Il s'en est fallu de peu ft. @Alexander Gold

Bien sûr, la situation soulève pas mal de questions et il ne peut pas se targuer d’être un futur journaliste s’il ne tente pas d’en savoir un peu plus au sujet d’Alexander. C’est tout de même étrange, cette histoire, et il veut en découvrir les dessous. Maximilien n’est cependant pas du genre à forcer les gens à admettre la vérité, même s’il préfère toujours l’entendre elle plutôt qu’un mensonge.

“Vaut mieux ça que l’inverse en tout cas.” Être gentil lui semble déjà bien suffisant et il regarde le jeune homme avec beaucoup d’intérêt. Il ne paraît pourtant pas très exceptionnel à première vue, mais le Français n’a jamais été le type de personne à juger si rapidement. Si on s’amusait à en faire de même avec lui, il y aurait une grande déception à la clé. Sa curiosité de reporter prend rapidement le dessus et il finit par poser cette question qui lui taraude l’esprit et brûle sa langue. Pour lui signifier qu’elle a un bon fondement, il lui expose ses arguments et ce qui, selon lui, explique sa déduction. Il termine avec une tentative de le rassurer sur ses intentions car tout le monde n’est pas aussi attentionné que lui, il en a souvent fait l’expérience. Un peu trop naïf dans le genre, Maximilien se retrouve régulièrement déçu des initiatives des autres pour le rendre ridicule. Bien sûr, Alexander n’a que sa parole à laquelle se fier mais avec un peu de chance, il apprendra que le Français en a une bonne et qu’il ne la reprend que rarement.

C’est à voix basse que le rouquin lui fait cette confidence, que Maximilien écoute avec attention et respect. Il hoche de la tête plusieurs fois pendant cette révélation qui le surprend, malgré le fait qu’il en ait décelé l’existence. Le sorcier inspire puis expire profondément avant de sourire à son camarade de la façon la plus gentille qui soit. Il veut lui faire comprendre que cette ouverture à un inconnu n’est pas une si mauvaise chose et que dans leur dérive commune, ils peuvent peut-être s’entraider.

“Déjà, je te remercie encore pour être intervenu. Ensuite, je comprends qu’il n’ait pas été facile pour toi de te confier alors qu’on ne se connait pas, c’est quelque chose d'important pour toi j’imagine. Enfin, sache que ton secret sera bien gardé avec moi puisque…” Il regarde autour de lui et dit d’une voix plus basse encore. “... j’en ai un également du même gabarit. Tu parlais de ne pas devenir un animal de cirque, eh bien… Sache que je suis un animagus et que ce n’est pas quelque chose que j’aime révéler à tout va. Donc s’il y a bien quelqu’un pour comprendre ta position, c’est moi. Si tu gardes mon secret, je garderais le tien volontiers.” D’un signe de tête, il l’invite à marcher un peu à ses côtés pour s’éloigner du trop plein de foule causé par le retour du soleil. S’ils veulent discuter de cela, ils doivent le faire dans de meilleures dispositions ; et donc, de façon plus privée. Une fois un peu plus éloignés, il reprend :

“Quand l’as-tu découvert ?”

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Maximilien n’est pas du genre à parler de sa condition si aisément. Il ne le fait tout bonnement jamais car révéler un tel secret engendre beaucoup de trop de conséquences, sachant ce qu’il s’afflige à ce jour pour traiter son animal. Mais la confiance qu’Alexander a su lui donner le touche énormément, si bien qu’il se sent obligé de l’aider à se sentir un peu plus à l’aise en lui parlant ouvertement à son tour d’un sujet sensible. L’Ethelred ne s’y attend sûrement pas, à cette révélation, mais le Français finit par dire le mot qui le terrifie tant : animagus. Au fond, ils ne sont sûrement pas si différents l’un de l’autre. Chacun a l’air de cacher cette information de leur personne afin de se préserver du monde extérieur, preuve qu’ils n’ont aucune confiance face aux conséquences qui pourraient survenir s’ils ouvraient un peu trop leur bouche. Cette nouvelle semble réellement surprendre le jeune homme mais après tout, il n’y a rien là d’anormal. Non seulement ils ne se connaissent pas, mais en plus Maximilien ne transpire pas le sorcier possédant une telle caractéristique. La réaction de son partenaire de fortune et sauveur à temps partiel lui provoque un sourire et ils marchent sur le côté, gardant le ton de leur voix plutôt bas pour éviter les oreilles traînantes.

“T’en fais pas, c’est la même chose pour moi ! J’aurais tellement de questions à te poser.” Et il n’a sûrement pas envie d’y répondre. Ils ont, apparemment, les mêmes interrogations sur l’autre, les mêmes interdits par souci de bienveillance et de politesse. Ce qui transparaît d’Alexander le pousse à vouloir parler un peu plus de sa condition, quitte à le regretter plus tard. Mais il n’est pas le voyant du lot donc, who knows ? Pas lui en tout cas.

