allumées tout autour de la crèche. L’enfant roi a été déposé entre la vache et la jument, on loue sa venue et on s’embrasse tous, petits et grands, avant de retourner à la maison. Mon père reste toujours un peu à la fin de la messe pour saluer ses fidèles, ma mère, mes sœurs et moi serions en train de rentrer… Ma mère irait réchauffer les plats et mes sœurs mettraient la table pendant que je nourrirai Malou, s’il est encore éveillé… La table serait richement parée, il y aurait de la magie de partout, le seul soir où Prim et moi pouvons laisser libre cours à notre imagination …
Elle se tut, soudain, consciente qu’elle se faisait surement plus de mal que de bien, et que cela ne changerait pas grand-chose, au final. Elle toussota, se redressant un peu pour faire face à son presque frère, caressant ses cheveux encore clairsemés de mèches aux nuances étranges.
- Non seulement je remue le couteau dans la plaie, mais j’y rajoute du sel. Tu dois me trouver sotte. Tu as faim ? Je suis sure que toi non plus, tu n’as pas mangé, grand benêt…
Jouer les mères nourricières, c’était dans ses cordes, malgré son corps encore tremblant. Il fallait qu’elle s’occuper les mains et l’esprit, sinon elle allait se remettre à pleurer. Elle les sentait poindre, les larmes, menaçant de ressurgir à chaque inspiration…
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Lun 20 Jan 2020 - 23:56
La porte... J'aurais aimé te dire que c'était la porte qu'avait rencontré ma main, mais je ne le pouvais. MA conscience m'interdisait de te mentir, trouvant le mensonge une injustice faisant plus de mal que de bien au final. D'un autre coté, ne pas te mentir ne signifiait pas te dire la vérité. Vérité pour laquelle j'ignorais même les mots à employer. Rose, c'était ton père la porte... Ton. Plus jamais Notre, et cela même si un jour, lointain passé, l'éventualité avait pu germer dans certains esprits. J'étais sur que je ne serais maintenant plus le bienvenu chez les Coldridge, mais qu'importe. Parce que la seule qui avait toujours réellement compté était ici, avec moi. Prim, ou encore leur mère, comptait également, mais le lien entre nos deux âmes étaient beaucoup plus profond avec l'ex-Summerbee. C'est cette connexion qui m'avait poussé ce soir à agir comme je l'avais fait. Et chaque jour que me donnerait Dieu, j'agirais de la même manière.
- Il est une heure du matin. D’ordinaire, c’est presque la fin de la messe. Les estomacs garg...
Lentement, je l'écoutais. Silencieusement, je la laissais remettre son esprit en place. Que pouvais-je faire d'autres, alors qu'elle en avait besoin ? Rien, juste être là. Et ça malgré que j'aurais voulu tellement plus. J'aurais voulu lui dire qu'elle pouvait surmonter ça, cette peine. Mais comment ?
Plongeant mon regard dans le sien, je respirais lentement. Les larmes semblaient s'être calmées sur ses joues, et pourtant je les voyais encore. Je voyais encore cette peine, cette douleur qu'elle voulait masquer. Je la connaissais, ma Rose. Je savais quand elle n'allait pas bien. Et j'étais incapable de la laisser ainsi. Toute la vérité était là : je lui étais tellement redevable.
- Non seulement je remue le couteau dans la plaie, mais j’y rajoute du sel. Tu dois me trouver sotte. Tu as faim ? Je suis sure que toi non plus, tu n’as pas mangé, grand benêt…
Instant de silence, où je me contentais de la regarder, je réflechissais. Et déposant la tasse sur la table finalement, je me relevais.
-"Mets ton manteau."
De la douceur, il y en avait dans ma voix, avec cette touche d'autorité. Et moi, je me dirigeais vers la chambre de ce petit homme, pour l'en sortir une nouvelle fois, emmailloté. Que Dieu me damne, il était hors de question que cette injustice reste ainsi. Je n'allais pas laisser ça ainsi, ne pouvais pas accepter cette finalité.
-"Viens avec moi."
Je n'allais pas lui laisser le choix. Je n'allais pas la laisser dégringoler. Je ne voulais pas qu'elle connaisse ne serait-ce qu'une once de ce que j'avais du traversé alors que je m'étais senti rejeté par ma chair et mon sang. Et quoi de mieux pour s'occuper l'esprit que de laisser l'esprit de noël s'exprimer. Sortant du Phare, je tendais mon bras à son encontre, et la laissant l'attraper, je me concentrais plus que d'habitude, mes cheveux prenant cette touche si rare mais plus habituelle de noir zébré de rayures blanches. Et je transplanais, veillant à ce qu'il n'y ait rien qui viennent blesser ce petit ange.
