Tenue
C’était le jour j. Aujourd’hui, j’avais 22 ans. On pouvait dire que la journée commençait bien, je me réveillais aux côtés de Catalina. Je ne pouvais pas rêver mieux, enfin si, ça aurait pu être une journée tranquille ensemble, mais malheureusement, nous étions samedi, et ça voulait dire travailler. Enfin, nous avions au moins la matinée devant nous, c’était mieux que rien. Alors, peut-être que j’en demandais trop, je ne sais pas, mais ce n’était pas le type de réveil que je m’attendais. Il était plutôt, normal ? Rien. Pas un bon anniversaire, ni une petite attention pour ce jour, on pouvait le dire, spéciale. Est-ce que ça se voyait que je faisais la tête ? Probablement. Mais apparemment, ça n’avait pas l’air de la perturber plus que ça. Avait-elle oublié ? C’était possible ? Qui sait… Le pire, c’est qu’elle avait apparemment des choses à faire, elle ne pouvait donc pas rester beaucoup plus longtemps. Ouai, là, je l’avais un peu mauvaise, mais bon, je n’allais pas lui en vouloir très longtemps, ça arrivait d’oublier…. Non ? Au moins, j’avais reçu d’autres messages quand j’ouvris mon téléphone, des amis, de la famille aussi, même certaines personnes que je n’avais pas vu depuis un moment. Eux, ils n’avaient pas oublié… Au final, mon petit-déjeuner, je le pris seul. C’est à ce moment que j’aperçus le petit mot de mon frère, Elio, posé sur le plan de travail de la cuisine. Si lui avait oublié, là, j’aurai vraiment très mal pris.

Comme d’habitude, la journée de travail débuta à 13h30. A peine arrivé, qu’apparemment, je devais déjà repartir, récupérer certains produits et faire des livraisons aussi. Mon patron me donna toute une liste d’où je devais me rendre. Elle paraissait interminable. Il ne voulait pas que je sois présent à la Taverne ou quoi ? Vu le nombre d’endroits, je n’allais forcément pas être disponible pour aider à la mise en place du service du soir, au du moins, un peu à la bourre. En plus, il m’indiqua que je pouvais vraiment prendre le temps qu’il fallait. Ok, si vraiment il y tenait. C’était bien la première fois que je faisais cette tâche, j’espérais que je n’avais pas froissé ou fait une connerie pour ma taper ce job là. Enfin, je ne posai pas plus de questions et commençai cette fameuse tournée. Les heures passèrent, et toujours pas de message de Lina me souhaitant un joyeux anniversaire. Je n’allais quand même pas lui avouer que c’était mon jour aujourd’hui ? Le malaise. En plus, ce n’est pas comme si sur les réseaux, ça pouvait se savoir facilement. Alors ouai, j’avoue, je ne comprenais pas très bien. En me disant que peut-être ça allait lui faire tilt, je lui envoyais quelques sms, genre, ce que je faisais. Pour une fois que j’avais la possibilité de lui écrire alors je travaillais, je n’allais pas m’en privé.

19h30, j’avais enfin terminé cette longue liste où j’avais l’impression que je n’allais jamais la terminer. J’avais prévenu Lina que je revenais à la Taverne, qu’à partir de ce moment-là, je risquais de ne plus pouvoir lui répondre. Une fois derrière le bar, difficile de sortir son téléphone pour communiquer. Quand les gens avaient soif, il valait mieux les servir et de ne pas trop les faire attendre. Une fois devant l’entrée, ça me paraissait étrange, il n’y avait pas beaucoup d’animation, pourtant, à cette heure-ci, ça devrait déjà être le feu. J’avais même l’impression que le bar était fermé. C’était quoi ce délire ? J’ouvris alors la porte et j’écarquillai les yeux quand je vis tout ce monde. « Surprise ». What ? Mais ? J’avoue que j’avais un bug durant quelques secondes. Tous mes potes étaient là, tout ce qui m’étaient proches. C’était donc ça tout ce manège là ? L’idée de m’envoyer ailleurs, c’était pour cette raison ? Je commençais à comprendre, enfin. Je vis Lina s’approchait de moi avec une tête toute fière. Elle était à l’origine de tout ça, n’est-ce pas ? Je me sentais con, moi qui pensais qu’elle avait complètement oublié. J’avais toujours cette tête d’étonné, et voir tout ce monde réunit pour moi, ouai, ça faisait quelque chose. Et non, je n’allais pas chialer, mais ce qui me connaissait bien, savait que j’étais quand même ému.  

