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Ripped apart
Mer 8 Jan 2020 - 14:38
Aux heures tardives, les sonorités timides se déploient par dessus le silence, comme s'il fallait attendre la mort des brouhahas diurnes pour se rendre compte qu'elles existent. Ces sons, ce sont les respirations sifflantes, les soupirs profonds, le cuir tendu qui grince au moindre mouvement et les craquements visqueux de l'organisme éprouvé.
Il y a eu un problème, à la brigade du bureau de capture des loup-garous. Les suspects vous attendaient et la situation s'est envenimée trop tôt. Vous aviez prévu de les intercepter selon un plan minutieusement préparé à l'avance, mais ils ont flairé l'embrouille. Une info qui filtre, une maladresse au cours de la surveillance, la paranoïa des acteurs concernés : difficile de situer l'endroit où ça n'a pas marché, à ce stade de l'enquête. Toujours est-il que ce qui devait se passer sans excès de violence dégénéra salement.
Arrêter un loup-garou lors de la pleine lune est une tâche difficile, mais l'expérience aide. Les procédures sécurisent. Le comportement d'une bête enragé (fusse-t-elle maudite) est souvent plus prévisible que celui d'un être humain. A dire vrai, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, la chose n'est pas tellement risquée pour un agent avec de l'expérience et qui fait les choses dans les règles.
C'est bien en dehors de cette nuit que vous avez répertorié le plus d'incidents. Car il y a de la rouerie dans l'âme humaine. La volonté de survivre, chez un être qui n'a plus rien à perdre, offre un formidable potentiel de destruction. Car si la plupart des loup-garous irréguliers sont de pauvres hères apeurées, et qui attende qu'on les cueille pour redonner à leur vie un semblant de structure, ce n'est pas le cas d'une minorité d'entre eux. Infime proportion, mais proportion meurtrière.
Tu t'es toujours méfié de cette engeance là, Mirko, car ce sont eux qui t'ont tout pris. Les mêmes enfants du diable qui précipitèrent naguère ta tendre épouse un pied dans la tombe. Dès qu'il s'agit d'intercepter l'un d'eux, la mission prend des entournures toutes personnelles et tu en négliges la mesure.
A ce titre, faut-il relever que ta fille et toi avez eu à revivre le cauchemar de vos vies et que cela a peut-être à voir avec les erreurs commises aujourd'hui ? Tu t'es laissé enfumer par le brouillard, Mirko, ça t'a rendu inattentif. Maintenant, regarde toi : blessé comme un prédateur encorné par sa proie, à attendre sur le banc de l'infirmerie que l'on s'occupe de toi.
Jolene et toi aviez besoin de vous retrouver, et tu pensais sincèrement qu'il était temps de retourner sur les restes du ranch familial (le conflit ouvert au sujet de ta relation avec Laelia ayant précipité la chose). Elle t'en a toujours voulu de l'avoir brûlé suite au décès de sa mère, pas vrai ? Il fallait que tu lui dises pourquoi tu l'avais fait, que vous parliez enfin de toutes ces choses qui vous rongent et vous empêchent d'avancer.
Bouleversement rude pour ce monolithe que tu te plaît à incarner. Tu vis mal les introspections. Il n'est pas un moment où tu décides de t'arrêter pour regarder en arrière. L'existence est un éveil continuel pour la vieille âme de vampire que tu es. Puis, agir, c'est la seule stratégie que tu connaisses face à l'adversité. Surtout, ne pas parler, surtout ne pas partager, ni ressentir. Rien, juste avancer. Ça suffit.
Alors, peut-être que ça t'a rendu distrait. Peut-être que ça t'a engourdi en t'impliquant de trop, de te rappeler quelle douleur procurent les vieilles blessures. Car ça empêche de se mouvoir, les plaies qui saignent. Ça gêne. Certes, tu ne l'admettras probablement jamais (car trop fier) mais tu te sentais effectivement gêné, ce soir là. Des choses dans la tête. Des choses pesantes.
La respiration profonde, ralentie, le visage écorché, tuméfié, quelque chose qui saigne depuis la déchirure de ta veste de cuir épais, tu maintiens ferme la pression au niveau de tes côtes. Dans le même temps, tu échanges quelques mots avec l'un de tes collègues, l'air d'ignorer l'état dans lequel tu te trouves. Sourire habituel, une réplique obscène glissée entre deux remarques sur la procédure. Au moins, la blessure ne semble pas trop te faire souffrir. Ce n'est peut-être rien.
Mais après un moment, ton comparse s'en va et tu retrouves le calme typique de ces couloirs du ministère au milieu de la nuit. Lumière faible pour éclairer la petite pièce. A coté, le bruit presque indistinct de quelques ustensiles que l'on manipule (mais que tu parviens assez clairement à entendre). C'est ton binôme qui se trouve là. Plus amoché que toi. Tu sais que ça va aller : vous en avez vu d'autres. Cela dit, on fait mieux en terme de soirée. Ce genre d'incident, à deux jours de la pleine lune, ça plomberait le moral de n'importe quelle équipe.
Tu fermes les yeux un moment. Puis, une odeur familière te parviens, suffisant à te sortir de ce qui semblait être (en apparence seulement) un songe. Ton visage s'égaye alors d'un genre de sourire en coin, quand elle apparaît. Tu l'avises avec cet air du type qui accueille une vieille connaissance.
« Well, well, well... Qui se ramène avec un vilain bobo ?
Il y a eu un problème, à la brigade du bureau de capture des loup-garous. Les suspects vous attendaient et la situation s'est envenimée trop tôt. Vous aviez prévu de les intercepter selon un plan minutieusement préparé à l'avance, mais ils ont flairé l'embrouille. Une info qui filtre, une maladresse au cours de la surveillance, la paranoïa des acteurs concernés : difficile de situer l'endroit où ça n'a pas marché, à ce stade de l'enquête. Toujours est-il que ce qui devait se passer sans excès de violence dégénéra salement.
Arrêter un loup-garou lors de la pleine lune est une tâche difficile, mais l'expérience aide. Les procédures sécurisent. Le comportement d'une bête enragé (fusse-t-elle maudite) est souvent plus prévisible que celui d'un être humain. A dire vrai, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, la chose n'est pas tellement risquée pour un agent avec de l'expérience et qui fait les choses dans les règles.
C'est bien en dehors de cette nuit que vous avez répertorié le plus d'incidents. Car il y a de la rouerie dans l'âme humaine. La volonté de survivre, chez un être qui n'a plus rien à perdre, offre un formidable potentiel de destruction. Car si la plupart des loup-garous irréguliers sont de pauvres hères apeurées, et qui attende qu'on les cueille pour redonner à leur vie un semblant de structure, ce n'est pas le cas d'une minorité d'entre eux. Infime proportion, mais proportion meurtrière.
Tu t'es toujours méfié de cette engeance là, Mirko, car ce sont eux qui t'ont tout pris. Les mêmes enfants du diable qui précipitèrent naguère ta tendre épouse un pied dans la tombe. Dès qu'il s'agit d'intercepter l'un d'eux, la mission prend des entournures toutes personnelles et tu en négliges la mesure.
A ce titre, faut-il relever que ta fille et toi avez eu à revivre le cauchemar de vos vies et que cela a peut-être à voir avec les erreurs commises aujourd'hui ? Tu t'es laissé enfumer par le brouillard, Mirko, ça t'a rendu inattentif. Maintenant, regarde toi : blessé comme un prédateur encorné par sa proie, à attendre sur le banc de l'infirmerie que l'on s'occupe de toi.
Jolene et toi aviez besoin de vous retrouver, et tu pensais sincèrement qu'il était temps de retourner sur les restes du ranch familial (le conflit ouvert au sujet de ta relation avec Laelia ayant précipité la chose). Elle t'en a toujours voulu de l'avoir brûlé suite au décès de sa mère, pas vrai ? Il fallait que tu lui dises pourquoi tu l'avais fait, que vous parliez enfin de toutes ces choses qui vous rongent et vous empêchent d'avancer.
