FINI - I Follow You [PV]

I Follow You

Dhan & Alex

You're my river running high,
run deep, run wild

9 mai 2020

La surprise avait été totale, Alex n’avait rien vu venir. Il fallait dire que Dhan était bon pour garder des secrets. Il était excellent, et heureusement, d’ailleurs, sinon les élèves d’Hungcalf avaient de quoi se mordre les doigts. Il fallait dire que le secrétaire, de part son tempérament neutre et juste en tout temps et son rôle au sein de l’université, en connaissait un paquet sur les personnes qui la fréquentaient. Alex avait eut un peu de mal, au départ, à accepter que son don de Fourchelangue soit noté dans son dossier scolaire. Et puis, elle s’était faite à l’idée, rassurée de savoir que Dhan était bien trop responsable pour laisser quoique ce soit filtrer. Et a présent, elle le suivait, du jour au lendemain, à l’autre bout du monde. Les yeux fermés, une confiance totale en son compagnon. La rouquine n’avait pas hésité. Comment aurait-elle put ? Dhan lui avait proposé un week-end en amoureux, rien que tous les deux. Un week-end loin des tracas de leur quotidien, sans travail ni enfants, sans promesses de mariage. Dhan lui mettait sur un plateau d’argent le répit dont elle avait besoin pour affronter la suite. Suite qui promettait d’être compliquée. Elle allait devoir confronter sa famille, car fuir chez son frère aîné n’était pas la solution et épouser un homme qu’elle n’aimait pas non plus. Elle n’hésiterait pas, elle n’hésiterait plus. Elle n’avait pas été en mesure de rétorquer quoique ce soit à son père, lorsque l’annonce avait été faite. Elle avait fuit, lâchement, comme elle s’était toujours promise de ne pas faire. Les promesses n’étaient pas toujours tenables, mais plus le temps avançait, plus elle était déterminée. Et avec Dhan à ses côtés, la rouquine savait qu’elle allait réussir. D’une manière ou d’une autre. Elle y arriverait, parce qu’elle était comme ça. Et si cela impliquait de partir définitivement, so be it.

Mais le moment n’était pas aux complots, ni à la recherche d’un plan d’esquive. Il était à la découverte, à l’aventure. Le couple était arrivé la veille, en portoloin, soigneusement ensorcelé par Dhan, et résidait dans un petit hôtel dans un petit village qui jouxtait la forêt amazonienne. Alex avait toute suite retrouvé les sensations qu’elle avait eu la première fois qu’elle était allée à Castelobruxo. La végétation luxuriante qui s’y trouvait, les arbres de plusieurs mètres de hauteur et l’odeur particulière des lieux, mélange d’humidité, de terre et des senteurs des fleurs écloses, avait instantané plut à la jeune femme. Ce fût comme retourner dans un passé qui lui manquait, ou elle était encore libre, au cœur d’un univers qui lui plaisait. Alex aimait l’Angleterre, mais l’Amazonie avait une place particulière dans son cœur. La veille, ils s’étaient donc installés, tranquillement, avant de se promener une première fois dans les petites ruelles du village dans lequel ils avaient posés bagages. Il avaient vagabondé, main dans la main, avant de terminer la soirée à la lueur des bougies. Cet endroit, Alex en était déjà convaincue, était un paradis sur terre. Et elle n’avait encore rien vu de ce que ce séjour lui réservait.

Le deuxième jour, ils s’étaient levés aux aurores, pour profiter comme il se devait de ce petit séjour qu’ils savaient déjà trop court. Alex, elle, avait déjà une certaine angoisse à l’idée de devoir rentrer. Elle savait qu’elle n’avait pas vraiment le choix, mais ne pouvait s’empêcher de se questionner sur ce qui allait arriver. Et, alors qu’ils marchaient depuis une petite demi-heure au milieu de la végétation, le pied d’Alex ripa sur une racine d’arbre et elle manqua de tomber, se rattrapant in extremis. Elle pouvait remercier son sens de l’équilibre… et Dhan qui l’avait attrapé à la taille. Elle le remercia d’un baiser tendre sur ses lèvres, avant de demander plus de précision sur la suite du voyage.

- Alors, où m’emmènes-tu ? Tu comptes te débarrasser de moi dans les bois, c’est ça ? questionna-t-elle, titillant le secrétaire comme elle aimait le faire, alors que son regard, pétillant et curieux plongea dans les prunelles sombre du sorcier. Alex, plus qu’autre chose, était ravie d’avoir Dhan que pour elle. Rien que pour elle.

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12 avril 2020

Parce qu’ils en avaient tous les deux besoin, Dhan avait, pour une fois, pris l’initiative de s’arracher à son quotidien rassurant, à ses routines bien rôdées, pour offrir à Alex une parenthèse loin de toutes leurs préoccupations actuelles. Exit les heures de lever d’une enfant de trois ans, finis les listes de choses à faire longues comme le bras, oubliés, les formulaires et les comptes rendus. Le temps de faire un sac avec quelques vêtements, trois potions et deux médicaments, et le secrétaire avait proposé à sa jeune compagne de se saisir d’un bâton de pluie tout ce qu’il y avait de plus classique, d’ordinaire accroché au mur de sa chambre. L’instant d’après, encore aveuglés par la myriade des couleurs accompagnant un voyage en portoloin, c’était dans le petit village de … qu’ils avaient posé leurs baluchons et ôté quelques couches de vêtements. L’automne dans cette région du globe était bien plus chaud que le timide printemps d’Inverness. Ils avaient atterri près de Tefé et de son parc national, à l’abri des regards moldus, à la lisière de la forêt. Il n’avait pas fallu plus de quelques minutes après l’envoi de son patronus pour qu’un sorcier indigène vienne à leur rencontre. Sans un mot échangé, rien qu’avec le regard et un sourire, il les avait emmené dans sa communauté, quelques non majs et sorciers vivants en harmonie avec la nature, non loin du fleuve Amazone. Ils s’étaient amusés, tous, de voir ses occidentaux agiter leur bâton de bois pour faire de la magie, plus encore quand ce fut Alex, qui détonnait avec sa peau pâle et sa crinière de feu. Dhan lui, sans ressembler aux gens du cru, se fondait plus facilement dans la masse, reconnaissant même quelques vieilles connaissances.
La première nuit, ils avaient dormi beaucoup, profondément, du sommeil de ceux qui ont laissé leurs soucis derrière eux, sur le pas de la porte. Ils s’étaient blottis l’un contre l’autre, tendrement, pour ne se réveiller qu’au petit matin, avec les salutations exotiques des animaux tropicaux. Les singes qui hurlaient sur leurs petits dans les branchages, les oiseaux multicolores aux chants si différents de ceux de l’Europe, et l’activité discrète des humains les plus matinaux. Ils avaient déjeuné rapidement, presque dans le silence, savourant leur présence sans prétention ici. Dhan avait transformé ses vêtements pour les adapter à leur future ballade – chaussures de marche, tshirt sombre et short de randonnée - , et laissé libre cours à ses tatouages qui luisaient et ondulaient sur sa peau foncée. Après un baiser tendre sur les lèvres d’une Alex qui n’y tenait plus, il avait ouvert la marche sur un petit sentier qui, rapidement, était devenu un ersatz de piste aux milieux de la végétation luxuriante et humide.

- Je ne me serais pas donné autant de mal pour si peu, Love. Non, je me suis plutôt dit que tu devais t’ennuyer un peu de ne discuter qu’avec les couleuvres qui se planquent sous les rochers du jardin de l’université, ici, je pense que tes interlocuteurs seraient d’une autre … envergure…

Ecartant une immense feuille de Monstera, il lui laissa le loisir d’avancer un peu, l’aidant à passer sur les pentes escarpées, sa haute taille lui permettant de franchir les guets et les monticules rocheux sans encombre. Quoi que pouvaient en penser ses collègues et étudiants, le secrétaire était parfaitement à son aise en dehors de son bureau : dans la forêt tropicale, son regard vagabondait de droite à gauche, parfois sur les sommets, et il ne ressemblait pas vraiment au taciturne sorcier en costume trois pièces. Un peu de boue sur le visage, de la poussière et du pollen sur les avants bras, Dhan avait le visage plus ouvert, plus détendu, ses mouvements se faisaient plus fluides, presque félins.

- Je te propose d’essayer d’aller jusqu’au sommet du premier pic, il n’y a que quelques centaines de mètres de dénivelé, si on ne se perd pas en route, nous pouvons y être pour midi. Comment te sens-tu ?

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Dhan & Alex

Cause you feel like Home
When I look into your eyes

9 mai 2020

Autour d’eux, la forêt était pleine de vie. Les oiseaux chantaient, pépiant pour certains, piaillant pour d’autres. Les plus petits gazouillis et s’offusquait, en s’envolant avec élégance, à la vue des deux sorciers qui avaient. Mais il y avait plus que les douces mélodies des habitants de la canopée tropicale. Il y avait une légère brise, qui faisait frissonner les arbres et soulevait doucement leurs feuilles et celles des plantes d’ombrages. Et Alex le savait pertinemment, elle n’était pas en mesure d’entendre tous les bruits qu’il y avait dans cette forêt. Même avec la plus grande concentration du monde, elle n’était pas en mesure de discerner le bruit d’une brindille se brisant sous la patte d’un petit rongeur de la forêt. Elle ne pouvait pas distinguer le bruit léger d’un serpent rampant sur le sol humide de la forêt amazonienne. Pourtant, elle savait que tout cela avait lieux, que, sans se préoccuper du monde extérieur, les créatures sauvages des bois de la réserve vivaient leur vie. Elles chassaient, se reposaient, les plus artistes d'entres elles offraient aux visiteurs une mélodie digne des plus beaux compositeurs. C’était un endroit vivant, qui, sans lui faire oublier ses problèmes, permettait à Alex de les reléguer au second plan. Oui, elle allait devoir rentrer. Non, ce n’était pas pour tout de suite. Elle devait profiter. Elle devait observer autour d’elle, s’imprégner de l’ambiance qui régnait dans ce lieu si merveilleux. Et puis elle se devait aussi de profiter de Dhan. Son Dhan, qui était là , tout à elle, rien que pour elle.

