– vives prunelles désorientées. en s’oubliant elle n’avait cherché qu’à lui échapper. narcisse. frère mal aimé. venin qu’il lui assénait, comme un véritable aliéné. pourquoi toi ? les mots quittaient ses lèvres comme un maléfice, qu’il espérait la toucherait en plein cœur. qu’est-ce que t’as de plus que moi ? t’es qu’un gamine fragile. tu joues les effarouchées mais personne ne croit à ton petit jeu. Je lui ferais entendre raison. derniers mots qui lui avaient laissé la respiration coupée et le palpitant serré. le poids d’un nom qu’elle offrirait pour rien. calliope, reviens ici ! altercation qu’elle avait fuie. colère d’un frère qui chaque jour s’amplifiait, à ses dépens. homme dont l’ignorance pesait. si père me met sur un piédestal, c’est pour tous les leurrer. il me tient fratello. je suis prisonnière de ses griffes. profite de ta liberté. profite d’avoir le choix. tout ce qu’elle aurait aimé lui dire qui au final, s'était épuisé dans un silence. la ballerine court (encore) et encore à travers les couloirs de l’université bondée. la ballerine se perd. elle ne s’est pas arrêtée, pas avant de ne plus entendre les paroles assassines de son grand frère tambouriner contre ses tempes. elle rejoint le niveau inférieur sans même y songer. dernière porte qu’elle ouvre et referme derrière elle, presque aussitôt. elle a le palpitant prêt à bondir de sa poitrine et à s’écraser sur le sol. amer. la louve tente de reprendre sa respiration. souffle coupé. au moins elle a réussi à le semer. narcisse. mais à quel prix ? la louve finit, après avoir presque totalement repris son souffle, par regarder enfin autour d’elle. où suis-je tombée ? macabre. quelle est cette salle ? un air de piano morbide raisonne aux quatre coins de la pièce. notes sur lesquelles elle peinerait à danser malgré leur mélancolie. la ballerine s’avance. à chaque pas grince maladroitement le parquet. la douce fronce les sourcils pour détailler les différentes peintures sur le mur face à elle. elle oublie un moment ses ennuis ; sombres pensées remplacées par d’autres. étrange. représentations brumeuses. la solitude. l’ennui. la tristesse. toutes ces émotions différentes qui la transpercent sans qu’elle n’en comprenne le sens. elle s’apprête à se perdre dans les abysses de ces tableaux quand la porte s’ouvre brusquement derrière elle. elle sursaute et porte l’une de ses mains à ses lèvres, pour étouffer un cri. oh, c’est toi. elle soupire, rassurée. Bonjour - finit-elle par souffler, presque timide. Tu es là musicista et mon cœur qui tambourine.
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we are running out of time (evan)
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Re: we are running out of time (evan)
(winter rose) Curieux, comme on se croirait fier et brave, du fait de sa profession future, pour mieux se défiler face à ses peurs les plus viscérales. Celle d'être pris au piège. Quittant la salle des potions, n’aperçoit-il pas la crinière du serpent, dont la salle commune se trouve à l’étage? Incapable d’affronter cette interaction, il se glisse ailleurs, le Calédonien, saisissant la première poignée de porte qui lui tombe sous la main – lâche, admettrait-il si on le lui demandait. Pris entre le besoin d’honorer ses promesses familiales et l’affront indicible causé par le mensonge de la belle, il a besoin de temps. Quelle ironie : un futur auror fuyant ses démons – ceux du passé et surtout, celle de l’avenir. Il se glisse dans la pièce sans bruit, la porte se refermant derrière lui. Les sons discordants écorchent les tympans du musicien, dont le cœur se saisit d’une mélancolie étrange – un rythme trop lent pour les humeurs vif-argent du cadet des Wakefield, et cette pensée, qui se glisse en lui. Tu ne parviendras plus jamais à les fuir. La corde au cou, n’est-il devenu rien d’autre qu’un vil pantin à agiter? A-t-il seulement déjà été autre chose? Fool. Il a envie de se laisser tomber au sol, d’oublier le monde, de ne jamais partir – de tomber dans l’oubli, lui aussi. Si seulement il pouvait se laisser