Nous nous retrouvions rapidement à Londres, dans ses abords. Et en face de nous, l'orphelinat où j'avais grandi. Sans un réel mot, j'avançais, emmenant avec moi les deux personnes qui m'accompagnaient. A l'intérieur, c'était encore la fête. On partageait ce que l'on avait, avec les personnes que l'on pouvait. Orphelins, Sans domicile fixe, ... tous avaient la possibilité de trouver du bonheur.
-"Gabriel, tu as su revenir finalement..."
Souriant, je répondais à l'une des aide soignante du lieu, lui présentant Rose et l'enfant endormi, demandant si Rose pouvait aider tout en gardant un oeil sur son petit chéri. L'enfant fut vite placé dans un berceau, et nous deux mis à la tâche. Séparés quelques instants, puis à nouveau réunis, puis séparés à nouveau, et encore réunis, je gardais au maximum un oeil sur ma soeur, de la même façon qu'elle gardait un oeil sur son trésor le plus précieux.
-"C'est ici que j'ai grandi. Ici que j'étais ce soir..."
Je ne l'avais jamais amené. Cet endroit était un des rares lieux qu'elle ne connaissait pas de mon passé. Aujourd'hui cependant, j'avais l'impression que se rendre utile pour elle, c'était possible ici, en ce soir si particulier.
- Il est une heure du matin. D’ordinaire, c’est presque la fin de la messe. Les estomacs garg...
Lentement, je l'écoutais. Silencieusement, je la laissais remettre son esprit en place. Que pouvais-je faire d'autres, alors qu'elle en avait besoin ? Rien, juste être là. Et ça malgré que j'aurais voulu tellement plus. J'aurais voulu lui dire qu'elle pouvait surmonter ça, cette peine. Mais comment ?
Plongeant mon regard dans le sien, je respirais lentement. Les larmes semblaient s'être calmées sur ses joues, et pourtant je les voyais encore. Je voyais encore cette peine, cette douleur qu'elle voulait masquer. Je la connaissais, ma Rose. Je savais quand elle n'allait pas bien. Et j'étais incapable de la laisser ainsi. Toute la vérité était là : je lui étais tellement redevable.
- Non seulement je remue le couteau dans la plaie, mais j’y rajoute du sel. Tu dois me trouver sotte. Tu as faim ? Je suis sure que toi non plus, tu n’as pas mangé, grand benêt…
Instant de silence, où je me contentais de la regarder, je réflechissais. Et déposant la tasse sur la table finalement, je me relevais.
-"Mets ton manteau."
De la douceur, il y en avait dans ma voix, avec cette touche d'autorité. Et moi, je me dirigeais vers la chambre de ce petit homme, pour l'en sortir une nouvelle fois, emmailloté. Que Dieu me damne, il était hors de question que cette injustice reste ainsi. Je n'allais pas laisser ça ainsi, ne pouvais pas accepter cette finalité.
-"Viens avec moi."
Je n'allais pas lui laisser le choix. Je n'allais pas la laisser dégringoler. Je ne voulais pas qu'elle connaisse ne serait-ce qu'une once de ce que j'avais du traversé alors que je m'étais senti rejeté par ma chair et mon sang. Et quoi de mieux pour s'occuper l'esprit que de laisser l'esprit de noël s'exprimer. Sortant du Phare, je tendais mon bras à son encontre, et la laissant l'attraper, je me concentrais plus que d'habitude, mes cheveux prenant cette touche si rare mais plus habituelle de noir zébré de rayures blanches. Et je transplanais, veillant à ce qu'il n'y ait rien qui viennent blesser ce petit ange.
Nous nous retrouvions rapidement à Londres, dans ses abords. Et en face de nous, l'orphelinat où j'avais grandi. Sans un réel mot, j'avançais, emmenant avec moi les deux personnes qui m'accompagnaient. A l'intérieur, c'était encore la fête. On partageait ce que l'on avait, avec les personnes que l'on pouvait. Orphelins, Sans domicile fixe, ... tous avaient la possibilité de trouver du bonheur.
-"Gabriel, tu as su revenir finalement..."
Souriant, je répondais à l'une des aide soignante du lieu, lui présentant Rose et l'enfant endormi, demandant si Rose pouvait aider tout en gardant un oeil sur son petit chéri. L'enfant fut vite placé dans un berceau, et nous deux mis à la tâche. Séparés quelques instants, puis à nouveau réunis, puis séparés à nouveau, et encore réunis, je gardais au maximum un oeil sur ma soeur, de la même façon qu'elle gardait un oeil sur son trésor le plus précieux.
-"C'est ici que j'ai grandi. Ici que j'étais ce soir..."
Je ne l'avais jamais amené. Cet endroit était un des rares lieux qu'elle ne connaissait pas de mon passé. Aujourd'hui cependant, j'avais l'impression que se rendre utile pour elle, c'était possible ici, en ce soir si particulier.