Elle observait ce qui l’entourait, et notamment son compagnon. S’ils avaient eut l’occasion de parler des nombreux voyages et autres aventures du sorcier, Alex ne pouvait s’empêcher d’être surprise et positivement étonnée de l’aisance avec laquelle il évoluait depuis qu’ils étaient arrivés. Il n’y avait plus de secrétaire en costard sérieux, appliquant un règlement parfois désuet – selon la rouquine- avec un professionnalisme qu’il était rare de rencontrer. Non, il n’y avait plus que Dhan, l’aventurier. En chaussure de marche et en short, qui montrait le chemin à Alex, toute ravie de cette aventure, s’appliquant à laisser derrière elle, sur son île, ses tracas. Et à la question de la rouquine, l’air mutin et le regard brillant, Dhan répondit qu’il ne se serait jamais donné autant de mal, si son but avait bel et bien été d’abandonner sa compagne au fond des bois. Et la suite de ces paroles, mystérieuses, tirèrentt un petit « O », à la jeune femme. Certes, les couleuvres de l’université étaient très rapidement à cours de discussion, et encore. Ces petits animaux discrets et sans grand danger – il y avait toujours des exceptions et, Alex l’avait appris à ses dépens, certains animaux avaient des caractères qui ne correspondaient pas avec l’image que le publique avait d’eux – s’étaient révélées, aux yeux de la rouquine, de vraies amatrices de ragots. Et, un serpent qui raconte des ragots, c’est amusant. Mais elle s’égarait, alors que Dhan continuait.

Le regard de la rouquine était à présent interrogatif, curieux, et brillant. Elle plissa un instant ses yeux. Qu’avait donc -t-il prévu ? Une idée lui vint en tête, mais elle ne pensait pas cela possible, et la chassa rapidement d’un large sourire. Elle reprit alors sa marche, à la suite de Dhan. Son regard clair passait d’une chose à l’autre, incapable de rester fixe quelques instants sur le chemin qu’ils suivaient. Elle regardait à droite, à gauche, cherchait dans les hauteurs un oiseau qui chantait, avant de reposer ses prunelles claires sur Dhan, ou plutôt son dos, caché par un sac à dos mais qui laissait une vue dégager sur le postérieur du secrétaire. Le short qu’il avait mit mettait le tout en valeur, pas aussi bien qu’un pantalon de costard taillé, mais c’était tout de même une vue qui méritait le coup d’œil. La jeune femme quitta ses pensées et ses observations, pour relever le regard, vers le pic que pointait son compagnon du doigt.

- Essayer ?, questionna-t-elle, avant de prendre quelques secondes, pensives, avant d’arriver au niveau du sorcier. On va y arriver, oui, dit-elle, déterminée.

La lueur dans son regard vacilla un instant, alors que Dhan lui demandait comment elle se sentait. La jeune femme se hissa sur une petite pierre, et ainsi perchée, put atteindre le visage de son cher et tendre. Elle lui murmura, au creux de l’oreille, dans un français rugueux et rouillé. Elle n’avait pas utilisé la langue de Molière depuis un certains nombres d’années, et pourtant.

- Je me sens bien., souffla-t-elle. Elle parlait bien plus lentement que ce dont elle avait l’habitude, mais elle parlait. Parce que tu es là, on est là. Toi et moi. Nos. Nous deux. . Elle s’arrêta un instant, avant de reprendre, le regard brillant. Rien que nous deux.. Je t’aime..., et dans un petite rire malicieux, elle retrouva le sol de la forêt, et repris sa marche, prenant la tête, en espérant qu’il suffisait d’aller tout droit, et de suite le sentier. Elle connaissait la forêt amazonienne de manière générale, mais n’était jamais venue là.
Guillerette, chassant à coup ~~fouet~~ de bonne humeur et de sourire ce qui pesait sur ces paroles, Alex retrouva la langue de Shakespeare, et donc un débit bien, bien plus rapide.

- Aaaaaah, ça me rappelle Castelobruxo, et les recherches sur le terrain, dit-elle. J’t’ai jamais dit comment j’ai appris que j’étais fourchelangue, si ? On était partie dans la forêt, avec Igor, et une fois rentrée, j’ai plongé la main dans le sac qu’on avait ramené. C’était majoritairement des espèces endémiques, des feuilles qu’on devait étudier. Un serpent en est sorti, un petit serpent, doré, tout mignon. Et là, le déclic. C’était pourtant pas le premier serpent que je croisais, mais j’ai tout de suite compris, et j’ai surtout tout de suite siffler. Une belle bête, que c’était, dit-elle finalement, avant de sifflé quelques mots, faisait frissonner l’ouroboros qui prenait l’air sur la peau de l’indien.

La plupart des serpents étaient raisonnables. Sauf le Runespoor qui vivait sous le château d’Inverness, et celui, bien stupide, qu’elle avait croisé au bal des Blackthorn avec Niahm. Tout en avançant, Alex demandant, cessant un instant ces babillages, elle plissa le regard, demanda, tournée vers Dhan.

- Qu’est-ce qui nous attend, en haut ?

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12 avril 2020

Pour les locaux, il aurait été bien malaisé d’imaginer ce à quoi occupaient les deux sorciers britanniques, dans leurs quotidiens. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Chaffinch était aussi à l’aise à crapahuter dans la forêt dense et humide proche du Tropique du Capricorne qu’au milieu d’une assemblée discutant du budget à allouer à l’entretien des relations internationales du l’université. Il ne s’agissait, en réalité, que d’une capacité de résilience à travailler, et une volonté d’adaptation, une sorte de Carpe Diem mental qui lui permettait de virer de bord sans risquer l’effondrement. Il aimait ce grand écart dans les apartés de sa vie, et les nombreux voyages, souvent insolites, parfois dangereux qui ponctuaient ses années scolaires à la routine cyclique et à la rigueur d’un métronome étaient autant de petites bulles d’oxygène lui permettait de garder cette postule à la fois concentrée et affable. La grand différence aujourd’hui, c’était qu’il avait choisi de partager sa bulle avec l’écossaise qui marchait dans ses pas sans difficultés. Lui aurait on dit, quelques années plus tôt, qu’il prendrait plaisir à partager ses longues marches à travers bois, lianes et canopées, bousculant les insectes inquiétants et escaladant les cascades comme des vétilles, il se serait contenter d’hausser les épaules, tout sauf convaincu, et pourtant. Il ne pouvait pas dire que la présence d’Alex était lénifiante, non, c’était même plutôt l’inverse. Avec elle, son cerveau était alerte, ses sens décuplés par autant de stimulus que son existence à ses cotés provoquait, volontairement ou non. Il se plaisait à voir sa chevelure rousse crier à travers les camaieus de vert, tache flamboyante sur monochrome végétal. Il goutait à l’odeur de sa peau, de sa sueur, parmi les parfums lourds et capiteux des fleurs exotiques, et à sa voix enjouée qui se mêlait aux moqueries des capucins et les remontrances des oiseaux de paradis.

Il s’arrêta un moment quand la sorcière bondit pour lui barrer la route, se hissant sur une pierre plate en surplomb pour le dominer de tout sa hauteur, pour une fois. La tête légèrement relevée, pour une fois, il plissait les yeux, ébloui à contre jour par le soleil qui irradiait derrière la jeune femme, la coiffant de feut alors qu’elle se penchait vers lui, pour lui murmurer quelques mots en français. Cela eut le mérite de le faire sourire, quelques plis froissant la commissure de ses yeux et de ses lèvres.

- Tu es bien consciente que je ne comprends pas plus le français que le fourchelang, right ? … main tumse bahut pyar kartha hoon.

Je t’aime plus que tout. C’était plus facile à dire dans une langue qui se murmure à voix basse, dans le bruissement des feuilles et le craquement des brindilles, plus encore quand la destinataire vous tourne déjà le dos, prête pour de nouvelles aventures. Un pas devant l’autre, le regard caressant à présent le dos de la marcheuse et ses épaules dénudées tavelées d’éclats de son, devinant les muscles nerveux qui roulaient sous la peau d’albâtre. Il l’écoutait, bien sur, bien que tout à sa contemplation du corps en mouvement, raconter à nouveau sa découverte de son don : elle lui avait raconté, en réalité, il y avait quelques années, mais elle ne pouvait pas s’en souvenir, elle était ivre, ce soir-là, et il lui avait tenu les cheveux au dessus d’une cuvette de toilette de sa colocation avec Mercy, avant de l’installer dans le canapé en la bordant dans un plaid alors qu’elle ronflait bruyamment. Il avait caressé une mèche de cheveux avant d’aller se coucher à son tour, et il avait songé, avant de clore les paupières, que la Nightingal était probablement une des jeunes femmes les plus surprenantes qu’il lui avait été donné de rencontrer.

- Et que t’a t’il raconté, ton petit ami doré ?

Ça en revanche, elle ne lui avait jamais dit. Que raconte t’on au premier serpent avec qui il nous est donné d’échanger ? Il claqua de la langue quand l’ouroboros vint affleurer au niveau de son col pour glisser une oeillade amoureuse à la fourchelang, influencé par ses douces paroles et les sentiments de son propriétaire, avant de redisparaitre dans un éclat moiré.

- Une belle vue, pour commencer. Mais comme le dit l’adage, dans un voyage ce n'est pas la destination qui compte mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout. Et je crois me souvenir qu’il y a quelques détours qui valent le coup d’oeil, sur ce petit chemin … là, tourne à droite, par dessus les fougères. Fais attention, le sol est meuble.

Enjambant un buisson de Marantaceaes aux feuilles larges et épaisses, l’indien écarta quelques fougères plus hautes que lui pour découvrir leur première halte au regard émerveillé de la sorcière : le bruit de l’eau parvenait enfin à leurs oreilles, et une petite cascade courant jusqu’à un point d’eau à peine plus grand qu’une mare leur offrait la vision d’une escale rêvée pour tout le biotope de la forêt. L’eau ruisselait sans discontinuer, éclaboussant les plantes les plus proches, les lianes dans des écailles girasoles et aqueuses, attirant des libellules, les mantes et autres insectes rampants et volants et leurs prédateurs naturels.

- L’eau est potable, mais attention, entre la trouée de soleil, l’eau et les pierres chaudes, ça doit être un vrai repère pour les serpents *souffla t’il avec un fin sourire*

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Dhan & Alex

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9 mai 2020

Alex dénotait avec son environnement. Son teint pâle, ses cheveux flamboyants et son accent anglais tranchaient avec la chaleur de l’endroit et l’exotisme du lieu. Pourtant, si certains ne manqueraient pas de lui faire remarquer ce décalage qu’il pouvait y avoir entre elle et cette luxuriante forêt, la rouquine s’y sentait tout à son aise. L’humidité, capable de faire reculer les plus grands aventuriers, venait se déposer sur son épiderme et apportait à ses narines les doux parfums de cette riche forêt, lieu de merveille ou tout et rien à la fois semblaient possible. A chaque pas qu’ils faisaient, le chemin qu’ils suivaient restait le même, un petit sentir au milieu de la végétation. Une végétation épanouie qui abritait bon nombre d’insecte et prodiguait à ses protégés, couvert et abris. Et petit à petit, la sorcière se laissait aller, bercée par l’atmosphère, confiante dans un endroit qui aurait pourtant pu en effrayer certains. La rouquine n’avait de toute évidence pas peur de grand-chose, encore moins d’un endroit comme celui-ci. Un serpent se cachait-il derrière une fougère ? La sorcière n’avait que peu de doute sur sa capacité à entamer la discussion et raisonner la créature. Une créature plus imposante et qui ne répondait pas à ses sifflements se mettraient en travers de leur chemin ? Elle courait vite. Et s’ils venait à se perdre ? L’Anglaise avait une confiance totale en Dhan, qui connaissait les lieux et naviguait sans problèmes au milieu des sentiers tracés, avec le temps, par les peuples qui vivaient dans ces bois. Il n’y avait réellement rien pour inquiéter la sorcière. Plus elle avançait, plus les douces discussions des oiseaux de paradis qui peuplaient la canopée la berçaient et lui faisaient oublier ce qui ne tournait pas rond dans sa vie.

