Love doesn't hurt, loving the wrong person does ft.  @Juliet Blackthorn

Les choses ne se passent pas comme il le souhaite. Maximilien a insisté pour avancer les yeux fermés ces derniers mois et en voici le résultat. Juliet insiste pour déterminer une date pour le mariage et chaque jour où il ment augmente la peine qu’il lui fera quand il lui dira la vérité. Car de l’autre côté, Peter n’est pas du genre à se laisser faire. Pris entre deux feux, le français est bien incapable de prendre sa décision. Tout aurait été plus simple s’il n’avait pas développé cette affection platonique pour sa fiancée, ou s’il n’avait pas cette peur viscérale de son propre grand-père. Et continuellement, depuis les trois derniers mois, il repoussait l’échéance. Ce qui ne l’empêchait pas de se rapprocher toujours plus du Wright, passant une partie de son temps libre en sa compagnie, jonglant entre cette passion nouvelle et ses obligations de fiancé. L’exercice est épuisant, surtout pour le mental et Maximilien se sent rongé par la culpabilité.

Et aujourd’hui, Peter semble avoir décidé que trop, c’est trop. Les reproches fusent et il ne peut que les accepter, sachant qu’ils sont basés sur une pure vérité. Oui, Maximilien ne s’affiche jamais avec lui, de peur que quelqu’un répète l’information. Oui, il ne les appelle jamais “un couple” car ce n’est pas ainsi qu’il se voit avec Peter. Oui, il est incapable de rompre ses fiançailles par peur de ce qu’on dirait de lui. Oui, il est toutes ces choses et bien plus encore… mais surtout, ce qu’est Maximilien, c’est : pas prêt.

“Je ne suis pas prêt…” Voilà tout ce qu’il arrive à dire pour se justifier. Pas prêt à rompre des mois d’un engagement fort. Pas prêt à se lancer dans une aventure où il n’est pas certain de trouver son compte. Pas prêt à faire pleinement confiance à l’écossais, qui ne demande pourtant qu’à lui prouver sa bonne foi. Il est criblé de doutes concernant les intentions de Peter et la durée de son engagement dans le temps. Rien ne lui garantit que dans deux mois, il ne se lassera pas de lui et ne le jettera pas comme une vieille chaussette. Doit-il vraiment rompre ses fiançailles pour quelque chose d’aussi instable ?
Pourtant, lorsqu’il entend ses mots, il ne peut s’empêcher d’être submergé par les émotions. Il s’est fortement attaché au Wright, bien plus qu’il ne l’avait imaginé. Il aime le temps qu’il passe à ses côtés car il ne s’y ennuie jamais. Au contraire, Maximilien n’a jamais autant ri qu’avec Peter. Il est bien loin de comprendre tout ce que cela veut dire, il sait simplement qu’il ne veut pas mettre un terme à ce bonheur temporaire. Alors pour le faire taire, pour qu’ils ne se disputent plus, Maximilien l’embrasse de tout son être. C’est vrai, il espère ainsi gagner un peu de temps mais aussi faire savoir à Peter qu’il ne doit pas abandonner. Ce bref moment d’harmonie est interrompu par un bruit fracassant sur le palier de l’appartement, faisant aussitôt se tourner les deux visages masculins. C’est pourtant lui le premier qui aperçoit les yeux clairs de Juliet et il lui semble qu’un poids immense s’abat sur sa poitrine, jusqu’à l’empêcher de respirer. Avant même qu’il n’ait pu dire quelque chose, il la voit s’enfuir et ne lui reste plus qu’une idée en tête.

“Merde merde merde merde MERDE. J’y vais. Ne… Ne vient pas, ne t’en mêle pas !” Il ne peut pas s’empêcher de crier de nouveau sur Peter parce qu’il est bien plus facile pour lui de le tenir responsable de ce qui vient de se produire - quand ils sont tous les deux en erreur. Enfin, surtout Maximilien. Au fond, il le sait, voilà pourquoi il s’élance à la poursuite de Juliet. Il aurait été tellement plus facile de se cacher dans un coin et d’attendre que les choses se passent…
Arrivé sur le palier, il récupère les livres au sol et les calant sous son bras, monte rapidement les escaliers à la poursuite de la jeune femme.

