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Slow dancing in a burning room
Mer 18 Nov 2020 - 3:43
Slow dancing in a burning room
feat. Adalia
feat. Adalia
Cela faisait quatre jours déjà que sa missive était restée sans réponse. Date et lieu déterminés, elle avait promis qu’elle y serait. Malgré tout, Evandro ne pouvait empêcher l’inquiétude de le hanter ; émotion, parmi une marée d’autres, qui naviguait son coeur tumultueux. Si l’arrivée initiale d’une réponse avait fait bondir son coeur d’un saut débridé, le contenu de cette dernière l’avait refroidi furieusement. Rencontre acceptée, elle y viendrait que pour les aux revoirs. Et pourtant, le coeur de l’homme ne pouvait qu’espérer, désirer... se figer. L'appréhension l’assiégeait, tremblements qu’il ressentait jusqu’au bout de ses doigts. Tout avait changé depuis qu’il avait écrit la toute première lettre de leur court échange. Homme libéré, les menottes étaient tombées ; l’annonce aussi surprenante que bienvenue. Et si son désir de réparer les ponts brisés était grand avant, aujourd’hui, il n’en était qu’augmenté, décuplé. Métamorphosée, la raison de cette rencontre retrouvait des possibilités qu’il osait à peine considérer. Car si les circonstances laissaient entrevoir la douceur d’un conte de fée, Evandro savait que le chemin était entravé. Amitié brisée, secrets dévoilés, la blessure qu’il devait soigner était incomparable. À maintes reprises il l’avait déchirée, ajoutant souffrances après souffrances au petit coeur déjà meurtri de celle à qui il rêvait. Mais l’abandon, au final, n’était pas une option.
Veston noir sur une chemise tout aussi noire, l’homme détonait du décor coloré. Entouré de la beauté bariolée, de la nature désordonnée, son regard peinait pourtant à quitter l’arche ouvrant sur sa section. Les mains plongées dans ses poches, il se retenait de regarder une énième fois l’heure que sa montre affichait. Il était arrivé d’avance, et si les dix-huit heures n’avaient toujours pas sonné, il ne pouvait ignorer l'anxiété qui grimpait. Sinueuse, elle se logeait dans son esprit, soufflant ses horreurs. Une femme entra et une nouvelle fois, son coeur sursauta. Ce n’était pas elle. Un petit soupir s’échappa de ses lèvres, sa main retrouvant la douceur de sa chevelure d’un mouvement frileux. Il laissa son regard s’aventurer sur les fleurs orangées qui vivaient à ses côtés, observant quelques instants les nuances rosées de leurs pétales, les épines aiguisées de leur tige. Il releva de nouveau la tête, ses yeux s’accrochant dès lors sur celle qui venait de mettre pied dans la pièce... et instantanément, son souffle lui manqua. Beauté sauvage au regard glacé, elle n’avait pas perdu de temps à le repérer. Figé, il ne pouvait que la fixer s’approcher, ses yeux longeant le corps de celle qu’il espérait. Dans ses poches, ses mains s’étaient refermées, tentative désespérée de contrôler les tremblements de son corps bouillonnant.
“Adalia”. À peine à ses côtés que son nom s’envolait librement, franchissant la cloison de ses lèvres d’un naturel qu’il avait oublié. La chaleur latine colorait ses mots, sa voix retrouvant les mélodies hispaniques de ses ancêtres. Il fit un mouvement vers l’avant, hésitant que l’effluve d’un instant, avant de renier à son propre envie. L’ombre d’un moment, il s’était entrevu l’enlacer ; ses bras, retrouvant la chaleur de sa présence. Mais il ne pouvait pas. Habitude lointaine, réminiscence physique, il n’en devait qu’à son esprit anxieux la maîtrise de son mouvement. “Gracias por venir… No estaba seguro que…”. Il s’arrêta, interdit. ”Me alegra que estés aquí”, ajouta-il finalement, doucement, sa gorge... serrée.
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Re: Slow dancing in a burning room
Mer 18 Nov 2020 - 21:52
Jusqu’au dernier moment elle avait hésité à se rendre au jardin botanique, oscillant entre la certitude que rester éloignée de lui ne saurait lui être que bénéfique, et le besoin de vérité, le besoin de comprendre, le besoin de lui, tout simplement. Elle avait répondu à sa lettre comme un pantin, sans réellement se rendre compte de ce que cela signifiait, ou impliquait et, à quelques minutes de l’heure du rendez-vous, elle avait l’impression de déchirer à nouveau les plaies de son coeur, les mêmes qu’elle avait pansé des mois durant en se persuadant de ne plus penser à lui. Finalement, elle avait décidé de le rejoindre : quoi qu’il advienne, elle décidait toujours de se rapprocher de lui. Dans un sursaut elle avait transplané jusqu’à la limite de l’Inverness sorcier et avait terminé le chemin à pieds. Emmitouflée dans sa cape fourrée, perdue dans des pensées vagabondes, fraicheur de ce début de soirée de novembre qui picotait légèrement ses joues, rougies par la marche et vacarme des conversations environnantes comme seuls rappels du monde qui l’entourait.
Alors qu’elle entre dans la salle qu’il lui avait indiqué dans sa dernière lettre, talon de ses bottines qui brise le silence qui y régnait, l’écho de la scène à des révélations datant d’un an la met soudainement mal à l’aise. Elle le revoit, l’an passé, assis sur un banc de pierre sur la Marina, le visage fermé d’une anxiété qu’elle ne comprenait pas encore, visage fermé d'un deuil qu’elle aura porté toute l’année sans vraiment le comprendre. Comme aujourd’hui elle l’avait rejoint, jadis innocente et naïve, et il avait ouvert la digue de la vérité, la tempête avait emporté toutes ses certitudes. Ce jour-là, plus de naïveté, et pas de révélations qui remettraient en cause tout son vécu, du moins, osait-elle l’espérer mais elle n’avait pas besoin d’être dotée de troisième oeil pour remarquer l’agitation dans laquelle se trouvait l’ancien Lufkin. A une époque, elle aurait cillé, l’inquiétude aurait glissé dans son regard clair, en quête de réponses, en quête d’un moyen de lui arracher les maux qui l’assaillait, mais elle étouffe la lueur qui grimpe dans ses pupilles, elle la tue, elle l’enferme, la fait disparaître parce qu’elle n’est plus cette fille, elle ne veut plus l’être face à un homme qui ne ressent pour elle qu’une amitié qu’elle ne sait plus lui offrir.
