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Le plan machiavélique d'Ekuru Lukara
Lun 27 Juil 2020 - 18:33
En amoureux.
Ensemble.
En amoureux.
Ensemble.
En amou…
Ekuru fusilla son amie du regard et la jeune sorcière haussa les épaules.
Moi, je dis ça, c’est pour aider.
C’est dans le cadre du club de potions, argua le Kenyan.
Bien sûr et c’est pour ça que vous y emmenez tout votre club, ironisa la demoiselle.
Depuis qu’il lui avait dit qu’il s’absentait pour un week-end qu’il comptait passer avec Matsuo sur Eilean Bruader, la jeune femme s’ingéniait à le faire tourner en bourrique. Au fond, bien sûr, elle mettait le doigt là où ça ne faisait pas mal du tout : l’exploration de la flore de l’île mythique n’avait été qu’un prétexte pour Ekuru quand il avait proposé à Matsuo d’y occuper un bungalow avec lui.
La vérité, c’était que depuis leur rencontre quelques semaines plus tôt, il n’avait eu de cesse de flirter avec le danseur. Les allusions qu’ils avaient échangé les premiers soirs n’avaient pas été les seules, mais Ekuru n’avait jamais trouvé le bon moment pour passer à la vitesse supérieure. D’abord, ils se retrouvaient le plus souvent au milieu du groupe de potions et la présence des autres ne favorisait guère les approches et ensuite, le doctorant avait été fort occupé, pour boucler son plan de thèse avant le début des vacances d’été.
Frustré par la situation, il avait, fidèle à ses habitudes, mit en œuvre un plan machiavélique. La première étape avait consisté à croiser les emplois du temps de tous les membres du club. Il avait de la sorte identifié un week-end où ils étaient tous pris et où Matsuo était libre et puis, l’air innocent, il avait proposé qu’ils se rendent tous sur l’île pour en examiner les herbes qu’on disait rares et tout à fait dignes d’intérêt. Naturellement, ses camarades occupés par ailleurs avaient été contraints de décliner et, comme par hasard, il s’était retrouvé seul dans l’aventure avec Matsuo.
Ekuru acheva de fermer son sac de randonnée. Il l’avait rempli en partie de matériel de potions, car au fond il comptait bien profiter de ce voyage exceptionnel pour étudier les plantes du coin, un intérêt qu’il partageait de toute façon avec Matsuo. Mais son principal objectif demeurait bien le jeune homme. Il était temps de prendre les choses en mains. C’était qu’Ekuru était victime d’une terrible malédiction : même si ses histoires avec les garçons échouaient systématiquement, il s’obstinait à retenter sa chance.
Les deux amis s’étaient donnés rendez-vous sur le port. Le vent du large était frais et humide, comme souvent en Écosse, mais on leur avait assuré qu’à l’approche de l’île, le climat devenait beaucoup plus clément. Ekuru avait réservé deux places sur le voilier d’un vieux sorcier du coin qui, après les annonces du ministère, avait eu du nez pour les affaires et s’était improvisé ferry entre l’île et le reste de l’Écosse.
Le visage d’Ekuru s’illumina d’un sourire quand il vit Matsuo faire son apparition. Peut-être aussi se laissa-t-il gagner par un peu d’appréhension. Après tout, il y avait tout un monde entre le jeu de la séduction et la concrétisation et Matuso pouvait être de ces jeunes gens qui flirtaient sans intention d’aller plus loin. Même si tous les signes pointaient dans la direction contraire, Ekuru ne pouvait s’empêcher de se demander s’il n’était pas en train de céder à une terrible imprudence.
Bonjour. Je crois qu’on ne va pas tarder à partir, dit-il en désignant d’un geste de la tête un petit attroupement au bout du ponton, des gens du coin, jeunes et moins jeunes, qui disparaissaient presque entièrement dans leurs imperméables, parce qu’il s’était mis à pleuvoir. J’aurais bien pris un voilier juste pour nous deux, mais honnêtement, moi et les bateaux, c’est un peu… enfin tu vas voir, quoi.
Quelques minutes plus tard, le voilier larguait les amarres et embarquait une dizaine de personnes en direction des sables enchantés. Et Ekuru, au large, n’en menait pas large. C’était la partie de toute de cette histoire qu’il redoutait : celle où, gagné par un irrépressible mal de mer, il se cramponnait à son banc, les yeux fermés, sans vraiment profité du paysage.
