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between the stars (nathanael, terminé)
Ven 31 Juil 2020 - 16:21
May, 20th, 2020.
Bibliothèque principale de l'université, 21h43.
Le silence règne en maître dans la grande salle d'études, les bougies entre chaque fenêtre luisant délicatement, en écho à celles sur les tables. Voutée au-dessus d'une immense carte du ciel, Pina, à moitié debout sur sa chaise, un crayon tenant ses cheveux en un chignon négligé, essayait d'avancer son devoir d'Astronomie stellaire. Ainsi, comme chaque soir depuis une semaine, l'étudiante s'installait à la même table, de la même façon, entourée des grimoires, d'un thé (froid, oublié), le furet blanc en boule sur son sac, et l'immense carte qu'elle essayait de mettre au propre. Ses notes survolaient ses parchemins dans tous les sens, tracés au cours des longues heures d'observations dans la tour voisine.
D'un geste précis, le compas tournait pour se positionner le plus justement possible à l'endroit de l'étoile qui complétait la constellation du Lion. Consciente qu'elle n'avait plus énormément de temps avant que son sujet d'étude ne soit caché par le soleil, Pina redoublait d'efforts ces derniers temps. D'un tracé fin, elle nota le nom de l'étoile, Zozma, juste à côté, satisfaite de l'avancement de son travail. Se reculant, assise sur ses genoux, elle resta encore une bonne demi-heure et vérifier ses notes et ses tracés, l'étude du mouvement de cette constellation. Quand elle se surprit à se décocher la mâchoire pour la huitième fois d'affilée, l'Islandaise décida qu'il était temps de s'arrêter là pour cette soirée.
Avec timidité, elle s'approcha du comptoir du libraire pour noter son absence, qui, en y pensant, n'avait rien d'étonnant vu l'heure. Elle laissa alors une note en signifiant qu'elle laissait ses affaires, revenant demain à la première heure pour travailler. Ce comportement étant loin d'une surprise pour une élève qui passait le plus clair de son temps libre dans cette immense pièce, même les autres élèves avaient pris l'habitude de ne simplement pas s'asseoir à cette table. Et si la fatigue lui faisait laisser ses affaires pour le lendemain, la curiosité était néanmoins le précurseur de ce comportement inhabituel pour la lufkin, toujours si organisée. Jetant un dernier regard vers ses affaires, sifflant doucement Haeja pour qu'il rejoigne son épaule, elle plissa une dernière fois les yeux, regardant les immenses étagères de la bibliothèque pour y déceler, peut-être, un visage...
Mai 21, 2020.
Bibliothèque principale de l'université, 08h24.
Debout devant la table, son thé (chaud) en main, depuis bien cinq minutes, Pina fixait la carte sur la table sans bouger, les yeux légèrement plissés. Si Zozma n'avait pas bougé de place, signifiant par là qu'elle avait bien fait son travail, le cœur du lion par contre, s'était décalé de quelques millimètres vers la gauche avec une subtile annotation, ses calculs ayant été corrigés. Pour autant Pina n'était plus étonnée, juste monstrueusement curieuse de savoir quel fantôme était capable d'une telle justesse. Tournant sur elle-même pour essayer, une nouvelle fois, de découvrir un visage qu'elle aurait pu rater jusqu'à maintenant, elle ne découvrit cependant rien que le libraire, occupé à ranger une pile aussi grande que lui de grimoires. Elle s'approcha de lui avec un petit sourire. « Bonjour ! Dites, par hasard... Y avait-il déjà quelqu'un quand vous êtes arrivé tout à l'heure ? Quelqu'un à corrigé mon devoir, et... » Rougissant au fur et à mesure de son explication, elle finit par se taire en se cachant derrière sa tasse, malgré les gentils mots du vieux sorcier « Miss Jakobsen, la première personne qui arrive avant moi, dans cette bibliothèque, c'est vous. », la lufkin ne put s'empêcher de retourner rapidement à sa place après un sourire désolé.
(13h56) Les heures défilaient rapidement alors qu'elle s'était plongée dans un vieux grimoire, dont certains passages en grec avaient été gentiment traduits par Aphrodite Iraklidis, sa colocataire. Décidée à finalement aller chercher quelque chose à manger, Pina s’éclipsa quelques instants. Un sandwich dans les mains, elle se figea au bout de l'allée qu'elle venait de traverser pour rejoindre sa place quand elle découvrit une sombre chevelure penchée sur sa carte et ses notes. Les battements de son cœur s’accélèrent un peu alors qu'elle parcourait la distance qui la séparait de cet inconnu. Penchant légèrement la tête sur le côté, elle sourit néanmoins, timide mais sociale ((she's a butterfly)), alors qu'elle demandait « Alors c'est toi le fantôme qui corrige mon devoir? », ajoutant doucement « Merci. »
Désireuse de le mettre à l'aise, elle tendit une main « Moi c'est Pina, » en lui souriant plus franchement. « Je suis désolée, si j'avais su, je t'aurais pris quelque chose à la cafétéria. » dit-elle avec une pointe de malice dans la voix.
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Re: between the stars (nathanael, terminé)
Mar 4 Aoû 2020 - 9:00
20 Mai, 01h27
Les jambes en l’air, appuyées contre le mur, le dos alangui à même le parquet en bois massif de la salle d’étude de la bibliothèque, bercée par les rayons de la lune, Nathanael fixait la carte qu’il avait installé à la verticale sur le mur d’en face. Dans cette posture pour le moins incongrue, le jeune concierge avait reproduit au plus proche son angle favori d’observation des étoiles à l’œil nu – pour les soirées où il n’avait pas l’œil vissé dans son télescope ou son appareil photo - allongé à même le sol. Perplexe, il ferma son œil droit, puis son œil gauche et joua un instant avec le principe basique de la parallaxe, à l’origine des premiers calculs de distance entre la terre et les étoiles. Un sourire balaya enfin son visage, étirant les lèvres jusqu’alors résolument pincées. Il venait de trouver ce qui clochait.
« Régulus, ma vieille, tu n’es pas à ta place » murmura-t-il de sa voix grave, comme s’il sermonnait l’astre de son erreur, clignant de nouveau ses yeux l’un après l’autre tout en observant l’angle formé avec son doigt, calculant mentalement plusieurs espacements et les comparant avec ceux effectués un peu plus tôt en un autre point d’observation.
Cela ne se jouait pas à grand-chose : quelques centimètres tout au plus. Quelques années lumières, donc. Beaucoup trop. Une respiration après, il basculait énergétiquement ses jambes sur le côté et, d’un mouvement agile, se remettait debout. Trois minutes plus tard, il avait achevé de gommer de façon méthodique l’emplacement d’alpha Léonis pour les puristes, Régulus pour les modernes ou encore, Cœur de Lion, pour les romantiques amoureux des étoiles. Il n’avait jamais apprécié cette manie de nommer les astres différemment – source d’erreur à son humble avis – et avait sacrifié de trop nombreuses soirées à en apprendre les noms secondaires, tertiaires et parfois plus si affinité. Comme tout ce qui relevait d’emmagasiner des connaissances sans qu’aucune logique ne les imbrique les unes aux autres, Nathanael devait faire preuve de beaucoup plus de patience et d’un effort quasiment surhumain pour son esprit cartésien. Il avait toujours préféré comprendre les méthodes en lieu et place de réciter des acquis. D’un mouvement ample du poignet, il apposa un ultime coup de gomme avant de s’approcher de la feuille et de souffler franchement dessus afin de se débarrasser des débris. D’un coup d’œil aiguisé, il s’assura d’avoir correctement effacé l’erreur et de ne pas avoir sali la carte. S’il y avait quelque chose qu’il avait en horreur, c’était bien d’abîmer le travail d’autrui. Ses doigts farfouillèrent dans les différents crayons abandonnés sur le bureau, en quête de celui à la mine assez grasse pour être à l’origine du croquis. Après quelques essais sur son propre carnet de note, il en choisit un avant d’en aiguiser légèrement la mine et de sa main gauche, il entreprit de rendre à Régulus sa place légitime. Puis, attrapant une feuille vierge, il dessina consciencieusement les lignes de visées relatives aux observations de Régulus à six mois d’intervalles, soit une demi-rotation de la Terre autour du soleil. Il détailla soigneusement le calcul trigonométrique, n’omettant aucune des étapes, même les plus simples. Il convertit la distance pour qu’elle corresponde à l’échelle choisie pour retranscrire la carte et, enfin, encadra le résultat déterminant les coordonnées de l’étoile. N’aimant pas corriger sans expliquer, Nathanael s’accorda de nombreuses minutes pour s’assurer que sa démonstration fut assez claire. Une fois satisfait, à pas de loup, il sorti enfin de la bibliothèque et en verrouilla soigneusement la porte avant de regagner sa chambre de sa démarche toujours aussi prudente.
21 Mai, 13h56
« Alors c'est toi le fantôme qui corrige mon devoir ? » le tira de son observation une voix dont la douceur ne l’empêcha pas de sursauter.
Il leva précautionneusement les yeux sur la silhouette féminine qui s’était approchée de lui et observa ses longs cils rabattus sur ses joues blanches, les pommettes hautes, la chevelure noir corbeau, la bouche rosée. L’arc généreux de ses lèvres s’était relevé en un sourire que Nathanael ne lui rendit cependant pas, désarçonné de se retrouver ainsi surpris dans ce qui n’avait jusqu’alors nécessité aucune rencontre. Pudique d’être ainsi confronté après plusieurs jours sans incidents, le concierge en resta complètement interdit, encore penché vers le bureau, ses mains posées de part et d’autre de la carte céleste. La brise qui s’engouffra par la fenêtre entrouverte agita paresseusement ses boucles désordonnées, lui susurrant de prime abord qu’il lui fallait s’excuser pour sa tentative intrusive de correction. Mais il fut de nouveau pris de court :
« Merci, » fit-elle.
Les sourcils fournis du jeune homme se soulevèrent, formant un accent circonflexe improvisé sur son front. Et parce que les yeux qui l’observaient, d’un bleu arctique parsemé de paillettes dorées échouées tout autour de l’iris, le troublèrent, il choisit de fuir son regard pour se perdre aux abords du contour rondelet de son épaule.
« Moi c'est Pina. » se présenta-t-elle en lui offrant sa paume. Il avisa le poignet, si fin que l’on aurait pu s’y méprendre avec celui d’un enfant, les petits doigts, surmontés de tout aussi petits ongles, et resta bêtement figé sur son observation sans répondre à l’invitation.
« Je suis désolée, si j'avais su, je t'aurais pris quelque chose à la cafétéria, dit-elle, rajoutant à l’embarras de Nathanael une strate supplémentaire.
- Et comment aurais-tu pu savoir que je me trouverai là ? » demanda-t-il le plus sérieusement du monde, complètement hermétique au second degré de la jeune femme.
Il finit par se redresser, ses mains cherchant refuge contre les pans de sa chemise en coton, mais les yeux toujours rivés ailleurs que dans le regard polaire, avec lequel il se sentait de moins en moins à l’aise. Au lieu de cela, son attention caressa les grimoires et son regard fut capturé par un rayon de soleil sous lequel scintilla l’une des dorures. Avant qu’il ne puisse retenir ses mots, la critique, enrobée de franchise, dépassa la réserve de la politesse :
« Pourquoi dessines-tu une carte des étoiles lorsque le soleil les gomme toutes du ciel ? » Questionna-t-il sans détour.
Ses doigts jouèrent quelques instants avec l’un des boutons de sa chemise et Nathanael fut possédé une infime seconde par un sentiment de malaise, comme à chaque fois que son audace prenait le dessus. Mais, quelques bouffées d’air timide plus tard, il reprit sans filtre :
« C’est comme vouloir faire du feu sous la pluie en ignorant le bon sens et c’est… stupide, asséna-t-il en rougissant tout aussi subitement qu’il regrettait ses mots. Nathanael, lâcha-t-il alors, dans un parfait décalage avec ses propos précédent. Moi, c’est Nathanael. Je suis le concierge, je n’ai pas faim. Et tu t’es trompée concernant Dénebola. »
@pina jakobsenIl a pas faim, mais il est rochon quand même
Les jambes en l’air, appuyées contre le mur, le dos alangui à même le parquet en bois massif de la salle d’étude de la bibliothèque, bercée par les rayons de la lune, Nathanael fixait la carte qu’il avait installé à la verticale sur le mur d’en face. Dans cette posture pour le moins incongrue, le jeune concierge avait reproduit au plus proche son angle favori d’observation des étoiles à l’œil nu – pour les soirées où il n’avait pas l’œil vissé dans son télescope ou son appareil photo - allongé à même le sol. Perplexe, il ferma son œil droit, puis son œil gauche et joua un instant avec le principe basique de la parallaxe, à l’origine des premiers calculs de distance entre la terre et les étoiles. Un sourire balaya enfin son visage, étirant les lèvres jusqu’alors résolument pincées. Il venait de trouver ce qui clochait.
« Régulus, ma vieille, tu n’es pas à ta place » murmura-t-il de sa voix grave, comme s’il sermonnait l’astre de son erreur, clignant de nouveau ses yeux l’un après l’autre tout en observant l’angle formé avec son doigt, calculant mentalement plusieurs espacements et les comparant avec ceux effectués un peu plus tôt en un autre point d’observation.
Cela ne se jouait pas à grand-chose : quelques centimètres tout au plus. Quelques années lumières, donc. Beaucoup trop. Une respiration après, il basculait énergétiquement ses jambes sur le côté et, d’un mouvement agile, se remettait debout. Trois minutes plus tard, il avait achevé de gommer de façon méthodique l’emplacement d’alpha Léonis pour les puristes, Régulus pour les modernes ou encore, Cœur de Lion, pour les romantiques amoureux des étoiles. Il n’avait jamais apprécié cette manie de nommer les astres différemment – source d’erreur à son humble avis – et avait sacrifié de trop nombreuses soirées à en apprendre les noms secondaires, tertiaires et parfois plus si affinité. Comme tout ce qui relevait d’emmagasiner des connaissances sans qu’aucune logique ne les imbrique les unes aux autres, Nathanael devait faire preuve de beaucoup plus de patience et d’un effort quasiment surhumain pour son esprit cartésien. Il avait toujours préféré comprendre les méthodes en lieu et place de réciter des acquis. D’un mouvement ample du poignet, il apposa un ultime coup de gomme avant de s’approcher de la feuille et de souffler franchement dessus afin de se débarrasser des débris. D’un coup d’œil aiguisé, il s’assura d’avoir correctement effacé l’erreur et de ne pas avoir sali la carte. S’il y avait quelque chose qu’il avait en horreur, c’était bien d’abîmer le travail d’autrui. Ses doigts farfouillèrent dans les différents crayons abandonnés sur le bureau, en quête de celui à la mine assez grasse pour être à l’origine du croquis. Après quelques essais sur son propre carnet de note, il en choisit un avant d’en aiguiser légèrement la mine et de sa main gauche, il entreprit de rendre à Régulus sa place légitime. Puis, attrapant une feuille vierge, il dessina consciencieusement les lignes de visées relatives aux observations de Régulus à six mois d’intervalles, soit une demi-rotation de la Terre autour du soleil. Il détailla soigneusement le calcul trigonométrique, n’omettant aucune des étapes, même les plus simples. Il convertit la distance pour qu’elle corresponde à l’échelle choisie pour retranscrire la carte et, enfin, encadra le résultat déterminant les coordonnées de l’étoile. N’aimant pas corriger sans expliquer, Nathanael s’accorda de nombreuses minutes pour s’assurer que sa démonstration fut assez claire. Une fois satisfait, à pas de loup, il sorti enfin de la bibliothèque et en verrouilla soigneusement la porte avant de regagner sa chambre de sa démarche toujours aussi prudente.
21 Mai, 13h56
« Alors c'est toi le fantôme qui corrige mon devoir ? » le tira de son observation une voix dont la douceur ne l’empêcha pas de sursauter.
Il leva précautionneusement les yeux sur la silhouette féminine qui s’était approchée de lui et observa ses longs cils rabattus sur ses joues blanches, les pommettes hautes, la chevelure noir corbeau, la bouche rosée. L’arc généreux de ses lèvres s’était relevé en un sourire que Nathanael ne lui rendit cependant pas, désarçonné de se retrouver ainsi surpris dans ce qui n’avait jusqu’alors nécessité aucune rencontre. Pudique d’être ainsi confronté après plusieurs jours sans incidents, le concierge en resta complètement interdit, encore penché vers le bureau, ses mains posées de part et d’autre de la carte céleste. La brise qui s’engouffra par la fenêtre entrouverte agita paresseusement ses boucles désordonnées, lui susurrant de prime abord qu’il lui fallait s’excuser pour sa tentative intrusive de correction. Mais il fut de nouveau pris de court :
« Merci, » fit-elle.