Léger frisson qui remonte dans sa nuque lorsqu’il prononce son prénom, elle feint ne rien remarquer, ne rien ressentir alors que son coeur commençait déjà à s’emballer, mécanique douloureuse qu’elle avait souhaité oublier, qu’elle était presque parvenue à oublier après tout ce temps sans le voir. Elle écoute ses mots, l’accent hispanique chante à ses oreilles et les mots enhardissent son coeur gelé. Cependant, elle ne répond pas, elle reste éloignée, un peu trop peut-être. « J'ai dit dans ma lettre que je viendrai. » Lâche-t’elle simplement de son ton le plus égal, usant à dessein de l’anglais comme si le langage de son sang voulait trop dire, comme si les accents hispaniques signifiaient trop pour eux. « Et je tiens toujours mes promesses. » Elle hausse légèrement les épaules, tentant de se concentrer sur le paysage environnant pour ne pas scruter tous les traits du visage du brésilien, pour ne pas se perdre dans ses yeux, pour ne pas vouloir blottir son visage dans son cou comme elle l’avait fait tant de fois avant. Une autre vie lui semble-t’il tant la distance s’est à nouveau introduite entre leurs deux âmes. S’arrachant à la fausse observation de quelques fleurs exotiques elle reporta un instant durant son attention sur le sorcier, le ton toujours aussi distant, le travail de jouer la grande, de jouer celle qui avait tourné la page d’une histoire impossible, de sentiments non partagés : « Je ne m’attendais pas à recevoir un hibou de ta part. » Sous-entendu : il est temps d’expliquer la raison de sa présence en ce lieu. Et si les révélations passées de Luce sur leur situation lui mettaient la puce à l’oreille, elle ne savait pas en quels termes se présentait aujourd’hui Evandro. Et si l'espoir gonflait dans sa poitrine, elle veillait à l'enfermer, lui aussi, pour ne plus souffrir, pour rester digne.
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Re: Slow dancing in a burning room
Ven 20 Nov 2020 - 1:56
Slow dancing in a burning room
feat. Adalia
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L’utilisation de l’anglais le frappa au coeur. Habitué aux accents latins, le retour à la langue de Shakespeare lui soufflait les vérités d’un sous-entendu dévoilé. Loin d'œuvrer dans l’arrogance, l’héritier Delgado savait que la langue était maîtrisée par plus d’un. Il n’en était pas moins, qu’au fil des années, Evandro avait retrouvé dans leurs tonalités hyspaniques les douces couleurs de leur jardin privé ; les mots castillans accueillant leurs fous rires, leurs pleurs mélancoliques et la complicité de leurs sourires. Mais aujourd’hui... partis étaient les mots chantants, parties étaient les paroles mélodieuses ; une conséquence déchirante d’une relation qui n’était plus. Réminiscences douloureuses, il ne pouvait qu’accepter la cruauté des évidences : tant s’était passé…trop, peut-être. Mensonges dévoilés, blessés par les confessions, les deux amis avaient, depuis, vécu deux vies qui ne s'unissaient plus. Trahison amère, la raison même de leur amitié résidait au coeur d’un secret que le brésilien ne lui avait dévoilé que cinq plus tard, cinq ans trop tard. Et si le tourment suivant cette révélation n’avait pas suffit à torturer les deux amis, la vie avait joué de son humour sibyllin, enchaînant événement après événement dans un chaos dont elle seule savait naviguer. Les souvenirs d’une marina, d’un cimetière et d’un mariage s’enchaînant à une rapidité folle dans l’esprit de l’homme ; chaque scène, un désordre d’émotions aussi contradictoires les unes que les autres. Car lorsque l’espoir jouait de sa douceur, ce n’était que pour mieux disparaître, remplacé par la cruauté de sa propre culpabilité ; détruisant un peu plus, toujours plus, de ce qui était et qui ne serait plus.
Il avala longuement, observant son interlocutrice d’un regard voilé, d’un regard masqué. Fidèle à sa version d’elle-même, elle pointait les faits. Investigatrice, elle n’observait que la froideur des circonstances, délaissant les allusions émotionnelles qu’il savait avoir laisser entrevoir. Chaque mot qu’elle prononçait ne le perçait qu’un peu plus, toujours plus. Ses mains se serrèrent de nouveau. Issu d’un sang dont la pureté était soignée, l’héritier peinait à sortir du cadrage imposé. Décorum bien appris, il gardait sa posture, sa retenue ; retenant les élans que ses envies dictaient et que son coeur hurlait. Dans sa poitrine, son palpitant battait la chamaille, presque douloureux. L’avoir si près, mais la sentir si loin, était d’une torture incomparable, d’une douleur qu’il comprenait maintenant plus que jamais. Si, fut un temps, il avait peiné à comprendre la raison profonde de ses souffrances, de son supplice, aujourd’hui il ne pouvait plus la nier. Vérité qu’il n’avait énoncé qu’une seule fois à voix haute, il n’en avait pas fallu de plus pour qu’il n’en vive les conséquences aujourd’hui encore. Car si par le passé, la raison de cette souffrance oeuvrait dans un mystère qu’il s’était empêché de découvrir, aujourd’hui… la raison ne pouvait être plus simple. Il était amoureux. Alors qu’elle le regardait avec froideur, distante ; lui, il n’avait envie que de l’adorer.
Elle ouvrit une nouvelle fois la bouche, son commentaire sous-entendant le questionnement qui semblait la fatiguer. “J’imagine que ce fut une surprise, en effet”, répliqua-t-il sans réellement penser ses mots, la question masquée d’Adalia le heurtant plus qu’il n’oserait l’avouer. Elle avait tourné la page, reléguant au passé ce que lui espérait retrouver. Il prit une respiration, une main s’évadant de sa poche pour retrouver sa nuque, dans un geste qui trahissait beaucoup. Ses yeux s’évadèrent quelques instants autour avant de retrouver le bleuté du regard qui lui avait tant manqué. “J’espérais que nous puissions retrouver…”, sa voix s’arrêta de nouveau, car s’il avait été sur le point de dire notre amitié, il savait que cela n’était plus la vérité. Il marqua une pause. Longue ou non? Il ne le savait plus. “Tu me manques Ada”, dit-il enfin, son regard plus insistant que jamais. “Tu me manques plus que tu ne puisses l’imaginer. Je sais que ta lettre mentionnait qu’il n’y avait plus rien qui puisse être réparé…”. Il secoua la tête. “Mais je n’y crois rien. Ce que nous avions était spécial”, finit-il, sa voix, étrangement, serrée. Au creux de son regard, il ne pouvait empêcher la lueur d'une fiévreuse espérance.
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Re: Slow dancing in a burning room
Ven 20 Nov 2020 - 21:28
Elle ne comptait plus les fois où ils s’étaient ainsi retrouvés dans les plus beaux endroits d’Inverness pour partager quelques mots, quelques heures au rythme délicat de leurs conversations. Ils avaient du s’arrêter sur tous les paysages, tous les panoramas et jamais ils n’avaient cessé de trouver de quoi échanger. Aujourd’hui pourtant, le coeur n’était pas aux bavardages. Elle gardait la mâchoire serrée face à l’ombre de cet amour avorté, n’attendait de lui que la raison de cette invitation pour refermer à nouveau le livre de leur histoire, ces derniers mois marquée par bien plus de drames qu’elle ne l’aurait pensé.