- C’est toi qui as fait tout ça ? Tu m’as caché ça ?! Je commençais presque à m’inquiéter… On s’est vu ce matin et rien du touuut ! Ça va, tu t’es bien rattrapé quand même… Finis-je par dire en l’embrassant. Je la serrais dans mes bras, tout en lui glissant à l’oreille : J’aime beaucoup ta tenue… En terminant par un dernier baiser sur sa joue.

Mais ce n’était pas la seule que je devais remercier, mais bien toutes les personnes présentes dans la salle. Je vis mon patron, au loin, je lui souris, comprenant qu’il était aussi de mèche. J’étais en face de tout ce monde, et il me regardait tous. C’était un peu gênant d’être au centre de l’attention. Alors oui, quand je jouais, ça pourrait être la même chose, mais habituellement, j’étais derrière ma batterie, et ça m’allait très bien, là, je ne pouvais pas vraiment me cacher. A croire qu’ils attendaient que je dise quelque-chose alors, toujours au côté de Lina :

- Et bien… On peut dire que c’est une réussite cette surprise ! Disais-je en rigolant. Je n’ai clairement rien vu… Même toi Nive, tu as tenu le coup, tu n’as pas fait de boulette, chapeau ! Non, plus sérieusement, merci d’être présent, ça me touche, beaucoup. Je…. Bref, j’suis pas doué pour ça moi ! Du coup, on boit un coup ? Ça, je maîtrise un peu mieux !

Soudainement, la musique se mit en marche, beaucoup moins pesant. Les gens commençaient à se servir. Je fis de même en m’approchant du bar. Je vis mon collègue de l’autre côté du comptoir. Apparemment, je n’allais pas servir ce soir. J’en profitai pour essayer d’aller voir un par un les convives. Les remercier en personne. Discuter avec eux, profiter du moment. Moi qui pensais que ça allait être une journée comme les autres, finalement, elle se terminait plutôt bien, très bien même.  J’étais tellement content de voir rassembler toutes ces personnes que j’appréciais dans une même pièce. Je redécouvrais un peu le lieu qui avait été aménagé pour l’événement. Il y avait une petite scène avec les instruments du groupe. Je vis Elio, je m’approchai de lui pour le serrer dans mes bras. Le voir ici, dans un bar, j’avoue que ça m’inquiétait un peu, au fond.

- Ça va ? Je veux dire, avec… Tout ça ? Marc fait des supers cocktails sans alcool, c’est une tuerie. Disais-je en montrant mon collègue au comptoir. Tu étais au courant depuis longtemps, toi ? Bande de cachottieeeer ! Finis-je par dire en lui donnant un coup de coude.

De voir qu’ils avaient manigancé dans mon dos, ça me faisait bizarre, mais j’appréciais l’attention. La soirée se déroulait parfaitement, il y avait eu la partie concert, on avait mis le feu avec Nive et Lorcan, ce n’était pas très difficile pour ça. Les verres s’enchaînaient, je profitai totalement de cette fête qui m’était organisée. Il y eut la partie arrivé du gâteau et aussi le moment d’ouvrir les cadeaux. On pouvait dire que j’avais été gâté. Je ne savais plus où donner de la tête. C’était trop pour moi. S’ils continuaient comme ça, ils allaient réellement réussir à me faire pleurer, ces cons. Mais non, ça n’allait pas arriver.

Les jeux d’alcool arrivèrent, une partie de Beer-pong, où j’avais retrouvé mon partenaire de jeu, qui n’est autre que le frère de Lina. J’étais heureux de voir que les frangins/frangines ne s’étaient pas pris le chou ce soir, et avaient même accepté de se tolérer, le temps d’une soirée. Il avait même osé ramené Saoirse. Après, si c’était l’occasion pour elles de se reparler ? Non ? J’abusais ?
La soirée se poursuivit, certaines personnes commencèrent à partir. Sur la fin, il ne restait que mes potes qui avaient l’habitude des soirées au Grenier. Avec tout ce monde, je voulais être présent pour tous les invités, et au final, j’avais un peu délaissé Lina. Je la retrouvais en fin de soirée, la serrant à nouveau dans mes bras, l’embrassant aussi.

- Merci, encore. Tu es la meilleure, tu le sais ça ? Merci, merci, merciii ! Disais-je en accompagnant mes mots par des baisers, sur sa joue, son cou et enfin, de nouveau ses lèvres.  

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