Mais non, tu vas assurer !Tu parles. Assurer, dans une présentation à un poste pareil ? Autant essayer de prendre la place de directeur à Hungcalf tiens. Je suis sur que j'aurais plus de chance. Alors qu'est-ce que je faisais là ? Si vous vous posez réellement la question, c'est que vous connaissez pas encore Ymkje, ni ses arguments infaillibles.

En plus, la patronne, elle est genre méga-jolie. Bin voyons, il avait suffit de ça pour que je ne ressentes plus aucun doute, plus aucune angoisse, rien qui ne puisse réellement m'arrêter. Et me voila du coup, sur la route de ce possible nouvel emploi complémentaire parce que c'est mal de lâcher la famille dans l'unique but de payer ma part de loyer plus facilement. Non pas que j'avais du mal, parce qu'en vrai, mon charme incroyable et la chance avait attiré la proprio la plus géniale et canon au monde mais il fallait voir les choses en face. Quand Ymkje était du style dépensière, j'avais tendance à me retrouver sans le sou. Parce que comme ma cousine, je n'avais pas le sens de la mesure. Et non, s'il vous plait, n'y pensez pas ! Ne nous jeter pas le défi d'être plus dépensier que l'autre. S'IL VOUS PLAIT ! Pensez à ma bourse Pas celle-là, bande de...

"Bonsoir. Tout à fait." Tout à fait qu'elle avait raison la cousine. Si c'était elle la patronne, j'adhère à dix milles pourcents. Même au grade de récureurs de chiottes, j'étais prêt. En plus, en y réfléchissant bien, une crèche c'était l'endroit parfait pour faire des rencontres de demoiselles sympas et tout. "Une inscription au bas d'un CDI ! On signe où ?" Bien sur que le stylo est déjà dans ma main. Vous croyez quoi ? Que je vais hésiter plus longtemps ? Peut-être que je devrais mais well, impossible pour moi de résister longtemps à un visage angélique.

« Alors, Jolan, c'est ça ? » "Exactement ça. Jolan Wauters, pour vous servir." ajoutes-tu facilement alors que tu termines de t'asseoir. Tu aimes ce "Pour vous servir", même si il faut bien le reconnaitre, la première consigne qu'elle t'a donné, tu ne l'as pas executé : le stylo est toujours dans ta main, et rapidement, mécaniquement même, tu en viens à jouer avec, le faisant tourner autour de ton pouce par un mouvement rodé au rythme des cours.

Cela ne t'empeche pas d'être attentif. Elle décrit le poste, de manière succinte, ses attentes, et toi, tu ne vois que ses lèvres bouger. Est-ce que c'est permis d'avoir des lèvres ainsi ? Une question qui se fanent dans ton esprit alors que la comparaison te laisse un arrière-gout dans la bouche, et que ton corps se raidit légèrement. Les parents, des loups, et toi le morceau de viande. Sans que tu t'en rendes compte, le stylo arrête de tourner, tu sembles prendre la mesure de l'importance de cette phrase, mais il n'en est rien. Un instant, tu es le morceau de viande. Un instant, tu revois le loup. Et ta main se porte à ta hanche.

« Parle-moi de toi. » Une phrase que tu ne captes pas. Dommage, elle te sauverait facilement. « Tu es à Hungcalf il me semble, c'est ça ? Quel cursus ? » Ton esprit revient à cette nouvelle question, et tout se replace facilement dans ta tête. T'entends les derniers sons, comme quand ta mère te demande si tu l'écoutes et que tu répètes ses derniers mots. La suite vient toute seule, effaçant l'impression désagréable, te ramenant au présent et à ta candeur habituelle. "Je suis à Hung oui, en Sciences Occultes. Je veux devenir fabricant de baguettes alors, ça s'imposait comme choix. Et j'ai pas de souci à prendre mes marques dans un nouveau milieu ou m'adapter. Je travailles à la Moufette, c'est ma tante qui le tient et je l'aide. Si elle a besoin d'un barman, je suis la, d'un serveur, je suis la, d'un gars pour faire la plonge, je suis là. " Est-ce que tu te vantes ? Non. Pas du tout. C'est la vérité. T'es là pour ce qui doit être fait et n'importe qui peut le confirmer là-bas. Bien sur, tu as tes défauts, mais t'a jamais laissé personne en plan ni même fait ton taf à moitié. "Ici, je cherche un job complémentaire, qui primerait quand même sur celui à la Moufette. Là-bas, je rends service et je continuerai de le faire. Mais j'ai besoin de quelque chose de stable pour payer les factures. Et vous proposez quelque chose de stable, alors me voila."