Il parle, de ce ton chaleureux et doux dont il a toujours usé avec elle, et elle sent son coeur battre un peu plus fort dans sa poitrine. Elle a envie d’y croire autant qu’elle réfrène ses espoirs, elle ne veut pas sombrer à nouveau pour les mots bleus du sorcier. Tu me manques aussi. Aurait-elle pu répondre mais elle s’abstient. Je rêve de tout réparer aussi, aurait-elle pu ajouter à son palabre maladroit, une lueur d’espérance au fond des yeux, un sourire tendre au coin des lèvres. Mais il n’en était rien. Elle laissait planer le silence sur le côté du banc qu’ils avaient fini par rejoindre tous les deux, comme si elle attendait une raison suffisante pour prendre la parole. Avare des mots, avare d’amour, elle ne l’offrait pas facilement Adalia, parce que ressentir était bien trop douloureux et les émotions qui l’envahissaient bien trop difficiles à comprendre.
« Était. » Répète-t’elle simplement en écho à la voix du brésilien, souffle un peu rauque alors qu’elle passe une main lasse dans ses cheveux avec l’impression de piétiner elle-même les émotions qui se faisaient pressantes au fond de son coeur. « Tu as utilisé le bon temps. » Manières bien lufkiniennes qui se glissaient dans son discours, elle s’accrochait aux faits, aux certitudes, aux détails pour appuyer son raisonnement, elle n’usait pas des sentiments, ni des ressentis, bien trop changeants, bien peu palpables. Il y a un petit soupir qui se glisse entre ses lèvres alors qu’elle triture presque sans s’en rendre compte le bracelet à breloques qui étaient, depuis pour ainsi dire toujours, accroché à son poignet : légère anxiété qui s’exprimait de cette manière sans qu’elle ne puisse la réfréner totalement.
Mais lorsqu’elle reprend la parole, le ton ne dégage rien de cette écartade d’humeur. « Je t’ai dit tout ce que j’avais à dire ce jour-là, au mariage de mon frère. » Elle se souvenait encore des mots, enhardis par l’alcool et la solitude pesante. Elle se souvenait encore de son souffle tout contre le sien, yeux plongés dans ses yeux, elle se souvenait des sentiments qui avaient littéralement explosé dans la pièce après s’être contenus face à tous les couples heureux de l’assemblée. Mais surtout, ce qu’elle retenait, c’était le silence qui avait suivi ses mots, et la fuite, en quête de sa princesse blonde dans tout le manoir. Elle retenait aussi les paroles nasillardes de l’elfe de maison, qui affirmait que les deux futurs mariés s’étaient embrassés à la pale lumière de la lune. La nausée lui montait à la gorge rien que de se remémorer cette soirée : elle qui avait tout fait pour l’oublier. « Et tu n’as pas répondu. » Il le savait aussi bien qu’elle mais le rappel à haute voix ne rendait la chose que plus réelle. « Tu es parti, avec elle, et tu n'as jamais répondu. »
Elle s’en voulait presque de l’acculer une nouvelle fois avec cette histoire, lui qui n’avait jamais demandé à recevoir les sentiments virulents d’une gamine en mal d’amour. Pourtant, avoir commencé à en parler libérait des choses qu’elle avait enfermées depuis trop longtemps et son ton se fait plus animé au fur et à mesure de ses mots. « Six mois, sans avoir de réponse et aujourd’hui, je te manque ? » Elle relève les yeux vers le sorcier, le ton un peu brisé par une émotion trop vive. Les regards qui s’accrochent, peut être un instant de trop pour qu’elle ne ressente pas le rouge lui monter imperceptiblement aux joues. Et aussi vite, lle secoue la tête et fait redescendre le vent des émotions qui l’avait envahis. Les mots redeviennent cassants, froids, ils redeviennent tels qu’elle les aurait prononcés pour n’importe qui d’autre que lui : « Evandro, j’ai arrêté d’attendre il y a bien longtemps pour quelque chose qui n’était visiblement pas réciproque. »
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Re: Slow dancing in a burning room
Sam 21 Nov 2020 - 0:56
Slow dancing in a burning room
feat. Adalia
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Il s’était enfin tut, n’entendant plus que le son de son cœur dans ses oreilles. Battements bruyants, cela ne l’empêcha pas de remarquer le silence lourd qui s’était posé sur eux deux. Il ne dit rien, retenant les élans de sa nervosité qui lui soufflaient de combler le mutisme imposé. Face à lui, la ballerine n’avait pas dérogé. Mâchoire serrée, regard glacé ; elle n’offrait aucune réaction au brésilien. Petite poupée désarticulée, elle restait assise ; la posture droite, le menton relevé. Puis, sa voix s’éleva. Un mot. Un seul mot. Mais il le frappa au visage sans qu’il ne puisse l'esquiver. “Était.” Elle avait raison, la ballerine. Ce qui rendait sa réponse d’autant plus douloureuse, d’autant plus affligeante. S’accrochait-il vraiment à une relation qui était sans espoir? Elle l’avait précisé dans sa lettre après tout, que cette rencontre n’aurait comme finalité que leurs adieux définitifs. Amitié enterrée, à ses yeux, aujourd’hui n’étaient que les funérailles longues et dues. Avait-il été arrogant de croire que peut-être, alors que la situation avait changé, ils pourraient enfin se retrouver? Avait-il été arrogant de croire que son importance, par le passé, serait suffisante pour la convaincre autrement? Les questionnements s'enchaînaient dans son esprit et à chaque interrogation, il sombrait un peu plus loin, un peu plus creux. Elle reprit la parole, inconsciente de l’impact qu’elle causait. Son soupir attira le regard de l’héritier. Interdit, il l'observait, à son tour, plongé dans les cloisons de son mutisme obligé.
Les souvenirs du mariage Blackthorn l’assaillirent avec force, violentes réminiscences. Evandro fronça des sourcils, le regard perdu sur ses lèvres tandis qu’elle continuait d'énoncer les faits de cette soirée qui le hantait toujours. Elle en avait si peu dit et tant à la fois. Aveux à peine débutés, que l’interruption avait tout fait éclater. Elle s’était tue, il était disparu. Avait-il fait le bon choix? Il s’était empêché d’y penser, prévenant le supplice que ses réflexions auraient définitivement causées. Faible et lâche, il avait suivi le rythme imposé. Retrouvant sa fiancée, il avait tout fait pour noyer les sentiments qu’il savait exister. Et pendant qu’il se flagellait mentalement, considérait finalement les répercussions de ses actions, elle continuait. Mais quelque chose avait changé. Voix changeante, elle persistait, son ton s’animant sous des élans qui lui étaient encore méconnus. Elle posa sa question, rhétorique certes, mais sa tonalité s’était renouvelée. À peine. Juste assez. Son regard croisa le sien, hésitant, incertain. Mais la froideur était déjà revenue, glaçante et brûlante. À son tour, il baissa les yeux, observant une fleur fanée qui avait sombré. Il attendit que l’épée de damoclès tombe, qu’elle officialise finalement ses adieux. Le cœur lourd, il se sentait mourir une fois de plus ; le désespoir aussi vif que lorsque ses fiançailles avaient été annoncées.