Même la remarque de Dhan, sur son absence de compréhension du français ne parvient pas à la ramener sur terre. Elle était certaine que son message était passé, et qu’il serait passé quelque soit la langue qu’elle avait put employé. Si les mots étaient importants, le ton employé, la douceur de sa voix, ses yeux, brillant d’émotion… Oh oui… il avait compris. Tout comme elle saisissait, elle aussi, ces quelques mots qu’il avait murmuré dans cette langue qu’elle ne saurait reconnaitre. Mais elle n’en avait pas besoin. Parler était une chose essentielle pour son équilibre de pipelette, mais Dhan lui apprenait soigneusement qu’il y avait d’autres moyens de communiquer. Ecouter. Esquisser un sourire. Cligner des yeux. Même souffler, d’aise ou de fatigue, de surprise et d’agacement. Oh oui, il y avait bien plus que parler à voix haute, bien plus que babiller pour ne rien dire, bien plus que briser un silence pourtant si agréable et confortable.

Toutefois, le sourire au bord des yeux, un sentiment de liberté grandissant, la rouquine délia sa langue, une nouvelle fois, comme elle savait si bien le faire. Elle la faisait claquer contre son palais, mélangeait l’accent de Cornouailles à quelques notes écossaises. Elle s’amusait, chantait presque dans la façon dont elle s’exprimait, petit oiseau de feu qui évoluait dans son milieu naturel. A son aise, elle ne se souvenait pas de cette fameuse soirée ou Dhan l’avait écouté, avait pris soin d’elle. Ses souvenirs brouillés par les boissons qu’elle avait bues, elle se répéta, profitant de cette liberté et de cette absence d’oreille à la recherche de la moindre information juteuse pour extérioriser et partager des moments de son passé, comme ils leur arrivaient de le faire. Et la question que lui posa par la suite son compagnon ne manqua pas de l’encourager dans son élan. Alors, tout en quittant le petit sentier, comme indiqué par son guide, la sorcière continua son histoire, trop curieuse de voir ce qui l’attendait pour être capable de se tenir de discuter.

- Il ne m’a rien raconté sur le chemin du retour, il était effrayé et moi aussi. Quand je lui ai rendu sa liberté, en revanche, il est resté quelques minutes. C’était un Jararaca-ilhoa, qui avait été tiré de son île par des braconniers à cause de ses écailles dorées. Ces fou l’ont gardé avec eux pendant quelques mois après être revenu chasser dans la forêt, il les a mordu et s’est enfui, expliqua-t-elle, une pointe de tristesse sur le bout de la langue.

L’histoire que lui avait raconté l’animal l’avait touché, parce qu’il s’agissait tout d’abord de sa première conversation avec une si belle créature et qu’il y avait de quoi être dégouté de certains comportements et personnages. C’était peut-être cet épisode qui expliquait l’absence de serpent dans son quotidien, en tant qu’animal de compagnie. Elle les préférait sauvage et libre. Elle prenait assez sur elle lorsqu’il s’agissait de les étudier. Elle laissa s’échapper un petit soupir et termina, le ton plus grave que quelques secondes plus tôt.

- Je pensais le revoir, mais non..

Elle haussa finalement les épaules, se consolant avec l’idée qu’il était maintenant libre. Avec toute ces histoires, elle n’avait presque pas fait attention à ce qui l’entourait, et pourtant, la vue valait la pause et la contemplation. L’endroit ou l’avait mené Dhan était un petit paradis sur terre. La végétation était un peu plus éparse, mais tout aussi magnifique. Le soleil parvenait enfin à toucher de ces chauds rayons le sol meuble de la forêt. Le regard brillant, encouragé par les mots de son amant, la rouquine s’approcha à pas de loup, de la petite marre.

- Whaaaaaaah, s’exclama-t-elle, surprise, admirative.

Elle garda ensuite le silence, se contenta de lâcher des « oh » et des « ah », à mesure qu’elle s’avançait. Elle faisait attention ou elle posait les pieds, et sifflaient quelques mots dans un fourchelangue parfait. Des mots de paix. Il ne s’agissait pas des serpents du laboratoire d’Hungcalf a qui elle venait raconter chaque jour, ses déboires de la veille. Oh non. Il s’agissait d’animaux sauvage qui n’avaient peut-être jamais rencontré d’homme. Et là, enroulé sur lui-même, des écailles noires parsemé de cercles colorées de jaune et de rouge, un petit serpent corail profitait des rayons de l’astre du jour. Il ne releva pas la tête à l’approche des deux sorciers, mais Alex se doutait qu’il les observait. Elle s’arrêta et sans quitter la créature des yeux, elle parla sans hausser sa voix, avec un calme qu’il était rare d’associer à la jeune femme.

- Un serpent corail, plutôt tranquille mais mortel. Je suppose que tu en as déjà vu ? C’est bien dommage que le fourchelangue ne soit pas une langue qui s’apprenne, déplora-t-elle.

Et elle salua la créature d’un sifflement aigu et bref, qui se redressa alors, curieux de ces deux bipèdes qui venait sur son territoire.

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12 avril 2020

Le récit conté par Alex résonnait chez Dhan malgré son absence de souvenir similaire. La capture, la traque, la fuite et enfin la séparation, ce sont autant d’éléments de récit qu’il avait entendu de nombreuses fois dans la bouche de sa propre mère, aventurière émérite qui ne badinait pas avec les reportages de ses nombreux voyages, quand ses propres enfants étaient contraints de rester avec leur grand casanier de père pendant des semaines entières avant qu’elle ne revienne. Les bras chargés de trésor et la bouche confite de nouvelles aventures, elle avait participé à la construction de la mythologie enfantine si riche de tous les jeunes Chaffinch. Alors Dhan avait écouté avec attention les dires de la jolie rousse, avant de conclure simplement.

- Qui sait, peut être que quelque part, au fin fond d’une jungle, un fin serpent doré raconte à sa descendance l’histoire d’une humaine apprivoisée qui parlait la langue fourchue…

La découverte de la clairière eut l’effet escompté sur la sorcière, qui s’y avançait sans crainte, Dhan à sa suite. Elle semblait se délecter du jeu de la lumière qui se projetait par flaque entre les ombres, du bruit humide et lénifiant de l’eau de la cascade, de l’odeur verte de la mousse épaisse qui recouvrait certains rochers jusqu’à leur donner un aspect sphérique et spongieux. Il ne remarqua le serpent qui se prélassait là que lorsqu’elle le lui annonça, non sans un sifflement dont il connaissait la nature désormais. Le paisible animal les fixait de son œil froid, mais plutôt amène, à priori enclin à leur laisser profiter du lieu.

- Ca ne me dérange pas que le fourchelang demeure un talent inné. Il y a quelque chose de mystérieux dans ce dialecte que la rhétorique et la linguistique rendraient probablement moins … enchanteur.

Dans le dos de la Nightingal, Dhan etait venu se longer contre elle l’enveloppant de ses bras sombres où grouillaient les encrages en liberté. Doucement, ses doigs couraient sur la peau à la lisière de son pantalon de marche, effleurant les os saillants de son bassin, épiderme doux et suave sous la pulpe de ses doigts rendue sèche par le contact des cordes et autres matériels de randonnée. Le souffle du sorcier balayait le sommet du crâne de sa compagne, sa nuque aussi, alors qu’il se laissait aller à la contemplation du lieu. Le point d’eau invitait à la baignade, mais il ne s’y risquerait pas sans la bénédiction du reptile gardien des lieux… Et de son interlocutrice. Cela étant, ses jambes n’auraient pas été contre un certain raffraichissement.

- Es tu déjà allée à Queimada Grande, l’île des serpents, au sud de Sao Paulo ? Elle est en théorie interdite aux humains par les autorités brésiliennes moldues mais … Pour des sorciers bien équipés, j’imagine que le risque est maitrisé…

Les lèvres du grand brun se posèrent sur l’épaule d’Alex, une fois. Une seconde. Il ne pouvait pas se permettre de telles effusions quand ils étaient à l’université, et même en public, Dhan était naturellement réservé, peu adepte des effusions. Mais ici, en plein milieu de la jungle, les paires d’yeux avaient d’autres préoccupations que celle de l’observer agacer la nuque de cette dernière du bout de la langue ...

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Dhan & Alex

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9 mai 2020

Alex brisait le silence tout relatif de la forêt, contant ces aventures à Dhan. Sa première rencontre avec un serpent, sa première discussion avec une telle créature avait été la première manifestation de son don, qu’elle n’avait considéré comme tel que bien plus tard. La fourchelangue n’avait pas accepté immédiatement cette nouvelle aptitude qu’elle avait découvert. Parler aux serpents n’était pas une chose très bien perçue au sein de la communauté sorcière. C’était plus quelque chose de mal vue, de louche et donc souvent associer au mystère, a la magie noire, aux secrets sombres et irrévélables. Alex avait été effrayé de sa découverte, mais elle s’était rapidement rassurée, ne cherchant pas à connaître les membres de sa famille qui serait responsable de lui avoir transmis son don. Son père lui avait proposé des explications, mais la rouquine avait préféré restée dans l’ignorance. Il était fort possible que quelques mages douteux fussent partis de sa famille, mais elle s’en moquait. Elle s’avait qu’elle n’était pas comme eux. Elle n’était déjà pas comme ces parents, elle n’avait donc rien à craindre. La rouquine était surement la plus éloignée de sa famille que tous ses autres membres réunis. Elle était joyeuse, loyal, honnête et surtout ouverte d’esprit. Elle ne prêtait pas attention à la couleur du sang ni à l’origine familial des personnes avec qui elle pouvait s’entendre. D’ailleurs, rares étaient ceux qu’elle ne supportaient pas. La sorcière était une jeune femme sociable qui avait besoin d’être entourée, de s’amuser, de profiter. Elle était à l’opposée de sa grand-mère qui ne pensait qu’à tous contrôler, qu’à faire grimper sa famille sur l’échelle de pouvoir des familles de sang-pures. Alex n’avait pas d’autres ambitions pour les membres de sa famille que d’être heureux, mais elle ne mettrait pas son propre bonheur en péril pour le simple fait de satisfaire ces aînées. Il y avait des limites à tout.

