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Pensine d'Eliott Blackthorn
Dim 4 Oct 2020 - 18:26
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Re: Pensine d'Eliott Blackthorn
Dim 4 Oct 2020 - 18:28
Et on l'a trouvé. Elie est un fantôme. Depuis tout ce temps, elle était là, toute seule, dans cette foutue tour…
Ma main s’était refermée sur le parchemin quand j’avais lu ces mots. Quand bien même s’agissait-il d’une des lettres de Kiran que je n’avais pu contenir plus la réaction qui avait été la mienne sur l’instant. Et qu’importe que je sois alors en Lune de Miel, j’étais choqué, horrifié et surtout contrarié. Toutes les questions allaient maintenant se bousculer dans mon esprit, et pour la première fois depuis très longtemps, je me sentais réellement en danger.
« Secundus...»
Mes pas s’arrêtent presque instantanément alors que la voix tranche le silence qui n’était jusque là que saccadé du bruit de mes pas. Et soupirant, je savais pertinemment de qui étaient ces autres que j’entendais, en train de me rejoindre depuis l’autre bout du couloir. Mais pourquoi fallait-il que quelqu’un m’arrête encore ? Pourquoi fallait-il qu’on me ralentisse ?
« Secundus.»
La voix est maintenant derrière moi, et je me retourne, maquillant mon faciès de ce sourire que j’arbore à chaque fois que tu m'interromps. Cette déchirure de mon visage, réel masque de fausseté à ton égard, qui ne te trompera j’en suis sur jamais réellement, chère mère.
« Nice to see you again. Did your honeymoon go well?»
-”fine.”
L’envie d’ajouter un “sans-vous” qui n’incluerait pas que cette femme face à moi transpirerait presque dans le timbre et l’expression que mes yeux arborent à l’instant, mais c’est peu. Trop peu pour lui faire perdre contenance. Elle se fendrait presque aussi d’un sourire, mais c’est la question qui vient en primeur : « Is Lys pregnant ?». Et mon sourire se fane, autant que s’envole le masque de mon visage. Finalement il n’y a que ça, n’y aura jamais que ça pour eux : la lignée.
-”No, and you ? Are you ? ”
L’expression qui déforme alors son visage me provoque un instant la satisfaction attendue. Parce que je n’ai plus peur. Plus depuis cette soirée de fiançailles. Plus depuis ce mariage, le mien où mes nerfs ont lâchés et que la menace à son encontre est tombée, telle un couperet près à s’abattre. Plus depuis ce serment qui a marqué mon poignet, m'offrant en échange d'une promesse une alliée sans faille. Elle hésite, mais finit par tourner les talons et me laisse reprendre mon chemin de mon côté. Parce que je ne suis là finalement que pour ça. Qu’importe la raison invoquée de ma présence au manoir, je n’étais là que pour m’assurer de…
J’étais assis sur le rebord de cette fenêtre, celle-là même que tu avais traversé ce jour-là. J’avais rampé pour entrer dans la tour, empruntant un passage que j’étais le seul à connaître et surtout le seul à pouvoir emprunter à cause de ma condition d’animagus. Voilà huit ans que je ne l’avais pas emprunté, parce que je n’avais plus aucune raison de le faire. Mais les raisons de cette fois était différente : je ne voulais pas qu’on sache où j’étais. Pour les derniers à m’avoir aperçu, j’étais errant dans les jardins. C’est là que j’avais muté, pour finalement ramper jusqu’à la tour.
Une tour que j’avais trouvé en apparence comme dans mes souvenirs, tant je n’y prêtais plus depuis tout ce temps attention. Il avait fallu Kiran et ces idées pour m’y faire revenir. Il avait fallu qu’il écoute ses instincts et s’adonne à cette fichue séance.