“Juliet !!! Juliet attend !” Il crie plusieurs fois et ses grandes enjambées lui permettent de rattraper celles, plus petites, de sa fiancée. Ex-fiancée ? Il ne sait plus. Sa main attrape son bras et le lâche une fois qu’elle s’est retournée. Oh, il sait que la voir lui brisera le cœur et bien sûr, il se retrouve les bras ballants, incapable de dire quelque chose de constructif.

“Tes livres… Je… Je suis désolé Juliet si tu savais…” Mais il a parfaitement conscience que rien de ce qu’il pourra dire ne sera suffisant.

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Une véritable lutte intérieure entre l’impatience naturelle du sorcier et la peur de perdre une connexion sans pareille avait poussé Peter à ravaler sa hâte, à mordre ses lèvres chaque fois qu’il avait ressenti le besoin de baiser les siennes, à se tordre les doigts pour ne pas se saisir de sa main au détour d’un couloir. Il avait lutté pendant trois mois, avait combattu l’incertitude jusqu’à ce que les doutes deviennent omniprésents ; le corbeau, sauvage, aimait la simplicité et l’avait recherchée toute sa vie. Indomptable, il ne s’était pas laissé longtemps couper les ailes ; il enrageait parfois, seul dans l’appartement qu’il occupait solitairement depuis bientôt un mois, que cette soif de liberté ne soit même pas le sujet de leur dispute. Leurs voix ne s’élevaient pas l’une contre l’autre, ne s’entrechoquaient pas pour la première fois. Un bout de chemin avait toutefois été parcouru dans les deux sens ; de son côté, Peter avait l’impression d’avoir avancé de trois pas, mais sa cousine le ramenait toujours de deux en arrière. L’ignorer et l’éviter ne pouvaient mener à rien. Il avait pourtant marché sur la pointe des pieds, tenté tant bien que mal d’éviter le sujet et de se donner le temps nécessaire pour que de nouvelles idées – et qu’une pointe de courage – soient trouvées. La difficile réalisation qu’ils étaient les vilains de l’histoire promettait néanmoins de les rattraper un jour ou l’autre ; c’était celui-là même que la goutte d’eau avait fait déborder le vase. À court d’arguments pour faire taire ses craintes – Am I holding on to you for nothing? Was I ever meant to be with you? To be truly yours? Am I wrecking this family for your little experiment? – le sorcier n’avait pu tenir sa langue alors que Maximilien l’avait rejoint une fois de plus dans son appartement pour, il s’en doutait, qu’ils ne puissent être vus par âme qui vive. Cet appartement avait été leur cocon pendant plusieurs semaines et, aveuglé par l’éclosion de ses sentiments pour le jeune Français, Peter ne l’avait pas vu se transformer doucement en geôle verdoyante. Acte manqué, l’habitant des lieux avait laissé la porte entrouverte lorsqu’il avait laissé pénétrer le Roy à l’intérieur avant de l’escorter jusqu’à la cuisine où il lui avait servi un verre d’eau fraîche. Inconsciemment, Peter cherchait peut-être à laisser l’extérieur envahir cet intérieur étouffant ; il cherchait sa respiration, voulant partager sa bouffée d’air parfumée au vétiver, au pamplemousse et à la noisette avec le monde entier. La question ne manqua de fâcher Maximilien qui se braqua et qui leva aussitôt le rempart nommé Blackthorn. La simple mention du prénom de sa cousine termina de réduire sa patience au néant. Le garçon avait pourtant redoublé d’ingéniosité pour ne pas s’énerver, conscient que sa nature le rappellerait bien trop vite à la réalité. La voix avait simplement pris une octave pour étalonner celle du Français qui paniquait et se fermait devant les yeux inquiets de l’Écossais.

“Max! She’s my cousin too, you know? I’m sorry okay, I’m not too proud as well – but she’s got a right to know! We can’t keep doing… this! We’ve been doing it for months now! Either you tell her or I do.”