Ainsi donc, au fil du temps, sa malédiction était devenue un don, un outil de travail, une capacité dont elle ne pourrait plus se passer. Discuter avec les serpents étaient, à présent, aussi naturel que de discuter avec les personnes qui l’entouraient. Et cette rencontre avec le petit serpent corail ne fit pas exception. Le regard de la rouquine était fixé sur la créature, brillant d’une passion telle que des mots ne seraient pas en mesure de la décrire. La sorcière avait déjà rencontré des représentants de cette espèce, mais chaque serpent était unique, et celui-ci devait très certainement avoir une histoire propre. Il était, en tout cas, magnifique. Ses écailles luisaient et brillaient sous les rayons du soleil. Il était là, enroulé sur lui-même, profitait de la chaleur de l’astre solaire. Alex était si absorbée par ce qu’elle avait devant elle qu’elle n’eut même pas la foi d’argumenter avec Dhan, qui devait avoir raison, de toute façon. Parler le fourchelangue n’était pas pour tout le monde. Elle était en tout cas ravie que cela soit pour elle !

Elle était également enchantée d’avoir Dhan rien que pour elle. Elle avait encore un peu de peine à se rendre compte des différentes façons dont il pouvait agir. Si professionnel entre les murs d’Hungcalf et si tendre et proche lorsqu’ils n’étaient que tous les deux. Une part de l’esprit de la jeune femme ne pourrait jamais oublier le secrétaire tel qu’elle l’avait tout d’abord connu mais elle se sentait surtout privilégiée de le connaître tel qu’il était vraiment, loin de l’homme stricte et distant, masque qu’il présentait pour le bon fonctionnement de l’université. Mais il était là, tout à elle et le souffle du sorcier sur sa nuque, le contact de sa peau contre la sienne lui fit détourner son attention de la petite créature colorée, paupières refermées, léger frisson. Oh, c’était comme un rêve de l’avoir là, contre elle, rien que pour elle.

- On ne vas pas aller loin si tu commences comme ça, souffla-t-elle, amusée, incapable de croiser le regard de Dhan mais faisant courir ses longs doigts blancs sur l’avant-bras du secrétaire confiant aux tatouages de ce dernier le pétillement de ses prunelles claires.

Elle s’appuya contre le sorcier avant de reposer un regard tout aussi lumineux sur le petit serpent dont la curiosité égalait l’entrain de la rouquine.

- Non, je n’ai pas eu l’occasion d’y aller. C’était prévu, mais j’ai dû rentrer en Angleterre pour régler ce problème qu’était mon don. Vois-tu, personne n’a cru bon de me prévenir que c’était une chose possible dans ma famille, avoua-t-elle, sans aucun sentiment négatif, sans rancœur. A quoi cela servirait-il, après tout ? Surement que ces aînés avaient eu une bonne raison de garder tout cela secret, et elle-même n’avait pas désiré en savoir plus par la suite, elle serait mal avisée de leur en tenir rigueur.

Alex observa un instant le petit serpent qui s’était approché d’eux, se mouvant avec subtilité et agilité, comme une caresse sur le sol. Sa petite langue dansait elle aussi, mais aucun son ne sortait de la créature, visiblement bien plus à l’air à l’idée de regarder les deux bipèdes qu’à initier une discussion, jusqu’à ce que la tentation soit trop forte..

- Vous allez faire comme les autres ?

La question était surprenante et sortait de nulle part, tant et si bien qu’Alex ne comprenait pas réellement de quoi il parlait.

- Aller dans l’eau. Prendre de l’eau. C’est ce qu’ils font, les autres.

Par les autres, Alex assumait que l’ophidien voulait parler des quelques tribus qui peuplaient la forêt, elle se demandait simplement si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Les serpents étaient incroyablement divers et variés, mais leur ton était plutôt constant et l’absence d’expression rendait parfois les choses un poil plus délicate. Il n’y avait rien d’autres à faire que de demander, et aussitôt la rouquine s’exécuta, avec une réponse de la part de l’animal qui lui tira un nouveau sourire.

- La forêt est à tous. Aux autres. A vous. A moi, siffla l’animal, avant de reprendre sa place, dressée sur ces quelques centimètres. Je surveille.

Il surveillait. Alex regardait autour d’elle et ne vit pas d’autres créatures, seulement la végétation luxuriante qui remplissait les lieux. Quelques plantes avaient élues domicile au bord du point d’eau, d’autres s’en écartaient davantage. Elle savait cependant, malgré cette apparente tranquillité qu’ils n’étaient pas que tous les trois, ce n’était pas possible. Le petit animal semblait sur de lui, cependant et pour connaître les membres de cette espèce de serpent là, Alex n’était pas inquiète. Il semblait savoir de quoi il parlait. Il était sur son territoire et un serpent corail, aussi petit et tranquille soit-il, n’était pas un animal qu’il fallait sous-estimé.

- Merci, alors. Le regard de la rouquine était reconnaissant, brillant, fidèle à elle-même. Elle se tourna alors un peu, cherchant cette fois le regard du sorcier, plus sombre mais tout aussi brillant. Peut-être qu’on pourrait profiter de cet endroit pour faire une petite pause.. Se prélasser.. S’hydrater.. De ce que notre petit gardien m’a raconté, c’est un lieu de premier choix.. Même si je suppose que tu le savais déjà.

En accord avec les mots de la jeune femme, le petit serpent avait de nouveau sifflé.

- Ca ne vaudrait pas un bain de minuit, mais ce serait bien dommage de ne pas en profiter, right ?

Un bain de minuit ne pouvait décemment pas arriver en pleine journée, et pourtant, ils étaient. Tous les deux. Sans autre compagnie que celle d’un petit serpent corail, bien au fait que ce lieu enchanteur était autant à lui qu’aux visiteurs de passage.

- What do you say, Love?

Le dernier mot avait été prononcé un sourire mutin aux lèvres, avant le même accent que le sorcier britannique pouvait avoir. Un accent bien tourné, décoré, chantant et agréable aux oreilles de la jeune femme. Un accent bien plus poétique que les siens, acquis d'une écoute approfondie ou un certain goût pour l’imitation.

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Dhan & Alex

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12 avril 2020

Dhan s’était laissé aller à taquiner encore un peu l’épiderme d’Alex, juste un peu, profitant de ce tête à tête aussi rare que nécessaire. Depuis l’annonce des fiançailles de la jeune femme, ils n’avaient eu de cesse de discuter pour trouver une solution, d’abord sur le ton de la plaisanterie, montant des projets tous plus fous les uns que les autres, proposant des révolutions ou des désertions à l’autre bout du monde, avant de se rendre à l’évidence que, en réalité, il ne s’agissait pas que d’eux deux, mais de tout un écosystème à prendre en compte. Dhan ne pouvait pas laisser ses parents fatigués, son frère, sa sœur sur le bas coté, tout comme il ne s’imaginait pas plus couper Héma de son environnement et de sa famille biologique toujours présente, même sporadiquement. Alex avait encore ses frères, ses amis qui, d’une manière ou d’une autre, avant besoin d’elle.Alors ils s’étaient penchés sur des scénarios moins exotiques, plus concrets, piétinant encore, pour le moment. La solution finirait par leur parvenir, mais pour l’instant, il n’y avait que des doutes et des inquiétudes, et l’ombre d’un mariage sans le moindre sens commun. Alors oui, penser un peu à autre chose allégeait temporairement le vague à l’âme du sorcier, qui soufflait doucement dans le cou de la jolie rousse.

- Si tu veux, quand tout ça sera terminé, nous y irons. Ça paraît être une bonne motivation pour le futur, hay ?

Il déposa un autre baiser sur son épaule moite, puis la laissa deviser dans son étrange langue amphisbène, levant quant à lui les yeux vers la couverture végétale qui ne laissait passer la lumière que par flaques éparses, se mouvant sans bruit au gré des caprices du vent. Le camaïeu composé par l’ensemble se faisait à la fois d’une harmonie exceptionnelle et presque troublante, l’infinité de détails lui donnant sensiblement le tournis, nuque cassée à la verticale. Il ne rebascula son champ de vision vers le sol que lorsqu’Alex reprit la parole dans des sons formant des mots intelligibles à son oreille, coulant un regard curieux dans celui étincelant et clair de la sorcière. Ils avaient donc l’autorisation expresse de la guivre mordoré, c’était une bonne chose.

- En effet, je le savais déjà.

Des deux, il avait toujours été le plus économe en mots, jetant un œil vers la cascade et le bassin de fraicheur qui les attendait. Il n’y avait pas âme humaine qui vive à des kilomètres à la ronde, rien d’autre que les créatures de la canopée qui pourraient venir les observer avec détachement. Il pencha un peu la tête de coté, s’amusant de ses tentatives de le persuader, lui qui était déjà conquis depuis longtemps. Il noua ses mains dans le bas du dos de la rouquine, posant ses lèvres sur son front perlé de sueur salée, avant de souffler à voix basse, avec un petit sourire.

- Je pense que c’est une bonne idée. Le sommet peut attendre. May I ?

Ses doigts descendirent sur le tissu trempé du débardeur de la sorciere, se saisissant de l’ourlet pour le faire passer par dessus la tête de la rouquine, la libérant d’une première couche de vêtement, avant de faire de même de son propre tshirt sans plus de cérémonie. Les lacets de ses chaussures calés sous un talon pour faire céder les boucles, il releva le menton pâle vers lui, embrassant Alex à nouveau, alors que le serpent retrouvait son poste de garde en plein soleil, ses écailles comme des flash lumineux à chaque mouvement paresseux. Dhan imprima un sourire contre la bouche de sa compagne, avant de l’inviter à les débarrasser de leurs derniers vêtements, pour s’enfoncer dans l’eau étonnamment fraiche, tranchant avec la chaleur tropicale. Le sorcier s’était immergé totalement dans l’eau clair, plaquant sa chevelure épaisse sur sa nuque et ses tempes, les gouttes d’eau s’accrochant sur ses cils alors qu’il soupirait d’aise. Cet endroit était probablement l’un de ses préférés sur Terre, et la présence d’Alex à ses cotés lui permettait à présent de le considérer comme son bout d’Eden personnel.