Si l’extérieur m’avait semblé familier, l’intérieur était baigné d’abandon. A peine étais-je rentré que j’avais repris ma forme et mon apparence humaine, mes yeux balayant les lieux que je reconnaissais. Les salles, l’escalier, tout était en proie à une incroyable et lourde sensation de froid, de prison. Devais-je m’étonner ? N’était-ce pas ce que c’était finalement ? Et à chaque marche, j’avais regretté de ne pas avoir exigé de mes parents qu’il rase l’endroit. Peut-être qu’alors ce qui pouvait rester de l’âme d’Eleanore s’en serait aller. Pourquoi avait-il fallu qu’ils la cloîtrent ainsi ? Pourquoi faire cette erreur stupide ?
-”Are you aware of the risks ?”
Une phrase que nul n’entendra jamais, alors que mes yeux contemplent la cour sur laquelle donne cette fenêtre. Mes yeux se posent sur les pavés en contre bas, et mon esprit se souvient parfaitement de ce jour-là, un mercredi comme aujourd’hui, bien qu’il faisait alors plus froid. La neige avait alors fait son oeuvre, recouvrant d’une très fine couche le sol de cette partie de la propriété. Notre mère m’avait fait venir pour le jour de mon anniversaire, afin de me remettre en main propre son cadeau pour mes dix-huit ans. Et Aloysius en avait profité pour m'intimer l’ordre de venir m’occuper d'Eléanore. Et j’entendais encore dans mon esprit les éclats de notre dispute, je sentais encore entre mes doigts tes mèches de cheveux alors que je t’arrêtais dans ton idée égoïste de tout raconter aux parents. Je t’aperçois, suspendue dans le vide avec pour seul lien ma main. Je sens encore mes sentiments s’éteindrent, alors que d’ici, je vois ton corps inerte, et le sang commencer à tâcher le manteau blanc du sol.
« Who is it ? »
La voix qui se dessina dans la pièce alors que tu apparaissais dans le reflet de la vitre était reconnaissable à mon oreille, écho de ce lointain passée, troublée légèrement par ta condition de fantôme si je devais être catégorique. Mais peut-être n’était-ce que le temps qui s’était écoulé qui me donnait cette impression ?
-”It's me...” Ma voix ne souffre pas de la faiblesse de ma fratrie à ta rencontre. Elle est claire, limpide, incisive. Est-ce parce que ton retour est une réelle épine dans ma chair ? ”... Scar.”. Ce disant, je tourne la tête pour te regarder droit dans… la brume ? Ton apparence est comme alors, comme ce jour-là. La même coupe, le même regard, les mêmes vêtements,... même tes mains affichent encore ce détail qu’aucun de la fratrie doit savoir je suppose : des coups de becs, marque des corbeaux qui se sont posés ce jour-là sur ton corps inerte pour tenter de dévorer tes chairs avant d’être chassés par l’elfe qui te trouva, celui-là même qui fut accusé de négligence à ton égard, et disparu dans la même semaine.
« Scar ? It's... really you ? »
Tu voles jusqu’à t’approcher de moi, détaillant chacun de mes traits avant d’affirmer dans ton esprit que je suis bien la personne que je prétends.
« It's been a long time. I… I'm happy to see you. »
Ces mots me propulsent un instant toutes ces années en arrière. C’était les mêmes. Exactement les mêmes que ce jour fatidique. Les mêmes que tu avais employé alors pour m'accueillir. Et les battements de mon coeur s’accentuant, je détournais la tête pour ne pas céder, contemplant à nouveau l’horizon.
« Scar. »
Tes bras éthérés entourent l’un des miens, et ton corps se collerait presque s’il n’était pas traversable de part en part.
-”It's been a long time, yes.”
« Like the others, you have become a handsome man. And ... are you married? »
Question réthorique, ton regard étant braqué sur l’alliance présente à mon doigt, anneau d’or blanc qui ne trouvait son pareil qu’à l’annulaire gauche de mon épouse.