Trop habitué à se dérober, lui aussi, il ne laissa pas le temps à Maximilien de poursuivre sur sa décharge habituelle. Prenant le taureau par les cornes, il attrapa le garçon au regard fuyant par les bras et ancra son regard dans le sien pour poursuivre, adouci.

“The Juliet I know would want us to be happy… she’d want you to be happy”, le raccourci fait, il se concentra sur ce qu’il croyait être le problème sous-jacent. “And you can’t be happy if you’re forever hiding.”

Le sentiment lui était étranger ; il n’avait pas à vivre son coming out, heureux élu parmi les élus, mais il pensait imaginer sans mal les difficultés auxquelles Maximilien se confrontait.

“I’m here… and I’m not going anywhere!”

Peter crut un instant au succès de cette discussion troublée, et lorsque le jeune homme se jeta sur ses lèvres pour l’embrasser à pleins poumons, il se laissa emporter dans une étreinte chaude et enivrante ; la terre se dérobait sous ses pieds et il se trouvait subitement dans la salle gravitationnelle du troisième étage. Une mélancolie commença néanmoins à s’installer en lui tandis qu’il prenait conscience des enjeux cachés derrière les lèvres assoiffées. La désespération de Maximilien le troublait et le remuait plus qu’il n’avait bien voulu l’avouer jusque-là. Pourtant, lorsque ces mêmes lèvres amoureuses quittèrent les siennes, une horrible nausée envahit sa gorge. Dans ses pupilles ouvertes, le reflet de Juliet fit trembler son corps tout entier. Feck. No. FECK NO.

“Juliet?” fut la seule chose qu’il articula, complètement abasourdi, sous les exclamations grossières et françaises du fautif dans sa langue natale.

Comme accélérée, la scène se déroula sous ses yeux tremblants sans qu’il ne soit en capacité d’esquisser le plus petit mouvement. Une larme tardive s’écrasait sur sa joue alors que Maximilien lui hurlait de ne pas le suivre et qu’il se précipitait après elle. What have I done…? Titubant, Peter recula jusqu’au mur qui séparait sa chambre et le salon pour s’y adosser et se laisser glisser sur le sol. Devant lui, la porte grande ouverte sur le gouffre abyssal et sombre du couloir le narguait de son ironie ; l’oiseau dans sa cage ramena ses genoux à son menton et y enfouit la tête. Une autruche dans le sable. Son vœu exaucé, l’Écossais regrettait de ne pas avoir écouté les mises en garde contre le génie.

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La menace qui avait plané au-dessus de sa tête, lancée par Peter lui-même, ne cesse de se répercuter dans ses pensées tandis que son regard constate avec effroi la présence de sa fiancée sur le palier de l’appartement. La réalisation que cette tromperie a duré trop longtemps lui saute à la gorge tandis qu’il sent son être entier se tordre jusqu’à ne plus savoir comment respirer. Il aurait été bien plus facile de vivre cette situation s’il n’avait pas eu pour Juliet cette affection presque romantique qui l’avait liée étroitement à elle ces derniers mois. C’est en se plongeant dans la prunelle de ses yeux qu’il constate l’horreur de son geste et le mal qu’il est capable de faire, même involontairement. Mais peut-on encore parler d’erreur quand il a consciemment rencontré Peter à tous ces rendez-vous, ces trois derniers mois ?
Son instinct se dirige aussitôt vers l’agressivité : envers lui-même, envers Peter à qui il ordonne de rester à sa place. Ils seront trop de deux à expliquer à la Blackthorn comment ils lui ont planté un couteau dans le dos, et pourquoi. Au fond, le seul fautif, c’est lui. Alors oui, il n’a que peu d’égard pour le sorcier sur l’instant, préférant s’élancer à la poursuite de sa fiancée, les livres sous le bras pesant bien moins lourd que sa conscience. Son urgence dans l’intention de la rattraper est telle qu’il ne réfléchit pas à ce qu’il pourrait lui dire, une fois face à elle. Comment formuler de telles phrases destructrices ?