Bouleversement rude pour ce monolithe que tu te plaît à incarner. Tu vis mal les introspections. Il n'est pas un moment où tu décides de t'arrêter pour regarder en arrière. L'existence est un éveil continuel pour la vieille âme de vampire que tu es. Puis, agir, c'est la seule stratégie que tu connaisses face à l'adversité. Surtout, ne pas parler, surtout ne pas partager, ni ressentir. Rien, juste avancer. Ça suffit.
Alors, peut-être que ça t'a rendu distrait. Peut-être que ça t'a engourdi en t'impliquant de trop, de te rappeler quelle douleur procurent les vieilles blessures. Car ça empêche de se mouvoir, les plaies qui saignent. Ça gêne. Certes, tu ne l'admettras probablement jamais (car trop fier) mais tu te sentais effectivement gêné, ce soir là. Des choses dans la tête. Des choses pesantes.
La respiration profonde, ralentie, le visage écorché, tuméfié, quelque chose qui saigne depuis la déchirure de ta veste de cuir épais, tu maintiens ferme la pression au niveau de tes côtes. Dans le même temps, tu échanges quelques mots avec l'un de tes collègues, l'air d'ignorer l'état dans lequel tu te trouves. Sourire habituel, une réplique obscène glissée entre deux remarques sur la procédure. Au moins, la blessure ne semble pas trop te faire souffrir. Ce n'est peut-être rien.
Mais après un moment, ton comparse s'en va et tu retrouves le calme typique de ces couloirs du ministère au milieu de la nuit. Lumière faible pour éclairer la petite pièce. A coté, le bruit presque indistinct de quelques ustensiles que l'on manipule (mais que tu parviens assez clairement à entendre). C'est ton binôme qui se trouve là. Plus amoché que toi. Tu sais que ça va aller : vous en avez vu d'autres. Cela dit, on fait mieux en terme de soirée. Ce genre d'incident, à deux jours de la pleine lune, ça plomberait le moral de n'importe quelle équipe.
Tu fermes les yeux un moment. Puis, une odeur familière te parviens, suffisant à te sortir de ce qui semblait être (en apparence seulement) un songe. Ton visage s'égaye alors d'un genre de sourire en coin, quand elle apparaît. Tu l'avises avec cet air du type qui accueille une vieille connaissance.
« Well, well, well... Qui se ramène avec un vilain bobo ?
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Re: Ripped apart
Lun 13 Jan 2020 - 17:34
Les grands titres ont défilé sur la mappemonde constituant le mur ouest de ton bureau, où un sortilège bien ficelé anime les unes sorcières et moldues de nature politique. Les couleurs codent le sérieux des journaux relayant les informations moldues, d’Al Jazeera à Breitbart – il te faut consommer toute l’information disponible. Chaque bribe de nouvelles est une arme supplémentaire dans ton arsenal : par quel autre moyen peux-tu tracter, oubriserfaire plier autrui? Alors tu as lu chaque titre, levant parfois les yeux au ciel sur leur nature de clickbait – ‘We’re Less Likely to Go to War Now’ Because of Trump’s Action in Iran. C’est qu’on compte réellement sur toi, maintenant : t’as été embauchée parce que tes adversaires d’hier, devenus collègues, se sont lassés de t’avoir en face … mais surtout pour ton expertise sur l’espace post-soviétique et les relations internationales de la Russie moldue. Soulagée, tu as vu l’énergumène servant de Premier ministre aux moldus britanniques avertir son homologue américain qu’une guerre en Iran irait contre leurs intérêts mutuels.
T’as passé les cinq derniers jours au bureau, depuis l’annonce des frappes : c’est pas comme s’il te restait quelqu’un pour t’attendre à la maison, tu t’es bien chargée de détruire ça. À croire que tout ce que t’es bonne à faire, c’est ton travail. À croire que la violence dont tu es capable n’est utile qu’au Ministère, mais qu’ailleurs, elle détruit tout. Il n’y a rien de mesuré en toi aujourd’hui, et c’est mauvais signe, surtout pour une diplomate reconnue pour sa finesse et son contrôle sur elle-même. T’es comme n’importe quelle valve, pourtant : sans laisser un peu de pression sortir, tu finis par exploser. Et c’est ce que t’as fait face à un de tes collègues chargé des dossiers sorciers avec Moscou, un incompétent de première catégorie dont tu essuies plus d’une bavure, pour une raison toute simple : il ne comprend pas comment la Russie envisage les relations mondiales, voyant tout de son œil mélancolique d’un empire où le soleil ne se couche jamais. Excité comme un requin sentant l’odeur du sang, le connard a voulu appuyer sur vos collègues russes pour faire pression du côté sorcier en faveur de la guerre, croyant que Londres saurait tirer son épingle du jeu. Voilà ce que ça donne, un monde magique qui se coupe autant du monde moldu : si peu de diplomates savent jongler entre les deux univers que plus souvent qu’autrement, tes alliés finissent par être ta plus grande faiblesse. Si tu dois composer avec des tares dans ta propre équipe, c’est que t’es vraiment foutue, Lubia.
Alors tu t’es énervée. Un peu. La faute aux nerfs, la faute au manque de sommeil, à l’envie de blâmer quelqu’un d’autre dans l’univers que toi pour ton putain de malheur, de pouvoir cracher au visage d’une autre âme ton fiel plutôt que de t’asseoir deux minutes, par terre, et de compléter les dégâts que t’as causés – parce que t’as toujours été douée pour la destruction, malgré ton masque impassible et le contrôle que tu exerces sur tes moindres gestes. T’auras peut-être droit à un conseil disciplinaire plus tard, Lubia – frapper un adversaire, limite, ça passe encore, mais un collègue? Au moins c’était derrière portes closes, et t’es une femme : tu sais mieux que quiconque ce qu’est la légitime défense, même si dans ce cas-ci, c’était de l’attaque pure et simple. Rien à foutre, au pire s’il se fait renvoyer t’auras rendu service à ton employeur en le débarrassant d’un incompétent qui se trémoussait sous son nez. T’as l’avantage de ta position unique – personne ne peut faire ce que tu fais, et on trouve toujours des excuses pour les gens indispensables. Y’a qu’à demander à Wernher von Braun, et on saisira à quel point un appareil gouvernemental est prêt à pardonner les péchés pour profiter de la compétence. Un oiseau si rare que lorsqu’on le croise, on se doit de le regarder.
Alors tu te diriges vers le service des soins infirmiers du Ministère, te trompant de chemin deux fois : c’est que tu n’y vas jamais. Tu finis par laisser tes sens de lycans te guider, suivant l’odeur du sang. Personne à la réception – c’est que les médicomages sont en salle, et si tu es capable de patience, tu dirais que t’es particulièrement impatiente, aujourd’hui. « Well, well, well... Qui se ramène avec un vilain bobo ? » Les iris d’acier qui se posent sur la figure imposante du chasseur, et tu râles intérieurement. Just what this day was fucking missing. Tes emmerdes ont le don de se rassembler, ces temps-ci. Avisant les blessures de Mirko, tu siffles. « Bête accident de paperasse, j’ai trébuché sur ma plume », fais-tu en haussant les épaules, levant un bras. Les jointures de ta bonne main déjà enflées, de légères lacérations présentes sur ton avant-bras tatoué. C’est que t’as malencontreusement accroché un truc en verre au passage. Oups. « Mais comme je suis pas tellement douée en sortilèges de médicomagie et que j’avais pas envie de me retrouver avec un pied à la place de la main, je suis venue découvrir ce fabuleux endroit. Y’a des critiques extraordinaires à propos du service, je sais pas pourquoi j’ai attendu aussi longtemps avant d’y goûter ». C’est que même de mauvaise humeur, tu peux pas échapper aux doux sarcasmes – et ça t’empêche d’être nerveuse en sa compagnie, faut bien l’admettre. « Toi? Le connard d’en face est plus amoché que toi, j’imagine? »
- InvitéInvité
Re: Ripped apart
Jeu 23 Jan 2020 - 20:13
Ton sourire s'agrandit sensiblement au moment où tu perçois l'agacement (vainement) dissimulé derrière les prunelles aciers. Toi et Lubia vous connaissez fort peu, malgré cela tu es bien au fait de l'effet que tu lui fais. C'est précisément ce qui attise ton intérêt pour elle, d'ailleurs : ce petit jeu de dur dupe. L'éternelle danse de la grosse bête qui flaire un semblable, sans pour autant bien savoir de quel espèce il s'agit. Tu adores quand elle te regarde de haut, parce-qu'ils ne sont pas nombreux à oser (les êtres humains).