“Evandro, j’ai arrêté d’attendre il y a bien longtemps pour quelque chose qui n’était visiblement pas réciproque.” Son coeur s’emballa, fortement, puissant. Se faisait-il des idées? Il soupira, ses coudes s’appuyant sur ses cuisses tandis qu’il cammouflait son visage dans le creux de ses paumes. "J'ai l'impression que je ne fais que de te demander pardon… et encore aujourd’hui, je te dois des excuses”, murmura-t-il doucement. Ses doigts vinrent pincer l'arcade de son nez tandis qu’il se redressait finalement. Il avala, puis la regarda enfin. Au creux de ses yeux, la conviction se faisait vive, brûlante. “Je suis sincèrement désolé de t’avoir laissé sans nouvelles, d’avoir laissé ce soir-là sans réponse.” Ses mains se contorsionnèrent, ses jointures blanchissant sous la force. Il se leva, fit quelque pas erratiques, avant de s’accroupir devant elle ; adoptant la même position qu’il avait emprunté la toute première fois qu’il s’était abandonné devant elle. Esprit à nu, il la fixait, sans bouger. “Je n'ai rien dit ce soir-là… et après, non plus... car je savais que la réponse m’aurait empêché à tout jamais de suivre mes exigences familiales, de marier une femme pour qui je ne ressentais rien.” Il prit une pause, une nouvelle respiration faisant son chemin jusqu’à ses poumons. Il sentait son corps s’électrifier, les frissons grimpant le long de sa colonne vertébrale. Appréhensif, il reprit la parole, sa voix retrouvant la tendresse qui lui avait toujours été réservée. "Querida… ce soir-là… si je m'étais réellement écouté, si j’avais suivi ce que mon coeur me hurlait… je t'aurais embrassé". Il eut un petit sourire, étrangement mélangé entre une joie à laquelle il refusait de céder et la culpabilité de ses actions passées. Il leva une main hésitante. Flottant tout près de son visage, il osa finalement effleurer la joue de celle qui faisait battre son cœur. “Et le pire c’est qu’aujourd’hui encore, c’est ma seule envie.”
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Re: Slow dancing in a burning room
Sam 21 Nov 2020 - 21:00
Elle l’écoute silencieusement, oscillant entre la colère, la tristesse et l’envie de laisser de côté tout ce qui les avaient éloignés l’un de l’autre ces derniers mois. Elle ne savait pas comment réagir à l’honnêteté frappante des émotions d’Evandro. Elle ne savait pas comment continuer de rester campée sur ses positions, continuer de feindre avoir tourné la page alors que lui même se mettait à nu pour lui faire comprendre qu’il tenait à elle. Mais l’orgueil de la Blackthorn était bien plus fort, ça et la certitude que les sentiments ne menaient qu’à des faiblesses qu’elle ne souhaitait plus ressentir. Alors, elle restait froide sur son banc, distante, du mieux qu’elle pouvait face à la marche affairée du Delgado devant elle.
Mais lorsqu’il s’accroupit devant elle, scène une fois de plus ressemblant bien trop à celle de l’année passée, si ce n’était que leurs visages n’étaient pas balayés par la brise humide de la marina d’Inverness cette fois ci, et que la plainte sortit de sa bouche, écho à ses propres obligations malsaines elle sentit sa respiration se couper. L’espoir se faisait soudain ravageur : tambourinant dans sa poitrine, allant même jusqu’à déclencher un sifflement sourd dans ses oreilles, se pourrait-il finalement qu’il y ait eu plus pour lui aussi ? Trop occupée à se morfondre sur son sort et ses sentiments avortés, elle n’avait jamais pris la peine de se demander ce qu’Evandro pensait de cette union à venir. Douce égoïste, elle lui avait offert des émotions que peut-être il n’avait jamais ressenties envers la De Gray. Peut-être que leurs fardeaux étaient les mêmes, se marier pour faire perdurer le nom, pour garder leur place sur l’échiquier familial. Elle connaissait la cruauté des siens, elle savait que les sentiments n’avaient pas leur place mais jusqu’à présent elle n’avait pas imaginé de tels traits pour la famille d’Evandro. Et s’il était au moins à moitié aussi loyal à sa famille qu’elle pouvait l’être, malgré tout, elle ne pouvait que comprendre le silence, elle ne pouvait que comprendre l’absence même si cette dernière lui avait déchiré le coeur. Son devoir, avant tout, ce qui faisait de lui l’homme qu’elle aimait et qui l’avait pour autant tenu si éloigné d’elle durant tout ce temps. Pour autant, le baiser qui lui avait été rapporté, ce baiser qu’ils avaient échangé pendant la soirée de fêtes, lui restait en tête, lancinant, dévastateur.
Et elle avale difficilement sa salive alors qu’il continue, elle sent son coeur battre de plus en plus fort, jusque dans ses tempes, elle se sent glisser une nouvelle fois même si elle tente de rester digne, mais le regard du Delgado sur elle l’enivrait autant que l’idée de partager plus que cette histoire tragique. Elle se mord légèrement la lèvre, hésitante, perdue, mais elle ne bouge pas, elle ne se dérobe pas lorsque la main de l’ancien lufkin se lève doucement, marquant une légère pause avant de venir effleurer sa joue. Un instant durant, elle laisse la main du sorcier caresser doucement sa joue, guettant presque le contact, visage qui s’en rapproche imperceptiblement comme pour profiter de cette tendresse qui lui avait tant manqué. Et finalement, toujours dans le silence, sa main vient accrocher celle du brésilien, l’écartant légèrement, pourtant sans aucune froideur. Sans la serrer, mais totalement incapable de la laisser partir, elle garde sa main dans la sienne, à mi chemin entre sa joue et ses genoux avant de demander doucement : « Que s’est-il passé ? » Il lui semblait que les pièces du puzzle s’assemblaient sans grand mal mais elle ne pouvait réellement y croire tant qu’il ne lui avait pas dit. Certitudes ébranlées par les aveux du jeune homme, encore une fois mais peut-être pour le mieux cette fois. « Qu’est-ce qui a changé pour que tu décides à revenir ? » Elle se concentre sur les faits, elle veut comprendre, elle veut les raisons, elle veut être libérée de cette incertitude qui la prenait aux tripes depuis que Luce avait débarqué chez elle dans un état d’euphorie presque fou, lui apprenant que ses fiançailles ne seraient bientôt plus qu’un mauvais souvenir.
Un léger silence à nouveau, la ballerine baisse ses yeux clairs sur leurs mains toujours liées : le contact était rassurant, comme toujours et naïvement, elle s’y accrochait, comme toujours. Et finalement, après une longue inspiration, après avoir tenté de réfréner les mots niais qui pourraient se glisser si facilement entre ses lèvres elle murmura : « Je sais que vous vous êtes embrassés, ce soir-là… Et j’ai pensé que tu… » Elle marque une légère pause, les mots sont maladroits, elle présente des excuses qu’elle ne savait même pas exprimer, elle est aussi enhardie par l’espoir. « Que tu l’aimais, ou que tu voulais apprendre à l'aimer. » Comme elle l’aurait fait à sa place, comme elle l’avait fait avec James, comme elle étai persuadée de le faire jusqu’au bout, jusqu’à y être arrivée avant que lui aussi ne parte. « Et elle est, était, je ne sais pas, ma meilleure amie, je n’avais pas le droit de te dire ce que je t’ai dit ce soir là. » Parce qu’elle n’avait pas le droit de se placer au milieu de cette union, parce qu’elle avait été décidée ainsi et qu’elle se devait d’être respectée. « Mais si quelque chose a changé… » Et Merlin savait qu’elle rêvait maintenant de la confirmation officielle. « J’aurais le droit de le dire, non ? » Et ses grands yeux bleus s'arrachent à la contemplation de leurs mains pour scruter à nouveau le visage du brésilien, pendue à ses lèvres et aux mots qui pourraient sonner la fin de leurs chaines.
