Il doit être environ minuit en ce Mercredi soir. Tu ne franchiras pas encore les portes de tes appartements. Pas pour l’instant du moins. La fraicheur, le calme et l’atmosphère de la nuit ont cela de stimulant chez toi. La nuit intrigue, autant que les ténèbres fascinent. Le silence ambiant n’est qu’uniquement troublé par les bouillonnements du chaudron que tu as mis sur le feu. Tes gestes, experts, témoignent de tes compétences en matière de préparation de potions.
De temps à autres, tu adresses un coup d’œil par-delà les baies vitrées des serres de botanique. Tu te trouve précisément dans l’une d’elle dont tu as pris soin de laisser les portes battantes ouvertes. Parce que tu attends quelqu’un de pied ferme. La confection de ces quelques litres de potion de mémoire est à destination des personnes que tu souhaites interroger dans le futur. Cette attaque de détraqueurs, tu comptes bien être en mesure d’en donner une réponse dans les plus brefs délais.
Sous tes mains manucurées, plusieurs plumes bleues étincelantes de Jobarbille sont alignées, entreposées çà-et-là mais strictement triées et séparées des autres ingrédients. Par instant, tu quittes ton plan de travail pour cueillir avec minutie des brins, des feuilles et autres herbes dont les propriétés te permettront de rendre ta mixture encore plus efficace. Tu n’es pas du genre à laisser un seul détail de côté. Pas un seul.
C’est un hululement qui finit par te sortir de tes pensées. Ta chouette effraie vient de se poser sur la branche d’un arbuste attenant. Elle ne porte aucun message particulier, pas de réponse. Tu n’en attendais pas de toute façon. Ton texte était directif et ne laissait pas place à une quelconque réplique. Tu soupires lorsque tu écoutes des pas dans les gravillons qui entourent l’ensemble des serres du château. Tu devines la présence de ton invité de ce soir assez aisément.
Munie d’un sécateur, tu découpes plusieurs baies que tu récoltes soigneusement dans un récipient de cristal, te tenant de dos au jeune homme. « Eisenhower. » En tant qu’étudiant de ta propre maison, il sait pertinemment quels sont tes travers et tes qualités. Ton côté théâtral est clairement difficile à caser dans l’un ou l’autre de ces penchants. Tu te retournes, regard noir dirigé vers le sien. Aucune pitié. « Ne touchez à rien. Et surtout ne m’agacez pas davantage. »
D’un coup d’œil en direction des portes de la serre, celles-ci se referment instantanément. Tu l’évites superbement, te reportant au-dessus de la table de chêne sur laquelle tu viens écraser les baies à partir de la lame d’un couteau affûté afin d’en extraire le jus. Ne lui adressant plus aucune attention, tu poursuis, sur un ton de reproche évident. « Vous pensiez vraiment que je n’allais jamais mettre la main sur cette histoire ? » Tu laisses le temps courir, les minutes passer avant de reprendre, cassante. « J’ai eu vent de vos recherches, Eisenhower. Je pensais pourtant avoir été claire sur ce sujet-là. Qu’avez-vous à répondre ? »
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d'une nuit sans réveil x lincoln
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Re: d'une nuit sans réveil x lincoln
Les étoiles dans le ciel, une nuit assez douce et très paisible. On pouvait entendre par moment le vent ou bien le bruit de certains animaux, rien de bien effrayant en soi. Marchant à la fois d'un pas assez rapide tout en voulant reculer, Lincoln ne mit pas longtemps avant de rejoindre le lieu du rendez-vous, marchant alors sur des petits cailloux qui mit en évidence sa présence. Se présentant alors dans la serre, il ne décrocha pas un seul mot à son arrivée, affichant alors une expression des plus neutre sur son visage, se tenant aussi droit qu'un i, adoptant une position digne d'un grymm. Lorsqu'il entendit son nom, instinctivement, il y eut qu'une seule réponse possible qui sortit de sa bouche. « Professeure. » Répondit-il sans attendre le moindre bruit qui aurait pu venir perturber la conversation, se contentant de dire un seul mot. Amonwë n'était pas une étudiante et au vu de son parcours professionnel et de son caractère, Lincoln savait qu'il lui paraissait presque impossible voire impossible tout court de se jouer d'elle à travers la magie des mots. Entendant à nouveau sa voix s'élever dans les airs, Lincoln ne bougea pas