"Tu vas où, Boss ?" Question d'@Asher Moore, alors qu'il est évident que je sors. Evident parce que j'ai pris ma veste. "Boire un verre." Réponse brève, nette, précise. Et parce que je sais ce qu'il va ajouter, qu'il se proposera en un rien de temps pour m'accompagner, j'ajoute "Tu gères pendant mon absence." Pratique, efficace, je suis convaincu qu'il fera le taf du mieux qu'il peut. Ce qui veut dire qu'aucun de la bande ne sera capable de me suivre. Parce que c'est ça aussi, Ash. Le mec est capable de rien foutre sur toute une journée et de ce fait, de refiler tout son taf aux autres. Le meilleur probablement pour déléguer et ne même pas forcément se soucier de l'excellence et la qualité.

Ma route, elle me mène au garage de l'immeuble, dans la partie qu'on a décidé d'envahir pour entreposer les véhicules de la brigade. On a de tout, magique comme non magique. Et fermant ma veste, je délaisse mon casque pour enfourcher ma moto, placer la clé dans le contact et la tourner. J'adore le son qui en sort à ce moment précis. Je l'ai toujours aimer. Et faisant tourner un peu les gaz, je démarre ensuite pour me diriger sans mal dans les rues de Londres.

Un réflexe, une habitude, je prends une route qui n'est pas la plus courte, regardant parfois par le rétroviseur afin d'être sur que personne ne m'a suivi. Mais j'ai confiance dans le rookie. Ce qui ne m'empêche de profiter également de ces sensations de rouler en deux roues. Mais si être en retard n'est pas grave, il y a des limites que même moi, je ne souhaites pas franchir. Et arrivant devant le bar où rendez-vous m'avait été donné, je garais ma moto et plaçait l'antivol. Depuis combien de temps n'étais-je pas revenu ici ? Quelques années surement. Mais en même temps, quoi de plus normal. Entrant dans l'établissement, je me dirigeais d'abord vers le comptoir, commandais deux bières fortes, et ensuite me dirigeait sans mal vers une table. Toujours la même. Et déposant l'une des deux boissons à la personne déjà assisse là, je venais m'installer en face, comme d'habitude, portant le goulot de la bouteille à mes lèvres sans dire un mot.

Ce n'est qu'en reposant la bouteille dans un léger soupir que mon regard vint la défier. "Lian." Celle-là même qui m'avait fixé ce rendez-vous. Et qui avait choisi de me demander cette fois de la rejoindre ici, en plein quartier moldu. Dans ce même bar que très peu de membres de nos équipes connaissaient. "Tu voulais me voir ?"

Il n’était jamais arrivé à Lian de quitter son poste, elle prenait rarement un jour de congé, elle n’avait pris que sa matinée lors de son divorce et avait repris directement le travail comme si cela n’était qu’une simple banalité, une formalité rien de plus. Pourtant aucun de ses petits n’avait formulé de commentaire lorsqu’elle avait prévenue qu’elle allait s’absenter, son second, Evan, allait prendre la relève le temps qu’il faudra. Personne n’allait prendre le risque de lui poser la question car Lian était une personne secrète, discrète et beaucoup de mystères et de rumeur planait autour d’elle. Elle savait qu’il y aurait des chuchotements à son égard, des questionnements quant à la raison de son absence, mais elle n’en n’avait rien à faire, elle n’avait à se justifier auprès de personne.  

Seule une personne allait savoir la raison et il est justement en train d’arriver. Ils étaient comme deux rivaux, deux chiens et chats qui se cherchaient querelles à la moindre occasion. Mais pour une raison personnelle, elle lui avait demandé son aide. Ils devaient se retrouver ici, dans ce bar qu’eux seuls fréquentaient. Elle avait commandées deux bières, celles habituelles et avait déjà pris plusieurs gorgées avant qu’il n’arrive. Il lui posa la fameuse question, elle avait été mystérieuse, évasive volontairement, c’est qu’elle restait sur ses gardes la chinoise. Elle ne voulait prendre aucun risque, celui d’un message vu par-dessus l’épaule. En réponse, elle sortit de son sac ensorcelé, un dossier qu’elle fit glisser sur la table jusqu’à lui. C’est le dossier sur le meurtre de son Mentor, Monsieur Platéné, celui qui l’a formé en tant que légilimencienne. Son meurtrier, le mage noir a été surnommé le « Brouillard » celui de ne jamais se montrer, brouiller les pistes, de créer un nuage de fumée noir si l’on s’approche trop près de lui. Sa signature, celui d’égorger ses victimes post-mortem et de tracer une croix sur les poignets. Il ne s’était pas manifesté depuis presque 30 ans et elle était persuadé qu’il avait repris du service, mais pas seul. Les indics de Lian lui avait envoyée comme seule photo, une femme décédée, étendue sur le sol, les yeux grand-ouvert, la gorge béante, les bras en crois et ensanglanté. Mais un détail sur la photo laisse à penser qu’il pourrait y avoir un loup. Les griffures sur la jambe, partant de la hanche à la cheville. Garrett est l’expert et pour une fois, elle avait besoin de lui. Un voyage dans le Yorkshire s’impose, mais elle veut son avis, son savoir en amont.

Je te regarde, pousser ce dossier que tu viens de mettre sur la table. Toujours inquiéte de ce que l'on peut voir ou entendre. Un trait de caractère répandu chez les légilimens. Connaissant leur pouvoir, ils sont nombreux à se méfier de ce que peuvent les autres. Trop dans le controle. Buvant une nouvelle gorgée, j'ajoute simplement un "D'accord" sur un ton qui pourrait presque sembler las. Ensuite, la bière posée, je prend le dossier, et l'ouvre.

Le premier nom suffit : Platéné. "Okay" Un mot qui s'échappe alors que je la regardes. On en était là. Je savais à l'invitation qu'il y avait un truc spécial, mais là... Je n'allais cependant pas l'offenser en disant que c'était déjà une mauvaise idée. Ce n'était pas la première fois qu'elle s'intéressait au dossier de son ancien mentor. Et regardant les infos, je reconnaissais plusieurs. Des informations que j'avais déjà vu, entendu. Brouillard, une crapule recherché, jamais appréhendé en même temps, les aurors, on sait ce qu'on en pense. Et voila que mon regard s'arrête : "Oooh. Qu'est-ce que ça fait là ça ?" Ma main venait de prendre la photo d'une victime, avec des blessures particulières. Mais plus que les blessures, mon regard s'était arrêté sur le symbole présent, sur une feuille dans le désordre qui régnait sur la photo.

Je soupirais. Lian était une auror peut-être, mais elle était méthodique. Et méticuleuse. J'allais pas être con au point de croire qu'elle avait laissé trainé une photo comme celle-là dans ce dossier par erreur. "Qu'est-ce que t'attend de moi, Zhao ? Que je comprenne." Non parce que le légilimens de la bande, c'était Asher. Et là, deux possibilités : soit elle voulait me rancarder sur un tuyau pour une bande de LG qu'on traquait depuis quelques temps, et dans ce cas, en échange elle allait me demander un truc en rapport avec feu son mentor ? Soit, et la ce serait la merde, les deux étaient liés ? Et si elle m'avait demandé à moi dans ce cas de venir ici...