Le visage de Juliet trahit sa peine, détruit son cœur déjà bien abîmé. Son ton ne fait que confirmer ce qu’il sait déjà : des excuses, aussi sincères soient-elles, ne seront jamais acceptées. Il n’y a jamais eu de logique dans son comportement, si bien qu’il lui est impossible d’être rationnel dans son explication. Sa réaction est sûrement pire que ce qu’il avait imaginé : elle ne crie pas, retient ses larmes. Il aurait préféré qu’elle lui lance un sort bien mérité mais, contrairement à ses attentes déjà pessimistes, elle reste d’apparence calme. Le renvoyant dans les bras de son cousin comme si elle avait eu tort d’être ici.

“S’il-te-plaît Juliet, il faut qu’on en parle. Je ne peux pas… me contenter de te laisser partir et considérer… je ne sais pas… que je n’ai aucune explication à te donner. Tu pourras me haïr, me maudire, me jeter un sort si tu le souhaites après cela, mais laisse-moi au moins te parler. T’expliquer pourquoi…” Il ajoute à son ton suppliant un regard de la même trempe, espérant, priant pour qu’elle ait la force de dire oui. Il ne sait pas s’il aurait pu, à sa place, écouter sans broncher sa fiancée lui expliquer pourquoi elle l’a trompé ces derniers mois. Plutôt se rendre sourd… Est-ce qu’il s’attend à un refus ? Totalement et il le comprendrait.

“Je t’assure que ce n’est pas aussi… aussi tordu qu’il y paraît. Je n’ai pas… S’il-te-plaît. Je sais que je t’en demande beaucoup, que je n’ai aucun droit de le faire mais il le faut. Je repousse cette discussion depuis bien trop longtemps. S’il-te-plaît. Je t’en supplie.” Il fixe son regard sur le sien, tentant de la faire accepter cette mise en situation à risque. Maximilien lui-même ne sait pas dans quoi il s’embarque, à parler en tête-à-tête avec sa fiancée trompée.

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Cette situation lui fait l’effet d’un coup de massue. Ou de couteau, il ne saurait dire lequel des deux fait le plus mal. Le pire étant qu’il sait que toute la faute lui revient et qu’il est responsable non pas que de son malheur, mais de celui de Juliet également. S’il avait tout dit plus vite, plus tôt, elle n’aurait sûrement eu ni ce regard, ni cette réaction. Mais pour sa défense, il n’en sait toujours rien lui-même. Que peut-il expliquer à la jeune femme s’il n’a aucune idée de ce qui se passe réellement ? Il ne sait comment il en vient à la supplier de l’écouter. Peut-être parce que, dans son fort intérieur, il lui coûterait énormément de perdre l’affection de Juliet de cette façon. Il se raccroche au dernier fil qui les lie, sachant qu’il pourrait se rompre au moindre mot.

Ces mots, qui sont au nombre de deux. Maximilien n’a pas conscience tout de suite de la question qu’ils soulèvent, trop occupé qu’il est à trouver une bonne raison de se faire entendre de sa fiancée, quand bien même il sait ne pas le mériter. Et c’est en entendant ces deux mots être répétés par la jeune femme qu’il commence à réaliser la position dans laquelle il vient de se mettre. La vérité veut sortir et c’est ainsi qu’elle s’est immiscée entre eux. Par deux mots d’apparence innocente… La question qu’il redoute est alors posée et tout comme elle, Maximilien se tient immobile sur le palier. Il sent ses mains trembler et l’espace de quelques secondes, détourne le regard. Au point où il en est… rien de ce qu’il dira à l’avenir ne pourra racheter sa faute. Faire preuve d’honnêteté est désormais la seule chose qui peut l’empêcher de ne pas se jeter d’une fenêtre dans la minute qui suivra le rejet de Juliet. Et les larmes qui coulent sur le visage de cette dernière ont l’effet d’un poignard dans sa poitrine. Lui-même sent ses yeux s’emplirent mais il résiste.

