- Billie ShakespeareOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 285
» miroir du riséd : Laura O'grady
» crédits : Me
» multinick : Inès Saouli, Ambrosius Redgrave
» âge : 25 ans (26 avril 1998)
» situation : En couple ouvert
» année d'études : 9e année
» options obligatoires & facultatives : ㅡ options obligatoires :▣ DCFM, Potions, Étude des runesㅡ option facultative :▣ Littérature magique, Médicomagie Appliquée
» profession : Commis à la bibliothèque de l'université - chroniqueuse littéraire à Radio Phoenix
» nature du sang : Sang mêlé
» gallions sous la cape : 1195
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Mar 7 Juil 2020 - 5:30
23 juin 2020
Une heure trente avant le lever du jour, les rues d'Inverness revêtaient encore leurs habits nocturnes. Les oiseaux dormaient la tête sous leur aile, de rares véhicules moldus circulaient sur les grandes artères, et la lune trônait à la cime de la voûte céleste renvoyant son reflet sur les eaux du loch. Le ciel commençait tout juste à s'éclaircir à l'horizon tandis qu'une silhouette solitaire se pressait en direction du marché victorien.
Au-dessus de la cordonnerie des MacGregor, dans le petit appartement de quatre pièces : pas un son, si ce n'était le ronflement léger de la jeune Moira, tout juste rentrée de Poudlard, couchée de travers à l'étage supérieur du lit qu'elle partageait avec son petit-frère. Pour sa part, celui-ci ressemblait à un saucisson, ficelé qu'il était dans ses propres draps.
Un second lit occupait l'autre moitié de la pièce exiguë. Murdoch y était allongé sur le dos, les yeux clos et le souffle paisible. Il émergea tranquillement du sommeil, tiré des brumes par son réveille-matin interne, à trois heures trente de la nuit, comme il l'avait préalablement réglé en se couchant la veille. D'un mouvement souple, il s'assit sur le lit et enfila ses chaussons en se levant. En quelques gestes mécaniques, il empila ses vêtements sur son bras et quitta la chambre, sans perturber le sommeil de ses cadets. Trois quarts d'heure, une douche, une pomme et une tartine de haricots plus tard, le jeune homme descendait les escaliers de la demeure familiale pour se glisser dans la nuit en direction de l'université.
Comme tous les matins depuis qu'il avait commencé à travailler à Hungcalf, soit une semaine plus tôt, Mudz s'arrêta au portail pendant quelques instants, pour observer les formes découpées par le fer forgé des grilles. Il se demanda si elles avaient été faites à l'ancienne, à la chaleur des forges, ou grâce à un sortilège de métallurgie. Il posa la main sur la grille en franchissant le portail et pris la direction de l'aile où se trouvait "son" cagibi, question d'y récupérer des outils.
Quelques minutes plus tard, son passe-partout lui donnait accès à la cuisine de l'université, déserte à cette heure très matinale. Même les elfes n'y étaient pas encore. Le moment parfait pour réparer ce bec de gaz qui fuyait. Le cuisinier, que Murdoch n'avait pas encore rencontré mais qu'il imaginait mesurer 1m90 et arborer une barbe noire fournie, avait formulé une requête par hibou le vendredi précédent. Le ton exaspéré de la lettre ne laissait guère de doute sur l'humeur de son auteur.
Ce bec fuyait faiblement par intermittence depuis plusieurs semaines, les réparations précédentes n'avaient pas réglé la situation, un accident pouvait survenir, c'était impératif de faire quelque chose rapidement.
Murdoch était confiant de réparer le tout sans trop de difficulté. Il avait dans son coffre tout ce qu'il fallait pour réussir cette mission... pour peu qu'il dispose d'un espace dégagé pour travailler et de tranquillité. À cette heure, les conditions gagnantes seraient sûrement réunies. Le bruit de ses semelles résonnèrent sur le carrelage immaculé et la porte claqua derrière lui quand il la relâcha. Il se dirigea vers le bec fautif, facilement reconnaissable au sortilège de bulle qui contenait la fuite, posa son coffre contre un meuble pour qu'il ne se prenne pas les pieds dedans et se mit aussitôt à l'ouvrage, d'abord à la baguette, puis à la clef à molette.
Une heure trente avant le lever du jour, les rues d'Inverness revêtaient encore leurs habits nocturnes. Les oiseaux dormaient la tête sous leur aile, de rares véhicules moldus circulaient sur les grandes artères, et la lune trônait à la cime de la voûte céleste renvoyant son reflet sur les eaux du loch. Le ciel commençait tout juste à s'éclaircir à l'horizon tandis qu'une silhouette solitaire se pressait en direction du marché victorien.
Au-dessus de la cordonnerie des MacGregor, dans le petit appartement de quatre pièces : pas un son, si ce n'était le ronflement léger de la jeune Moira, tout juste rentrée de Poudlard, couchée de travers à l'étage supérieur du lit qu'elle partageait avec son petit-frère. Pour sa part, celui-ci ressemblait à un saucisson, ficelé qu'il était dans ses propres draps.
Un second lit occupait l'autre moitié de la pièce exiguë. Murdoch y était allongé sur le dos, les yeux clos et le souffle paisible. Il émergea tranquillement du sommeil, tiré des brumes par son réveille-matin interne, à trois heures trente de la nuit, comme il l'avait préalablement réglé en se couchant la veille. D'un mouvement souple, il s'assit sur le lit et enfila ses chaussons en se levant. En quelques gestes mécaniques, il empila ses vêtements sur son bras et quitta la chambre, sans perturber le sommeil de ses cadets. Trois quarts d'heure, une douche, une pomme et une tartine de haricots plus tard, le jeune homme descendait les escaliers de la demeure familiale pour se glisser dans la nuit en direction de l'université.
Comme tous les matins depuis qu'il avait commencé à travailler à Hungcalf, soit une semaine plus tôt, Mudz s'arrêta au portail pendant quelques instants, pour observer les formes découpées par le fer forgé des grilles. Il se demanda si elles avaient été faites à l'ancienne, à la chaleur des forges, ou grâce à un sortilège de métallurgie. Il posa la main sur la grille en franchissant le portail et pris la direction de l'aile où se trouvait "son" cagibi, question d'y récupérer des outils.
Quelques minutes plus tard, son passe-partout lui donnait accès à la cuisine de l'université, déserte à cette heure très matinale. Même les elfes n'y étaient pas encore. Le moment parfait pour réparer ce bec de gaz qui fuyait. Le cuisinier, que Murdoch n'avait pas encore rencontré mais qu'il imaginait mesurer 1m90 et arborer une barbe noire fournie, avait formulé une requête par hibou le vendredi précédent. Le ton exaspéré de la lettre ne laissait guère de doute sur l'humeur de son auteur.
Ce bec fuyait faiblement par intermittence depuis plusieurs semaines, les réparations précédentes n'avaient pas réglé la situation, un accident pouvait survenir, c'était impératif de faire quelque chose rapidement.
Murdoch était confiant de réparer le tout sans trop de difficulté. Il avait dans son coffre tout ce qu'il fallait pour réussir cette mission... pour peu qu'il dispose d'un espace dégagé pour travailler et de tranquillité. À cette heure, les conditions gagnantes seraient sûrement réunies. Le bruit de ses semelles résonnèrent sur le carrelage immaculé et la porte claqua derrière lui quand il la relâcha. Il se dirigea vers le bec fautif, facilement reconnaissable au sortilège de bulle qui contenait la fuite, posa son coffre contre un meuble pour qu'il ne se prenne pas les pieds dedans et se mit aussitôt à l'ouvrage, d'abord à la baguette, puis à la clef à molette.
- InvitéInvité
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Jeu 9 Juil 2020 - 15:08
Assis en tailleur dans l’herbe fraîche et humide, le regard usé par l’obscurité, Nathanael augmentait avec la minutie d’un horloger l’ouverture d’un appareil photo monté sur trépied, son conséquent objectif à focale fixe mirant vers les étoiles, dans l’étendue infinie. Le ciel dégagé et d’une nuance purement bleue dont bénéficiait Hungcalf n’avait rien à envier à l’orange noirâtre qui surplombait les grandes villes tel un brouillard. Nathanael avait eu un soupir extatique en découvrant les premiers clichés, rendues trop sombres par les réglages dont il avait fait usage aux abords de Londres. Avec une joie contenue et crépitante qui dessinait l’irrépressible sourire sur ses lèvres, il ralentit la vitesse d’obturation, augmenta la sensibilité ISO, et après un dernier coup d’œil dans le viseur, il appuya sur le déclencheur.
L’astronomie lui avait appris la patience, alors vingt secondes de temps de pause ne représentaient plus rien pour son caractère foncièrement impatient, mais méthodique. Nathanael releva le menton et se laissa conquérir : la dernière fois qu’il avait profité d’une voûte céleste aussi dégagée et nette remontait à la Californie, pendant ces heures étincelantes où le ciel paraissait constellé d’une véritable poussière lumineuse. Les étoiles au dessus de sa tête paraissaient partager la même distance sur la voûte céleste et tutoyer ainsi les astres était un aphrodisiaque sans pareil. Malgré tout le malaise et l’embarras que cet endroit provoquait encore en lui, ce céleste estuaire d’un azur égal le rendait heureux.
Ce dérivatif n’était cependant qu’un inutile recommencement. Nathanael se plaisait à réinventer l’eau chaude et la roue, à démontrer des théorèmes déjà éprouvés par des décennies et souvent des siècles d’usage. Cela lui donnait l’assurance de la compréhension, de la maîtrise dans une matière qu’il découvrait ne pas comprendre un peu plus chaque jour passé à l’étudier. Les propriétés géométriques du triangle rectangle furent donc solidement éprouvées avant d’être mises en pratique pour des estimations de circonférence de la terre selon Ératosthène, puis du calcul de la distance Terre-Lune par l’astronome Hipparcos.
Lentement, Nathanael avait pour ambition de remonter l’histoire, de s’approprier ses erreurs et réussites, reproduisant expériences et calculs, dessinant et fabriquant les mêmes systèmes planétaires que les sphères homocentriques d’Euxode de Cnide, ou les épicycles d’Apollonius de Perge…
Depuis un an, il avait entrepris de photographier la rétrogradation de Mars : de grandes boucles que les planètes dessinaient sur la sphère céleste durant leur parcours orbital, et qui avaient tant éveillé l’imagination au long de l’histoire. Sur l’assemblage de ses photos, Mars avait presque atteint l’achèvement de sa longue épopée et Nathanael souriait béatement au ciel, heureux d’un mécanisme fidèlement en branle.
Dans cette immobilité grandiose, le concierge n’avait eu à faire aucun effort pour percevoir de sa vision périphérique un objet en mouvement constant l’orée du parc, comme un satellite sillonnant le ciel. Sa détermination ne supposait pas un étudiant bourré, dont les déambulations avaient été soigneusement ignorées un peu plus tôt dans la nuit. Pressé par un sentiment inhérent de devoir, Nathanael s’était levé d’un seul mouvement, emportant sa caméra avec soi d’une lanière passée autour du cou. Ses notes restèrent dans ses mains et seul son trépied fut jugé indigne, donc abandonné.
Pieds nus, plus grand, Nathanael n’eut aucun mal à contracter l’espace qui les séparait, juste à temps pour ne pas perdre l’inconnu dans le dédale universitaire. La silhouette était frêle et si l’astrophysicien n’avait pas été aussi certain de ses sens, il aurait pu croire en une vision chimérique et impalpable. Mais il y avait bien quelqu’un. A cette heure si avancée de la nuit, ou bien si peu prononcée du matin, il n’avait jamais su où placer la limite, il n’aurait pas pensé croiser âme qui vive entre les murs de l’Université. Piqué par l’idée prémonitoire qu’il ne s’agissait pas d’un élève regagnant sa chambre étudiante, il se cala sur le rythme de sa démarche, à une assez bonne distance pour ne pas le perdre de vue, sans pour autant alerter de sa propre présence. Tant d’années à souhaiter passer inaperçu lui avaient appris à tutoyer de très près la discrétion, aussi Nael poursuivit-il sa filature impromptue sans se faire remarquer, imitant son allure avec la discrétion d’un chat. Il n’aurait su dire pourquoi il ne s’était pas tout simplement annoncé, mais il y avait quelque chose dans l’atmosphère silencieuse et somnolente de cette nuit qui le poussait à éviter les contacts s’il le pouvait.
La nuit était un refuge dans lequel Nathanael aimait se blottir, bien loin de l’effervescence qui bouillonnait lorsque la luminosité reprenait ses droits. La lune dominait de façon plus clémente, plus économe, en paroles comme en interactions, et il avait besoin de cet interlude pour recharger cette solitude qu’il cultivait comme un bien précieux. Le silence était une musique qu’il appréciait tout particulièrement, une sorte de fluide mystérieux qui n'avait rien à envier aux philtres d'amour. Mais il voulait seulement s’assurer que l’insomniaque devant lui n’étaient pas habité par de mauvaises intentions. Un professeur, peut-être ? s’interrogea Nael qui, par mimétisme et en ayant reconnu un objet dont il disposait de la réplique jumelle, faisait voleter ses doigts contre le trousseau de clé reposant dans sa propre poche.
Ainsi donc, il possédait les clés de l’Université. Un collègue, peut-être, émit-il l’hypothèse en le voyant disparaître derrière la lourde porte, dont le claquement sec retentit dans le couloir, faisant vibrer la nuit d’un écho désagréable. La bouche du concierge se contracta légèrement, comme devant chaque manifestation maladroite d’un manque de délicatesse. Que l’on vienne troubler le silence par une telle brusquerie l’agaça quelque peu. Immobile et seul à présent dans le couloir, le concierge marqua une pause avant de tourner la tête vers la droite, puis la gauche, comme s’il s’attendait à voir jaillir des portes restantes de somnolents étudiants réveillés par ce bruit si impromptu. Mais il fut vite évident qu’il était le seul à avoir été incommodé par ce manque sensible de discrétion.
Ravalant un soupire de contrariété, il s’engagea à sa suite en prenant bien garde de retenir pour sa part le lourd battant qu’il coucha soigneusement dans son embrasure, sans provoquer d'avantage de bruit qu’un miaulement étouffé, vite surplombé par le bruit sourd d'un objet lourd que l’on déposait brutalement sur une surface.
Décidément, grinça des dents Nathanael en se retournant vers l’inconnu qui farfouillait à présent dans un indescriptible bruit d’outils s’entrechoquant à l’intérieur d’une mallette dont l’utilité coulait à présent de source. Resté sagement dans l’ombre d’un immense frigo – ainsi donc, il s’agissait de la cuisine – le concierge observa le visage de l’inconnu, cherchant à savoir s’il avait déjà vu ce qui apparaissait-être un réparateur nocturne. La frimousse lui évoquait celle d’un enfant, dont les grands yeux occupaient une conséquente partie d’un visage aux joues encore rondelettes et à la bouche pincée par la concentration. Un enfant qui n’avait pas plus l’air d’un étudiant que d’un adulte, et cet entre-deux fut suffisant pour en arriver à la conclusion qu’il ne l’avait vu nulle part. Mais qu’importe. Toute trace d’inquiétude disparut du visage de Nathanael, qui s’échappa de sa cachette pour faire un pas vers l’avant, convaincu que le seul cambriolage auquel il assistait, serait sans doute celui de sa tranquillité. Qu’il en faisait du bruit, cependant !
« Bonsoir. » s’annonça-t-il le plus doucement possible, conscient qu’il risquait de faire sursauter celui qui n’avait pas identifié sa présence depuis qu’il lui avait emboîté le pas. Et puis, il oublia la politesse...
« Est-ce que... » s'arrêta-t-il à la moitié d'une pensée alors que son regard s'arrêtait sur la petite bulle enflée qui couvrait l'un des brûleurs. Cela lui rappela, non sans un certain degré d'alarme, la mousse appliquée sur les gazinières pour découvrir l'origine d'une fuite. Il déglutit, puis renifla l'air. Rien. Ses sourcils circonspects se froncèrent : « Est-ce que c'est une fuite de gaz ? »
Ses yeux se baladèrent entre le visage sans âge, replet, la caisse à outil, la clé à molette dans la main, la bulle transparente...
