On sait jamais, sur un malentendu, ca peut marcher...

La vaiselle, une activité louable en soit, qui était définitivement pratique pour chasser ses pensées, pour faire le point, pour... "C'est vrai alors ? Toi et Lisa, c'est fini ?" Merci le collègue. Si j'étais venu à ce poste, c'était clairement pour ne plus y penser, pour penser à autre chose, pour laisser mon esprit se raccrocher à autre chose. Mais non, lui, il lui fallait tout savoir, à tel point que je serais capable de parier sur la question suivante. "Mais pourquoi, je comprends pas... Il s'est passé un truc ou... ?" Bah voila. Pourquoi ce genre de veine n'arrive jamais quand je joue au Lotto Sorcier ? "Elle voulait que je rencontre ses parents au réveillon." Et là, grande tête perplexe qui ne comprend rien, la sienne mériterait presque la palme. En même temps, je peux pas lui en vouloir. Il est pas au courant lui. Comme Lisa ne l'était pas. Et moi, j'allais pas prendre le risque de commettre un carnage pour un flirt. Vous m'imaginez réellement me retrouver à un diner, en compagnie d'une charmante demoiselle et de sa famille et devoir subir ma transformation mensuelle ? Non mais sérieux... Alors dans ces cas-là, la finalité était rodée. Et même si j'aimais bien passer du bon temps avec Lisa, elle...

"Au fait, elle est là." Ma tête se redresse instantanément et mon cerveau fait le lien presque instantanément. Je sais ce que vous vous dites : il parle de Lisa, tout est bien qui finit bien, bouge ton cul Jolan, t'a encore une chance,... Bah détrompez-vous. Parce que ce timbre mes amis, ce petit quelque chose qui se cache derrière sa voix me fait croire, espérer, miroiter qu'il parle de quelqu'un d'autre et m'écartant de l'évier, j'attrape l'essui dans un mouvement fluide pour m'essuyer les mains, m'approchant de la porte et de son entrouverture. Et elle est là ! Il a raison bordel, autant que vous avez tord de penser que c'est Lisa. Au diable Lisa ! Allez savoir pourquoi, mais lorsque je pose les yeux sur cette fille, Lisa n'est plus qu'un nom. "Tais-toi, dis-rien. Elle a commandé un thé à la rose ?" Silence qui s'installe, ma tête finit par se tourner vers lui dans un "Alors ?" du regard. "Tu m'as dis de rien dire..." Et le regard se lasse de cette incrédulité. Comment pouvait-il seulement faire pour s'entendre dire des conneries ainsi ? Prenant alors la théière près de nous, je venais servir une tasse, laissant ensuite d'un coup de baguette des accompagnements venir se poser sur une ardoise servant de plateau. "Elle a pas demandé de macarons..." Nouveau croisement de regards, et je ponctues sans mal : "Je sais. Elle n'en demande jamais quand elle porte ces habits. C'est pour ça que c'est le cadeau parfait." Et sur une tentative de m'arrêter totalement infructueuse, je le laissais apres avoir réajuster mes habits. Je voulais être au top, et prenait la route de la salle avec une assurance digne de moi. Aucun de mes pas n'étaient défaillant, et calmement je venais réduire la distance jusqu'à elle. J'entendais déjà la tante me ralait dessus en apprenant ce que je m'apprétais encore à faire, mais pouvais-je seulement quelque chose contre les flèches de cupidon ?

"Votre thé." Diction parfaite alors que je viens déposer la tasse devant elle, avec finesse et sourire. "Et ça, c'est un plus de la maison parce que le thé à la rose, c'est triste quand c'est seul." Comme toi, définitivement. Comme toi qui est pourtant si souvent accompagnée et pourtant pas cette fois.

On sait jamais, sur un malentendu, ca peut marcher...

Mais de rien, Divine Créature. Sans le savoir, j'étais envouté par un simple son qui sortait de sa bouche, mais soyons honnête, même si je l'avais su, je ne me serais même pas effarouché. Je n'aurais clairement pas cillé, protesté ou même rebuter. Y a pire quand même, et là, maintenant, je comprenais toutes ces histoires sur les sirènes et les marins. Ca me donnerait presque envie de m'engager tiens, si ce n'était pas une mauvaise idée de m'enfermer dans un bateau au milieu de la mer avec tout un équipage. Les pauvres, à la pleine lune... un vrai carnage.

"Je vous en prie. Permettez que..." Permettez... comme si j'allais seulement me contenter d'un non tiens. Même pas en rêve. On pourrait même me menacer que je n'aurais pas hésiter une seconde à continuer. "... je vous demande votre avis sur ceux-ci." déclarais-je en pointant certains des macarons. "Je m'explique" Et voila, je m'asseyais le plus naturellement du monde en face d'elle. Et pourquoi je me gênerais d'abord ? Ce salon de thé, c'était la famille. Ma tante en était propriétaire et puis...