“T-Trois mois… environ... mais… ce n’est pas ce que tu crois. J’ai jamais voulu te faire de mal… c’est arrivé et j’ai préféré me voiler la face… Tu n’as pas besoin de le dire, je sais ce que tu penses. Je pense la même chose.” Qu’il est un être abject, que jamais rien ne pourra réparer cette faute - car oui, présentement, il estime cela comme une faute. Mais qualifier sa nouvelle relation avec Peter de cette façon n’est-il pas une insulte pour le sorcier ? Maximilien se sent perdu, apparemment incapable de satisfaire l’une ou l’autre de ces personnes. Son visage se baisse, honteux.

“Je ne savais même pas que les hommes pouvaient m’attirer en fait. Je ne t’ai peut-être pas dit ce qui arrivait avec Peter mais il est important pour moi que tu saches que je n’ai jamais feint mon affection pour toi, Juliet.” Il ne voit plus rien d’autre à dire qui ne terminerait pas de la briser, si ce n’est pas déjà trop tard. Il aimerait ne jamais avoir accepté ce deal avec son grand-père, ne pas avoir donné son accord pour se marier à Juliet alors qu’elle était comme lui : si naïve, si complaisante. Prête à faire plaisir à sa famille, à suivre les règles d’une vieille tradition de sang-pur. Et les voilà désormais, face à un mur. Le sorcier déglutit difficilement, se rattachant au dernier espoir que Juliet, un jour futur, lui pardonnera cet écart qui ne fait que mettre un frein définitif à ce qu’aucun d’eux deux ne voulait vraiment au départ : un mariage arrangé.

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Son opinion de lui doit être désormais bien basse, elle qui avait appris à tant l’estimer. Maximilien savait qu’en révélant la vérité à Juliet, il tomberait dans son estime. Qu’il la perdrait. Ce serait stupide et faux de dire que c’est la seule raison pour laquelle il s’est tut jusque là, mais il ne peut nier que ça a une part importante dans sa décision. Il ne peut que corroborer les pensées de la jeune femme, qu’il ne connaît pas. Il ne fait que supposer, traduire selon la façon dont il réagirait, lui, si cela devait lui arriver. Et c’est fort possible que cela lui arrive également après tout. Peter est toujours décrit comme un homme volage, incapable de se poser et lui, il a sacrifié un beau mariage pour cette histoire… quitte à s’en brûler les ailes ? Parfois, il se demande quel est le moteur de ses choix. Ce qui le pousse à agir si… bêtement. Si naïvement. Et tout ce qu’il peut faire dorénavant, c’est se confondre en excuses devant sa fiancée sans avoir la capacité de lui expliquer POURQUOI. Il n’est même pas certain de le savoir… mais elle ne souhaite sûrement pas entendre cela. Ne le croit même pas, probablement…

Comment a-t-il pu cacher ça pendant tant de temps ? Ce n’est pourtant pas la question qui le déstabilise le plus. Qui est-il vraiment… Cet acte qu’il a commis, il ne saurait l’endurer en tant que victime et pourtant, il l’inflige à Juliet. Donc qui est-il pour faire porter un tel fardeau à une personne aussi exempte de méchanceté ? Il n’en a aucune idée, reste muet sur la question. Il aimerait s’expliquer mais ne trouve aucune parole qui pourrait justifier ses actions. Parce qu’il sait pertinemment qu’il a tort et que jamais rien ne réparera ses actes. Il ne peut qu’assumer et serrer les dents en la voyant le détester. Le haïr. Il n’y a qu’une chose à dire et elle est extrêmement insupportable à entendre, il le sait.

“Je suis désolé.” Il essaye pourtant, par la suite, de lui faire comprendre qu’il n’a jamais feint son attachement envers elle. Ce qui est la stricte vérité, mais l’entendra-t-elle seulement ? Elle n’a, après tout, aucune raison valable de le croire désormais. Et elle ne le fait pas. Ses propos font mal mais il sait pertinemment que d’eux deux, il n’est pas le plus à plaindre. Comment le pourrait-il ? Il fronce les sourcils en l’écoutant, ne comprenant pas de quoi elle parle.