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Dhan & Alex

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9 mai 2020

- A very good motivation indeed.., souffla-t-elle. Moins cependant que l’idée de se retrouver encore une fois avec Dhan, loin du Royaume-Uni, loin des manigances familiales et des contrats de mariage. Rien que tous les deux, au milieu des animaux les plus extraordinaires de la planète. Oh, oui. Aller sur cette île brésilienne, interdite aux moldus serait une expérience incroyable, un petit coin de paradis pour la jeune femme passionnée qu’elle était. Elle pourrait rencontrer de nouveaux serpents, en apprendre davantage sur leurs comportements, sur leur histoire. Elle pourrait poser des questions comme l’innocente petite fille curieuse qu’elle avait put être. Elle obtiendrais des réponses, ou non, mais en profiterais très certainement. Elle laissa échapper un petit soupir, se languissant déjà de ce projet futur, l’espérant proche et non lointain.

Elle pouvait déjà profiter de ce moment-là. De cet échange simple et agréable avec le serpent corail, de cet accord qui lui donna sans aucune difficulté, prêt même, à surveiller les alentours pour eux. Alex savait que le petit compagnon aux écailles colorés avec lequel elle avait devisé n’était pas la plus grande ni la plus dangereuse des créatures, mais il semblait tranquille, sur de lui. Nul doute que si quelque chose de mauvais pénétrait son territoire sans son accord, il avait les moyens de remettre les choses en places. Une morsure. Un venin mortel sur les hommes comme les autres animaux, la petite créature aux anneaux d’or et de sang n’était pas inquiété de ce qui pourrait arriver et rassurait ainsi la jeune femme, pour le peu de doute qu’elle avait elle-même. C’était à dire peu. Sourire aux lèvres, une flamme dansant dans le fond de son regard, son attention se reposa sur Dhan qui savait. Il savait tout, évidemment. Il observait, s’imprégnait de ce qu’il avait autour de lui, et se souvenait. Alex était son opposé, elle n’observait que peu, ne se souvenait pas souvent. Elle laissait son instinct faire, son cœur s’exprimer. Et ses goûts et intérêts pouvaient parfois changer du tout au tout, selon son humeur, son entourage ou la situation. Une chose était sûre, ce qu’elle éprouvait pour le sorcier, ce qu’elle éprouvait lorsqu’il se mordillait la lèvre, lorsqu’il haussait ses sourcils broussailleux ou qu’il poussait un léger soupir, ne changeait pas. Ou peut-être que, il grandissait, s’intensifiait. Il ne pouvait évoluer que dans ce sens-là, après tout. Ils étaient si différents, si complémentaires l’un et l’autre. Deux pièces d’un puzzle qui ne pouvait que réclamer d’être associées, d’être ramenées ensemble.

Et ils l’étaient, là. Sous la canopées, gardé par l’œil alerte d’un petit reptile coloré pour qui tout cela n’avait rien de très intéressant mais qui s’impliquait de lui-même dans la mission qu’il s’était naturellement donnée. Et les deux amants pouvaient se concentrer l’un sur l’autre. Dhan avait entouré Alex de ses bras et déposé un baiser sur son front blanc et moite, résultats de cette première marche au milieu de la végétation de la forêt, de son humidité et de cette chaleur qui les entouraient et leur donnerait du répit que lorsqu’ils seront immergés dans cette eau claire de ce petit étang. Alex pouvait sentir l’eau l’appeler, son épiderme la réclamer. Elle avait besoin de fraicheur, Dhan aussi, très certainement. Elle laissa son sac tomber à ses pieds, sans y faire plus attention. Il était ensorcelé, il ne craignait rien : ni les chocs, ni la boue et encore moins un débardeur marqué par l’effort d’une marche au milieu des bois. Après des baisers échangés, ralentissant l’abandon de ces vêtements, laissés par terre, abandonnés par des esprits libres et occupés par d’autres pensées – Alex pénétra elle aussi dans l’eau clair, fraîche que le serpent leur avait autorisé de touché. Elle s’arrêta un instant, l’eau dépassant à peine ses hanches, marqué par le froid, ne s’était guère attendu à autant de degrés d’écart. Et Dhan était déjà immergé dans sa totalité – et ça en faisait ! Le sourire aux lèvres, les prunelles pétillantes, la rouquine observa le secrétaire. Il était beau, simplement. Elle n’avait pas d’autres mots qui lui venaient. Il était là, juste pour elle, dans ce petit paradis qu’ils partageaient.

Elle s’immergea elle aussi, ses boucles brunes atténuées par l’eau, avant qu’elles ne reprennent plus de pouvoir, plus tard. Elle nagea jusqu’à lui, sourire aux lèvres, cœur au bord des yeux, l’eau fraîche glissant sur sa peau nue et blanche. Quel délice. Elle était bien, en alerte, réveillée. Elle plongea son regard dans celui, lumineux, de l’indien alors que sa main chercha la sienne et que ces doigts glissèrent le long de l’épiderme bronzé du secrétaire. Sourire aux lèvres, lueur mutine au fond des yeux, elle siffla quelques mots dans le langage des serpents, encourageant l’ouroboros de son cher et tendre à suivre le bout de son doigt. Elle pouvait en faire ce qu’elle voulait. Il était si expressif, trop peut-être, pour un simple dessin ancré dans la peau du sorcier.

- Does it have a mind of his own ?, questionna-t-elle, le regard perdu sur le dessin ensorcelé, ou la peau qu’il recouvrait.

Sa main caressait ses bras, et ses muscles. Dhan n’avait pas la musculature des hommes qui passaient des heures dans les salles de sport ou sur un terrain de Quidditch. La sienne était plus subtile, plus délicate, mais bien là. Elle la sentait, lorsqu’il la serrait contre lui, lorsqu’elle l’observait, comme là alors qu’elle battait des pieds pour rester à la hauteur du tatoueur. La jeune femme n’aurait pas pensé ne pas avoir pied, le trou d’eau était visiblement bien plus profond qu’il n’y paraissait.

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Dhan & Alex

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12 avril 2020

Entièrement immergé, Dhan avait l’impression que tous les pores de sa peau s’ouvraient en grand pour absorber la fraîcheur bienvenue. Pourtant, il n’était pas spécialement sensible aux changements de température, bien que plus favorable à la douceur bretonne qu’aux chaleurs tropicales. Il inspira profondément, soupirant d’aise, passant la main sur le visage pour en chasser quelques gouttes. Il fit de même pour le visage d’Alex caressant du pouce le ras de ses cils avec un sourire, alors qu’elle se lovait contre lui en sifflant. Il savait bien ce qu’elle était en train de faire, le regard amusé. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, quand elle en avait l’occasion, elle venait réveiller le sortilège qui animait le reptile qui ondulait sous les couches superficielles de son épiderme bronzé. Il la laissa faire, l’animal de sang et d’encre se promenant le long de son ventre, de sa poitrine pour venir réclamer ses offrandes en caresse dans le creux de sa clavicule. Pas idiot, il venait se lover sur les parties les plus sensibles de la carte charnelle de son propriétaire.

- C’est un peu plus compliqué que cela …

Le sorcier sourit, penchant la tête sur le coté pour laisser à Alex le loisir de s’amuser à sa guise, la cajolant tendrement du regard. Elle n’était pas la première à lui poser la question, et il lui était toujours ardu de répondre précisément. Cela étant, il s’était attendu à ce que l’interrogation lui vienne bien plus tôt. Preuve qu’elle avait surement été déconcentrée par autre chose…

- Il s’agit plutôt d’une extension de ma propre personnalité, infusée dans l’encre à base de magie rouge… Il n’y a rien d’obscur là dedans, on est fort éloigné de la magie des Horcruxes, Dieu m’en garde … Ce n’est pas non plus un tatouage totem, comme peut les faire le jeune De Launay. Je suis … Assez opposé à ce genre de pratiques, qui appartiennent à des tribus reculées et avec des rituels précis, et que certains sorciers occidentaux ont adapté à leur sauce… Tous mes propres tatouages tribaux ou autochtones m’ont été offerts par des sorciers natifs, je ne me permettrais pas d’en faire moi même selon leurs rites… Enfin, c’est un débat qui ne t’intéresse probablement pas. En un mot comme en cent … Non, il n’a pas sa propre personnalité, mais il peut agir de manière quasi indépendante, jusqu’à une certaine limite qui relève de ma santé et de mes propres barrières mentales…

Tout en devisant, il avait enroulé un bras autour de la taille de la jeune femme pour la rapprocher contre lui, la laissant passer ses jambes autour de sa taille pour ne pas avoir à s’épuiser en nage stationnaire. Autour d’eux, une énorme libellule performait son ballet aérien dans un bourdonnement léger, déposant ses pattes fines sur l’eau sans provoquer la moindre ridule sur sa surface. Dhan reposa à nouveau ses lèvres sur celles de la sorcière, avant de basculer la nuque contre la roche avec un petit sourire, le regard dans les feuillages denses. Il allait rajouter quelque chose quand un grognement rauque, suivi d’un sifflement, lui fit tourner la tête sur sa droite, plus alerte, avant de se détendre sensiblement, bousculant la mâchoire de la jeune femme du bout du nez pour lui faire tourner la tête.

- Je crois qu’il y a quelqu’un pour toi sur notre gauche…

Entre les herbes folles, c’était un être tricéphale aux écailles griffées et partiellement abimées qui émergeait d’un pas lent, contenu. Trois paires d’yeux, mais seulement cinq de valides en tout, et des griffes comme des serres de griffon. C’était un runespoor dont la taille trahissait un âge vénérable, le plus âgé que Dhan ait pu voir de ses propres yeux. Les mâchoires d’une des têtes claquèrent, alors qu’une autre dodelinait doucement, en proie à une mélodie inaudible, alors que la dernière les fixait sans la moindre once d’émotion, dans l’attente d’un mouvement de leur part.

- Et bien, cela faisait longtemps ...

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Les dés:

Le membre 'Dhan Chaffinch' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Dé d'intrigue' : 1

Jeu 10 Sep 2020 - 16:59

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Dhan & Alex

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9 mai 2020

Elle n’avait jamais posé la question auparavant, bien trop distraite par le reste, bien trop incapable de rester focus sur un point particulier, d’autant plus lorsque Dhan était si proche d’elle. Mais la question lui était finalement venue, innocente et curieuse, à son image, en somme. Sans quitter ne serait-ce qu’un instant le serpent d’encre dansant sur la peau du secrétaire, la rouquine écouta avec attention les explications du sorcier. Son regard se mit à briller d’une certaine fascination tandis qu’elle suivait, de ses prunelles claires ainsi que du bout du doigt, le tatouage ensorcelé. Un petit rictus amusé étira ses lèvres, alors que le sortilège la guidait à sa guise sur la peau du secrétaire, se mouvant avec aisance, à l’aise sur cette surface particulière réceptive. Les explications touchèrent à leur fin, mais le petit ouroboros, libéré de sa position circulaire qu’il empruntait si souvent, continuait d’attirer le doigt de la jeune femme, le regard aussi brillant que cette dernière. Elle s’arrêta un instant et tout en enroulant ses jambes autour de la taille de Dhan, resta pensive sur ces derniers mots.