Les sourcils fournis du jeune homme se soulevèrent, formant un accent circonflexe improvisé sur son front. Et parce que les yeux qui l’observaient, d’un bleu arctique parsemé de paillettes dorées échouées tout autour de l’iris, le troublèrent, il choisit de fuir son regard pour se perdre aux abords du contour rondelet de son épaule.
« Moi c'est Pina. » se présenta-t-elle en lui offrant sa paume. Il avisa le poignet, si fin que l’on aurait pu s’y méprendre avec celui d’un enfant, les petits doigts, surmontés de tout aussi petits ongles, et resta bêtement figé sur son observation sans répondre à l’invitation.
« Je suis désolée, si j'avais su, je t'aurais pris quelque chose à la cafétéria, dit-elle, rajoutant à l’embarras de Nathanael une strate supplémentaire.
- Et comment aurais-tu pu savoir que je me trouverai là ? » demanda-t-il le plus sérieusement du monde, complètement hermétique au second degré de la jeune femme.
Il finit par se redresser, ses mains cherchant refuge contre les pans de sa chemise en coton, mais les yeux toujours rivés ailleurs que dans le regard polaire, avec lequel il se sentait de moins en moins à l’aise. Au lieu de cela, son attention caressa les grimoires et son regard fut capturé par un rayon de soleil sous lequel scintilla l’une des dorures. Avant qu’il ne puisse retenir ses mots, la critique, enrobée de franchise, dépassa la réserve de la politesse :
« Pourquoi dessines-tu une carte des étoiles lorsque le soleil les gomme toutes du ciel ? » Questionna-t-il sans détour.
Ses doigts jouèrent quelques instants avec l’un des boutons de sa chemise et Nathanael fut possédé une infime seconde par un sentiment de malaise, comme à chaque fois que son audace prenait le dessus. Mais, quelques bouffées d’air timide plus tard, il reprit sans filtre :
« C’est comme vouloir faire du feu sous la pluie en ignorant le bon sens et c’est… stupide, asséna-t-il en rougissant tout aussi subitement qu’il regrettait ses mots. Nathanael, lâcha-t-il alors, dans un parfait décalage avec ses propos précédent. Moi, c’est Nathanael. Je suis le concierge, je n’ai pas faim. Et tu t’es trompée concernant Dénebola. »
@pina jakobsen
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Re: between the stars (nathanael, terminé)
Lun 17 Aoû 2020 - 13:22
(@nathanael cohen) Quand bien même la timidité était un trait prédominant chez la lufkin, elle savait le cacher quand la situation le nécessitait. Si le premier pas était toujours le plus dur, les échanges se facilitaient dès la première minute écoulée. Elle eu pourtant l'effet inverse, le regard sombre de l'homme face à elle la faisant frissonner, ses doigts se serrant implicitement sur son sandwich alors que son coeur accélérait doucement la cadence. Malgré tout, elle essaya de garder son calme, et tenta de se présenter en lui tendant sa main, gardant son sourire aux lèvres. Quelle aura, se dit-elle en se perdant un instant dans la contemplation de ses boucles dansant sur son front. “Je suis désolée, si j'avais su, je t'aurais pris quelque chose à la cafétéria.” Pina essaya d'utiliser l'humour comme le faisait @Lorcan Tamaharu pour se sortir de situations embarrassantes, ramenant sa main vers elle en voyant l'échec de sa présentation. “Et comment aurais-tu pu savoir que je me trouverai là?”
Ne s'attendant pas à pareille réponse, Pina eu un léger mouvement de recul alors que l'appréhension glaçait son regard, son sourire fondant légèrement alors qu'elle baragouinait quelque chose comme “euh, oh.. je, mh. C'était une façon de parler.” La phrase mourru entre ses lèvres alors qu'elle baissait le regard, presque désolée d'être venu le déranger, alors qu'il était penchée au dessus de ses affaires, son travail. “Pourquoi dessines-tu une carte des étoiles lorsque le soleil les gomme toutes du ciel?” Etonnée du ton de son interlocuteur, Pina se ferma un peu plus alors qu'elle baissait la tête pour regarder son sandwich avant de revenir se poser sur l'homme face à elle, détaillant d'abord son visage, fermé et clairement mal à l'aise, puis ses gestes. “C'est comme vouloir faire du feu sous la pluie en ignorant le bon sens et c'est ... stupide.” Pina planta cette fois-ci son regard dans le siens alors qu'il se présentait, “Nathanael, moi c'est Nathanael, Je suis le concierge, je n'ai pas faim. Et tu t'es trompée concernant Dénebola.” La sorcière déglutit une fois avant de se redresser légèrement, relevant le nez vers son interlocuteur, sauvée par des informations précises qu'elle pouvait sans crainte prouver juste, et dictée par un égo piquée à vif d'avoir été décrite comme stupide. “Il est stupide de penser que la pluie m'arrêterait de faire un feu. Seul un fainéant se laisserait dicter sa conduite par les éléments.” Baissant néanmoins à nouveau le regard, elle ajouta plus rapidement, “Désolée de vous avoir manqué de respect, monsieur... Nathanael,” avant de poser délicatement son sandwich sur la table, loin de ses dessins et parchemins. “et je travaille aujourd'hui sur la traduction d'un texte grec pour avoir de plus amples informations sur Dénebola et le coeur du lion, qui apparemment, manquait de précision dans mes retranscriptions. Je me base autant sur mon étude des étoiles que ce que j'apprends dans les grimoires par les astronomes avant moi. Je compare les données.”
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Ven 21 Aoû 2020 - 11:11
« euh, oh… je, mh. C’était une façon de parler. »
Une façon de parler… Pour Nathanael il n’y avait jamais eu qu’une seule façon de parler, et pourtant il savait qu’il y avait presque autant de façon de parler que de personnalités et probablement que lui aussi avait en finalité une façon de parler qui lui était propre, et qui ne ressemblait à aucune autre. Il lui était souvent apparu néanmoins qu’une façon de parler servait à excuser un mauvais humour ou une maladresse… un esprit indulgent lui faisait penser « maladresse » là où il fallait parfois dire simplement « franchise ». Une façon de parler se réduisait principalement à un manque de tact et en ce cas, Nathanael en manquait communément.
Mais pour la jeune fille, il s’agissait heureusement que d’un humour emprunté qui se heurtait à la façon toujours très franche que le concierge avait de comprendre et d’évoquer les choses. Ce mémento fortuit avait réduit Nathanael à sa réalité d’une façon un peu brutale quoi que pas absolue, car peu de choses pouvaient rivaliser avec le rougissement de son embarras ou l’impétuosité de son orgueil et la suite de leur défiance les enflamma tous deux :
« Il est stupide de penser que la pluie m'arrêterait de faire un feu. Seul un fainéant se laisserait dicter sa conduite par les éléments. Désolée de vous avoir manqué de respect, monsieur... Nathanael. »
En homme de conviction, il eut beaucoup de mal à voir les qualités que tentait de revendiquer un tel caractère, n’en concevant que les défauts de bon sens et de logique. Il fronça les sourcils, tant circonspect face à cet entêtement que déconcerté par le soudain respect témoigné à son poste qui, soit dit en passant, ne méritait pas plus de considération que celui d’un étudiant ; rôle qu’elle lui avait attribué néanmoins par méprise et qui, il fallait le croire à son expression, avait justifié cette familiarité si vite regrettée. Un quiproquo qui redressa les épaules d’un Nathanael déjà bien assez grand, comme pour mieux revêtir sa stature retrouvée. Cependant, cela n’avait aucune importance : il n’admettait aucun excès de zèle pour quiconque, qu’il se fut agi d’un président ou d’un éboueur, son égard étant déjà suffisamment et laborieusement occupé par les aléas des humeurs, aussi diverses et variées que les « façons de parler ».
Elle avait l’attitude reconnaissable des gens timides, si fréquemment jetés dans l’écarlate par l’embarras et dont l’excès de retenue amenait parfois des bouffées irrépressibles de courage. Nathanael le savait bien, c’était typiquement son genre. Il savait aussi qu’elle était timide parce que malgré son sursaut de vanité blessée, elle entreprit quand même de se justifier. Ses yeux d’un noir graphite contemplaient sa diction, ses paupières mélancoliques légèrement écarquillées, sondant attentivement les mouvements souples de sa bouche. Il aurait pu se contenter d’excuses, sachant parfaitement et malgré sa mauvaise foi apparente, que seule la présomption avait dicté ses corrections mais n’ayant jamais cherché la gloire d’une moindre reconnaissance, se faire surprendre avait été spontanément vécu comme un outrage à ses intentions. Et il se serait peut-être juste excusé, si elle n’avait pas cherché de plus amples explications ; dès qu’elle se fut tue, Nathanael esquissa un bref geste de désaccord de la main et répondit :
« Les grecs ! Leurs calculs sont restés sous-évalués d’un facteur vingt jusqu’au dix-huitième siècle. Ils faisaient du géocentrisme et étaient trop obsédés par une idée d’harmonie universelle : c’est de la philosophie, pas de la physique ! Si la première exclamation avait été faite avec humeur, la suite se déclara d’une douceur pénétrée et égale. Tu devrais regarder le dix-huitième siècle et les projections cartographiques azimutales. Enfin, les projections stéréographiques tout court, puis tu peaufine ton système de cordonnées célestes, l’horizontal, surtout et… Je ne comprends pas très bien pourquoi ils vous demandent de faire ça. Il y a des télescopes qui font très bien de la parallaxe spectroscopique de nos jours… Nathanael se tut dans la contemplation aveugle du vide, pencha la tête sur le côté et se rappela brièvement les entassements de sphères héliocentriques et armillaires dans son bureau, le quadrant et le gnomon, tous faits à la main ou récupérés chez des antiquaires. Bon d’accord, il avait perdu cette manche. Si tu veux, tu peux chercher comment se font les astrolabes ou les saphaea. J’en ai...une… si tu veux… si ça peut t’aider. Hacha-t-il la fin de sa phrase avec hésitation en se rendant progressivement compte de sa possible insistance à prodiguer une aide qui n’avait jamais été sollicitée, et qui d’ailleurs avait au contraire motivé sa préalable discrétion. Puis soudain, parce que c’était important et qu’il fallait forcément toujours répondre à tout, il déclara avec un embarras plutôt catégorique :
« Tu ne m’as pas manqué de respect. Tu as même été très charmante. C’est moi qui… sa voix haute et légère s’évanouissait doucement à mesure que son regard se perdait encore dans le dédale de sa maladroitement volubile introversion. Je n’aurais pas dû toucher à tes affaires, finit-il par bredouiller après un silence aux yeux absents. J’ignore parfois la décence comme tu ignore la pluie et s’il peut s’agir d’une qualité, cela cesse d’en être une lorsqu’on préfère la fin aux moyens. » dit-il non sans manquer de souligner que l’excès de zèle, fainéant ou pas, perdait de son intérêt lorsque l’issue en devenait inutilement laborieuse. Un esprit travailleur qui tondait le gazon au ciseau en ignorant sciemment la faux était un esprit qui s’épuisait pour rien. « Je suis désolé, je n’aurais pas dû. » conclut-il finalement et parce qu’on avait toujours exigé de sa part qu’il attende poliment l’absolution ou la punition, Nathanael attendit, la tête penchée et l’expression docile. Lentement et non sans une légère crispation qui s’était dilatée comme une vague à travers tout son corps, Nathanael releva une main à la paume ouverte pour compléter le geste amorcé de la jeune fille pour lequel il n’avait eu que naturel dégoût. C’était cher payer pour la correction d’une carte, mais il savait qu’on n’obtenait rien sans faire d’efforts.
Une façon de parler… Pour Nathanael il n’y avait jamais eu qu’une seule façon de parler, et pourtant il savait qu’il y avait presque autant de façon de parler que de personnalités et probablement que lui aussi avait en finalité une façon de parler qui lui était propre, et qui ne ressemblait à aucune autre. Il lui était souvent apparu néanmoins qu’une façon de parler servait à excuser un mauvais humour ou une maladresse… un esprit indulgent lui faisait penser « maladresse » là où il fallait parfois dire simplement « franchise ». Une façon de parler se réduisait principalement à un manque de tact et en ce cas, Nathanael en manquait communément.
Mais pour la jeune fille, il s’agissait heureusement que d’un humour emprunté qui se heurtait à la façon toujours très franche que le concierge avait de comprendre et d’évoquer les choses. Ce mémento fortuit avait réduit Nathanael à sa réalité d’une façon un peu brutale quoi que pas absolue, car peu de choses pouvaient rivaliser avec le rougissement de son embarras ou l’impétuosité de son orgueil et la suite de leur défiance les enflamma tous deux :
« Il est stupide de penser que la pluie m'arrêterait de faire un feu. Seul un fainéant se laisserait dicter sa conduite par les éléments. Désolée de vous avoir manqué de respect, monsieur... Nathanael. »
En homme de conviction, il eut beaucoup de mal à voir les qualités que tentait de revendiquer un tel caractère, n’en concevant que les défauts de bon sens et de logique. Il fronça les sourcils, tant circonspect face à cet entêtement que déconcerté par le soudain respect témoigné à son poste qui, soit dit en passant, ne méritait pas plus de considération que celui d’un étudiant ; rôle qu’elle lui avait attribué néanmoins par méprise et qui, il fallait le croire à son expression, avait justifié cette familiarité si vite regrettée. Un quiproquo qui redressa les épaules d’un Nathanael déjà bien assez grand, comme pour mieux revêtir sa stature retrouvée. Cependant, cela n’avait aucune importance : il n’admettait aucun excès de zèle pour quiconque, qu’il se fut agi d’un président ou d’un éboueur, son égard étant déjà suffisamment et laborieusement occupé par les aléas des humeurs, aussi diverses et variées que les « façons de parler ».
Elle avait l’attitude reconnaissable des gens timides, si fréquemment jetés dans l’écarlate par l’embarras et dont l’excès de retenue amenait parfois des bouffées irrépressibles de courage. Nathanael le savait bien, c’était typiquement son genre. Il savait aussi qu’elle était timide parce que malgré son sursaut de vanité blessée, elle entreprit quand même de se justifier. Ses yeux d’un noir graphite contemplaient sa diction, ses paupières mélancoliques légèrement écarquillées, sondant attentivement les mouvements souples de sa bouche. Il aurait pu se contenter d’excuses, sachant parfaitement et malgré sa mauvaise foi apparente, que seule la présomption avait dicté ses corrections mais n’ayant jamais cherché la gloire d’une moindre reconnaissance, se faire surprendre avait été spontanément vécu comme un outrage à ses intentions. Et il se serait peut-être juste excusé, si elle n’avait pas cherché de plus amples explications ; dès qu’elle se fut tue, Nathanael esquissa un bref geste de désaccord de la main et répondit :
« Les grecs ! Leurs calculs sont restés sous-évalués d’un facteur vingt jusqu’au dix-huitième siècle. Ils faisaient du géocentrisme et étaient trop obsédés par une idée d’harmonie universelle : c’est de la philosophie, pas de la physique ! Si la première exclamation avait été faite avec humeur, la suite se déclara d’une douceur pénétrée et égale. Tu devrais regarder le dix-huitième siècle et les projections cartographiques azimutales. Enfin, les projections stéréographiques tout court, puis tu peaufine ton système de cordonnées célestes, l’horizontal, surtout et… Je ne comprends pas très bien pourquoi ils vous demandent de faire ça. Il y a des télescopes qui font très bien de la parallaxe spectroscopique de nos jours… Nathanael se tut dans la contemplation aveugle du vide, pencha la tête sur le côté et se rappela brièvement les entassements de sphères héliocentriques et armillaires dans son bureau, le quadrant et le gnomon, tous faits à la main ou récupérés chez des antiquaires. Bon d’accord, il avait perdu cette manche. Si tu veux, tu peux chercher comment se font les astrolabes ou les saphaea. J’en ai...une… si tu veux… si ça peut t’aider. Hacha-t-il la fin de sa phrase avec hésitation en se rendant progressivement compte de sa possible insistance à prodiguer une aide qui n’avait jamais été sollicitée, et qui d’ailleurs avait au contraire motivé sa préalable discrétion. Puis soudain, parce que c’était important et qu’il fallait forcément toujours répondre à tout, il déclara avec un embarras plutôt catégorique :
« Tu ne m’as pas manqué de respect. Tu as même été très charmante. C’est moi qui… sa voix haute et légère s’évanouissait doucement à mesure que son regard se perdait encore dans le dédale de sa maladroitement volubile introversion. Je n’aurais pas dû toucher à tes affaires, finit-il par bredouiller après un silence aux yeux absents. J’ignore parfois la décence comme tu ignore la pluie et s’il peut s’agir d’une qualité, cela cesse d’en être une lorsqu’on préfère la fin aux moyens. » dit-il non sans manquer de souligner que l’excès de zèle, fainéant ou pas, perdait de son intérêt lorsque l’issue en devenait inutilement laborieuse. Un esprit travailleur qui tondait le gazon au ciseau en ignorant sciemment la faux était un esprit qui s’épuisait pour rien. « Je suis désolé, je n’aurais pas dû. » conclut-il finalement et parce qu’on avait toujours exigé de sa part qu’il attende poliment l’absolution ou la punition, Nathanael attendit, la tête penchée et l’expression docile. Lentement et non sans une légère crispation qui s’était dilatée comme une vague à travers tout son corps, Nathanael releva une main à la paume ouverte pour compléter le geste amorcé de la jeune fille pour lequel il n’avait eu que naturel dégoût. C’était cher payer pour la correction d’une carte, mais il savait qu’on n’obtenait rien sans faire d’efforts.