Autant dire que pendant la traversée, sa conversation fut strictement limitée à des hmm hmm et des hm. Il ne consentit à rouvrir les yeux que lorsqu’il sentit la température se réchauffer brusquement. Tout le monde enlevait son imperméable avec des exclamations de satisfaction et la silhouette de l’île presque paradisiaque se dessinait à l’horizon, comme sortie tout droit des mers du sud.
Ekuru poussa un soupir de soulagement et, dix minutes plus tard, le voilier accostait doucement et libérait ses passagers.
Désolé, marmonna Ekuru en se retrouvant sur le ponton avec Matsuo, je n’ai jamais eu le pied marin. C’est un euphémisme. Je suis plus à mon aise sur la terre ferme. Le pire, c’est que je me débrouille quand il s’agit de nager, c’est vraiment… Le roulis et tout cela. Enfin bref…
Il haussa les épaules que l’un de ses traditionnels débardeurs laissait nues, comme souvent.
On va déposer nos affaires au bungalow et on avise à partir de là… ?
Ensemble.
En amoureux.
Ensemble.
En amou…
Ekuru fusilla son amie du regard et la jeune sorcière haussa les épaules.
Moi, je dis ça, c’est pour aider.
C’est dans le cadre du club de potions, argua le Kenyan.
Bien sûr et c’est pour ça que vous y emmenez tout votre club, ironisa la demoiselle.
Depuis qu’il lui avait dit qu’il s’absentait pour un week-end qu’il comptait passer avec Matsuo sur Eilean Bruader, la jeune femme s’ingéniait à le faire tourner en bourrique. Au fond, bien sûr, elle mettait le doigt là où ça ne faisait pas mal du tout : l’exploration de la flore de l’île mythique n’avait été qu’un prétexte pour Ekuru quand il avait proposé à Matsuo d’y occuper un bungalow avec lui.
La vérité, c’était que depuis leur rencontre quelques semaines plus tôt, il n’avait eu de cesse de flirter avec le danseur. Les allusions qu’ils avaient échangé les premiers soirs n’avaient pas été les seules, mais Ekuru n’avait jamais trouvé le bon moment pour passer à la vitesse supérieure. D’abord, ils se retrouvaient le plus souvent au milieu du groupe de potions et la présence des autres ne favorisait guère les approches et ensuite, le doctorant avait été fort occupé, pour boucler son plan de thèse avant le début des vacances d’été.
Frustré par la situation, il avait, fidèle à ses habitudes, mit en œuvre un plan machiavélique. La première étape avait consisté à croiser les emplois du temps de tous les membres du club. Il avait de la sorte identifié un week-end où ils étaient tous pris et où Matsuo était libre et puis, l’air innocent, il avait proposé qu’ils se rendent tous sur l’île pour en examiner les herbes qu’on disait rares et tout à fait dignes d’intérêt. Naturellement, ses camarades occupés par ailleurs avaient été contraints de décliner et, comme par hasard, il s’était retrouvé seul dans l’aventure avec Matsuo.
Ekuru acheva de fermer son sac de randonnée. Il l’avait rempli en partie de matériel de potions, car au fond il comptait bien profiter de ce voyage exceptionnel pour étudier les plantes du coin, un intérêt qu’il partageait de toute façon avec Matsuo. Mais son principal objectif demeurait bien le jeune homme. Il était temps de prendre les choses en mains. C’était qu’Ekuru était victime d’une terrible malédiction : même si ses histoires avec les garçons échouaient systématiquement, il s’obstinait à retenter sa chance.
Les deux amis s’étaient donnés rendez-vous sur le port. Le vent du large était frais et humide, comme souvent en Écosse, mais on leur avait assuré qu’à l’approche de l’île, le climat devenait beaucoup plus clément. Ekuru avait réservé deux places sur le voilier d’un vieux sorcier du coin qui, après les annonces du ministère, avait eu du nez pour les affaires et s’était improvisé ferry entre l’île et le reste de l’Écosse.
