Le week end. Enfin ! Je m'écroulais sur mon matelas dans la chambre vide du dortoir des Ethelred. Sans colocataire la chambre était bien calme, et parfois un peu triste. Mais cela correspondait globalement à ce que je recherchais. Depuis mon retour à Hungcalf, j’étais resté principalement seul. Ils m’avaient pourtant accueilli à bras ouvert. Et c’était agréable de savoir que j’avais une famille sur qui compter en toute circonstance. Surtout avec un coéquipier comme Finn dans l’équipe de Quidditch. Je m’étais attendu à être bien plus livré à moi même. Finalement je restais seul principalement par choix. Il faut dire qu’en trois ans les choses avaient changées. Entre mes camarades de promotion, mon emploi du temps surchargé et mon travail au Black Wolf, je sortais tout juste la tête de l’eau. Alors quand le week end arrivait, j’en profitais pleinement pour me ressourcer. Surtout après le service du vendredi soir en tant que barman… Les clients avaient été épuisants et avait précipité ma chute dans les bras de Morphée.

La nuit passa aussi vite que la semaine à l’université. Ça n’avait pas été reposant le moins du monde… Je ne me souvenais pas avoir rêvé un seul instant. Comment aurais je pu ? J’avais la sensation que mon sommeil n’avait duré que quelques minutes. J’avais réalisé que je m’étais endormi encore habillé, affalé dans une position tout sauf confortable dans mon lit en vrac. Il fallait que je trouve un juste équilibre entre tout ce que j’avais à faire et tout ce que je voulais faire. Je ne pouvais pas continuer comme ça…

Seul, comme à chacun de mes réveils dans cette petite chambre d’étudiant, je me levais donc, me lavais, et m’habillais en silence. Le temps semblait clément. Un simple jean, des sneakers blanche et un pull kaki feraient l’affaire. Alors, toujours seul, je m'asseyais à la table du dortoir, attrapais une brioche et mangeais, encore une fois en silence. J’avais des cours à travaillais. Et je n’en avais absolument pas envie. En réalité, le regard perdue à travers la vitre de la chambre, je commençais tout juste à réaliser que cette solitude pourtant choisie allait être pesante. Certes, j’avais quelques amis, j’étais heureux de passer du temps avec eux, et de façon général, j’avais l’impression que mes camarades m’appréciaient. Surtout depuis la victoire des Ethelred au Quidditch et ma participation au match. Mais je prenais mes distances et ca me pesait plus que je ne l’aurais pensé… Il fallait que je remédie à cela.

L’idée me frappa tout simplement. Comme à mon habitude depuis la mort de ma mère, c’était une solution de repli et surement pas le meilleur moyen d’affronter la réalité. Je faisais encore l’Autruche. Mais je préférais voir cette idée comme un premier pas vers le retour à la normale. Et puis qu’y avait il de mal à trouver un compagnon pour me soutenir moralement et combattre cette solitude finalement trop pesante ? Rien ! C’était la parfaite solution.

Il ne m’en fallait pas plus. Je me souvenais à peu près de l’emplacement de l’animalerie était dans le Myrddin Wyllt District. Je finissais à la hâte mon petit déjeuné et me mettait en route. Un samedi en fin de matinée, elle serait surement ouverte. Je transplanais jusque dans le district. C’était la même chose à chaque fois… Les cheveux longs n’étaient pas fait pour un tel mode de transport… Je les attachais en arrière suite à la bourrasque qui les avait mis sans dessus dessous. Au moins aurais l’air plus présentable en m'avançant dans la boutique.

C’était bien calme pour samedi ensoleillé. Je m’étais attendu à voir plus de monde dans l’animalerie en franchissant le pas de la porte. Mais seul le bruit des animaux résonnait contre les murs du magasin. Enfin... Presque. Des bruits de pas également. Ceux d’un jeune femme qui avait dû entendre le son de la cloche annoncer l’arrivée d’un client. Je me présentais avant qu’elle soit suffisant proche pour que mes yeux puissent la détailler. Les étales devant moi m'empêchaient de voir à qui j’avais à faire.