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Re: between the stars (nathanael, terminé)
Lun 31 Aoû 2020 - 11:12
En grandissant, Pina découvrait un trait d'elle-même jusque-là inexistant : la confidence. Si ses bras se croisaient inconsciemment pour se protéger, qu'elle avait reculé d'un pas et que son cœur battait la chamade d'oser seulement répondre, elle le faisait pour prouver qu'elle avait raison, qu'elle savait de quoi elle parlait et qu'elle ne se laisserait plus marcher dessus. Et quelle étrange sensation d'avoir l'impression d'être enfin entière, mais d'être si profondément mal à l'aise. Elle avait relevé le nez pour observer son interlocuteur, impressionnée par sa mâchoire carrée, serrée, et son ton sans appel. Elle s'était perdue un instant dans ses yeux et aurait préférée mille fois fuir, se transformer, disparaître entre deux rangées de livres. Mais cette nouvelle fierté lui avait fait ouvrir la bouche, piquée à vif par ce qu'elle pensait être un jugement de niveau de sa magie. Fixant un instant les grimoires et l'immense carte dans laquelle elle avait mis tant d'heures de travail, elle se sentait obligée de justifier ses choix, sa présence ici. « Je me base autant sur mon étude des étoiles que de que j'apprends dans les grimoires par les astronomes avant moi. Je compare les données. »
Et si elle pensait naïvement que sa justification suffirait à apaiser la tension qui la rendait si mal à l'aise, la réponse eu tôt fait de la surprendre un peu plus. « Les grecs ! Leurs calculs sont restés sous- valués d'un facteur vingt jusqu'au dix-huitième siècle. Ils faisaient du géocentrisme et étaient trop obsédés par une idée d'harmonie universelle : c'est de la pilosophie, pas de la physique ! » Le cœur de la lufkin s'emballa une nouvelle fois alors qu'une vague de sentiments négatifs se lisait sur son visage. Ses pupilles s'étaient écarquillés légèrement alors qu'elle avait implicitement reculé la tête, vexée. Elle se découvrait un égo qu'elle ne pensait pas si présent, confrontée pour la première fois depuis de longues années à des remarques assassinent, aussi juste pouvaient-elles être. Mais ses pensées furent vite chassées alors que le concierge reprenait ses explications, avec plus de douceur. Le changement de ton calma instantanément la renarde, se nourrissant des sentiments d'autrui. Elle l'écouta parler sans ouvrir la bouche, retenant chaque point important de ses conseils et explications, capable de reconnaître un spécialiste en la matière quand elle l'entendait parler. Impressionnée par la précision de ses mots, Pina baissa le regard vers sa carte, mal à l'aise d'avoir ainsi exposé son travail, et de ces mots à lui, ses erreurs. « Si tu veux, tu peux chercher comment se font les astrolabes ou les saphaea. J'en ai... une... si tu veux... si ça peut t'aider. »
La gorge nouée par la timidité, l'étudiante n'osait plus lever les yeux vers lui, malgré une empathie évidente maintenant évidente. « Tu ne m'as pas manqué de respect. Tu as même été très charmante. C'est moi qui... Je n'aurais pas dû toucher à tes affaires, J'ignore parfois la décence comme tu ignores la pluie et s'il peut s'agit d'une qualité, cela cesse d'en être une lorsqu'on préfère la fin aux moyens. » Pour le coup, le sourire doux revint sur son visage alors qu'elle osait enfin chercher son regard, une petite flamme de malice de retour dans son regard océan. Comment pouvait-il encore s'accrocher à cet exemple idiot, se demandait-elle alors qu'il tendît sa main, dans un geste d'excuses qu'elle ne pouvait qu'apprécier. « Je suis désolé, je n'aurais pas dû. » Après avoir avalé sa salive pour se donner du courage et chasser ce reste amer dans son cœur, Pina leva docilement la main pour serrer celle de l'homme face à elle, la laissant rapidement retomber doucement vers la table. « C'est pardonné, » dit-elle en attrapant sa baguette, se déplaçant vers le large rebord de fenêtre. « Mais s'il-te-plait, ne pense pas qu'un peu d'audace... » disait-elle en faisant apparaître une petite flamme sur la pierre, contrôlant parfaitement ses gestes afin de créer une flamme qui ne s'éteint jamais, couverte d'un dôme invisible, « ne puisse pas être une bonne chose. » conclut-elle en faisant tomber une averse sur son feu, où la flamme traçait des volutes de couleurs au travers des gouttes qui roulaient vers l'extérieur. Posant délicatement sa baguette sur la table, Pina tourna le regard vers lui, plus sereine que quelques minutes plus tôt. « Quand bien même leur manière de travailler est clairement désuète avec tout ce que l'on a, aujourd'hui, à disposition, ils ont été parmi les premiers à étudier le système que j'ai choisis pour ce trimestre, et je préfère nourrir mes connaissances de toute source afin de me forger mon propre avis sur la question. » Cherchant le courage dans les rainures du bois de son bureau, elle posa un instant ses yeux sur les étoiles qu'elle avait tracées. « Je ne suis qu'en quatrième année. Dans mon parcours, j'utilise les astres en étudiant l'influence sur la matière. A vrai dire... », Pina marqua un léger silence, ses yeux à nouveau bercée de sa bienveillance habituelle, humble de ses connaissances, « c'est la première fois qu'ils nous donnent un travail de ce genre. Et vous-... tu m'as beaucoup aidée, donc merci beaucoup. » Son regard attiré par le feu qui brûlait toujours sur le bord de la fenêtre pendant un instant, elle chercha ensuite celui de son interlocuteur, « Et si je peux être tout à fait honnête avec toi... » dit-elle avec un sourire, sa tête se penchant légèrement sur le côté, son nez se plissant en une petite grimace gênée, « je n'ai aucune idée de comment fonctionne un astrolabe ? »
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Re: between the stars (nathanael, terminé)
Mer 9 Sep 2020 - 9:11
Que la science de la poignée de main pouvait être dure ! Il y avait celles qui secouaient comme un prunier pour affermir le pouvoir, celles plus caressantes pour la drague ou le pardon, celles qui se soumettaient dans une souplesse de spaghetti, puis celles qui se réduisaient à un mollard indifférent. Et alors qu’elle lâchait sa main, l’astrophysicien réprima un frissonnement nerveux à la voir ainsi se saisir de sa baguette. Ce petit bout de bois avait le don, entre autres choses, de le mettre mal à l’aise. Et de le fasciner, à bien des égards. Son esprit buta sur l’absolue incohérence de cette flamme qui, désobéissant à toute logique physique, venait d’apparaître. L’étincelle se rebella un peu plus sous les doigts opalins qui, d’un tour de poignet agile, venaient de la menacer d’une averse qui ne sut pourtant pas avoir raison d’elle. Le regard de Nathanael s’écarquilla tandis qu’il contemplait la palette orangée qui se reflétait à présent dans l’arène aquatique au sein de laquelle dansait toujours en maître ce feu insensé. Après quelques secondes hésitantes, la bouche du jeune homme s’autorisa un sourire à mi-chemin entre l’amusement et la tendresse. Elle l’avait prise au mot : elle avait allumé un feu sous la pluie. Et comme il n’était pas mauvais joueur, il accepta cette défaite en demi-teinte. Son esprit cartésien trouvait toujours cela parfaitement stupide et passablement injuste. Oh oui !
« C’est beau… » admit-il pourtant du bout des lèvres, portant machinalement sa main à son torse avant de se souvenir, et de regretter par la même occasion, de ne pas avoir son appareil photo. Peut-être fallait-il appréhender la magie comme un art, laissant de côté le comment pour seulement se concentrer sur ce qui se trouvait sous les yeux.
« Et si je peux être tout à fait honnête avec toi... je n'ai aucune idée de comment fonctionne un astrolabe ? » le tira-t-elle de sa rêverie.
Lentement, son expression changea. Si d’ordinaire sa fine bouche et son regard lourd prêtaient à son long visage un air de torpeur repue et suave, à peine soulevée par autre chose qu’une profonde et trompeuse quiétude, aux paroles de l’étudiante, Nael s’illumina doucement non sans éviter de lui relever le moindre regard que la méfiance et la timidité habituellement baissaient. Sans grands bouleversements, son visage s’ouvrit et même ses yeux noirs parurent accepter en leurs abysses la réfraction de la lumière. Ses épaules se soulevèrent et il s’arrêta sur un soupir inachevé avec la crainte peut-être que son souffle n’altère la raison de son enthousiasme, cherchant d’un front encore immobile support et stylo. Son attention alla et vint jusqu’à tomber sur du parchemin vierge dont il se saisit, avant de songer un instant, une plume d’oie entre les doigts de son autre main. Il l’abandonna sur la table néanmoins, bien trop peu à l’aise avec cet instrument fendu qui ne faisait que grincer contre le papier. Un crayon finit par faire son bonheur et pour la première fois depuis leur rencontre, Nathanael regarda l’étudiante dans les yeux. Un regard perçant et qui avait appris à se faire suffisamment rare pour conquérir l’attention : voilé de longs cils noirs, ses yeux, dont la pupille concurrençait l’iris en teintes sombres, prêtèrent à l’étudiante une considération toute recherchée, comme s’ils la découvraient pour la première fois tout en étant empreintes d’une confiance qui connaissait depuis longtemps.
« Tu vas voir, c’est incroyable. »
Dit-il dans un seul souffle retenu avant de se pencher sur le parchemin qu’il gratifia de cercles réguliers, dessinant d’abord la base de la structure, la matrice, dont le bord était gradué en heures. A l’intérieur, il traça les différents tympans, tour à tour, accompagnant la souplesse de sa main d’explications congrues à la voix basse et traînante, que la passion faisait doucement vibrer :
« Il y a une matrice de base qui accueille différents tympans : des plaques. Chaque plaque correspond à une latitude donnée, et il suffit de choisir la bonne pour le lieu où on se trouve. Au dessus des tympans, il y a le Rete, et c’est ça qui peut être intéressant pour toi : c’est une carte du ciel en projection stéréographique. En dernier, il y a la règle mobile et graduée, appelée ostenseur. Et de l’autre côté de la matrice... dit-il en dessinant un nouveau cercle, distinct de son schéma décomposé sommaire pour représenter le recto, il y a le calendrier du zodiaque qui permet de convertir une date en position du Soleil sur l’écliptique. L’astrolabe est une représentation de la sphère céleste visible, avec plein, plein, plein de repères, dit-il en insistant sur son dessin, ajoutant aux tympans des demi-cercles qui s’entrecroisaient. L’horizon, le zénith, les différents azimuts, les pôles, les équateurs… Nathanael se redressa, passant quelques doigts déliés entre ses boucles, l’énumération lui ayant rappelé à quel point cet instrument était complexe, imposant un silence condensé. C’est un objet rare et ancien ! s’exclama-t-il finalement avec une forme d’admiration et de rêverie dans ses yeux baissés. Les grecs en avaient déjà des ébauches, mais il a été beaucoup amélioré pendant le Moyen-Âge, alors si tu aimes remonter le temps, en fabriquer un est un très bon exercice. Il cligna des yeux, se rendant compte qu’il ne répondait pas encore à la question : L’astronome Al-Sufi en recense un millier d’utilisations possibles ! Les arcs du tympan indiquent la hauteur sur l’horizon, le pourtour contient les heures, le Rete donne la position des étoiles et du Soleil, alors en faisant tourner tous les disques et la règle pour trouver ta position, tu peux définir l’heure et l’azimut du lever du Soleil à une date et lieu donnés, tu peux calculer la hauteur d’une étoile, du soleil, donner l’heure, faire des relevées topographiques, religieux, astrologiques... »
Nathanael soupira et se tut, le regard dans le vague. Il savait qu’il avait trop parlé et ses paupières s’écarquillèrent légèrement, ses yeux errant entre les épaules de la jeune femme et le parchemin aux gribouillages entremêlés. Son transport s’évanouit docilement au profit d’une timidité sourde, rendant à ses yeux leur noir opaque et à sa tête, sa lourdeur ordinaire.
« Désolé, dit-il du bout des lèvres. Le ciel m’est comme une seconde maison, il m’est aussi familier que la magie l’est pour les gens comme toi. » avoua-t-il en songeant à la flamme que la jeune fille avait fait brûler, faisant une distinction involontaire mais qui se prêtait à son humeur entre « les gens comme elle » et les gens « comme lui ».
Etrangement, ce point commun qu’était l’astronomie et qui le reliait au monde magique, l’en éloignait en même temps. Sa tête se baissa encore, s’armant d’un regard redevenu naturellement mélancolique, alors qu’il mesurait ses propres distances de son astrolabe imaginaire. Mais il y avait une dernière chose qui lui restait, qui entretenait un fond de lumière et de biais, la regardant à peine, il ajouta :
« Tu peux venir chez moi, si tu veux ? D’abord il se tut en attendant la réponse, puis ses yeux s’écarquillèrent à nouveau et il se précipita : Voir l’astrolabe ! Voir l’astrolabe… si tu veux. Ce n’est pas un rendez-vous ! Insista-t-il en craignant soudain que sa passion fut mal comprise. Mais c’est beau… l’astrolabe. Pas toi. Enfin si ! Aussi. Très. Mais pas de la même façon ! Bon, si tu veux, tu viens. Ou je te le ramène, peu importe. »
Conclut-il avec précipitation en voulant le plus vite possible se débarrasser de son propre quiproquo.
@Pina Jakobsdóttir
« C’est beau… » admit-il pourtant du bout des lèvres, portant machinalement sa main à son torse avant de se souvenir, et de regretter par la même occasion, de ne pas avoir son appareil photo. Peut-être fallait-il appréhender la magie comme un art, laissant de côté le comment pour seulement se concentrer sur ce qui se trouvait sous les yeux.
« Et si je peux être tout à fait honnête avec toi... je n'ai aucune idée de comment fonctionne un astrolabe ? » le tira-t-elle de sa rêverie.
Lentement, son expression changea. Si d’ordinaire sa fine bouche et son regard lourd prêtaient à son long visage un air de torpeur repue et suave, à peine soulevée par autre chose qu’une profonde et trompeuse quiétude, aux paroles de l’étudiante, Nael s’illumina doucement non sans éviter de lui relever le moindre regard que la méfiance et la timidité habituellement baissaient. Sans grands bouleversements, son visage s’ouvrit et même ses yeux noirs parurent accepter en leurs abysses la réfraction de la lumière. Ses épaules se soulevèrent et il s’arrêta sur un soupir inachevé avec la crainte peut-être que son souffle n’altère la raison de son enthousiasme, cherchant d’un front encore immobile support et stylo. Son attention alla et vint jusqu’à tomber sur du parchemin vierge dont il se saisit, avant de songer un instant, une plume d’oie entre les doigts de son autre main. Il l’abandonna sur la table néanmoins, bien trop peu à l’aise avec cet instrument fendu qui ne faisait que grincer contre le papier. Un crayon finit par faire son bonheur et pour la première fois depuis leur rencontre, Nathanael regarda l’étudiante dans les yeux. Un regard perçant et qui avait appris à se faire suffisamment rare pour conquérir l’attention : voilé de longs cils noirs, ses yeux, dont la pupille concurrençait l’iris en teintes sombres, prêtèrent à l’étudiante une considération toute recherchée, comme s’ils la découvraient pour la première fois tout en étant empreintes d’une confiance qui connaissait depuis longtemps.