Alors, en mécanique bien huilée, un rire en forme de grognement sourd s'élève en réponse à son histoire de plume. Comme tu l'avises, des conjectures se forment dans ton esprit retors. Tu l'imagines perdre ses nerfs dans son petit bureau, sous le regard interdit de quelques collaborateurs un peu gauches. Cela dit, la vérité est peut-être encore plus croustillante que ça : tu aimerais.
Lubia dégage une telle impression de self-control, que t'as presque du mal à l'imaginer en rogne : c'est le genre à pas en avoir besoin. Cela dit, tu sais aussi qu'il faut se méfier de l'eau qui dort. Les âmes de glace, c'est le propre des natures slaves : ça se fissure en silence, jusqu'à détacher une masse qui ravage tout sur son passage. Dans ces cas là, mieux vaut ne pas traîner dans les parages.
« Ta plume elle avait quel genre de sale gueule ?
Que tu demandes, un vaste sourire entendu sur les lèvres. C'est qu'il y a un peu trop d'odeurs sur ce corps strict, pour traduire des contacts ordinaires. Les phalanges en charpie, c'est l'apanage d'un emploi guerrier du plus bel outil de l'homme.
A ce titre, tu ne manques pas de remarquer les zébrures carmin sur sa peau tatouée. L'odeur de sang t'affolerait les sens, si tu n'avais pas déjà eu ton compte de violence. Cela dit, on remarque que t'as quand même bien du mal à regarder autre chose, comme elle fait son chemin au milieu de la pièce. Expression redoutable mêlant un brin de fascination (on dirait presque que t'es ailleurs).
« Dommage ouais... Réponds-tu, l'air faussement distrait. L'ambiance est à peine meilleure qu'entre la machine à café et l’ascenseur... En revanche, les sujets de conversation sont beaucoup plus intéressants.
Nouveau rire sourd, tu relèves les yeux en direction de ses prunelles sévères et y demeure un moment. Un genre de sérénité émane de ta respiration lente : calme apparent de l'animal blessé. Tu laisses s'égrainer quelques secondes, après qu'elle ai interrogé les raisons de ta présence ici. Le visage qui perd en gouaille, des bribes encolérées zébrant ton regard par intermittence. Fierté piquée au vif.
« Ça me plairait de te dire que oui... Fais-tu en dirigeant ton regard dans un coin de la pièce, l'expression visiblement agacée. Mais la vérité, c'est qu'on ne gagne pas toujours à ce petit jeu là.
Tu grimaces d'une manière qui enlaidis considérablement ton faciès sinistre.
« C'est amusant, cet acharnement avec lequel ils se battent pour échapper à la justice. Ça... Louvoie. Ça ment. Ça trompe. Tu t'interromps brièvement pour sourire d'une mauvaise façon. Et une fois coincé au pied du mur, ça tuerait.
Les expressions s'affadissent une fois de plus, tu fronces les sourcils.
« Tout ça pour une liberté de mon cul ! Heh... Court geste de dénégation de la tête. Quel genre de fils de chien y croit, à cette liberté là, mmh ?
Tu t'arrêtes un instant pour river tes yeux noirs dans les prunelles de la jeune femme en face de toi.
« Une malédiction.
Que tu glisses entre tes dents, comme une substance immonde qu'il s'agirait de cracher.
Alors, en mécanique bien huilée, un rire en forme de grognement sourd s'élève en réponse à son histoire de plume. Comme tu l'avises, des conjectures se forment dans ton esprit retors. Tu l'imagines perdre ses nerfs dans son petit bureau, sous le regard interdit de quelques collaborateurs un peu gauches. Cela dit, la vérité est peut-être encore plus croustillante que ça : tu aimerais.
Lubia dégage une telle impression de self-control, que t'as presque du mal à l'imaginer en rogne : c'est le genre à pas en avoir besoin. Cela dit, tu sais aussi qu'il faut se méfier de l'eau qui dort. Les âmes de glace, c'est le propre des natures slaves : ça se fissure en silence, jusqu'à détacher une masse qui ravage tout sur son passage. Dans ces cas là, mieux vaut ne pas traîner dans les parages.
« Ta plume elle avait quel genre de sale gueule ?
Que tu demandes, un vaste sourire entendu sur les lèvres. C'est qu'il y a un peu trop d'odeurs sur ce corps strict, pour traduire des contacts ordinaires. Les phalanges en charpie, c'est l'apanage d'un emploi guerrier du plus bel outil de l'homme.
A ce titre, tu ne manques pas de remarquer les zébrures carmin sur sa peau tatouée. L'odeur de sang t'affolerait les sens, si tu n'avais pas déjà eu ton compte de violence. Cela dit, on remarque que t'as quand même bien du mal à regarder autre chose, comme elle fait son chemin au milieu de la pièce. Expression redoutable mêlant un brin de fascination (on dirait presque que t'es ailleurs).
« Dommage ouais... Réponds-tu, l'air faussement distrait. L'ambiance est à peine meilleure qu'entre la machine à café et l’ascenseur... En revanche, les sujets de conversation sont beaucoup plus intéressants.
Nouveau rire sourd, tu relèves les yeux en direction de ses prunelles sévères et y demeure un moment. Un genre de sérénité émane de ta respiration lente : calme apparent de l'animal blessé. Tu laisses s'égrainer quelques secondes, après qu'elle ai interrogé les raisons de ta présence ici. Le visage qui perd en gouaille, des bribes encolérées zébrant ton regard par intermittence. Fierté piquée au vif.
« Ça me plairait de te dire que oui... Fais-tu en dirigeant ton regard dans un coin de la pièce, l'expression visiblement agacée. Mais la vérité, c'est qu'on ne gagne pas toujours à ce petit jeu là.
Tu grimaces d'une manière qui enlaidis considérablement ton faciès sinistre.
« C'est amusant, cet acharnement avec lequel ils se battent pour échapper à la justice. Ça... Louvoie. Ça ment. Ça trompe. Tu t'interromps brièvement pour sourire d'une mauvaise façon. Et une fois coincé au pied du mur, ça tuerait.
Les expressions s'affadissent une fois de plus, tu fronces les sourcils.
« Tout ça pour une liberté de mon cul ! Heh... Court geste de dénégation de la tête. Quel genre de fils de chien y croit, à cette liberté là, mmh ?
Tu t'arrêtes un instant pour river tes yeux noirs dans les prunelles de la jeune femme en face de toi.
« Une malédiction.
Que tu glisses entre tes dents, comme une substance immonde qu'il s'agirait de cracher.