Le visage d’Ekuru s’illumina d’un sourire quand il vit Matsuo faire son apparition. Peut-être aussi se laissa-t-il gagner par un peu d’appréhension. Après tout, il y avait tout un monde entre le jeu de la séduction et la concrétisation et Matuso pouvait être de ces jeunes gens qui flirtaient sans intention d’aller plus loin. Même si tous les signes pointaient dans la direction contraire, Ekuru ne pouvait s’empêcher de se demander s’il n’était pas en train de céder à une terrible imprudence.
Bonjour. Je crois qu’on ne va pas tarder à partir, dit-il en désignant d’un geste de la tête un petit attroupement au bout du ponton, des gens du coin, jeunes et moins jeunes, qui disparaissaient presque entièrement dans leurs imperméables, parce qu’il s’était mis à pleuvoir. J’aurais bien pris un voilier juste pour nous deux, mais honnêtement, moi et les bateaux, c’est un peu… enfin tu vas voir, quoi.
Quelques minutes plus tard, le voilier larguait les amarres et embarquait une dizaine de personnes en direction des sables enchantés. Et Ekuru, au large, n’en menait pas large. C’était la partie de toute de cette histoire qu’il redoutait : celle où, gagné par un irrépressible mal de mer, il se cramponnait à son banc, les yeux fermés, sans vraiment profité du paysage.
Autant dire que pendant la traversée, sa conversation fut strictement limitée à des hmm hmm et des hm. Il ne consentit à rouvrir les yeux que lorsqu’il sentit la température se réchauffer brusquement. Tout le monde enlevait son imperméable avec des exclamations de satisfaction et la silhouette de l’île presque paradisiaque se dessinait à l’horizon, comme sortie tout droit des mers du sud.
Ekuru poussa un soupir de soulagement et, dix minutes plus tard, le voilier accostait doucement et libérait ses passagers.
Désolé, marmonna Ekuru en se retrouvant sur le ponton avec Matsuo, je n’ai jamais eu le pied marin. C’est un euphémisme. Je suis plus à mon aise sur la terre ferme. Le pire, c’est que je me débrouille quand il s’agit de nager, c’est vraiment… Le roulis et tout cela. Enfin bref…
Il haussa les épaules que l’un de ses traditionnels débardeurs laissait nues, comme souvent.
On va déposer nos affaires au bungalow et on avise à partir de là… ?
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Re: Le plan machiavélique d'Ekuru Lukara
Lun 24 Aoû 2020 - 21:51
Matsuo avait toujours eu une certaine vision de la vie très spécifique. Il était du genre à se laisser vivre et à croire au coup du destin. Il détestait rendre son existence prévisible et toute faite. Il aimait la surprise d’un regard, la spontanéité d’un échange et les découvertes qui émanent d’une nouvelle rencontre. Autant dire qu’il avait été servi en rencontrant cet étudiant sorcier haut en couleur, Ekuru. Dès les premiers regards et les premiers échanges, l’attirance s’était fait sentir. Il fallait dire que le beau métis avait un charme certain, qui charmait totalement le japonais. Des cheveux bouclés, un visage carré et une carrure des plus agréables à regarder. Ses yeux avaient donc été sous le charme de ce jeune homme. Et puis, la parole avait été échangé. Une discussion naturelle et sans accroc et tellement agréable qu’ils avaient rapidement remis le couvert. Le jeune sorcier avait rejoint le club de potions pour le plus grand plaisir du danseur. Un certain jeu de séduction s’était initié entre les deux garçons. Un jeu des plus agréables. Rien ne s’était passé entre eux. Des regards taquins, de larges sourires, des petits clins d’œil, des petites phrases, mais aucun rapprochement physique. Cela commençait à être frustrant aux yeux de Kimi qui commençait à sentir l’impatience et l’envie se faire encore plus présentes. Il fallait dire que le beau sorcier avait eu pas mal de boulot niveau études. Il comprenait parfaitement que le savoir et le travail passe avant lui. Il en était de même pour lui. D’ailleurs, il avait eu des semaines bien chargées lui aussi.