Est-ce que c'était compatible ? La question était légitime. Et franchement, la réponse était délicate. Parce qu'il y avait les cours, le Quidditch, la Moufette. Et après un instant de concentration, court autant que... que rien du tout, tu souris et réponds sans l'once d'une hésitation, sourire en coin présent : "Probablement pas." Ouais, t'es le genre à te la raconter quand même, mais pas à ce point. Y a toujours un moment où il faut être clair, réaliste, sincère. "Mais, à part la dragono, je suis principalement pris l'après-midi, et pas tous. Et en Dragono, je suis en étudiant libre. Je vais pas vous mentir et vous promettre un temps plein. Mais je suis prêt à faire des heures, autant que je peux." L'espace d'un instant, ton coté charmeur s'est éteint. T'es vraiment sérieux en disant ça. Tu pourrais laisser plus tomber l'aide que tu apportes à la Mouffette pour un job plus régulier, même si tu laisserais jamais tout en plan complétement.

La vérité, c'est que la tune, tu en a besoin. Faut payer les factures, faut assumer ta part dans la vie de tous les jours et payer tes études. "J'ai pas de problèmes avec ça. Avec ma soeur et mes cousines, on faisait souvent du babysitting quand on était à Beaubatons, pendant les vacances. Une façon comme une autre de se faire de l'argent. Et franchement, à cet âge, perso je trouve qu'il y a pire." Certes, c'était capricieux, demandait beaucoup d'attention et aimait tout découvrir, mais un enfant en bas-âge n'était pas dans l'âge ingrat, difficile de l'adolescence où franchement, t'étais probablement resté coincé un petit peu dans ton cas.

"Je sais faire tout ça, M'dame, et en plus je sais faire le café, les cookies, les pancakes et la vaiselle." Expérience oblige, tu bosses après tout dans un salon de thé à tes heures perdues. Certes, ici, tu t'attends pas à recevoir autant de pourboire, mais question te salir les mains ou te rendre utile, ça n'a jamais été un problème. Pour ce qui est du calme, on dira qu'au moins les 3/4 du temps ça va. Personne n'est parfait non ?

"On a peut-être perdu le petit chaperon rouge dans la foret." ET CA, c'était dit avec toute l'ironie d'Ymkje. Car situation déjà vécue, et la blonde avait répondue la même réponse. Différence notable, les personnes à qui elle avait répondu -aka ses parents- étaient au courant pour Akela. Dame Niamh elle, ne l'était pas du tout. Et je n'étais pas con au point de lui dire quand même.

"Je vous promets que je serais à la hauteur de vos attentes." Je m'engages, encore et toujours, peut-être un peu trop facilement.

Visiblement, tout se passait bien. Même très bien, j'avais déjà le droit de l'appeler par son prénom. Manquait plus que le numéro pour faire de moi un mec comblé, limite aux anges. Et me levant pour prendre sa suite, j'écoutais les indications. Première chose : les parents ne franchissent pas la ligne. Facile. Easy même. C'est comme si les clients voulaient aller en cuisine ou derrière le bar à la Moufette. En cas de problèmes, méthode PONG : plexus, orteil, nez et gorge. Ca calme tout le monde direct. Plus sérieusement, j'en étais parfaitement capable. Et sans violence. Parce que dans une créche, la violence ne résout rien, et qu'elle serait contre productive.