« Tu vas voir, c’est incroyable. »
Dit-il dans un seul souffle retenu avant de se pencher sur le parchemin qu’il gratifia de cercles réguliers, dessinant d’abord la base de la structure, la matrice, dont le bord était gradué en heures. A l’intérieur, il traça les différents tympans, tour à tour, accompagnant la souplesse de sa main d’explications congrues à la voix basse et traînante, que la passion faisait doucement vibrer :
« Il y a une matrice de base qui accueille différents tympans : des plaques. Chaque plaque correspond à une latitude donnée, et il suffit de choisir la bonne pour le lieu où on se trouve. Au dessus des tympans, il y a le Rete, et c’est ça qui peut être intéressant pour toi : c’est une carte du ciel en projection stéréographique. En dernier, il y a la règle mobile et graduée, appelée ostenseur. Et de l’autre côté de la matrice... dit-il en dessinant un nouveau cercle, distinct de son schéma décomposé sommaire pour représenter le recto, il y a le calendrier du zodiaque qui permet de convertir une date en position du Soleil sur l’écliptique. L’astrolabe est une représentation de la sphère céleste visible, avec plein, plein, plein de repères, dit-il en insistant sur son dessin, ajoutant aux tympans des demi-cercles qui s’entrecroisaient. L’horizon, le zénith, les différents azimuts, les pôles, les équateurs… Nathanael se redressa, passant quelques doigts déliés entre ses boucles, l’énumération lui ayant rappelé à quel point cet instrument était complexe, imposant un silence condensé. C’est un objet rare et ancien ! s’exclama-t-il finalement avec une forme d’admiration et de rêverie dans ses yeux baissés. Les grecs en avaient déjà des ébauches, mais il a été beaucoup amélioré pendant le Moyen-Âge, alors si tu aimes remonter le temps, en fabriquer un est un très bon exercice. Il cligna des yeux, se rendant compte qu’il ne répondait pas encore à la question : L’astronome Al-Sufi en recense un millier d’utilisations possibles ! Les arcs du tympan indiquent la hauteur sur l’horizon, le pourtour contient les heures, le Rete donne la position des étoiles et du Soleil, alors en faisant tourner tous les disques et la règle pour trouver ta position, tu peux définir l’heure et l’azimut du lever du Soleil à une date et lieu donnés, tu peux calculer la hauteur d’une étoile, du soleil, donner l’heure, faire des relevées topographiques, religieux, astrologiques... »
Nathanael soupira et se tut, le regard dans le vague. Il savait qu’il avait trop parlé et ses paupières s’écarquillèrent légèrement, ses yeux errant entre les épaules de la jeune femme et le parchemin aux gribouillages entremêlés. Son transport s’évanouit docilement au profit d’une timidité sourde, rendant à ses yeux leur noir opaque et à sa tête, sa lourdeur ordinaire.
« Désolé, dit-il du bout des lèvres. Le ciel m’est comme une seconde maison, il m’est aussi familier que la magie l’est pour les gens comme toi. » avoua-t-il en songeant à la flamme que la jeune fille avait fait brûler, faisant une distinction involontaire mais qui se prêtait à son humeur entre « les gens comme elle » et les gens « comme lui ».
Etrangement, ce point commun qu’était l’astronomie et qui le reliait au monde magique, l’en éloignait en même temps. Sa tête se baissa encore, s’armant d’un regard redevenu naturellement mélancolique, alors qu’il mesurait ses propres distances de son astrolabe imaginaire. Mais il y avait une dernière chose qui lui restait, qui entretenait un fond de lumière et de biais, la regardant à peine, il ajouta :
« Tu peux venir chez moi, si tu veux ? D’abord il se tut en attendant la réponse, puis ses yeux s’écarquillèrent à nouveau et il se précipita : Voir l’astrolabe ! Voir l’astrolabe… si tu veux. Ce n’est pas un rendez-vous ! Insista-t-il en craignant soudain que sa passion fut mal comprise. Mais c’est beau… l’astrolabe. Pas toi. Enfin si ! Aussi. Très. Mais pas de la même façon ! Bon, si tu veux, tu viens. Ou je te le ramène, peu importe. »
Conclut-il avec précipitation en voulant le plus vite possible se débarrasser de son propre quiproquo.
@Pina Jakobsdóttir
- Une idée du dessin :
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Mer 23 Sep 2020 - 11:03
Pina avait cette façon de voir l'autre, de l'observer plus profondément qu'il n'y laissait paraître, de comprendre les micro mouvement des rides et la délicatesse des regards. Pourtant, Nathanaël restait un mystère, qu'elle avait du mal à déchiffrer. Mais alors que ses propres pupilles montrait une gêne de son ignorance, s'ouvrant à la vulnérabilité d'exprimer ses craintes, lui s'épanouissait comme un papillon. Doucement, il se dévouta, la vie prenant ses droits dans son corps. Elle observa son visage d'illuminer, lentement, comme on découvre un livre, celui dont on rêve de connaître la fin. « tu vas voir, c'est incroyable. »
Là, dans ses yeux, flottaient les étoiles du savoir, l'excitation du partage d'une passion. Elle reconnaissait ce regard en d'autres de ses amis, tous savants. @Kiran blackthorn avait cette manière de se laisser happé par les émotions lorsqu'ils lui racontaient ses histoires, ses révélations. Son souffle s'accélérait et ses gestes devenaient saccadés, alors que la passion l'animait. @Finnick fraser, lui, offrait à Pina une vision semblable à celle du garçon face à elle. Tout en subtilité, son regard s'illuminait, ses mots arrivaient à s'envoler avec plus de facilité, porté par cette même passion qui se reflétaient en chacun d'eux de façon différente. @Elsbeth ballarini appréhendait l'art d'une façon similaire, entièrement dévouée à chaque trait de crayon qu'elle appliquait sur le parchemin. Elle se laissait happée par ses pensées, son modèle, ses envies et ses émotions. De façon complexe, elle s'ouvrait à son art comme Nathanael s'épand des astres.
C'est cette même passion qui poussa Pina à se rapprocher, soufflée par la confiance soudaine qui se lisait sur les traits du concierge. Ses mots coulaient avec aisance, alors qu'il en maîtrisait chaque ligne, chaque sens. Ses doigts guidaient le stylo comme un automatisme. Il semblait entier, vivant, dans son élément. La lufkin fit l'effort de se concentrer sur ses paroles et non ses gestes, suivant les explications et son dessin avec grand intérêt. Fascinée, elle aurait pu l'écouter parler pendant des heures. Et si leur sujet de conversation était complexe, plus rien ne paraissait compliqué.
« Le ciel m'est comme une seconde maison, il m'est aussi familier que la magie l'est pour les gens comme toi. » Pina resta silencieuse un instant, dérangée par la différence qu'il instaurait entre elle et lui. Ses sourcils s'étaient froncés quelques instants, alors qu'elle soufflait « ne t'excuse pas ! C'est passionnant. », encore trop perdue dans ses explications pour finalement vouloir relever cette différence. « Tu peux venir chez moi, si tu veux ? » Pina releva seulement les yeux vers lui alors qu'il ajoutait avec précipitation « Voir l'astrolabe ! Voir l'astrolabe... si tu veux. Ce n'est pas un rendez-vous ! Mais c'est beau... l'astrolabe. Pas toi. Enfin si ! Aussi. Très . Mais pas de la même façon ! Bon, si tu veux, tu viens. Ou je te le ramène, peu importe. » Un instant, Pina l'observa essayer de se dépatouiller avant que son rire cristallin ne résonne dans la bibliothèque pendant quelques secondes. Bienveillante, elle posa rapidement sa main sur celle de l'homme face à elle, charmée par sa timidité « tout vas bien ! Rassure-toi. J'aimerais beaucoup voir l'astrolabe, » dit-elle en retirant sa main pour dégager ses cheveux qui lui étaient tombés sur le côté du visage, « tu dois avoir des mines d'or d'objets d'astronomie, je parie. C'est très gentil à toi d'accepter de me le montrer. »
Posant à plat ses deux mains sur la table, penchée au-dessus du dessin, elle montra une des strates de l'astrolabe en demandant confirmation « ici la hauteur de l'horizon, » son doigt glissa sur l'endroit suivant, « les heures, et la position des astres, c'est bien ça ? » Son regard s'illumina de cette même passion alors qu'elle relevait les yeux vers lui « c'est vraiment fascinant ! Je me demande bien pourquoi on ne nous à jamais présentés cet objet en cours, j'en parlerais avec le professeur Blurwood au prochain cours. » Pina fini par s'asseoir sur la chaise à côté d'elle, rangeant un instant ses livres, les yeux perdus sur l'immense carte sur laquelle elle travaillait, avant de relever le nez, « Euh, tu veux y aller maintenant ? Ou plus tard ? Comme tu préfères. Je n'ai cours que dans deux heures. »
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Sam 3 Oct 2020 - 16:53
Elle avait ri avec insouciance et sans jugement, montrant ses dents égales dans un sourire qui traduisait un plaisir montant jusqu’à ses yeux finement plissés. On avait souvent ri à ses dépens, principalement parce qu’il avait fait de l’humour sans en avoir l’intention. Un sujet de rancœur qui avait fini par devenir une échappatoire facile à ce genre de quiproquos. Alors, ses yeux légèrement écarquillés cédèrent au soulagement, puis à la douce jubilation. Il se doutait qu’elle se moquait de lui, fut-ce avec tout le charme du détachement joyeux, mais avait appris qu’il valait mieux susciter l’enjouement plutôt que l’offense. Son humeur docile prit son rire comme un compliment, là où bon nombre de poètes et d’écrivains avaient jurés qu’il n’y avait pas meilleure introduction à l’amitié qu’un peu de joie. Plus encore se sentit-il flatté de son intérêt pour les sciences anciennes et obscures, non pas comme d’un compliment qu’elle lui aurait fait, mais qu’elle se serait faite à elle-même. Sa nature reconnaissait l’érudition et prenait un certain plaisir à la flatter, à s’en sentir l’égal, comme dans un miroir. Finalement, retrouver quelqu’un en soi était une forme d’égoïsme… ou peut-être cela traduisait-il une volonté innée, irrépressible, de ne pas être exclu, d’être comme tout le monde, particulièrement lorsqu’on avait l’impression de ne ressembler à personne. Et dans sa curiosité, la jeune fille lui ressemblait.
« Tout vas bien ! Rassure-toi. J'aimerais beaucoup voir l'astrolabe. »
A peine apaisé, il se tendit à nouveau, n’ayant pas prévu de suite. Il était vrai que quand on invitait ou proposait quelque chose, il y avait en général une forme quelconque d’achèvement, mais être passionné et complaisant n’avait pas doté Nathanael d’une aisance sociale. Le pire advint indéniablement lorsqu’elle posa sa main sur la sienne, expédiant son esprit aux confins de la raison et peut-être même de l’univers.
« Tu dois avoir des mines d'or d'objets d'astronomie, je parie. C'est très gentil à toi d'accepter de me le montrer, poursuivit-elle.
- Plein, oui... » Bredouilla-t-il, les yeux dans le vague.
Le trouble était tel qu’il ne parvint même pas à lui rétorquer qu’il ne possédait aucune mine d’or chez lui, ni que les entités ne pouvaient être rapprochées au point d’être fondues dans une analogie conceptuelle. Il n’en eut pas la présence d’esprit : le contact humain le pétrifiait lorsqu’il n’en était pas proprement dégoûté. De ses doigts immobiles et froids, elle finit par retirer sa main, mais il y demeura une marque brûlante qui le garda interdit, plus encore parce qu’elle insistait à présent sur ce que son antre avait à offrir. C’était un toucher de réconfort, il le savait, mais ça ne fonctionnait pas. Le quiproquo dans lequel Nath s’était lui-même embourbé avait définitivement paralysé sa volonté, comme si parce qu’il n’avait pas eu l’intention du flirt la première fois, il ne pouvait maintenant plus s’y soustraire du tout, ni à quoi que ce fut s’y rapportant, même pour plaisanter.
Elle avait pris appui contre la table pour observer son dessin et en faire un résumé, sous le regard d’un concierge qui oisivement examinait sa main de femme, tout en hochant de la tête à chaque bonne réponse. Son cou était devenu si raide qu’il se penchait presque de tout son corps vers l’avant, avec l’impression d’être l’une de ces stupides chèvres myotoniques qui s’effondraient sur elles-mêmes à la moindre frayeur.
« C'est vraiment fascinant ! Je me demande bien pourquoi on ne nous à jamais présentés cet objet en cours, j'en parlerais avec le professeur Blurwood au prochain cours.
- Euh, pfff... » souffla-t-il indistinctement en haussant des sourcils avant de doubler le mouvement par un roulement des épaules. Franchement, il y avait tellement de choses qui le dépassaient à cet instant présent qu’il ne se sentait pas de justifier un programme scolaire sorcier. Déconcerté, il la regarda faire son sac :
« Euh, tu veux y aller maintenant ? Ou plus tard ? Comme tu préfères. Je n'ai cours que dans deux heures.
- Certainement pas ! » s’écria-t-il avant de se rendre compte de son erreur et pinça les lèvres.
Les sourcils froncés, il s’acharna à vraiment prendre du recul pour ne pas faire empirer la situation, mais après son cafouillage, l’inviter chez lui paraissait hors de propos et Nathanael avait l’impression d’être obligé de verser dans l’extrême pour rectifier la confusion. Fermant les yeux, il se massa le front, puis tendit ses deux longues mains face à lui comme pour mettre métaphoriquement à plat la situation et hacha :
« Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Je ne veux pas que tu interprète mal mon invitation à... »
Soudain il se tut, n’achevant pas sa phrase, connaissant parfaitement sa propension à couler à pic jusqu’au fond du lac avant d’y creuser un trou pour rejoindre le centre de la terre et y mourir calciné de honte. Son esprit avait déjà fait au moins une douzaine de conclusions hâtives, de liens improbables et de suggestions inappropriées.
« Oublie ! cingla-t-il tout à coup en répondant à son propre fil d’idées, avant de se crisper : Enfin non ! Bref... »
Il valait mieux qu’il arrête de parler ou qu’il se contente de sujets dont il était plus ou moins maître. D’un geste désinvolte de la main, il éluda une conversation qu’il avait lui-même entamée et s’écarta pour ouvrir la fenêtre. Puis, avec une fausse assurance nourrie que par sa détermination à s’échapper de l’embarras, Nathanael sortit sa baguette magique qu’il tint avec une étrange aisance de chez d’orchestre. Néanmoins, il ne pointa rien en particulier et avec une expression attentive, murmura un bref « Accio ». Il ne connaissait pas encore très bien les modalités de ce sortilège, s’il prenait le chemin le plus court en faisant fi des obstacles ou s’il passait à travers les murs comme dans du beurre. Puis à vrai dire, son sortilège était encore un peu faiblard alors peut-être bien que son astrolabe allait finir encastré dans une porte ou par terre après avoir plané sur deux mètres. A condition qu’il bouge tout court…
Mais il fallait garder l’assurance de ses intentions, aussi resta-t-il figé dans l’attente d’un miracle, prenant soin à ne pas regarder la jeune femme. Le tournant proprement catastrophique que pouvait prendre la situation le saisit soudain : déjà qu’il était là comme un con à bredouiller des insanités et de sous-entendus inexistants, il pouvait en plus être là comme un con à attendre quelque chose qui n’arriverait jam…
Un disque, lancé à toute vitesse et ayant trouvé son chemin non pas par la fenêtre mais par la porte de la bibliothèque, percuta soudain sa tempe de plein fouet. Quoi que peu sensible à la douleur, Nathanael sursauta et ramena instinctivement une main à son visage, lançant un regard dépité vers son astrolabe disloqué, dont les fragments gisaient à présent sur les dalles en pierre.
« Ben zona.* » siffla-t-il entre ses dents.
Ca allait faire mal dans quelques heures. Sa tête résonnait déjà comme un gong chinois. Voilà où menaient toutes ces conneries ! s’entendit-il penser. A l’handicape sévère à vie. Certaines pensaient que c’était déjà son cas alors il allait probablement faire quelques heureux.
Qu’est-ce qui était pire finalement ? Se taper la honte en échouant à exécuter un sortilège, ou se taper la honte en parvenant à s’agresser soi-même ? Nathanael se frotta le front tout en observant les dégâts à ses pieds, puis constata que rien n’était brisé, seulement défait, et que les différents cercles s’étaient simplement détachés de l’axe central.
« Hmm, ricana-t-il les lèvres closes. Eh bien, voici l’astrolabe, désigna-t-il l’amas d’un mouvement abrupt du menton, sa main toute occupée à presser la coupure à la forme géométrique presque parfaite qui barrait à présent son front mutilé et qui pulsait, pulsait et saignait. Et comme je suis un enseignant qui aime la pratique, je te le livre décomposée afin que tu puisses le réparer. » feignit-il avec l’orgueil de celui qui avait échoué mais se targuait d’avoir toujours voulu arriver à ce résultat. Néanmoins, sa voix avait trop insisté sur l’ironie pour qu’il ne fut sérieux : il se moquait ouvertement de son propre fiasco. Un sourire contrit s’étala finalement sur ses lèvres et il détourna le regard, sans vanité. « Enfin, si ça t’intéresse. J’aimerai te montrer comment l’assembler et, en échange, tu pourrais peut-être repousser le moment où toute l’université rigolera de ma maladresse ? » plaida-t-il avec une douceur qui n’avait de mielleuse que son absolue franchise.