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Re: Slow dancing in a burning room
Dim 22 Nov 2020 - 17:18
Slow dancing in a burning room
feat. Adalia
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Comme à son habitude, elle était restée silencieuse lors de ses confessions ; la discussion s’était transmuée en monologue tandis qu’il révélait les mystères de son passé éclipsé. Les mois s’étaient éternisés, les incidents aussi, alors qu’au noyau de la tempête, le brésilien s’était épuisé à suivre le rythme déchaîné des cataclysmes. Il avait l’impression d’avoir traversé les tumultes d’une tempête impitoyable, le coeur affaibli, et ce, depuis cette journée inoubliable à la marina. Pantelant, l'héritier Delgado avait conservé sa façade, sa stature ; s’accrochant désespérément à la dernière chose qu’il avait eu l’impression de pouvoir dompter. Car si de l’extérieur il avait illustré l’impassible, d’une nonchalance assumée, la réalité était d’un chaotique insoumis. Au-delà du calme démontré, Evandro avait peiné à se relever d'où il avait été assommé, déambulant les brouillards d’un futur qu’il lui était maintenant étranger. Et si aujourd’hui, la lueur de l’espoir semblait traverser les nuages ténébreux de leur passé, il œuvrait à démystifier les secrets de son âme devenu vulnérable.
Il continuait son histoire, s’accrochant aux quelques réactions qu’Adalia s'autorisait. Tandis qu’elle se mordait la lèvre, son coeur à lui sursautait. L’héritier persévérait, s’entêtant à peindre sa réalité de ses mots colorés. Mais surtout, il espérait. Il espérait qu’elle comprenne les raisons, les justifications de son silence. Il espérait qu’elle comprenne la pureté de ses intentions, la sincérité de ses émotions. Plus que tout, il espérait qu’elle comprenne que cet amour qu’il n’osait à peine dénudé était aussi authentique qu’irréfragable. Lorsque sa main frôla finalement son visage, il se sentit ressusciter. Peau d’une douceur surnaturelle, il savoura chaque parcelle du visage qu’il redécouvrait du bout de ses doigts tremblants. Moment beaucoup trop court, la main féminine attrapa la sienne, l’écartant doucement du visage qu’il aurait pu aduler pour toujours. Si l’ombre d’un court moment la déception sembla pointer le bout de son nez, elle sombra aussi rapidement qu’elle avait surgit ; sa main maintenant captive de la sienne, sa ballerine niait sa fuite. Palpitant qui s’embellait, les yeux noisette cherchèrent le bleu des siens, sans que le succès lui soit accordé. Frissonnant, il serra doucement sa petite main, son pouce naviguant qu’un bref instant la blancheur de sa peau, avant de se figer. Incertain, il refusait de brusquer, refusait d’imposer ses élans dont la réciprocité n’était point assurée. Et tandis qu’il se faisait violence, résistant les ardeurs de son désordre émotif, de son agitation nerveuse, elle posa sa question. “Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a changé pour que tu décides à revenir ?” Ses yeux reflétèrent les échos de sa propre confusion. Qu’est-ce qui avait changé? La réponse était d’une clarté illuminée. Mais comment ils en étaient rendus là demeurait sous le couvert du mystère. Changeant son fusil d’épaule, la matriarche Delgado avait annoncé la fin des fiançailles et si la curiosité de l’héritier avait été piqué, aucune raison n’avait été donnée.
Il ne put répondre, qu’Adalia retrouvait les mots. “Je sais que vous vous êtes embrassés, ce soir-là… Et j’ai pensé que tu…”. Elle continuait de s'exposer, revivant de ces moments que l'homme avait cru privés. Elle avait souffert en silence, s'étant vu racontée des faits sans en connaître le contexte. Mais il ne pouvait lui en vouloir d’avoir préjugé, d’avoir comblé les inconnus. Elle ouvrait son coeur, dévoilant ses perceptions, ses émotions. “...Que tu l’aimais, ou que tu voulais apprendre à l'aimer.” Réaction d’une impulsivité innée, il secoua de la tête. La laissant s’exprimer, il refusait de l'interrompre sous la spontanéité de ses sentiments, mais il ne pouvait s’empêcher de dévoiler son désaccord, d’appuyer ces mots d’un non-verbal révélateur. Elle continua, son regard toujours fixé sur leurs mains liées. Pendant ce temps, il l’écoutait, silencieux, accroché à ses lèvres comme le désespéré le ferait à sa boué. Lorsqu’elle sous-entendit avoir eu tort, son pouce s’anima en réconfort. Fébrile, il traçait des cercles contre sa peau, frissonnant par ses propres mouvements. Puis les yeux de sa douce remontèrent et il ne put que les capturer. Réalité à peine assimilée, il chuchota de ces vérités qu’on avait peur de voir fuir si on les énonçait à haute voix. “Les fiançailles sont annulées”, murmura-t-il, lentement. Il prit une grande respiration, ses yeux arrimés au seul océan qu’il lui importait réellement. “Plus rien ne te retient de dire ce que tu souhaites”, ajouta-t-il. Et comme s’il devait se convaincre lui-même, il reprit la parole, sa voix toujours aussi douce, toujours aussi tendre. “Plus rien ne nous retient”. Car si rien n'avait été confirmé, il ne pouvait empêcher l'espoir de grandir, frénétique. Il sourit doucement, avant de baisser, à son tour, la tête vers le sol. S'il commençait à comprendre, à entrevoir la possibilité d'une fin digne des contes de fées, les souvenirs de leurs échanges passées l’assaillaient. Mensonges après mensonges, il avait détruit les fondations de leur amitié, ruinant sa précieuse confiance de vérités trop tard révélées. Elle semblait si loin cette matinée où ils avaient oublié le monde, dansant l'un contre l'autre, la fleur naissante d'un sentiment qu'il n'arriverait qu’à nommer que beaucoup plus tard.