« Bonjour. Je suis étudiant à Hungcalf et je cherche un animal de compagnie à adopter. Vous pourriez me conseiller ? »

La vendeuse s'arrêta devant dans une glissade à demi contrôlé. Je ne savais pas d’où elle venait mais ses cheveux ébouriffés et l’odeur d’herbe qui se dégageait d’elle laissaient penser qu’elle arrivait tout droit d’un champ. A priori rien de bien extravagant dans une animalerie. Surtout magique. Les enclos devaient avoir plus d’un tour dans leurs sacs. Les quelques brindilles qui dépassaient de sa chaussure confirmaient cette idée. Je ne pu m'empêcher de sourire en la voyant débarquer, elle aussi souriante. Et je ne pu retenir un léger rire suite à sa remarque.

« Heureusement pour vous, si vous aviez voulu de nouveaux bouquins, je n’aurai pas pu faire grand-chose. »

Oui, j’étais particulièrement bon public et ce genre de chose marchait facilement avec moi. J’étais tombé sur la bonne vendeuse, n’en témoigne son sourire, sa bonne humeur et ses yeux bleus pétillants. Elle me tendit une main ouverte pour se présenter. Je lui rendais une poignée de main voulue amicale et chaleureuse.

« Chesten, je suis aussi à Hungcalf chez les Summerbee, et je travaille ici. »

« Dashel, je suis aussi un Ethelred. Enchanté. Alors ? Qu’est ce que vous avez à me proposer ? »

Son regard se posa sur le miens. Comme moi, elle essayait surement de savoir si nous nous étions déjà croisé. C’était fort probable, sûrement au détour d’un couloir, en cours peut être. Mais je ne la connaissais pas, et il y avait peu de chance pour qu’elle me connaisse. Après tout, je revenais de trois ans d’absence et mes amis avaient eux même eu du mal à me reconnaître… La barbe et les cheveux longs, sans compter la prise de muscle sa changer un homme. J’avais le look idéal pour continuer de travailler en tant que bûcheron ou garde forestier dans les forêts gelées du Canada. Moins pour un parcours universitaire classique.

« Et si vous me parliez un peu de vous pour qu’on voit quel animal pourrait vous convenir. Par exemple, vous préférez rester à l’intérieur à lire ou faire du sport dehors ? Ce genre de choses. »

Sa démarche me plaisait également. Mais ce n’était pas un exercice auquel j’étais habitué et encore moins dans lequel j’étais à l’aise. Depuis la mort de ma mère, trois ans plus tôt, j’avais tout fait pour en dire le moins sur moi. J’aidais les gens. Dans leurs tâches quotidiennes, dans leurs problèmes de la vie courante, et dans leurs problèmes relationnels s’ils voulaient bien se confier à moi. Ce qui était souvent le cas. Mon côté calme, attentif, sincère avait le don de dénouer les langues. Le problème, c’était que je n’étais pas bon pour dénouer la mienne. Alors lui dire qui j’étais… Néanmoins je pouvais lui dire ce que j’aimais et ce que je faisais la plupart de mon temps…

« J’aime bien lire oui. Et faire du sport aussi… Je suis quelqu’un d’assez solitaire. Je passe le plus clair de mon temps entre les cours. J’ai sept matières cette année donc mon emploi du temps est un enfer. A côté de ça, j’ai les entraînements de Quidditch. J’ai enfin réussi à être titularisé pour la finale. Mais maintenant qu’on a gagné le championnat ça devrait se calmer un peu… Je passe donc beaucoup de temps dans l’enceinte de l’université. Mais quand j’ai un peu de temps libre je vais me balader dans les plaines, la forêt, pour y prendre quelques photos. Quand j’aurais un peu plus de temps je rejoindrais bien un club. Les duellistes ou les Dandelions. »

Ca faisait beaucoup et avoir le temps de s’occuper d’un animal serait peut être un challenge mais j’espérais bien y parvenir et trouver un petit compagnon qui pourrait m’accompagner durant mes sorties. Ne plus me sentir seul en permanence serait un bon pas en avant. Même si il s'agissait d’un animal et non d’un humain… J’aurais peut être dû lui dire que j’étais un animagus. Mais ce n’était pas le genre de chose que je confiais aussi facilement.

« Je suis assez à l’aise de manière générale avec les animaux. Je crois qu’ils m’aiment bien. Et si je devais dire ce que je recherche… Ce serait un animal assez autonome mais attachant. Dans le sens où je compte bien sur m’en occuper, tisser un lien, combattre la solitude et partager des moments, mais qui pourra aussi continuer de vivre quand mon emploi du temps m'empêchera de m’en occuper. »

Oui. Elle avait de quoi faire. Il ne restait plus qu’à voir ses propositions. Je plongeais mon regard dans le sien, souriant et m’en remettant à son expertise.