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Sam 25 Jan 2020 - 10:13
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
Son manteau ? Pourquoi son manteau ? D’abord, Rose n’avait pas réagi, se contentant de froncer les sourcils, terminant sa boisson en le suivant du regard. Mettre son manteau ? Venir avec lui ? elle ne le suis pas tout de suite, le voyant disparaitre à l’étage, le temps d’une minute ou deux qui lui permettent de souffler, fort. Vidant ses poumons, relachant son diaphragme, elle passa sa main dans sa nuque raidit par la tension, avant d’apercevoir Gabriel descendre, son petit homme dans les bras. Malachi dormait, du sommeil du juste, inerte, presque comme un poids mort, un adorable petit caillou. Sans le bruit redondant de sa respiration devenue légèrement sifflante à cause des couches de vêtements, on eut dit un poupon de cire ou de plastique, tant il était immobile. C’est la présence de l’enfant qui la fit bondir sur ses pieds, la sortant de sa propre torpeur abattue.
- Euh, ok, ok … Je, j’arrive…
Elle leur passa devant, non sans un regard pour son fils, et attrapa son manteau échoué sur un dossier de chaise, son bonnet et son écharpe abandonnés sur la table de la salle à manger. Elle remit ses chaussures, frissonnant du froid du cuir contre ses chevilles, avant de se saisir du bras de Gabriel, sans hésitation – elle l’aurait suivi au bout du monde-, mains avec une pointe d’appréhension malgré tout : ils emmenaient Malachi, et elle n’aimait pas vraiment faire transplaner le tout petit garçon. Ce n’était pas interdit, mais cela restait de la magie pure et puissante sur son tout petit corps encore fragile. Elle ferma les yeux durant le voyage, le temps des quelques secondes où il n’y eut plus de sol sous ses pieds. Après le maelström de couleurs, ils faisaient face à une sorte de pensionnat, un lieu peu engageant, mais dont émanaient pourtant quelques rires d’enfants, de la musique et des odeurs de nourriture épicée. La main toujours autour du biceps du jeune homme, Rose avait l’impression de comprendre où ils étaient, sans en être totalement sure. Quand ils eurent passé le pas de la porte, une femme un peu échevelée aux joues rosies par l’effort s’arrêta devant eux pour saluer Gabriel avec familiarité. Ils se connaissaient, donc. Suffisamment d’ailleurs pour que, sans demander l’avis de la mère, il puisse confier Malou aux bons soins de l’aide-soignante, qui s’éloigna dans la pièce d’à coté. Rose tressaillit un peu, mais ne broncha pas : de toute façon, son fils était protégé par un demi-million de sortilèges de protection, il ne craignait rien.
- Tu ne m’avais jamais emmené… Je connaissais ce pan de ton histoire, mais je pensais que l’endroit avait été fermé, depuis le temps …
Elle balaya l’endroit du regard, le regard serré, mais différemment de plus tôt dans la soirée. Il y avait de l’empathie pour le personnel, pour les enfants aussi, de la curiosité, et cette fierté, un peu honteuse, d’être suffisamment privilégiée et précieuse aux yeux de Gabriel pour qu’il lui fasse découvrir cette période si particulière de sa vie. Elle avait saisi la main de Gabriel, se laissant guider là où leurs bras seraient le plus utile, et sa poitrine se desserrait progressivement, la concentration prenant le pas sur le reste. Parce qu’il la connaissait par cœur, Gabriel avait choisi de l’amener ici. Parce qu’il la connaissait par cœur, il savait que le meilleur moyen de lui maintenir la tête hors de l’eau, c’était de jouer sur d’autres instincts que celui de la femme blessée : celui de la mère, de la nourricière, du médecin. Lui trouver du travail, de l’occupation, une raison de poser son cœur bleui sur le coté pour faire fonctionner ses méninges.
- Dites moi ce dont vous avez besoin. Je suis médecin, mais je me débrouille pas mal en cuisine, en guirlandes de papier crépon, en comptines de noël et si vous avez un violon ou un piano, je peux aussi vous jouer quelque chose…
Elle coula une œillade vers Gabriel, qui semblait trouver ici un réconfort et une famille de bric et de brocs peu orthodoxe. Si il revenait tous les ans – ce qu’elle avait cru comprendre -, c’était qu’il avait des souvenirs précieux, des liens avec cet endroit. Et si il y tenait, alors elle l’aimait elle aussi. Malgré la fatigue et le choc de cette soirée catastrophique, il semblait que la nuit ne faisait que commencer …
[color:ae25=009900]- De quoi t’occupes-tu, toi, d’ordinaire ?
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Mar 28 Jan 2020 - 12:11
- Dites moi ce dont vous avez besoin. Je suis médecin, mais je me débrouille pas mal en cuisine, en guirlandes de papier crépon, en comptines de noël et si vous avez un violon ou un piano, je peux aussi vous jouer quelque chose…
Il n'en fallait pas plus à Miss Mc Carthney pour emmener Rose dans son sillage, vers les enfants ayant tous les bobos du monde. Elle l'installa rapidement, une table apparaissant à l'aide de la magie et lui amenant alors les enfants dans un ordre qu'elle seule pouvait comprendre. Mais cette femme était aussi prévenante, et s'arrangea pour que Malachi ne soit pas placé trop loin de sa mère.