Le destin ou bien le beau métis avait réussi à les réunir dans un cadre paradisiaque. Une île, de quoi laisser libre court à une passion commune, les potions et donc la découverte d’herbes pour les réaliser. Ekuru avait eu le nez pour attiser la curiosité du japonais lorsqu’il avait proposé aux membres du club de potions d’aller sur cette île pour aller à la découverte de la flore de cet endroit. Personne n’était libre, personne sauf le danseur. Il avait bien évidemment montré son engouement et ils avaient donc prévu d’y aller tous les deux. Le jeune étudiant avait hâte de se retrouver là-bas en compagnie de ce beau garçon. Ils avaient convenu de se retrouver sur le port. Il avait donc préparé son paquetage, prenant de quoi récolter des plantes mais également des affaires et de quoi pouvoir vivre ce weekend sans avoir à se soucier de savoir s’il avait oublié quelque chose. Il était impatient et comme un gamin la veille de Noël. Le temps filait vite et il ne put qu’être tout sourire en se postant face au beau métis. Il le salua chaleureusement, pas forcément déçu face à la précision qu’il venait de lui apporter en disant qu’il serait sur un voilier avec d’autres personnes.
« - Salut mon joli ! T’en fais pas, on aura tout le temps d’être tous les deux ensuite. »
Matsuo n’avait pas pu s’empêcher de lui faire un clin d’œil taquin avant de monter dans l’embarcation. Le voyage se fit tranquillement. Ekuru n’était pas des plus bavards. Mais en même temps, le japonais avait rapidement pu se rendre compte qu’il n’était pas très à l’aise avec les bateaux. Il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour voir qu’il avait le mal de mer. Du coup, le danseur le laissa plutôt tranquille, ne voulant pas qu’il soit encore plus mal. Une fois amarré sur la terre ferme, ils descendirent tranquillement. Eku’ put se sentir à son aise, respirant enfin. Il s’excusa pour son silence, lui expliquant ne pas avoir le pied marin. Il était à l’aise dans l’eau, en nageant. Mais pour le reste, ce n’était tout simplement pas possible.
« - Ce n’est pas grave. Chacun ses points faibles. L’important c’est qu’on soit sur la terre ferme et que tu te sentes plus à ton aise. Parce que je dois avouer que j’aime entendre ta voix et tes belles paroles. »
Kimi lui offrir un grand sourire, impatient de pouvoir aller explorer les environs. Mais il trouva la proposition du beau métis plutôt bonne. Il n’avait pas besoin de s’encombrer de toutes leurs affaires pour jouer aux aventuriers. Ils pouvaient donc passer au bungalow pour se décharger du superflu. En tout cas, il n’y voyait aucun inconvénient.
« - Je suis tout à fait d’accord avec toi. Passons au bungalow et ensuite on ira à la découverte de la flore de cette magnifique île. Qu’en penses-tu ? »
Ils prirent donc la direction de l’habitation qu’ils partageront pour le weekend. Il était impatient de voir l’habitation. Une fois devant, il ne put que s’extasier face à tant de beauté. Il était du genre à s’extasier des petits bonheurs de la vie. Il n’était pas du genre à être blasé face à ce que la vie pouvait lui offrir. Au contraire, il avait encore des yeux d’enfants, des yeux innocents. Ils entrèrent tous les deux.
« - Wow ! C’est magnifique. Un endroit digne d’une lune de miel. »
Le japonais se mit à rire face à sa remarque. Mais en même temps, il n’avait pas tort…
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Re: Le plan machiavélique d'Ekuru Lukara
Jeu 27 Aoû 2020 - 17:09
Le bungalow était tout près de la plage, sur des pilotis de bois, et depuis le petit perron juste assez grand pour accueillir une table étroite, on pouvait observer la mer, qui venait s’écraser calmement contre le sable. C’était un spectacle singulier : à quelques kilomètres de la côte, on percevait sans peine la texture de l’air qui changeait et, à la clarté ensoleillée de l’oasis tropicale succédait le crachin des eaux froides de l’Écosse.
C’était un étrange phénomène climatique et debout devant la portée d’entrée, Ekuru le considéra un moment, incapable de savoir si l’île était magique par elle-même ou si elle avait été enchantée à dessein. La manipulation de l’environnement naturel était un exercice difficile et délicat, réservé aux enchanteurs les plus aguerris : au-delà de la prouesse magique en elle-même, c’était la somme des connaissances nécessaires pour ne pas provoquer l’effondrement d’un écosystème qui faisait obstacle aux débutants.
Hmm… ?
Le jeune homme consentit à pénétrer dans le bungalow en entendant son ami qui s’extasiait sur l’aménagement intérieur.
Une lune de miel ?