*Fils de pute.
« Tout vas bien ! Rassure-toi. J'aimerais beaucoup voir l'astrolabe. »
A peine apaisé, il se tendit à nouveau, n’ayant pas prévu de suite. Il était vrai que quand on invitait ou proposait quelque chose, il y avait en général une forme quelconque d’achèvement, mais être passionné et complaisant n’avait pas doté Nathanael d’une aisance sociale. Le pire advint indéniablement lorsqu’elle posa sa main sur la sienne, expédiant son esprit aux confins de la raison et peut-être même de l’univers.
« Tu dois avoir des mines d'or d'objets d'astronomie, je parie. C'est très gentil à toi d'accepter de me le montrer, poursuivit-elle.
- Plein, oui... » Bredouilla-t-il, les yeux dans le vague.
Le trouble était tel qu’il ne parvint même pas à lui rétorquer qu’il ne possédait aucune mine d’or chez lui, ni que les entités ne pouvaient être rapprochées au point d’être fondues dans une analogie conceptuelle. Il n’en eut pas la présence d’esprit : le contact humain le pétrifiait lorsqu’il n’en était pas proprement dégoûté. De ses doigts immobiles et froids, elle finit par retirer sa main, mais il y demeura une marque brûlante qui le garda interdit, plus encore parce qu’elle insistait à présent sur ce que son antre avait à offrir. C’était un toucher de réconfort, il le savait, mais ça ne fonctionnait pas. Le quiproquo dans lequel Nath s’était lui-même embourbé avait définitivement paralysé sa volonté, comme si parce qu’il n’avait pas eu l’intention du flirt la première fois, il ne pouvait maintenant plus s’y soustraire du tout, ni à quoi que ce fut s’y rapportant, même pour plaisanter.
Elle avait pris appui contre la table pour observer son dessin et en faire un résumé, sous le regard d’un concierge qui oisivement examinait sa main de femme, tout en hochant de la tête à chaque bonne réponse. Son cou était devenu si raide qu’il se penchait presque de tout son corps vers l’avant, avec l’impression d’être l’une de ces stupides chèvres myotoniques qui s’effondraient sur elles-mêmes à la moindre frayeur.
« C'est vraiment fascinant ! Je me demande bien pourquoi on ne nous à jamais présentés cet objet en cours, j'en parlerais avec le professeur Blurwood au prochain cours.
- Euh, pfff... » souffla-t-il indistinctement en haussant des sourcils avant de doubler le mouvement par un roulement des épaules. Franchement, il y avait tellement de choses qui le dépassaient à cet instant présent qu’il ne se sentait pas de justifier un programme scolaire sorcier. Déconcerté, il la regarda faire son sac :
« Euh, tu veux y aller maintenant ? Ou plus tard ? Comme tu préfères. Je n'ai cours que dans deux heures.
- Certainement pas ! » s’écria-t-il avant de se rendre compte de son erreur et pinça les lèvres.
Les sourcils froncés, il s’acharna à vraiment prendre du recul pour ne pas faire empirer la situation, mais après son cafouillage, l’inviter chez lui paraissait hors de propos et Nathanael avait l’impression d’être obligé de verser dans l’extrême pour rectifier la confusion. Fermant les yeux, il se massa le front, puis tendit ses deux longues mains face à lui comme pour mettre métaphoriquement à plat la situation et hacha :
« Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Je ne veux pas que tu interprète mal mon invitation à... »
Soudain il se tut, n’achevant pas sa phrase, connaissant parfaitement sa propension à couler à pic jusqu’au fond du lac avant d’y creuser un trou pour rejoindre le centre de la terre et y mourir calciné de honte. Son esprit avait déjà fait au moins une douzaine de conclusions hâtives, de liens improbables et de suggestions inappropriées.
« Oublie ! cingla-t-il tout à coup en répondant à son propre fil d’idées, avant de se crisper : Enfin non ! Bref... »
Il valait mieux qu’il arrête de parler ou qu’il se contente de sujets dont il était plus ou moins maître. D’un geste désinvolte de la main, il éluda une conversation qu’il avait lui-même entamée et s’écarta pour ouvrir la fenêtre. Puis, avec une fausse assurance nourrie que par sa détermination à s’échapper de l’embarras, Nathanael sortit sa baguette magique qu’il tint avec une étrange aisance de chez d’orchestre. Néanmoins, il ne pointa rien en particulier et avec une expression attentive, murmura un bref « Accio ». Il ne connaissait pas encore très bien les modalités de ce sortilège, s’il prenait le chemin le plus court en faisant fi des obstacles ou s’il passait à travers les murs comme dans du beurre. Puis à vrai dire, son sortilège était encore un peu faiblard alors peut-être bien que son astrolabe allait finir encastré dans une porte ou par terre après avoir plané sur deux mètres. A condition qu’il bouge tout court…
Mais il fallait garder l’assurance de ses intentions, aussi resta-t-il figé dans l’attente d’un miracle, prenant soin à ne pas regarder la jeune femme. Le tournant proprement catastrophique que pouvait prendre la situation le saisit soudain : déjà qu’il était là comme un con à bredouiller des insanités et de sous-entendus inexistants, il pouvait en plus être là comme un con à attendre quelque chose qui n’arriverait jam…
Un disque, lancé à toute vitesse et ayant trouvé son chemin non pas par la fenêtre mais par la porte de la bibliothèque, percuta soudain sa tempe de plein fouet. Quoi que peu sensible à la douleur, Nathanael sursauta et ramena instinctivement une main à son visage, lançant un regard dépité vers son astrolabe disloqué, dont les fragments gisaient à présent sur les dalles en pierre.
« Ben zona.* » siffla-t-il entre ses dents.
Ca allait faire mal dans quelques heures. Sa tête résonnait déjà comme un gong chinois. Voilà où menaient toutes ces conneries ! s’entendit-il penser. A l’handicape sévère à vie. Certaines pensaient que c’était déjà son cas alors il allait probablement faire quelques heureux.
Qu’est-ce qui était pire finalement ? Se taper la honte en échouant à exécuter un sortilège, ou se taper la honte en parvenant à s’agresser soi-même ? Nathanael se frotta le front tout en observant les dégâts à ses pieds, puis constata que rien n’était brisé, seulement défait, et que les différents cercles s’étaient simplement détachés de l’axe central.
« Hmm, ricana-t-il les lèvres closes. Eh bien, voici l’astrolabe, désigna-t-il l’amas d’un mouvement abrupt du menton, sa main toute occupée à presser la coupure à la forme géométrique presque parfaite qui barrait à présent son front mutilé et qui pulsait, pulsait et saignait. Et comme je suis un enseignant qui aime la pratique, je te le livre décomposée afin que tu puisses le réparer. » feignit-il avec l’orgueil de celui qui avait échoué mais se targuait d’avoir toujours voulu arriver à ce résultat. Néanmoins, sa voix avait trop insisté sur l’ironie pour qu’il ne fut sérieux : il se moquait ouvertement de son propre fiasco. Un sourire contrit s’étala finalement sur ses lèvres et il détourna le regard, sans vanité. « Enfin, si ça t’intéresse. J’aimerai te montrer comment l’assembler et, en échange, tu pourrais peut-être repousser le moment où toute l’université rigolera de ma maladresse ? » plaida-t-il avec une douceur qui n’avait de mielleuse que son absolue franchise.
*Fils de pute.
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Ven 16 Oct 2020 - 15:48
Pina sursauta à la réponse vive de son interlocuteur, lâchant même sous la surprise le parchemin qu'elle s'apprêtait à ranger dans son sac, la main figée, volant au-dessus de la table à quelques centimètres alors qu'elle avait relevé des yeux étonnés vers l'homme face à elle. « Certainement pas ! » Elle le regarda se masser le front, visiblement prit dans des sentiments qu'elle ne comprenait pas, alors qu'elle reposait simplement la paume de sa main sur le bois du bureau. « ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je ne veux pas que tu interprètes mal mon invitation à... » Elle avait suivi ses gestes avant de relever à nouveau le regard vers le siens, hochant lentement la tête comme pour l'encourager à finir sa phrase, finalement aussi perturbée que lui. « Oublie ! Enfin non ! Bref... »
Le malaise gagnait les deux sorciers alors que Pina eu un infime mouvement de recul à son geste désinvolte, préférant restée muette que de possiblement l'enfoncer plus profondément dans son malaise. Elle reconnaissait sans mal les traits d'une timidité presque maladive, et l'inconfort qu'elle avait si souvent ressentis en société. Inspirant longuement en bloquant un instant sa respiration, elle abandonna le rangement de son sac pour croiser les doigts devant elle, incapable de savoir dans quelle direction s'orientait son après-midi. Son regard suivit les mouvements du sorcier alors qu'il ouvrait la fenêtre. Un instant, elle eu la peur au ventre, le voyant grimper et sauter du deuxième étage, préférant affronter la mort qu'une seconde de plus parmi les vivants. Son corps se glaça en une seconde alors qu'elle se crispait, prête à bondir. Mais la vision sordide qui s'était imprimée dans son esprit n'était qu'une des conséquences douloureuses d'avoir faillis perdre une part d'elle, les flash de souvenirs de l'été dernier, Kiran alité dans un lit d'hôpital, se fondant en elle. Pina cligna plusieurs fois des yeux en constatant que Nathanael n'avait fait que sortir sa baguette qu'il pointait vers l'extérieur, attendant visiblement l'arrivée de ce qu'elle imagina être l'astrolabe. Le fait de se concentrer sur le sort lancé et l'attente l'aida à avaler le reste de souvenirs douloureux, expirant longuement, déconcentrée par ses sentiments.
Et quand l'attente fut de quelques secondes trop longues, Pina voulu reprendre la parole, levant une main avec un doigt tendu vers lui, commençant sa phrase en disant « tu ne-... Oh par Merlin, est-ce que ça va ?! » Elle avait sursauté en voyant l'éclat de métal foncer à côté d'elle pour percuter violemment la tempe de l'homme, se relevant vivement en faisant grincer sa chaise sur le parquet. Ses deux mains s'étaient plaqué contre sa bouche, l'air horrifiée, alors que l'astrolabe gisait lamentablement à ses pieds. « Ben zona. » Sa première réaction fut de s'approcher pour l'aider, mais Pina stoppa son geste à mi-chemin d'avoir contourné la table alors qu'il se frottait le front en ajoutant avec dédain, « Mhh.. Et bien, voici l'astrolabe, » qui ne tarda pas à faire rire Pina, mi-gênée, mi-amusée de la situation. « Et comme je suis un enseignant qui aime la pratique, je te le livre décomposée afin que tu puisses le réparer. »
Son regard se posa d'abord sur les morceaux de métal au sol, puis sur le visage souriant du sorcier. « enfin, si ça t'intéresse. J'aimerais te montrer comment l'assembler et, en échange, tu pourrais peut-être repousser le moment où toute l'université rigolera de ma maladresse ? » Un fin sourire passa sur ses lèvres avant qu'elle ne fronce les sourcils, constatant le sang coulant d'entre ses doigts. Pina tira la chaise à côté de lui en la montrant de la main avec un sourire qui se voulait bienveillant, mais n'offrait pourtant pas de place au débat « Motus et bouche cousue si tu me laisses soigner ta blessure avant que tu ne perdes trop de sang, » ajoutant finalement avec malice « Je n'aimerais pas me faire renvoyer de la bibliothèque pour ça ! Nous avons encore un astrolabe à monter. »
D'un mouvement de la tête, elle l'incita à s'asseoir alors qu'elle se penchait au-dessus de la table pour attraper sa baguette, exécutant d'un mouvement ample un « Wingardium leviosa » sur les différents morceaux de l'astrolabe, les ramenant sur la table, les laissant retomber sur sa carte avec délicatesse. Elle pointa sa baguette vers le visage de Nathanael en cherchant son regard, « Je peux ? »
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Mar 27 Oct 2020 - 0:52
Ça faisait mal, pour être honnête. Au crâne, évidemment, dardé de petites piques lancinantes, mais à l’orgueil, surtout. Nael avait toujours élevé sa fierté naturelle au rang d’art de vivre : si le ridicule ne tuait pas, il n’avait pas pour ambition de flirter avec à longueur de journée non plus. Et depuis qu’il avait invité la magie à sa table, c’était des années et des années de charisme et de sagacité intellectuelle qui semblaient se dilapider, à la manière d’un héritage précieux que l’on fracassait contre le sol après avoir voulu courir avec sa cargaison précieuse dans un escalier. Lui, qui aimait tout comprendre, se trouvait démuni face à des sortilèges tellement basiques que tous les étudiants les exécutaient avec l’agilité nécessaire à n’importe quel moldu pour tout simplement se munir d’une fourchette. C’était ça, il n’était qu’un nourrisson qui apprenait à manger sous le regard plus ou moins attendri de la communauté sorcière de l’Université, et comme tout bambin découvrant qu’il devait user de quelque chose jusqu’alors inconnu, il s’y prenait comme un manche.
Justement, l’étudiante le regardait avec cet ébahissement à mi-chemin entre l’attendrissement et l’amusement, comme tout adulte constatant les prouesses d’un mini-humain pas encore parfaitement coordonné. Alors, lorsqu’elle regarda sa blessure, Nael se demanda si elle n’allait pas gazouiller et humidifier un mouchoir pour venir essuyer le sang qui coulait à présent sur son front, comme on l’aurait fait de l’enfant maladroit qui, de sa compote, aurait manqué la cible. Il crocheta l’un de ses sourcil, prêt à reculer si la jeune femme se sentait pousser de soudains élans maternels. Les effusions, c’était bien plus dangereux que les Astrolabes se prenant pour des boomerangs, parce que cela revenait systématiquement à la charge lorsqu’on s’y attendait le moins, qui plus est. Et, non, non, très peu pour lui. Il se fit clairement circonspect lorsqu’elle entama un pas vers lui, sa jambe amorçant déjà un recul de pur réflexe. Qui mourut tout aussi vite quand le raclement d’une chaise lui intima d’anéantir le reste d’orgueil encore fermement coincé dans sa gorge. Elle ne se moquait pas, elle essayait d’être gentille, se répétait-il en suivant de manière indécise le geste vague de la main étudiante, tandis qu’elle traduisait en mots bienveillants une attention qui l’était tout autant :
« Motus et bouche cousue si tu me laisses soigner ta blessure avant que tu ne perdes trop de sang. » fit-elle avec une moue malicieuse qui attira le regard du concierge.
Et tandis qu’elle parlait de renvoi, Nael lui obéit et cala sagement son long corps sur la chaise, roulant des épaules jusqu’à venir allonger son dos contre le dossier.
« C’est… est-ce que tu serais en train de me faire du chantage ? demanda-t-il quelque peu dubitatif, peu certain de saisir le double sens, avant de soupirer docilement, paisiblement… J’y aurais cédé de toute façon. » ajouta-t-il simplement, sa franchise perdant face à la malice.
Il en savait assez sur la gravité pour comprendre qu’un peu de bon sens aurait dû l’enjoindre à incliner la tête vers l’arrière pour que le sang ne goutte pas paresseusement sur son col, mais il n’en fit rien. Toute son attention, lente et à la paresse naturelle que son regard rompu lui accordait, venait de se faire voler par l’étudiante, en train d’exécuter un mouvement ample du poignet qui aurait eu la grâce d’une danseuse s’il n’avait pas eu aussi l’utilité pratique d’un sortilège. Avec efficacité, les composants de l’astrolabe s’arrachèrent à l’attraction terrestre pour venir léviter jusqu’à la table. Ça semblait si simple, vu d’ici, cette façon dont quelques paroles à l’intonation immémoriale pouvaient ainsi mettre à mal pléthores d’études physiques à travers les siècles. C’était aussi frustrant que beau et un instant fugace, Nael jalousa la jeune femme de convoler avec la magie avec une aisance certaine qu’il doutait posséder un jour. Il n’était pas de nature envieuse, pourtant, et bien vite, l’éclat qui avait animé ses iris noires se dissipa dans une simple œillade contemplative, alors que l’étudiante faisait de nouveau un pas dans sa direction. Etait-elle consciente de l’offense que sa magie venait de faire à Newton et à toutes les pommes qui avaient eu la bonté de tomber de l’arbre ? songea-t-il, tout en sachant que non, visiblement, non. Tout ceci était tellement simple pour eux, après tout, à qui il suffisait de se percher sur un balai pour aller tutoyer de près les nuages, comme des Dieux. Alors, Nael se contenta de détendre les muscles de ses épaules et de laisser approcher l’insolente étudiante qui mettait à mal sa physique bien aimée.
