Mercredi 22 décembre

Cette fois, nous n'avions pris aucun moyen de transport moldu pour faire le trajet d'Inverness à Londres. Il faut dire que j'étais un peu surexcité à l'idée de l'endroit où nous allions nous rendre. D'origine française, j'avais eu l'occasion de visiter le quartier magique parisien, mais ça n'avait rien à voir, parait-il, avec le fameux Chemin de Traverse anglais. Cet endroit était à la fois renommé pour sa diversité de boutiques sans équivalents en Europe, l'incroyable banque sorcière de Gringotts, mais également, et c'était la raison principale de notre présence aujourd'hui, la célèbre boutique Ollivanders. En gros, c'est ça ... Je réponds en grommelant. Je déteste l'idée de me faire offrir ma baguette conjointement par mon petit ami et mon père, mais je n'ai clairement pas le choix. Ce n'est pas comme si j'avais suffisamment de galions pour pouvoir me l'offrir. Bien sûr, apprendre que ce serait, à terme, un cadeau de mon paternel m'avait fait lever les yeux au ciel. Même si c'était très gentil de sa part, je n'arrivais pas à m'ôter de la tête qu'il essayait par là de s'acheter mon affection. Mais je n'étais pas en position de refuser. Cela allait bientôt faire deux mois que je n'avais plus de baguette, et cela devenait réellement problématique.

Je découvre alors cette allée incroyable, et mes yeux vont de vitrines en vitrines. J'ai envie de tout voir, tout visiter, tandis que le chahut des sorciers et sorcières faisant leurs courses à quelques jours de Noël, ou juste après les célébrations de Yule selon les familles, était mêlés à moults hululements, miaulements, aboiements ... J'ai même eu l'impression d'entendre rugir quelque part, mais je n'en mettrais pas ma main à couper. Néanmoins, la séance de shopping sera pour plus tard. Je ne l'ai pas dis encore à Alexander, mais le Hastings m'a également signalé qu'il comptait me payer un balais de course, en guise de cadeau de Noël, puisqu'il avait appris mon projet de faire parti de l'équipe de Quidditch universitaire de ma maison en septembre prochain. Encore une fois, un cadeau difficile à refuser vu que j'en avais réellement besoin. Mais pour le moment, la priorité été de rejoindre cette boutique légendaire, dans laquelle se rendaient des sorciers du monde entier, tant sa réputation était incroyable. Il est clair que sans le soutien financier du psychomage, je n'aurai jamais pu rêver avoir un produit de la qualité que cette boutique propose.

Un peu ... Cette blague ! Je suis en panique. Quand j'étais enfant, avoir une baguette était une découverte, un rêve de gosse qui avait ramassé des bouts de bois en forêt toute sa vie. Un truc fun et joyeux. Mais aujourd'hui, je savais très bien qu'une baguette n'est pas un achat anodin. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais repoussé ce moment. J'avais traversé une période de grand bouleversement, et ce n'est pas anodin si l'ancienne avait disparu le soir où, l'espace de quelques secondes, j'étais mort. En me ramenant dans le monde des vivants ce soir là, @Maximilien Leroy avait fait bien plus que de me sauver la vie. Il l'avait modifié à jamais. Au point qu'aujourd'hui, le garçon qui s'apprêtait à rentrer dans l'échoppe n'avait rien à voir avec celui qu'il était il y a encore deux mois. D'addict à tout à tas de conneries à complétement clean. De phasme sans muscle et famélique à joueur de Quidditch de plus en plus athlétique. De refoulé à officiellement bi. De celui qui joue le rôle de connard pour se protéger à celui qui s'ouvre aux autres et tente d'assumer qui il est. D'italien à anglais. De né moldu à sang pur. De Agreste à Leroy Hastings. La seule chose qui n'avait pas changé, c'était l'existence propre de ma tignasse, pourvue d'une volonté à part entière, et définitivement pas décidée à coopérer à une quelconque tentative de coiffage, peu importe mon identité.