« Who is… ? »
-”I never liked this place. This panorama...” Tes bras se retirent du mien, et tu flotte sur le coté, prenant alors le temps d’observer, de contempler le même paysage que je vois : la cour, le manoir proche, les jardins entre deux…
« I understand. It wasn't my favorite either... »
Quelques secondes, le silence s’installe.
« The Oak... »
-”What "The Oak" ?” Qu’avait-il ce chêne ? De son vivant, tu ne t’en étais jamais plainte. Tu ne l’avais même jamais mentionné dans mes souvenirs les plus lointains et…
« This is the den of the snake ... the one that still scares me. »
Ma tête pivote lentement vers toi alors. Tentant de garder un semblant de calme et de contenance, je reprenais la voix un peu rauque, semblant heureusement plus étonnée qu’autre chose :
-”A snake ?”
« Yes. A big. Big ans large. In my dreams, he still appears. He… I'm sure if I crossed the path of a boggart, he would take his form. A basilisk. »
Mes paupières battaient que j’écoutais son laïus. La seule idée que tu redoutes les serpents ne me plaisait guère, tant ce sujet avait engendré jadis cette dispute fatale. Jouais-tu avec moi ? Te souvenais-tu et voulait-elle tester mes réactions ? Finalement, ta tête pivota de nouveau vers moi, et dans un sourire qui m’écoeurait, tu ajoutais :
« But i haven't seen him for a long time »
-”Do you remember any other things? Of your life before?” Voix tremblante en partie, la seule idée qu’elle puisse confirmer te souvenir de ce jour m’inquiète bien trop. Parce que cette vérité peut détruire certaines choses que j’ai pris du temps à batir, et parce que j’ignore comment faire taire un fantôme. Pour les humains, c’était facile et encore… à te voir ainsi face à moi, il fallait remettre cette dernière affirmation en cause.
« I remember everything... » Yeux qui s’écarquillent, lèvres qui se séparent, coeur qui s’emballe un peu plus, mon poing se referme de colère alors que je tente de ne pas céder à cette pulsion qui monte en moi une nouvelle fois. « Except that day. The last. He's… he's blurry. Wave ... incomplete ... »
Sale peste, autant dans la vie que dans la mort, tu me faisais souffrir, attisant mes plus viles instincts avec une facilité des plus déconcertantes.
-”What do you remember ?”
« The fear… the cold… You… you were there that day… and… » Portant ta main à ta tête, comme si tu pouvais encore souffrir de migraines, tu joues un jeu incroyablement précis, mais n’est-ce réellement qu’un jeu, ou es-tu sincère ?
-”Of course I was there.” Mon regard se perd une nouvelle fois dans le manteau de la nuit. ”It was my birthday.” Lentement, mon âme -ou ce qu’il pouvait en rester- se morcelaient, ou était-ce simplement les défenses que celles-ci avaient mises en place ? Je n’aurais su le dire, mais je déglutissais autant que la haine me gagnait. Ces sentiments que j’avais oublié, tous semblaient revenir. Et par dessus tout, l’inquiétude du moment.
« Maybe you can help... »
-”No !”
La réponse avait claqué avec violence avec sa demande, alors que d’un bond, je m’étais relevé et avait entrepris de rejoindre la porte de la pièce. Il fallait que je sorte. Il fallait que…
« Secundus… Wait… Scar please… »
Mais déjà je passais le linteau, entreprenant ensuite de descendre les marches. Il le fallait parce que j’allais commettre une erreur, c’était évident. Et dans la conjoncture actuelle, ce n’était…
« Eliott… »
Mes pas s’arrêtèrent alors que ce prénom était prononcé de ses lèvres abimées. Et me retournant, le visage à moitié fermé, à moitié révélateur de la colère qui m’habitait, je revenais tout en sortant ma baguette et rentrait à nouveau dans la pièce. Mais plus je m’approchais, plus je remarquais que ses yeux étaient rivés sur ma baguette. Et l’incompréhension prit une nouvelle fois le pas sur le reste, non pas parce que j’ignorais quel sort lancer -bien que je l’ignorais réellement- mais surtout parce que je ne comprenais pas du tout ce regard.