Et soudain, il remarqua : elle avait un petit nez piqueté de taches de rousseurs discrètes, taches de son, mais plus encore que son doux chemin de feu, c’étaient sans doute ses yeux qui donnaient envie de la laisser venir sans crainte, même pour un caractère aussi méfiant que ne l’était le sien. Ses iris étaient d’un bleu brillant, s’élucidant jusqu’au noir absolu de son regard, comme deux petites criques d’eau turquoise dans lesquelles on avait envie de nager. Et Nael aurait presque juré avoir amorcé un dangereux plongeon avant qu’elle ne rouvre la bouche, le ramenant brutalement à la réalité :
« Je peux ? » questionna-t-elle.
Mais Nathanael n’avait soudain d’yeux que pour le bâton qui pointait entre ses deux sourcils et qui semblait bien plus menaçant que sa simple constitution boisée n’aurait pu le suggérer. Dubitatif, il loucha quelques secondes avant de se redresser brusquement, droit comme un salut militaire.
« C’est à dire que... » s’entendit-il prononcer de manière aussi sèche que suspicieuse, avant de lorgner sans grande conviction entre le visage aux yeux angéliques qui inspirait pourtant confiance et l’ustensile de malheur qui ne lui avait apporté jusque-là que des déconvenues. La gorge soudain sèche, il s’humidifia les lèvres avant de les tordre dans un petit mouvement nerveux. Ça avait le goût du fer, ce qui voulait dire qu’il ressemblait à présent à un indigène peinturluré de sang, comme un guerrier s’apprêtant pour un combat aborigène. Il ne manquait plus que les plumes dans les cheveux et un arc pour compléter sa tenue. Ciel, c’était d’un ridicule.
«... d’accord. » finit-il par accepter en se redressant un peu plus, s’il en était capable, écrasant les paumes de ses mains moites contre son pantalon en lin sombre, tentant de ne pas le malmener nerveusement entre ses doigts. Il avait toujours eu en horreur les médecins, avec leurs blouses faussement impeccables mais couvertes de germes à n’en pas douter, leurs compresses trop rêches, leurs désinfectants trop agressifs et la façon mielleuse avec laquelle ils affirmaient que le geste ne serait pas douloureux. Il s’était déboîté le bras, un jour faste ou ses frères avaient voulu conjurer son absolu manque de coordination en affirmant que tout le monde était capable de faire du vélo à l’âge de six ans. Non seulement leur avait-il démontré qu’ils avaient tort, mais en plus, ce jour sombre lui avait appris qu’il n’y avait aucune raison de faire confiance en cette myriade de blouses blanches lui affirmant qu’il ne sentirait pas ses os se remboîter. Eh bien si, il avait parfaitement senti l’humérus regagner sa loge cartilagineuse. Il l’avait non seulement senti, mais également entendu. C’est dire et...
« Attends. » la stoppa-t-il subitement en rouvrant des paupières qu’il avait fermé un instant plus tôt.
Il planta ses yeux dans les siens, essayant de décortiquer jusqu’à la cornée ce regard arctique chargé de bonnes intentions, comme pour essayer d’y déceler la moindre trace de mensonge. Il inclina légèrement la tête sur le côté, se renfrognant presque avant de pousser un soupir las.
« Tu es sûre de ce que tu fais ? » articula-t-il avec un manque de confiance cruellement visible, son menton désignant d’un petit mouvement obstiné la baguette magique qu’elle pointait vers lui.
« Parce que je n’ai pas du tout envie de me retrouver avec une quelconque cucurbitacée à la place du visage. »
Il la fixa, intensément, faisant des allers-retours entre le diabolique instrument pointé sur son front et les angéliques yeux de la propriétaire de la potentielle arme blanche, puis lâcha soudain :
« Jure-le. »
Il avait l’air aussi sérieux que la chirurgie plastique qu’il voulait s’éviter, tout en souhaitant donner à la jeune femme le bénéfice du doute qui convenait aux rencontres qu’on ne souhaitait nullement vexer. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer ! Ça paraissait n’avoir aucun sens quand on était enfant, mais on ne mettait pas en danger son honneur facilement avec l’âge. Ou du moins, pas avec un brin de parcimonie.
« Et jure le sur... réfléchit-il en balayant des yeux ce qui les entourait, jure-le sur le ci-présent Astrolabe que voici. Décomposé, certes, mais fiable et solide quand même. Et dans le cas contraire, jure que tu resteras avec moi pour supporter ma laideur jusqu’à la fin de ma triste vie. » conclut-il, déjà conscient que ça n'avait aucun sens parce que ca n'arriverait jamais.
Justement, l’étudiante le regardait avec cet ébahissement à mi-chemin entre l’attendrissement et l’amusement, comme tout adulte constatant les prouesses d’un mini-humain pas encore parfaitement coordonné. Alors, lorsqu’elle regarda sa blessure, Nael se demanda si elle n’allait pas gazouiller et humidifier un mouchoir pour venir essuyer le sang qui coulait à présent sur son front, comme on l’aurait fait de l’enfant maladroit qui, de sa compote, aurait manqué la cible. Il crocheta l’un de ses sourcil, prêt à reculer si la jeune femme se sentait pousser de soudains élans maternels. Les effusions, c’était bien plus dangereux que les Astrolabes se prenant pour des boomerangs, parce que cela revenait systématiquement à la charge lorsqu’on s’y attendait le moins, qui plus est. Et, non, non, très peu pour lui. Il se fit clairement circonspect lorsqu’elle entama un pas vers lui, sa jambe amorçant déjà un recul de pur réflexe. Qui mourut tout aussi vite quand le raclement d’une chaise lui intima d’anéantir le reste d’orgueil encore fermement coincé dans sa gorge. Elle ne se moquait pas, elle essayait d’être gentille, se répétait-il en suivant de manière indécise le geste vague de la main étudiante, tandis qu’elle traduisait en mots bienveillants une attention qui l’était tout autant :
« Motus et bouche cousue si tu me laisses soigner ta blessure avant que tu ne perdes trop de sang. » fit-elle avec une moue malicieuse qui attira le regard du concierge.
Et tandis qu’elle parlait de renvoi, Nael lui obéit et cala sagement son long corps sur la chaise, roulant des épaules jusqu’à venir allonger son dos contre le dossier.
« C’est… est-ce que tu serais en train de me faire du chantage ? demanda-t-il quelque peu dubitatif, peu certain de saisir le double sens, avant de soupirer docilement, paisiblement… J’y aurais cédé de toute façon. » ajouta-t-il simplement, sa franchise perdant face à la malice.
Il en savait assez sur la gravité pour comprendre qu’un peu de bon sens aurait dû l’enjoindre à incliner la tête vers l’arrière pour que le sang ne goutte pas paresseusement sur son col, mais il n’en fit rien. Toute son attention, lente et à la paresse naturelle que son regard rompu lui accordait, venait de se faire voler par l’étudiante, en train d’exécuter un mouvement ample du poignet qui aurait eu la grâce d’une danseuse s’il n’avait pas eu aussi l’utilité pratique d’un sortilège. Avec efficacité, les composants de l’astrolabe s’arrachèrent à l’attraction terrestre pour venir léviter jusqu’à la table. Ça semblait si simple, vu d’ici, cette façon dont quelques paroles à l’intonation immémoriale pouvaient ainsi mettre à mal pléthores d’études physiques à travers les siècles. C’était aussi frustrant que beau et un instant fugace, Nael jalousa la jeune femme de convoler avec la magie avec une aisance certaine qu’il doutait posséder un jour. Il n’était pas de nature envieuse, pourtant, et bien vite, l’éclat qui avait animé ses iris noires se dissipa dans une simple œillade contemplative, alors que l’étudiante faisait de nouveau un pas dans sa direction. Etait-elle consciente de l’offense que sa magie venait de faire à Newton et à toutes les pommes qui avaient eu la bonté de tomber de l’arbre ? songea-t-il, tout en sachant que non, visiblement, non. Tout ceci était tellement simple pour eux, après tout, à qui il suffisait de se percher sur un balai pour aller tutoyer de près les nuages, comme des Dieux. Alors, Nael se contenta de détendre les muscles de ses épaules et de laisser approcher l’insolente étudiante qui mettait à mal sa physique bien aimée.
Et soudain, il remarqua : elle avait un petit nez piqueté de taches de rousseurs discrètes, taches de son, mais plus encore que son doux chemin de feu, c’étaient sans doute ses yeux qui donnaient envie de la laisser venir sans crainte, même pour un caractère aussi méfiant que ne l’était le sien. Ses iris étaient d’un bleu brillant, s’élucidant jusqu’au noir absolu de son regard, comme deux petites criques d’eau turquoise dans lesquelles on avait envie de nager. Et Nael aurait presque juré avoir amorcé un dangereux plongeon avant qu’elle ne rouvre la bouche, le ramenant brutalement à la réalité :
« Je peux ? » questionna-t-elle.
Mais Nathanael n’avait soudain d’yeux que pour le bâton qui pointait entre ses deux sourcils et qui semblait bien plus menaçant que sa simple constitution boisée n’aurait pu le suggérer. Dubitatif, il loucha quelques secondes avant de se redresser brusquement, droit comme un salut militaire.
« C’est à dire que... » s’entendit-il prononcer de manière aussi sèche que suspicieuse, avant de lorgner sans grande conviction entre le visage aux yeux angéliques qui inspirait pourtant confiance et l’ustensile de malheur qui ne lui avait apporté jusque-là que des déconvenues. La gorge soudain sèche, il s’humidifia les lèvres avant de les tordre dans un petit mouvement nerveux. Ça avait le goût du fer, ce qui voulait dire qu’il ressemblait à présent à un indigène peinturluré de sang, comme un guerrier s’apprêtant pour un combat aborigène. Il ne manquait plus que les plumes dans les cheveux et un arc pour compléter sa tenue. Ciel, c’était d’un ridicule.
«... d’accord. » finit-il par accepter en se redressant un peu plus, s’il en était capable, écrasant les paumes de ses mains moites contre son pantalon en lin sombre, tentant de ne pas le malmener nerveusement entre ses doigts. Il avait toujours eu en horreur les médecins, avec leurs blouses faussement impeccables mais couvertes de germes à n’en pas douter, leurs compresses trop rêches, leurs désinfectants trop agressifs et la façon mielleuse avec laquelle ils affirmaient que le geste ne serait pas douloureux. Il s’était déboîté le bras, un jour faste ou ses frères avaient voulu conjurer son absolu manque de coordination en affirmant que tout le monde était capable de faire du vélo à l’âge de six ans. Non seulement leur avait-il démontré qu’ils avaient tort, mais en plus, ce jour sombre lui avait appris qu’il n’y avait aucune raison de faire confiance en cette myriade de blouses blanches lui affirmant qu’il ne sentirait pas ses os se remboîter. Eh bien si, il avait parfaitement senti l’humérus regagner sa loge cartilagineuse. Il l’avait non seulement senti, mais également entendu. C’est dire et...
« Attends. » la stoppa-t-il subitement en rouvrant des paupières qu’il avait fermé un instant plus tôt.
Il planta ses yeux dans les siens, essayant de décortiquer jusqu’à la cornée ce regard arctique chargé de bonnes intentions, comme pour essayer d’y déceler la moindre trace de mensonge. Il inclina légèrement la tête sur le côté, se renfrognant presque avant de pousser un soupir las.
« Tu es sûre de ce que tu fais ? » articula-t-il avec un manque de confiance cruellement visible, son menton désignant d’un petit mouvement obstiné la baguette magique qu’elle pointait vers lui.
« Parce que je n’ai pas du tout envie de me retrouver avec une quelconque cucurbitacée à la place du visage. »
Il la fixa, intensément, faisant des allers-retours entre le diabolique instrument pointé sur son front et les angéliques yeux de la propriétaire de la potentielle arme blanche, puis lâcha soudain :
« Jure-le. »
Il avait l’air aussi sérieux que la chirurgie plastique qu’il voulait s’éviter, tout en souhaitant donner à la jeune femme le bénéfice du doute qui convenait aux rencontres qu’on ne souhaitait nullement vexer. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer ! Ça paraissait n’avoir aucun sens quand on était enfant, mais on ne mettait pas en danger son honneur facilement avec l’âge. Ou du moins, pas avec un brin de parcimonie.
« Et jure le sur... réfléchit-il en balayant des yeux ce qui les entourait, jure-le sur le ci-présent Astrolabe que voici. Décomposé, certes, mais fiable et solide quand même. Et dans le cas contraire, jure que tu resteras avec moi pour supporter ma laideur jusqu’à la fin de ma triste vie. » conclut-il, déjà conscient que ça n'avait aucun sens parce que ca n'arriverait jamais.
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Re: between the stars (nathanael, terminé)
Dim 22 Nov 2020 - 13:28
Pina s'était approchée avec un mélange parfaitement maîtrisé autant que naturel d'assurance et de douceur, ses gestes s'exécutant avec délicatesse afin de diriger l'astrolabe vers la table, avant de pointer le bout de sa baguette vers le visage du sorcier. Tout, dans sa gestuelle, dans son regard, dans ses paroles offrait le calme. Elle était de ces gens apaisants, qui s'entourent sans vraiment se rendre compte, attirant le monde à la recherche du calme. « Je peux ? » demanda t-elle en souriant finement, juste assez pour laisser apparaître les petites rides à la commissure de ses lèvres et celles du bonheur au coin de ses yeux. Elle observait chaque regard, chaque geste de Nathanael face à elle qui semblait presque effrayé de la voir avec la baguette si proche de sa blessure. « C'est-à-dire que... » Son regard suivait d'abord les lèvres pincées, puis le mouvement circonspect de la gorge qui se serre, les yeux qui cherchent la confiance au fond des siens. Implicitement, Pina recula un peu sa main, « … d'accord. »
Plus leur conversation durait, plus la lufkin devait se rendre à l'évidence : Le jeune homme face à elle n'était pas à l'aise avec la magie. Son regard s'aventura sur les longs doigts du sorcier, où les phalanges blanchissaient légèrement sous la pression, avant de vite quitter cette zone trop intime pour chercher une nouvelle fois son regard. Ses iris, d'un bleu aussi perçant qu'apaisant, se voilèrent un instant de gris alors que la lumière de la bibliothèque faiblissait sous un nuage couvrant le ciel. Pina fit tourner le bois de sa baguette entre ses doigts en relevant le nez, s'apprêtant à lancer son sort, alors qu'il la stoppait une nouvelle fois. « Attends. » Elle accepta sans sourciller le regard intense de son interlocuteur, lui laissant à loisir le passage jusqu'à son cœur. Patiente, elle hocha implicitement la tête avant de la pencher légèrement sur le côté droit, une myriade de ses long cheveux bruns glissant avec mollesse du tissus qui les retenait sur l'épaule jusque-là. « Tu es sûre de ce que tu fais ? »
S'il était normal de douter des compétences médicomagiques de Pina, elle sentait derrière cette question une profondeur différente par rapport à d'autres. « Parce que je n'ai pas du tout envie de me retrouver avec une quelconque cucurbitacée à la place du visage. » Il était foncièrement réticent à l'usage de la magie, elle le comprenait maintenant. « Jure-le. » Les allers et retours répétitifs de son regard sur le bout de sa baguette forcèrent Pina à détendre ses épaules, et allonger sa main droite le long de son corps, cachant passablement le bout de bois derrière sa cuisse alors qu'elle souriait plus franchement. « D'accord, » commença t-elle en regardant un instant par la fenêtre, se libérant du poids lourd du regard du sorcier. « Et jure le sur... jure-le sur le ci-présent Astrolabe que voici. Décomposé, certes, mais fiable et solide quand même. Et dans le cas contraire, jure que tu resteras avec moi pour supporter ma laideur jusqu'à la fin de ma triste vie. »
L'humour décalé avec un soupçon de noirceur provoqua chez la lufkin un rire spontané alors qu'elle baissait à nouveau légèrement la tête pour le regarder, perturbée par cette conversation décousue. Elle sentait en elle le refus de Nathanaël et écoutait son instinct de vouloir le mettre en confiance. Elle souffla dans un reste de rire « Je le jure » avant de contourner l'homme pour tirer la chaise à côté de lui. Elle posa délicatement sa baguette à plat sur la table avant de chercher à plonger dans les pupilles sombres de son interlocuteur. La malice teintait légèrement sa voix, pourtant la bienveillance enlevait à ses paroles toute once de méchanceté possible. « Promis, même après t'avoir transformé en courge, je resterais avec toi. Maintenant... »
Pina s'arrêta un instant pour inspirer longuement, cherchant en elle le courage d'amener la conversation-là ou elle le voulait sans le brusquer. « J'ai, malheureusement pour moi, des amis casse-cou que je suis souvent amenée à réparer, ainsi qu'un DUCs en botanique et magizoologie. Les sorts de guérison sont les mêmes pour les animaux que pour les humains. Je ne dois te lancer qu'un petit sort, vulnera seanatur, pour faire en sorte que ton sang retourne à sa place et que ta plaie cicatrise. » Un sourire encourageant se glissa sur ses lèvres alors qu'elle l'observait un instant en silence, cherchant dans ses réactions les confirmations à ses soupçons, avant d'ajouter « ça ne dure que quelques secondes. » pour le presser gentiment d'accepter, ses yeux glissant rapidement sur le tissus tâché de son col, puis vers les étalages de livres derrière lui à la recherche de @Lloyd Crawley
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Jeu 10 Déc 2020 - 9:12
Ca sonnait un peu Tanguy de dire ça, mais elle lui rappelait sa mère. Son allure était marquée par une douceur particulière du geste, avec une timidité semblable, à la différence près que sa mère avait toujours été emprunte d’un vernis dilué de mélancolie, comme si perpétuellement, son coeur avait été en possession d’un secret terrible. Peut-être la jeunesse avait-elle épargné au regard de la jeune femme les blessures et inquiétudes qui marquaient jusqu’aux tréfonds de l’âme. Ou peut-être qu’au contraire, la jeunesse avait prêté à la fraîcheur de ses traits et à l’immuabilité de sa vigueur le don de la dissimulation facile. Comme sa mère, peut-être couvait-elle un douloureux secret, aigrement dissimulé derrière un sourire facile et des yeux clairs. Ce paradoxe social était étrange : les statistiques infantiles disaient qu’un groupe d’éléments sages était, quoi que majoritaire, invariablement tiré vers le bas par un seul germe perturbateur. En somme, lorsqu’un enfant réfractaire était placé au milieu d’un groupe d’enfants sérieux, le nombre de perturbateurs avait tendance à augmenter plutôt qu’à diminuer, l’influence de la docilité étant limité. Mais un contact singulier portait en lui presque systématiquement le pouvoir de l’apaisement. Une seule personne paraissait être à chaque fois plus forte qu’une groupe…
Nathanael regardait la jeune femme à la dérobée, conscient de l’effet que sa lenteur avait sur ses sens éternellement crispés. Elle paraissait prévisible, incapable de faire du mal. Ce qui était une promesse parfois mensongère et une autre source d’angoisse : il arrivait que la douceur fut le refuge des manipulateurs habiles. Mais Pina, elle avait en même temps une façon de se laisser voir sans pudeur, d’ouvrir grand ses yeux intelligents et de regarder naïvement, sans que ne se tissent dans l’ombre de son expression ingénue un calcul sournois. Sous le clin paisible de ce regard, Nathanael se sentit bien. Aussi bien qu’il put se sentir en présence de magie. Il s’était retrouvé à exiger une parole qui n’avait de sens que dans un monde d’honneur et de dignité, où les promesses valaient encore quelque chose. Néanmoins, s’engager, engager son honnêteté et sa fierté, c’était parfois suffisant à rendre vertueux le plus sombre des menteur. Si elle n’avait pas été jeune femme sérieuse, Pina aurait ri en pensant à une plaisanterie, dépréciant des valeurs que sa nature ne pouvait considérer avec gravité, mais elle avait paru lire en lui, en sa réticence cartésienne et en sa façon stupide de se rassurer, et le prit au mot :
« D’accord. »
Avait-elle simplement répondu en se redressant et, en homme de précision, ne sachant si elle était d’accord avec sa demande ou si avec son accord, elle donnait sa parole, Nathanael précisa, ironisa, se dénigra. Elle en rit, encore, gentiment. Peu de femmes avaient ri en sa compagnie en aussi peu de temps. Souvent, c’était involontaire, mais le concierge s’était depuis longtemps accommodé de son inconscience que certains considéraient comme un charme : celui de l’ignorance.