“La carte du charme de Peter ?” Répète-t-il, pas certain de comprendre ce à quoi elle fait allusion. Son charme naturel, est-ce bien cela ? Car il ne saurait quoi répondre. C’est quelque chose de très subjectif, l’attirance envers un autre être humain… Il ne saurait dire pourquoi Peter, dans quelle mesure et ce qui fait qu’il est plus attiré par lui que par Juliet. Mais il ne pense jouer aucune carte pour se défendre. Simplement, il tente d’énoncer une vérité qui lui fait autant de mal qu’à elle…

“Arrête Juliet, on ne va pas se quitter comme ça !” La boule d’angoisse dans sa poitrine s’épaissit alors qu’il réalise, aux mots de la jeune femme, qu’il devra annoncer la rupture des fiançailles à tout le monde. Et s’il a d’ordinaire peur des retombées de la part de la famille Blackthorn, dont les rumeurs la précède, il craint surtout la réaction de sa propre famille. Charles, lui, ne l’acceptera jamais, il en est persuadé… Surtout en en connaissant la raison et le fait que Maximilien soit l’instigateur de cet échec marital. Mais au fond, ce qui l’inquiète le plus, c’est de perdre l’amitié de Juliet. Voilà pourquoi il cherche à la retenir, malgré sa propre volonté. Et bien qu’elle ait fait comprendre que plus aucun mot ne pouvait être prononcé qui pourrait arranger la situation.

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Juliet n’avait rien vu venir et Maximilien se demandait s’ils avaient vraiment été si bons à se dissimuler, ou si la jeune femme ne faisait pas preuve, comme lui, d’une certaine naïveté. Tout plutôt que de voir ce qui blesse… Pourtant, ils ont plusieurs fois failli se griller auprès de tout le monde, Peter supportant mal ce type de relation qu’on pourrait penser comme honteuse. De nombreuses fois le français a dû le reprendre à cause de ses regards trop appuyés, ses gestes déplacés ou son insistance à vouloir l’inviter à toutes ses soirées pour le faire parader comme étant son nouveau mec. Ce qui ne plait pas du tout à l’aigle qui trouve cela bien trop rapide et n’est pas assuré quant à sa position dans cette relation. Il n’a pas totalement confiance en le sorcier et son statut de fiancé était l’excuse idéale pour se défiler constamment. Désormais, il ne possède plus cet atout dans sa manche, il le constate alors que Juliet met un point final à leur attachement commun. Sûrement ne le croit-elle pas lorsqu’il lui dévoile ses vrais sentiments à son égard, dont il ne s’est jamais caché d’ailleurs. Il l’apprécie beaucoup et elle ferait une formidable femme, indéniablement… alors pourquoi s’est-il obstiné à retourner auprès de Peter, comme s’il n’était pas maître de sa propre volonté ?

Non, il ne sait pas comment ils peuvent se quitter, surtout parce qu’il ne veut pas qu’ils le fassent. Mettre fin aux fiançailles, oui, c’est obligatoire à ce stade - mais rompre tout lien avec la Blackthorn ? Il n’a jamais envisagé devoir le faire, preuve que Maximilien est bien naïf. Penser qu’elle passerait l’éponge sur cette histoire était une grosse erreur et au fond, il le savait très bien. Voir la chose se réaliser est juste extrêmement douloureux.

“Je ne sais pas…” Répond-il pitoyablement. La porte s’ouvre sur la jeune femme qui entre dans l’appartement. Le français s’attend à voir la porte se refermer contre son nez, mais il n’en est rien. Elle est laissée ouverte mais il n’est pas certain de pouvoir prendre cela comme un message d’invitation à entrer. Au contraire, il reste sur le palier, fixant bêtement Juliet ranger ses affaires comme si rien de tout cela ne s’était produit. Il la voit alors retirer la bague qu’il lui a offerte quelques mois plus tôt et c’est le coup fatal. La sensibilité exacerbée de Maximilien à cet instant lui impose d’avoir le cœur lourd et les larmes aux yeux, qui se refusent pourtant à couler. Il s’approche finalement de la commode mais se garde bien d’aller plus loin que l’entrée de l’appartement. Sa main se tend vers l’anneau mais ne la saisit pas, ses doigts le frôlant à peine. Il fait ensuite un pas en arrière.