- Cela reste un tatouage, en somme, commenta-t-elle, perplexe quant à la capacité du sortilège de faire du mal à celui qui le portait. Mais enfin, la magie était parfois mystérieuse et même pour quelqu’un qui y baignait depuis la naissance, certaines choses restaient parfois hors de portée. Et loin d’en être vexée ou frustrée, la jeune femme acceptait cela. Elle tentait parfois de comprendre, parfois non. Si Dhan captait l’incertitude dans la remarque de sa compagne et qu’il choisissait de l’éclairer, la rouquine absorberait l’information avec intérêt, s’il ne le faisait pas, elle se contenterait de savoir qu’il n’y aurait jamais de problème de ce côté-là.

La main d’Alex avait quitté le petite tatouage sombre pour aller se perdre dans la chevelure mouillée du sorcier. Disciplinée provisoirement par l’eau, le regard d’Alex s’y perdit avant de glisser tout naturellement sur le visage du secrétaire. Ses sourcils broussailleux, ses prunelles sombres et ses lèvres entourées d’une barbe et d’une moustache un peu moins bien taillées depuis le début du week-end. Cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Ils étaient bien loin de l’université, bien loin de ce bureau du rez-de-chaussée, zone de combat pour Dhan, terrain d’accueil pour étudiants perdus. Il n’y avait pas non plus d’Héma, de Mercy, de Bash. Pas de grand frère ou de petit. Ils n’étaient que tous les deux. Et cette intimité retrouvée, appréciée et même nécessaire lui soufflait quelques idées dans le creux de l’oreille. Mais Alex n’eut guère le temps de détourner l’activité barbotage : Dhan avait aperçu quelque chose. Avec un petit décalage et une aide de la part du secrétaire, la rouquine avait elle aussi tourné la tête.

- Holy Mary Shit Hell, jura-t-elle.

Etait-ce vraiment ce qu’elle pensait que c’était ?

Le regard brillant, la bouche ouverte, prête à gober une mouche ou deux, le regard d’Alex s’était posé sur un Runespoor. La créature avançait gracieusement dans les hautes herbes, une tête bercée par une mélodie inconnue, une autre visiblement agacée et la dernière, celle qui prenait la majorité des décisions observait le couple de sorcier. Le Runespoor s’arrêta alors à bonne distance du lieu de baignade. Alex ne pouvait plus quitter l’animal du regard. Elle était fascinée et intriguée. L’animal semblait vieux. De nombreuses cicatrices parsemaient son corps. Il lui manquait des écailles à certains endroit et l’une des têtes avait également perdu un œil. Alex ne prêta que peu d’attention au petit serpent corail, gardien proclamé de leur baignade, venu les rejoindre au milieu du trou d’eau. Il sifflait, agacé, mais ne semblait pas effrayé.

- Haguk. Il est très vieux, un peu perché, parfois, mais pas méchant., siffla le petit serpent tout en grimpant le long du bras à moitié immergé de la rouquine avant de se percher sur son épaule. Un ancien, vénérable et sage, ajouta-t-il, tout en posant son petit regard brillant sur le visage de Dhan.

A regret, Alex quitta la créature du regard, posant d’abord ses prunelles sur le serpent corail avant de les planter dans celles de Dhan. Elle lui transmis les informations généreusement fournies par leur nouvel ami. Les battements de cœur de la sorcière s’étaient accélérés. Elle avait envie de poser tout un tas de question au Runespoor. Ce qu’il avait vu, comment il vivait, s’il était seul.. et tant d’autres choses. Mais une étrange retenue s’empara d’elle. Et si ces questions déstabilisait l’animal ? Et si, par leur simple présence, Dhan et Alex mettait en péril la balance subtile qu’une créature de cet âge pouvait avoir ? Elle s’était renseignée avec beaucoup de passion et de détermination, depuis cette fameuse soirée d’halloween. Elle avait lu tout ce qu’elle avait put trouver sur les Runespoor. Elle savait qu’il était rare d’en voir de si vieux et que pour être toujours en vie après tant année, l’entente entre les trois têtes étaient indispensable. Fragile, mais bien présente. Dhamn. Le choix était difficile, mais elle devait être raisonnable. Et peut-être que son petit compagnon aux écailles rouges et noires, perché sur son épaule, pourrait lui en apprendre davantage plus tard. Elle se rapprocha de Dhan.

- On sait toi et moi que peu de Runespoor paraissent aussi vieux, murmura-t-elle. Je crois que cela pourrait être dangereux pour lui si on reste là. On pourrait perturber l’équilibre qu’il a acquis durant ces longues années.
- Sage remarque, siffla le serpent corail, en hochant la tête de haut en bas.

Ils n’allaient cependant pas terminer leur randonnée en tenue légère et sans leurs sacs à dos. Et, malgré la bonne compagnie et l’agréable contact de l’eau fraîche sur leur peau, ne pouvait décemment pas rester ici tout une éternité. La tête organisatrice de la créature les fixait toujours, alors que les deux autres étaient occupées sur des choses invisibles pour les deux sorciers.

- Any idea ? questionna-t-elle finalement. Lorsqu’il s’agissait de rester discret, mieux valait demander l’avis du secrétaire.

Un dé pour toi : :

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Mer 23 Sep 2020 - 19:42

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Dhan & Alex

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12 avril 2020

De toute évidence, à voir le pli charmant qui barrait le front de la sorcière, cette dernière avait du mal à envisager toute l’étendue des possibilités qu’offrait ce genre de pratique. Dhan ne pouvait pas décemment lui en vouloir de ne pas être particulièrement sensible à la matière : après tout, alex n’était elle-même pas tatouée, elle ne connaissait pas encore la douleur addictive de l’aiguille, cette sensation de plénitude et de sérénité de découvrir une nouvelle facette de son histoire, de sa personnalité, encrée directement sur l’épiderme. Et puis, il y avait la magie … Le tatouage, comme les runes, était une autre expression de cette énergie étrange et ineffable, impossible à décrire avec précision, tant elle était changeante, évolutive, au gré des envies, des intentions et des talents. Glissant une mèche de cheveux cuivrée entre deux doigts, le Chaffinch ne put s’empêcher de reprendre, le regard perdu dans les reflets couleur de flammes, là où la mèche se dispersait dans l’eau comme une délicate tache d’incendie liquide.

- Disons que, parmi tant d’autres, il n’est pas le plus exceptionnel … Mais ne le lui siffle pas, il serait capable de se vexer un peu. C’est un de mes tatouages plus… Esthétiques, mais d’autres ont des vertus autrement plus significatives. Vois par exemple, dans mon dos, il y a une tortue de mer qui se promène, bien que le plus souvent, elle se cache dans l’encre d’autres dessins moins timides. Il s’agit là du tout premier tatouage que j’ai fait, en compagnie de ma mère, peu avant ma majorité. J’étais encore à Poudlard, nous avions laissé père et fratrie pour aller dans une tribu sur les îles d’Asie du Sud-Est, que ma mère cotoyé régulièrement dans le cadre de ses expéditions. J’ai été initié à la scarification magique là bas, à la fois pour amadouer mon rapport à mon corps, à ma maladie, mais aussi pour m’offrir mon premier talisman de protection épidermique. Il y a dans les circonvolutions de sa carapace des sortilèges qui ne s’activent que lorsqu’elle pressent que mes variables vitales se dérèglent… Les sortilèges disposent, si tu veux, d’un stock d’énergie supplémentaire, comme une batterie de secours pour prendre le relai en cas de problème. Bien sur une fois épuisée, il faut que je la recharge, avec du temps et une autre source d’énergie et de la bonne manière, aussi … Mais rares sont mes encrages qui n’ont pas une destination particulière… tu comprends ?

Avant qu’elle ne puisse confirmer ou infirmer quoi que ce soit, c’était une créature tout à fait exceptionnelle qui avait fait son apparition dans leur champ de vision. Majestueuse, inquiétante, elle ne semblait pas les avoir remarqués, à première vue, là où leur petit comparse doré, lui s’était mis à siffler avec ferveur. Dhan relâcha doucement sa prise sur une Alex concentrée sur les propos du reptile mordoré, alors que lui même ne quittait pas le runespoor des yeux, attentif au moindre mouvement agressif. Quand le dialogue sembla avoir cessé entre l’écossaise et le serpent, le sorcier guetta les conclusions de cette dernière, qu’il rejoignit d’un mouvement de tête : en effet, la bête avait proablement un âge qui leur serait à jamais refusé, faute de longévité suffisante de l’espèce humaine. Ce dernier avait du voir s’ériger puis s’écrouler des empires, des familles s’élever avant la chute fatale, l’extinction de plus de lignées que n’importe quel doyen humain.

- Laissons le donc aller en paix, si il ne nous considère pas digne de nous parler, au moins aurons nous eu la chance de le contempler au plus près…

Réponse en un souffle, attente partagée. L’éminence reptilienne s’avança lentement vers eux, posant ses yeux impairs et son regard impérieux sur les intrus et leur petit guide, avant de se désinteresser de la petite équipée pour revenir à ses intérêts physiologiques : les gorgées sont longues, les lapées bruyantes, alors que les têtes alternent pour se désaltérer, pendant qu’une d’entre elles, toujours, monte la garde dans quelques sifflements rauques. Les intonations du runespoor donnent l’impression de gravier que l’on frotte les uns contre les autres, crissements graves des rochers et de la menace d’un éboulement, catastrophe qui ne se produira pas. De son pas lent, de celui qui a encore des siècles à vivre, et ne s’embarasse donc plus des minutes et des secondes, le nommé Haguk retourna dans la canopée, écrasant les fougères sous ses pattes lourdes, alors que toute la mare semblait enfin reprendre son souffle, après l’avoir retenu de longues secondes.

- et bien, c’était pour le moins… Exotique. Je ne sais pas pour toi, mais je commence à frissonner. Peut être devrions nous sortir de l’eau ? Penses tu que notre nouveau camarade aurait entre ses écailles quelques sentiers non battus, afin d’atteindre le sommet plus vite ?

Après tout, quoi de mieux qu’un petit serpent corail pour les faire évoluer au travers de la jungle de manière totalement inédite ?