De mon coté, je revenais à mes propres occupations en ce lieu, avant que je ne partes, me dirigeant vers les cuisines, remontant mes manches et rejoignant l'équipe à la plonge.
-"Je paries sur Rose."
Regardant la psychologue qui passait l'éponge sur les assiettes à rythme réguliers, je croisait son regard joueur.
-"Cette femme avec toi. Je paries que c'est Rose."
Regard interrogateur, je me demandais clairement comment elle faisait ça. Même si elle avait toujours montré ce don de deviner les choses.
-"Tu veux que je te dise Gabriel ? Après tant d'années, tu veux que je te dises comment je fais ?"
Mon regard se plissa, alors que je comprenais.
-"Vous êtes... ?"
-"Une legilimens, oui. "
Evidemment.
-"Et en plus de 20 ans qu'on se connait, tu ne l'as jamais remarqué. Pas une seule fois." ajouta-t-elle souriante. La conversation continua sur les souvenirs que nous partagions alors, de mes séances avec elle, de mon avis et du sien sur la blonde qui m'accompagnait ce soir. Sans lui dire pourquoi elle était là, avec moi, elle me confirma que j'avais bien fait. Que ce genre de décisions, d'actes, pouvait faire tant de bien à une personne dans ce genre de condition.
Vaisselle terminée, nous revenions dans la pièce principale, et elle retourna vacquer à ses occupations alors que je m'approchais de Rose.
- De quoi t’occupes-tu, toi, d’ordinaire ?
-"Comme toi, j'essaye de me rendre utile." Là où un besoin se faisait ressentir, si je le captais, je venais et m'en occupait. Comme ici, présentement, avec ces enfants qu'amenaient Mc Carthney. Attrapant un livre non loin, je venais m'asseoir en tailleur juste à coté de Rose, au sol, et ouvrait le livre.
-"Madame... C'est vous la copine de Gabriel ? Et ça, c'est votre bébé ?"
Je ne pus retenir un léger rire amusé à cette idée. L'innocence d'un enfant de quatre ans avait ça de joli, qu'elle tirait des conclusions de ce qu'il voyait.
Il n'en fallait pas plus à Miss Mc Carthney pour emmener Rose dans son sillage, vers les enfants ayant tous les bobos du monde. Elle l'installa rapidement, une table apparaissant à l'aide de la magie et lui amenant alors les enfants dans un ordre qu'elle seule pouvait comprendre. Mais cette femme était aussi prévenante, et s'arrangea pour que Malachi ne soit pas placé trop loin de sa mère.
De mon coté, je revenais à mes propres occupations en ce lieu, avant que je ne partes, me dirigeant vers les cuisines, remontant mes manches et rejoignant l'équipe à la plonge.
-"Je paries sur Rose."
Regardant la psychologue qui passait l'éponge sur les assiettes à rythme réguliers, je croisait son regard joueur.
-"Cette femme avec toi. Je paries que c'est Rose."
Regard interrogateur, je me demandais clairement comment elle faisait ça. Même si elle avait toujours montré ce don de deviner les choses.
-"Tu veux que je te dise Gabriel ? Après tant d'années, tu veux que je te dises comment je fais ?"
Mon regard se plissa, alors que je comprenais.
-"Vous êtes... ?"
-"Une legilimens, oui. "
Evidemment.
-"Et en plus de 20 ans qu'on se connait, tu ne l'as jamais remarqué. Pas une seule fois." ajouta-t-elle souriante. La conversation continua sur les souvenirs que nous partagions alors, de mes séances avec elle, de mon avis et du sien sur la blonde qui m'accompagnait ce soir. Sans lui dire pourquoi elle était là, avec moi, elle me confirma que j'avais bien fait. Que ce genre de décisions, d'actes, pouvait faire tant de bien à une personne dans ce genre de condition.
Vaisselle terminée, nous revenions dans la pièce principale, et elle retourna vacquer à ses occupations alors que je m'approchais de Rose.
- De quoi t’occupes-tu, toi, d’ordinaire ?
-"Comme toi, j'essaye de me rendre utile." Là où un besoin se faisait ressentir, si je le captais, je venais et m'en occupait. Comme ici, présentement, avec ces enfants qu'amenaient Mc Carthney. Attrapant un livre non loin, je venais m'asseoir en tailleur juste à coté de Rose, au sol, et ouvrait le livre.
-"Madame... C'est vous la copine de Gabriel ? Et ça, c'est votre bébé ?"
Je ne pus retenir un léger rire amusé à cette idée. L'innocence d'un enfant de quatre ans avait ça de joli, qu'elle tirait des conclusions de ce qu'il voyait.