“Elles ne l’étaient pas pour moi au début.” Souffle-t-il, conscient que rien de ce qu’il pourra dire ne réparera ses torts. Juliet n’est pas en état de recevoir ses mots et il serait bien stupide de lui en vouloir pour ça. Il jette un dernier regard à la bague, bien décidé à ne pas la prendre. “Fais en ce que tu veux. Je ne te l’ai pas offert comme symbole de fiançailles, mais bien pour signifier que mon affection pour toi était réelle. Et elle l’est encore. Je ne ferai rien d’utile de cette bague et je ne te demande pas de la garder, si cela te peine. Je sais pourquoi je te l’ai donné. La reprendre serait renier ce que je ressens. Et je sais bien que ça n’en a pas l’air là, maintenant, mais ça n’a jamais été mon but de te faire de la peine. J’espère qu’on pourra en parler un de ces jours…” Car ce n’est clairement pas le moment idéal…

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La voilà, la colère. Il l’attendait et elle vient d’arriver alors qu’il ose donner la signification de cette anneau qu’elle semble maintenant tant mépriser. À qui la faute ? Maximilien est allé beaucoup trop loin dans ces fiançailles mais, pour sa défense, il était loin d’imaginer qu’une femme comme Juliet puisse réellement avoir des sentiments pour lui. À ses yeux, tout n’avait été que forcé de son côté. Elle s’était imposée de l’apprécier, lui faisant clairement comprendre lors de leur premier rendez-vous que tout ne serait qu’amitié. Ou du moins, il a dû se convaincre de cela. Ne réalisant pas qu’au final, oui, elle tombait amoureuse. Se voilant la face jusqu’à ce jour où la Blackthorn le force à ouvrir les yeux sur la noirceur de son acte. Il n’a pourtant aucune justification à donner, rien qui pourrait expliquer cela. Il sait juste que c’est arrivé, voilà tout. Au début contre son gré et au fil des semaines, il s’est laissé avoir par cette passion naissante, qu’il ne pensait pas éprouver un jour. Donc oui, même si ça fait mal, il ne peut que s’excuser.

La colère de Juliet le secoue, marquant la preuve d’un attachement qu’il ne voulait pas voir. Il se décale sur le côté pour la voir passer et jeter la bague dans l’entrelacement des escaliers du bâtiment, écrasant ses sentiments au passage. Le rejetant, lui, complètement. L’acte est impardonnable, il l’a bien compris et le tintement de l’anneau contre le sol du rez-de-chaussée lui fait l’effet d’un vacarme assourdissant dans son esprit. Il ne pensait pas cette sensation possible, mais elle est bien là. Juliet crie, semble autant lui en vouloir qu’à son cousin. Tout l’immeuble doit entendre ses derniers propos alors que la porte claque au nez du français, qui ne sait même plus comment marcher. Sous le choc de ce rejet net qui marque la fin d’une relation certes non désirée, mais bien réelle. Tout ça par sa faute, il le sait.

Les épaules voûtées, la tête baissée, Maximilien descend les escaliers un à un jusqu’en bas et se penche pour ramasser l’anneau, qu’il garde dans ses doigts alors qu’il fait le chemin inverse. Sans un bruit, il vient le glisser sous le paillasson de l’appartement d’Ailla, estimant toujours qu’il revient à Juliet et à personne d’autre. Il ne se voit ni le jeter, ni le garder. Après un dernier soupir, il repart en sens inverse. Aller chez Peter après cette dispute serait cruel envers la jeune femme et Maximilien n’est pas sûr de pouvoir faire face au sorcier. Il est tellement abattu qu’il serait capable de rompre avec lui juste pour égaliser la situation, car se dire que sa toute petite personne peut avoir entaché un lien profond entre cousins lui donne la nausée. Non, bien qu’il puisse en ressentir le besoin, il n’ira pas se jeter dans les ailes noires du corbeau. Il ne le laissera pas adoucir sa peine, car elle ne mérite pas de l’être. Peut-être le contactera-t-il demain. Peut-être pas. Ou plus jamais. Qui sait.

RP TERMINÉ