d'un cil. « Je n'en avais nullement l'intention professeure. » Lâcha-t-il avec une légère nervosité, se demandant encore ce qu'il avait bien pu faire pour être convoqué à cette heure-ci et voyant également qu'elle n'était pas dans un bon jour, ce qui n'allait certainement pas arranger ces affaires. Prenant alors la parole de sa voix sèche, Cléopatra semblait ne pas vouloir tourner autour du pot, ce qui paraissait convenir parfaitement au jeune homme qui leva son sourcil droit, affichant son étonnement sur son visage bien que la directrice de sa maison lui tournait le dos. Quelle histoire ? De quoi parlait-elle ? Voilà les questions que se posait le grymm à cet instant, essayant sincèrement de comprendre ses dires. Il ne se doutait pas une seule seconde qu'elle parlait de ces recherches pour retrouver son frère et après un long silence, bien trop pesant pour Lincoln, elle lui fit par de ses découvertes. Il avait été grillé. Surpris ? Pas sur le fait qu'elle venait de découvrir qu'il poursuivait ses recherches malgré l'interdiction qu'il avait reçu de la professeure. Là où il fut surpris, ce fut de la rapidité de cette découverte, pensant avoir été plus discret que cela. Gardant son sang froid, le jeune homme resta dans la même position qu'il avait essayé de garder depuis qu'il avait pénétré dans la serre. « Comment l'avez-vous découvert professeure ? » Osa-t-il demander, bien qu'il savait qu'elle n'allait pas lui répondre directement. Le grymm reprit cependant la parole aussitôt après avoir posé sa question, ne voulant pas davantage s'attirer les foudres de sa directrice et répondit alors au questionnement de cette dernière. « Croyez-vous sincèrement que j'allais rester là sans rien faire ? Ils ont tué mes parents. Je ne compte pas laisser ce crime impuni et voyant que le Ministère ne semble pas pressé à attraper ces criminels, je compte bien retrouver mon frère et me venger. » Lâcha-t-il sur un ton qui ne paraissait plus aussi neutre qu'avant, laissant dégagé une certaine émotion quant à reparler de toute cette histoire. Lincoln ne comptait pas mentir à sa directrice, mais cela ne voulait pas non plus dire qu'il allait exécuter toutes ces maudites règles ou autre dire qui l'empêcheraient de retrouver son frère.
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Re: d'une nuit sans réveil x lincoln
Les baies explosent sous l’acier comme ton humeur sous les assauts de ses mésaventures nocturnes. D’une rage contrôlée, tes gestes réduisent en miettes ces fruits sous l’éclat de la lame. Un à un. Pour en extraire un jus pourpre et épais, semblable à du sang. Bien que sa politesse ait apaisé ta colère dans les premiers instants, celle-ci gronde au loin. Comme l’orage menaçant la nuit paisible. Evidemment, en hommage à ses parents dont l’amitié te fut chère, tu gardes un œil sur ce garçon. Qui plus est appartient à ta maison.
Hors de son champ de vision, ton sourcil se lève sous le caractère puéril de sa demande. Pense-t-il sincèrement que tu répondras ? Tu balais tout ceci d’une indifférence totale. Longtemps, et à plusieurs reprises, tu t’es plu à suivre ses pas jusqu’au cœur d’Inverness, parfois au-delà. Pris en filature, l’étudiant ne s’est rendu compte de rien. En témoigne votre actuelle conversation. « Désormais, vous apprendrez que fureter nécessite une surveillance accrue de vos arrières ».
Sur ce, tu finis par te retourner en sa direction. Son allure impeccable correspond à ce que tu attends des élèves de ta confrérie. La maison Grymm inspire le respect voire l’intimidation dans le monde sorcier depuis plusieurs décennies. Tu ne souhaites en aucun cas que cela change. Tu ne le permettrais pas. Jamais. Ainsi, droit devant toi, il te rappelle ses géniteurs. N’ayant pas affronté son regard jusqu’alors, comportement inconscient destiné à te protéger de l’impact émotionnel.
Ton palpitant se serre dans ta poitrine. Son père était un haut fonctionnaire du Département de la Justice Magique. Ses prises de position concernant le statut du sang étaient nettement proches des tiennes. Son épouse étant quant à elle une femme Non-Maj, institutrice de profession et dévouée envers l’enseignement. Des valeurs pour lesquelles tu t’identifies. Tes griffes enserrent une louche d’argent que tu plonges dans une potion aux colorations bleutées, agréables.
