"Et merde." L'appel de l'adrénaline et de l'argent est plus fort que lui ; se levant brusquement de sa table, dans la cave du Styx, d'où il surveillait l'organisation et le bon déroulement du début de soirée, il se rend dans la salle de service, ferme la porte derrière lui à double tour. Puis il fouille dans les dossiers rapportés par leurs informateurs, un coup de baguette et une formule magique secrète couvrant le parchemin blanc d'écritures et d'informations précises. Il cherche, il dévore des yeux, et trouve enfin le nom qu'il cherchait - Conrad, ce sombre salopard qui a osé tenter de les rouler. Oser les voler sans craintes des conséquences. Les infos révèlent une activité étrange dans le Tay Forest Park, et Darcy ne peut s'empêcher de pouffer de rire : ce bouffon est même pas foutu de couvrir ses traces proprement. Le jeune homme sait pertinemment que Vic a promis de s'en charger lui-même, mais... il n'aime pas savoir son ami, son bras droit, seul sans le moindre back up quelque part dans cette forêt. Le risque est trop grand. Il a confiance en lui, mais il serait plus rassuré s'il n'était pas seul ; alors la première tête du Cerbère n'hésite pas une seule seconde de plus : activant un portoloin préparé à l'avance (parce que mine de rien, ça le travaille depuis un moment déjà) d'un coup de baguette, il s'en empare et le voilà transporté jusqu'aux abord de la forêt. Putain, y a beaucoup trop d'arbres, et c'est pas comme s'il pouvait lancer un lumos - trop risqué, il se ferait repérer. Un dernier soupir, sa prise de ressert autour de sa baguette, et il s'élance.

Sa grande silhouette toute de noir vêtue se tapit dans l'ombre de la forêt, se faufile entre les fougères et les arbres biscornus. Il a l'impression que ça fait une éternité qu'il avance - et plus il marche, plus sa rage contre ce connard de Conrad se renforce. Il a, avec lui, un sac qu'il compte bien remplir de poignées et de poignées de gallions bien dorés, ainsi que de quelques plaquettes de shit - les fameuses plaquettes que cet arnaqueur leur devait.  Mais pour l'instant sa priorité reste de retrouver Victor, en espérant ne pas arriver trop tard. Après quelques minutes de marche en plus, il lui semble approcher de la fameuse baraque - il voit des traces de passage sur son chemin, des traces fréquentes et vieilles ancrées dans le sol et dans la végétation. Se montrant plus discret encore, il se courbe en avant, sur ses gardes - qui sait qui pourrait bien traîner dans les alentours, après tout. A cet instant il lui semble repérer une présence à quelques pas de lui : il se tend, sur ses gardes, avant de reconnaître la silhouette familière de Victor, tapi dans l'ombre. Rassuré, il s'avance, et son déplacement est rapidement repéré par le jeune homme, qui fait volte-face, la baguette en main : "Toi ? Putain mais tu fous quoi ici ?" Levant les yeux au ciel, Darcy répond à voix basse : "J'allais pas te laisser t'embarquer là-dedans tout seul, tu crois quoi ? Et puis merde, moi aussi j'ai des comptes à régler avec ce connard." La vengeance sera jouissive et discrète, sans laisser de trace ; cet imbécile ne comprendra même pas ce qui lui sera arrivé. "Y a encore du monde à l'intérieur, à c'que j'vois. T'as un plan ?" Darcy connait bien Victor, et il sait que ce dernier est plein de ressources.

Sourires échangés, les deux vieux frères se postent tranquillement dans l'ombre, attendant leur heure. Darcy s'accroupit à côté de Victor quand ce dernier l'invite à prendre place avec lui, et prend volontiers le morceau de boeuf tendu vers lui, dans lequel il mord sans ménagement. "C'est son anniversaire. A Conrad..." Darcy laisse s'échapper un reniflement de mépris - c'est tellement facile de glaner des informations, grâce à leur réseau d'informateurs et des connaissances, et Gluttony qui se charge volontiers de tirer les vers du nez de leur chère clientèle. "Et Monsieur a décidé de fêter ça avec toute sa clique ce soir, à Inverness. Ils vont donc simplement se barrer. Et quand ils le feront..." Son sourire se fait mesquin ; Darcy a la revanche facile, et il n'aime pas qu'on le roule comme ce cher Conrad a pu le faire. Il se considère juste dans ses affaires, mais le Styx est sévère et les Deadly Sins savent se montrer impitoyable envers ceux qui tentent de les arnaquer. Conrad a cru qu'il avait réussi à les rouler dans la farine, mais il n'a pas idée de ce dans quoi il s'est embarqué. Darcy aimerait bien foutre le feu à quelques unes de ses cargaisons, au passage... Peut-être arrivera-t-il à se retenir. Peut-être. "Il ne nous reste donc plus qu'à attendre et nous glisser à l'intérieur. Ce bon vieux Conrad a un peu trop pris la confiance." Darcy sort le masque fourré peu cérémonieusement dans la poche magiquement agrandie de son sweat, ce masque qui lui rappelle tant de souvenirs : mine de rien, des coups pareils, Vic et lui n'en sont pas à leur premier.