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Jeu 13 Fév 2020 - 17:26
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
Consciencieuse de nature, Rose avait suivi les instructions à la lettre, et s’était mise dans le bain des soins quotidiens avec tout le professionnalisme de sa formation et l’engouement de son grand coeur. S’occuper des mamans en devenir, des bébés et des enfants, c’était sa vocation, depuis toute petite. Elle n’avait jamais vraiment eu à se poser la question de son avenir professionnel, celui là s’inscrivait dans ses gènes, dans ses tripes, sans qu’elle eut jamais à douter une seconde. Aurait elle échoué en médicomagie qu’elle se serait tournée vers la médecine holistique, tout simplement. Elle aurait été obstrétricienne pour les moldus, et sa vie n’aurait pas été si différente que cela, au final.
Elle avait pris dans ses bras une toute petite fille, à peine plus grande que son fils, et qui chougnait en se grattant les yeux, puis la couche. Le pauvre trésor n’avait probablement pas été changée de la soirée, à défaut de mains pour prendre soin d’elle. Rose changea les langes à tour de bras, moucha les nez, distribua les médicaments et les baisers, câlinant les moins farouches, les plus assoiffés de tendresse. Là, elle se sentait mieux, et pourtant elle n’était pas assise autour d’une table à dévorer de la nourriture trop riche.
Elle aurait presque pu oublier la présence de Gabriel, trop affairée à s’occuper de tous les petits qui lui grimpaient dessus et lui tiraient sur les vêtements pour attirer son attention, si il n’était pas venu s’installer à coté de lui, un livre d’histoires à la main. Doucement, elle avait posé ses lèvres sur la joue du jeune homme, murmurant un « merci » que seul lui pouvait entendre, sous le regard inquisiteur de quelques petites curieuses, avides de ragots, même en culotte courte.
- Et bien oui, Ciara, je suis la copine de Gabiel. Sa meilleure copine même, depuis qu’on est petit. Pas aussi petits que toi, mais vraiment pas bien grands, rétorqua t’elle en douceur à l’enfant qui les fixait d’un air circonspect. Et lui, c’est Malachi, mais tu peux l’appeler Malou, c’est mon bébé à moi, Gabriel est son parrain. C’est comme un tonton, mais en mieux, parce que c’est moi qui l’ai choisi.
La petite opina du chef, sérieuse comme un petit pape.
- Tu as raison, j’aurai choisi Gabriel aussi. En plus, il est beau, avec ses cheveux arc en ciel.
Rose sourit un peu plus, coulant un regard tendre à son presque frère.
- C’est vrai qu’il est beau. Beau comme un ange. Il n’a pas volé son prénom, n’est ce pas ?
Sans comprendre l’allusion, la petite avait acquiescé de nouveau, avant de se détourner de la conversation pour s’installer entre eux : c’est qu’il y avait une histoire à lire, et surement pas de temps à perdre !
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Lun 17 Fév 2020 - 10:03
J’accueillais ton remerciement en silence, te rendant en contre partie un sourire que tu comprendrais, j'en étais certain. Ce De rien muet, qui passa de mon regard au tien, j'étais sur que tu le capterais, et que tu comprendrais que j'étais ce soir heureux de partager ce monde, ce pan de mon passé et de mon présent avec toi. Ta famille avait toujours su se montrer généreuse avec moi, et toi... toi tu avais toujours été là. On veillait l'un sur l'autre depuis si longtemps maintenant. Alors que j'y repensais, je me disais que c'était à moi en réalité de te remercier. La liste de tes gentillesses à mon égard était après tout terriblement longue.
Te rendais-tu compte de cet autre regard qui t'observait en ce moment ? Celui de cette psy qui avait longtemps cherché à m'aider, pour finalement voir le garçon que j'étais s'ouvrir un peu plus à l'adolescence, avec deux noms pour seule explication.
-"Moi je veux une histoire de noël..."
La voix de Ciara me sortit de mes songes, m'arrachant un sourire bien différent alors que d'autres enfants venaient eux aussi s'asseoir en cercle, certains plus grands. Les plus petits étaient d'accord du choix de Ciara, d'autres prostestaient d'un "encore" si significatif.
-"Que souhaiteriez-vous le plus au monde ?"
Calmement, je venais poser la question, regardant chacun tour à tour pour solliciter une réponse. Même toi, tu eus droit à ce regard. Et les réponses fusèrent, celle de Ciara toujours sur cette histoire. D'autres avaient des envies tout aussi compréhensibles : des parents aimants, vivre vieux, offrir un peu de bonheur, mais Killian, le dernier à répondre, m'arrêta sur mon choix.
-"Etre riche."
J'avais de la peine pour cette réponse. J'avais de la peine pour ce qu'elle pouvait signifier à ces yeux. Et c'est en te regardant une nouvelle fois, Malachi si proche de ta présence, que je sus la suite.
-"C'est quoi être riche, Killian ?"
L'enfant sembla troublé de ma réponse, et doucement j'ouvrais le livre à une page pour en commencer la lecture d'un des contes.