L’émotion palpable, le garçon s’exprime avec force, pris au vif. « Vous voilà bien trop à fleur de peau, Eisenhower ». Tu remues distraitement la mixture dont se dégage une furieuse odeur de basilic. « La colère n’amène rien de fructueux ». D’un calme impressionnant, tes paroles tranchent son désir de vengeance. « Aymeric et Constance voudraient vous savoir en sécurité avant tout, Lincoln ». Tu prépares ainsi le terrain de tes arguments futurs.
« Avant leur décès, ils m’ont chargée de garder un œil sur vous. Vous voilà, à enfreindre les directives de l’Université. Par pitié, dîtes-moi que vous avez au moins découvert quelque chose d’intéressant ? » Autrement dit, une information que tu n’as pas déjà en ta possession. De l’autre côté de la paillasse, tu défraichis des plumes de Jobarbille pour en conserver la partie la plus duveteuse. « Eh bien ? » lances-tu, impatiente.
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Re: d'une nuit sans réveil x lincoln
Lincoln aurait très bien pu justifier ses activités souterraines par un mensonge, mais finalement, il préféra dire la vérité à Cléopatra. Il avait du respect pour elle ainsi que de l'admiration. De plus, le jeune homme n'oubliait pas qu'elle n'était pas simplement sa professeure ainsi que sa directrice de maison, mais également une amie de ces défunts parents. Et il se voyait mal lui mentir ouvertement. Il aurait pu le faire, mais préféra dire la vérité sur ce qu'il faisait en dehors de l'université, des recherches qu'il menait pour retrouver son frère et ainsi se venger. Comment ? Il ne le savait pas lui-même, bien que le dernier cours de Défense Contre les Forces du Mal de l'an passé, avec les épouvantards, lui ait montré qu'il avait une rage pour l'instant incontrôlable envers son frère et qu'il semblait être prêt à le tuer. Parlant avec son coeur plutôt que sa tête, il laissa paraitre ses émotions, un moment assez rare car le jeune homme avait toujours entrepris le fait de garder ces sentiments, son ressentit sur son passé familial enfoui en lui, ne voulant pas que cela devienne une faiblesse ou un moyen de l'attaquer.
Reprenant alors le contrôle de lui-même après ses aveux, il resta de marbre en écoutant sa professeure lui dire qu'il paraissait être à fleur de peau, lui rappelant que la colère ne menait à rien de bon, ou comme elle venait de le dire, de fructueux. Un point sur lequel le grymm n'était pas forcément d'accord. Tout dépendait de la situation selon son point de vue. « Je ne sais pas si vous connaissez Paul Michaud. C'est un auteur moldu, pas très connu. J'ai lu un de ses livres et une phrase m'a interpellé, une pensée à laquelle j'adhère et qui parle de la dite colère que vous venez d'évoquer. Il disait que la colère justifiée était toujours saine. Et je pense que ma colère est justifiée dans ce cas précis. » Lincoln ne voulait pas manquer de respect à Cléopatra, simplement essayer de lui faire comprendre ou tout du moins lui montrer son point de vue, celui qui le guide dans ces actions récentes. Il ne pouvait pas rester là, sans rien faire et au fond de lui, il espérait que sa professeur le comprenait, même si lui même comprenait qu'elle ne pouvait pas accepter ce qu'il était en train de faire. Cependant, entendre Amonwë dire le prénom de ses parents le figea comme si on venait de le pétrifier. La voix de la directrice des grymm combinée avec le prénom de ses géniteurs lui fit rappeler les moments où elle venait à la maison partager un dîner entre amis, une époque où Aymeric et Constance était encore de ce monde. Il ne ressentait pas forcément de la colère, mais plutôt de la tristesse qu'il essaya de contrôler du mieux qu'il le pouvait. Il se tut tout simplement.