- InvitéInvité
Re: Ripped apart
Dim 2 Fév 2020 - 16:23
Son amusement t’aurait probablement fait rire, un autre jour. Si t’avais pas été autant à fleur de peau, si tu venais pas d’envoyer ton poing dans la gueule d’un collègue, si t’avais pas autant conscience de ton impulsivité présente. « Le genre qui pense qu’on peut tout régler à coups de déclarations de guerre », maugrées-tu, l’air mauvais. Les lèvres qui se retroussent légèrement sur une bouche exprimant tout le mépris que tu entretiens à l’égard de certains Britanniques. Qu’est-ce que tu donnerais pas pour retrouver le pragmatisme de Moscou, parfois. Tu t’installes, malgré tout. Le sobriquet habituel qui sort, à propos du gars d’en face. « Ça me plairait de te dire que oui... Mais la vérité, c'est qu'on ne gagne pas toujours à ce petit jeu là ». Un grognement de sympathie se fraie un chemin calculé entre tes lèvres – qu’y a-t-il d’autre à dire, alors qu’il te parle de violence faite à d’autres lycans sans être conscient qu’il en a une sous la main? Mais t’es pas stupide non plus, Lubia. Des connards, il y en a partout – chez les humains, chez les loups. Tu ne croirais jamais que certains d’entre eux ne méritent pas de finir entre les barreaux. C’est juste que t’as un souvenir un peu trop récent d’un des tiens qui s’y est retrouvé, par ses bons soins. Oz. Si seulement il avait été moins naïf, ce connard. Tu l’écoutes en silence décrire le comportement de ses proies, t’y reconnaissant trop bien – comme louve, ou comme diplomate? L’une ne vient plus sans l’autre. Tes seules cartes à jouer, si un jour tu te fais attraper. L’œuvre de ta jeune vie : avoir su te rendre assez utile pour savoir que ta personne constitue une mise intéressante dans un jeu de hasard.
Si seulement les mises valaient moins cher que toi. « Tout ça pour une liberté de mon cul ! Heh... Quel genre de fils de chien y croit, à cette liberté là, mmh ? Une malédiction ». La haine se fraie un chemin de ses lèvres à tes entrailles, et tu la ressens comme un étau venu s’y loger, mais tu ne baisses pas les yeux. Sa haine, dans le creuset de la tienne, et il y a une once de colère qui se fraie un chemin dans tes yeux. L’espace d’un battement de cœur, avant de redevenir neutre. L’acier de tes prunelles affronte les ténèbres des siens, impassible. Toute ta vie de lycanthrope (ou presque), t’aurais songé que non. Malédiction étrange qui t’a donné tes meilleures armes pour naviguer le monde, affûtant les traits les plus coupants de ta personnalité, mais t’en es plus si certaine. Lentement, sans trop savoir le formuler en guise de pensée claire, tu prendrais peut-être conscience du caractère maudit de ton existence. Condamnée à être seule, ou à blesser ceux qui t’entourent. « On fait tous comme on peut avec ce qu’on a », glisses-tu en haussant les épaules. L’air nonchalant de gens bien comme il faut qui parlent de pluie et de beau temps. Loin de trahir que tu parles de tes semblables, même si, le cas échéant, tu sourirais – c’est vrai qu’il n’y en a aucun qui soit exactement comme toi. Aussi arrogante que de t’être si précisément placée dans l’œil de la tempête pour te protéger des regards. « Tu ferais différemment, à leur place? » Il y a de l’indifférence, mais aussi une mesure de curiosité, qui danse au fond de tes prunelles alors que tu le regardes d’un air froid. N’est-il pas lui-même une créature magique, au final? Quelle importance, qu’il ne se transforme pas qu’une seule nuit par mois. Saisit-il l’ironie de sa position?
T’ouvres la bouche pour demander – quoi? Une question stupide, une interrogation impulsive, une envie de savoir, de comprendre. D’avoir accès aux pensées de l’ennemi. L’arrivée d’un jeune homme en tenue d’infirmier te coupe l’élan. Tu lèvres ta main blessée, sourire faussement contrit étirant tes lèvres pleines. « Bête accident », expliques-tu, air innocent accroché au visage. C’est qu’on t’enlèvera jamais cet agaçant trait goguenard, Lubia. Les doigts médicaux qui se promènent le long des tiens, tâtant avec légèreté. « Je doute que ce soit autre chose qu’une fracture, mademoiselle – ? » Tu coupes. « Madame ». Ce n’est pas l’information que l’infirmier recherchait, mais tu corriges quand même, le défiant du regard de te préciser qu’il souhaitait obtenir ton nom de famille. « C’est rapide à réparer, vous me mettez un pansement et je m’en vais, oui? ». Il y a des accords qui t’attendent, de la recherche à faire, des stagiaires à tancer, des traqueurs de loups-garous un peu trop confortables la gueule en sang à éviter, l’air de rien. « Y’en a qui bossent plus qu’une nuit par mois ». Tu glisses une œillade taquine en apparence à ton collègue. Comme si t’étais d’humeur à te moquer – pour l’heure, tu veux surtout échapper à ses iris … mais il y a aussi en toi une curiosité à satisfaire, une envie d’avoir des réponses recueillies comme ça, mine de rien, en demandant. Juste pour faire passer le temps, vous voyez. « Vous n’êtes pas prioritaire sur le triage pour l’instant. Je vais revenir ». Ta main libre se glisse dans tes cheveux pendant que tu lèves les yeux au ciel, maugréant en russe que t’as pas que ça à foutre. Assise, tu viens appuyer ta tête contre le mur froid. L’air aseptisé autour, qui tranche avec l’odeur de sang et de fumée émanant de Mirko. Les yeux fermés, les jambes qui se croisent sous toi en tailleur, et tu tires une flasque de ta poche de veston, la tendant au traqueur. « La prochaine fois qu’on est coincés ensemble, c’est toi qui sors le rab », dis-tu, sourire moqueur aux lèvres. Puis, la question qui t’échappe presque autant que tu la formules. « Comment vous les choisissez? » L’air de rien. Risquer tout.
- InvitéInvité
Re: Ripped apart
Jeu 6 Fév 2020 - 20:54
Sa colère, tu la captes à travers un regard échangé et ce, sans même t'en rendre compte. Pont entre deux inconscients, entre deux instincts de bête : ça passe dans l'air mais ça évite le fil conscient des pensées. Intuition vite envolée au milieu de ta propre rage, de ta propre aversion à l'endroit des maudits de la lune.
Mais elle se garde bien d'en montrer davantage, la louve. Mental en forme de forteresse : rien ne passe à travers l'acier de ses yeux. Toi, tu te complais dans ta préjugés et ça t'aveugle. Bêtise de la haine dans son aspect le plus cru. Elle se transformerait sous ton nez que tu serais fichu de la manquer, trop occupé à maudire les malchanceux de votre monde que tu es. Oui, cette haine t'empêche de voir, parfois, ce qui existe juste sous ton nez.
« Je fais déjà différemment. Réponds-tu sombrement, l'intonation agressive, en l'avisant de tes yeux noirs, féroce, presque haineux de t'entendre questionné de la sorte, comparé. Qu'est-ce que c'est, un semi-vampire, selon toi ? Un type qui a un parent sorcier et un parent vampire ? Un lointain ancêtre vampire, peut-être ? Hé bien moi, je suis plus vampire qu'humain.
Ton visage se fond en une grimace fort laide qui accentue l'aspect sinistre de tes traits. L'aspect blafard des éclairages aggrave encore la chose.
« La lumière du soleil me brûle. Je ne dors jamais. Je peux me nourrir de sang. Énumération presque aboyée. Je pourrais vivre avec les miens, si je le voulais : je l'ai fais pendant des années. Mais aujourd'hui, je vis avec les sorciers. Par conséquent, je fais selon leurs règles.
Colère, révolte. Tu es bien prompt à te couronner de vertu. Mais cette diatribe porte peut-être en elle la racine de ton mal, dans le fond. Tu détestes ces loup-garous qui refusent de se mettre au pas, là où toi, tu sacrifies tes urgences pour t'assimiler à une société qui te craint (quand bien même le cacheraient-ils, tous ces anonymes qui te croisent chaque jour, le regard inquiet).