-"Oh oui, j'adoooore celle-là..." s'exclama Ciara alors que plus loin, une dame souriait, ses pensées trop occupées à sonder les notres.
Les minutes qui suivirent l'histoire virent les enfants être invité à regagner leur chambre, la nuit étant déjà trop avancée que pour leur prolonger encore le couvre-feu traditionnellement imposé beaucoup plus tôt. Et alors que nous étions un peu plus seuls, je déclarais pour tes seules oreilles, t'aidant à ranger :
-"Merci. Ce que tu as fait ce soir..."
Je te regarde.
-"Merci pour eux."
Te rendais-tu compte de cet autre regard qui t'observait en ce moment ? Celui de cette psy qui avait longtemps cherché à m'aider, pour finalement voir le garçon que j'étais s'ouvrir un peu plus à l'adolescence, avec deux noms pour seule explication.
-"Moi je veux une histoire de noël..."
La voix de Ciara me sortit de mes songes, m'arrachant un sourire bien différent alors que d'autres enfants venaient eux aussi s'asseoir en cercle, certains plus grands. Les plus petits étaient d'accord du choix de Ciara, d'autres prostestaient d'un "encore" si significatif.
-"Que souhaiteriez-vous le plus au monde ?"
Calmement, je venais poser la question, regardant chacun tour à tour pour solliciter une réponse. Même toi, tu eus droit à ce regard. Et les réponses fusèrent, celle de Ciara toujours sur cette histoire. D'autres avaient des envies tout aussi compréhensibles : des parents aimants, vivre vieux, offrir un peu de bonheur, mais Killian, le dernier à répondre, m'arrêta sur mon choix.
-"Etre riche."
J'avais de la peine pour cette réponse. J'avais de la peine pour ce qu'elle pouvait signifier à ces yeux. Et c'est en te regardant une nouvelle fois, Malachi si proche de ta présence, que je sus la suite.
-"C'est quoi être riche, Killian ?"
L'enfant sembla troublé de ma réponse, et doucement j'ouvrais le livre à une page pour en commencer la lecture d'un des contes.
Un soir, un petit villageois alla puiser de l’eau dans un vieux puits au cœur de la ville basse. En remontant le seau de bois, il vit quelque chose briller au fond. C’étaient des pièces percées, ces monnaies anciennes qu’autrefois on appelait des sous.
-"Oh oui, j'adoooore celle-là..." s'exclama Ciara alors que plus loin, une dame souriait, ses pensées trop occupées à sonder les notres.
Depuis longtemps elles n’avaient plus cours mais le soleil couchant les teintait de nuances d’or. Le gamin redescendit le seau et, à plusieurs reprises, en remonta de nouvelles. La somme était modeste. Pourtant c’était la première fois qu’il voyait autant d’argent car sa famille était pauvre. Émerveillé, il saisit une pièce entre ses doigts, mais elle glissa et tomba. En touchant le sol, elle se changea en un petit serpent aussi beau qu’un bijou. Dressé comme une épée sur sa queue, il dit :
— Tu m’as délivré d’un mauvais sort et cela mérite récompense. Cette nuit, va enterrer ton argent au Champ des Sortilèges, car je veux faire de toi l’homme le plus riche de la région. Quand tu seras grand, le jour où tu voudras partir vivre ta vie, tu creuseras la terre et tu trouveras à cet endroit un trésor. Mais n’en parle à personne, sinon tu vivras toujours pauvre.
À la nuit tombée, muni d’une bêche et cachant ses sous dans ses poches, l’enfant courut vers le Champ des Sortilèges. Son cœur battait très fort, car ce champ avait mauvaise réputation. Depuis des années il était à l’abandon. On racontait qu’autrefois il accueillait des sabbats et que sorciers et sorcières s’y étaient livrés à des messes noires et à des enchantements. Dans sa hâte, le garçon n’avait pas remarqué que ses poches étaient percées. À mesure qu’il courait, toutes les pièces s’en échappèrent. En chacune d’elles se cachait l’âme d’un petit serpent. Dressés comme une épée sur leur queue, ils s’en allèrent par les rues du village raconter toute l’histoire.
Devenu grand, le jeune homme chercha du travail dans les commerces et les fabriques. Mais sa vie professionnelle fut un échec cuisant. Il était maladroit et tout lui échappait des mains. Il cassait les objets, les renversait, si bien qu’aucun patron ne voulut le garder. Il n’aimait pas non plus le travail de la terre et ne voulut jamais devenir paysan.
Il n’était doué que pour le chant. Il composait des poèmes et sa voix était magnifique, mais on se moquait de lui parce qu’il n’avait pas de vrai métier.
— C’est un raté, raillaient les villageois, incapable de gagner son pain et d’avoir de l’argent, même quand il en trouve ! Il devrait se faire sorcier ou charmeur de serpents !