« et ça c'est Pongo, il est adorable, rarement dans la partie avec les enfants, mais sinon il se balade dans toute la maison, t'as pas peur des chiens ? » Ma tête tourne vers l'animal, mon pas s'arrêtant net. Okay, un chien avec des enfants, c'est toujours cool. Et tu mentirais si tu disais que c'était un probleme. Mais rien qu'à croiser le regard de l'animal, tu sais que lui il sait déjà. Et soupirant, tu ajoutes : "C'est pas lui le souci." Y a toujours ce moment dans la vie qui me rappelle qu'il y a rire et rire. C'est comme avec mes histoires de coeur, j'aimes les filles, mais aussitot que ca devient important et que ca touche à un domaine, je sais que ça casse. Me débarrassant de ta veste et ensuite de mon pull ainsi que de mon t-shirt, la marque présente sur ta hanche se dévoile sans trop de difficultés. "Si je travailles qu'à la Moufette, c't'à cause de ça, M'dame... Niamh." Je me reprends, sur le dernier mot. "Alors je pourrais vous dire comme je dis à tout le monde, qu'un chien m'a mordu quand j'étais gamin, et prendre le risque que vous découvriez la vérité. Ou laissez la brigade de régulation vous informer de ce que je suis mais bref... je pense que c'est mieux que vous l'appreniez avant de me filer un job : C'est pas un chien qui m'a fait ça, et je suis indisposé une nuit par mois." Une nuit. Okay c'était tous les mois, mais c'était une nuit. Parfois y avait des effets secondaires, mais je faisais tout pour les diminuer, voir les éviter un maximum. C'était pas toujours facile, mais c'était possible. "Si vous m'engagez, ils vont de toute façon vous prevenir alors..." Me frottant le nez, peut-être un peu de honte, je reprenais mon t-shirt et le renfiler. Et finalement, j'ajoutais : "Merci de m'avoir recu. C'était cool de votre part." M'armant de mes affaires, je tournais les talons pour resortir. J'étais peut-être souvent un sale con, mais pas fou ni idiot. Qui allait engager un gars comme moi ? Sans dec', nous, on fait peur. Connerie de Malédiction de merde !

Je l'entends déjà, Ymkje, me dire que je suis un gros con. Et pourquoi tu lui a parlé de ça toi, abruti qu't'ai ! Tu crois vraiment qu'elle allait te faire garder des momes à Minuit ? Je la connaissais, elle et ses arguments. Mais que pouvais-je faire ? Faire comme si rien existait ? J'étais convaincu que c'était une erreur, et au fond, même si à sa façon la cousine aurait cherché à me prouver que j'étais mieux que le tableau noir que se faisaient les gens des personnes dans ma situation, elle aurait compris. Qu'est-ce que j'espérais réellement, en venant ici ? «Jolan ! Attends !  » Surement pas cette phrase. Mon pas s'arrêta alors que je l'entendais, soldat docile que je pouvais être alors que mon secret était ainsi connu. Et dans ces moments, où je ne contrôlais rien, où je n'étais pas apte à la décision, il était plus facile pour moi de me laisser guider par les ordres, les indications qu'on me donnait. Alors quand elle me fit signe de la suivre à nouveau, même si je n'arrivais pas à y croire, je m'exécutais.