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Mar 29 Sep 2020 - 22:03

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Dhan & Alex

You're my river running high, run deep, run wild
9 mai 2020

- Je serais muette comme une tombe, souffla-t-elle, un large sourire planté sur son visage, comme si elle était à un moment capable de s’en défaire.

Sourire faisait partie d’elle, tout comme expliquer les choses - de cette voix tendre et palpitante qu’elle aimait tant – faisait entièrement partie de son compagnon. Si Alex était perplexe sur le sujet. Si ce terrain et ces connaissances lui manquaient et l’intéressaient à peine lorsque c’était quelqu’un d’autre que Dhan – ou Elias – qui lui expliquait, elle écoutait les mots du sorcier avec grande application. Elle ne le coupait pas, hormis pour laisser des « oooh » ou des « ah oui » s’échapper de ses lèvres. Elle l’écoutait raconter ses aventures et l’histoire de ses tatouages. Elle buvait ses paroles comme elle buvait son verre de Whisky, avec passion et sans modération. Des sortilèges de garde, des tatouages indépendants. C’était un vrai patchwork magique qui déambulait sur la peau, gardant son propriétaire en sécurité et prêt pour affronter le monde extérieur, emplis de danger et de mystère.

Un mystère, une merveille, d’ailleurs, qui s’avançait vers eux. Si majestueuse que la rouquine ne prît même pas la peine de répondre à son amant. Elle comprenait ? Elle comprenait surtout qu’elle avait un Runespoor ancien sous les yeux et qu’il serait dommage de retourner à leur ancienne conversation, aussi passionnante soit-elle. Qu’est-ce qui pouvait être plus intéressant que cette créature tricéphale ? Alex ne voyait pas. Même un bon barbecue, même un verre de Whisky distillé dans la plus ancienne entreprise de l’Île de Skye ne pourrait la faire détourner son regard. Ses pupilles s’étaient légèrement dilatés, comme le regard d’un chat devant un plumeau coloré. Elle ne perdait pas une miette de l’avancée du Runespoor. Ce fut leur compagnon aux écailles noires et rouges qui la tira de son admiration silencieuse. Un ancien, voilà. Alex fit alors, d’une petite voix, sans quitter l’animal des yeux, un récap à son compagnon qui acquiesça. Si la rouquine regrettait un peu de ne pas avoir été en mesure de converser avec la créature - bien plus âgée que celle qui gardait les souterrains du château d’Inverness – elle restait cependant convaincue de son idée. Perturber l’animal ne pourrait que lui porter préjudice. Elle et Dhan n’était pas que de simples visiteurs rampants, ils étaient humains et savaient bien tous les deux que si l’Humanité avait ses bons côtés, mais beaucoup trop de mauvais. Mieux valait jouer la sécurité et laisser l’animal faire selon ses envies. Il était dommage, cependant, de ne pas avoir d’appareil photo dans la main, mais c’était là les aléas du direct et le côté surprise et inédit de la situation.

La créature leur donna de quoi s’émerveiller encore de longues minutes. Elle prenait son temps, détendue, chaque tête buvant unes à unes. Le regard de la rouquine passait de la tête centrale à celles qui l’entouraient. Elle observait tout, les yeux perçant de l’animal qui trahissaient un âge avancé et une raison particulière. Son regard glissa également le long des écailles sombres et tâchés des trois coups de l’animal. Elle imprégnait dans son esprit la couleur du Runespoor, la façon dont il marchait, le son qu’il faisait. Elle gardait tout en tête. Mais la créature finit par repartir, lentement et lourdement, inintéressé par ce qui se trouvait sous ses pieds, écrasant les fougères et les herbes. La lourde atmosphère que le tricéphale avait apporté avec lui s’en alla au bruit lourd de ses pas, relâchant la pression sur les êtres vivants et profitant des bien fait du lieu. Alex, elle aussi, laissa échapper un petit soupire soulagée. Elle s’étai retenue pendant de longue pour ne pas parler. Elle avait gardé ces questions pour elle. Et ce n’était franchement pas une expérience qu’elle appréciait, elle qui laissait ses mots passer ses lèvres sans jamais se poser de questions. Elle se tourna alors vers Dhan, qui brisa en premier le silence laissé derrière lui par le Runespoor.

- It was fabulous, s’enthousiasma-t-elle, tout en quittant les eaux fraiches dans lesquelles ils baignaient depuis de longues minutes, immobile.

Tout en s’habillant, elle discutaillait avec son compagnon serpent, lui transmettant alors la requête de son cher et tendre. Sifflotant avec légèreté, le petit serpent posa un regard brillant sur les deux humains, avant de filer entre les herbes hautes. Avant de le suivre, Alex s’approcha de Dhan, sourire aux lèvres, regard brillant. Elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur les lèvres du secrétaire avant de reculer et de souffler, doucement, afin qu’aucunes autres créatures de la forêt ne soient en mesure de l’entendre.

- I love you.

Et sur ces mots, puissants et sincères, la rouquine s’éloigna dans la direction qu’avait prise leur camarade de randonné qui les guidait grâce à ses sifflements, attirant le regard curieux d’oiseaux colorées. Et sur le chemin, ce raccourci pas si court que leur faisait emprunter le serpent, Alex finit par se retrouver derrière Dhan. L’humidité chaude de la jungle commençait à lui faire tirer la langue, et pire encore, la monté qui, jusque là très légère, se faisait de plus en plus raide. Le chemin devenait de plus en plus escarpé et la rouquine ne trouvait même plus la force de discuter, ni avec Dhan, ni avec le serpent. Ces deux-là qui, d’ailleurs, disparurent un instant derrière un gros rocher, laissant à Alex le temps d’une petite pause. Très courte, cependant, puis qu’une voix grave s’élevait de l’autre.

- J’espère qu’on est arrivé ! s’exclama-t-elle, Et que ça vaut le coup !

Est-ce que Dhan l’avait déjà déçue ? Non. Elle espérait bien que ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer. Avec tous ses pas, avec toute cette énergie dépensée et cette sueur évacuée. Dhamned, elle était sportive, pourtant !

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Sam 10 Oct 2020 - 16:56

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Dhan & Alex

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12 avril 2020

La parenthèse hors du temps qu’avait été le passage du vénérable runespoor avait laissé Dhan et Alex sans voix. Ils n’en étaient pas restés pantelants pour autant, s’extirpant de leur baignoire naturelle pour reprendre leur marche à la suite d’un guide on ne pouvait plus local. Avant de partir à la suite du saurien, le baiser sur la bouche de Dhan se fit comme un papillon aux ailes délicates et poudrées, et le murmure d’Alex comme une promesse qui n’appartenait qu’à eux. C’était étrange de se rendre compte d’à quel point on pouvait aimer une personne, sans la moindre hésitation, sans le moindre compromis, quand le coeur gonfle dans la poitrine jusqu’à menacer d’écarteler la cage thoracique. Prendre conscience que l’on peut traverser la terre entière pour quelques minutes de complicité et de tendresse, ou uniquement parce que l’autre à besoin de soi, à cet instant précis. C’était un peu ce qui s’était passé avec ce week end, ce besoin de se retrouver, uniquement tous les deux, pour resserrer des liens qu’il ne pouvait pas prendre le risque de voir se distendre.

A la poursuite du serpent, Dhan se fraya un chemin avec une certaine aisance qui trahissait une habitude insoupçonnée des longues randonnées et des treks de l’indo-britannique. Il passait les enchevêtrements de branches et de racines sans avoir à les toucher, relevant les jambes plus haut qu’à l’ordinaire. De temps à autre, leur pèlerin tournait sa petite tête écailleuse pour être sur de ne pas les avoir perdu, et Dhan en profitait pour prêter main forte à Alex, juste avant de la laisser se reposer une minute ou deux, alors qu’il devinait par delà quelques branchages qu’ils étaient presque arrivés à destination. Il avait raison, et il appela Alex pour qu’elle vient les rejoindre, souriant en entendant sa réponse-menace en écho. Evidemment que cela valait le coup, ils avaient marché des heures à travers la jungle uniquement pour cette vue…

- Tadam.

Devant la jeune femme, la terre se dérobait dans une falaise qui faisait face à un panorama exceptionnel : un cirque de cascades immenses, sur plusieurs étages, où l’eau sauvage dévalait les chutes dans un bruit de tonnerre qui résonnait dans leurs oreilles à présent, alors que la forêt dense en avait étouffé le bruit quelques dizaines de mètres plus bas. La couleur du fleuve se confondait par endroit avec celle du ciel, alors que les embruns venaient consteller les joues déjà humides de sueur d’une fraîcheur subtile. Mais ce qui était le plus incroyable dans ce tableau sans pareil, c’était bien les arc-en-ciel qui apparaissaient et disparaissaient au gré des bourrasques de vent comme autant d’apparitions miraculeuses. Il était impossible de deviner cette vue si l’on ne s’asseyait pas sur le bord de la falaise, à regarder l’ichor de la jungle se répandre en fracas contre les roches multicolores. Avec un sourire plus ouvertement offert que jamais, le sorcier aventurier tendit la main à la jeune femme pour qu’elle vienne le rejoindre au bord du vide, les pieds à fleur de falaise, offert à la vue spectaculaire.

- … ça vaut largement la montée, n’est ce pas ? Cela ressemble beaucoup aux chutes d’Iguazu, les touristes en moins. Tu peux remercier notre petit guide, je ne connaissais pas ce sentier et il est autrement plus joli que les autres… *il passa le bras autour des épaules de la sorcière, nichant son nez dans sa chevelure rousse* … ça te plait ?

Il l’espérait sincèrement en tout cas, le lieu était l’un qu’il trouvait le plus beau au monde, et il avait tenu à le partager avec elle. Autour d’eux, c’était tout un biotope unique, chargé de couleurs, de sons et d’odeurs comme ils n’en retrouveraient jamais ailleurs, pas ainsi, pas comme ça. C’était parce que le lieu était unique, que les mots qui s’échappèrent des lèvres du sorcier se firent différents, eux aussi, un chouilla plus sérieux que leur conversation précédente, mais indispensables pour ce dernier : il y avait des sujets qui nécessitaient un certain contexte, comme celui qu’ils devaient aborder ensemble.

- Alex… Tu ne peux décemment pas te marier à Yggdrasil. On ne peut pas laisser faire ça et… Je refuse de rester dans cette situation sans rien faire. Si tu veux bien, on trouvera une solution, tous les deux. Il est… Il est absolument hors de question que je te perde. Pas pour ça, pas comme ça.