« Leur peur, je la sens. Ils en transpirent. Je pourrais leur rompre le cou d'une main. Poursuis-tu en levant cette main abîmée que tu gardais posée sur ta cuisse jusque là. Crois moi, je la fais déjà, cette concession... De m'étiqueter comme un maudit. On dit aussi maudit pour les semi-vampires... Ou hybride, aussi, mmh ? Ça fait dégueulasse, ça, comme mot, « hybride ». T'imagines quoi quand on te dit hybride ? Moi j'imagine un truc dégueulasse.
T'essuies le coin de ta bouche du revers de la manche, parce qu'à force de jacter, un filet de salive chargé de sang s'est formé à la commissure de ta lèvre bleuie (probablement un coup reçu). C'est drôle, la manière dont tu parles des humains, eux, en l'excluant, elle. C'est fait sans intention consciente. Tu omet même de le remarquer, d'ailleurs, dans ton emportement : il fallait bien l'arrivée d'un infirmier pour te calmer, interrompre ton flot de parole, ton fiel qui se répand à voix haute. La haine de toute une société qui ne dit pas son nom. Car tu n'as jamais prétendu les haïr, les sorciers (probablement la faute à leurs femmes dont tu ne parviens guère à te passer).
L'auscultation aura au moins le mérite de te faire redescendre dans les tours. Tu te prends même à sourire lorsqu'elle te tacle, jamais indifférent aux plaisanteries ad hominem (comme on le sait). Le verdict posé, tu laisses échapper un soupir profond et sourd. Attendre te va très mal. C'est la seconde fois qu'on vous joue le coup du huis clos : à croire que c'est fait exprès. Il va sans dire que dans ces conditions, tu ne dis pas non à une gorgée de quelque chose (peu importe quoi, du moment que ça te brûle la gorge).
« Peut-être que la prochaine fois, je t'inviterais à boire un verre.
Répliques-tu d'un ton ironique, rauque, envoyant tes yeux noirs rouler vers un coin aléatoire de la pièce (c'est que tu serais fichu de le faire). Sa question tombe a point nommé, à ce titre. Témoigner de l'intérêt pour ta profession, c'est te brosser dans le sens du poil et on sait combien tu peux te montrer sensible à la flatterie (quand cela vient des femmes).
« C'est affaire de renseignements. Dis-tu en lui retournant sa flasque. On a une carte des zones à risque, avec un fichier des loup-garous enregistrés. Une liste d'illégaux en cavale...
T'as des réseaux. Les mecs sont très forts pour se couvrir les uns les autres, changer de pays, se refaire un nom... Faut être au courant.
Pour le reste, c'est généralement le voisinage qui nous alerte lorsqu'une contamination se produit. Dans ce cas là, on passe directement par le bureau des enregistrements et on met la personne en règle.
Les pauvres types qui n'ont pas eu de chance, ça ne nous intéresse pas : nos cibles, c'est tous les petits malins qui s'imaginent pouvoir passer sous le radar...
Sourire mauvais. Le cas le plus récent doit être celui d’Obwald Derby (anciennement Burgess). La presse en a un peu parlé.
« Et ceux qui contaminent à dessein. T'as jamais vu ça, toi, un vieux loup-garou ? Les dents qui restent pointues même sous forme humaine, l'odeur... Dégoût perceptible dans le ton, dans les yeux. En Russie, c'était une boucherie.... Des meutes entières dévalant sur les petits villages. J'ai vu des gosses, des gosses hauts comme ça...
Tu lèves la main à un mètre du sol, avant d'esquisser un geste de dénégation de la tête, la phrase mourant entre tes dents. Les images sont trop dures, la réalité trop crue. T'es un père, aussi : il ne faudrait pas l'oublier. Ça te fait trembler dans tes fondations, de penser à ces gosses.
Mais elle existe, pourtant, cette réalité trop immonde pour être montrée au grand public (qu'arriverait-il aux ordinaires, si l'on se prenait à diffuser de telles images ?). C'est ce que tu vois, ce que tu vis depuis plus de trente ans, mois après mois. Comment alors oser te reprocher tes idées, tes préjugés, tes opinions politiques, dans ces conditions ? Ce serait indécent. Non, tu n'as rien à apprendre de personne sur la question, Mirko. Tu en as trop vu.
Beaucoup trop vu.
Mais elle se garde bien d'en montrer davantage, la louve. Mental en forme de forteresse : rien ne passe à travers l'acier de ses yeux. Toi, tu te complais dans ta préjugés et ça t'aveugle. Bêtise de la haine dans son aspect le plus cru. Elle se transformerait sous ton nez que tu serais fichu de la manquer, trop occupé à maudire les malchanceux de votre monde que tu es. Oui, cette haine t'empêche de voir, parfois, ce qui existe juste sous ton nez.
« Je fais déjà différemment. Réponds-tu sombrement, l'intonation agressive, en l'avisant de tes yeux noirs, féroce, presque haineux de t'entendre questionné de la sorte, comparé. Qu'est-ce que c'est, un semi-vampire, selon toi ? Un type qui a un parent sorcier et un parent vampire ? Un lointain ancêtre vampire, peut-être ? Hé bien moi, je suis plus vampire qu'humain.
Ton visage se fond en une grimace fort laide qui accentue l'aspect sinistre de tes traits. L'aspect blafard des éclairages aggrave encore la chose.
« La lumière du soleil me brûle. Je ne dors jamais. Je peux me nourrir de sang. Énumération presque aboyée. Je pourrais vivre avec les miens, si je le voulais : je l'ai fais pendant des années. Mais aujourd'hui, je vis avec les sorciers. Par conséquent, je fais selon leurs règles.
Colère, révolte. Tu es bien prompt à te couronner de vertu. Mais cette diatribe porte peut-être en elle la racine de ton mal, dans le fond. Tu détestes ces loup-garous qui refusent de se mettre au pas, là où toi, tu sacrifies tes urgences pour t'assimiler à une société qui te craint (quand bien même le cacheraient-ils, tous ces anonymes qui te croisent chaque jour, le regard inquiet).
« Leur peur, je la sens. Ils en transpirent. Je pourrais leur rompre le cou d'une main. Poursuis-tu en levant cette main abîmée que tu gardais posée sur ta cuisse jusque là. Crois moi, je la fais déjà, cette concession... De m'étiqueter comme un maudit. On dit aussi maudit pour les semi-vampires... Ou hybride, aussi, mmh ? Ça fait dégueulasse, ça, comme mot, « hybride ». T'imagines quoi quand on te dit hybride ? Moi j'imagine un truc dégueulasse.
T'essuies le coin de ta bouche du revers de la manche, parce qu'à force de jacter, un filet de salive chargé de sang s'est formé à la commissure de ta lèvre bleuie (probablement un coup reçu). C'est drôle, la manière dont tu parles des humains, eux, en l'excluant, elle. C'est fait sans intention consciente. Tu omet même de le remarquer, d'ailleurs, dans ton emportement : il fallait bien l'arrivée d'un infirmier pour te calmer, interrompre ton flot de parole, ton fiel qui se répand à voix haute. La haine de toute une société qui ne dit pas son nom. Car tu n'as jamais prétendu les haïr, les sorciers (probablement la faute à leurs femmes dont tu ne parviens guère à te passer).
L'auscultation aura au moins le mérite de te faire redescendre dans les tours. Tu te prends même à sourire lorsqu'elle te tacle, jamais indifférent aux plaisanteries ad hominem (comme on le sait). Le verdict posé, tu laisses échapper un soupir profond et sourd. Attendre te va très mal. C'est la seconde fois qu'on vous joue le coup du huis clos : à croire que c'est fait exprès. Il va sans dire que dans ces conditions, tu ne dis pas non à une gorgée de quelque chose (peu importe quoi, du moment que ça te brûle la gorge).
« Peut-être que la prochaine fois, je t'inviterais à boire un verre.