« Dis moi si tu as besoin de savoir autre chose. »

La jeune femme était pleine d’énergie. Et elle savait la communiquer. Je l’écoutais parler, un sourire au lèvre, appréciant sa bonne humeur. J’étais tombé sur la bonne personne ! Elle allait finir par me convaincre de rejoindre les Dandelions si ils étaient tous comme elle.

« Et félicitation pour le match, ça devait être du beau jeu ! J’étais malheureusement de permanence ce jour-là. »

« Merci ! C’était un super match. Enfin pour moi. C’était ma première titularisation. »

Je terminais ma phrase d’un rire léger. De son côté, je pouvais voir les mécaniques de sa réflexion s’activer à travers ses yeux bleus. J'espérais que je lui en avais appris suffisamment pour qu’elle puisse me trouver un compagnon. Je me doutais que ce n’était pas un exercice facile. Cerner une personne avec quelques détails demander de l’expérience et une bonne part d’intuition. Mais elle avait l’air de connaître son travail et elle avait surtout l’air d’aimer les animaux. C’était important.Je ne me faisais pas trop de soucis.

« On va trouver ! Je pense qu’on a quelques candidats auquel tu pourras convenir. »

« C’est parti ! J’ai hâte de faire leur connaissance.. »

Je lui emboîtait le pas, la suivant à travers les allées de l’animalerie. Elle semblait savoir où aller. Quelques idée avaient déjà dû se créer après sa réflexions. Alors que je regardais à droite à gauche les enclos et les créatures qui les peuplaient, je gardais une oreille à ce qu’elle me disait. Je regrettais un peu de ne pas avoir emporté mon appareil photo. Il y avait de superbe spécimen.

« Bon… je pense que j’ai 4, voire 5, pensionnaires à te présenter. Ils devraient être réveillés, c’est pas encore l’heure de la sieste. Y a du monde là-haut, surtout des rapaces, hiboux, chouettes. Ah fait, tant que j’y pense, t’as des allergies ? Piqûres, fourrures, fruits de mers, autre ? »

Je la laissais passer devant moi dans un escalier qui menait à la volière d’après les bruits d’oiseau que j’entendais.

« Non. En tout cas je n’en ai jamais eu au contact d’animaux… »

J’arrivais en haut des marches après lui avoir répondu. Elle me fit signe de rester avec elle. L’espace était restreint, mais j’étais curieux de savoir ce qu’elle voulait me montrer. J’avais vu juste, il s’agissait de la volière de l’animalerie. Je suivais son regard pour apercevoir un perchoir sur lequel des oiseaux silencieux attendaient.

« Tu connais les jobarbilles ? Celui sur la gauche, avec la tâche noire sur l’aile, tu le vois ? »

« Oui, je les connais. Et oui je le vois. »

« Il est très affectueux et adore rester percher sur mon épaule, il aime qu’on lui caresse sous le bec et le derrière de la tête. On essaye de rester le plus souvent silencieux devant eux, parce que bon… voilà.? »

Oui… Je savais pourquoi. C’était à la fois terriblement beau et terriblement triste. J’avais déjà eu l’occasion d’assister à la mort d’un de ces oiseaux magnifiques. C’était au Japon. Ca m’avait chamboulé à l’époque. Je ne savais pas si j’avais très envie de le revivre. Mais je me laissais prêter au jeu. Sait on jamais. Il était d’abord question de savoir si un lien pouvait se créer.

« Tu veux aller le voir et tu reviens pour me dire tes impressions ? »

J'acquiesçais en silence et entrait dans la pièce. Je sentais sur moi les dizaines de petits yeux noirs des oiseaux se poser sur moi. Certains me saluèrent d’un claquement de bec. En m’approchant, le Jobarbilles à la tache noir leva sa petite tête vers moi. Il était beau. Je continuais sans un bruit. Il était curieux et pica le bout de mon doigt tendu de son bec pointu. Je me laissais sourire, me retenant difficilement de produire le moindre son. Mon doigt caressa le haut de sa tête et ses plumes ébouriffèrent. Je tournais mon regard vers Chesten, un sourire heureux sur le visage. Puis je disais au revoir à la créature ailée pour retourner vers la jeune femme. Je descendais quelques marches, m’assurant d’être à bonne distance pour parler librement.