"Tu trouves pas ça marrant toi ? Y a deux ans, c'est le frère de ce bâtard qu'on allait voler. Et aujourd'hui, v'là que c'est Conrad qu'on va visiter..." Darcy ne retient pas un léger rire satisfait : famille de pourris qu'ils sont, ils méritent bien ce qui leur tombe sur la gueule - c'est à dire, eux. Prendre les jolis gallions dorés qui leur sont dus, foutre un peu le bordel dans sa cargaison au passage si l'envie lui prend (et faut qu'il arrête de se mentir à lui-même, bien sur que l'envie lui prendra) puis repartir, ni vu ni connu, aussi aisément que cela. "L'ironie du sort. Ils n'ont que ce qu'ils méritent, ces pourris." Il sent déjà son coeur se remettre à battre rapidement sous l'effet de l'adrénaline qui monte avec l'anticipation. Soudain, du mouvement : une porte s'ouvre, quelques silhouettes se glissent à l'extérieurs. Darcy se camoufle un peu plus dans l'ombre, enfile déjà le masque : "Bientôt," souffle-t-il à Victor en un murmure. Il les compte : ils sont une dizaine à se regrouper devant la propriété, probablement dans l'attente d'un portoloin. il observe les fenêtres de la propriété, vérifiant que les lumières sont bien éteintes et les volets fermés, signe de l'absence de quiconque à l'intérieur : peut-être une âme solitaire se cache-t-elle encore entre les murs, mais à eux deux, ils s'en sortirons probablement comme des chefs.

Envy désigne une photo d'une blondinette que Sloth reconnait rapidement comme étant Ymkje, petit bout en train qui aime bien emmerder Darcy et qui a été, elle aussi, recrutée au Styx comme danseuse. "Je l'aime bien. Vraiment beaucoup..." Le réunionnais lui offre l'un de ses rares sourire ; ça sent l'amour, tout ça, et il ne peut qu'en féliciter son ami. Le jeune homme lui-même comprend le sentiment, chose qu'il n'aurait jamais cru pouvoir dire : son coeur bat désormais, lui aussi, pour un garçon dont il est tombé entièrement sous le charme, et à qui il donnerait n'importe quoi. Tout. Son visage apparaît dans son esprit, Dorian, jolis yeux noisette et grain de beauté qui le font fondre, et le jeune garçon songe qu'il n'y a plus que lui qui le garde docile et doux sur cette terre. Il offre une tape amicale, fraternelle, dans le dos de Victor ; "Eh. Vous allez rudement bien ensemble."

Les hommes de Conrad et ce dernier se regroupent devant la propriété ; Darcy et Vic enfilent leurs masques, et se tapissent dans l'ombre quelques instants de plus, observant, aux aguets, les silhouettes avant que ces dernières ne disparaisse soudainement, aspirées par le portoloin. "Maintenant." Darcy prend la suite de son ami, sa haute silhouette courbée dans l'obscurité pour ne pas se faire remarquer, capuche par dessus son crâne rasé ; seuls ses yeux percent le masque qu'il porte. Ils contournent la maison et se retrouvent à l'arrière, devant une porte que Victor s'amuse à crocheter. "C'est con un sorcier tu sais. Ca pense souvent que la magie est la solution à tout..." Darcy laisse s'échapper un petit rire silencieux : "M'en parle pas. Trop confiance en la magie pour se souvenir de la base." Né-moldu, le jeune homme en voit, des défauts dans les manières sorcières. Il monte la garde, veillant à ce que les lumières soient toutes éteintes, les fenêtres fermées, les alentours silencieux tandis que Victor s'occupe de la porte ; après un Finite sur la poignée, Darcy s'approche, pose sa main gantée sur la porte et l'ouvre, doucement, silencieusement ; à l'intérieur il fait noir, mais ses yeux sont déjà habitués à l'obscurité : il discerne un couloir donnant accès à plusieurs portes, un escalier un peu plus loin.

"La cave ou le grenier," murmure-t-il ; les deux endroits les plus discrets et les mieux gardés pour conserver l'argent et la marchandise. Conrad a un esprit simple, il ne serait pas allé chercher plus loin que ça. Un bruit, soudain, à l'étage ; comme des pas sur le sol qu'il entend à travers le plafond. Il se tourne vers Victor, lui lance un regard interrogateur : quelqu'un ? Ou juste un animal de garde ?