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la vue :

Jeu 29 Oct 2020 - 22:45

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Dhan & Alex

You're my river running high, run deep, run wild
9 mai 2020

Alex n’était pas le moins du monde perturbé par sa perte de vitesse. Elle aimait l’aventure et la nouveauté. Elle débordait d’énergie, était pratiquement incapable de rester assises plus de quinze minutes – sauf après une soirée arrosée ou si elle était captivée par un nouveau livre. Elle était également sportive, ancienne batteuse dans l’équipe de Quidditch, elle entretenait maintenant sa forme dans la ferme de son aîné, et parvenait sans mal à tenir la distance. Elle avait parfois même plus d’endurance que son géant de frère et ne manquait pas de le taquiner sur le sujet lorsque cela arrivait. Ce à quoi il répondait généralement qu’il était plus âgé, et marié , avant d’éclater de rire, ravi de sa petite plaisanterie. Marcher sans en voir le bout était bien différent, cependant. Elle appréciait cela, mais la fatigue commençait à se faire sentir et les émotions ressenties à la vue du Runespoor devaient très certainement avoir leur part de responsabilité dans cette soudaine perte de vitesse. Un Runespoor.. Pour être différent des couleuvres qu’elle croisait d’ordinaire, la rencontre avait été différente. Extraordinaire, même ! Incroyable ! Elle en frissonnait encore et dans ses prunelles brûlait une flamme mêlant admiration et d’émotion qui n’était pas prête de se tarir. Elle n’avait qu’un seul regret à exprimer : le fait de ne pas avoir pu converser avec la créature. La raison l’avait emporté sur sa passion et si elle se félicitait de cette soudaine maitrise de soi, une petite voix lui soufflait au creux de l’oreille qu’elle aurait très bien plus s’aventurer un peu plus et oser engager la conversation. Alors chaque pas se faisait plus lourd au fur et à mesure que cette petite vois fluette – et désagréable – se faisait sa place dans son esprit. Elle n’aurait plus jamais cette chance. Elle était passé à côté d’une opportunité que l’on obtenait qu’une fois dans une vie.. Alex balaya tout cela d’un bruyant soupir. Elle avait vu deux Runespoor en moins d’un an, nul doute que l’adage « Jamais deux sans trois » allait se vérifier. Si son optimisme était mis à rude épreuve, la rouquine ne pouvait s’empêcher d’y croire, a fond.

Alors elle râlait un peu, sans pour autant douter de la surprise que lui réserver Dhan. S’il l’avait amené ici, à l’autre bout du monde, c’était que le voyage en valait la chandelle. Et puis elle avait confiance, tout simplement. Alors elle râlait pour se donner le courage d’aller jusqu’au, elle râlait pour s’occuper, pour faire genre. Elle grommela encore un peu, pour le principe, pour marquer le coup et rejoignit enfin Dhan à leur destination. Il ne lui manquait que quelques pas, qu’elle fit avec la compagnie de leur compagnon à écaille, revenu vers elle pour l’accompagner sur ces derniers mètres, les plus durs, ceux qui demandaient le plus d’effort, mais c’était également les plus gratifiants. Et arrivé en haut, Alex en perdit sa voix. Interdite, silencieuse, le regard brillant, elle parcourait le paysage de ces iris céruléennes. C’était un vrai petit paradis qu’elle avait devant les yeux. Enfin petit, c’était grandiose ! Un spectacle d’un autre monde, du genre que l’on ne voyait que dans les films d’aventure et réalisé par des simulations moldus ou de la magie d’illusion. Mais là, tout était bien réel ! Les cascades, la végétation luxuriante. Le bruit même, pourtant aussi puissant qu’un coup de tonneur, la berçait et les brises qui remontaient faisaient s’envoler ses boucles rousses et lui apportait la douce odeur de forêt qui régnait en bas. Le ciel venait se fondre avec l’eau. De multiples groupes de différentes espèces d’oiseaux voletaient à droite à gauche, rajoutant des couleurs vives à ce tableau digne d’un des plus beaux peintres. C’était tout simplement magnifique. Une merveille de la nature. Elle ne quitta du regard la splendeur qu’elle avait devant que pour adresser un petit remerciement silencieux à leur guide improvisé. Le petit serpent corail leur avait fait découvrir un beau chemin, Alex ne l’oublierait pas. Elle inclina alors légèrement la tête, signe de respect envers la créature, qui lui retourna la politesse et siffle quelques mots avant de se faufiler entre les hautes herbes et plantes tropicales pour retourner à son activité favorite : la sieste au soleil.

Elle se colla alors à Dhan, reposant son regard sur la vue qu’elle avait devant elle. Si cela lui plaisait ?

- C’est magnifique .. J’en ai vu des choses incroyables et jolies, mais celle-ci dépasse tout le reste ! Et c’est reposant, incroyablement reposant..., répondit-elle, dans un murmure assez puissant pour que le bruit qui s’élevait des cascades n’empêche pas son compagnon d’entendre sa réponse.

Reposant. Oui, malgré le bruit, malgré la brise fraîche, malgré la montée qu’ils avaient affrontée. C’était reposant, calme. Il n’y avait personne, pas de sang-pur, pas d’alliance, pas de manigance. Ils n’étaient que tous les deux face à la nature, une nature si belle qu’il était bien impossible de ne pas en tomber éperdument amoureuse. Alors oui, cela lui plaisait. L’unicité du lieu, la présence de Dhan à ses côtés, sa conversation avec le serpent corail et la rencontre – hors du temps – qu’ils avaient fait dans ce petit étang. Cela lui plaisait tellement, que son cœur manqua un battement au changement de sujet drastique de son compagnon. Marier Yggdrasil ? Parler de cela ? Ici ? Maintenant ? Alex en perdit légèrement son sourire. Elle n’avait même pas envisagé parler de cela maintenant. Oh, elle savait que le sujet ne pouvait pas être évité, mais là, devant cette si fabuleuse vue ? Elle détourna un instant le regard, le laissant se perdre sur la forêt qui les entourait, avant de lever des prunelles teintées d’incertitude vers le secrétaire.

- Je ne vais pas l’épouser, Dhan, assura-t-elle, le ton de sa voix contrastant avec ce que ses yeux exprimaient. Mes parents vont surement faire de ma vie un enfer, me couper les vivres, me faire du chantage.. Mais ils n’iront pas faire plus que cela et ne peuvent décemment pas m’obliger à marier Ygg. Ma Grand-Mère pourrait tenter de dépasser les limites, mais ma mère ne la laissera pas faire. Et je ne me laisserais pas faire, ajouta-t-elle, passant une main réconfortante dans le dos de son compagnon. On ne se laissera pas faire ! Ygg non plus, d’ailleurs, crut-elle bon de spécifier, certaine – mais sans trop savoir pourquoi – que les deux hommes ne s’entendaient pas, et cela même avant cette alliance arrangée.

Elle se perdit un instant dans ses pensées, observant l’eau des cascades s’écraser contre celle du lac, les oiseaux voler, le vent souffler. Elle se pressa davantage contre les flancs du sorcier.

- Tu ne me perdras pas, Honey, assura-t-elle, la certitude était de retour dans son regard et concordait avec le ton qu’elle employait. On ne se débarrasse pas de moi comme ça, de toute façon, il en faudrait plus qu’une petite manigance familiale et une promesse de mariage, ajouta—t-elle, mais la légèreté sonnait faux dans sa voix.

Cette alliance était une épine dans son pied, une pierre dans sa chaussure. Elle mettait en péril le seul couple qu’elle avait réussi à construire, elle la déstabilisait et la faisait douter. Et ces parents persistaient, sa grand-mère également. Alex n’avait jamais rien demandé à personne, elle souhaitait simplement faire sa vie, et si elle devait se révolter contre sa famille… Elle n’hésiterait pas. Après tout, l’aîné l’avait fait, la benjamine pouvait le faire aussi.

- On pourrait s’installer ici pour casser un peu la croûte, c’est reposant, proposa-t-elle, pas le moins du monde embêtée par le bruit tonitruant des cascades. Cela l’empêchait de trop réfléchir, capacité pourtant déjà limité de par son appartenance chez les Gryffondor et puis les Wright.

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Lun 2 Nov 2020 - 8:55

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Dhan & Alex

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12 avril 2020

Il ne se serait pas permis d’exiger quoi que ce soit d’Alex, à cet instant, mais il avait eu besoin, enfin, d’extérioriser toutes ces pensées qui tournoyaient dans son esprit depuis des semaines, maintenant. Il ne connaissait pas suffisamment la famille de l’écossaise pour comprendre la teneur des menaces qui pourraient être infligées à sa compagne, et si il n’avait pas en tête qu’ils fussent aussi conservateurs qu’une famille Muller ou Blackthorn, il ne doutait pas que la pureté de leur sang ait été « préservée » à force de sacrifices et de contraintes pour chaque nouvelle génération. Malgré tout, la détermination dans le ton et la tendresse dans la voix de la sorcière étaient, finalement, tout ce dont le grand brun avait besoin pour sentir les tempêtes sous son crâne s’apaiser, son coeur gonfler et dégonfler plus sereinement à mesure des battements. Il accueillit la main d’Alex dans son dos trempé par l’humidité environnante avec un petit sourire, basculant la tête en arrière avec un soupir quand ses doigts remontèrent dans sa nuque. Il plia ses jambes pour s’asseoir plus confortablement, passant un bras autour des épaules d’Alex alors qu’elle se serrait contre lui, leurs regards perdus dans le panorama exceptionnel qui vibrait en face d’eux, indifférent à leurs préoccupations bassement humaines. Ici, la nature régnait en maîtresse absolue, inaccessible à la plupart des hommes, farouche et magique.

- Qu’ils essayent, tu ne seras jamais seule. Et si ce n’est pas forcément ce que l’on voit de moi au premier abord, je peux me montrer plutôt opiniâtre, quand je le veux.

Et c’était peu de la dire, il s’agissait tout de même d’un homme qui avait accepté d’adopter au pied levé une petite fille, deux ans plus tôt, par pure solidarité familiale, jusqu’à en obtenir la garde quasi exclusive fasse à ses deux parents biologiques, moins enclins que lui à s’occuper d’elle. Il embrassa la sorcière dans le creux du cou, doucement, avant de se redresser un tout petit peu pour se défaire de sa besace de toile brune. De là, il sortit ce qui allait être leur déjeuner, dans ce cadre somptueux : des fruits frais, bien sur, mais aussi une gourde de thé chaud et sucré et, parce qu’ils demeuraient anglais, deux tartines de welsh rarebit. Il trinqua de leurs deux gobelets chargés en parfum et en saveur, avant de perdre son regard à l’horizon. Malgré les incertitudes, il se sentait en paix. Tout allait bien se passer, ils finiraient pas trouver des solutions. Ils en trouvaient toujours.

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Rp Fini

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