Je ne peux pas dire que j'étais encore entièrement stable dans mon acceptation de mon nouveau moi. Des choses étaient encore très récentes, et il me faudra du temps pour en prendre totalement la mesure, et il était certains que des étapes restaient à être franchies. Celle de rencontrer officiellement les Leroy par exemple. Mais pour autant, aujourd'hui, j'osais espérer ne plus découvrir de secrets sur qui j'étais en réalité. Alors, en me levant ce matin, je m'étais senti prêt, et j'avais demandé à Alexander qu'il m'accompagne. Je n'étais pas stressé ... j'étais terrorisé. C'est la baguette qui choisi son sorcier. Et la baguette en dit si long sur son porteur. Qu'est-ce que celle-ci dirait de moi ? Je souries à mon petit ami, comprenant que ce dernier tente de me rassurer en me changeant les idées. Ce sera avec plaisir. Il parait que la vue sur Big Ben est incroyable là haut, presque aussi bien que le London Eye. Je me retourne vers la devanture, souffle un coup. Bon, quand faut y aller .... Je pousse la porte, la cloche sonne pour signaler ma présence.

@Alexander Gold

Trois, deux, un ... C'est parti, je passe les portes de la boutiques de baguette la plus célèbre du monde magique, prêt à faire l'acquisition de ma prochaine compagne de route. J'ai toujours su que l'ancienne n'était pas très puissante, ne m'aidant sans doute pas à développer mon potentiel magique. Cela ne m'avait pas vraiment dérangé à l'époque, car je n'étais pas certain d'en avoir beaucoup, de potentiel. Mais quelque part, aujourd'hui, je me demandais si cela ne faisais pas parti des fameuses croyances limitantes et erronées sur moi même dont mon psy m'avait parlé. Et ça aussi, ça me faisait peur. Est-ce que, après des années de médiocrité, j'allais me rendre compte que j'avais moi même bridé ma propre magie. Et en même temps, quand on voyait comment l'eau réagissait avec moi depuis quelques temps ... Ce n'était pas une option à complétement exclure.

Ce qui me marque en premier, avant même la prestance de l'endroit, c'est l'odeur. Un mélange de vernis de bois, de vieille poussière et d'un encens dont je ne saurais donner le nom. L'endroit a cet aura à la fois chaleureuse et impressionnante, avec ses murs entiers remplient de milliers de boites, si ce n'est plus. Il y a vraiment une baguette différente dans chacune d'elles, et quelque part, la mienne. La tâche me semble soudain colossale. Comment être sûr de trouver la bonne dans un tel échantillon ?

Je sursaute lorsqu'une voix se fait entendre, semblant aussi ancestrale que la boutique elle même. Comment sait-il ? Pourtant, Alexander m'a prévenu. Ce sorcier a bien des mystères, et sa mémoire est légendaire. Je lève un sourcil interrogateur envers mon petit ami lorsque le vieil homme, que je vois revenir doucement de son arrière boutique, évoque cette histoire de baguettes cassées. Voilà quelques détails qu'il s'est bien gardé de me raconter. Je meurs d'envie de le cuisiner, mais le dénommé Ollivander reporte son attention sur moi. Déjà, de ses yeux qui ont l'air d'appartenir à un autre millénaire, il me détail, comme si chaque infime mèche de cheveu ou pore de ma peau avait son importance. Luka Agre... Euh ... Leroy Hastings. Désolé. C'est encore un peu nouveau pour moi. Dire mon nom. Quelque chose qui ne m'avait jamais fait hésiter, jusqu'à ce jour. Mais si cette baguette devait me correspondre, c'était pour qui je suis aujourd'hui. Et si je n'ai adopté ni l'un ni l'autre de ces deux célèbres patronymes, je n'en reste pas moins l'héritier. J'ai ... euh ... perdu ma baguette lors d'un incident à Halloween. Tout le monde est assez unanime pour dire qu'elle en a profitait pour partir, que son temps avec moi été fini. Je ne suis plus tout à fait le même que le petit garçon de onze qu'elle avait choisi.  

