Stupide animal ! Oiseaux de malheur ! Comme si les chouettes et autres hiboux ne suffisaient pas pour envoyer le courrier, il y avait des sangs purs qui trouvaient très chic d'utiliser d'autres volatiles... Des pies, rien que ça ! Mais c'était une horreur ces machins ! Parce que ça volait. Oui enfin, comme tout ce qui avait des plumes mais surtout ça volait dans l'autre sens du terme. Et c'est que mine de rien, on en trouvait des objets brillants chez les notaires. Surtout lorsqu'il s'agissait d'un bracelet aux propriétés magiques non révélées -il paraitrait qu'il valait mieux ne pas savoir, et bizarrement ça avait calmé tout de suite sa curiosité- qu'il devait décrire sur un acte de donation. Et bien sûr, il n'avait toujours trouvé personne pour récupérer son courrier... Et il y avait cette foutue pie, son message toujours accroché à la patte, qui n'avait rien trouvé de mieux à faire de de venir piquer ce bracelet alors qu'il était en train d'en faire le long et fastidieux descriptif. Alors forcément, il avait un peu loupé son Stupefix. Et la bonne dizaine de Stupéfix suivant alors que le volatile complètement affolé tentait de s'échapper, n'hésitant pas à l'égratigner plutôt salement au passage... Mais porte et fenêtres fermées, il s'était dit qu'il finirait bien par l'avoir. Sauf que soudainement, et alors que la pie allait se fracasser contre la porte vitrée, POUF ! Plus d'oiseau ! Disparu ! Et avec ce fichu bracelet !

Après avoir survécu à une crise cardiaque, il avait ouvert à la volée la porte de son officine miteuse pour se ruer dehors et Merlin merci, retrouver la pie voletant sur place apparemment aussi hébétée que lui par ce qu'il venait de se passer. Sauf que lui ne chercha pas à comprendre et hurla aussitôt un "STUPEFIX !" alors qu'il récupérait -enfin !- le précieux bracelet d'argent qui tombait de ses pattes. Et qu'il en soufflait de soulagement alors qu'il plaçait précautionneusement l'objet magique dans sa poche. Pour se préoccuper ensuite de cette fichue bestiole et du message qu'elle avait toujours à sa patte. Il n'aurait plus manqué qu'elle retourne à son maître avec son message toujours accroché ! Sauf que l'oiseau sensé se retrouvé euh... à terre ? N'y était pas... Il maudit aussitôt les quinze générations futures de pies existant en ce monde. Et si dans le quart de seconde qui suivit, il envisagea toutes les hypothèses possibles imaginables quant à cette seconde disparition, il leva rapidement la tête lorsqu'il se rendit compte qu'il y avait une masse imposante qui lui faisait de l'ombre. Et qui tenait une pie -sa pie- inerte dans ses mains... "Euh... Est-ce que je pourrais récupérer la pie ? Elle appartient à un de mes clients qui je suppose voudrait pouvoir la récupérer, une fois que j'aurai moi-même récupéré ma missive... Maintenant que j'ai pu récupérer ce qu'elle avait volé..." Son ton s'était fait quelque peu hasardeux alors qu'il précisait comme preuve de sa bonne foi. "Je suis notaire. Béhérit Calessandro, enchanté." Sa tenue habituellement tirée à quatre épingles aurait tout à fait pu être révélatrice de son statut de petit scribouillard ennuyeux à souhait si celle-ci n'avait pas été parsemée de tâches de sang prouvant à elles seules la bataille titanesque qui venait de se dérouler. En plus d'être échevelé, essoufflé et blessé au visage et sur les mains, qui tenait toujours fermement sa baguette d'aubépine. Et 22,5 cm, c'était horriblement petit lorsqu'on se trouvait face à un demi-géant... Mais c'est qu'il tenait vraiment à récupérer cet oiseau, et surtout parce qu'il n'avait pas le choix ! Parce que qui voudrait récupérer une horreur pareille s'il n'y était pas obligé ?!