Sourire disparu, Evandro retrouvait le sérieux d’un homme assistant à son propre procès. “Mais avant...”, chuchota-t-il, l’incertitude colorant de nouveau les tonalités de sa voix. Respiration fébrile, il retrouva son regard du sien, sa main libre rejoignant celles qui étaient restées accrochées. Il avala de travers, ses yeux se voilant d’une culpabilité qu’il n’avait toujours pas su se pardonner. “Je suis désolé de t’avoir menti quant à tes parents... Je suis désolé de ne pas avoir été là quand tu en avais besoin, quand tu as dû vivre avec tout ce que je t'avais avoué... Je suis désolé de mon silence et de mes absences. Te causer du mal a toujours été la dernière chose que je souhaitais... et malgré tout”, il eut un petit rire triste, sombrant dans l'amertume de ses propres actions. Il secoua la tête, sa gorge se contraignant douloureusement tandis qu’aux coins de ses yeux s’accumulaient l’humidité des larmes qu’il refusait d'exonérer. De ses mains, il serra la sienne, un peu plus tendrement, un peu plus fortement. “Je suis désolé. J’espère que tu arriveras à me pardonner un jour. No te decepcionaré nunca más. Yo lo juro”, chuchota-t-il, son ton, solennel, tandis que sa langue retrouvait la délicatesse du catalan.
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Re: Slow dancing in a burning room
Dim 22 Nov 2020 - 20:03
Coeurs à nus, les deux héritiers se voyaient rattraper les mois de non-dits qui avaient enfermés leurs palpitants dans la glace de l’incompréhension et de la rancune. Elle avait pensé qu’elle serait capable de tenir tête face aux grands yeux expressifs du brésilien, face à cette manie qu’il avait de la regarder comme personne ne le faisait, lui donnant l’impression d’être importante, finalement. Mais les mots hachés de la gamine trompée n’avaient pas tardé à laisser place à un discours qui transpirait de tous les sentiments refoulés qu’elle avait cru pouvoir oublier.
Tandis qu’elle parle, le pouce d’Evandro qui vient caresser avec douceur le dos de sa main la fait légèrement frissonner, profitant d’une tendresse qu’elle pensait lui être désormais interdite elle tentait de trouver la force des mots, l’espoir qu’elle avait enfermé avec tant d’ardeur suite aux aveux de Luce se faisant de plus en plus pressant au fur et à mesure de la conversation qu’ils étaient entrain de nouer. Et finalement, l’annonce se fait officielle, dans la bouche d’Evandro, le murmure semble soudain rendre le tout plus réel. « Les fiançailles sont annulées. » Et son coeur fait un bond dans sa poitrine, peut-être encore plus fortement que lorsqu’elle avait lu la lettre que le brésilien avait adressé à la De Gray. La voix d’Evandro se fait douce, tendre, rassurante et elle pourrait se laisser glisser aux mêmes sentiments. « Mais… pourquoi ? Comment ? » Ce besoin de comprendre, ce besoin de savoir : des fiançailles n’étaient jamais annulées pour le bon vouloir des futurs mariés. Pas dans leur monde, elle le savait bien. Il y avait toujours une raison, des jeux de pouvoirs, des contreparties, la manipulation ne cessait jamais réellement. Elle en avait elle même fait les frais, James éloigné, leur union balayée d’un simple changement d’avis motivé par la peur de voir la vérité éclater. Mais quelles raisons motivaient le changement d’avis des Delgado ? Elle était bien trop attachée aux réponses et à la vérité pour pouvoir se départir de ces questions même si son coeur tambourinant lui hurlait de s’en passer.
Pour autant, lui aussi semblait avoir autres choses à dire, et le sourire qui s’était glissé sur ses lèvres disparu aussitôt qu’il reprit la parole, le ton grave par le sujet qu’il abordait. « Detente Carińo… » Le surnom refait son chemin entre ses lippes avec un peu trop de facilité, l’espagnole sent ses belles résolutions fondre comme neige au soleil, les mots du brésilien lui sont trop douloureux pour qu’elle reste sourde à ses ressentis, à ces excuses qu’il n’était pas forcé de lui présenter. Car ce qu’il avouait, elle lui avait déjà pardonné depuis bien longtemps, bien incapable de se faire rancunière lorsqu’il s’agissait de lui, bien trop à même de comprendre les rouages d’une loyauté familiale qu’elle partageait et consciente de ses propres tords dans leur éloignement des mois passés. Après tout n’était-elle pas celle qui avait fuit, non pas une fois, ni deux fois, mais bien trois fois, après les aveux dévastateur sur la Marina, au Bal organisé par les Blackthorn en janvier profitant de l’irruption de ses frères dans leurs retrouvailles douloureuses et enfin à l’hôpital de Sainte Marie après l’embuscade dont ils avaient été victimes en Espagne et où ses sentiments s’étaient faits un peu trop pressants alors qu’elle le veillait durant son sommeil ? « Stop it, don’t swear anything to me, I hate promises… » Car elles finissaient toujours par être brisées. Toutes, sans exceptions, balayées au grès des humeurs inconstantes du genre humain. Adalia avait fini de s’accrocher aux promesses, fini de les croire comme on croyait en les saints moldus. « Je te crois, je sais, mais ne jure rien s’il te plait, ce n’est qu’un cadeau au destin pour qu’un jour cela soit brisé. » Elle murmure le regard qui scrute les traits du brésilien.
Un silence à nouveau, elle finit par se redresser doucement, quittant le banc froid et attirant dans le même temps Evandro à sa hauteur. Il n’avait pas à s’accroupir devant elle, ou à baisser les yeux, du moins, aurait-elle pu le dire si sa gorge n’était pas aussi serrée. Sa main se libère de celles du sorcier et accompagnée de sa jumelle vient glisser doucement sur les joues du jeune homme. Douceur presque coupable, geste mesuré, presque pudique et l’impression de gouter à un pécher interdit alors qu’elle parcourt ses traits du bout des doigts avant de reprendre d’une voix étouffée, avec l’impression que les mots qu’elle prononçaient était proscrits : « Je ne veux pas de notre amitié, je n’en veux plus, plus après tout ce qu'il s'est passé… » Et dans sa bouche, les mots semblent durs, pourtant, il n’en est rien car c'est de la réalisation de ses sentiments qu'elle parle plus que des épreuves qui avaient mis à mal l'amitié qu'ils partageait. Mais quelques instants passent avant qu’elle n’ajoute à nouveau, incertaine, peinant à trouver les mots justes : « Je veux plus que ça. » Et l’avouer à voix haute la mettait dans un état d’anxiété rare qu’elle tentait de contenir même si l’océan au fond de son regard se faisait de plus en plus agité par la tournure que prenait ce qui avait été considéré comme un adieu. « Et si plus rien ne nous retient, continua-t’elle alors qu’elle reprend les dires du Delgado, alors qu’elle s’y accroche désespérément tout comme à l’espoir de sortir de ce tourbillon infernal de solitude, puedo tener más Evandro ? » Por favor, hurlaient ses pupilles claires, plongées dans celles du sorcier, même si les mots ne passèrent jamais la barrière de ses lèvres.