Je reconnais le regard fuyant de l'anglais. Qu'il ne pense pas une seconde s'en sortir aussi vite. D'ici quelques jours, sa sœur sera là, et je commence à assez bien cerner Chelsea pour être certain qu'elle se ferra une joie de me raconter ces histoires là. Enfin, après avoir annoncé la vérité sur le monde de la magie à mon futur coloc, bien entendu... Une autre sacrée affaire, ça aussi.

Alex n'a pas menti, ce gars là, malgré sa peau à l'air si parcheminée que j'aurai peur qu'il s'effrite au moindre contact, avait visiblement une mémoire phénomènale. Je réponds à sa question, récitant religieusement. Bois de frêne, cœur en crin de Kelpy, 22.8cm, assez souple. Capricieuse et pas très puissante, mais très fidèle, jusqu'à ce qu'elle disparaisse, bien sûr... Je l'avais acheté en France. Et ma mère est une cracmol, elle n'en a jamais eu. J'ignore de quels autres informations ils peut avoir besoin, alors j'attends ses questions, et alors qu'il retourne dans l'arrière boutique, j'entends le voyant marmoner derrière moi.

C'est comme ça que la politique fonctionne. On crée la peur dans le cœur des gens pour ensuite proposer une solution en se posant comme le sauveur. On attise la haine pour diviser les gens, et c'est à celui qui aura le mieux fait détester l'autre. Pourquoi tu crois que les animosités entre sangs pures et nés moldus sont plus forte que jamais en ce moment ? PURE veut présenter tout ce qui ne l'est pas comme une menace pour la communauté magique, WAND n'est pas très loin du point Goldwyn à chaque débat quand on parle de Johnson, et CURSE est d'un immobilisme des plus totals. Si un parti devait gagner grâce à son programme, on vivrai dans un monde idéal. Sur ce point en tout cas, moldus et sorciers sont vraiment identiques. L'historien que j'aspire à devenir a étudié plus d'une période électorale, qu'elle soit magique ou non, et toutes, toujours, entre dans le même schéma. Ainsi, si dans les faits, je soutiens le mouvement WAND et j'aimerais voir leur victoire, je n'y crois pas. Trop révolutionnaire pour une société qui tiens à ses privilèges. Mais je ne crois pas non plus à la victoire de PURE. Seuls les conservateurs fanatiques prendront ce parti, et je commence à me rendre de plus en plus compte, et avec stupeur, qu'ils ne sont pas là majorité. C'est une évidence pour moi. Le centre gagnera. Le centre gagne toujours, car les extrêmes sont effrayants, et on préfère choisir quelque chose qui n'est pas parfait, mais qui ne bouscule pas nos petites habitudes, quelque chose de confortable. Oui, les élections fonctionnent toujours avec un parti doudou qui gagne à la comparaison avec les radicaux, de gauche ou de droite.

Mais ma réflexion politique se trouve interrompue par le retour d'Ollivander. Bois de houx, 24.6 cm, assez souple, plume de Phoenix, me dit il. Je la sort de sa boîte et presque immédiatement, j'ai l'impression d'avoir une cocotte minute entre les, qui vibre tout en faisant jaillir une nuée d'étincelles. Je crois pas qu'elle m'aime beaucoup celle ci. Je la repose précautionneusement dans son fourreau, comme si elle allait m'exploser à la figure au moindre geste trop brusque.

Le commentaire de mon petit ami sur ce qu'il pouvait voir à travers la vitrine de l'illustre boutique n'avait pas manqué de me faire réagir tandis que le non moins illustre vendeur fouillait sa réserve à la recherche d'une baguette qui pourrait me convenir. Néanmoins, je savais bien que le sujet de la politique n'était pas son sujet de prédilection. Pour ma part, et bien que les sciences politiques magiques ne fassent pas parti de mon cursus, je les étudiait tout de même, ou en tout cas l'impact que les différentes politiques avaient pu avoir sur l'histoire du monde magique britannique et international. Et bien que les sangs-purs traditionnalistes réfutent totalement cet état de fait, la politique moldue avait elle aussi eu une influence non négligeable, car il ne fallait pas oublier que nous restions une communauté minoritaire au sein des différentes nations du monde.