« Vous... vous n'avez pas coupé l'arrivée ? » dit-il finalement d'une voix transparente.
L’astronomie lui avait appris la patience, alors vingt secondes de temps de pause ne représentaient plus rien pour son caractère foncièrement impatient, mais méthodique. Nathanael releva le menton et se laissa conquérir : la dernière fois qu’il avait profité d’une voûte céleste aussi dégagée et nette remontait à la Californie, pendant ces heures étincelantes où le ciel paraissait constellé d’une véritable poussière lumineuse. Les étoiles au dessus de sa tête paraissaient partager la même distance sur la voûte céleste et tutoyer ainsi les astres était un aphrodisiaque sans pareil. Malgré tout le malaise et l’embarras que cet endroit provoquait encore en lui, ce céleste estuaire d’un azur égal le rendait heureux.
Ce dérivatif n’était cependant qu’un inutile recommencement. Nathanael se plaisait à réinventer l’eau chaude et la roue, à démontrer des théorèmes déjà éprouvés par des décennies et souvent des siècles d’usage. Cela lui donnait l’assurance de la compréhension, de la maîtrise dans une matière qu’il découvrait ne pas comprendre un peu plus chaque jour passé à l’étudier. Les propriétés géométriques du triangle rectangle furent donc solidement éprouvées avant d’être mises en pratique pour des estimations de circonférence de la terre selon Ératosthène, puis du calcul de la distance Terre-Lune par l’astronome Hipparcos.
Lentement, Nathanael avait pour ambition de remonter l’histoire, de s’approprier ses erreurs et réussites, reproduisant expériences et calculs, dessinant et fabriquant les mêmes systèmes planétaires que les sphères homocentriques d’Euxode de Cnide, ou les épicycles d’Apollonius de Perge…
Depuis un an, il avait entrepris de photographier la rétrogradation de Mars : de grandes boucles que les planètes dessinaient sur la sphère céleste durant leur parcours orbital, et qui avaient tant éveillé l’imagination au long de l’histoire. Sur l’assemblage de ses photos, Mars avait presque atteint l’achèvement de sa longue épopée et Nathanael souriait béatement au ciel, heureux d’un mécanisme fidèlement en branle.
Dans cette immobilité grandiose, le concierge n’avait eu à faire aucun effort pour percevoir de sa vision périphérique un objet en mouvement constant l’orée du parc, comme un satellite sillonnant le ciel. Sa détermination ne supposait pas un étudiant bourré, dont les déambulations avaient été soigneusement ignorées un peu plus tôt dans la nuit. Pressé par un sentiment inhérent de devoir, Nathanael s’était levé d’un seul mouvement, emportant sa caméra avec soi d’une lanière passée autour du cou. Ses notes restèrent dans ses mains et seul son trépied fut jugé indigne, donc abandonné.
Pieds nus, plus grand, Nathanael n’eut aucun mal à contracter l’espace qui les séparait, juste à temps pour ne pas perdre l’inconnu dans le dédale universitaire. La silhouette était frêle et si l’astrophysicien n’avait pas été aussi certain de ses sens, il aurait pu croire en une vision chimérique et impalpable. Mais il y avait bien quelqu’un. A cette heure si avancée de la nuit, ou bien si peu prononcée du matin, il n’avait jamais su où placer la limite, il n’aurait pas pensé croiser âme qui vive entre les murs de l’Université. Piqué par l’idée prémonitoire qu’il ne s’agissait pas d’un élève regagnant sa chambre étudiante, il se cala sur le rythme de sa démarche, à une assez bonne distance pour ne pas le perdre de vue, sans pour autant alerter de sa propre présence. Tant d’années à souhaiter passer inaperçu lui avaient appris à tutoyer de très près la discrétion, aussi Nael poursuivit-il sa filature impromptue sans se faire remarquer, imitant son allure avec la discrétion d’un chat. Il n’aurait su dire pourquoi il ne s’était pas tout simplement annoncé, mais il y avait quelque chose dans l’atmosphère silencieuse et somnolente de cette nuit qui le poussait à éviter les contacts s’il le pouvait.
La nuit était un refuge dans lequel Nathanael aimait se blottir, bien loin de l’effervescence qui bouillonnait lorsque la luminosité reprenait ses droits. La lune dominait de façon plus clémente, plus économe, en paroles comme en interactions, et il avait besoin de cet interlude pour recharger cette solitude qu’il cultivait comme un bien précieux. Le silence était une musique qu’il appréciait tout particulièrement, une sorte de fluide mystérieux qui n'avait rien à envier aux philtres d'amour. Mais il voulait seulement s’assurer que l’insomniaque devant lui n’étaient pas habité par de mauvaises intentions. Un professeur, peut-être ? s’interrogea Nael qui, par mimétisme et en ayant reconnu un objet dont il disposait de la réplique jumelle, faisait voleter ses doigts contre le trousseau de clé reposant dans sa propre poche.
Ainsi donc, il possédait les clés de l’Université. Un collègue, peut-être, émit-il l’hypothèse en le voyant disparaître derrière la lourde porte, dont le claquement sec retentit dans le couloir, faisant vibrer la nuit d’un écho désagréable. La bouche du concierge se contracta légèrement, comme devant chaque manifestation maladroite d’un manque de délicatesse. Que l’on vienne troubler le silence par une telle brusquerie l’agaça quelque peu. Immobile et seul à présent dans le couloir, le concierge marqua une pause avant de tourner la tête vers la droite, puis la gauche, comme s’il s’attendait à voir jaillir des portes restantes de somnolents étudiants réveillés par ce bruit si impromptu. Mais il fut vite évident qu’il était le seul à avoir été incommodé par ce manque sensible de discrétion.
Ravalant un soupire de contrariété, il s’engagea à sa suite en prenant bien garde de retenir pour sa part le lourd battant qu’il coucha soigneusement dans son embrasure, sans provoquer d'avantage de bruit qu’un miaulement étouffé, vite surplombé par le bruit sourd d'un objet lourd que l’on déposait brutalement sur une surface.
Décidément, grinça des dents Nathanael en se retournant vers l’inconnu qui farfouillait à présent dans un indescriptible bruit d’outils s’entrechoquant à l’intérieur d’une mallette dont l’utilité coulait à présent de source. Resté sagement dans l’ombre d’un immense frigo – ainsi donc, il s’agissait de la cuisine – le concierge observa le visage de l’inconnu, cherchant à savoir s’il avait déjà vu ce qui apparaissait-être un réparateur nocturne. La frimousse lui évoquait celle d’un enfant, dont les grands yeux occupaient une conséquente partie d’un visage aux joues encore rondelettes et à la bouche pincée par la concentration. Un enfant qui n’avait pas plus l’air d’un étudiant que d’un adulte, et cet entre-deux fut suffisant pour en arriver à la conclusion qu’il ne l’avait vu nulle part. Mais qu’importe. Toute trace d’inquiétude disparut du visage de Nathanael, qui s’échappa de sa cachette pour faire un pas vers l’avant, convaincu que le seul cambriolage auquel il assistait, serait sans doute celui de sa tranquillité. Qu’il en faisait du bruit, cependant !
« Bonsoir. » s’annonça-t-il le plus doucement possible, conscient qu’il risquait de faire sursauter celui qui n’avait pas identifié sa présence depuis qu’il lui avait emboîté le pas. Et puis, il oublia la politesse...
« Est-ce que... » s'arrêta-t-il à la moitié d'une pensée alors que son regard s'arrêtait sur la petite bulle enflée qui couvrait l'un des brûleurs. Cela lui rappela, non sans un certain degré d'alarme, la mousse appliquée sur les gazinières pour découvrir l'origine d'une fuite. Il déglutit, puis renifla l'air. Rien. Ses sourcils circonspects se froncèrent : « Est-ce que c'est une fuite de gaz ? »
Ses yeux se baladèrent entre le visage sans âge, replet, la caisse à outil, la clé à molette dans la main, la bulle transparente...
« Vous... vous n'avez pas coupé l'arrivée ? » dit-il finalement d'une voix transparente.
- @murdoch macGregor Voici à quoi ressemblent les Rétrogradations :
- Billie ShakespeareOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 285
» miroir du riséd : Laura O'grady
» crédits : Me
» multinick : Inès Saouli, Ambrosius Redgrave
» âge : 25 ans (26 avril 1998)
» situation : En couple ouvert
» année d'études : 9e année
» options obligatoires & facultatives : ㅡ options obligatoires :▣ DCFM, Potions, Étude des runesㅡ option facultative :▣ Littérature magique, Médicomagie Appliquée
» profession : Commis à la bibliothèque de l'université - chroniqueuse littéraire à Radio Phoenix
» nature du sang : Sang mêlé
» gallions sous la cape : 1195
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Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Mer 15 Juil 2020 - 5:08
La plomberie n'était pas le point fort de Murdoch, en fait d'ingénierie, mais il fallait reconnaître que cette branche scientifique composait une large part de la société. En urbanisme, en mécanique, dans les industries, les commerces, l'immobilier, la construction, et même, sans que les gens en prennent conscience, au coeur des foyers. La preuve en était que sans une plomberie ingénieuse et efficace, plus rien ne tenait la route dans une maison : pas d'eau, pas de gaz, pas de chauffage... la tuyauterie régnait en maître.
Murdoch prenait donc cette réparation comme une occasion idéale de perfectionner ses connaissances et de développer une plus grande aisance en en manipulant les rouages. À tout le moins, jusqu'à présent, il savait n'avoir commis aucune erreur de procédure. Après tout, il avait commencé par la portion magique de la réparation. Les gens qui le connaissaient peu ou qui se fiaient aux rumeurs l'entourant s'en seraient inquiétés, d'aucuns le prenant pour un sorcier à la manque, un presque cracmol ayant obtenu son diplôme de Poudlard par la peau des fesses. Ce n'était pas faux, mais quand on lui laissait le temps, l'espace et la tranquillité d'esprit, Murdoch réussissait beaucoup mieux que sous la pression de ses camarades de classe ou d'un examen déterminant pour la suite de sa vie toute entière.
D'un sortilège, il avait déplacé la bulle juste le temps de mettre en place un enchantement de contention pour colmater temporairement la fuite de façon bien plus efficace. D'un mouvement preste du poignet, et les yeux toujours fixés sur le tuyau secondaire défectueux, il avait coupé l'arrivée de gaz de l'autre côté de la cuisine. Le tuyau principal qui alimentait trois fourneaux se vida ensuite dans un bocal que Murdoch referma rapidement. La petite bulle de gaz, toujours accrochée au tuyau, resta en place. Lâchant sa baguette pour se concentrer sur sa clef à molette et...
Le jeune homme sursauta si violemment que la clef chuta au sol dans un bruyant tintement métallique, qui le fit sursauter une deuxième fois, par contrecoup. Un « bonjour » relativement discret venait de retentir derrière lui, là où il n'y avait personne quelques instants plus tôt. Murdoch se retourna brusquement, les yeux comme des soucoupes, bouche à demi ouverte, lèvre inférieure un peu molle et le coeur battant à vive allure. Il avait toutes les allures d'un gamin pris sur le vif en plein cambriolage du pot à bonbons. Il aurait voulu répondre à l'homme devant lui qu'il n'aurait pas pu. Toujours agenouillé, il avait l'impression qu'on allait l'écraser comme un cloporte. La situation, la voix surgissant derrière lui... cela lui rappelait désagréablement d'autres moments de sa vie qu'il cherchait au quotidien à reléguer très profondément dans les abysses de sa mémoire.
Sa main alla, à tâtons, récupérer la clef à molette au sol. Moite, elle faillit l'échapper et dût s'y prendre à deux reprises pour la saisir et la ramener vers la poitrine de Murdoch. Qui était ce monsieur? Quel était son rôle dans la réparation de la fuite? Et surtout, que lui voulait-il? Il n'avait pas aboyé, ce qui était un bon point de départ dans une rencontre si on ne voulait pas faire se refermer Murdoch complètement. Celui-ci tenta tout de même d'aller, du regard, chercher le soutien du mobilier ici présent : la rangée de frigos blancs alignés contre le mur du fond, les longues tables de travail et les tabourets sur lesquels devaient sans doute se percher les elfes de maison tandis qu'ils travaillaient, les lampes qui se balançaient au plafond en jetant une lumière crue sur le carrelage, les deux grandes portes qui menaient peut-être à un garde-manger bien garni. Mais aucun ne lui fournit les mots adéquats pour répondre à la question négative de cet homme. Plus de 6 secondes avaient passé depuis que la question avait été formulée.
Peut-être devait-il commencer par se remettre debout? Il se déplia donc rapidement et, une fois debout, sut ce qu'il devait faire. Il tourna la tête, et sa clef à molette, en direction de l'arrivée de gaz avant de lâcher : « Coupée. »
Murdoch prenait donc cette réparation comme une occasion idéale de perfectionner ses connaissances et de développer une plus grande aisance en en manipulant les rouages. À tout le moins, jusqu'à présent, il savait n'avoir commis aucune erreur de procédure. Après tout, il avait commencé par la portion magique de la réparation. Les gens qui le connaissaient peu ou qui se fiaient aux rumeurs l'entourant s'en seraient inquiétés, d'aucuns le prenant pour un sorcier à la manque, un presque cracmol ayant obtenu son diplôme de Poudlard par la peau des fesses. Ce n'était pas faux, mais quand on lui laissait le temps, l'espace et la tranquillité d'esprit, Murdoch réussissait beaucoup mieux que sous la pression de ses camarades de classe ou d'un examen déterminant pour la suite de sa vie toute entière.
D'un sortilège, il avait déplacé la bulle juste le temps de mettre en place un enchantement de contention pour colmater temporairement la fuite de façon bien plus efficace. D'un mouvement preste du poignet, et les yeux toujours fixés sur le tuyau secondaire défectueux, il avait coupé l'arrivée de gaz de l'autre côté de la cuisine. Le tuyau principal qui alimentait trois fourneaux se vida ensuite dans un bocal que Murdoch referma rapidement. La petite bulle de gaz, toujours accrochée au tuyau, resta en place. Lâchant sa baguette pour se concentrer sur sa clef à molette et...
Le jeune homme sursauta si violemment que la clef chuta au sol dans un bruyant tintement métallique, qui le fit sursauter une deuxième fois, par contrecoup. Un « bonjour » relativement discret venait de retentir derrière lui, là où il n'y avait personne quelques instants plus tôt. Murdoch se retourna brusquement, les yeux comme des soucoupes, bouche à demi ouverte, lèvre inférieure un peu molle et le coeur battant à vive allure. Il avait toutes les allures d'un gamin pris sur le vif en plein cambriolage du pot à bonbons. Il aurait voulu répondre à l'homme devant lui qu'il n'aurait pas pu. Toujours agenouillé, il avait l'impression qu'on allait l'écraser comme un cloporte. La situation, la voix surgissant derrière lui... cela lui rappelait désagréablement d'autres moments de sa vie qu'il cherchait au quotidien à reléguer très profondément dans les abysses de sa mémoire.
Sa main alla, à tâtons, récupérer la clef à molette au sol. Moite, elle faillit l'échapper et dût s'y prendre à deux reprises pour la saisir et la ramener vers la poitrine de Murdoch. Qui était ce monsieur? Quel était son rôle dans la réparation de la fuite? Et surtout, que lui voulait-il? Il n'avait pas aboyé, ce qui était un bon point de départ dans une rencontre si on ne voulait pas faire se refermer Murdoch complètement. Celui-ci tenta tout de même d'aller, du regard, chercher le soutien du mobilier ici présent : la rangée de frigos blancs alignés contre le mur du fond, les longues tables de travail et les tabourets sur lesquels devaient sans doute se percher les elfes de maison tandis qu'ils travaillaient, les lampes qui se balançaient au plafond en jetant une lumière crue sur le carrelage, les deux grandes portes qui menaient peut-être à un garde-manger bien garni. Mais aucun ne lui fournit les mots adéquats pour répondre à la question négative de cet homme. Plus de 6 secondes avaient passé depuis que la question avait été formulée.