Répliques-tu d'un ton ironique, rauque, envoyant tes yeux noirs rouler vers un coin aléatoire de la pièce (c'est que tu serais fichu de le faire). Sa question tombe a point nommé, à ce titre. Témoigner de l'intérêt pour ta profession, c'est te brosser dans le sens du poil et on sait combien tu peux te montrer sensible à la flatterie (quand cela vient des femmes).
« C'est affaire de renseignements. Dis-tu en lui retournant sa flasque. On a une carte des zones à risque, avec un fichier des loup-garous enregistrés. Une liste d'illégaux en cavale...
T'as des réseaux. Les mecs sont très forts pour se couvrir les uns les autres, changer de pays, se refaire un nom... Faut être au courant.
Pour le reste, c'est généralement le voisinage qui nous alerte lorsqu'une contamination se produit. Dans ce cas là, on passe directement par le bureau des enregistrements et on met la personne en règle.
Les pauvres types qui n'ont pas eu de chance, ça ne nous intéresse pas : nos cibles, c'est tous les petits malins qui s'imaginent pouvoir passer sous le radar...
Sourire mauvais. Le cas le plus récent doit être celui d’Obwald Derby (anciennement Burgess). La presse en a un peu parlé.
« Et ceux qui contaminent à dessein. T'as jamais vu ça, toi, un vieux loup-garou ? Les dents qui restent pointues même sous forme humaine, l'odeur... Dégoût perceptible dans le ton, dans les yeux. En Russie, c'était une boucherie.... Des meutes entières dévalant sur les petits villages. J'ai vu des gosses, des gosses hauts comme ça...
Tu lèves la main à un mètre du sol, avant d'esquisser un geste de dénégation de la tête, la phrase mourant entre tes dents. Les images sont trop dures, la réalité trop crue. T'es un père, aussi : il ne faudrait pas l'oublier. Ça te fait trembler dans tes fondations, de penser à ces gosses.
Mais elle existe, pourtant, cette réalité trop immonde pour être montrée au grand public (qu'arriverait-il aux ordinaires, si l'on se prenait à diffuser de telles images ?). C'est ce que tu vois, ce que tu vis depuis plus de trente ans, mois après mois. Comment alors oser te reprocher tes idées, tes préjugés, tes opinions politiques, dans ces conditions ? Ce serait indécent. Non, tu n'as rien à apprendre de personne sur la question, Mirko. Tu en as trop vu.
Beaucoup trop vu.
- InvitéInvité
Re: Ripped apart
Dim 1 Mar 2020 - 15:11
Le chasseur est le seul de ton espèce que tu connaisses – peu concernée par sa nature d’hybride, tu évites les agents de capture autant que possible sans que ce soit suspect, d’ordinaire. Tu ne saurais dire s’ils sont tous à son image, mais en avisant sa réaction, tu notes la haine habitant ses traits, sa voix : sont-ils tous ainsi, les traqueurs lunaires? Animés par un dégoût des bêtes? Est-ce un prérequis, ou Mirko constitue-t-il une exception teintée d’un zèle particulier? T’as presque envie de lui demander alors qu’il te répond, parlant de sa nature de semi-vampire – mais elle t’intéresse si peu, en vérité. C’est peut-être ce qui te perdra un jour, Lubia : d’ordinaire, tu t’intéresses bien davantage aux détails constituant les natures de tes adversaires. Trop prudente, peut-être, ou distraite par ce qui pique réellement ta curiosité : connaître leur modus operandi pour mieux t’en protéger (ou peut-être te laisser attraper, un jour). La vérité, c’est que tu es tellement instable ces temps-ci que tu serais presque capable de te laisser pincer. T’en as presque envie et, quelque part, tu sais que tu le mérites. Voir la peur dans ses prunelles sombres, à elle, alors que même sous ta forme humaine, tu as été capable de la blesser. Bonne qu’à faire du mal aux autres – une arme qu’on se contente de pointer sur la bonne cible. Diplomate, pour mieux briser les volontés d’autrui. « Ça fait dégueulasse, ça, comme mot, « hybride ». T'imagines quoi quand on te dit hybride ? Moi j'imagine un truc dégueulasse ». Pensive, tu le contemples enfin réellement, suivant ses gestes du regard, sans répondre. Tu vois une force dans l’hybridation, une beauté certaine. La puissance gagnée dans deux natures. L’idée du dégoût se fraie pourtant un chemin traître dans ton esprit, depuis quelques semaines. La haine de soi qui, lentement, parcourt tes neurones – le choc de se savoir coupable, et de ne pas réellement pouvoir le blâmer sur autre chose que ton être où dansent deux essences.
Accueillant l’infirmier avec quelques répliques impatientes, tu tires ta flasque, l’offrant au semi-vampire après en avoir bu. « La prochaine fois qu’on est coincés ensemble, c’est toi qui sors le rab », annonces-tu, fil de moquerie liant tes lèvres et ta voix. « Peut-être que la prochaine fois, je t'inviterais à boire un verre ». L’ironie dans sa propre voix t’arrache un rire, et tu reprends le contenant, te surprenant toi-même de ta réplique. « Fais gaffe. Peut-être que je dirai oui ». Le pire, c’est qu’en ce moment, ce serait presque pas surprenant. Peut-être est-ce parce qu’il ne te regarde plus, mais tu glisses entre les lignes, filant vers ces réponses que tu ne pourrais avoir autrement. « Comment vous les choisissez? », demandes-tu, feignant un intérêt bénin, pour passer le temps, pour témoigner une once de curiosité polie à ton compagnon d’infortune. Avec attention, tu l’écoutes, attitude presque caricaturale d’écolière prête à apprendre sur ton sujet préféré. Tu tirerais presque un carnet d’une poche, si t’en avais un – ce que c’est que d’admettre l’ironie de ta situation. T’en rirais, si tu ne devrais pas par la suite expliquer la source de l’humour (et te faire pincer du même geste). Attentive, tu hoches la tête alors qu’il te parle de la sélection des proies – son approche ressemble presque à la tienne, au final, mais à plus petite échelle : tout n’est qu’affaire de réseau, n’est-ce pas?
« Les pauvres types qui n'ont pas eu de chance, ça ne nous intéresse pas : nos cibles, c'est tous les petits malins qui s'imaginent pouvoir passer sous le radar... » Sans le regarder, tu entends pourtant la satisfaction dans sa voix. Tu penses à Oz, son visage hanté par la souffrance, mais tu te forces à regarder ta main, plutôt, et tu comptes les égratignures, là où ta peau a éclaté sous le choc de tes phalanges. Penser à autre chose en faisant autre chose, éviter, louvoyer – c’est ce que tu fais de mieux, mais t’as trop envie d’obtenir des réponses pour patienter et changer le sujet. L’occasion est trop belle, trop innocente. Tu veux comprendre, et, quelque part, te donner la légitimité de continuer dans cet évitement quasi-proverbial qu’est devenue ton existence. Tu frissonnes presque en l’entendant parler des lycans à l’âge avancé, une grimace de dégoût peignant tes traits, mais pas pour les raisons qu’il pourrait assumer. Qu’il pense que c’est ta pauvre constitution féminine fragile qui pense à de pauvres enfants malmenés – alors que tu t’imagines, toi, avec de longues dents qui finiraient par ressembler aux siennes. Ton regard suit son geste sans épouser ses traits, et tu inspires.