Peu à peu, ignoré et moqué de tous, le pauvre garçon tomba dans la misère et finit à la rue. Une nuit, désespéré, il retourna près du vieux puits et trouva, appuyée contre la margelle, une mystérieuse boîte noire. Elle contenait un violon. Dès qu’il posa l’instrument sur son épaule et prit l’archet, celui-ci se mit à jouer tout seul une danse endiablée. Quel était ce miracle ? C’était la première fois qu’il avait un violon entre les mains et il savait en jouer !
Plein d’espoir, il s’en alla sur le ruban sans fin des routes et des chemins. Contre quelques pièces que lui jetaient les passants, il chantait tandis que son violon jouait seul des airs de danse. Sa musique avait le pouvoir de guérir tous les maux du corps et de l’esprit. Au son des danses endiablées, les mal aimés retrouvaient l’amour, les vieillards leur jeunesse, les malades la santé, et tous se mettaient à sauter et danser.
Tous les matins, dès que le vagabond saisissait l’archet entre ses doigts malhabiles, le violon l’entraînait jusqu’au cœur des villages. Alors l’âme des gens, parfois si alourdie des peines de la vie, se soulevait de joie le temps d’un air de danse. Jusqu’à son dernier jour, le musicien parcourut la terre entière en semant des notes de bonheur sur son passage. En revanche, il ne réalisa jamais ses rêves de richesse. Fut-il heureux ? Qui sait ? Un violon enchanté, c’est un trésor plus grand que quelques sous percés !
Les minutes qui suivirent l'histoire virent les enfants être invité à regagner leur chambre, la nuit étant déjà trop avancée que pour leur prolonger encore le couvre-feu traditionnellement imposé beaucoup plus tôt. Et alors que nous étions un peu plus seuls, je déclarais pour tes seules oreilles, t'aidant à ranger :
-"Merci. Ce que tu as fait ce soir..."
Je te regarde.
-"Merci pour eux."
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Mar 25 Fév 2020 - 22:08
“L'un pour l'autre”
Rose & Gabriel
Dans le cercle resserré autour de Gabriel, Rose observait en silence la nuée d'enfants qui s'agglutinaient, petites abeilles pelotonnées dans leur ruche au cœur de l'hiver, bourdonnant de fatigue et de contentement de cette compagnie inopinée. Dans un coin, Malou dormait comme le font les tous petits enfants de son âge, à poings fermés, la respiration lente et sereine. Dans son cou, Rose avait offert refuge à la truffe froide et humide d'une petite fille un peu enrhumée, dont elle caressait les cheveux à intervalle régulier, presque machinalement. La petite fille sentait le savon et la poussière, et était accrochée à elle comme si elle sortait de son propre ventre. Pourtant, elles n'avaient rien de semblables, en dehors de mains ridiculement petites éventuellement, la peau de la douce enfant aussi sombre que la sienne était claire, moelleuse et rebondie là où la fatigue et la nervosité avait creusé la silhouette de la jeune mère, dernièrement. A coup sur, ses colocataires la forceraient à manger les restes du réveillon des Fraser jusqu'à ce que les pleins et les déliés naturels de ses formes de femme redeviennent un peu visibles, mais elle n'en était pas encore là. Pour le moment, elle berçait une orpheline dont elle ignorait le nom, tout en écoutant son presque frère raconter l'histoire du vagabond au violon. Elle aussi adorait cette histoire, peut être parce que violoniste elle même, elle avait cru, enfant, que le conte avait été inventé rien que pour elle. La féérie de l'aventure seyait aux enfants sorciers et moldus, la morale se faisant universelle : L'argent ne fait pas le bonheur, ou en tout cas pas de la manière dont on se l'entend. L'enfant dans les bras de Rose se faisait de plus en plus molle, indolente, et c'est à sa respiration lente que Rose comprit que la petite fille s'était endormie, tout simplement, dans ses bras. C'est une bouffée d'amour toute maternelle qui lui étreignit la cœur à cette découverte, alors qu'elle ne se pressait pas à mettre celle ci au lit, la gardant contre elle un moment, respirant son parfum si particulier, un peu démodée, presque ancien, avant de se résoudre enfin à la déposer dans son lit, superposé à celui d'une autre petite fille qui semblait avoir rendu les armes depuis bien longtemps.
Au retour dans la salle, Rose fut tentée de sortir sa baguette et, d'un mouvement du poignet, de ranger la pièce d'une seule formule. Finalement, elle se baissa pour attraper les quelques jouets qui trainaient ça et là, les reliquats de papier cadeau froissé, pour ranger les uns dans un coffret et jeter les autres à la poubelle. Elle ne frissonna pas en sentant le souffle chaud de Gabriel dans son cou, sa voix douce et basse dans son oreille, se contentant de se retourner pour passer les bras autour de lui, étreinte presque enfantine, pleine, entière.