Mais le retour du vieux Ollivander coupa de toute façon court à la discussion alors qu'il me tendait une baguette qui à l'évidence ne fera pas du tout l'affaire. Je l'entendais marmonner pour lui même alors qu'il retournait dans sa réserve, et me tournait de nouveau vers Alexander, le regardant d'un air amusé. Tu sais, à force de lâcher ce genre d'informations, soit tu vas devoir me raconter ta version des choses, soit c'est ta sœur qui le fera ... Et je ne doute pas que Chelsea serait ravie de m'en faire le récit en enjolivant les choses de façon à ce que l'histoire mette un peu plus en avant la maladresse de son cadet. Mais pas le temps d'enfoncer un peu plus le clou que le vieil homme était de retour. Crin de licorne, bois de noisetier, 32cm, assez rigide. Dès que je pose la main dessus, je sais que ça ne correspond pas, et à la grimace de l'ancien, je sais que j'ai raison. Rien, je ressens rien du tout. C'est évident ... grommelle-t-il alors avant de m'arracher l'outil des mains et de retourner à l'arrière boutique, toujours en se parlant à lui même. Je lance un regard interrogateur au jeune voyant. Il est toujours comme ça, le légendaire Ollivander ?

Voir ce mélange de surprise, de pseudo trahison et de crainte chez Alexander à la menace de faire entrer sa sœur dans l'équation, et la façon qu'il a de répondre, essayant de se persuader lui même, tout ça me fait réellement rire alors que je m'approche de lui pour le taquiner. Peur ? Tu plaisantes j'espère, c'est toi qui a peur d'elle, moi c'est mon alliée ! Et il n'imagine même pas à quel point c'est à la fois vrai et faux en même temps. Oui, la blonde est mon alliée pour aider Alexander à affronter ses travers, et également car elle a maintenant besoin de moi pour appréhender au mieux son moldu de petit ami qui reste mon meilleur ami. Néanmoins, sans dire que j'ai vraiment peur d'elle ... Bon sang, Merlin seul sait ce dont elle serait réellement capable. Mais ma petit esbrouffe a l'effet escompté, puisque le voyant se met docilement à me raconter une de ces histoires, ce qui renouvelle un rire amusé de ma part, et peut-être, je l'admet, légèrement moqueur.

Magie ou dormir, il faut choisir ... Je rigole en disant presque automatiquement ce petit calembour en français, que je ne prend pas la peine de traduire, car de toute façon, cette référence ne dira absolument rien à mon compagnon. Et puis le vieux Ollivander fait son retour, et cette fois ci, il semble tout à fait sûr de lui alors qu'il me tend une nouvelle baguette avec un sourire malicieux et une étincelle dans les yeux. Je devrais deviner par moi même plus tard que le crin d'Abraxan est rarement utilisé comme composant, et qu'il y a songé car mon ancienne baguette avait elle aussi un cœur au crin d'équidé rarement utilisé pour cet usage. Mon origine française l'avait également conforté dans son choix, tandis que le bois de Saule la composant était connu pour éveiller le potentiel des sorciers connaissant de grandes insécurité en les aidant à les dépasser. À croire que le vendeur avait reçu un message de mon psy entre temps. Toujours est-il que dès que mes doigts se posent sur l'objet, je ressens une chaleur agréable envahir la totalité. Elle trouve sa place parfaitement dans la paume de ma main, et cette sensation de prolongement de mon être n'est qu'un euphémisme à ce stade. Le vieil homme m'observe avec un grand sourire, et reprend la parole sans que je n'ai à prononcer le moindre mot.