Oseras-tu? Qu’as-tu à perdre, vraiment? Mis à part ta liberté. Pourtant, vous êtes ici, ensemble, et la conversation déjà entamée te protège d’un anonymat relatif – pouvant plaider l’innocence, même s’il n’existe pas âme qui vive qui t’accuserait de naïveté. Pourtant, en matière de lycanthropie, d’un œil extérieur, tu sais très bien te faire passer pour une novice qui cherche simplement à en savoir plus – on ne parvient pas à ta position sans savoir exploiter l’information lorsqu’une source fiable nous passe sous la main. Changer le sujet, pour cesser de penser aux enfants ravagés – qu’il croirait. « J’ai lu au sujet de votre dernière arrestation médiatisée », fais-tu simplement. Oz. Attention, Lubia. Rester le plus près possible de la réalité – occulter le seul détail que tu ne peux pas prononcer. Le secret des mensonges réussis : ne cacher que les parcelles devant rester invisibles, laisser le reste en plein jour. « Je l’ai croisé quelques fois, à son bar. C’était un endroit utile pour ceux qui ont affaire aux mondes moldu et sorcier. Beaucoup d’informations circulaient, là-bas », glisses-tu simplement, avant de lui adresser un regard en coin. « On a dû se trouver de nouveaux réseaux, depuis que l’endroit est surveillé », fais-tu, léger reproche dans la voix qui camoufle à peine celui que tu ressens réellement.
L’avoir vu, l’ombre de lui-même, incapable de se défendre face aux détraqueurs. « Mais de ce que j’ai compris dans les journaux, il semblait plus problématique pour les aurors que pour l’unité de capture ». Connaissant les détails pour avoir pris connaissance des articles au sujet d’Oz, tu peux te permettre de te promener avec prudence sur ce terrain glissant. « J’imagine que vous avez retenu certaines informations des médias », fais-tu en haussant les épaules. Tu sais comment ces choses fonctionnent, pour ceux qui travaillent dans l’ombre : t’en fais partie, à un autre niveau. T’avales une gorgée de ta flasque – goûtant le sang du chasseur sur le métal du récipient. T’en tousserais presque de dégoût, mais t’es plus mesurée que ça (?). « Mais de ce que j’ai lu, il s’enfermait la nuit, non? Limite je me serais attendue à ce que ce soit les aurors qui l’embarquent pour ses trafics, pas vous ». Loin des histoires de jeunes enfants ravagés par de vieux loups-garous. L’image t’est restée en tête : deviendras-tu ainsi, plus tard? Défigurée par la lycanthropie au point où ton secret paraîtra dans le moindre de tes gestes, gravé sur ta peau avec autant d’indélébilité que tes tatouages? On te pointera, un jour, ainsi – murmurant ce que tu perçois toi-même de plus en plus. Monstre.
- InvitéInvité
Re: Ripped apart
Dim 5 Avr 2020 - 19:09
Tu jettes un regard en biais à l'ukrainienne lorsque celle-ci évoque l'affaire Burgess. Dernière polémique en date entre conservateurs et progressistes. Tu t'es donné du mal, sur ce coup-là. Les aveux partiels, les relations qui se croisent et probablement une foule d'éléments scellés par la magie. Cet homme là avait plus à se reprocher qu'une lycanthropie cachée. Pourtant, la cour décida de lui faire un fleur... Ce sur la base (totalement hypothétique de ton point de vue) de sa « bonne nature », ou quelque chose du genre.
Cela dit, comme elle déroule son propos, ton regard s'intensifie. Tu tournes tout à fait la tête dans sa direction et la dévisage d'un air indéfinissable. T'es pas sûr de savoir où elle veut en venir et ça t'interpelle, parce-que la demoiselle est plutôt du genre directe, dans ton imaginaire. Pas que tu suspectes quoi que ce soit, mais quand t'as une intuition, ça t'accroche et ça ne te lâche plus. Alors tu l'écoutes sans mot dire, comme un vautour attentif et qui guette.
« Quand t'es en présence de ce genre de cas, la charge la plus évidente passe devant... Ce gars là a fait une victime. Dis-tu dans un genre de grondement. La petite criminalité sont des nœuds de vipère. Investigations plus longues, preuves plus difficiles à rassembler...
J'ai vu passer du monde qui n'avait rien à foutre là.
Tu ne décroches pas ton regard de la diplomate et prends quelques secondes pour réfléchir (tout de moins, semblerait-il). C'est une évidence, mais tu n'iras pas dans les détails. Pas du genre à laisser glisser une information par inadvertance, on s'en doute.
« Et pourtant il est libre, right ? Tu as un court rire sinistre. Quel genre de pays estime qu'un homme ayant contaminé et participé a des activités illégales n'est pas dangereux ?
Sa libération s'est faite sur la base d'une bonne foi hypothétique. Il n'a jamais payé sa dette à la société.
Heh... J'aimerais savoir ce qu'il en pense, le type qui vit avec une morsure et la malédiction qui va avec, en ce moment.
Nouvelle grimace hideuse. Ça t'a rendu fou, cette plaidoirie en faveur du loup. Aucune considération des faits, un sentimentalisme hors de propos : c'est à ce point absurde que tu suspectes des intentions toutes politiques derrière. L'histoire de l'agent des forces publiques réhabilité, parce-qu'aucun gouvernement ne voudrait assumer d'avoir eu un tel fruit pourrit dans ses rangs. Il fallait bien qu'il ait bon fond, cet homme là. C'est comme ça que tu interprètes la chose.
« Les illégaux sont tout sauf des victimes. Quand on représente un tel risque pour la société, on prend ses responsabilités. Autrefois, c'était l'évidence. De nos jours, tenir ce genre de discours vous fait passer pour un réactionnaire.
Transparaît dans tes diatribes toute la frustration d'avoir vu cette affaire tourner dans le mauvais sens. Tu en oublierais presque l'objet de la conversation et ses implicites, tant l'envie de pester domine ton humeur (apparemment de plus en plus contrariée). A ce titre, tu n'es pas dérangé par l'ironie de la situation, car si les lycanthropes représentent un tel danger pour la société, les individus dans ton genre en sont un autre (mais tu te rassures en pensant te trouver du bon côté de la barrière).
« Société dégénérée...
Que tu conclues entre tes dents (au point que c'en est presque inaudible). Tu lèves les yeux une nouvelle fois en direction de la brune. Maintenant, tu sais ce qui t'a interpellé dans son discours : le pluriel du « quelques fois ».
« Il fait ce qu'il peut, à ton avis, ou il fait ce qu'il veut ? Demandes-tu, reprenant, à dessein, son propre vocabulaire. Tu ne serais pas du genre complaisante avec la racaille, Savčenko...
Cela dit, comme elle déroule son propos, ton regard s'intensifie. Tu tournes tout à fait la tête dans sa direction et la dévisage d'un air indéfinissable. T'es pas sûr de savoir où elle veut en venir et ça t'interpelle, parce-que la demoiselle est plutôt du genre directe, dans ton imaginaire. Pas que tu suspectes quoi que ce soit, mais quand t'as une intuition, ça t'accroche et ça ne te lâche plus. Alors tu l'écoutes sans mot dire, comme un vautour attentif et qui guette.
« Quand t'es en présence de ce genre de cas, la charge la plus évidente passe devant... Ce gars là a fait une victime. Dis-tu dans un genre de grondement. La petite criminalité sont des nœuds de vipère. Investigations plus longues, preuves plus difficiles à rassembler...
J'ai vu passer du monde qui n'avait rien à foutre là.
Tu ne décroches pas ton regard de la diplomate et prends quelques secondes pour réfléchir (tout de moins, semblerait-il). C'est une évidence, mais tu n'iras pas dans les détails. Pas du genre à laisser glisser une information par inadvertance, on s'en doute.
« Et pourtant il est libre, right ? Tu as un court rire sinistre. Quel genre de pays estime qu'un homme ayant contaminé et participé a des activités illégales n'est pas dangereux ?
Sa libération s'est faite sur la base d'une bonne foi hypothétique. Il n'a jamais payé sa dette à la société.
Heh... J'aimerais savoir ce qu'il en pense, le type qui vit avec une morsure et la malédiction qui va avec, en ce moment.