… C'est eux que je devrais remercier, en plus de toi. Je ne sais pas ce que j'aurais fait, si tu n'étais pas là... J'ai de la chance de t'avoir, Gab'.
Bien sur, la douleur était encore vive, elle serait cuisante le lendemain, au reveil, mordante le lendemain soir, au coucher. Elle serait terrible quand elle ouvrirait à nouveau son portable, quand elle daignerait enfin décrocher à l'un des innombrables coups de fils de sa mère. Mais ce soir, Gab avait apposé un baume sur son cœur endolori, bleui par les coups et les offenses, jusqu'à ce que les battements s'harmonisent avec ceux du sien, mais aussi de la nuée d'enfants qui l'avaient accueilli dans leur royaume de bric et de broques, le temps d'un réveillon. Elle ne l'oublierait certainement pas, elle reviendrait, avec Gabriel et Malachi, surement. L'oreille contre la poitrine du sorcier, elle sourit, soupira aussi, mais elle ne pleura pas. C'était déjà une victoire en soi.
(c) DΛNDELION @Gabriel Wilson
- InvitéInvité
Re: L'un pour l'autre... | Rose
Mer 4 Mar 2020 - 22:45
Doucement, mes cheveux abandonnèrent leurs mèches cramoisies, laissant la place à cette autre couleur, à ces autres rayures à la fois rare et plus habituelles. J'oubliais l'offense de Barthélémy, pour ne laisser mon âme que penser à toi, et mon étreinte vint se refermer dans ton dos. Un nouveau câlin fraternel, pouvant crier à l’ambiguïté à n'importe qui. Tu me remerciais, et les zébrures blanches de mes cheveux répondaient tacitement à ces mots, venant souligner l'évidence : quoi que tu fasses, Rose Coldridge, je serais toujours là.
L'une de mes mains glissa jusqu'à ta joue, guidant ton visage à se redresser, et mon front vint se coller au tien, les arrêtes de nos nez flirtant de proximité, mon souffle glissant jusqu'à ton menton. A quoi pensais-tu donc ? Avais-tu de la fièvre ? Etais-tu fatiguée ? ... Tant de questions, pour aucune ne franchir finalement la chair de mes lèvres. Non, je restais simplement là, laissant cette impression si singulière qui existait entre nous s'exprimer à nouveau.
-"Tu es une femme forte, Rose Mary Coldridge."
Murmure, promesse, évidence... tant de choses étaient ces mots, mais dans cette phrase, c'était la première fois que le mot femme apparaissait. Pas la première fois que je le pensais, mais la première fois que je l'exprimais ainsi, telle une évidence qui se devait d'être rappelée.
Un moment qui ne fut interrompu que par les gémissements naissants d'un nourrisson cher à nos deux cœurs, tout proche et qui allait bientôt probablement réclamer un chouïa de ton attention avant de probablement continuer sa nuit. Et à ses sons attendrissants, le sourire naquit sur mes lèvres, et je te rappelais ton devoir de mère :
-"Va... Ensuite, je vous ramène..."
Tout en m'assurant que tu irais bien. Quitte à dormir sur le banc en bas du phare. Et te laissant, je terminais de ranger, non sans envoyer un message à ta mère de sang, et probablement ma mère de cœur, comme en écho à sa demande, en réponse logique, disant "Je veillerais sur eux...".
HRP : fini pour moi, je pense. Merci pour ce rp
L'une de mes mains glissa jusqu'à ta joue, guidant ton visage à se redresser, et mon front vint se coller au tien, les arrêtes de nos nez flirtant de proximité, mon souffle glissant jusqu'à ton menton. A quoi pensais-tu donc ? Avais-tu de la fièvre ? Etais-tu fatiguée ? ... Tant de questions, pour aucune ne franchir finalement la chair de mes lèvres. Non, je restais simplement là, laissant cette impression si singulière qui existait entre nous s'exprimer à nouveau.
-"Tu es une femme forte, Rose Mary Coldridge."
Murmure, promesse, évidence... tant de choses étaient ces mots, mais dans cette phrase, c'était la première fois que le mot femme apparaissait. Pas la première fois que je le pensais, mais la première fois que je l'exprimais ainsi, telle une évidence qui se devait d'être rappelée.
Un moment qui ne fut interrompu que par les gémissements naissants d'un nourrisson cher à nos deux cœurs, tout proche et qui allait bientôt probablement réclamer un chouïa de ton attention avant de probablement continuer sa nuit. Et à ses sons attendrissants, le sourire naquit sur mes lèvres, et je te rappelais ton devoir de mère :
-"Va... Ensuite, je vous ramène..."
Tout en m'assurant que tu irais bien. Quitte à dormir sur le banc en bas du phare. Et te laissant, je terminais de ranger, non sans envoyer un message à ta mère de sang, et probablement ma mère de cœur, comme en écho à sa demande, en réponse logique, disant "Je veillerais sur eux...".
Always.
HRP : fini pour moi, je pense. Merci pour ce rp
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