Peut-être devait-il commencer par se remettre debout? Il se déplia donc rapidement et, une fois debout, sut ce qu'il devait faire. Il tourna la tête, et sa clef à molette, en direction de l'arrivée de gaz avant de lâcher : « Coupée. »
- InvitéInvité
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Ven 24 Juil 2020 - 22:48
Ce que Will Hunting avait parfaitement mis en exergue, c’était que même le plus remarquable des esprits en ce monde n’était qu’une créature dévertébrée si elle se contentait de puiser son savoir uniquement dans les livres. Grand désagrément pour un caractère aussi introverti que ne l’était celui du concierge, mais cela l’avait au moins gardé de la prétention et en ce qui concernait la magie, il se savait parfaitement être en marge de l’instruction la plus commune. La bibliothèque lui avait beaucoup appris, mais jamais suffisamment et comme celui qui s’éduquait sur la chirurgie entre deux pages, Nathanael n’avait aucune pratique. Il concédait de ce fait que les coutumes les plus élémentaires lui échappaient encore. Cependant, contrairement à la chirurgie, la magie était une affaire de vie courante, ce qui voulait dire que presque tout était de l’ordre de l’inconnu, que tout était à réapprendre. Pour quelqu’un qui s’était attaché à s’approprier les us et coutumes sociales pour ne pas se faire remarquer, Nathanael s’était littéralement projeté au milieu de la fosse. Alors malgré ses propres notions en plomberie, il ne pouvait avancer qu’à tâtons dans ce monde où la poudre de cheminette rendait obsolète tout idée d’intrication quantique. Tout ce en quoi il s’était spécialisé n’avait presque aucun intérêt alors qu’un mouvement du poignet permettait de colmater n’importe quelle fuite d’eau sans même avoir à se salir les mains. La nature même de cette clé à molette le rendait perplexe, comme l’aurait été la présence d’une télé à tubes cathodiques dans une civilisation avancée. Il doutait encore de l’intérêt que les ustensiles pouvaient avoir dans un contexte où tout pouvait être fait avec une parfaite économie d’énergie, à condition d’avoir un tant soit peu de dextérité. Peut-être par habitude, mais c’était quelque chose que l’esprit purement matériel de Nathanael ne comprenait pas. Ou plutôt, il comprenait l’aisance d’un tel procédé, ainsi que la fainéantise satisfaite, mais cela ne rivalisait pas dans son esprit avec le plaisir d’user de ses propres mains. Cette clé avait donc un double pouvoir de confusion.
Par ailleurs, l’inconnu avait sursauté à en faire échapper son outil, qui tinta contre le sol dans un bruit que Nathanael rajouta mentalement à la liste de toutes les maladresses audibles de ce plombier nocturne, visiblement bien maladroit. Le gamin – parce qu’il s’agissait d’un gamin – avait l’air particulièrement surpris, et surtout, particulièrement terrifié de sa présence. Son visage aux traits francs s’était figé dans une expression si coupable que Nathanael aurait pu croire à du vandalisme s’il n’y avait pas eu la fuite de gaz, ainsi que la mallette à outils échouée un peu plus loin. Il ne s’était pas attendu à produire pareil effet ! Alors, en voyant les yeux du plombier s’arrondir tels des ballons prêt à éclater, les siens s’arrondirent par réflexe jusqu’à ce qu’ils ressemblent tous deux à une paire de chouettes prêtes à se battre pour un territoire commun. Mais quitte à être tout à fait précis, ce jeune homme, avec son expression exorbitée, tétanisée et prompte à sursauter au moindre bruit, tenait un peu du lapin ou de la musaraigne. Son attitude donna l’impression à Nathanael d’être démesurément mais inutilement imposant. Démesuré, c’était le mot qui convenait.
Autant il admettait que son intrusion pour le moins impolie avait eu de quoi surprendre et rajouter quelques battements cardiaques supplémentaires, autant il comprenait que cette réaction était disproportionnée, plus encore parce que malgré son apparence pouponne, Nathanael reconnaissait dans le plombier un jeun adulte. Mais l’âge de la sagesse ne garantissait nullement la solidité du caractère et il reconnut en lui une nature fragile, effrayée et peut-être même peu sûre de soi.
Comprenant qu’il n’y avait de fait rien à craindre, le concierge abandonna son expression déconcertée et baissa les yeux vers la clé à molette qui était à présent serrée contre l’étroite poitrine comme une sorte d’arme ou d’objet précieux. Malgré sa partielle immobilité et l’apparente indifférence que revêtait naturellement son long visage, l’inconnu ne parut pas être davantage rassuré et ses yeux se mirent à errer nerveusement en révolution à travers les sinuosités de la pièce. Si son étonnement avait été légitime quoi qu’incongru, cette attitude-là suffit à légèrement plisser les yeux d’un Nathanael promptement circonspect. Il avait beau ne pas être très doué pour mettre les gens à l’aise, il comprenait cependant que la réponse se faisait attendre et si elle était cherchée, elle l’était au mauvais endroit. Tout ceci était très étrange, très incertain et hésitant.
Finalement, le jeune homme homme parut retrouver ses esprits et par la même occasion une sensibilité pour la dignité en se relevant. Il était plus petit. Là où Nathanael préférait les épaules ou le bas de la bouche, il dut se contenter du pinacle de sa chevelure désordonnée. La clé à molette se déploya comme un sceptre et il la suivit spontanément du regard.
« Coupée. »S’était-il contenté d’une réponse aussi courte que laconique.
S’il n’avait pas été lui-même silencieux, Nathanael aurait supposé-là un caractère agréablement concis et abrégé, mais ce qu’il avait considéré maintenant s’apparentait davantage à une timidité exacerbée qui en aurait débité bien plus si on lui avait laissé une telle occasion. Cependant, le moteur principal de ce plombier paraissait être l’épouvante, aussi fut-il succinct en cette seule vertu très probablement.
A l’autre bout de la clé, il y avait de la tuyauterie et un compteur à gaz, avec un détenteur et un organe de coupure générale, dont la forme oblongue était perpendiculaire au tuyau d’arrivée. Le concierge cligna des yeux, quelque peu surpris. Il ne savait toujours pas exactement à quoi s’attendre.
« Au temps pour moi. »Dit-il finalement d’une voix qui avait perdu ses légères intonations anxieuses, retrouvant son timbre à la douceur marmoréenne habituelle.
Passablement intrigué, la curiosité lui ôtant partiellement de son égard, Nathanael s’approcha du lapin aux oreilles décollées et sans lui jeter un regard, s’accroupit d’une traite pour avoir la gazinière à hauteur du visage. Les bras croisés sur ses genoux et le menton y reposant paresseusement, il contempla la bulle, le bocal, la baguette magique et enfin, la clé à molette. L’air perplexe qui s’afficha sur son visage travailla un instant son front avant qu’il ne tourne son profil en biais vers le plombier et ne dise :
« Vous utilisez une clé à molette parce que vous êtes nul en magie ? »
@murdoch macGregorMais non, il n'est pas du tout méprisant Nael
Par ailleurs, l’inconnu avait sursauté à en faire échapper son outil, qui tinta contre le sol dans un bruit que Nathanael rajouta mentalement à la liste de toutes les maladresses audibles de ce plombier nocturne, visiblement bien maladroit. Le gamin – parce qu’il s’agissait d’un gamin – avait l’air particulièrement surpris, et surtout, particulièrement terrifié de sa présence. Son visage aux traits francs s’était figé dans une expression si coupable que Nathanael aurait pu croire à du vandalisme s’il n’y avait pas eu la fuite de gaz, ainsi que la mallette à outils échouée un peu plus loin. Il ne s’était pas attendu à produire pareil effet ! Alors, en voyant les yeux du plombier s’arrondir tels des ballons prêt à éclater, les siens s’arrondirent par réflexe jusqu’à ce qu’ils ressemblent tous deux à une paire de chouettes prêtes à se battre pour un territoire commun. Mais quitte à être tout à fait précis, ce jeune homme, avec son expression exorbitée, tétanisée et prompte à sursauter au moindre bruit, tenait un peu du lapin ou de la musaraigne. Son attitude donna l’impression à Nathanael d’être démesurément mais inutilement imposant. Démesuré, c’était le mot qui convenait.
Autant il admettait que son intrusion pour le moins impolie avait eu de quoi surprendre et rajouter quelques battements cardiaques supplémentaires, autant il comprenait que cette réaction était disproportionnée, plus encore parce que malgré son apparence pouponne, Nathanael reconnaissait dans le plombier un jeun adulte. Mais l’âge de la sagesse ne garantissait nullement la solidité du caractère et il reconnut en lui une nature fragile, effrayée et peut-être même peu sûre de soi.
Comprenant qu’il n’y avait de fait rien à craindre, le concierge abandonna son expression déconcertée et baissa les yeux vers la clé à molette qui était à présent serrée contre l’étroite poitrine comme une sorte d’arme ou d’objet précieux. Malgré sa partielle immobilité et l’apparente indifférence que revêtait naturellement son long visage, l’inconnu ne parut pas être davantage rassuré et ses yeux se mirent à errer nerveusement en révolution à travers les sinuosités de la pièce. Si son étonnement avait été légitime quoi qu’incongru, cette attitude-là suffit à légèrement plisser les yeux d’un Nathanael promptement circonspect. Il avait beau ne pas être très doué pour mettre les gens à l’aise, il comprenait cependant que la réponse se faisait attendre et si elle était cherchée, elle l’était au mauvais endroit. Tout ceci était très étrange, très incertain et hésitant.
Finalement, le jeune homme homme parut retrouver ses esprits et par la même occasion une sensibilité pour la dignité en se relevant. Il était plus petit. Là où Nathanael préférait les épaules ou le bas de la bouche, il dut se contenter du pinacle de sa chevelure désordonnée. La clé à molette se déploya comme un sceptre et il la suivit spontanément du regard.
« Coupée. »S’était-il contenté d’une réponse aussi courte que laconique.
S’il n’avait pas été lui-même silencieux, Nathanael aurait supposé-là un caractère agréablement concis et abrégé, mais ce qu’il avait considéré maintenant s’apparentait davantage à une timidité exacerbée qui en aurait débité bien plus si on lui avait laissé une telle occasion. Cependant, le moteur principal de ce plombier paraissait être l’épouvante, aussi fut-il succinct en cette seule vertu très probablement.
A l’autre bout de la clé, il y avait de la tuyauterie et un compteur à gaz, avec un détenteur et un organe de coupure générale, dont la forme oblongue était perpendiculaire au tuyau d’arrivée. Le concierge cligna des yeux, quelque peu surpris. Il ne savait toujours pas exactement à quoi s’attendre.
« Au temps pour moi. »Dit-il finalement d’une voix qui avait perdu ses légères intonations anxieuses, retrouvant son timbre à la douceur marmoréenne habituelle.
Passablement intrigué, la curiosité lui ôtant partiellement de son égard, Nathanael s’approcha du lapin aux oreilles décollées et sans lui jeter un regard, s’accroupit d’une traite pour avoir la gazinière à hauteur du visage. Les bras croisés sur ses genoux et le menton y reposant paresseusement, il contempla la bulle, le bocal, la baguette magique et enfin, la clé à molette. L’air perplexe qui s’afficha sur son visage travailla un instant son front avant qu’il ne tourne son profil en biais vers le plombier et ne dise :
« Vous utilisez une clé à molette parce que vous êtes nul en magie ? »
@murdoch macGregor
- Billie ShakespeareOldieㄨ experimented wizard
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» âge : 25 ans (26 avril 1998)
» situation : En couple ouvert
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» profession : Commis à la bibliothèque de l'université - chroniqueuse littéraire à Radio Phoenix
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» gallions sous la cape : 1195
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Mer 5 Aoû 2020 - 3:48
De fait, la clé à molette dans les mains du jeune Murdoch n'était rien d'autre qu'une clé à molette. Pas d'amélioration quantique, pas d'ajout magique, pas même de poudre de perlimpinpin. C'était une clé à molette commune, comme on en trouvait dans toutes les quincailleries moldues, où l'avait d'ailleurs achetée le père de Mudz à peu près 20 ou 25 ans plus tôt (on avait l'habitude d'être économe et débrouillard chez les MacGregor et on ne dépensait pas pour rien). En métal, bien entretenue, dotée de deux embouts de taille légèrement différente, avec d'un côté une petite roulette qui permettait de resserrer la pince autour de n'importe quel tuyau, la clé avait connu son heure de gloire 17 ans plus tôt, quand, entre les mains de Cornelius MacGregor, elle avait sauvé la cuisine d'une inondation et les oeuvres artistiques d'un Mudz de 3 ans de la noyade. Entre les mains de celui-ci, elle n'avait encore sauvé rien ni personne, mais cela s'apprêtait peut-être à changer ce jour-là. Qui sait.
Pour le moment, la clé revint vers Murdoch après que celui-ci l'eut pointée en direction de l'arrivée de gaz. Elle avait accompli sa mission sans état d'âme particulier, elle n'était qu'un outil moldu après tout. Elle se laissa serrer contre la poitrine de son propriétaire tandis qu'il se remettait en position verticale, plus naturelle chez les humains, et n'aurait pas manqué un mot de la conversation qui allait suivre si elle avait été dotée d'oreilles ou même d'un esprit. En l'occurrence, elle demeura froide au contact de l'air, mais se réchauffa contre la paume de la main qui la tenait, ce qui eut pour étrange effet de rassurer Murdoch.
L'homme devant lui avait une carrure imposante, constata le sorcier en relevant la tête de plusieurs centimètres pour rejoindre le menton de celui qui lui faisait face. Ses grands yeux paraissaient le juger sévèrement, mais le jeune MacGregor n'avait jamais été très doué pour déchiffrer et comprendre les émotions d'autrui. Il préféra sagement laisser son regard fixé sur le menton rond, cela l'aida grandement à ralentir ses battements de coeur et à revenir dans l'instant présent. Il n'avait pas magiquement été recatapulté dans ses années noires.
Murdoch suivit des yeux et des oreilles la progression de l'homme marchant en direction du bec de gaz puis l'inspection sommaire et surtout très silencieuse qui suivit. Le mépris dans la question qu'on lui posa passa très largement au-dessus de sa compréhension. Il se contenta d'y répondre avec franchise.
« Oui. »
Oui, selon tous ses professeurs, la majorité de ses camarades de Poudlard, la société sorcière dans son ensemble, lui semblait-il parfois, il était nul en magie. Un incompétent qui n'avait obtenu son diplôme que de justesse, peut-être avec un coup de pouce de la chance. Personne, après tout, n'était témoin des petites merveilles d'inventions magiques qu'il réalisait dans sa chambre ou quand on le laissait un peu tranquille. Comme il aurait très bien pu finir cette réparation en un rien de temps, sans doute plus rapidement qu'un plombier qualifié, n'eut été de la présence de cet homme, ici et maintenant.
« Mais dans la situation », continua-t-il sur le ton de celui qui énumérait des faits, de simples faits « la clé à molette est plus efficace pour une réparation de tuyauterie dans une cuisine où la magie est régulièrement utilisée. Le mélange de sortilèges et d'énergies magiques dans les environs est probablement ce qui a causé la fuite d'abord. » Il aurait bien ajouté une question de l'ordre de qui-êtes-vous-qu'est-ce-que-vous-faites-là, mais si ça se trouvait, il avait devant lui un professeur, le recteur ou un (très jeune) directeur. On lui avait présenté un paquet de personnes lors de sa première journée, et il n'avait retenu le visage ni le nom d'aucun. Il se contentait d'offrir un sourire coincé à toutes les personnes dont il avait le malheur de croiser le regard. En général, ça passait.
Autour de la clé à molette, les doigts de ses mains pianotaient sur des touches invisibles. Il était bien rare que les mains de Murdoch demeurent immobiles. Il pointa le bocal de l'index.