« Je l’aime bien. Il a l’air gentil… Mais pour tout ce qui touche aux oiseaux j’ai une question… Est ce qu’ils ont peur des lynx ? »

Jui ma question pouvait paraître étrange. Mais j’avais besoin de savoir si il s'enfuira dès que je me transformerais. Je ne voulais ni effrayer mon compagnon inutilement ni m'empêcher de pratiquer cet art. Au contraire, j’espérais pouvoir me transformer et me balader avec lui.

« En fait… Si c’est possible, il faudrait que mon futur ami puisse vivre avec un lynx. »

Oui… C’était à prévoir. J’aurais mal imaginé un oiseau vivre avec un lynx. Après tout le premier était une proie et le second son chasseur naturel. Ca allait lui compliquer la tâche de trouver la bonne créature à présent… J’imagine que les rongeurs étaient éliminés aussi… Mais elle ne baissait pas les bras. Je la suivais en bas des escaliers, essayant de deviner ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête. Quelle sorte de créature avait elle en tête ?

« Tu sais quoi ? On va aller faire un tour. J’ai deux êtres très spéciaux à te présenter. On va commencer par la plus inoffensive, je viens de la voir et elle sera ravie d’avoir à nouveau de la visite. La famille toute entière avec nous faire la fête ! »

« Un tour ? Tu sais quoi, je te sui. »

Elle se dirigea vers ce qui semblait être un vivarium. Mais il ne contenait pas des serpents et autres lézards. Il abritait une forêt. Elle ouvrit une trappe par laquelle elle se glissa dans l'enclos. C’était étroit. Je rampais les bras le long du corps pour réussir à la suivre. Quand je fus passer de l’autre côté, cela n’avait rien avoir avec ce que j’avais imaginé. J’avais devant moi un grand espace vert, une plaine immense menant vers une forêt qui devait surement abriter l’animal qu’elle souhaitait me présenter.

« J’adore la magie... »

Après tant d’année à la pratiquer je restais toujours aussi bluffé. Surement parce que ma mère était une Moldue et que j’avais appris à vivre parmi eux également… Elle me conduisit à travers la forêt, je la suivais, profitant de l’air frais emprisonné dans l'enclos magique. Je regrettais vraiment de ne pas avoir pris mon appareil photo.

« Alors ? Qui est ce que tu veux me montrer ? »

« On a une petite colonie de Botrucs, ils sont adorables et l’une d’eux est un fan de métamorphose, elle va de suite t’aimer. »

Elle avait apparemment compris. Je n’avais pas fait un effort incroyable pour le cacher à vrai dire. Mais j’avais espérer qu’elle ne se pose pas les bonnes questions. J’aurais dû savoir que je me trompais. Elle s’était posé les bonnes questions dès mon arrivée. Tant pis. C’était de ma faute. Et puis même si je n’en parlais pas ouvertement, ce n’était pas non plus un secret aussi bien gardé… J'essayais juste de choisir les personnes misent dans la confidence. A savoir personne pour l’instant… Pas même ma propre famille. Quoi qu’il en soit, je fis mine de ne pas relever et continua de la suivre.

« Elle est un peu excentrée du groupe mais il adore les sorciers et elle n’est pas en couple, contrairement aux autres. »

« Je t’avoue que je connais mal les Botrucs. Mais allons la rencontrer. »

Une troupe de brindille de toutes couleurs et de tous types débarqua. Bon ok, il n’était pas très impressionnant mais ils avaient l’air cool. Un peu à l’écart j’avais pu deviner qu’il s’agissait de la femelle en question.

« Tu peux lui dire qui tu es si tu veux, elle va adorer. Je vais jouer avec les autres près la mare. Prends ton temps»

Je m’accroupissais à côté de la Botruc tandis que Chesten partait avec le reste de ses amis. Elle avait l’air si fragile que j’avais peur de tendre ma main vers elle. Mais cela n’allait pas l'arrêter. Elle essaya de grimper sur mon genoux avec difficulté. Je l’aidais en la prenant dans ma main.