Je vous proposerais bien de vous l'emballer, mais puisqu'il s'agit d'un achat pour un besoin immédiat ... Sept gallions mon garçon. Il a tout à fait raison, c'est celle ci, je le sais. Mais l'annonce du prix me fait un choc. Je convertis rapidement, et c'est tout de même environ cent soixante euros pour un produit d'une telle qualité. L'espace d'un instant, mon cœur s'affole à l'idée que je n'ai pas les moyens de me payer ce genre de chose. Puis la bourse grassement remplie que mon père m'a donné "pour t'acheter ce dont tu as besoin et te faire plaisir - dans la limite du raisonnable" se met à peser dans la poche de mon pantalon de ville. C'est fou comme les vieux réflexes ont la vie dure. Je ne parviens pas à m'habituer à l'idée qu'à présent, les moyens, je les ais, et même largement. Déposant alors la baguette sur le comptoir, presque à regret, alors que la séparation ne sera pas longue, je fouille dans ma poche avant d'en sortir sept pièces dorées que je lui tend alors qu'en échange, il me donne la boite qui renfermait celle qui est désormais ma nouvelle partenaire.

Je souris alors qu'Alexander essai comme il peut de me faire croire que l'argument Chelsea n'a pas fait mouche. Rappelle toi que j'ai le numéro de ta sœur, tu ne sais pas si on n'a pas une correspondance dans ton dos. Je lui glisse, avec un regard en coin. En plus, ce n'est pas mentir, car il y a effectivement un échange de messages entre elle et moi. Bon, principalement parce qu'elle stress de tout expliquer à Théo et qu'elle me demande des conseils pour le faire sans qu'il ne prenne la fuite, mais il n'empêche que cette discussion existe.

Quelques minutes plus tard, je suis l'heureux propriétaire d'une toute nouvelle baguette, que je règle non sans me rendre compte qu'il y a quelques semaines encore, je n'aurai pas eu les moyens ne serait-ce que d'y penser. Nous quittons l'illustre boutique, et c'est dans la rue que l'anglais m'explique le reste de son plan pour la journée. Ce qui me fait invariablement lever les yeux au ciel. Mais bien sûr, c'est teeeeeellement une bonne idée de mettre un mec qui a des phobies sociales en plein milieu d'un mariage où il n'est pas invité et où il ne connait personne, là où il va être considéré comme un né moldu au milieu de plein de puristes et s'afficher en couple avec un homme dans un endroit rempli de conservateurs. Je vois teeeeeellement pas ce qui pourrait mal tourner ... Est-ce que j'en fais des caisses ? Peut-être un peu, c'est vrai. Normalement, les gens éviterons de créer de drame dans ce genre de cérémonie, ne serait-ce que par respect pour les mariés ... Haha, non, même moi j'y crois pas, si ils se tiennent, c'est simplement pour se donner une bonne image dans un événement publique de la sorte. Je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas envie d'aller me prêter à leur mascarade. Et pourtant je le ferais, pour Alex, parce que le marié est un de ses amis proches. Bon sang, j'espère qu'il se rend compte que c'est un peu la preuve d'amour ultime qu'il me demande de lui faire là, parce que cette soirée va contre tout ce qui me plait dans la vie. Et puis, je ne peux pas m'empêcher de penser que si tout le gratin magique est invité, je pourrais croiser les Hastings et les Leroy, et je ne suis pas vraiment certain d'être prêt pour ça.

Néanmoins, je sais que je n'ai pas vraiment le choix, alors je râle, mais je monte malgré tout dans la voiture avec chauffeur du jeune Gold ... Voiture avec chauffeur pour aller faire du shopping de costume de luxe en plein Londres. Bon sang, j'ai l'impression d'être une michtonneuse de première catégorie. Et voilà qu'il en rajoute une couche. Comme si c'était pas assez stressant de partager un repas entier avec ta famille, de rencontrer ton père, faut en plus que ma mère soit là et que ta sœur veuille dépuceler Théo de la magie ce soir ... Tu m'étonnes que ça va être unique. Si son but c'est de potentialiser toutes mes angoisses sur les événements de cette fin d'année, franchement, il n'aurait pas pu mieux faire !