« Le gaz. Les cuisiniers préfèrent, mais beaucoup de sorciers choisissent de cuire longtemps sur le feu, c'est plus sécuritaire. Avec la magie autour. Je vais continuer ma réparation maintenant. Les elfes vont arriver dans 56 minutes. » Et il se détourna de l'homme pour se pencher à nouveau sur ce qui l'avait amené là aussi tôt. Il avait perdu un temps précieux.
Pour le moment, la clé revint vers Murdoch après que celui-ci l'eut pointée en direction de l'arrivée de gaz. Elle avait accompli sa mission sans état d'âme particulier, elle n'était qu'un outil moldu après tout. Elle se laissa serrer contre la poitrine de son propriétaire tandis qu'il se remettait en position verticale, plus naturelle chez les humains, et n'aurait pas manqué un mot de la conversation qui allait suivre si elle avait été dotée d'oreilles ou même d'un esprit. En l'occurrence, elle demeura froide au contact de l'air, mais se réchauffa contre la paume de la main qui la tenait, ce qui eut pour étrange effet de rassurer Murdoch.
L'homme devant lui avait une carrure imposante, constata le sorcier en relevant la tête de plusieurs centimètres pour rejoindre le menton de celui qui lui faisait face. Ses grands yeux paraissaient le juger sévèrement, mais le jeune MacGregor n'avait jamais été très doué pour déchiffrer et comprendre les émotions d'autrui. Il préféra sagement laisser son regard fixé sur le menton rond, cela l'aida grandement à ralentir ses battements de coeur et à revenir dans l'instant présent. Il n'avait pas magiquement été recatapulté dans ses années noires.
Murdoch suivit des yeux et des oreilles la progression de l'homme marchant en direction du bec de gaz puis l'inspection sommaire et surtout très silencieuse qui suivit. Le mépris dans la question qu'on lui posa passa très largement au-dessus de sa compréhension. Il se contenta d'y répondre avec franchise.
« Oui. »
Oui, selon tous ses professeurs, la majorité de ses camarades de Poudlard, la société sorcière dans son ensemble, lui semblait-il parfois, il était nul en magie. Un incompétent qui n'avait obtenu son diplôme que de justesse, peut-être avec un coup de pouce de la chance. Personne, après tout, n'était témoin des petites merveilles d'inventions magiques qu'il réalisait dans sa chambre ou quand on le laissait un peu tranquille. Comme il aurait très bien pu finir cette réparation en un rien de temps, sans doute plus rapidement qu'un plombier qualifié, n'eut été de la présence de cet homme, ici et maintenant.
« Mais dans la situation », continua-t-il sur le ton de celui qui énumérait des faits, de simples faits « la clé à molette est plus efficace pour une réparation de tuyauterie dans une cuisine où la magie est régulièrement utilisée. Le mélange de sortilèges et d'énergies magiques dans les environs est probablement ce qui a causé la fuite d'abord. » Il aurait bien ajouté une question de l'ordre de qui-êtes-vous-qu'est-ce-que-vous-faites-là, mais si ça se trouvait, il avait devant lui un professeur, le recteur ou un (très jeune) directeur. On lui avait présenté un paquet de personnes lors de sa première journée, et il n'avait retenu le visage ni le nom d'aucun. Il se contentait d'offrir un sourire coincé à toutes les personnes dont il avait le malheur de croiser le regard. En général, ça passait.
Autour de la clé à molette, les doigts de ses mains pianotaient sur des touches invisibles. Il était bien rare que les mains de Murdoch demeurent immobiles. Il pointa le bocal de l'index.
« Le gaz. Les cuisiniers préfèrent, mais beaucoup de sorciers choisissent de cuire longtemps sur le feu, c'est plus sécuritaire. Avec la magie autour. Je vais continuer ma réparation maintenant. Les elfes vont arriver dans 56 minutes. » Et il se détourna de l'homme pour se pencher à nouveau sur ce qui l'avait amené là aussi tôt. Il avait perdu un temps précieux.
- InvitéInvité
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Dim 16 Aoû 2020 - 20:30
« Oui. »
Malgré sa franchise insouciante et relativement imperméable, Nael savait en revanche que peu de gens en étaient capables pour tout un tant de considérations, aussi leva-t-il un sourcil sceptique en entendant la réponse. Il n’y avait que bien peu de raisons pour pareil défaitisme : l’indifférence, le fatalisme devant une vérité pour l’heure indéfectible et le manque de confiance en soi. Souvent, toutes trois s’épousaient dans les esprits les plus timorés, pour engendrer un amalgame d’hésitation résignée à demeurer dans l’échec et qui prenait soin à ne laisser quiconque se faire la moindre illusion à ce sujet. Il était nul. Ça expliquait peut-être un tel métier… Quoique Nael n’était pas encore en relation suffisamment étroite avec les mœurs sorcières pour extraire cette supposition du cadre d’une expérience purement personnelle.
« Mais dans la situation, la clé à molette est plus efficace pour une réparation de tuyauterie dans une cuisine où la magie est régulièrement utilisée. »
Nathanael écouta l’explication, interdit et soupçonneux. Le caractère du jeune homme avait en fait subtilement ignoré la logique de causalité pour n’en déduire que ce qui l’intéressait. Il aurait pu répondre que non, parce que l’intervention de la clé à molette n’avait rien avoir avec son niveau en magie, mais il avait répondu que oui avant de s’expliquer, par excès d’honnêteté ou pour défendre un point sensible, comme ceux qui s’insultaient pour ne laisser à personne le loisir de le faire à leur place, dans une tentative maladroite d’assumer une honte ou pour s’assurer d’aucune déception. Nael hocha néanmoins la tête en signe de compréhension confiante, car qui était-il pour alléguer si oui ou non, le mélange de deux choses dont il n’avait que bien peu idée pouvaient causer des problèmes ? Et si jusqu’alors le jeune plombier n’avait eu que bien peu d’égard pour les mots, quelque chose l’avait jeté dans une volubilité étonnante. Les questions avaient toujours eu un pouvoir curieux sur les gens, surtout ceux qui les attendaient pour pouvoir légitimement s’exprimer. Avec docilité, le concierge se prêta à l’écoute et aux consignes tacites, regardant tantôt le bec, tantôt la gazinière ou le bocal au fur et à mesure du développement supplémentaire dont bénéficiait sa somme toute plutôt concise question.
« Je vais continuer ma réparation maintenant. Les elfes vont arriver dans 56 minutes. »
Conclut-il pour spécifier la fin de l’interlude en se retournant et Nathanael obéit avec résignation en se redressant sur ses longues jambes d’un seul mouvement. La surprise paraissait être passée. Une véritable surprise ne durait que quelques secondes de toute façon, tout ce qui demeurait au-delà n’était que stupeur et tremblements. Et la stupeur et les tremblements du jeune homme semblaient s’être fait éclipser par un sens aigu du devoir.
Le concierge posa une main distraite sur la cuisinière, fonctionnelle mais éteinte, juste à côté, pencha la tête sur le côté et continua à observer les soins du plombier. Quelque chose travaillait sa curiosité, mais surtout son infatigable tension vers la vérité. Alors il réfléchit quelques instants, puis corrigea avec une subtile réserve dont il usait pour supposer au lieu d’imposer :
« Mais alors vous n’êtes pas nul. Il faut être ingénieux pour employer un outil utile plutôt que commode, non ? »
Avec un tact travaillé, Nathanael évita même de rappeler qu’il n’aimait pas les mensonges et que dire que l’on utilisait une clé à molette parce qu’on était nul en magie avant de spécifier que la magie de toute façon ne convenait pas, c’était dur pur mensonge. Un mensonge caractériel, mais un mensonge quand même ! Il avait utilisé une clé à molette parce qu’il s’agissait d’un choix logique, de l’aboutissement d’une réflexion méthodique et astucieuse, bon sang !
« Vous faites donc un choix intelligent, reconnu-t-il à voix haute avant de poser deux mains sur le plan de travail afin de se hisser promptement dessus pour s’y assoir. Si mélanger magie et gaz peut s’avérer dangereux en revanche, pourquoi cette double utilisation au sein d’une cuisine ? »
Subitement soupçonneux quant à la gestion des risques, le concierge balaya soigneusement les lieux du regard, suivant avec rigueur l’enchevêtrement des conduits de gaz et la juxtaposition des postes de travail. Son front se plissa sous la contrariété tandis qu’il balançait ses jambes d’avant en arrière dans un cérémoniel inconscient qui le gagnait à chaque fois qu’il tachait de retenir les mots accusateurs qui se bousculaient à l’orée de ses lèvres. Lesquelles s’agitaient déjà en mauvaises élèves aguerries dans l’exercice hautement périlleux dans lequel elles échouaient à chaque fois : le politiquement correct.
« Il aurait été plus simple que le responsable des lieux vous libère un créneau au lieu de vous obliger travailler en plein milieu de la nuit. La cuisine a bien réussi à tourner avec une gazinière en moins jusqu’à maintenant, elle aurait même tout autant pu tourner en votre compagnie… constata-t-il en se frottant la tempe. Et si les elfes arrivent avant que vous n’ayez terminé de réparer cela, continua-t-il en croisant les bras, et bien ils attendront, voilà tout. Cette cuisine ne verra pas la moindre flamme tant que vous n’aurez pas réglé le problème, et il est hors de question que vous travaillez dans la précipitation, vous avez besoin de concentration. »
Nathanael avait annoncé sa sentence avec l’aisance d’un procureur maître de sa salle d’audience. Le ton avait été aussi abrupte que soucieux de s’épargner la moindre contre-offensive, refusant de souffrir d’une éventuelle opposition quant à la décision qu’il venait de prendre. Cela lui paraissait aussi limpide que d’affirmer qu’il était impossible de plonger dans une piscine tant que des fils électriques flottaient à la surface. S’il souffrait d’un handicap relationnel certain, Nael avait pour lui un caractère confiant lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions sécuritaires, quitte à déborder d’une autorité à la limite de la prétention. Cette histoire de réparation nocturne l’agaçait, pour tout un tas de raisons. Il aurait aimé être prévenu d’une pareille intervention avant de devoir s’inquiéter d’une intrusion, et la possibilité d’une interruption des activités de la cuisine aurait pu être aménagée dès l’identification d’un tel problème. De plus, cette information sur la potentielle instabilité des sortilèges dans un lieu où la magie était trop fréquemment utilisée lui donnait carrément des sueurs froides.
« Êtes-vous en train de dire que dans ce lieu à haute concentration d’énergie magique il vaut mieux ne pas user de sortilèges ? S’inquiéta-t-il alors en fixant de ses yeux circonspect le petit ballon magique qui entourait le brûleur. N’est-ce pas un peu… il hésita, ne voulant pas sauter sur les conclusions, inconscient de continuer à cuisiner avec du gaz à côté d’un sortilège pendant des heures au lieu de vous solliciter dans l’immédiat ? »
@murdoch macgregor
Malgré sa franchise insouciante et relativement imperméable, Nael savait en revanche que peu de gens en étaient capables pour tout un tant de considérations, aussi leva-t-il un sourcil sceptique en entendant la réponse. Il n’y avait que bien peu de raisons pour pareil défaitisme : l’indifférence, le fatalisme devant une vérité pour l’heure indéfectible et le manque de confiance en soi. Souvent, toutes trois s’épousaient dans les esprits les plus timorés, pour engendrer un amalgame d’hésitation résignée à demeurer dans l’échec et qui prenait soin à ne laisser quiconque se faire la moindre illusion à ce sujet. Il était nul. Ça expliquait peut-être un tel métier… Quoique Nael n’était pas encore en relation suffisamment étroite avec les mœurs sorcières pour extraire cette supposition du cadre d’une expérience purement personnelle.
« Mais dans la situation, la clé à molette est plus efficace pour une réparation de tuyauterie dans une cuisine où la magie est régulièrement utilisée. »
Nathanael écouta l’explication, interdit et soupçonneux. Le caractère du jeune homme avait en fait subtilement ignoré la logique de causalité pour n’en déduire que ce qui l’intéressait. Il aurait pu répondre que non, parce que l’intervention de la clé à molette n’avait rien avoir avec son niveau en magie, mais il avait répondu que oui avant de s’expliquer, par excès d’honnêteté ou pour défendre un point sensible, comme ceux qui s’insultaient pour ne laisser à personne le loisir de le faire à leur place, dans une tentative maladroite d’assumer une honte ou pour s’assurer d’aucune déception. Nael hocha néanmoins la tête en signe de compréhension confiante, car qui était-il pour alléguer si oui ou non, le mélange de deux choses dont il n’avait que bien peu idée pouvaient causer des problèmes ? Et si jusqu’alors le jeune plombier n’avait eu que bien peu d’égard pour les mots, quelque chose l’avait jeté dans une volubilité étonnante. Les questions avaient toujours eu un pouvoir curieux sur les gens, surtout ceux qui les attendaient pour pouvoir légitimement s’exprimer. Avec docilité, le concierge se prêta à l’écoute et aux consignes tacites, regardant tantôt le bec, tantôt la gazinière ou le bocal au fur et à mesure du développement supplémentaire dont bénéficiait sa somme toute plutôt concise question.
« Je vais continuer ma réparation maintenant. Les elfes vont arriver dans 56 minutes. »
Conclut-il pour spécifier la fin de l’interlude en se retournant et Nathanael obéit avec résignation en se redressant sur ses longues jambes d’un seul mouvement. La surprise paraissait être passée. Une véritable surprise ne durait que quelques secondes de toute façon, tout ce qui demeurait au-delà n’était que stupeur et tremblements. Et la stupeur et les tremblements du jeune homme semblaient s’être fait éclipser par un sens aigu du devoir.
Le concierge posa une main distraite sur la cuisinière, fonctionnelle mais éteinte, juste à côté, pencha la tête sur le côté et continua à observer les soins du plombier. Quelque chose travaillait sa curiosité, mais surtout son infatigable tension vers la vérité. Alors il réfléchit quelques instants, puis corrigea avec une subtile réserve dont il usait pour supposer au lieu d’imposer :
« Mais alors vous n’êtes pas nul. Il faut être ingénieux pour employer un outil utile plutôt que commode, non ? »
Avec un tact travaillé, Nathanael évita même de rappeler qu’il n’aimait pas les mensonges et que dire que l’on utilisait une clé à molette parce qu’on était nul en magie avant de spécifier que la magie de toute façon ne convenait pas, c’était dur pur mensonge. Un mensonge caractériel, mais un mensonge quand même ! Il avait utilisé une clé à molette parce qu’il s’agissait d’un choix logique, de l’aboutissement d’une réflexion méthodique et astucieuse, bon sang !
« Vous faites donc un choix intelligent, reconnu-t-il à voix haute avant de poser deux mains sur le plan de travail afin de se hisser promptement dessus pour s’y assoir. Si mélanger magie et gaz peut s’avérer dangereux en revanche, pourquoi cette double utilisation au sein d’une cuisine ? »
Subitement soupçonneux quant à la gestion des risques, le concierge balaya soigneusement les lieux du regard, suivant avec rigueur l’enchevêtrement des conduits de gaz et la juxtaposition des postes de travail. Son front se plissa sous la contrariété tandis qu’il balançait ses jambes d’avant en arrière dans un cérémoniel inconscient qui le gagnait à chaque fois qu’il tachait de retenir les mots accusateurs qui se bousculaient à l’orée de ses lèvres. Lesquelles s’agitaient déjà en mauvaises élèves aguerries dans l’exercice hautement périlleux dans lequel elles échouaient à chaque fois : le politiquement correct.