“Ce n’est pas que je n’ai pas envie d’en parler, c’est que je n’ai pas l’habitude de le faire. C’est quelque chose de tellement secret pour moi que je ne saurais pas par où commencer… Je te propose un petit échange ? On peut se poser chacun quelques questions au sujet de notre particularité, tout en sachant que si c’est trop compliqué, on n’est pas tenu d’y répondre. Tu en dis quoi ? J’aimerais beaucoup en savoir plus sur les voyants, cela me permettrait de les appréhender un peu mieux et de les mettre plus à l’aise, j’imagine.” Il lui sourit une nouvelle fois, espérant ne pas paraître trop brusque. Sa curiosité couplée à son aura bienfaitrice peut parfois déstabiliser et faire penser qu’il n’est pas sincère. En réalité, Maximilien n’est pas un grand habitué des mensonges frontaux ou de la manipulation. Il n’y voit aucun intérêt, même s’il est parfois obligé d’y avoir recours dans le premier cas. Autant dire qu’il n’est pas très heureux dans ces moments-là, où le mensonge prend place dans sa bouche.

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Maximilien peut céder à toutes sortes d’émotions pouvant être considérées comme négatives : la timidité, la peur, le désarroi… mais il faut bien admettre une chose à son sujet : il peut faire preuve d’un calme olympien lorsque la situation l’exige. Ou même sans ça. C’est probablement pour cela qu’il pense faire un bon reporter car, qu’il ait peur ou non, il sait garder son sang-froid face à une situation et l’analyser. Trop l’analyser aussi, peut-être. Il est plus du genre à réfléchir qu’à agir, n’en déplaise aux rageux. On peut parfois le trouver trop lent, mais il suit cet adage selon lequel prudence est mère de sûreté. C’est son grand-père lui-même qui lui a appris à fonctionner de la sorte, ce qui ne lui enlève en rien sa bonhomie naturelle. Face aux excuses d’Alexander, il est donc plutôt calme et prend cela plus comme un compliment que pour une situation négative. Après tout, c’est là l’occasion pour l’un comme pour l’autre d’enrichir leurs connaissances ! Pourquoi ne pas en profiter, tout en sachant que chacun sera obligé de garder le secret de l’autre, au risque de voir le sien révélé ? Il trouve que c’est un bon compromis et sourit lorsque le rouquin approuve la proposition à son tour. Ils s’écartent des groupes d’élèves afin de discuter en paix et Alexander est le premier à poser une question, ce qui ne le dérange pas. Ce qui lui semble pourtant si évident ne l’est pas pour tout le monde et il s’en rend compte avec la première interrogation du sorcier. Il y a fort à parier que lui-même posera des questions “tombant sous le sens” après cela.

“Un seul, il nous est prédéfini. On ne connaît sa forme qu’à la fin d’un long apprentissage, donc au final on n’a même pas le choix de l’animal en question. C’est la surprise, en gros. Et je te le dis, ce n’est clairement pas une partie de plaisir. Moi, c’est un aigle royal. Les hommes de ma famille ont une prédisposition pour les rapaces même si, selon mon grand-père, les créatures ailées sachant voler sont très rares parmi les Animagi. Je ne sais pas si c’est vrai.” Il hausse les épaules, ne s’étant jamais senti exceptionnel pour la simple et bonne raison que c’est Charles qui a choisi pour lui de passer par cette transformation. Maximilien est seulement content de ne pas être une fourmi ou un ver de terre…

“À mon tour. Comment se déclenchent tes visions ? Est-ce que tu peux choisir d’en avoir ou c’est ‘par hasard’ ?” Bon, ça fait deux questions, mais elles sont intrinsèquement liées non ? À vrai dire, pour savoir toutes ces choses au sujet des voyants, il lui suffirait d’ouvrir un bouquin mais il est tellement plus intéressant d’entendre le don être décrit par la bouche d’une personne qui le possède, qui vit avec tous les jours. Voit-il seulement cela comme une bénédiction, ou plutôt une malédiction ? Car Maximilien se pose souvent la question au sujet de son Animagus…

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Maximilien se pose beaucoup de questions, sur un peu tout et n’importe quoi, si bien qu’il n’a jamais (ou ne prend jamais) le temps d’assouvir chacune de ses curiosités. La voyance en fait partie et il sait fort bien qu’il aurait pu approfondir ses connaissances il y a de cela des années en se plongeant dans certains livres dédiés à ce don. Mais entre les études, les obligations et les devoirs, il oublie parfois que ce qui le passionne, c’est la recherche et le savoir. En faisant face à Alexander à cet instant, il se rappelle à quel point il apprécie d’absorber des informations pour enrichir sa propre culture. C’est donc avec un sourire qu’il écoute le voyant répondre à sa question, qui n’est que le dessus d’un grand iceberg fait d’interrogations. Le Français hoche de la tête de temps en temps pour faire savoir à Alexander qu’il comprend sa problématique.