-”What ?”
« Your wand ? You ... you broke it ? »
Mes yeux s’ouvrirent d’étonnement. Et posant le regard sur la baguette dans mes mains, je la reconnaissait par habitude : celle de Russie. La seconde. Celle qu’elle n’avait pas connue. Mais nombreux étaient ceux qui ne voyaient pas la différence entre les deux, alors pourquoi elle, elle l’avait vu ? Etait-ce seulement possible ? Etait-ce seulement imaginable ?
Pourquoi m’étais-je arrêté dans mon départ de la pièce ? Pourquoi étais-je revenu sur mes pas ? Pourquoi étais-je venu ici ? Ne pouvais-je donc pas le savoir, moi qui était étudiant en Forces publiques, qu’il était dangereux de revenir sur les lieux de son crime ? Mais non, fier et grande gueule que j’étais, je m’étais convaincu que je ne risquais rien.
-”Obviously it is not just that day that is unclear. It has always been my wand.”
Il fallait que je mente. Il fallait que je sauve les apparences. Et surtout que j’ai l’air convaincu de mon affirmation, ce que je tentais tant bien que mal de faire.
« You must be right. I just must be tired ... »
Rangeant ma baguette, je tournais à nouveau les talons.
« Scar. Brother… will you come back to see me? »
Quelques secondes de silence s’installèrent, avant que je ne répondes à cette affirmation :
-”Just Kiran is my family. Not you...”
Et posant ma main sur le chêne, je regardais en direction de la Tour. Je regardais sa fenêtre, sans être apte à distinguer si elle était encore là, à me regarder. Pourquoi fallait-il qu’elle soit encore là ? Pourquoi fallait-il que cette peste s’accroche à ce point ? Ne pouvait-elle donc pas crever, une bonne fois pour toute ? L’instant d’après, je transplanais dans un craquement sourd.
Ma main s’était refermée sur le parchemin quand j’avais lu ces mots. Quand bien même s’agissait-il d’une des lettres de Kiran que je n’avais pu contenir plus la réaction qui avait été la mienne sur l’instant. Et qu’importe que je sois alors en Lune de Miel, j’étais choqué, horrifié et surtout contrarié. Toutes les questions allaient maintenant se bousculer dans mon esprit, et pour la première fois depuis très longtemps, je me sentais réellement en danger.
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Fin août 2020
« Secundus...»
Mes pas s’arrêtent presque instantanément alors que la voix tranche le silence qui n’était jusque là que saccadé du bruit de mes pas. Et soupirant, je savais pertinemment de qui étaient ces autres que j’entendais, en train de me rejoindre depuis l’autre bout du couloir. Mais pourquoi fallait-il que quelqu’un m’arrête encore ? Pourquoi fallait-il qu’on me ralentisse ?
« Secundus.»
La voix est maintenant derrière moi, et je me retourne, maquillant mon faciès de ce sourire que j’arbore à chaque fois que tu m'interromps. Cette déchirure de mon visage, réel masque de fausseté à ton égard, qui ne te trompera j’en suis sur jamais réellement, chère mère.
« Nice to see you again. Did your honeymoon go well?»
-”fine.”
L’envie d’ajouter un “sans-vous” qui n’incluerait pas que cette femme face à moi transpirerait presque dans le timbre et l’expression que mes yeux arborent à l’instant, mais c’est peu. Trop peu pour lui faire perdre contenance. Elle se fendrait presque aussi d’un sourire, mais c’est la question qui vient en primeur : « Is Lys pregnant ?». Et mon sourire se fane, autant que s’envole le masque de mon visage. Finalement il n’y a que ça, n’y aura jamais que ça pour eux : la lignée.