Clairement, je n'ai pas envie de lui mentir et de feindre un quelconque intérêt ni une quelconque joie pour l'événement auquel il compte me trainer dans quelques jours. J'accepte uniquement pour lui, mais je n'ai pas la moindre envie de me rendre à ce mariage, incarnation de tout ce que je peux détester dans la communauté magique. Rassemblement hypocrite parce qu'il faut être là et se montrer, célébration d'un union arrangé pour enrichir un peu plus deux familles déjà blindées, et conservatisme crasse dans chaque fibre de tissus portées par les invités. Joie ... Par contre, les propos de l'anglais me font tiquer. Ne me traite pas de sang pur Alex ... Je répond peut-être un peu plus violement que nécessaire, mais dans mon oreille, il s'agit d'une insulte. J'ai si peu d'exemples de sangs-purs qui ne se sont pas comportés comme des connards avec moi que je refuse, du moins pour le moment, l'idée d'être associé à eux. Je n'ai rien à voir avec eux. Et ça me blesse qu'Alex pense que ça ira simplement parce la rumeur cours maintenant que je suis l'un des leurs.

Le passage chez le tailleur est assez rapide, et j'admet que ce n'était pas désagréable. Quand nous repartons de là, le costume que j'ai choisi nous est promis à la livraison sous deux jours, directement au domicile des Gold. Ok, j'avoue, je me suis trouvé beau en le portant, mais si on vous demande, je n'ai fait aucun commentaire à ce sujet. Le reste de l'après-midi se déroule sans problème, un peu de shopping pour satisfaire Alex, un passage par le marché de Noël londonien, et un diner en ville, puisque personne n'était chez lui ce jour là. Et comme le temps passe vite (surtout quand on procrastine l'écriture de ce sujet), nous voilà déjà au diner de Noël.

J'ai passé un autre costume que Alexander m'a fait acheter, un peu moins cérémonieux, et je suis avec lui et Chelsea dans le salon de leur demeure familiale. Cette dernière semble particulièrement nerveuse, car Théo doit arriver d'une minute à l'autre.

L'ambiance dans ce salon est particulière, entre un Alex qui semble bien plus intéressé par sa lecture que par l'idée d'être réellement présent avec nous, et sa sœur qui semble prête à bondir au moindre bruit trop fort. Une tension qui se ressent d'ailleurs alors qu'elle envoi chier avec brio le voyant, dont les mots ne sont pas très réconfortant pour un stress que je trouve pourtant bien légitime de sa part. Il va pas mal le prendre, c'est juste qu'il va penser à une blague, comme à chaque fois que j'ai voulu lui dire, et si on doit lui prouver, son esprit cartésien risque de lui faire taper un freeze ... Mais j'ai jamais vu Théo comme ça avec une fille avant toi, je suis presque certain qu'il va pas sortir de fourche et chercher à te brûler. Je ne sais pas trop si j'essaie de la rassurer, de la faire rire ou de l'embêter, mais dans tous les cas, j'ai le droit à une réponse alliant un timide sourire et un doigt bien tendu, je suppose donc que même elle ne sait pas exactement à quoi s'en tenir, mais c'est toujours mieux que la réponse qu'elle donne à son frère, avant que son regard se porte sur une personne que je ne peux pas tout de suite voir, mais que j'entends arriver derrière moi. Je me retourne d'un bond, m'attendant à l'un des deux parents, mais je me retrouve rapidement décontenancé, alors que ce garçon ne peut clairement pas prétendre être le père des deux autres. Et il se dirige vers moi, me parlant comme si nous nous connaissions déjà. Je suppose que dire que je le regarde comme deux ronds de flan est une dépiction assez fidèle de l'air que mon visage affiche alors.

Jeff ? Euh ... salut ....? que je réponds, en serrant timidement la main qu'il me tend. Je suis incroyablement mal à l'aise, alors que la réaction des deux Gold semble signifier que la présence de gars parmi nous est tout à fait normale. Alors qu'il adresse la parole à Chelsea pendant que Alex se replonge dans sa lecture, je lui adresse un regard paniqué. Alex ... c'est qui ? J'essaie de poser cette question en murmurant entre mes dents, le plus discrètement possible, mais il est très près de moi, alors la probabilité qu'il ait entendu ma demande est très forte. Mais je fais ce que je peux, parce que j'étais absolument pas préparé mentalement à rencontrer une personne de plus ce soir là, et voilà que débarque cet être bruyant, exubérant et bigarré. Même la sœur me semble "neutre" en face d'un tel spécimen.