“Je vois, c’est en effet très… comment dire… handicapant, socialement parlant. Tu n’as vraiment jamais trouvé personne pour te guider ? Un autre voyant ou voyante un peu plus expérimenté ? Cela doit forcément exister. Mais je veux bien te croire en tout cas. J’ai déjà bien du mal à faire face à ma propre vie, donc je n’imagine même pas devoir affronter celle des autres à leur insu…” Que ce doit être perturbant… et l’idée qu’il s’en fait est sûrement à des années lumières de la vérité que vit chaque jour Alexander. Il ne peut que lui offrir sa compassion et quelques réponses à ses questions. Maximilien a un léger sourire crispé en entendant la prochaine, car il aimerait que tout soit si simple.

“Je pense que c’est tout aussi épuisant que tes visions. À force d’entraînement et d’années de pratique, on parvient à rester animal plus de temps, sans être à bout de force. Mais chaque processus demande une forte concentration et donc de l’énergie. Rien que pour redevenir humain, il faut se visualiser comme tel, penser à sa peau, à la forme de son corps, à tout ce qui fait… l’être humain qu’on est. Les premières années sont les plus difficiles et il arrive parfois même qu’on régresse sans le vouloir…” Il a notamment en tête ces derniers mois passés, avant sa potion miracle, à mettre toute son énergie de tous les jours dans sa tentative de transformation en aigle, sans que ce dernier ne veuille se manifester. Jusqu’à en tomber au sol, fou de rage et de désespoir de ne plus savoir se maîtriser. Maximilien a un léger frisson en y repensant, frottant machinalement le côté de son flanc où il a reçu une balle quelques mois plus tôt qui a failli lui coûter la vie.

“Est-ce que tu ne vois que dans le futur ou peux-tu voir des éléments passés de la vie de la personne que tu touches ?” Ce serait un bon moyen de connaître quelqu’un sans avoir à lui poser trop de questions, bien que ce ne soit pas une fin en soi.

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Maximilien grimace à la révélation d’Alexander. Son esprit ne peut concevoir qu’on puisse à ce point vouloir abuser des capacités des autres pour son propre intérêt. Il peut comprendre la volonté de connaître son futur, par peur de la mort, mais de là à mentir, à tricher ? Il est sûrement un peu trop droit dans ses bottes pour comprendre une telle mentalité. D’autres diront qu’il est bien trop naïf de penser que quiconque ne pense pas de cette manière… pour son propre bien, son propre confort. Par idéologie du bonheur.

“Ouai, ça craint…” lâche-t-il avant d’amorcer ses propres explications. Il essaye d’être le plus précis possible dans ses réponses, sans donner trop d’indications sur ses conflits intérieurs. Il imagine qu’il en va de même pour Alexander. Il a certes accepté de répondre à ses interrogations sur les voyants, mais pas de là à se confier sur ses petits problèmes sur ce sujet. Ils ne se connaissent sûrement pas assez pour ça… En attendant, le sorcier semble vraiment intéressé par ce qu’il a à raconter et cela procure à Maximilien une sensation très agréable : celle d’être écouté et entendu pour ce qu’il est vraiment. Vient de nouveau son tour de poser une question et elle est plutôt simple.

“Oui, ça a l’air d’être plutôt complexe. Je pensais que ce que tu voyais était… comment dire… immuable. Que peu importe ce qu’on peut tenter, cela se produira d’une façon ou d’une autre. Ce n’est pas le cas, donc… C’est intéressant. Enfin, je peux comprendre que pour toi, ce soit plus contraignant qu’intéressant mais… ouai.” Il sourit légèrement, ne sachant que dire qui ne ferait pas de mal à Alexander, qui a déjà l’air de souffrir assez à cause de ce don. En vanter les mérites ne l’aidera sûrement pas à faire la paix avec ! Ils avancent encore un peu puis s’arrêtent à un banc dans le jardin français d’Hungcalf, éloigné des cours et des autres petits groupes de sortie. Maximilien s’assied et invite son compagnon de marche à le faire. Son regard dérive sur ce qui les entoure avant qu’il ne vienne le reporter de nouveau sur le voyant.

“Penses-tu pouvoir un jour en faire une force ?” demande-t-il d’une voix douce, car la complexité de son don le pousse à se demander comment il est possible de vivre avec, sans devenir complètement fou. Comment faire en sorte d’en tirer le meilleur et d’en repousser le pire ?