-”No, and you ? Are you ? ”
L’expression qui déforme alors son visage me provoque un instant la satisfaction attendue. Parce que je n’ai plus peur. Plus depuis cette soirée de fiançailles. Plus depuis ce mariage, le mien où mes nerfs ont lâchés et que la menace à son encontre est tombée, telle un couperet près à s’abattre. Plus depuis ce serment qui a marqué mon poignet, m'offrant en échange d'une promesse une alliée sans faille. Elle hésite, mais finit par tourner les talons et me laisse reprendre mon chemin de mon côté. Parce que je ne suis là finalement que pour ça. Qu’importe la raison invoquée de ma présence au manoir, je n’étais là que pour m’assurer de…
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J’étais assis sur le rebord de cette fenêtre, celle-là même que tu avais traversé ce jour-là. J’avais rampé pour entrer dans la tour, empruntant un passage que j’étais le seul à connaître et surtout le seul à pouvoir emprunter à cause de ma condition d’animagus. Voilà huit ans que je ne l’avais pas emprunté, parce que je n’avais plus aucune raison de le faire. Mais les raisons de cette fois était différente : je ne voulais pas qu’on sache où j’étais. Pour les derniers à m’avoir aperçu, j’étais errant dans les jardins. C’est là que j’avais muté, pour finalement ramper jusqu’à la tour.
Une tour que j’avais trouvé en apparence comme dans mes souvenirs, tant je n’y prêtais plus depuis tout ce temps attention. Il avait fallu Kiran et ces idées pour m’y faire revenir. Il avait fallu qu’il écoute ses instincts et s’adonne à cette fichue séance.
Si l’extérieur m’avait semblé familier, l’intérieur était baigné d’abandon. A peine étais-je rentré que j’avais repris ma forme et mon apparence humaine, mes yeux balayant les lieux que je reconnaissais. Les salles, l’escalier, tout était en proie à une incroyable et lourde sensation de froid, de prison. Devais-je m’étonner ? N’était-ce pas ce que c’était finalement ? Et à chaque marche, j’avais regretté de ne pas avoir exigé de mes parents qu’il rase l’endroit. Peut-être qu’alors ce qui pouvait rester de l’âme d’Eleanore s’en serait aller. Pourquoi avait-il fallu qu’ils la cloîtrent ainsi ? Pourquoi faire cette erreur stupide ?
-”Are you aware of the risks ?”
Une phrase que nul n’entendra jamais, alors que mes yeux contemplent la cour sur laquelle donne cette fenêtre. Mes yeux se posent sur les pavés en contre bas, et mon esprit se souvient parfaitement de ce jour-là, un mercredi comme aujourd’hui, bien qu’il faisait alors plus froid. La neige avait alors fait son oeuvre, recouvrant d’une très fine couche le sol de cette partie de la propriété. Notre mère m’avait fait venir pour le jour de mon anniversaire, afin de me remettre en main propre son cadeau pour mes dix-huit ans. Et Aloysius en avait profité pour m'intimer l’ordre de venir m’occuper d'Eléanore. Et j’entendais encore dans mon esprit les éclats de notre dispute, je sentais encore entre mes doigts tes mèches de cheveux alors que je t’arrêtais dans ton idée égoïste de tout raconter aux parents. Je t’aperçois, suspendue dans le vide avec pour seul lien ma main. Je sens encore mes sentiments s’éteindrent, alors que d’ici, je vois ton corps inerte, et le sang commencer à tâcher le manteau blanc du sol.
« Who is it ? »
La voix qui se dessina dans la pièce alors que tu apparaissais dans le reflet de la vitre était reconnaissable à mon oreille, écho de ce lointain passée, troublée légèrement par ta condition de fantôme si je devais être catégorique. Mais peut-être n’était-ce que le temps qui s’était écoulé qui me donnait cette impression ?