Son regard croisa celui de l’Asiatique et, d’un ton dégagé, il souligna :
Il y a une chambre de trop pour ça.
Un sourire se dessina sur ses lèvres, avant qu’il ne précise du même ton :
Mais je suppose que les locataires ne sont pas obligés d’utiliser toutes les pièces du lieu.
Et en l’occurrence, les locataires, c’était eux. Ekuru avait la ferme intention que l’un des deux lits ne soit jamais défait.
Je vais me changer, conclut-il, avant de disparaître dans la chambre de gauche.
Quelques minutes plus tard, le Kenyan refaisait son apparition dans une tenue plus appropriée au climat généreux de l’île : c’est-à-dire qu’il était en maillot de bain. Pour la première fois, il se dévoilait torse nu à Matsuo et le spectacle confirmait ce que son ami avait déjà pu deviner de lui. Ekuru était solidement bâti et sa musculature puissante trahissait le régime sportif rigoureux qu’il s’imposait. Mais il y avait encore autre chose : des cicatrices, au moins cinq ou six, sur son ventre, sur son torse et dans son dos.
Elle n’était pas très impressionnante, mais le fait même qu’elles fussent seulement présentes avait de quoi étonnant : pour résister aux sorts des médicomages, il avait sans doute fallu que leur origine fût d’une singulière violence. Ekuru, qui devait bien avoir conscience de leur caractère exceptionnel, n’eut cependant pas le moindre commentaire à son sujet.
En tout cas, le jeune homme s’était débarrassé des étranges colliers qu’il conservait presque tout le temps. À son poignet cependant les bracelets étaient toujours là, et depuis qu’ils se connaissaient, Matsuo avait pu facilement supposer que tous ces bijoux n’avaient rien d’ordinaire et qu’ils renfermaient quelques mystérieuses propriétés magiques.
Je veux explorer la côte et voir du côté des algues, expliqua-t-il pour justifier sa tenue, tout en indiquant d’un geste de la tête son sac à dos. Mais j’ai embarqué des vêtements, au cas où on veuille aller à l’intérieur des terres.
Sur quoi, il quitta le bungalow en compagnie de Matsuo, pour traverser les quelques mètres qui les séparaient encore de la plage et enfoncer ses pieds nus dans le sable chaud. Loin d’être insensible à la beauté du paysage, il le parcourut lentement du regard, embrassant d’un coup d’oeil circulaire la mer, le ciel et les dunes. Son tour du panorama finit par s’arrêter sur le visage de Matsuo. Tout cela était romantique, Ekuru s’en rendait bien compte, et c’était d’ailleurs précisément son but, alors pourquoi entretenir plus longtemps encore les faux semblants ?
Viens, dit-il d’une voix douce. On va partir à la pêche entre les rochers. Là-bas.
D’un geste de la main il désigna une sorte de digue naturelle, vers l’est.
Et puis la main en question se glissa dans celle de Matsuo.
Tout simplement.
Du pouce, Ekuru caressa le dos de la main de son ami, à peu près sûr qu’il ne se ferait pas rejeter : l’Asiatique n’avait pas précisément fait mystère que leur attirance était réciproque.
Sans faire le moindre commentaire, le sorcier se mit à marcher le long des vagues, main dans la main avec son ami. Peut-être plus que son ami, bientôt ? Lui qui passait une bonne partie de sa vie à explorer ce que la magie réservait de plus sombres et à méditer des machinations complexes pour parvenir à ses fins, se sentit soudain envahi par la tendresse simple et légère des jeunes gens de son âge, que les subtilités interdites des arcanes obscures préoccupent finalement moins que les sourires des jolis garçons.
C’était un étrange phénomène climatique et debout devant la portée d’entrée, Ekuru le considéra un moment, incapable de savoir si l’île était magique par elle-même ou si elle avait été enchantée à dessein. La manipulation de l’environnement naturel était un exercice difficile et délicat, réservé aux enchanteurs les plus aguerris : au-delà de la prouesse magique en elle-même, c’était la somme des connaissances nécessaires pour ne pas provoquer l’effondrement d’un écosystème qui faisait obstacle aux débutants.
Hmm… ?
Le jeune homme consentit à pénétrer dans le bungalow en entendant son ami qui s’extasiait sur l’aménagement intérieur.
Une lune de miel ?