*bip* Réflexe, je m'interromps, regarde ma montre, lis la notification Akela avant de sélectionner l'option de répéter l'alarme plus tard. Parce que là, j'étais occupé bordel. Satané boule de poils, c'était vraiment pas le moment de venir me faire chier avec tes considérations. La potion attendrait, surtout que je n'étais toujours pas pressé de la prendre, cette mixture au gout de fiel de porc. "Je disais donc... J'aimerais l'avis d'une experte comme vous sur ces macarons. Parce que vous voyez, j'ai remarqué que vous appréciez ces accompagnements avec votre thé et je voudrais savoir ce que vous en pensez. C'est ma cousine qui a gribouillé cette recette et je me demande si la clientèle pourrait les aimer." Le tout bien sur demander avec un vrai sourire en coin. Et je ne mentais pas pour ce qui est de la cousine et des macarons. Bon peut-être que je surjouais un peu, parce qu'en vrai, la cousine en question était la fille de la patronne des lieux et que la dite patronne avait déjà validé leur utilisation mais c'était pour la bonne cause : un coup avec cette magnifique blonde assise en face de moi savoir si ma tante avait eu du pif, à défaut de penser avec ses papilles gustatives trafiquées au fromage. Sérieusement, qui pouvait apprécier ce truc jaune en croute rempli de trous, franchement ?

"Et sinon, je me présente : Jolan Wauters." Et paf ! Maintenant elle connait mon nom.

On sait jamais, sur un malentendu, ca peut marcher...

De Launay ! Va savoir pourquoi, le nom me dit quelque chose. J'ai déjà du l'entendre c'était sur. Mais en meme temps, j'évoluais la plupart de mon temps dans des salles de classes ou ici, des gens, j'en rencontrais régulièrement alors plus rien ne m'étonnait vraiment. Mais quand même, De Launay, où l'avais-je entendu celui-là ? Sais plus. Par contre, Holly. En voila un nom que je ne vais pas facilement oublié. Et pas que pour les sous-entendus qu'il présente à sa seule mention. Punaise n'empêche, j'imaginerais presque la mère de cette charmante Miss De Launay la punir quand elle était petit : "Holly, au lit !" En route pour le #mdr sur Wizardgram, je vous le dis moi.

"Je t'en prie, appelles-moi Jolan." Je venais de la tutoyer, oui et alors ? Ce n'était pas pro ? Je venais de lui offrir une exclusivité, un privilège VIP en lui offrant cette nouvelle collection de macarons. Ca voulait bien dire ce que ça voulait dire. Et puis, Mr Wauters, c'était mon beau-père, mon papavde coeur et certainement le seul que j'avais réellement dans cette vie. J'avais du respect pour cet homme. "C'est tout à fait ça. L'avis d'une experte, c'est toujours bon à prendre. Et quel meilleur expert que le client !" Punaise, on aurait cru entendre Rimbaud. Ou Beaudelaire. Ce que je parlais bien quand je le voulais. Sur qu'on aurait pu l'écrire celle-là. Mais bien sur, personne n'était là pour la noter, ma super réplique. Toujours pareil et la regardant en prendre un, le porter à ses lèvres, j'avoue que l'espace d'un instant, j'aurais presque adoré être un macaron. Mon attention ne la quittait pas du regard, hypnotisé que j'étais. A l'intérieur de mon corps, mon coeur s'emballait presque de voir ce spectacle, de pouvoir ainsi la détailler du regard. Elle était juste suuuuper belle.

Son retour me rappela au présent cependant, et clignant quelques fois des yeux, je me reconnectait rapidement. Ce qu'elle avait mis dans quoi ? Qui ? Ah oui, Ymkje. Dans ses macarons. Elle avait pris le jaune. Et celui-là, c'était : "Citron et Miel." Le mélange des deux était juste dosé, avec une précision de feu. Un zeste plus de miel pour le coté sweet. Et encore une phrase digne de Candy Crush ! Mais surtout, le miel était avouons-le un parfait compagnon au thé. Le citron lui n'était là que pour appeler à la fraicheur. Et puis, il y avait aussi "Et l'ingrédient secret aussi..."

Qui n'aime pas les secrets ? Je suis sur qu'à cette seule mention, je la captive. Mitonne pas, Mamzelle De Launay, je le vois, j'en suis sur ! Et me penchant un peu, jouant le tout à fond, j'ajoute sur une voix plus basse : "Une pointe de passion, parce que dit-elle : La passion est la recette du bonheur !" Même pas vrai bordel ! Jamais elle dit ça ! J'ignore ce que j'ai, mais c'est juste incroyable. On me dirait presque que je suis capable de voler que je le croirais.

"Aaaah. Enfin un sourire sur ce visage radieux. Croyez-moi, vous êtes beaucoup plus jolie lorsque vous affichez ce bijou, mademoiselle !" Okay, d'habitude, je l'aurais peut-être pas dit aussi vite celle-là, mais là, j'étais sous le charme. Puis je ne mentais pas, j'aimais réellement voir une fille, quel qu'elle soit sourire. C'était un cadeau !