« Il aurait été plus simple que le responsable des lieux vous libère un créneau au lieu de vous obliger travailler en plein milieu de la nuit. La cuisine a bien réussi à tourner avec une gazinière en moins jusqu’à maintenant, elle aurait même tout autant pu tourner en votre compagnie… constata-t-il en se frottant la tempe. Et si les elfes arrivent avant que vous n’ayez terminé de réparer cela, continua-t-il en croisant les bras, et bien ils attendront, voilà tout. Cette cuisine ne verra pas la moindre flamme tant que vous n’aurez pas réglé le problème, et il est hors de question que vous travaillez dans la précipitation, vous avez besoin de concentration. »
Nathanael avait annoncé sa sentence avec l’aisance d’un procureur maître de sa salle d’audience. Le ton avait été aussi abrupte que soucieux de s’épargner la moindre contre-offensive, refusant de souffrir d’une éventuelle opposition quant à la décision qu’il venait de prendre. Cela lui paraissait aussi limpide que d’affirmer qu’il était impossible de plonger dans une piscine tant que des fils électriques flottaient à la surface. S’il souffrait d’un handicap relationnel certain, Nael avait pour lui un caractère confiant lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions sécuritaires, quitte à déborder d’une autorité à la limite de la prétention. Cette histoire de réparation nocturne l’agaçait, pour tout un tas de raisons. Il aurait aimé être prévenu d’une pareille intervention avant de devoir s’inquiéter d’une intrusion, et la possibilité d’une interruption des activités de la cuisine aurait pu être aménagée dès l’identification d’un tel problème. De plus, cette information sur la potentielle instabilité des sortilèges dans un lieu où la magie était trop fréquemment utilisée lui donnait carrément des sueurs froides.
« Êtes-vous en train de dire que dans ce lieu à haute concentration d’énergie magique il vaut mieux ne pas user de sortilèges ? S’inquiéta-t-il alors en fixant de ses yeux circonspect le petit ballon magique qui entourait le brûleur. N’est-ce pas un peu… il hésita, ne voulant pas sauter sur les conclusions, inconscient de continuer à cuisiner avec du gaz à côté d’un sortilège pendant des heures au lieu de vous solliciter dans l’immédiat ? »
@murdoch macgregor
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» multinick : Inès Saouli, Ambrosius Redgrave
» âge : 25 ans (26 avril 1998)
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Inventaire Sorcier
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Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Sam 5 Sep 2020 - 3:46
Pourquoi les gens tenaient-ils toujours tant à faire la conversation? Murdoch n'en avait franchement aucune idée. Déjà, lui, quand il tentait de faire la conversation, il ne parvenait en général qu'à créer d'inexplicables malaises, peut-être parce qu'il ne comprenait pas bien l'intérêt de parler de la météo, de sport, de politique (à laquelle il ne comprenait goutte) ou du dernier hit passant en boucle à la radio sorcière. Quand il essayait de parler de ses inventions, la plupart du temps, il obtenait des réactions amusées ou des regards d'incompréhensions. C'était du moins avec ce genre de moue sceptique qui avait accueilli ses explications sur les étapes de séchage nécessaire à la fabrication d'une poudre anti-crénelures pour chaudrons en fonte. Certes, la majorité des sorciers utilisaient le chaudron en étain, bien plus fiable, mais il ne fallait pas négliger la fonte!
Murdoch avait repris son ouvrage sans plus porter attention au visiteur, mais sa présence l'ennuyait légèrement. Encore plus le fait qu'il continua de parler. Même si c'était pour dire à Murdoch qu'il n'était pas aussi nul qu'il en avait l'air. Il s'abstint de répondre, car il lui avait semblé que la question n'appelait pas de réponse. Du temps de son adolescence, il aurait probablement répondu puisque c'était généralement ce qu'on attendait après une question, mais il avait fini par comprendre en vieillissant qu'il s'agissait parfois d'une manière de faire la conversation. D'ailleurs l'homme dont il ignorait toujours le nom, le titre et la raison de la présence de si bon matin en cette cuisine. continuait de parler. Murdoch ne songea pas une seconde à demander à l'homme de se présenter (il ne l'avait pas fait lui-même) ni s'il pouvait l'aider en quoi que ce soit. Murdoch était là pour réparer une fuite, il lui restait 52 minutes. Il se concentra donc sur sa tâche: dévisser le tuyau, mais celui-ci était recouvert d'une fine couche graisseuse et lui glissait entre les doigts, ce qui ne facilitait pas la prise.
« Vous avez besoin de concentration... » Murdoch constata que l'homme parlait toujours, mais il n'écoutait plus depuis un moment. Le bout de tuyau bougeait enfin sous la clef à molettes. Il l'attrapa de la main gauche et le posa au sol. De l'autre, il retira le joint libéré pour mieux l'examiner. Oui, totalement sec, craquelé. Il allait falloir le remplacer. Il étira le bras pour attraper un joint neuf dans sa boîte à outils et le comparer à celui qu'il tenait en main. S'il avait bien fait ses devoirs la veille, les deux joints seraient identiques, mais il fallait s'en assurer.
Au-dessus de sa tête, à nouveau, une question. « Êtes-vous en train de dire que dans ce lieu à haute concentration d’énergie magique il vaut mieux ne pas user de sortilèges ? » Devait-il y répondre? Ses mains allèrent s'essuyer sur ses pantalons, sans grand succès sinon d'étendre la graisse encore davantage.
Ses yeux retournèrent ensuite se poser à hauteur de menton de l'homme, qui, cette fois, avait cessé de parler. Signe sans doute qu'il attendait que Murdoch prenne la parole en retour. Le garçon se passa la main dans les cheveux, qui tinrent en épis sur le sommet de son crâne, soutenus par la graisse. Il n'avait pas le chic avec les mots, pas comme l'homme qui se tenait devant lui. Et expliquer les choses, c'était plus difficile que de juste les réparer quand elles brisaient. Puis... il n'avait pas vraiment écouter tout le reste de ce que l'homme avait dit.
Il tapa le mur tout près. « Charmes bloquants dans les murs, ça coupe les mélanges. » On n'avait pas le choix dans un lieu comme une école de magie, où toutes sortes de sortilèges se côtoyaient à tout moment. « Mais on peut pas tout empêcher, et à la longue, ça use. » Il tendit le joint affaibli en guise de preuve puis revint au tuyau accroché au mur, dans lequel il inséra une étroite bouteille qu'il pressa vivement dans un bon vieux splurp sonore. De l'eau savonneuse en jaillit en un jet qui précipita une solution mousseuse dans le tuyau sous l'oeil attentif de Mudz. Il parut satisfait et reprit la parole. « Un sortilège de bulle, c'est étanche. Pas de risque. Pas pour quelques jours, m'sieur. » En étirant le bras, il attrapa une serviette qui avait connu de meilleurs jours et entreprit d'essuyer le savon qui coulait du tuyau. « Pas de fissures. Vous pouvez me donner la bouteille bleue, là? » fit-il en pointant son coffre du menton. Il avait les mains pleines.
Murdoch avait repris son ouvrage sans plus porter attention au visiteur, mais sa présence l'ennuyait légèrement. Encore plus le fait qu'il continua de parler. Même si c'était pour dire à Murdoch qu'il n'était pas aussi nul qu'il en avait l'air. Il s'abstint de répondre, car il lui avait semblé que la question n'appelait pas de réponse. Du temps de son adolescence, il aurait probablement répondu puisque c'était généralement ce qu'on attendait après une question, mais il avait fini par comprendre en vieillissant qu'il s'agissait parfois d'une manière de faire la conversation. D'ailleurs l'homme dont il ignorait toujours le nom, le titre et la raison de la présence de si bon matin en cette cuisine. continuait de parler. Murdoch ne songea pas une seconde à demander à l'homme de se présenter (il ne l'avait pas fait lui-même) ni s'il pouvait l'aider en quoi que ce soit. Murdoch était là pour réparer une fuite, il lui restait 52 minutes. Il se concentra donc sur sa tâche: dévisser le tuyau, mais celui-ci était recouvert d'une fine couche graisseuse et lui glissait entre les doigts, ce qui ne facilitait pas la prise.
« Vous avez besoin de concentration... » Murdoch constata que l'homme parlait toujours, mais il n'écoutait plus depuis un moment. Le bout de tuyau bougeait enfin sous la clef à molettes. Il l'attrapa de la main gauche et le posa au sol. De l'autre, il retira le joint libéré pour mieux l'examiner. Oui, totalement sec, craquelé. Il allait falloir le remplacer. Il étira le bras pour attraper un joint neuf dans sa boîte à outils et le comparer à celui qu'il tenait en main. S'il avait bien fait ses devoirs la veille, les deux joints seraient identiques, mais il fallait s'en assurer.
Au-dessus de sa tête, à nouveau, une question. « Êtes-vous en train de dire que dans ce lieu à haute concentration d’énergie magique il vaut mieux ne pas user de sortilèges ? » Devait-il y répondre? Ses mains allèrent s'essuyer sur ses pantalons, sans grand succès sinon d'étendre la graisse encore davantage.
Ses yeux retournèrent ensuite se poser à hauteur de menton de l'homme, qui, cette fois, avait cessé de parler. Signe sans doute qu'il attendait que Murdoch prenne la parole en retour. Le garçon se passa la main dans les cheveux, qui tinrent en épis sur le sommet de son crâne, soutenus par la graisse. Il n'avait pas le chic avec les mots, pas comme l'homme qui se tenait devant lui. Et expliquer les choses, c'était plus difficile que de juste les réparer quand elles brisaient. Puis... il n'avait pas vraiment écouter tout le reste de ce que l'homme avait dit.
Il tapa le mur tout près. « Charmes bloquants dans les murs, ça coupe les mélanges. » On n'avait pas le choix dans un lieu comme une école de magie, où toutes sortes de sortilèges se côtoyaient à tout moment. « Mais on peut pas tout empêcher, et à la longue, ça use. » Il tendit le joint affaibli en guise de preuve puis revint au tuyau accroché au mur, dans lequel il inséra une étroite bouteille qu'il pressa vivement dans un bon vieux splurp sonore. De l'eau savonneuse en jaillit en un jet qui précipita une solution mousseuse dans le tuyau sous l'oeil attentif de Mudz. Il parut satisfait et reprit la parole. « Un sortilège de bulle, c'est étanche. Pas de risque. Pas pour quelques jours, m'sieur. » En étirant le bras, il attrapa une serviette qui avait connu de meilleurs jours et entreprit d'essuyer le savon qui coulait du tuyau. « Pas de fissures. Vous pouvez me donner la bouteille bleue, là? » fit-il en pointant son coffre du menton. Il avait les mains pleines.
- InvitéInvité
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Mar 6 Oct 2020 - 13:42
Nathanael s’était toujours imaginé être quelque de plutôt maladroit en ce qui concernait son allure, et malgré son goût pour ce qu’il jugeait être des denrées de bonne manufacture, cette impression d’écart n’avait jamais diminué. Ce n’était pas qu’il s’habillait mal ou ne prenait pas soin de soi : la différence était un peu plus subtile que la négligence et moins les gens comprenaient de quoi il en revenait exactement, plus la stigmatisation était lourde. Au fond, il ne s’agissait pas tant des vêtements que d’une façon particulière de les porter et la qualité du tissu exacerbait davantage encore la méfiance à l’égard de ce qui était paradoxal.
Alors lorsque le jeune homme aux joues pleines et au regard fatigué eut essuyé la graisse de ses mains contre cuisses et cheveux, Nathanael le considéra avec circonspection, surpris de retrouver pareille maladresse chez autrui. Non pas négligence, car même si timidement vêtu, il l’était néanmoins correctement, mais bel et bien maladresse. Il paraissait n’avoir rien remarqué, ou bien ces considérations-là se situaient-elles à un niveau bien inférieur de tout le reste, se contentant de lui répondre, mais le concierge n’avait d’yeux que pour sa coupe de cheveux en glace à l’italienne.
« Charmes bloquants dans les murs, ça coupe les mélanges.
- Ah. »
Ca n’avait aucun sens pour lui, mais il hocha quand même de la tête. La phrase était pourtant grammaticalement correcte, mais le plombier aurait pu lui réciter Le Jabberwocky de Lewis Carrol que ça n’aurait pas fait davantage lumière dans son esprit. Ce monde était définitivement oulipien, agrémenté plus encore par cette houppette grasse et à la déjetée étrangement parfaite de cheveux. Devant l’évidence de ce jeune homme, qui avait synthétisé son élocution au possible, Nathanael avait l’impression de s’étonner que la pluie soit humide.
Comme s’il y était forcé et toujours sans lui décrocher le moindre regard, vivant la prise de parole comme une corvée dont un salaire aurait sans contestation dû lui être accordé en dédommagement de la pénibilité, le jeune homme continua ses explications. Tapotant sans entrain tantôt le joint, tantôt le mur, comme las de devoir dépenser des voyelles et des consonnes sans une excellente raison de les agencer en phrases.
« Un sortilège de bulle, c'est étanche. »
Et le soleil, ça brûle, donc. L’impression d’être idiot se renforça, accentuant le pli soucieux sur le visage du concierge.
« Pas de risque. Pas pour quelques jours, m'sieur.
Ah. » bredouilla-t-il de nouveau.
Il afficha un sourire de circonstance, à présent clairement mal à l’aise. Mais ses lèvres répondirent sans rechigner : il maîtrisait bien cette acrobatie. L’influence de la solitude, sans doute : il avait appris à accepter que sa présence puisse déranger, à savoir lisser sa curiosité et son entrain pour ne pas trop venir appuyer sur les plates bandes des autres. Il savait reconnaître ses limites, son impertinence et son orgueil : ses questions étaient stupides, son collègue ne souhaitait pas engager la conversation. Il le gênait. Il fallait descendre de son trône d’infortune.
Nathanael préféra donc abandonner ce sujet pour rendre grâce aux efforts manuels en observant le joint qui lui fut tendu, puis à la peine nécessaire pour vérifier l’étanchéité du remplaçant, le tout commenté par une voix expéditive, monotone. Il serait normalement resté derrière le dos d’un employé pour s’assurer de son efficacité, mais la technicité du plombier ne lui importait pas tant que sa façon de gérer un problème que le concierge considérait comme étant purement moldu. Il se trouvait par ailleurs presque déçu que tout fut aussi simple, aussi semblable, mais il fallait reconnaître qu’au moins, cet aspect-là de la vie n’avait pas souffert d’un grand changement dans sa conception : les tuyaux restaient des tuyaux, les joints restaient des joints et il n’y avait qu’une clé à molette pour en voir le bout. A quelques exceptions près, le spectacle était banal, un peu ennuyeux, heureusement exempt du sourire du plombier que l’on voyait habituellement poindre lorsque la ceinture ne retenait pas suffisamment un pantalon de chantier trop lâche.
« Pas de fissures. Vous pouvez me donner la bouteille bleue, là ? »
Nathanael s’agita brièvement, déjà résigné à un rôle d’observation qu’un monologue était condamné à entretenir dans une curiosité sans réciprocité. Il regarda autour de lui comme s’il découvrait à nouveau son environnement, jusqu’à enfin tomber sur la caisse à outil de ce petit homme à tout-faire-bruyamment qui ressemblait à des dizaines d’autres boites à outils d’hommes-à-tout-faire-normalement-en-silence : grosse, graisseuse et dans le bordel le plus complet. Avec circonspection, Nath avisa les différents serre-joints, clés à molettes et tournevis qui ressemblaient également à des centaines d’autres instruments de bricoleurs du dimanche et puis, avec la même circonspection silencieuse, il détailla une nouvelle fois le jeune homme au visage pâle et imberbe, à l’air concentré mais poisseux, avec ses cheveux en bataille pleins d’huile et aussi désorganisés que l’étaient ses gestes maladroits. Lui aussi était d’une certaine façon semblable à ces centaines d’homme-à-tout-faire : interchangeable, passablement ennuyé par son sempiternel devoir...
Cela dit, Nathanael savait ne pas être mieux. Lui aussi était peu avenant, parfois expéditif, avec son regard sombre et inquisiteur, ses mains sagement croisées sur ses genoux, jadis perché sur un des nombreux plan de travail de l’université, les jambes tout aussi sagement croisées l’une sur l’autre, le monde entier emplissant son regard… et ressemblant à n’importe quel autre prof, n’importe quel autre chercheur. Il se sentait presque vieux, tout d’un coup, à chapeauter ce gamin sans que personne ne lui ait demandé de le faire. Où étaient passés ses nuits qu’il avait habituées à plus de péripéties et d’intérêt ? C’était donc ça, vieillir : être contraint par ses responsabilités à vérifier que le plombier effectuait sa besogne ? Il se renfrogna donc, un pli serpentant entre ses sourcils épais. C’était ça : il devenait ennuyeux, et c’était pour cette raison que le gosse n’avait absolument rien à lui dire.