Son regard croisa celui de l’Asiatique et, d’un ton dégagé, il souligna :
Il y a une chambre de trop pour ça.
Un sourire se dessina sur ses lèvres, avant qu’il ne précise du même ton :
Mais je suppose que les locataires ne sont pas obligés d’utiliser toutes les pièces du lieu.
Et en l’occurrence, les locataires, c’était eux. Ekuru avait la ferme intention que l’un des deux lits ne soit jamais défait.
Je vais me changer, conclut-il, avant de disparaître dans la chambre de gauche.
Quelques minutes plus tard, le Kenyan refaisait son apparition dans une tenue plus appropriée au climat généreux de l’île : c’est-à-dire qu’il était en maillot de bain. Pour la première fois, il se dévoilait torse nu à Matsuo et le spectacle confirmait ce que son ami avait déjà pu deviner de lui. Ekuru était solidement bâti et sa musculature puissante trahissait le régime sportif rigoureux qu’il s’imposait. Mais il y avait encore autre chose : des cicatrices, au moins cinq ou six, sur son ventre, sur son torse et dans son dos.
Elle n’était pas très impressionnante, mais le fait même qu’elles fussent seulement présentes avait de quoi étonnant : pour résister aux sorts des médicomages, il avait sans doute fallu que leur origine fût d’une singulière violence. Ekuru, qui devait bien avoir conscience de leur caractère exceptionnel, n’eut cependant pas le moindre commentaire à son sujet.
En tout cas, le jeune homme s’était débarrassé des étranges colliers qu’il conservait presque tout le temps. À son poignet cependant les bracelets étaient toujours là, et depuis qu’ils se connaissaient, Matsuo avait pu facilement supposer que tous ces bijoux n’avaient rien d’ordinaire et qu’ils renfermaient quelques mystérieuses propriétés magiques.
Je veux explorer la côte et voir du côté des algues, expliqua-t-il pour justifier sa tenue, tout en indiquant d’un geste de la tête son sac à dos. Mais j’ai embarqué des vêtements, au cas où on veuille aller à l’intérieur des terres.
Sur quoi, il quitta le bungalow en compagnie de Matsuo, pour traverser les quelques mètres qui les séparaient encore de la plage et enfoncer ses pieds nus dans le sable chaud. Loin d’être insensible à la beauté du paysage, il le parcourut lentement du regard, embrassant d’un coup d’oeil circulaire la mer, le ciel et les dunes. Son tour du panorama finit par s’arrêter sur le visage de Matsuo. Tout cela était romantique, Ekuru s’en rendait bien compte, et c’était d’ailleurs précisément son but, alors pourquoi entretenir plus longtemps encore les faux semblants ?
Viens, dit-il d’une voix douce. On va partir à la pêche entre les rochers. Là-bas.
D’un geste de la main il désigna une sorte de digue naturelle, vers l’est.
Et puis la main en question se glissa dans celle de Matsuo.
Tout simplement.
Du pouce, Ekuru caressa le dos de la main de son ami, à peu près sûr qu’il ne se ferait pas rejeter : l’Asiatique n’avait pas précisément fait mystère que leur attirance était réciproque.
Sans faire le moindre commentaire, le sorcier se mit à marcher le long des vagues, main dans la main avec son ami. Peut-être plus que son ami, bientôt ? Lui qui passait une bonne partie de sa vie à explorer ce que la magie réservait de plus sombres et à méditer des machinations complexes pour parvenir à ses fins, se sentit soudain envahi par la tendresse simple et légère des jeunes gens de son âge, que les subtilités interdites des arcanes obscures préoccupent finalement moins que les sourires des jolis garçons.