-”It's me...” Ma voix ne souffre pas de la faiblesse de ma fratrie à ta rencontre. Elle est claire, limpide, incisive. Est-ce parce que ton retour est une réelle épine dans ma chair ? ”... Scar.”. Ce disant, je tourne la tête pour te regarder droit dans… la brume ? Ton apparence est comme alors, comme ce jour-là. La même coupe, le même regard, les mêmes vêtements,... même tes mains affichent encore ce détail qu’aucun de la fratrie doit savoir je suppose : des coups de becs, marque des corbeaux qui se sont posés ce jour-là sur ton corps inerte pour tenter de dévorer tes chairs avant d’être chassés par l’elfe qui te trouva, celui-là même qui fut accusé de négligence à ton égard, et disparu dans la même semaine.
« Scar ? It's... really you ? »
Tu voles jusqu’à t’approcher de moi, détaillant chacun de mes traits avant d’affirmer dans ton esprit que je suis bien la personne que je prétends.
« It's been a long time. I… I'm happy to see you. »
Ces mots me propulsent un instant toutes ces années en arrière. C’était les mêmes. Exactement les mêmes que ce jour fatidique. Les mêmes que tu avais employé alors pour m'accueillir. Et les battements de mon coeur s’accentuant, je détournais la tête pour ne pas céder, contemplant à nouveau l’horizon.
« Scar. »
Tes bras éthérés entourent l’un des miens, et ton corps se collerait presque s’il n’était pas traversable de part en part.
-”It's been a long time, yes.”
« Like the others, you have become a handsome man. And ... are you married? »
Question réthorique, ton regard étant braqué sur l’alliance présente à mon doigt, anneau d’or blanc qui ne trouvait son pareil qu’à l’annulaire gauche de mon épouse.
« Who is… ? »
-”I never liked this place. This panorama...” Tes bras se retirent du mien, et tu flotte sur le coté, prenant alors le temps d’observer, de contempler le même paysage que je vois : la cour, le manoir proche, les jardins entre deux…
« I understand. It wasn't my favorite either... »
Quelques secondes, le silence s’installe.
« The Oak... »
-”What "The Oak" ?” Qu’avait-il ce chêne ? De son vivant, tu ne t’en étais jamais plainte. Tu ne l’avais même jamais mentionné dans mes souvenirs les plus lointains et…
« This is the den of the snake ... the one that still scares me. »
Ma tête pivote lentement vers toi alors. Tentant de garder un semblant de calme et de contenance, je reprenais la voix un peu rauque, semblant heureusement plus étonnée qu’autre chose :
-”A snake ?”
« Yes. A big. Big ans large. In my dreams, he still appears. He… I'm sure if I crossed the path of a boggart, he would take his form. A basilisk. »
Mes paupières battaient que j’écoutais son laïus. La seule idée que tu redoutes les serpents ne me plaisait guère, tant ce sujet avait engendré jadis cette dispute fatale. Jouais-tu avec moi ? Te souvenais-tu et voulait-elle tester mes réactions ? Finalement, ta tête pivota de nouveau vers moi, et dans un sourire qui m’écoeurait, tu ajoutais :
« But i haven't seen him for a long time »
-”Do you remember any other things? Of your life before?” Voix tremblante en partie, la seule idée qu’elle puisse confirmer te souvenir de ce jour m’inquiète bien trop. Parce que cette vérité peut détruire certaines choses que j’ai pris du temps à batir, et parce que j’ignore comment faire taire un fantôme. Pour les humains, c’était facile et encore… à te voir ainsi face à moi, il fallait remettre cette dernière affirmation en cause.
« I remember everything... » Yeux qui s’écarquillent, lèvres qui se séparent, coeur qui s’emballe un peu plus, mon poing se referme de colère alors que je tente de ne pas céder à cette pulsion qui monte en moi une nouvelle fois. « Except that day. The last. He's… he's blurry. Wave ... incomplete ... »
Sale peste, autant dans la vie que dans la mort, tu me faisais souffrir, attisant mes plus viles instincts avec une facilité des plus déconcertantes.