Docile, Nath se pencha sur la mallette dépliée pour s’emparer d’une main souple de ce qui lui avait été demandé, avant de le tendre vers le concerné. Il resta quelques instants là, la bouche un peu sèche, se grattant la tête tout en essayant de formuler son impression en mot, ce qui n’était jamais chose simple. Jetant de nouveau un regard circulaire à la cuisine, la bulle magique, le gamin qui s’affairait. Le silence de la nuit le gagna et le concierge soupira :
« Il fallait le dire, que je vous ennuyais, dit-il avec une langueur indéchiffrable, sans reliefs autres qu’un constat. La prochaine fois, prévenez-moi que vous comptez travailler la nuit, comme ça je ne vous embêterai plus en pensant à un cambriolage, ajouta-t-il avant de comprendre que ce n’était pas complet : il se savait concierge, le jeune homme manifestement non. Vous pouvez toquer ou déposer un mot… là-haut. Dans les appartements du concierge. Il sourit faiblement comme pour souligner qu’il s’agissait de lui, puis conclut : Je suis désolé de vous avoir ennuyé de cette façon. Si vous êtes en retard, vous n’aurez qu’à dire que c’est de ma faute. »
@murdoch macgregor Vraiment désolé pour l'attente
Alors lorsque le jeune homme aux joues pleines et au regard fatigué eut essuyé la graisse de ses mains contre cuisses et cheveux, Nathanael le considéra avec circonspection, surpris de retrouver pareille maladresse chez autrui. Non pas négligence, car même si timidement vêtu, il l’était néanmoins correctement, mais bel et bien maladresse. Il paraissait n’avoir rien remarqué, ou bien ces considérations-là se situaient-elles à un niveau bien inférieur de tout le reste, se contentant de lui répondre, mais le concierge n’avait d’yeux que pour sa coupe de cheveux en glace à l’italienne.
« Charmes bloquants dans les murs, ça coupe les mélanges.
- Ah. »
Ca n’avait aucun sens pour lui, mais il hocha quand même de la tête. La phrase était pourtant grammaticalement correcte, mais le plombier aurait pu lui réciter Le Jabberwocky de Lewis Carrol que ça n’aurait pas fait davantage lumière dans son esprit. Ce monde était définitivement oulipien, agrémenté plus encore par cette houppette grasse et à la déjetée étrangement parfaite de cheveux. Devant l’évidence de ce jeune homme, qui avait synthétisé son élocution au possible, Nathanael avait l’impression de s’étonner que la pluie soit humide.
Comme s’il y était forcé et toujours sans lui décrocher le moindre regard, vivant la prise de parole comme une corvée dont un salaire aurait sans contestation dû lui être accordé en dédommagement de la pénibilité, le jeune homme continua ses explications. Tapotant sans entrain tantôt le joint, tantôt le mur, comme las de devoir dépenser des voyelles et des consonnes sans une excellente raison de les agencer en phrases.
« Un sortilège de bulle, c'est étanche. »
Et le soleil, ça brûle, donc. L’impression d’être idiot se renforça, accentuant le pli soucieux sur le visage du concierge.
« Pas de risque. Pas pour quelques jours, m'sieur.
Ah. » bredouilla-t-il de nouveau.
Il afficha un sourire de circonstance, à présent clairement mal à l’aise. Mais ses lèvres répondirent sans rechigner : il maîtrisait bien cette acrobatie. L’influence de la solitude, sans doute : il avait appris à accepter que sa présence puisse déranger, à savoir lisser sa curiosité et son entrain pour ne pas trop venir appuyer sur les plates bandes des autres. Il savait reconnaître ses limites, son impertinence et son orgueil : ses questions étaient stupides, son collègue ne souhaitait pas engager la conversation. Il le gênait. Il fallait descendre de son trône d’infortune.
Nathanael préféra donc abandonner ce sujet pour rendre grâce aux efforts manuels en observant le joint qui lui fut tendu, puis à la peine nécessaire pour vérifier l’étanchéité du remplaçant, le tout commenté par une voix expéditive, monotone. Il serait normalement resté derrière le dos d’un employé pour s’assurer de son efficacité, mais la technicité du plombier ne lui importait pas tant que sa façon de gérer un problème que le concierge considérait comme étant purement moldu. Il se trouvait par ailleurs presque déçu que tout fut aussi simple, aussi semblable, mais il fallait reconnaître qu’au moins, cet aspect-là de la vie n’avait pas souffert d’un grand changement dans sa conception : les tuyaux restaient des tuyaux, les joints restaient des joints et il n’y avait qu’une clé à molette pour en voir le bout. A quelques exceptions près, le spectacle était banal, un peu ennuyeux, heureusement exempt du sourire du plombier que l’on voyait habituellement poindre lorsque la ceinture ne retenait pas suffisamment un pantalon de chantier trop lâche.
« Pas de fissures. Vous pouvez me donner la bouteille bleue, là ? »
Nathanael s’agita brièvement, déjà résigné à un rôle d’observation qu’un monologue était condamné à entretenir dans une curiosité sans réciprocité. Il regarda autour de lui comme s’il découvrait à nouveau son environnement, jusqu’à enfin tomber sur la caisse à outil de ce petit homme à tout-faire-bruyamment qui ressemblait à des dizaines d’autres boites à outils d’hommes-à-tout-faire-normalement-en-silence : grosse, graisseuse et dans le bordel le plus complet. Avec circonspection, Nath avisa les différents serre-joints, clés à molettes et tournevis qui ressemblaient également à des centaines d’autres instruments de bricoleurs du dimanche et puis, avec la même circonspection silencieuse, il détailla une nouvelle fois le jeune homme au visage pâle et imberbe, à l’air concentré mais poisseux, avec ses cheveux en bataille pleins d’huile et aussi désorganisés que l’étaient ses gestes maladroits. Lui aussi était d’une certaine façon semblable à ces centaines d’homme-à-tout-faire : interchangeable, passablement ennuyé par son sempiternel devoir...
Cela dit, Nathanael savait ne pas être mieux. Lui aussi était peu avenant, parfois expéditif, avec son regard sombre et inquisiteur, ses mains sagement croisées sur ses genoux, jadis perché sur un des nombreux plan de travail de l’université, les jambes tout aussi sagement croisées l’une sur l’autre, le monde entier emplissant son regard… et ressemblant à n’importe quel autre prof, n’importe quel autre chercheur. Il se sentait presque vieux, tout d’un coup, à chapeauter ce gamin sans que personne ne lui ait demandé de le faire. Où étaient passés ses nuits qu’il avait habituées à plus de péripéties et d’intérêt ? C’était donc ça, vieillir : être contraint par ses responsabilités à vérifier que le plombier effectuait sa besogne ? Il se renfrogna donc, un pli serpentant entre ses sourcils épais. C’était ça : il devenait ennuyeux, et c’était pour cette raison que le gosse n’avait absolument rien à lui dire.
Docile, Nath se pencha sur la mallette dépliée pour s’emparer d’une main souple de ce qui lui avait été demandé, avant de le tendre vers le concerné. Il resta quelques instants là, la bouche un peu sèche, se grattant la tête tout en essayant de formuler son impression en mot, ce qui n’était jamais chose simple. Jetant de nouveau un regard circulaire à la cuisine, la bulle magique, le gamin qui s’affairait. Le silence de la nuit le gagna et le concierge soupira :
« Il fallait le dire, que je vous ennuyais, dit-il avec une langueur indéchiffrable, sans reliefs autres qu’un constat. La prochaine fois, prévenez-moi que vous comptez travailler la nuit, comme ça je ne vous embêterai plus en pensant à un cambriolage, ajouta-t-il avant de comprendre que ce n’était pas complet : il se savait concierge, le jeune homme manifestement non. Vous pouvez toquer ou déposer un mot… là-haut. Dans les appartements du concierge. Il sourit faiblement comme pour souligner qu’il s’agissait de lui, puis conclut : Je suis désolé de vous avoir ennuyé de cette façon. Si vous êtes en retard, vous n’aurez qu’à dire que c’est de ma faute. »
@murdoch macgregor Vraiment désolé pour l'attente
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» miroir du riséd : Laura O'grady
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» âge : 25 ans (26 avril 1998)
» situation : En couple ouvert
» année d'études : 9e année
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Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Mar 3 Nov 2020 - 4:23
La pluie n'était pas toujours humide. C'était du moins la théorie que le jeune Murdoch avait entrepris de vérifier par un long dimanche pluvieux des vacances d'été. Il avait 12 ans et il lui semblait possible, après une année passée dans une école de sorcellerie où à peu près tout paraissait pouvoir se produire, même l'impossible, que la pluie ne soit pas toujours humide. On pouvait penser à une pluie de confettis, par exemple, ou à une pluie de cendre, ça ne devait pas être humide, de la cendre. Celle qui provenait des volcans se composait généralement de silice, riche en fer et en aluminium, Murdoch l'avait lu dans l'encyclopédie Britannica de son père.
Il n'y avait en tout cas pas trace d'humidité dans la chevelure en épis graisseux qui se dressait sur la tête de Murdoch ce matin-là. La graisse de la tuyauterie que le jeune adulte avait maladroitement étalée dans sa chevelure s'assurait de repousser toute trace humide. Hydrophobe.
La substance contenue dans la bouteille bleue que Murdoch avait demandée à son assistant improvisé partageait cette même caractéristique, ce qui allait être bien utile pour recouvrir l'intérieur du tuyau ainsi que le joint, et s'assurer que la réparation tiendrait pour plusieurs années. Elle tiendra à distance tout risque de condensation en présence du gaz, s'il advenait que de l'eau se glisse dans le tuyau. Murdoch, lui, avait tendance à réveiller une petite anthrophobie chez les gens, non pas qu'il leur faisait peur, mais il y avait quelque chose qu'il ne faisait pas comme il faut pour mettre les gens à l'aise. Même lorsqu'il recherchait leur compagnie, Murdoch finissait toujours par créer un certain vide autour de lui. Seules quelques personnes dans sa vie, dont les membres de sa famille, paraissaient immunisées à cet étrange phénomène.
Dans le sourire de l'homme, Murdoch n'aurait pu distinguer le moindre malaise, les mots qu'il prononça le prirent donc par surprise. Pourquoi l'homme s'excusait-il de l'avoir dérangé? Il n'avait jamais rien dit de tel. Et pourquoi lui parlait-il du concierge? Le jeune Écossais n'avait pas encore eu l'occasion de le rencontrer, bien qu'il sache son nom pour l'avoir entendu mentionné lors de la présentation générale à laquelle il avait assisté. Décontenancé par cette drôle de réaction de l'homme devant lui, Murdoch cligna des yeux à plusieurs reprises, la main fermée sur la bouteille bleue.
Puis les mots finirent par revêtir un peu plus de sens quand les brumes de la surprise se dissipèrent dans l'esprit du garçon. « Oh. Vous êtes M. Cohen! Je suis Murdoch MacGregor, j'ai été engagé il y a quelques jours. Je suis là pour aider, pour vous aider, et vous me dérangez pas du tout. La réparation va être terminée dans 10 minutes vu qu'il y a pas de fuite. »
La porte de service de la cuisine s'ouvrit au moment où Murdoch adressait un sourire rassurant à celui qui se révélait finalement être son supérieur. Elle s'ouvrir et se referma sans laisser entrer qui que ce soit, ou du moins le semblait-il. Il fallait baisser les yeux pour voir qu'en fait un elfe de maison se dirigeait lentement vers son poste de travail, sans accorder un regard aux deux hommes.
Il valait mieux se dépêcher de compléter la tâche avant que d'autres elfes n'arrivent. Le bouchon de la bouteille fit un petit plop lorsque Murdoch l'ouvrit. « Voulez-vous éclairer le tuyau pendant que je recouvre les parois intérieures? Je suis super content de vous rencontrer enfin, vous savez. Luigi m'a dit que vous aviez vécu parmi les Moldus. »
Il n'y avait en tout cas pas trace d'humidité dans la chevelure en épis graisseux qui se dressait sur la tête de Murdoch ce matin-là. La graisse de la tuyauterie que le jeune adulte avait maladroitement étalée dans sa chevelure s'assurait de repousser toute trace humide. Hydrophobe.
La substance contenue dans la bouteille bleue que Murdoch avait demandée à son assistant improvisé partageait cette même caractéristique, ce qui allait être bien utile pour recouvrir l'intérieur du tuyau ainsi que le joint, et s'assurer que la réparation tiendrait pour plusieurs années. Elle tiendra à distance tout risque de condensation en présence du gaz, s'il advenait que de l'eau se glisse dans le tuyau. Murdoch, lui, avait tendance à réveiller une petite anthrophobie chez les gens, non pas qu'il leur faisait peur, mais il y avait quelque chose qu'il ne faisait pas comme il faut pour mettre les gens à l'aise. Même lorsqu'il recherchait leur compagnie, Murdoch finissait toujours par créer un certain vide autour de lui. Seules quelques personnes dans sa vie, dont les membres de sa famille, paraissaient immunisées à cet étrange phénomène.
Dans le sourire de l'homme, Murdoch n'aurait pu distinguer le moindre malaise, les mots qu'il prononça le prirent donc par surprise. Pourquoi l'homme s'excusait-il de l'avoir dérangé? Il n'avait jamais rien dit de tel. Et pourquoi lui parlait-il du concierge? Le jeune Écossais n'avait pas encore eu l'occasion de le rencontrer, bien qu'il sache son nom pour l'avoir entendu mentionné lors de la présentation générale à laquelle il avait assisté. Décontenancé par cette drôle de réaction de l'homme devant lui, Murdoch cligna des yeux à plusieurs reprises, la main fermée sur la bouteille bleue.
Puis les mots finirent par revêtir un peu plus de sens quand les brumes de la surprise se dissipèrent dans l'esprit du garçon. « Oh. Vous êtes M. Cohen! Je suis Murdoch MacGregor, j'ai été engagé il y a quelques jours. Je suis là pour aider, pour vous aider, et vous me dérangez pas du tout. La réparation va être terminée dans 10 minutes vu qu'il y a pas de fuite. »
La porte de service de la cuisine s'ouvrit au moment où Murdoch adressait un sourire rassurant à celui qui se révélait finalement être son supérieur. Elle s'ouvrir et se referma sans laisser entrer qui que ce soit, ou du moins le semblait-il. Il fallait baisser les yeux pour voir qu'en fait un elfe de maison se dirigeait lentement vers son poste de travail, sans accorder un regard aux deux hommes.
Il valait mieux se dépêcher de compléter la tâche avant que d'autres elfes n'arrivent. Le bouchon de la bouteille fit un petit plop lorsque Murdoch l'ouvrit. « Voulez-vous éclairer le tuyau pendant que je recouvre les parois intérieures? Je suis super content de vous rencontrer enfin, vous savez. Luigi m'a dit que vous aviez vécu parmi les Moldus. »
- InvitéInvité
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Sam 7 Nov 2020 - 0:10
Nathanael prit le temps de comprendre. Comprendre, c’était une application qui vieillissait le visage, courbaturait les muscles du cou, qui raidissait les paupières à force de tenir les yeux concentrés sur celui qui parlait… C’était une sorte de débauche studieuse… Parce que non seulement il fallait écouter et observer, mais en plus il fallait traduire. Hausser jusqu’à son sens secret une litanie de mots ternes, et l’acrimonie jusqu’à la douleur, les sous-entendus jusqu’à la clarté, les divers degrés jusqu’à leur sens premier.