Etait-elle sérieuse ? Je n'aurais su le dire. Je n'avais pas envie de me confier, spécialement si c'était pour rien en retour. Et quoi que je fasses, l'appréhension existait en moi. Tant et si bien qu'il fallut peut-être une minute avant que je n'ouvre la bouche, que je répondes, regardant pendant tout ce temps mon thé refroidir, et le muffin qu'on m'offrait rester là, sur la table. "C'est une fois par mois, une nuit seulement. Et vous n'avez rien à craindre. Je suis enregistré, parce que... parce que j'étais gosse quand... enfin quand c'est arrivé." J'avais été emmené rapidement à l'hopital, ce qui m'avait sauvé. La contrepartie, en plus d'une vie maudite, était l'enregistrement. A jamais mon nom apparaitrait sur les registres. Jamais je ne pourrais le cacher. Ecrite dans le marbre; cette étiquette me suivrait à jamais, où que j'aille, quoi que je fasses. "Je suis conscient de ce que c'est. J'ai grandi avec. On m'a appris à m'enfermer, à m'enchainer, à m'empoissonner pour affaiblir le loup." Parce que c'est ce que c'était : un poison. Mon corps était celui de la bête qui sommeillait en moi. Pour l'affaiblir, pour battre son esprit, je devais souffrir. Et la potion Tue-Loup servait à ça. "Il n'y a pas d'autres transformations, mais la potion est à prendre les sept jours qui précèdent la pleine lune. Alors parfois, ça arrive que je sois plus... patraque. C'est pas un poison auquel on s'habitue m'dame." Celui-là, impossible que je le remplace par son prénom. J'étais trop absent, trop absorbé par mon récit. "Les soirs de pleine lune, je ne travailles pas à la Moufette. Je m'enferme. Là où je vis, on a une cave pour ça. Quand je me déplace, je veille toujours à trouver ce genre de lieux. Et je suis étudiant. Si je le fais pas, Mac Arthur ne me laisserait pas le choix : il me proposerait les cachots de l'école." Etait-elle au courant de ça ? Je l'ignore et à vrai dire, là tout de suite, je m'en fous. La vérité était là, était telle : "Si je mords quelqu'un, c'est toute ma vie qui s'effondrera. Alors croyez-moi, ça n'arrivera jamais." Je ne pouvais pas me le permettre. Pas après tout ce qu'on avait fait pour moi. Pas après tout ce qu'on avait sacrifier pour que j'ai une chance, même infime d'y arriver.

"Vous êtes sérieuse ?" Impossible pour toi de retenir cette question, alors qu'elle affirme qu'elle te donne le job. Tu n'y peux rien, à part ta famille, les gens qui ont su en général pour ta malédiction se sont méfiés de toi pour la plupart. Et tu ne pouvais pas leur jeter la pierre. Au contraire, tu comprenais. Mais c'est parce que tu comprenais que tu ne t'attendais pas à cette réaction de la part de Niamh. T'écoutes les contraintes, le deal qu'elle te propose, qui semble juste autant qu'équitable. Tu le sais, personne ne te proposerait jamais autant, même et surtout avec des enfants en jeu. Où alors en profitant de la situation pour amoindrir ton salaire, se faire un ouvrier à l'oeil, mais ta méfiance n'a pas le temps de s'installer qu'elle est balayé par son argumentaire. Elle propose et c'est une paye conséquente qu'elle offre.

"Je... je... Okay." Il te faut un instant, balbutiant légèrement autant dans ton esprit qu'en parole. T'aurais presque envie de pleurer sur le coup, et tes épaules se relachant un peu, tu te laisses aller un peu plus sur ta chaise, regardant ailleurs, balayant l'horizon du regard pour trouver quelque chose auquel t'accrocher et ne pas sombrer. "M... merci." Il y a dans ta voix le timbre clair indiquant à quel point ce qu'elle t'offre, cette chance, ça compte pour toi, à tes yeux. Cette promesse tacite au fond que jamais te ne sera en retard et qu'elle pourra réellement compter sur toi. Et si d'aventure une anicroche arrivait, tu aurais réellement tout fait pour l'éviter.

"Y aura rien. Vous pouvez compter sur moi, je vous l'jure." Ta voix est encore tremblante, mais ton regard ne ment pas. Tu pense chacun de ces mots. Et il n'est alors pas question de plaire ou de drague actuellement. T'es sérieux comme rarement. Touché, mais sérieux.