-”What do you remember ?”
« The fear… the cold… You… you were there that day… and… » Portant ta main à ta tête, comme si tu pouvais encore souffrir de migraines, tu joues un jeu incroyablement précis, mais n’est-ce réellement qu’un jeu, ou es-tu sincère ?
-”Of course I was there.” Mon regard se perd une nouvelle fois dans le manteau de la nuit. ”It was my birthday.” Lentement, mon âme -ou ce qu’il pouvait en rester- se morcelaient, ou était-ce simplement les défenses que celles-ci avaient mises en place ? Je n’aurais su le dire, mais je déglutissais autant que la haine me gagnait. Ces sentiments que j’avais oublié, tous semblaient revenir. Et par dessus tout, l’inquiétude du moment.
« Maybe you can help... »
-”No !”
La réponse avait claqué avec violence avec sa demande, alors que d’un bond, je m’étais relevé et avait entrepris de rejoindre la porte de la pièce. Il fallait que je sorte. Il fallait que…
« Secundus… Wait… Scar please… »
Mais déjà je passais le linteau, entreprenant ensuite de descendre les marches. Il le fallait parce que j’allais commettre une erreur, c’était évident. Et dans la conjoncture actuelle, ce n’était…
« Eliott… »
Mes pas s’arrêtèrent alors que ce prénom était prononcé de ses lèvres abimées. Et me retournant, le visage à moitié fermé, à moitié révélateur de la colère qui m’habitait, je revenais tout en sortant ma baguette et rentrait à nouveau dans la pièce. Mais plus je m’approchais, plus je remarquais que ses yeux étaient rivés sur ma baguette. Et l’incompréhension prit une nouvelle fois le pas sur le reste, non pas parce que j’ignorais quel sort lancer -bien que je l’ignorais réellement- mais surtout parce que je ne comprenais pas du tout ce regard.
-”What ?”
« Your wand ? You ... you broke it ? »
Mes yeux s’ouvrirent d’étonnement. Et posant le regard sur la baguette dans mes mains, je la reconnaissait par habitude : celle de Russie. La seconde. Celle qu’elle n’avait pas connue. Mais nombreux étaient ceux qui ne voyaient pas la différence entre les deux, alors pourquoi elle, elle l’avait vu ? Etait-ce seulement possible ? Etait-ce seulement imaginable ?
Pourquoi m’étais-je arrêté dans mon départ de la pièce ? Pourquoi étais-je revenu sur mes pas ? Pourquoi étais-je venu ici ? Ne pouvais-je donc pas le savoir, moi qui était étudiant en Forces publiques, qu’il était dangereux de revenir sur les lieux de son crime ? Mais non, fier et grande gueule que j’étais, je m’étais convaincu que je ne risquais rien.
-”Obviously it is not just that day that is unclear. It has always been my wand.”
Il fallait que je mente. Il fallait que je sauve les apparences. Et surtout que j’ai l’air convaincu de mon affirmation, ce que je tentais tant bien que mal de faire.
« You must be right. I just must be tired ... »
Rangeant ma baguette, je tournais à nouveau les talons.
« Scar. Brother… will you come back to see me? »
Quelques secondes de silence s’installèrent, avant que je ne répondes à cette affirmation :
-”Just Kiran is my family. Not you...”
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Darling, I received your message. What is happening ? Everything is fine ?
Et posant ma main sur le chêne, je regardais en direction de la Tour. Je regardais sa fenêtre, sans être apte à distinguer si elle était encore là, à me regarder. Pourquoi fallait-il qu’elle soit encore là ? Pourquoi fallait-il que cette peste s’accroche à ce point ? Ne pouvait-elle donc pas crever, une bonne fois pour toute ? L’instant d’après, je transplanais dans un craquement sourd.
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