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Re: Slow dancing in a burning room
Mar 24 Nov 2020 - 3:46
Slow dancing in a burning room
feat. Adalia
feat. Adalia
Besoin partagé, elle posait les questions qu’il avait lui-même réclamées lorsque la nouvelle avait été annoncée. D’une réaction atypique, l’homme haussa doucement les épaules. Le mystère le harcelait toujours de ses énigmes et si d’ordinaire l’inconnu l’aurait torturé, la déclaration de son célibat avait causé les élans d’une motivation ressuscitée. Sourire réservé, il répondit enfin. “Ma famille en a décidé autrement”. Son regard s’évada un bref instant, observant les alentours avant de revenir sur celle qui le regardait toujours. “Je n’en sais malheureusement pas plus… et je doute que nombreux sachent la réelle raison derrière cette décision”. Il secoua doucement la tête, avant de passer une main légèrement nerveuse au travers sa propre chevelure. Il savait que bientôt viendrait le jour où sa curiosité ne pourrait plus être ignorée, mais à cet instant précis, son esprit avait trouvé préoccupation ailleurs. S’il osait espérer, il n’en était pas moins que son cœur possédait une lourdeur qu’il n’avait jamais su alléger. Mot après mot, excuse après excuse, il dénonçait ses propres péchés. En quête de pardon, il n’attendait que sa sentence soit énoncée. “Detente Carińo…”. Le surnom arriva à ses oreilles, aussi doux, si ce n’était plus, qu’avant. Au creux de lui, son ventre papillonnait délicatement. Il se laissa emporter par ses paroles. Promesse refusée, elle avait tout même murmuré ces trois petits mots qui avaient fait sursauter son coeur. Au travers le déchaînement de ses paroles, il n’avait pu que hocher de la tête, son esprit arrêté sur l’expression de sa confiance ranimée. “Je te crois”. Il sourit doucement, sa main serrant de nouveau les doigts enlacés au travers les siens. “D’accord, je ne te promets rien… pero te lo demostrare”, termina-t-il, le ton assuré, le regard rivé. Le silence retrouva un confort qu’ils n’avaient depuis longtemps point partagé, brisé que par les pas des quelques inconnus qui admiraient la beauté environnante.
Elle se releva du banc, l’attirant dans son envolement, la tête de l’héritier s’abaissant silencieusement alors qu’il retrouvait les hauteurs de sa pleine grandeur. Figé, il sentit sa main quitter la chaleur des siennes et silencieux, il se faisait pantin. Douceur adorée, il s’y renonçait ; savourant l’exaltation que les doigts fins dessinaient sur leur chemin. Muet, il ne pouvait que la fixer d’un regard au creux duquel l’espoir brûlant s’était logé. Et même lorsqu’elle nia leur amitié, son espérance ne fit que s'enflammer... brûlante, dévastatrice. Le doute se faisait petit, disparaissant au fil de ses paroles. Il comprenait tout et pourtant, il réalisait que peu. “Je veux plus que ça”. Son regard tomba sur ses lèvres, naviguant le rosé des pulpeuses, ne retrouvant ses yeux révélateurs qu’une fois son délit commis. “Et si plus rien ne nous retient... puedo tener más Evandro ?”. Cœur impétueux, le brésilien se retrouva enchaîné. Il en perdit la voix, ses yeux emprisonnés par les émotions qui submergeaient les siens. Il peinait à réaliser. Rêve éveillé, tout lui était accordé. Murmure feutré, sa voix retrouva une tendresse qu’il ne maîtrisait plus. Homme devenu faible, il chuchota. “Puedes tener todo lo que quieras… mi querida”. Doucement, sa main retrouva la chaleur de la nuque féminine alors que les doigts s’emmêlaient tendrement dans la noirceur de sa chevelure ; son pouce, trouvant refuge à l'orée de son oreille, délicatement. Le noisette de ses yeux adulait les vagues de son regard, magnétisé par les émois révélés. Et tandis que son coeur explosait d'une joie qu'il peinait à décrire, il s'abandonna à cette envie qu'il avait cru interdit. D'une douceur sans compromis, sa bouche captura enfin celle dont les délices sucrés le faisait frissonner. Il aurait pu le jurer ; si l'amour possédait une saveur, c'était celle de ses lèvres. Yeux camouflés, il se perdait contre elle. Sa main libre rejoignit le creux de ses hanches, ne frôlant qu'à peine ce qu'il s'offrait. Lèvres pressées contre les siennes, il se laissait fondre, goûtant chaque parcelle du baiser partagé. Amour déchaîné, sa main se blottit un peu plus contre son cou, et contre ses lèvres, il soupira de volupté.
Autour d'eux, d’une magie que les passants crurent hallucinée, quelques fleurs s'épanouissaient lentement. Pétales de couleurs renouvelées, la végétation s’agitait avec douceur. Réveillée, elle se mouvait au gré de la magie relâchée. Et si non loin d’eux une fleur s’était retrouvée fanée quelques instants auparavant, à sa place s’y trouvait maintenant les feuilles enfantines d’un bourgeon naissant.
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Re: Slow dancing in a burning room
Mar 24 Nov 2020 - 19:52
Elle reste accrochée à ses lèvres, regard brulant d’une impatience qui pulsait jusque dans ses veines, dans l’attente de la confirmation de ce qui semble se dessiner sur les bancs du jardin botanique. La fin de mois de non dits, de colère, de déception, d’abandon, d’incompréhensions, tout semblait si facile désormais. Mais l’angoisse lui tordait encore les tripes, l’inquiétude de mal comprendre, de se méprendre sur les intentions d’Evandro, de se perdre dans ses désirs en oubliant les faits, en gommant la réalité parfois trop abrupte, parfois trop cruelle. « Puedes tener todo lo que quieras… mi querida » Nouveau bond dans sa poitrine, ceux auxquels elle saurait s’habituer sans mal. Un sourire extatique qui se glisse sur ses lèvres alors qu’elle comprend un retournement du destin en leur faveur. La main du sorcier vient se perdre dans ses cheveux et c’est leurs lèvres qui viennent glisser les unes contre les autres avec douceur, émotions animées comme jamais elles ne l’avaient été auparavant, la tempête dans son coeur n’était guère plus ravageuse, mais terriblement agréable. Elle laisse tomber le masque et ses lèvres en redemandent toujours plus tandis qu’elle se laisse aller contre lui, sentiment de plénitude qui l’exaltait et lui faisaient oublier tout le reste.
Il y a ses doigts, un peu tremblants qui ne quittent même pas les joues du jeune homme, les dessinant encore et toujours sous le contact de sa peau alors qu’elle sent son coeur se soulever d’un élan nouveau. Lèvres contre lèvres il semble qu’ils oubliaient le monde autour, il n’y avait plus qu’eux et le temps perdu qu’ils souhaitaient désormais rattraper. Et lorsque finalement leurs lèvres se détachèrent, presque à regret, ce ne fut seulement pour qu’elle plonge la tête la première dans le creux de son cou, visage qui se perd contre sa peau, souffle qui vient chatouiller son épiderme alors qu’elle emplit ses narines du parfum enivrant du sorcier. Presque malgré elle, ses mains se serrent un peu plus sur le tissu de sa chemise, les doigts crispés sur le tissu comme inquiets de le voir disparaitre si elle le relâchait un instant : ce songe irréel qui était entrain de s’épanouir derrière ses paupières closes. « Te extrañé mucho cariño » Finit-elle par murmurer, visage toujours enfoui contre lui, les accents hispaniques qui s’épanouissaient sous sa langue sans même qu’elle n’y prête attention, les mots ressentis bien plus fort, bien plus vrais, libérés, enfin de leur carcan de bienséance, de la nécessité d'être juste, d'être droite, de se plier aux règles imposées.