Elle veillait donc sur lui ? A vrai dire, cela ne semblait pas être une surprise pour le jeune homme, connaissant assez bien ses parents pour deviner qu'ils avaient formulé une telle demande à Cléopatra. Et au fond, Lincoln n'allait pas s'en plaindre car au moins, il savait qu'une personne physique veillait sur lui et que s'il lui arrivait d'être dans un bordel sans nom, il n'allait pas être tout seul. Même si pour le moment, il préféra davantage se la jouer en solo. Amonwë se montra par la suite intéressée par les informations que le jeune homme aurait pu recueillir durant ses explorations nocturnes. La question qu'il se posa fut de savoir s'il devait lui dire la vérité ou pas ? Et que s'il comptait lui révéler la vérité, devait-il le faire entièrement ? « Tout ce que j'ai pour le moment, c'est un nom : Cécile Tchen. Tout ce que je sais, c'est que son nom est revenu régulièrement sur plusieurs documents que j'ai pu trouver à la suite d'une fouille d'une de leurs planques. Je pense que c'est un pseudo car j'ai découvert un livre de cuisine co-écrit par Cécile Tchen. Alors soit une cuisinière et auteure a rejoint une secte pro sang-pur, soit on utilise son nom pour cacher une autre identité. » Conclut-il en croisant ses doigts entre eux, les mettant devant lui sans bouger pour autant le reste de son corps. Lincoln avait décidé de ne pas mentir à sa professeure, mais il ne lui avait pas tout dit. Il n'avait pas parlé de sa rencontre avec Ephrem Volkov ayant peur qu'elle aille le voir et le dissuade de ne révéler aucune information au jeune homme. De plus, il n'avait pas parlé de l'implication de Watson, ne voulant pas créer de soucis à son camarade. Il ne rajouta aucune autre parole, laissant Amonwë évaluer la situation.
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Re: d'une nuit sans réveil x lincoln
A ta mesure, le Grymm reprend une posture de contrôle. Tu ne saurais le lui reprocher dès lors que tu fonctionnes ainsi depuis des années. Précisément depuis le décès de ton tout premier compagnon. La maîtrise de l’âme permettant d’endurer les pires horreurs et d’enfin renoncer à tes errances nocturnes. Celles-ci sont bien mieux appréhendées depuis maintenant ces deux dernières années où tu présides le Département des Défenses Contre les Forces du Mal. Sans doute laisses-tu davantage la place à tes fantômes, à ta noirceur. Il y a aussi Eden, pilier d’attachement désormais fondamental.
Tu hausses vaguement un sourcil à l’évocation du dénommé Paul Michaud. « J’ose espérer que vous ne dictez pas l’ensemble de vos comportements selon les citations de cet auteur Non-Maj ». En bref, tu préfères balayer d’un revers de la main ces inepties. S’il juge sa colère comme étant saine, soit. Tu n’as pas prétention à lui faire changer d’avis. « Je persiste à croire que cette colère vous pousse à des prises de risques non négligeables ».
La coloration cyan des plumes que tu décortiques tranche d’avec ton allure sombre. Les clapotis du chaudron résonnent en cette cage de verre dans laquelle les explications fusent. C’est une explosion munie d’un panache de fumée azurée qui souffle la discussion. D’un geste, le nuage se dissipe. Sous tes ordres, les aveux parviennent enfin. « Cécile Tchen … » répètes-tu distraitement tandis que tu remues la concoction avant de lui ajouter le jus des baies préalablement écrasées.
Ainsi, il pourrait s’agir d’un pseudo plus que d’une identité à part entière. L’étudiant évoque l’existence de plusieurs lieux qu’il a pu dévaliser, dont un ouvrage dédié à la cuisine. Tes orbes le fixent un instant, cherchant à percevoir s’il est se montre sérieux. « Je dois bien reconnaître que votre hypothèse ne manque pas d’intérêt ». Déguiser une activité par une autre qui lui soit irrémédiablement opposée est pertinent. « Néanmoins, sans vouloir vous manquer de respect, cela saute aux yeux qu’il s’agisse d’une véritable fraude ».
Pour toi, il n’y a pas l’ombre d’un doute. Une fois l’entièreté des ingrédients déposés dans le récipient, tu t’adosses contre le plan de travail, croisant les bras sur ta poitrine. « Avez-vous prévu de retourner sur les lieux que vous avez déjà visités, Eisenhower ? Détenaient-ils des armes ? ». Tu marques un temps d’arrêt. « Vous ne pouvez mener cette guerre seul. La presse ne doit en aucun cas s’emparer de la situation. Si cela advenait, alors vous serez vulnérable. Tant que vos assaillants n’ont pas connaissance de vos manigances, alors vous ne craignez rien ». Reine sur l’échiquier géant de la vie, tu guides les pions selon ton bon vouloir. En témoigne cette répartie.