tomber. « oh, c’est toi ». Et pourtant, dans ce murmure, il entend de la déception. Oh. C’est toi. Qu’est-ce que cette nouvelle voix dans sa tête, s’immisçant dans son âme plus habituée à la lumière qu’à cette ambiance sordide. « Bonjour. » Sur sa bouche, le goût de ces baisers volés par sa muse – interdits d’abord par les limites que le violoniste s’était imposées en guise de bouclier face au danger que représentait l’Italienne pour le goût d’abandon et de fuite trop prononcé de l’Écossais. Doublement prohibés, désormais, par l’alliance invisible à son doigt, qui le lie à une autre. « Calliope … » et son nom à ses lèvres comme on soufflerait une promesse qu’on ne saurait garder, il la regarde, vêtue comme une sorcière et non sous la forme qu’il préfère – évanescente, offerte à son regard uniquement. Tous ses gestes lui semblent lents, désaxés comme un instrument mal accoré – et qu’est-ce que cette mélodie à ses oreilles? Tout ici le blesse, mais il ne veut pas la laisser. Même frappée d’interdit, elle est à lui, la danseuse, n’est-ce pas? Comment saurait-il alors l’abandonner ici? Tu ne lui apporteras rien d’autre que des larmes. Tu abandonnes tout le monde. Non, veut-il répliquer à cet étang de mélancolie enserrant sa gorge, menaçant de le noyer. Non, je la protégerai. « Je suis … » Quoi? You fool. « perdu », offre-t-il en aveu à la ballerine, se laissant enfin glisser au sol. Immergé dans cette impression d’abandon, l’envie de se laisser aller, loin, de disparaître.
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Re: we are running out of time (evan)
– disparus les reflets de sa douce sardaigne. sur sa peau reflète l’amertume de l’endroit, l’incertitude du moment. pèse entre ces murs, une mélancolie qui lui abîme l’âme et la laisse en proie à ses plus intimes doutes. quel est cet endroit ? apparition qui manque de la faire défaillir. la ballerine porte ses doigts à sa poitrine qui dès la surprise passée, se crispe sous sa pulpe. comme si déjà elle se laissait submergée par la fatalité. l’esprit déraille. souvenir des baisers volés. du souffle sur sa nuque. son archer détaillant ses courbes et elle dévorant chaque seconde. détails aux attraits plus obscurs qu’il ne lui avait paru alors. oh c’est toi. le musicien s’invite, dans l’étrange accalmie. Calliope… syllabes divines qui aussitôt s’évanouissent au service du morbide. entendre à nouveau son prénom sur ses lèvres averties. elle s’y damnerait. pourtant c’est comme si son paysage s’assombrissait à mesure que les secondes s’écoulaient. Je suis… mine. silence suspendu qu’elle perçoit la louve, malgré les intonations stridentes qui les entourent de leur abysse. une nouvelle fois pendu aux lèvres de l’archer. désireuses de ses accords. encore. perdu. la ballerine ne dit maux et observe le musicien se heurter délicatement au sol tordu. le poids qui lui pèse lui paraît lourd. si la pièce semble leur être inconnue, le musicien semble également avoir perdu bien plus que son chemin. n’est-ce pas ? we all are, musicista – finit-elle par souffler, acceptant (comme à contre de contre-cœur) de rompre le silence acerbe dans lequel l’arrivée du musicien semblait l’avoir plongé. la louve s’approche enfin se séparant des tableaux contagieux pour rejoindre sa faiblesse. ses pas, habituellement si aériens, paraissent lourds au contact du parquet. une vraie torture pour la ballerine. elle arrive enfin à son niveau. à ses côtés, elle se laisse glisser. tout autour d’elle les ondes macabres virevoltent. le doute les anime. presque machinalement, la danseuse s’empare d’une des mains du musicien. ses doigts qui s’abîment sur l’instrument, comme seule preuve de la vérité de cet instant. regard qu’elle jette vers le néant, refusant de s’y méprendre et de se laisser surprendre par les prunelles céruléennes dont elle connait l’effet sur son épiderme maculé. Tell me – finit-elle par souffler, comme socle sur lequel il pourrait s’appuyer. Parle-moi de ce qui te ronge. Parle moi de ce qui te fait vibrer et qui aujourd’hui t’a abîmé. Dis-moi tout.