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[FB] Sept. 2016 - Premier pas institutionnel
Dim 2 Fév 2020 - 0:50
Après avoir hésité un court moment au seuil de ce bureau qu’il peinait à réaliser être le sien, Sebastian avait tendu une main distraite vers une pile de paperasserie diverses, jusqu’à en extirpé enfin un parchemin à la finition et aux armoiries distinctives, sur lequel s’allongeait un grand titre en caractères italiques.Rencontre d’intégration du personnel
Wednesday 14th, at 14h00
Third Floor, East Wing.
Le jeune trentenaire eut un long soupir à la relecture. Dans sa dernière missive — rédigée sous quelques chauds rayons de soleil au sud de l’Amérique — Dhan lui avait fait la sage recommandation de ne pas se présenter en retard à ce rendez-vous officiel, une attitude que le Doyen MacArthur exécrait semble t-il autant que l’incompétence. Parce que son meilleur ami était doté d’une rigueur enviable dans les détails, il avait également adjoint à son conseil un plan simplifié des couloirs de l’institution où un point vert clignotait, identifiant les déplacements du cuisinier en temps réel. Si ce dernier avait le malheur de s’éloigner de l’objectif enregistré, alors ce même indicatif visuel se gonflait prestement en prenant des teintes plus alarmantes ; orangé d’abord, jusqu’à tourner complètement au rouge. Une belle attention de la part de l’hémophile érudit, car malgré que l’Irlandais puisse avoir déjà consacré, par le passé, trois longues années à apprivoiser cet environnement magique des Highlands, sa mémoire des angles morts et autres détours obligés avait depuis été effacé pour faire place à bon nombres d’ingrédients et autres recettes typiques. Hum, peut-être alors que ce sachet de grains de café Brésilien — une autre offrande de leur dernière communication — saurait insuffler juste ce qu’il faut de clairvoyance à l’aîné Donovan ? Autant préciser que ce n’était pas l’envie d’assister à ce petit exposé magistral qui étouffait le jeune homme, lui qui aurait préféré revoir pour la énième fois en autant de jour le planning des commandes au garde-manger.
La lettre d’invitation fut donc rapidement enfouie dans la poche arrière de son jeans, tandis que le plan préparé par les soins du Sir Chaffinch continuait de léviter doucement en étirant ses quatre coins un peu trop près du visage de son destinataire. Plus qu’une carte, c’était toutefois d’une montre dont le cuisto aurait bien eu besoin, lui qui n’avait pas encore intégrer le rythme soutenu des services institutionnels. Un rapide coup d’oeil en direction de la pendule des cuisines suffit à le fixer sur les options limitées s’offrant à lui dans le contexte ; repasser par ses appartements pour un brin de toilette en risquant un déficit à l’horloge ou simplement se débarrasser de son tablier et attaquer le parcours devant le conduire au lieu de sa convocation. Nouveau soupir. Considérant l’opportunité que représentait ce contrat à Hungcalf, se soustraire aux attentes ou feindre l’oubli aurait été inconsidéré et Baz en vint donc à opter pour la seconde option, profitant du trajet pour déplier les manches de sa chemise et remettre simplement un peu d’ordre dans sa chevelure.
La traversée du campus — de ses paysages d’automne et de son petit monde — lui offrit ultimement un répit apaisant, si bien que lorsqu’il se présenta finalement au local indiqué avec quelques minutes d’avance au compteur, son humeur à la perspective de cette interruption dans son planning quotidien était déjà plus légère qu’au moment ou il avait quitté les cuisines. Adolescent, l’ex-Gryffondor se démarquait surtout pour ce charisme sobre dont il savait faire preuve auprès de ses pairs, particulièrement en groupe. Ainsi, l’occasion d’établir un premier contact avec ceux qui allaient devenir ses collègues ne l’angoissait pas particulièrement, sinon que suivant la disposition de la salle et son heure d’arrivé, tout le monde semblait s’être déjà installé par duo autour de multiples petites tables circulaires, chacune surmontées par une cuve d’eau ou plusieurs ondées brillantes s’agitaient doucement. Tous, sauf une. Inspirant un petit coup, Baz s’approcha donc de ce que le destin semblait avoir désigné comme son siège pour l’après-midi, tout à la droite de celui d’une femme en apparence un peu plus vieille que lui, d’une blondeur impeccable et déjà vêtue pour affronter le froid de l’hiver Écossais. Elle avait posé une simple paire de verre fumé sur le rebord de leur desserte et tenait sur ses genoux une paire de gants fins d’une couleur superbe.
— Pardon, mais est-ce que cette place est prise ? ? demanda t-il poliment avant même d’envisager s’installer ou révéler son identité.
Tout autour de la salle se trouvait disposé des amoncellements de nourriture, de papeterie à l’effigie d’Hungcalf ou encore de ces pièces de vêtements aux armoiries brodées bien ostensiblement. Le groupuscule de gens présent était somme toute homogène ; déjà le doyen et sa secrétaire personnelle, beaucoup d’académiciens, d’érudits, de futurs professeurs, assistants ou chercheurs, bien peu de gens de métiers en apparence. D’ailleurs, à la vue des doigts fins de la dame dont il attendait encore une permission, il était plutôt certain que celle-ci n’avait pas été engagé pour entretenir les jardins ou récurer les chiottes. Non, sa posture tout entière annonçait un autre genre de raffinement, mais lequel ?
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