Les gens le confondaient : il avait sans cesse l’impression de se tromper. Sur leurs intentions, leur humeur, leur caractère, leurs envies. En regardant le jeune homme à la torsade stylisée, Nathanael se demanda avec un détachement usé comment un comportement et son explication pouvaient tant s’exclure, tant induire en erreur. Ces choses-là étaient capables de rendre fou, car lorsqu’on ne parvenait pas à faire coïncider la réalité avec sa représentation, cela voulait probablement dire qu’on vivait dans le monde de la représentation sans jamais frôler la réalité, là où tout était possible, interprétable, intouchable. On ne pouvait faire confiance à rien. Il avait toujours eu peur de se rendre compte qu’il vivait dans cette dimension parallèle, concomitante, incapable de communiquer avec quiconque par manque de compréhension, de sensibilité ou de sagesse. C’aurait pu être la même sensation que parler une autre langue, mais la vérité était un peu plus tragique que ça : les mots perdaient de leur sens, tout comme les actions, à force de métamorphose ne répondant à aucune rigueur ni constance. Parfois, une poignée de main était une salutation, parfois une provocation si on savait comme la conjuguer avec le regard, un pli sur le front, un frisson sur la tempe. Parfois, un baiser était celui de l’amour, parfois seulement d’une douteuse amitié, si on savait y adjoindre le nombre de minutes, d’heures ou de jours qui étaient mis pour répondre à un sms. Parfois, le mutisme, l’absence de regard, la négligence, voulaient dire autre chose qu’un manque d’intérêt.
Alors Nathanael demeura ainsi debout, vaguement interdit, regardant le jeune homme à tout faire s’épanouir à l’entente de son titre et de son nom, comme un valet se rendant compte qu’il avait parlé au maître, ou comme quelqu’un percevant les hommes comme on percevait des objets : strictement à travers leur fonction, leur utilité propre. Le tabouret à deux pieds venait d’en acquérir deux autres et on pouvait enfin s’asseoir dessus. De l’inconnu au concierge.
Son regard devint indistinct, alors que son esprit demeurait encore un peu en suspension entre deux vérités : la sienne, puis celle des autres. On avait beau lui avoir expliqué plein de fois les nuances, pour lui ; une poignée de main était une salutation, un baiser était, si ce n’était celui de l’amour, au moins celui du désir ; l’absence prolongée et la négligence étaient des aveux d’abandon. Sinon, il ne fallait tout simplement pas serrer la main tendue et bienveillante, embrasser la bouche offerte et désireuse, dessécher une amitié en oubliant de l’arroser. C’était mentir, donner promesse en sachant qu’on allait la décevoir.
C’était ironique pour un être aussi composite de prétendre vivre dans la simplicité de ses élans les plus naturels…
Nathanael avisa le sourire du jeune homme, pencha la tête sur le côté. Lui aussi, il était simple, soit trop honnête et lâche, soit peu au fait de la façon dont sa pensée se traduisait en attitude.
« Voulez-vous éclairer le tuyau pendant que je recouvre les parois intérieures? Je suis bien content d'enfin vous rencontrer, vous savez. Luigi m'a dit que vous aviez vécu parmi les Moldus. »
Sir MacGregor avait pourtant eu l’air tout aussi étonné que lui, mais le rapport avec radicalement changé, néanmoins, et Nathanael ne pouvait s’empêcher de noter que son statut semblait lui avoir donné une sorte de relief, un point d’ancrage. Peut-être que ce jeune homme aimait à communiquer avec les objets davantage qu’avec les gens, ne parvenant à compléter le puzzle qu’après avoir donné forme à la nouvelle pièce. Un collègue de travail s’appréhendait toujours mieux qu’un inconnu. Tout en s’expliquant le quiproquo, Nathanael éclaira le tuyau présenté, aussi songeur que silencieux, concentré sur sa besogne somme toute statique, car à part la requête, il n’avait entendu aucune question.
« A moins qu’une rééducation complète ne s’opère, je suis moi-même encore un Moldu. Pour toujours je le crains. Quoi qu’au fond, je ne comprenne ni les Sorciers, ni les Moldus, finit-il par commenter en suivant soigneusement les geste de l’homme-à-tout-faire pour adapter son éclairage. J’espère que ça ne vous dérange pas d’avoir un Moldu en guise de collègue. Ou un sang-de-bourbe, comme vous dites. » demanda-t-il d’un ton absent, absorbé qu’il fut par la simplicité de sa tâche.
Ce n’était pas tant une question qu’un véritable espoir, car si sa présence incommodait, tant dans la pièce que dans le corps universitaire tout court, il n’allait rien pouvoir y faire. Cet espoir était d’ailleurs à ce titre emprunt d’une forme d’approbation sourde. Il concevait le spécisme, le racisme, et toutes les formes de discrimination existantes, que ce fut une préférence personnelle pour des cheveux bruns plutôt que blonds. Il entendait pourquoi parfois des gens pouvaient se sentir supérieur à d’autres, pourquoi les Sorciers pouvaient se sentir supérieurs aux Moldus et n’en tirait aucune offense. Il y avait effectivement de quoi argumenter. Tout comme il y avait de quoi argumenter concernant son manque de sociabilité inné vis-à-vis d’autres individus extravertis, ou en tout cas plus à mêmes de nouer une relation saine. Alors, il envisageait cette supériorité sorcière avec un stoïcisme à toute épreuve.
Le souvenir de @luigi caravatti allongea avec un peu de retard l’ombre d’un sourire sur sa bouche mince et aux expression discrètes. Sa gentillesse, pas tant manifestée qu’éprouvée, avait laissé une trace indélébile dans ses souvenirs, comme celui d’un après-midi passé à se prélasser sur le sable : une sensation de chaleur diffuse et qui réchauffait subtilement jusqu’aux tréfonds de l’âme. A n’en point douter, le garde-chasse laissait un rayonnement dans son sillage, pus ou moins discret selon la sensibilité de chacun.
« Ça glisse bien, conclut-il inutilement en regardant le jeune homme s’acharner. Ça a l’air étroit quand même… Ça va pas bourrer à force de lubrifier ? Avec la pression, ça peut finir par gicler. Ou ne plus passer du tout. Il sembla réfléchir. Il faudrait peut-être fourrer quelque chose dedans ? Vos doigts, par exemple, des deux côtés. Ou quelque chose de plus long. » conclut-il en se grattant le menton, bleui par une barbe éparse, peu convaincue et convaincante. « Pour le coup, c’est moi qui vous aide, Monsieur Murdoch, plaisanta-t-il. Après tout, il vaut mieux toujours être deux pour... recouvrir des parois. »
@murdoch macgregor
Les gens le confondaient : il avait sans cesse l’impression de se tromper. Sur leurs intentions, leur humeur, leur caractère, leurs envies. En regardant le jeune homme à la torsade stylisée, Nathanael se demanda avec un détachement usé comment un comportement et son explication pouvaient tant s’exclure, tant induire en erreur. Ces choses-là étaient capables de rendre fou, car lorsqu’on ne parvenait pas à faire coïncider la réalité avec sa représentation, cela voulait probablement dire qu’on vivait dans le monde de la représentation sans jamais frôler la réalité, là où tout était possible, interprétable, intouchable. On ne pouvait faire confiance à rien. Il avait toujours eu peur de se rendre compte qu’il vivait dans cette dimension parallèle, concomitante, incapable de communiquer avec quiconque par manque de compréhension, de sensibilité ou de sagesse. C’aurait pu être la même sensation que parler une autre langue, mais la vérité était un peu plus tragique que ça : les mots perdaient de leur sens, tout comme les actions, à force de métamorphose ne répondant à aucune rigueur ni constance. Parfois, une poignée de main était une salutation, parfois une provocation si on savait comme la conjuguer avec le regard, un pli sur le front, un frisson sur la tempe. Parfois, un baiser était celui de l’amour, parfois seulement d’une douteuse amitié, si on savait y adjoindre le nombre de minutes, d’heures ou de jours qui étaient mis pour répondre à un sms. Parfois, le mutisme, l’absence de regard, la négligence, voulaient dire autre chose qu’un manque d’intérêt.
Alors Nathanael demeura ainsi debout, vaguement interdit, regardant le jeune homme à tout faire s’épanouir à l’entente de son titre et de son nom, comme un valet se rendant compte qu’il avait parlé au maître, ou comme quelqu’un percevant les hommes comme on percevait des objets : strictement à travers leur fonction, leur utilité propre. Le tabouret à deux pieds venait d’en acquérir deux autres et on pouvait enfin s’asseoir dessus. De l’inconnu au concierge.
Son regard devint indistinct, alors que son esprit demeurait encore un peu en suspension entre deux vérités : la sienne, puis celle des autres. On avait beau lui avoir expliqué plein de fois les nuances, pour lui ; une poignée de main était une salutation, un baiser était, si ce n’était celui de l’amour, au moins celui du désir ; l’absence prolongée et la négligence étaient des aveux d’abandon. Sinon, il ne fallait tout simplement pas serrer la main tendue et bienveillante, embrasser la bouche offerte et désireuse, dessécher une amitié en oubliant de l’arroser. C’était mentir, donner promesse en sachant qu’on allait la décevoir.
C’était ironique pour un être aussi composite de prétendre vivre dans la simplicité de ses élans les plus naturels…
Nathanael avisa le sourire du jeune homme, pencha la tête sur le côté. Lui aussi, il était simple, soit trop honnête et lâche, soit peu au fait de la façon dont sa pensée se traduisait en attitude.
« Voulez-vous éclairer le tuyau pendant que je recouvre les parois intérieures? Je suis bien content d'enfin vous rencontrer, vous savez. Luigi m'a dit que vous aviez vécu parmi les Moldus. »
Sir MacGregor avait pourtant eu l’air tout aussi étonné que lui, mais le rapport avec radicalement changé, néanmoins, et Nathanael ne pouvait s’empêcher de noter que son statut semblait lui avoir donné une sorte de relief, un point d’ancrage. Peut-être que ce jeune homme aimait à communiquer avec les objets davantage qu’avec les gens, ne parvenant à compléter le puzzle qu’après avoir donné forme à la nouvelle pièce. Un collègue de travail s’appréhendait toujours mieux qu’un inconnu. Tout en s’expliquant le quiproquo, Nathanael éclaira le tuyau présenté, aussi songeur que silencieux, concentré sur sa besogne somme toute statique, car à part la requête, il n’avait entendu aucune question.
« A moins qu’une rééducation complète ne s’opère, je suis moi-même encore un Moldu. Pour toujours je le crains. Quoi qu’au fond, je ne comprenne ni les Sorciers, ni les Moldus, finit-il par commenter en suivant soigneusement les geste de l’homme-à-tout-faire pour adapter son éclairage. J’espère que ça ne vous dérange pas d’avoir un Moldu en guise de collègue. Ou un sang-de-bourbe, comme vous dites. » demanda-t-il d’un ton absent, absorbé qu’il fut par la simplicité de sa tâche.
Ce n’était pas tant une question qu’un véritable espoir, car si sa présence incommodait, tant dans la pièce que dans le corps universitaire tout court, il n’allait rien pouvoir y faire. Cet espoir était d’ailleurs à ce titre emprunt d’une forme d’approbation sourde. Il concevait le spécisme, le racisme, et toutes les formes de discrimination existantes, que ce fut une préférence personnelle pour des cheveux bruns plutôt que blonds. Il entendait pourquoi parfois des gens pouvaient se sentir supérieur à d’autres, pourquoi les Sorciers pouvaient se sentir supérieurs aux Moldus et n’en tirait aucune offense. Il y avait effectivement de quoi argumenter. Tout comme il y avait de quoi argumenter concernant son manque de sociabilité inné vis-à-vis d’autres individus extravertis, ou en tout cas plus à mêmes de nouer une relation saine. Alors, il envisageait cette supériorité sorcière avec un stoïcisme à toute épreuve.
Le souvenir de @luigi caravatti allongea avec un peu de retard l’ombre d’un sourire sur sa bouche mince et aux expression discrètes. Sa gentillesse, pas tant manifestée qu’éprouvée, avait laissé une trace indélébile dans ses souvenirs, comme celui d’un après-midi passé à se prélasser sur le sable : une sensation de chaleur diffuse et qui réchauffait subtilement jusqu’aux tréfonds de l’âme. A n’en point douter, le garde-chasse laissait un rayonnement dans son sillage, pus ou moins discret selon la sensibilité de chacun.
« Ça glisse bien, conclut-il inutilement en regardant le jeune homme s’acharner. Ça a l’air étroit quand même… Ça va pas bourrer à force de lubrifier ? Avec la pression, ça peut finir par gicler. Ou ne plus passer du tout. Il sembla réfléchir. Il faudrait peut-être fourrer quelque chose dedans ? Vos doigts, par exemple, des deux côtés. Ou quelque chose de plus long. » conclut-il en se grattant le menton, bleui par une barbe éparse, peu convaincue et convaincante. « Pour le coup, c’est moi qui vous aide, Monsieur Murdoch, plaisanta-t-il. Après tout, il vaut mieux toujours être deux pour... recouvrir des parois. »
@murdoch macgregor
- Billie ShakespeareOldieㄨ experimented wizard
- » parchemins postés : 285
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» crédits : Me
» multinick : Inès Saouli, Ambrosius Redgrave
» âge : 25 ans (26 avril 1998)
» situation : En couple ouvert
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» profession : Commis à la bibliothèque de l'université - chroniqueuse littéraire à Radio Phoenix
» nature du sang : Sang mêlé
» gallions sous la cape : 1195
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Sam 14 Nov 2020 - 2:38
La tête penchée sur son ouvrage, le jeune Murdoch concentra toute son attention sur les gestes qu'il devait poser. Alors qu'en classe ou en société, il avait l'esprit qui s'évadait dans toutes les directions à la fois, il avait à cet instant précis, au niveau du plancher de la cuisine de l'université de sorcellerie mondialement reconnue Hungcalf, l'esprit assez affûté pour passer dans le chas d'une aiguille. Il percevait le froid du carrelage contre la paume de sa main droite, mais n'y accordait aucune pensée. Il entendait les bruits produits par l'elfe de maison préparant son plan de travail, mais ne cherchait pas à savoir ce qu'il déplaçait précisément. Il sentait le regard de son collègue de travail, mais n'en courbait pas pour autant les épaules.
Il y avait la bouteille d'enduit hydrophobe, lui, le tuyau et la lumière qui lui permettait de voir l'ensemble de la scène. Il se mit aussitôt au travail. La substance coulait, épaisse et collante, au fur et à mesure que Murdoch pressait la récipient pour l'en faire sortir et l'envoyait en profondeur, par à-coups secs de sa baguette. Le liquide poisseux tapisserait bientôt tout l'intérieur du tuyau, le protégeant efficacement pour de longues années à venir contre toute fuite ou intrusion magique. Plus le bleu liquide gagnait du terrain dans l'étroit passage, sous les doigts agiles de Murdoch, plus le garçon sentait montait en lui le relâchement qui accompagnait tout travail bien accompli.
« Hmmmhmm... » lâcha Murdoch, les lèvres pressées l'une contre l'autre et un pli au front. Répondait-il aux propositions du concierge? Difficile à dire puisqu'aucun mot ne suivit. Néanmoins, l'Écossais parut suivre les conseils, envoyant sa main plus profond à l'intérieur, d'abord en poing fermé, puis les doigts déployés pour chatouiller toute la paroi interne. Enfin, après quatre longues minutes, il parut pleinement satisfait, se retira, et, épargnant cette fois sa chevelure, s'essuya longuement sur le devant de son jeans.
« Et voilà. C'est fini. Merci de votre aide! J'vais refermer et nettoyer tout ça. » Il se releva en ramassant sa bouteille vidée puis s'essuya encore davantage, la substance restant obstinément collée sur ses mains. Murdoch prit une longue inspiration, qu'il mit un temps à relâcher, comme cherchant ses mots.