« Je le jure. Promis, même après t'avoir transformé en courge, je resterais avec toi. Maintenant... »
Après l’avoir dissimulée, elle avait posé sa baguette à table, comme pour dissiper tout soupçon et Nathanael se sentit soudain un peu chiant, pour ne pas dire capricieux. Il n’avait jamais manqué d’audace, mais son audace était calculée et le dégoût était bien trop prompt à triompher de tout courage. Lorsqu’elle confondit son regard, Nathanael ne sut s’il devait baisser le sien ou au contraire, le supporter. Étonnamment, lui qui décochait des flèches sans oser les recevoir, la toléra par défi. Peut-être parce que son insistance à lui être agréable le conforta quant à sa bonne nature. Plus encore parce qu’elle se mit à le rassurer en justifiant subtilement sa qualification par une histoire d’amis maladroits, expliquant ce qui demandait par instinct à être explicité. Sans le connaître, elle avait parfaitement saisi son malaise. Quoi que d’usage incapable de reconnaître et de comprendre les intentions, Nathanael savait en revanche lorsque quelqu’un faisait preuve de prévenance et cela faisait longtemps que quelqu’un n’avait été aussi prévenant à son égard.
Bien évidemment, cela n’avait aucun sens, ou seulement celui qu’on souhaitait y donner, car il n’allait pas devenir une courge et encore moins allait-elle rester avec lui jusqu’à sa triste fin de velouté. Nathanael perçut son sourire et se contenta de dévier le regard vers un vide absolu, fixant un point invisible et qui rendit trouble le blanc de ses yeux, à défaut d’agiter la constance de ses pupilles. Une façon de dire, comme chez le médecin, qu’il acceptait son sort en abandonnant son corps entre des mains plus habiles et savantes, son esprit cherchant la distraction au-delà de l’horizon. Quand bien même était-il de ceux qui regardaient lorsque l’aiguille piquait le bras, il ne pouvait en cet instant rien voir, quelles que furent les contorsions de ses yeux.
« Que mon sang retourne à sa place ? Dit comme ça, c’est glauque, dit-il avant de laisser échapper un dernier commentaire avant « l’opération » : J'aurais peut-être préféré être une courge tout compte fait. »
L’affaire ne dura effectivement que quelques instants : sa plaie piqua, il perçut une lumière au-dessus de son sourcil et instinctivement, par manque d’habitude, mais surtout stupidement, il tourna la tête pour constater d’où jaillissait le halo argenté. De la baguette, bien évidemment. D’où, sinon de la baguette ? Ca expliquait pourquoi en cas de neurochirurgie, on utilisait des goupilles de fixation pour immobilier la tête des patients. Ou pourquoi on les endormait tout court la plupart du temps. Avant de voir quoi que ce fut et de satisfaire sa curiosité, Nath éprouva surtout une vive douleur dans le globe oculaire, une sorte de pulsation et, s’abandonnant encore une fois à son instinct qui cette fois ne le trompa pas, il se plia en deux. Si c’était un sortilège sensé « faire revenir le sang à sa place », va savoir ce qui avait pu revenir « à sa place » dans son œil, voir dans son cerveau. Prostré contre ses genoux et une main plaquée contre son œil, l’imagination de Nathanael ne fit qu’un tour. Si le principe était rigoureux, tout son sang aurait pu revenir à ses poumons, à son coeur, ou à une quelconque précédente étape de son parcours. Ou peut-être que comme Moïse, cette baguette avait tout simplement écarté les flots de son humeur vitrée…
« Ina’al Rabaque… Cus em em em emek ars...* »
Le flot était si serré et interrompu qu’on aurait dit un bruissement de feuilles ou à défaut, le sifflement d’un serpent. Au dam de ses parents, il avait retenu toutes les insultes, injures et malédictions entendues parmi les fidèles les plus virulents de leur synagogue locale, sans parler de ses nombreux frères et sœurs, auxquels il devait ses expressions les plus fleuries. Néanmoins, et parce qu’il avait toujours été de nature retenue, sa litanie fut tamisée à travers des dents serrées et il l’acheva par un faiblard « Levav » pour s’excuser. Mais la jeune fille ne comprenait rien, et tant mieux peut-être. Il se redressa subitement, parce qu’il était fautif et que ce spectacle ne pouvait durer que le temps de la frustration : malgré tout et quoi que probablement soit pâle, soit injecté de sang, il offrit un visage calme à la jeune femme, presque flegmatique.
« Navré, c’est de ma faute. Dit-il d’une voix quelque peu blanche - sa cornée frissonnait encore -, mais déterminée à ne pas contrarier les bienveillantes intentions de l’étudiante. Qu’est-ce que… qu’est-ce que j’ai ? » Demanda-t-il finalement en dégageant sa main de sa paupières et en relevant le visage vers Pina.
Péniblement, il ouvrit sa paupière et exposa son œil douloureux, avec lequel il voyait comme à travers de l’eau trouble. Il aurait dû partir. Non pas à cause de la honte, mais parce que l’étudiante n’avait pas à être son infirmière, ni à subir les désagréments de ses échecs et maladresses répétées. Cependant, il devait avouer que rarement il s’était attiré autant de foudres, de quoi entamer une sérieuse crise de la trentaine, ou peut-être même existentielle : la magie n’était pas faite pour lui.
« Loin de moi l’idée de saboter volontairement tes efforts, mais tu vas regretter d’avoir juré de rester avec moi. » commmenta-t-il, cette fois avec un fatalisme à l’épreuve de son embarras.
* - Une façon de maudire tous les dieux
- Quelque chose au sujet des parties génitales de ta mère.
@Pina Jakobsdóttir Faut pas stresser, tu fais toujours de jolies réponses !
Nathanael regardait la jeune femme à la dérobée, conscient de l’effet que sa lenteur avait sur ses sens éternellement crispés. Elle paraissait prévisible, incapable de faire du mal. Ce qui était une promesse parfois mensongère et une autre source d’angoisse : il arrivait que la douceur fut le refuge des manipulateurs habiles. Mais Pina, elle avait en même temps une façon de se laisser voir sans pudeur, d’ouvrir grand ses yeux intelligents et de regarder naïvement, sans que ne se tissent dans l’ombre de son expression ingénue un calcul sournois. Sous le clin paisible de ce regard, Nathanael se sentit bien. Aussi bien qu’il put se sentir en présence de magie. Il s’était retrouvé à exiger une parole qui n’avait de sens que dans un monde d’honneur et de dignité, où les promesses valaient encore quelque chose. Néanmoins, s’engager, engager son honnêteté et sa fierté, c’était parfois suffisant à rendre vertueux le plus sombre des menteur. Si elle n’avait pas été jeune femme sérieuse, Pina aurait ri en pensant à une plaisanterie, dépréciant des valeurs que sa nature ne pouvait considérer avec gravité, mais elle avait paru lire en lui, en sa réticence cartésienne et en sa façon stupide de se rassurer, et le prit au mot :
« D’accord. »
Avait-elle simplement répondu en se redressant et, en homme de précision, ne sachant si elle était d’accord avec sa demande ou si avec son accord, elle donnait sa parole, Nathanael précisa, ironisa, se dénigra. Elle en rit, encore, gentiment. Peu de femmes avaient ri en sa compagnie en aussi peu de temps. Souvent, c’était involontaire, mais le concierge s’était depuis longtemps accommodé de son inconscience que certains considéraient comme un charme : celui de l’ignorance.
« Je le jure. Promis, même après t'avoir transformé en courge, je resterais avec toi. Maintenant... »
Après l’avoir dissimulée, elle avait posé sa baguette à table, comme pour dissiper tout soupçon et Nathanael se sentit soudain un peu chiant, pour ne pas dire capricieux. Il n’avait jamais manqué d’audace, mais son audace était calculée et le dégoût était bien trop prompt à triompher de tout courage. Lorsqu’elle confondit son regard, Nathanael ne sut s’il devait baisser le sien ou au contraire, le supporter. Étonnamment, lui qui décochait des flèches sans oser les recevoir, la toléra par défi. Peut-être parce que son insistance à lui être agréable le conforta quant à sa bonne nature. Plus encore parce qu’elle se mit à le rassurer en justifiant subtilement sa qualification par une histoire d’amis maladroits, expliquant ce qui demandait par instinct à être explicité. Sans le connaître, elle avait parfaitement saisi son malaise. Quoi que d’usage incapable de reconnaître et de comprendre les intentions, Nathanael savait en revanche lorsque quelqu’un faisait preuve de prévenance et cela faisait longtemps que quelqu’un n’avait été aussi prévenant à son égard.
Bien évidemment, cela n’avait aucun sens, ou seulement celui qu’on souhaitait y donner, car il n’allait pas devenir une courge et encore moins allait-elle rester avec lui jusqu’à sa triste fin de velouté. Nathanael perçut son sourire et se contenta de dévier le regard vers un vide absolu, fixant un point invisible et qui rendit trouble le blanc de ses yeux, à défaut d’agiter la constance de ses pupilles. Une façon de dire, comme chez le médecin, qu’il acceptait son sort en abandonnant son corps entre des mains plus habiles et savantes, son esprit cherchant la distraction au-delà de l’horizon. Quand bien même était-il de ceux qui regardaient lorsque l’aiguille piquait le bras, il ne pouvait en cet instant rien voir, quelles que furent les contorsions de ses yeux.
« Que mon sang retourne à sa place ? Dit comme ça, c’est glauque, dit-il avant de laisser échapper un dernier commentaire avant « l’opération » : J'aurais peut-être préféré être une courge tout compte fait. »
L’affaire ne dura effectivement que quelques instants : sa plaie piqua, il perçut une lumière au-dessus de son sourcil et instinctivement, par manque d’habitude, mais surtout stupidement, il tourna la tête pour constater d’où jaillissait le halo argenté. De la baguette, bien évidemment. D’où, sinon de la baguette ? Ca expliquait pourquoi en cas de neurochirurgie, on utilisait des goupilles de fixation pour immobilier la tête des patients. Ou pourquoi on les endormait tout court la plupart du temps. Avant de voir quoi que ce fut et de satisfaire sa curiosité, Nath éprouva surtout une vive douleur dans le globe oculaire, une sorte de pulsation et, s’abandonnant encore une fois à son instinct qui cette fois ne le trompa pas, il se plia en deux. Si c’était un sortilège sensé « faire revenir le sang à sa place », va savoir ce qui avait pu revenir « à sa place » dans son œil, voir dans son cerveau. Prostré contre ses genoux et une main plaquée contre son œil, l’imagination de Nathanael ne fit qu’un tour. Si le principe était rigoureux, tout son sang aurait pu revenir à ses poumons, à son coeur, ou à une quelconque précédente étape de son parcours. Ou peut-être que comme Moïse, cette baguette avait tout simplement écarté les flots de son humeur vitrée…
« Ina’al Rabaque… Cus em em em emek ars...* »
Le flot était si serré et interrompu qu’on aurait dit un bruissement de feuilles ou à défaut, le sifflement d’un serpent. Au dam de ses parents, il avait retenu toutes les insultes, injures et malédictions entendues parmi les fidèles les plus virulents de leur synagogue locale, sans parler de ses nombreux frères et sœurs, auxquels il devait ses expressions les plus fleuries. Néanmoins, et parce qu’il avait toujours été de nature retenue, sa litanie fut tamisée à travers des dents serrées et il l’acheva par un faiblard « Levav » pour s’excuser. Mais la jeune fille ne comprenait rien, et tant mieux peut-être. Il se redressa subitement, parce qu’il était fautif et que ce spectacle ne pouvait durer que le temps de la frustration : malgré tout et quoi que probablement soit pâle, soit injecté de sang, il offrit un visage calme à la jeune femme, presque flegmatique.
« Navré, c’est de ma faute. Dit-il d’une voix quelque peu blanche - sa cornée frissonnait encore -, mais déterminée à ne pas contrarier les bienveillantes intentions de l’étudiante. Qu’est-ce que… qu’est-ce que j’ai ? » Demanda-t-il finalement en dégageant sa main de sa paupières et en relevant le visage vers Pina.
Péniblement, il ouvrit sa paupière et exposa son œil douloureux, avec lequel il voyait comme à travers de l’eau trouble. Il aurait dû partir. Non pas à cause de la honte, mais parce que l’étudiante n’avait pas à être son infirmière, ni à subir les désagréments de ses échecs et maladresses répétées. Cependant, il devait avouer que rarement il s’était attiré autant de foudres, de quoi entamer une sérieuse crise de la trentaine, ou peut-être même existentielle : la magie n’était pas faite pour lui.
« Loin de moi l’idée de saboter volontairement tes efforts, mais tu vas regretter d’avoir juré de rester avec moi. » commmenta-t-il, cette fois avec un fatalisme à l’épreuve de son embarras.
* - Une façon de maudire tous les dieux
- Quelque chose au sujet des parties génitales de ta mère.
@Pina Jakobsdóttir Faut pas stresser, tu fais toujours de jolies réponses !