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Re: Le plan machiavélique d'Ekuru Lukara
Lun 21 Sep 2020 - 21:55
Matsuo n’avait pas eu à se forcer en acceptant l’invitation d’Ekuru. Il aurait très bien pu lui proposer clairement de venir tous les deux sur cette île que la réponse aurait été la même. Il n’avait pas forcément compris le stratagème du beau métis pour qu’il soit sûr qu’ils finiraient en tête à tête. A vrai dire, il se fichait bien de la supercherie dans tout ça. L’important pour lui, c’était qu’il pourrait profiter pleinement de lui, des plantes et de cet environnement paradisiaque. D’ailleurs, il n’avait pu s’empêcher de s’extasier face à la beauté de cette île mais surtout de leur habitation pour le weekend. Le bungalow était magnifique. Il n’avait pu s’empêcher de lancer cette petite phrase lourde de sens, parlant clairement de lune de miel. Peut-être qu’ils finiraient par consommer cette attirance et cette envie qu’il avait de découvrir encore plus le bel étudiant. En tout cas, il fut ravi d’entendre qu’Ekuru était réceptif à son petit jeu de séduction. Il avait surenchéri en lui disant qu’il y avait une chambre de trop pour que ce soit réellement un bungalow spécial lune de miel. Il n’avait pas tort. Un petit sourire était né sur ses lèvres et la phrase qui avait suivi avait eu le don de faire monter le palpitant chez le japonais. Il venait de lui confier son envie de partager une chambre avec lui et donc de faire en sorte que l’une des deux ne soit jamais utilisée. Le danseur en fut flatté et surtout, il fut ravi de voir que leur complicité et les petits rapprochements avaient donné lieu à des pensées plus profondes chez son comparse.
« - Et bien je vois que monsieur a pensé à tout. Je ne vais pas dire que je n’en ai pas envie, bien au contraire. Je serai ravi de te tenir chaud la nuit. »
Kimi lui fit un clin d’œil appuyé pour lui montrer qu’il répondait favorablement à cette invitation déguisée. Finalement, Ekuru l’informa qu’il allait se changer. L’asiatique l’attendit donc dans la pièce principale, il se changerait après. Il voulait voir quelle tenue son ami adopterait pour en faire de même. Il ne fut clairement pas déçu du spectacle lorsqu’il le vit revenir en maillot de bain. Il ne put d’ailleurs s’empêcher de se mordiller la lèvre inférieure. Il avait un corps parfaitement sculpté et musclé. Il n’avait clairement pas à avoir des complexes. Il avait un corps divin. Matsuo ne put s’empêcher de rire légèrement face à la justification du jeune homme quant à sa tenue.
« - D’accord, je vais me changer aussi alors. Sache que cette tenue me plait beaucoup. »
Le japonais prit ses affaires et vint déposer un baiser sur la joue du métis lorsqu’il passa à côté de lui. Il se changea rapidement, passant à son tour un maillot de bain et remplissant rapidement un sac à dos avec une autre tenue s’ils prenaient la décision d’aller dans les terres ensuite. Il revint à son tour dans la pièce principale, ne se cachant pas. Il assumait son corps et puis, il était en maillot, rien de bien mirobolant.
« - Je suis prêt ! »
Ils sortirent finalement du bungalow pour se diriger vers la plage. Fouler le sable chaud était agréable. Cette sensation avait toujours plus à Matsuo. Il écouta rapidement Ek’ lui dire qu’il voulait aller à la pêche aux algues vers les rochers qu’il désignait. Une digue naturelle se profilait. Ils trouveraient très certainement des choses intéressantes. Le danseur sentit rapidement la main du beau garçon venir prendre la sienne. Leurs doigts s’entremêlèrent. Il sentit le pouce du métis venir caresser sa main. Un contact agréable, une sensation des plus belles. Il avait l’impression de flotter. Il n’aurait pas imaginé vivre un tel rapprochement avec lui. Mais en même temps, il n’en fut pas déçu. Bien au contraire. Il caressa lui aussi la main de son ami, peut-être plus, pour lui montrer qu’il appréciait cette initiative.
« - Tu penses qu’on pourrait trouver quoi là-bas ? »
Kimi avait le sourire aux lèvres. Il était bien sur cette île. La tristesse et la mélancolie qu’il avait pu ressentir il y a de cela quelques semaines voire mois étaient à présent partie. Il essayait de ne pas se mettre martèle en tête et de ne pas faire de plan sur la comète. Il voulait juste profiter de ce que la vie lui offrait. L’important était qu’il se sente bien, peu importe ce qu’il pourrait vivre avec Ekuru. L’asiatique vint se pencher légèrement pour lui souffler à l’oreille ces quelques mots.
« - Est-ce qu’on t’a dit que tu avais la peau douce. En tout cas, j’aime avoir ma main dans la tienne. »
Le japonais vint à nouveau lui déposer un baiser sur la joue. Content de pouvoir partager ce weekend en sa compagnie.
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