« Salut toi. Alors comme ça t’aime bien les métamorphoses ? » Je tendais un doigt de ma main libre. Elle s’en saisit et grimpa dessus puis remonta le long de mon bras. « Tu es joueuse ! Tu veux voir quelque chose de sympa ? » Elle avait atteint mes cheveux maintenant. « Ne bouge pas et tiens toi bien. »

Cela faisait quelque temps que je ne m’étais plus transformé. Mais c’était comme le vélo ça ne s’oubliait pas. Les angles de mes membres changèrent, mes vêtements fusionnèrent à ma peau, mes dents poussèrent et mes poils aussi. Soudainement, j’étais devenu un Lynx boréal, blanc tacheté de noir. Je secouais mon poil, encore un peu perturbé par ce changement. Je pouvais sentir la brindille s'accrocher dans mes cheveux. Je me mettais alors en route. Chesten n’était pas loin. Sous cette forme je pouvais sentir son odeur. Je savais par où aller.

Discret, avançant à pas de loup, je pouvais le voir jouer avec les Botrucs. Je la contournais, masquant mon approche comme si je chassais ma proie. Mes pattes larges et touffues aidaient à camoufler mon approche. J’étais tapis au sol, caché entre les branches d’arbre épaisses. Alors je sautais et atterrissait juste à côté de la jeune femme. Je poussais un cri puissant mais bref, juste de quoi la surprendre. Et puis je me dirigeais derrière un arbre pour reprendre ma forme humaine. Je riais en réapparaissant derrière le bois. La Botruc était encore dans mes cheveux.

Le vent vint caresser mon pelage. Je le ressentais différemment sous cette forme. C’était encore quelque peu étrange. Je ne maîtrisais cette magie que depuis une année. La transformation était encore quelque peu douloureuse, surement un vestige mémoriel de ma première fois. Ca avait été particulièrement pénible. Mais ça en valait la peine. Je me sentais libre, gambadant à quatre pattes. Je me sentais protégé. Même quand elle tendit une maine vers moi. Sous ma forme originel, j’aurais surement esquivé un mouvement de recul. Mais pas en tant que Lynx. Sa main s’approcha de moi et je la fixais. Elle n’était pas si loin de ma truffe et aurait certainement pu y poser ses doigts. Mais cela ne dura qu’un instant. Au moment où elle frôla mes poils, je laissais échapper un cri qui la fit s'arrêter net.

Sa main s’éloigna tandis que je rejoignais la pénombre d’un arbre pour me transformer en sens inverse. En l’espace d’une seconde j’étais redevenu bipède, et ma fourrure avait été remplacée par mes vêtements habituels. Je dérangeais mes cheveux en arrière, prenant soin de ne pas en déloger le Botruc. La jeune femme riait en réponse à mon propre rire.

« En voilà une petite mine réjouie. Ça c’est bien passé à ce que je vois. »

« Oui, je pense qu’elle a aimé la balade. »

Chesten continua son chemin en nous invitant à la suivre. Perchée dans mes cheveux, la Botruc nous accompagna découvrir ce que l’étudiante avait à nous montrer. Elle avait surement d’autres espèces en tête et j’avais bien envie d’en savoir plus, d’en voir plus. Mais j’aimais déjà la brindille qui m’accompagnait. J’avais la sensation que si je restais dans cette animalerie je finirais par avoir envie d’y rester…

« Donc les botrucs aiment vivre dans les arbres.»

C’était une chose que je savais à leur propos. Je savais également qu’ils s’attachaient à un arbre et le protégeaient. L'arbre de ma nouvelle amie était un chêne blanc impressionnant. Je pu la sentir se dresser sur ma tête en arrivant proche de l’arbre. Je m’avançais et posais une maine sur le tronc. Elle sauta sur mon épaule, couru le long de mon bras pour toucher son foyer. Et puis elle remonta en grimpant jusqu’à mon épaule où elle s’assit en jouant avec une mèche de mes cheveux.

« On continue la visite ensemble ? » Je me tournais vers Chesten en souriant. « Elle peut nous accompagner voir qui tu as d’autre à me présenter ? »

J’étais curieux de voir d’autre créatures extraordinaires et d’en apprendre plus sur leur milieu naturel. L’animalerie nous réservait de nombreuses surprises, je n’en doutais pas. et Chesten était une excellente guide ! J’étais curieux d’en voir plus.