« Vous devriez pas dire ça, sur vous. Le mot en S, c'est pas... c'est pas un bon mot. C'est les gens... les gens qui croient que la magie devrait être réservée aux meilleurs sorciers et aux meilleures familles, qui disent ce mot-là. Vous, vous êtes un Moldu, et les Moldus, ils sont de sacrés inventeurs! »
Murdoch avait reçu bien des insultes dans sa vie, mais jamais celle d'être traité de sang-de-bourbe. Cracmol, oui, quelquefois, mais sang-de-bourbe, de son point de vue, était un mot encore plus méchant. Il ignorait où M. Cohen avait pu l'entendre, si quelqu'un s'était moqué de lui en le lui apprenant, mais il espérait ne plus l'entendre le prononcer. Murdoch finit par abdiquer et attraper une serviette pour s'essuyer les mains comme il fallait. Le bout de ses ongles demeura tout de même bleu.
« On va s'revoir plus tard alors, M. Cohen? Je peux vous aider à votre tour, peut-être avec les nouvelles étagères à monter à la bibliothèque? »
Il y avait la bouteille d'enduit hydrophobe, lui, le tuyau et la lumière qui lui permettait de voir l'ensemble de la scène. Il se mit aussitôt au travail. La substance coulait, épaisse et collante, au fur et à mesure que Murdoch pressait la récipient pour l'en faire sortir et l'envoyait en profondeur, par à-coups secs de sa baguette. Le liquide poisseux tapisserait bientôt tout l'intérieur du tuyau, le protégeant efficacement pour de longues années à venir contre toute fuite ou intrusion magique. Plus le bleu liquide gagnait du terrain dans l'étroit passage, sous les doigts agiles de Murdoch, plus le garçon sentait montait en lui le relâchement qui accompagnait tout travail bien accompli.
« Hmmmhmm... » lâcha Murdoch, les lèvres pressées l'une contre l'autre et un pli au front. Répondait-il aux propositions du concierge? Difficile à dire puisqu'aucun mot ne suivit. Néanmoins, l'Écossais parut suivre les conseils, envoyant sa main plus profond à l'intérieur, d'abord en poing fermé, puis les doigts déployés pour chatouiller toute la paroi interne. Enfin, après quatre longues minutes, il parut pleinement satisfait, se retira, et, épargnant cette fois sa chevelure, s'essuya longuement sur le devant de son jeans.
« Et voilà. C'est fini. Merci de votre aide! J'vais refermer et nettoyer tout ça. » Il se releva en ramassant sa bouteille vidée puis s'essuya encore davantage, la substance restant obstinément collée sur ses mains. Murdoch prit une longue inspiration, qu'il mit un temps à relâcher, comme cherchant ses mots.
« Vous devriez pas dire ça, sur vous. Le mot en S, c'est pas... c'est pas un bon mot. C'est les gens... les gens qui croient que la magie devrait être réservée aux meilleurs sorciers et aux meilleures familles, qui disent ce mot-là. Vous, vous êtes un Moldu, et les Moldus, ils sont de sacrés inventeurs! »
Murdoch avait reçu bien des insultes dans sa vie, mais jamais celle d'être traité de sang-de-bourbe. Cracmol, oui, quelquefois, mais sang-de-bourbe, de son point de vue, était un mot encore plus méchant. Il ignorait où M. Cohen avait pu l'entendre, si quelqu'un s'était moqué de lui en le lui apprenant, mais il espérait ne plus l'entendre le prononcer. Murdoch finit par abdiquer et attraper une serviette pour s'essuyer les mains comme il fallait. Le bout de ses ongles demeura tout de même bleu.
« On va s'revoir plus tard alors, M. Cohen? Je peux vous aider à votre tour, peut-être avec les nouvelles étagères à monter à la bibliothèque? »
- InvitéInvité
Re: Lâcher du gaz en toute discrétion (ft. Nathanael Cohen) TERMINÉ
Mar 17 Nov 2020 - 15:49
La timidité, ou quelle que fut l’effigie de son attitude passablement désordonnée, fut progressivement chassée par un esprit concentré que seule l’assiduité pouvait faire naitre. Un scrupule tout dévoué à son art et qui révélait l’assurance : celle de Monsieur MacGregor allait tout droit aux objets, aux choses. En doctorat, Nathanael avait rencontré ces gens que l’intellect avait réduit à force d’abstraction à des occupations purement manuelles et demandant aussi peu de projection spéculative que possible. A force de vivre dans la théorie, ces thésards étaient revenus à un travail simple, ne requérant aucune pensée dimensionnelle, mais surtout, récompensant gracieusement une fois le travail terminé, là où les articles scientifiques se perdaient dans la postérité en ne se couronnant que très rarement de lauriers.
L’homme à tout faire avait cette attitude appliquée qui chérissait le tangible davantage que les hypothèses. Il devait être de ceux qui étaient capable de s’imaginer un escalier en bois, des côtes à la largeur des écrous, du sens des rainures jusqu’au positionnement des nœuds du bois, et ce sans le moindre mal. Tranquillement, il épousait le palpable.
Nathanael regardait la cime de ses cheveux gras, le relief de son visage, sans gage pour la besogne, observant la façon dont le jeune homme s’absorbait dans son travail. Quelque chose lui disait qu’ils auraient pu passer une journée à ne pas parler, si tant était que leurs mains furent occupées.
« Et voilà. C'est fini. Merci de votre aide ! J'vais refermer et nettoyer tout ça. »
Le concierge replia ses bras vers soi, comme s’il c’était agi de deux moignons radioactifs : elles étaient enduites de graisse. Ca ne le dérangeait pas tant que le travail était à faire, mais maintenant qu’on l’avait congédié, il éprouva soudain la pellicule adipeuse comme une source d’angoisse. Sa tête tourna, mais il n’y avait qu’un lavabo de cuisine et un savon safrané, qui devait sentir une obscure odeur d’orange ou de patchouli. Un savon avec microbilles aurait été le bienvenu, mais à défaut de ça, consciencieusement, le concierge se lava les mains comme un chirurgien se préparant à pratiquer une opération à cœur ouvert. Puis il frotta le lavabo du siphon jusqu’aux rebords, passant l’éponge sur le bec et le levier, le mitigeur et l’applique du robinet. Il rinça, puis essuya au torchon, religieusement, sans prêter attention au temps.
« Vous devriez pas dire ça, sur vous. Le mot en S, c'est pas... c'est pas un bon mot. C'est les gens... les gens qui croient que la magie devrait être réservée aux meilleurs sorciers et aux meilleures familles, qui disent ce mot-là. Vous, vous êtes un Moldu, et les Moldus, ils sont de sacrés inventeurs! »
Le Moldu se retourna lentement, surpris par le sujet qui avait retenu l’intérêt du jeune homme. Son incapacité à prononcer ce mot sous-entendait une pudeur : le scrupule à embrasser un sens. Souvent, ceux qui avaient souffert d’un sujet étaient ceux qui rechignaient le plus à l’évoquer, craignant peut-être de le rendre réel dans leur ramification de l’existence, de lui prêter un peu trop de force. Nathanael se retourna et acheva de nettoyer l’évier, tâchant de réfléchir. Ce qui était innommable était beaucoup plus terrifiant que le nommable, pourtant, car il y avait une terrible imagination pour combler ce vide de monstres. Lorsqu’on se refusait à prononcer un mot, on s’avouait en être suffisamment effrayé pour ne pas être capable d’y apposer son attention. Et dès lors que c’était suffisamment terrifiant pour nous empêcher d’y faire face, on perdait.
Dieu avait créé le monde par la parole, ce qui en disait long sur la puissance du logos, capable de modeler la réalité. Pour ça, ou parce qu’il avait été un homme méticuleux, le père de Nathanael avait toujours mis un point d’honneur à être précis. Peut-être à cause de l’héritage de sa religion et de son peuple, son père avait trouvé important de parler de ce qui faisait peur, de ce qui était désagréable, parce que ne pas en parler s’était déjà avéré être bien plus affreux. L’indicible était le Diable, c’était ce qu’on ne pouvait pas extraire du chaos, l’amener à la conscience.
Parce qu’il était juif, il aurait été hypocrite de ne pas comprendre ses familles au sang-pur, alors que Nathanael était lui-même le produit d’une consciencieuse pureté. Cela aurait été tout autant hypocrite de ne pas reconnaitre être inférieur en quelque chose… mais à vrai dire, cette force magique avait brouillé les cartes tant de son appartenance au judaïsme qu’au monde magique lui-même. Ni vraiment sorcier, ni vraiment juif. Vu l’hérédité de la magie dans les familles sorcières, il y avait de quoi se demander si la magie chez les moldus n’était pas une exception, une mutation spontanée, comme la création d’une nouvelle branche. Nathanael sourit néanmoins du bout des lèvres, alors que le jeune homme essayait de rattraper l’insulte par une contrepartie. Les Moldus avaient beau être d’ingénieux inventeurs, ils n’en restaient pas moins des Moldus.
« Je préfère dis ça de moi pour que les autres n’aient pas à le penser ou à le dire à ma place. Je ne suis pas encore suffisamment confiant pour me considérer être, en termes de magie, comme autre chose. »
Expliqua-t-il avant de se retourner et de regarder sa montre. Ce qui était curieux, c’était que tout compte fait, à force de prendre les mots avec des pincettes, Murdoch MacGregor n’avait pas vraiment répondu à son espoir concernant les collègues Moldus. Enfin, Monsieur MacGregor n’était pas un voleur et la tâche paraissait accomplie. Il baissa son bras, pencha la tête et regarda les pieds du jeune homme avant de s’accorder un congé avant la fin de la nuit :
« On se reverra possiblement même très souvent. Je me débrouillerai pour les étagères, dit-il, surtout parce qu’il voulait pouvoir profiter de la bibliothèque par la même occasion. Mais j’aurais plutôt besoin de votre aide pour dégonder les portes à repeindre. Puis, ses paumes tapotèrent deux fois ses cuisses, comme une façon d’annoncer la fin. Je vais vous laisser, il me reste encore un dernier cycle. » Dit-il, mais ne bougea pas, cherchant longuement ce qu’il fallait dire, ses yeux sans clins fixant le sol.
Bonne nuit ? Bonne journée ? Trop tard pour l’un, encore trop tôt pour l’autre… parce qu’il allait se coucher pour deux dernières heures, il se décida finalement :
« Bonne nuit, Monsieur MacGregor. On se revoit bientôt. »
Et il s’en alla comme il était venu, sans faire de bruits.
@Murdoch MacGregor Ce fut un plaisir
L’homme à tout faire avait cette attitude appliquée qui chérissait le tangible davantage que les hypothèses. Il devait être de ceux qui étaient capable de s’imaginer un escalier en bois, des côtes à la largeur des écrous, du sens des rainures jusqu’au positionnement des nœuds du bois, et ce sans le moindre mal. Tranquillement, il épousait le palpable.
Nathanael regardait la cime de ses cheveux gras, le relief de son visage, sans gage pour la besogne, observant la façon dont le jeune homme s’absorbait dans son travail. Quelque chose lui disait qu’ils auraient pu passer une journée à ne pas parler, si tant était que leurs mains furent occupées.
« Et voilà. C'est fini. Merci de votre aide ! J'vais refermer et nettoyer tout ça. »
Le concierge replia ses bras vers soi, comme s’il c’était agi de deux moignons radioactifs : elles étaient enduites de graisse. Ca ne le dérangeait pas tant que le travail était à faire, mais maintenant qu’on l’avait congédié, il éprouva soudain la pellicule adipeuse comme une source d’angoisse. Sa tête tourna, mais il n’y avait qu’un lavabo de cuisine et un savon safrané, qui devait sentir une obscure odeur d’orange ou de patchouli. Un savon avec microbilles aurait été le bienvenu, mais à défaut de ça, consciencieusement, le concierge se lava les mains comme un chirurgien se préparant à pratiquer une opération à cœur ouvert. Puis il frotta le lavabo du siphon jusqu’aux rebords, passant l’éponge sur le bec et le levier, le mitigeur et l’applique du robinet. Il rinça, puis essuya au torchon, religieusement, sans prêter attention au temps.
« Vous devriez pas dire ça, sur vous. Le mot en S, c'est pas... c'est pas un bon mot. C'est les gens... les gens qui croient que la magie devrait être réservée aux meilleurs sorciers et aux meilleures familles, qui disent ce mot-là. Vous, vous êtes un Moldu, et les Moldus, ils sont de sacrés inventeurs! »
Le Moldu se retourna lentement, surpris par le sujet qui avait retenu l’intérêt du jeune homme. Son incapacité à prononcer ce mot sous-entendait une pudeur : le scrupule à embrasser un sens. Souvent, ceux qui avaient souffert d’un sujet étaient ceux qui rechignaient le plus à l’évoquer, craignant peut-être de le rendre réel dans leur ramification de l’existence, de lui prêter un peu trop de force. Nathanael se retourna et acheva de nettoyer l’évier, tâchant de réfléchir. Ce qui était innommable était beaucoup plus terrifiant que le nommable, pourtant, car il y avait une terrible imagination pour combler ce vide de monstres. Lorsqu’on se refusait à prononcer un mot, on s’avouait en être suffisamment effrayé pour ne pas être capable d’y apposer son attention. Et dès lors que c’était suffisamment terrifiant pour nous empêcher d’y faire face, on perdait.
Dieu avait créé le monde par la parole, ce qui en disait long sur la puissance du logos, capable de modeler la réalité. Pour ça, ou parce qu’il avait été un homme méticuleux, le père de Nathanael avait toujours mis un point d’honneur à être précis. Peut-être à cause de l’héritage de sa religion et de son peuple, son père avait trouvé important de parler de ce qui faisait peur, de ce qui était désagréable, parce que ne pas en parler s’était déjà avéré être bien plus affreux. L’indicible était le Diable, c’était ce qu’on ne pouvait pas extraire du chaos, l’amener à la conscience.
Parce qu’il était juif, il aurait été hypocrite de ne pas comprendre ses familles au sang-pur, alors que Nathanael était lui-même le produit d’une consciencieuse pureté. Cela aurait été tout autant hypocrite de ne pas reconnaitre être inférieur en quelque chose… mais à vrai dire, cette force magique avait brouillé les cartes tant de son appartenance au judaïsme qu’au monde magique lui-même. Ni vraiment sorcier, ni vraiment juif. Vu l’hérédité de la magie dans les familles sorcières, il y avait de quoi se demander si la magie chez les moldus n’était pas une exception, une mutation spontanée, comme la création d’une nouvelle branche. Nathanael sourit néanmoins du bout des lèvres, alors que le jeune homme essayait de rattraper l’insulte par une contrepartie. Les Moldus avaient beau être d’ingénieux inventeurs, ils n’en restaient pas moins des Moldus.
« Je préfère dis ça de moi pour que les autres n’aient pas à le penser ou à le dire à ma place. Je ne suis pas encore suffisamment confiant pour me considérer être, en termes de magie, comme autre chose. »
Expliqua-t-il avant de se retourner et de regarder sa montre. Ce qui était curieux, c’était que tout compte fait, à force de prendre les mots avec des pincettes, Murdoch MacGregor n’avait pas vraiment répondu à son espoir concernant les collègues Moldus. Enfin, Monsieur MacGregor n’était pas un voleur et la tâche paraissait accomplie. Il baissa son bras, pencha la tête et regarda les pieds du jeune homme avant de s’accorder un congé avant la fin de la nuit :
« On se reverra possiblement même très souvent. Je me débrouillerai pour les étagères, dit-il, surtout parce qu’il voulait pouvoir profiter de la bibliothèque par la même occasion. Mais j’aurais plutôt besoin de votre aide pour dégonder les portes à repeindre. Puis, ses paumes tapotèrent deux fois ses cuisses, comme une façon d’annoncer la fin. Je vais vous laisser, il me reste encore un dernier cycle. » Dit-il, mais ne bougea pas, cherchant longuement ce qu’il fallait dire, ses yeux sans clins fixant le sol.
Bonne nuit ? Bonne journée ? Trop tard pour l’un, encore trop tôt pour l’autre… parce qu’il allait se coucher pour deux dernières heures, il se décida finalement :
« Bonne nuit, Monsieur MacGregor. On se revoit bientôt. »
Et il s’en alla comme il était venu, sans faire de bruits.
- FIN -
@Murdoch MacGregor Ce fut un plaisir
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