Dizaines de seconde de silence où, blottie entre ses bras, elle profite d’un souffle retrouvé. Pourtant, il y a ce moment qu’elle souhaiterait ignorer où il faut qu’elle s’éloigne, qu’elle sorte de cette bulle qu’ils avaient créé de leur euphorie et de leur tendresse. Car si le temps semblait s’être arrêté, ce n’était que l’illusion des battements, désormais apaisés, de leur coeur. Doucement, elle relève la tête, croise le regard noisette du brésilien, ses propres pupilles brillantes d’une douceur à peine voilée avant de jeter un coup d’oeil autours d’eux, remarquant les regards des passants fixés sur le jeune couple, désormais entourés de fleurs flamboyantes. Il y a cette appréhension qui la fauche en plein vol, mêlée peut être au dédain de se sentir appartenir à un autre monde que les moldus qui s’émerveillaient devant la nature exotique qui s’éveillait au contact de la magie. Mais surtout, l’impression de devoir se cacher, de garder le secret : la crainte que l’histoire naissante, que sa renaissance, ne soit pas approuvée, et qu’à cause de ça, Evandro soit en danger. Et si elle tait les maux qui l’envahissent, elle se recule légèrement, non sans attraper une main du sorcier dans la sienne, doigts qui s’entremêlent avec un naturel frappant. « Maybe we should go somewhere else ? » Demande-t’elle, interrogeant du regard le Delgado, l’envie d’un moment rien qu’à eux deux, loin des regards indiscrets, loin de tout avant que sa réalité ne les rattrape.
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Re: Slow dancing in a burning room
Jeu 4 Fév 2021 - 4:06
Slow dancing in a burning room
feat. Adalia
feat. Adalia
Si l’ombre d’un bref moment, il y avait encore eu place au moindre doute, toutes ses incertitudes s’évanouirent sous la délicatesse de ses lèvres. D’une douceur savourée, elle répondait tendrement à ce qu’il avait osé initier. Tandis que les mains féminines redécouvraient ses joues, lui, il frissonnait sous ses doigts frétillants. Paupières closes, il ne voyait qu’elle, il ne sentait qu’elle. D’une douceur enivrante, il aurait pu soupirer contre les lèvres rosées alors qu’il s’abandonnait aux élans de son dévouement. Son pouce se mouvait lentement contre sa joue, caressant imperceptiblement la peau chaleureuse ; tendresse qu’il aurait pu laisser persister à l’infini. Au creux de son abdomen, les papillons s’agitaient violemment, virevoltant ; s’envolant, enfin, après des mois passés emprisonnés. Et lorsque leurs lèvres se séparèrent après de longues secondes, leur infinité sembla n’avoir duré qu’un bref moment. Leur regard n’eurent à peine le temps de se croiser que le visage de sa ballerine plongeait contre son cou. D’un naturel qu’il avait oublié, ses bras entourèrent sa silhouette, sa joue se posant contre le dessus de sa chevelure, respirant les effluves d’un parfum qu’il n’avait jamais pu complètement oublier.
Tandis qu’elle se blottit contre lui, le monde sembla enfin retrouver son sens. Il sentait ses mains appuyées contre lui, sa chemise se resserrant lentement entre ses doigts. “Te extrañé mucho cariño.” Un petit rire s’évada de ses lèvres souriantes, le soulagement trouvant exutoire dans l’éclat sonore. Il la serra plus fort, le désir si puissant qu’il peinait à le contrôler. Son corps semblait avoir été conçu que pour s'enlacer avec le sien et à cet instant, il refusait la censure. Sa main parcourut la chevelure de sa ballerine, frémissante d’une énergie recouvrée. Si la perfection avait une définition, c’était l’essence même de ce moment. “Yo también… tanto. J’ai cru que je t’avais perdu…” Pour toujours. Sa voix mourut, insuffisante ; la peur, brûlante dans sa voix tandis qu’il se faisait taciturne. Et si l’ombre d’un instant, la crainte s’était faite saisissante, omniprésente, elle disparut pourtant aussi rapidement qu’elle s’était immiscée au creux de son coeur. Ses yeux croisèrent les siens et il ne put que lui sourire, sentant contre sa peau, la chaleur d’une main qui s'agrippait gentiment. Il la serra contre la sienne, comblée par la simplicité d’un geste qui, pourtant, en disait tant. Son pouce s’activa de nouveau, trouvant confort, cette fois-ci, auprès de ses doigts.
“Maybe we should go somewhere else ?”. Il la regarda, songeur. Les idées venaient et partaient ; son esprit, déconcentré, par sa beauté. Charmé, il souriait, oubliant, l’espace d’un bref instant, la nature de sa question. Obnubilé, il peinait à faire preuve de volonté, comblé qu’à simplement l’observer. Il secoua doucement la tête, se ressaisissant avant de lui murmurer, son visage encore tout près du sien. “I have an idea… Do you trust me?". Doigts entrelacés, il monta la main à son visage, y déposant un bref baiser avant de la guider lentement vers la sortie. Si le jardin les avait embrassés de sa chaleur tropicale, la fraîcheur de l’extérieur, quant à elle, le dérouta brièvement. Un frisson parcourut son échine. D’un mouvement agile, il déroula son écharpe, l’entourant soigneusement autour du cou de sa princesse. “Nunca me acostumbré al frio”. Un sourire nouveau retrouva ses lèvres. “Lista?” Il attendit sa réponse, puis transplanna. Le monde se referma, se resserra ; la noirceur les entourant, rapidement, avant de succomber à la lumière du lampadaire sous lequel ils s’étaient retrouvés.
La rue était calme, presque déserte. Au loin, les murmures d’Inverness se faisaient entendre, ville pétillante qui s’animait, distante. À première vue, l’endroit paraissait étonnant. D’un jardin aux milles et une couleurs à la devanture d’un local aux fenêtres camouflées de papiers ; le contraste était saisissant, singulier. Et pourtant, l’héritier Delgado souriait doucement, le regard fixé sur le bâtiment, avant de retrouver les iris bleutés de la demoiselle. Sa main vint replacer une mèche qui s’était fait vagabonde, dévoilant l'entièreté de sa beauté. “I want to show you something.” Il s’approcha de l’entrée, un sort vite murmuré déverrouillant la serrure d’un clic sonore. Il attrapa la poignée, ouvrant la porte à Adalia qu’il laissa entrer devant lui. Les lumières s’enflammèrent, révélatrices et sous leurs yeux se dévoila l’éclat étincelant d’un laboratoire neuf, immaculé. Au fond, une serre regroupait des plantes de tout âge, de micro pousses aux fleurs épanouies. “I… purchased this place two weeks ago and turned it into a laboratory, where, I hope, I can make a living by making potions.” Il se tue quelques instants, une main retrouvant sa nuque d’un réflexe inconscient. Le regard de l'héritier s’accrocha à celui d’Adalia. “What I’m trying to say is… No voy a ninguna parte, Querida. Me quedo aquí... cerca de ti”.
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