Nouvelle grimace hideuse. Ça t'a rendu fou, cette plaidoirie en faveur du loup. Aucune considération des faits, un sentimentalisme hors de propos : c'est à ce point absurde que tu suspectes des intentions toutes politiques derrière. L'histoire de l'agent des forces publiques réhabilité, parce-qu'aucun gouvernement ne voudrait assumer d'avoir eu un tel fruit pourrit dans ses rangs. Il fallait bien qu'il ait bon fond, cet homme là. C'est comme ça que tu interprètes la chose.
« Les illégaux sont tout sauf des victimes. Quand on représente un tel risque pour la société, on prend ses responsabilités. Autrefois, c'était l'évidence. De nos jours, tenir ce genre de discours vous fait passer pour un réactionnaire.
Transparaît dans tes diatribes toute la frustration d'avoir vu cette affaire tourner dans le mauvais sens. Tu en oublierais presque l'objet de la conversation et ses implicites, tant l'envie de pester domine ton humeur (apparemment de plus en plus contrariée). A ce titre, tu n'es pas dérangé par l'ironie de la situation, car si les lycanthropes représentent un tel danger pour la société, les individus dans ton genre en sont un autre (mais tu te rassures en pensant te trouver du bon côté de la barrière).
« Société dégénérée...
Que tu conclues entre tes dents (au point que c'en est presque inaudible). Tu lèves les yeux une nouvelle fois en direction de la brune. Maintenant, tu sais ce qui t'a interpellé dans son discours : le pluriel du « quelques fois ».
« Il fait ce qu'il peut, à ton avis, ou il fait ce qu'il veut ? Demandes-tu, reprenant, à dessein, son propre vocabulaire. Tu ne serais pas du genre complaisante avec la racaille, Savčenko...
- InvitéInvité
Re: Ripped apart
Dim 26 Avr 2020 - 21:24
Prudemment, évoquer un cas connu, médiatisé. Se faufiler avec une innocence toute feinte (mais t’es bonne actrice, Lubia) vers le fil qui t’intéresse – le fonctionnement. Essayer de chercher, quelque part, un grain d’absolution. Pour … t’en sais rien, Lubia. T’as la main qui saigne, le cœur qui se serre, et tu serais probablement prête à exploser la gueule du premier venu qui te regarderait de travers. Ce que c’est que d’être prise dans ce mélange particulier de contrôle et d’impulsivité. « Quand t'es en présence de ce genre de cas, la charge la plus évidente passe devant... Ce gars là a fait une victime. » Sa voix gronde, et une ombre que tu n’as pas besoin de feindre passe dans ton regard. Pretty boy, you bloody idiot. À refuser autant sa nature, à tenter de se limer les dents, les griffes, n’avait-il pas signé son propre arrêt de mort il y a longtemps, ce lycan barman auquel tu t’es si étroitement liée? Et pourtant, il ne t’a rien dit – can’t blame him, si vos places avaient été inversées, tu aurais passé tes crimes sous silence, toi aussi. (quelle belle ironie.) Un juron russe échappe à tes lèvres, craché sans une once de respect – mais là où on pourrait voir de la haine, c’est surtout un étonnement face à la stupidité de ton ancien allié. Soutenant le regard du vampire, tu te tais, observant le portrait qu’il crée, la toile qu’il tisse autour de l’histoire – laissant des parts ouvertes, où l’air se glisse. Tu devines entre ces lignes les non-dits, mais tu n’en as pas besoin.
Frôler le connu, avec un air intéressé, pour obtenir des informations. C’est qu’au final, tu te connais toi-même si bien, Lubia, habituée au moindre de tes réflexes de bête, mais ton espèce demeure bien mystérieuse pour toi qui as toujours soigneusement évité tes congénères. Sauf Oz. Poor bastard. Les prédateurs qui ne savent pas s’adapter à leur environnement finissent par se faire bouffer – cycle éternel, et t’es pas là pour s’apitoyer sur son sort, ou le tien. Mais la litanie du chasseur ne t’attend pas, poursuivant son flot. « Et pourtant il est libre, right ? Quel genre de pays estime qu'un homme ayant contaminé et participé a des activités illégales n'est pas dangereux ? » Tu ne croyais jamais être d’accord avec lui – ce que c’est que de s’ériger en paragon de moralité, Lubia. Avoir mordu, mais pas contaminé – alors, quoi, donc? Douter de ta nature pour la première fois depuis une éternité, et prendre en pitié (relative) le sorcier qui se retrouvera avec une bête qu’il est incapable de contrôler à l’intérieur de lui.
Un prédateur qui veut mordre, assoiffé de sang –
N’est-ce pas pour cela que Mirko est aussi efficace?
Pliant et dépliant tes doigts, tu fais une grimace légère – ce n’est pas parce que les lycans ont de bonnes capacités régénératrices que ça fait moins mal, sa mère. « Les illégaux sont tout sauf des victimes. Quand on représente un tel risque pour la société, on prend ses responsabilités. Autrefois, c'était l'évidence. De nos jours, tenir ce genre de discours vous fait passer pour un réactionnaire. » L’amertume dans la voix du traqueur t’arrache un rire aigre – c’est qu’en toi se mêlent les contradictions qu’impliquent le fait d’être une femme queer aux plus hauts rangs d’un Département décidément masculin et conservateur, et le jugement pour la mollesse que tu perçois chez l’attitude britannique en général. « Société dégénérée... » À ces mots, tu lèves ta flasque, trinquant dans l’air, la portant à tes lèvres. Un goût métallique se lie à celui que tu aurais retrouvé d’ordinaire sur le goulot, et tu grimaces, regardant l’objet d’un air accusateur. « Putain t’as mis du sang dessus. Tu goûtes mauvais ». Un regard entendu, dans lequel se glisse tout de même un trait moqueur – mais il n’entend plus à rire, le Russe.
Vos prunelles se croisent, et tu soutiens son regard sans broncher. « Il fait ce qu'il peut, à ton avis, ou il fait ce qu'il veut ? Tu ne serais pas du genre complaisante avec la racaille, Savčenko... » Évitant sa première question, tu réponds plutôt à la seconde, t’assurant que vos prunelles sont au même niveau. Le métal des tiennes – froid, déterminé. Dénué de compassion. « Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui laisse passer quoi que ce soit, dis-moi? », demandes-tu avec le ton doucereux que tu utilises pour menacer. Celui qui donne froid dans le dos, celui qui fait vaciller. « Pourquoi tu penses qu’ils avaient besoin de sang slave dans mon Département? Tellement mollassons ces britanniques. Ça a eu un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais, et depuis, c’est la dégringolade ». Le mépris, tellement perceptible que c’en est comique – tu ne t’en caches pas. Même s’ils louent tes services, tu ne leur appartiens pas. D’un geste dédaigneux, tu désignes les étages supérieurs, englobant tout : le précieux gouvernement, sa machine bureaucratique, son arsenal de diplomatie. « Ça invente le droit international et les conventions pour choisir lesquelles enfreindre, mais la vérité, c’est qu’ils sont trop heureux d’embaucher des gens qui voient à travers leur hypocrisie. Ils ne veulent pas se salir eux-mêmes, alors ils préfèrent blâmer les wildcards de leur arsenal » quelque part, vous avez probablement des rôles similaires au sein de vos unités respectives. « mais ils sont bien trop heureux que j’enfreigne les règles qui leur lient les mains ».
Laissant planer un silence léger, tu finis par hausser les épaules. « À Moscou et Kiev, c’était plus simple. Là au moins les diplomates avaient l’honnêteté de dire ce que tout le monde tait ici : qu’on s’en branle, des juristes, tant qu’on arrive à garder un semblant d’ordre social ». Peace, order and good fucking government. « Mais nous on ne peut pas casser la gueule de nos interlocuteurs », glisses-tu, lui adressant un clin d’œil – mais tes yeux ne sourient pas. Il y a quelque chose d’incroyablement cassant dans ton regard, pour le coup. « Donc non – ceux qui vivent au-dessus des lois, franchement, je m’en moque. Ce sont ceux qui viennent foutre le bordel dont je me méfie, Volkine ».