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Ven 18 Déc 2020 - 21:43
« ça ne dure que quelques secondes » pressa t-elle gentiment en jetant quelques coup d'oeil dans le reste de la bibliothèque, de peur qu'ils se fassent réprimander pour le bruit, le sang, ou simplement parce qu'ils discutaient. Si la bibliothèque était son sanctuaire, c'était également parce que rare étaient ceux qui osaient s'y rendre pour faire autre chose que plonger dans un grimoire. « J'aurais préféré être une courge tout compte fait. »
Amusée par son pessimisme, la jeune lufkin reprit sa baguette en main en l'invitant d'un regard à lui faire confiance. Concentrée, elle pointa le bout de son outil à quelques centimètres de la plaie, son autre main en appuie sur le genoux du garçon. Ce qu'elle avait moins vu venir, c'est le mouvement brusque de son visage au moment ou le sort prenait forme et partait droit... dans son œil, à quelques centimètres de la plaie ! Vivement, Pina recula sa main, mais le mal était fait : le sort était lancé. Elle plaqua sa main sur sa bouche en un geste horrifié, alors que son patient se courbait en deux. « Oh lala, est-ce que ça va ?! » Complètement perturbée par la situation, elle n'essaya même pas de comprendre la langue utilisée par l'homme à ses côtés, la même main auparavant plaquée sur sa bouche venant serrer avec pression l'épaule, puis le bras, alors qu'il se redressait pour la regarder. « Navré, c'est de ma faute. Qu'est ce que... qu'est ce que j'ai ? »
La blancheur de sa pupille provoqua en Pina une montée de stresse, paniquée à l'idée de l'avoir rendu aveugle « Est-ce que tu vois quelque chose ? », demandait-elle, déjà penchée devant lui pour essayer de faire réagir ses yeux. Ses propres prunelles s'étaient teinté de larmes qu'elle ne savait contrôler, perdue par le revirement de la situation. Le sang sur le visage de Nathanael avait été étalé par ses gestes et lui donnait encore plus une allure de mort-vivant. La renarde déglutit difficilement, insensible à l'humour fataliste de son interlocuteur « Loin de moi l'idée de saboter volontairement tes efforts, mais tu vas regretter d'avoir juré de rester avec moi. »
Comme piquée à vif par quelque chose, l'étudiante s'était relevée d'un seul et même geste, tendue, « Bon, ça suffit ! » souffla t-elle en le regardant, l'air désolée « On va à l'infirmerie, je ne veux pas te faire encore plus mal. S'il-te-plait ? » Si elle était capable de réparer un bobo et de cicatriser une plaie, réparer un sort sur un endroit aussi sensible que les yeux étaient bien loin de ses capacités de médicomagie, et Pina était bien trop sérieuse (et réaliste) pour tenter quoi que ce soit de dangereux.
- InvitéInvité
Re: between the stars (nathanael, terminé)
Lun 1 Mar 2021 - 19:12
Sa nature rapidement écœurée aurait probablement préféré un lieu aseptisé, profondément empreint par l’odeur de javel ou au moins de méthanal, de médicaments et de désinfectant, avec du gel hydroalcoolique à profusion, de rassurantes blouses blanches, de l’inox stérile, des gants… Quand bien même durant les derniers jours de son père, ces odeurs avaient fini par lui causer quelques migraines et par hanter le souvenir de l’hôpital par un sentiment d’angoisse, Nathanael préférait ce semblant d’ordre et de propreté à… ça. Cette baguette pointée contre son front ; destinée largement choisie et assumée. Il était pourtant le premier à douter d’à peu près tout, commençant par les qualités de conducteur du taxiste, passant par la composition d’une crème hydratante et allant jusqu’aux qualifications qu’untel prétendait avoir. Mais douter de tout exaspérait les gens, induisait un manque de confiance beaucoup trop marqué pour espérer un jour pouvoir la partager sereinement. Alors, tout en sachant très probablement à quoi il s’exposait, Nathanael s’était plus ou moins docilement assis, taisant ses réticences derrière de l’humour un peu caustique, pour aider à flatter les aptitudes en médecine de la très jeune étudiante.
Alors, lorsqu’il vit flou d’un oeil, Nathanael pensa, comme tout à chacun muni d’une mauvaise foi de compétition, qu’il n’aurait jamais dû se laisser faire. Qu’aduler gratuitement l’égo des gens ne servait à rien à part leur donner un peu trop de confiance. Avec de la magie qui plus est ! Depuis qu’il travaillait ici, ce n’était qu’une succession de malheureux évènements en tout genre et l’utilité d’un tableau énumérant les accidents du travail était au sein de l’université réduite à zéro, tout comme aurait été son nombre de jours sans mésaventures. Quelque chose tournait mal ici, tout le temps. Parce qu’il n’y avait ici que des freluquets qui, d’une maîtrise souvent médiocre de la grammaire, passaient sans discontinuité à une maîtrise de leur « force intérieure ». Coller un scalpel sur un robot aspirateur aurait été moins hasardeux.
Puis très vite, il fallut revenir de la mauvaise foi à la réalité : c’était de sa faute. L’étudiante aurait pu être aussi mauvaise infirmière qu’une actrice dans une série télé, par son comportement maladroit et suspicieux, Nathanael avait empêché l’éclosion de son véritable potentiel en sabotant toute démonstration de compétence médicale à la racine. Il eut du mal à maîtriser son mauvais instinct, le muselant encore une fois par un humour qui, au fond, n’en avait que la forme. Et en voyant le visage crispé de l’étudiante, le concierge comprit rapidement qu’il risquait de perdre les quelques miraculeux progrès qu’il était parvenu à faire sur son caractère obsessionnel et passablement timoré.
« Bon, ça suffit ! On va à l’infirmerie, je ne veux pas te faire encore plus mal. S’il-te-plaît ? »
Quoi qu’épouvanté à l’idée de perdre potentiellement un œil, Nathanael jeta un regard vers la mine inquiète de la jeune femme, cette même jeune femme qui avait si gentiment proposé de l’aider un peu plus tôt. Ce n’était pas le moment de la vexer. Ce n’était pas le moment d’abattre sa foudre vindicative sur une ignorance seulement supposée, même si probablement réelle. Mais elle n’était pas médecin et il l’avait su et lui faire payer une entorse à sa propre règle aurait été particulièrement ingrat. Deux choix s’offrirent à lui et, poussé par le désir de ne surtout pas punir les bonnes intentions de l’étudiante, Nathanael choisit stupidement cet autre extrême, dont la révolution tentait tant de préserver l’estime de soi qu’à tarir les inquiétudes. Parce qu’il ne voulait pas qu’elle puisse penser ce à quoi il avait songé pendant quelques cinq secondes : que tout était de sa faute à elle.
« Non, ça va » marmonna-t-il, puis il essuya du revers de la main les traces de sang su son front.
C’était loin d’être une idée brillante, mais honnêtement socialement parlant, il naviguait d’une idée saugrenue à une autre en espérant que ses fondations caduques parviennent à faire tenir une quelconque relation par la force de la… magie. Hm, c’était une preuve qu’au fond, il avait toujours cru en la magie, vu que seul un miracle avait jusqu’à maintenant été capable de lui assurer un semblant d’amitié avec un être humain. Sans parler du fait que s’il n’était plus puceau à son âge, c’était probablement qu’une blanche colombe était venue le bénir dans son sommeil avec un rameau d’olivier, envoyée par Dieu ou Merlin. Et va savoir lequel des deux était le plus susceptible d’avoir pitié de lui. Dans tous les cas, plutôt que d’accepter l’invitation d’aller à l’infirmerie, comme l’aurait fait un cerveau normalement constitué, Nathanael nia en bloc dans une tentative de ne pas gâcher la bénédiction envoyée un jour sur sa tête et dont il ne fallait certainement pas abuser.
« Je me sens déjà mieux. Rien de grave, finalement ! Par contre… dit-il en regardant son poignet où il n’y avait pas de montre, il va falloir que j’y aille. »
Autant avait-il voulu minimiser la situation en essuyant le sang et en mentant sur son état pour rassurer la jeune femme, autant savait-il ne pas tenter le destin en se mentant à soi-même.
« Vraiment, je me sens déjà mieux ! Merci pour ton aide. Dans l’un comme dans l’autre, ça guérira vite, ce sont juste des égratignures. Mon front. L’oeil c’est plus une opacification. Puis au pire, les gens vivent bien avec une cataracte ! Non, oublie, ça n’a rien avoir, c’est comme si j’avais passé trop de temps à la piscine, tu vois ? Enfin non, il ne vaut mieux pas que tu « voies ». Donc voilà, j’y vais. A une autre fois. »
Il avait parlé d’une seule traite, assez mesurée pour être compréhensible, mais trop rapide pour que quiconque puisse y insérer le moindre mot étranger. Sentant qu’il commençait à s’emmêler les pinceaux, comme à chaque fois que des émotions confuses le surprenaient, Nathanael écourta néanmoins l’incident avant d’en dire trop, abandonnant le sujet dans un état plus ou moins convenable à son goût. Et comme il était exceptionnellement doué pour la fuite, ses longues jambes n’eurent qu’à faire quelques enjambées, aussi peu précipitées que possible, pour atteindre la porte de la bibliothèque, abandonnant non seulement la jeune femme à sa réalité, mais son astrolabe également. Après tout, la honte était un moteur bien plus efficace que le matérialisme.
« Dénébola. » rajouta-t-il subitement, comme rattrapé par la foudre, la main levée en l’air alors qu’il amorçait un demi tour périlleux, emporté par un élan de perfectionnisme qu'il ne savait pas réfreiner. Sa main perdue en l’air, la hanche meurtrie par la table dans laquelle il venait de rentrer, il rassembla les dernières parcelles d’amour propre pour prodiguer son ultime conseil. Il ne pouvait pas laisser l'étoile blanche perdue au milieu de nulle part à moins de vouloir risquer une crise existentielle la prochaine fois qu'il songerait à elle. Il ne se le pardonnerait pas, si elle finissait par rencontrer la naine rouge qui lui faisait de l'oeil, même si cela n'était que sur une carte étudiante. Autant éviter les accidents stellaires, même imaginaires.
« Dénébola. Il faut que tu la changes de place » recommand-t-il donc en avalant encore la moitié des syllabes.
Puis, avec enfin la satisfaction d'avoir au moins été correct avec la constellation du Lion, Nathanael disparu de l'Univers social dans lequel il gravitait de manière si périlleuse, quittant d'un pas rapide la bibliothèque.
@Pina Jakobsdóttir Nael devant toute forme de magie
Alors, lorsqu’il vit flou d’un oeil, Nathanael pensa, comme tout à chacun muni d’une mauvaise foi de compétition, qu’il n’aurait jamais dû se laisser faire. Qu’aduler gratuitement l’égo des gens ne servait à rien à part leur donner un peu trop de confiance. Avec de la magie qui plus est ! Depuis qu’il travaillait ici, ce n’était qu’une succession de malheureux évènements en tout genre et l’utilité d’un tableau énumérant les accidents du travail était au sein de l’université réduite à zéro, tout comme aurait été son nombre de jours sans mésaventures. Quelque chose tournait mal ici, tout le temps. Parce qu’il n’y avait ici que des freluquets qui, d’une maîtrise souvent médiocre de la grammaire, passaient sans discontinuité à une maîtrise de leur « force intérieure ». Coller un scalpel sur un robot aspirateur aurait été moins hasardeux.
Puis très vite, il fallut revenir de la mauvaise foi à la réalité : c’était de sa faute. L’étudiante aurait pu être aussi mauvaise infirmière qu’une actrice dans une série télé, par son comportement maladroit et suspicieux, Nathanael avait empêché l’éclosion de son véritable potentiel en sabotant toute démonstration de compétence médicale à la racine. Il eut du mal à maîtriser son mauvais instinct, le muselant encore une fois par un humour qui, au fond, n’en avait que la forme. Et en voyant le visage crispé de l’étudiante, le concierge comprit rapidement qu’il risquait de perdre les quelques miraculeux progrès qu’il était parvenu à faire sur son caractère obsessionnel et passablement timoré.
« Bon, ça suffit ! On va à l’infirmerie, je ne veux pas te faire encore plus mal. S’il-te-plaît ? »
Quoi qu’épouvanté à l’idée de perdre potentiellement un œil, Nathanael jeta un regard vers la mine inquiète de la jeune femme, cette même jeune femme qui avait si gentiment proposé de l’aider un peu plus tôt. Ce n’était pas le moment de la vexer. Ce n’était pas le moment d’abattre sa foudre vindicative sur une ignorance seulement supposée, même si probablement réelle. Mais elle n’était pas médecin et il l’avait su et lui faire payer une entorse à sa propre règle aurait été particulièrement ingrat. Deux choix s’offrirent à lui et, poussé par le désir de ne surtout pas punir les bonnes intentions de l’étudiante, Nathanael choisit stupidement cet autre extrême, dont la révolution tentait tant de préserver l’estime de soi qu’à tarir les inquiétudes. Parce qu’il ne voulait pas qu’elle puisse penser ce à quoi il avait songé pendant quelques cinq secondes : que tout était de sa faute à elle.
« Non, ça va » marmonna-t-il, puis il essuya du revers de la main les traces de sang su son front.
C’était loin d’être une idée brillante, mais honnêtement socialement parlant, il naviguait d’une idée saugrenue à une autre en espérant que ses fondations caduques parviennent à faire tenir une quelconque relation par la force de la… magie. Hm, c’était une preuve qu’au fond, il avait toujours cru en la magie, vu que seul un miracle avait jusqu’à maintenant été capable de lui assurer un semblant d’amitié avec un être humain. Sans parler du fait que s’il n’était plus puceau à son âge, c’était probablement qu’une blanche colombe était venue le bénir dans son sommeil avec un rameau d’olivier, envoyée par Dieu ou Merlin. Et va savoir lequel des deux était le plus susceptible d’avoir pitié de lui. Dans tous les cas, plutôt que d’accepter l’invitation d’aller à l’infirmerie, comme l’aurait fait un cerveau normalement constitué, Nathanael nia en bloc dans une tentative de ne pas gâcher la bénédiction envoyée un jour sur sa tête et dont il ne fallait certainement pas abuser.
« Je me sens déjà mieux. Rien de grave, finalement ! Par contre… dit-il en regardant son poignet où il n’y avait pas de montre, il va falloir que j’y aille. »
Autant avait-il voulu minimiser la situation en essuyant le sang et en mentant sur son état pour rassurer la jeune femme, autant savait-il ne pas tenter le destin en se mentant à soi-même.
« Vraiment, je me sens déjà mieux ! Merci pour ton aide. Dans l’un comme dans l’autre, ça guérira vite, ce sont juste des égratignures. Mon front. L’oeil c’est plus une opacification. Puis au pire, les gens vivent bien avec une cataracte ! Non, oublie, ça n’a rien avoir, c’est comme si j’avais passé trop de temps à la piscine, tu vois ? Enfin non, il ne vaut mieux pas que tu « voies ». Donc voilà, j’y vais. A une autre fois. »
Il avait parlé d’une seule traite, assez mesurée pour être compréhensible, mais trop rapide pour que quiconque puisse y insérer le moindre mot étranger. Sentant qu’il commençait à s’emmêler les pinceaux, comme à chaque fois que des émotions confuses le surprenaient, Nathanael écourta néanmoins l’incident avant d’en dire trop, abandonnant le sujet dans un état plus ou moins convenable à son goût. Et comme il était exceptionnellement doué pour la fuite, ses longues jambes n’eurent qu’à faire quelques enjambées, aussi peu précipitées que possible, pour atteindre la porte de la bibliothèque, abandonnant non seulement la jeune femme à sa réalité, mais son astrolabe également. Après tout, la honte était un moteur bien plus efficace que le matérialisme.
« Dénébola. » rajouta-t-il subitement, comme rattrapé par la foudre, la main levée en l’air alors qu’il amorçait un demi tour périlleux, emporté par un élan de perfectionnisme qu'il ne savait pas réfreiner. Sa main perdue en l’air, la hanche meurtrie par la table dans laquelle il venait de rentrer, il rassembla les dernières parcelles d’amour propre pour prodiguer son ultime conseil. Il ne pouvait pas laisser l'étoile blanche perdue au milieu de nulle part à moins de vouloir risquer une crise existentielle la prochaine fois qu'il songerait à elle. Il ne se le pardonnerait pas, si elle finissait par rencontrer la naine rouge qui lui faisait de l'oeil, même si cela n'était que sur une carte étudiante. Autant éviter les accidents stellaires, même imaginaires.
« Dénébola. Il faut que tu la changes de place » recommand-t-il donc en avalant encore la moitié des syllabes.
Puis, avec enfin la satisfaction d'avoir au moins été correct avec la constellation du Lion, Nathanael disparu de l'Univers social dans lequel il gravitait de manière si périlleuse, quittant d'un pas rapide la bibliothèque.
@Pina Jakobsdóttir Nael devant toute forme de magie
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