06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

Arthur aimait les nouvelles attendues. Celles dont il avait la certitude qu’elles arriveraient prochainement et dont il était pleinement au courant. Mais plus encore, il détestait les surprises. Tout dans sa vie n’était qu’affaire de contrôle et recevoir un hibou qu’il n’attendait pas le faisait naturellement se poser des questions. Surtout quand le hibou en question ne lui avait pas rendu visite depuis des années. Il lui fallut quelques minutes pour le reconnaître mais l’écriture sur le message, lui, ne faisait aucun doute. Arthur pensa à chiffonner la missive et la brûler sans même la lire - car qu’est-ce que Ian pouvait bien lui dire qui changerait le passé ? Rien. Absolument rien. Mais, gardant le contrôle de ses sentiments, il se contenta de la dérouler et de lire ce qui y était inscrit.

Il se demanda longuement si ce rendez-vous dans la forêt relevait de la pertinence ou du gâchis. Il avait clairement exprimé le fond de sa pensée à l’Auror quelques années plus tôt et son point de vue n’avait pas changé depuis. Il décida malgré tout de s’y présenter, tout en restant sur sa réserve car oui, Arthur avait toujours été méfiant et ce trait de caractère n’était pas voué à disparaître de sitôt. Il chercha longuement quelles pourraient être les raisons ayant poussé Ian à le contacter et aucune d’elles ne le rassurait. Pourtant, à la fin de l’une de ses interventions à Hungcalf, ses pas prirent la direction de la forêt avoisinante et le conduisirent jusqu’au point de rendez-vous donné par l’Auror. Il connaissait ce chemin par cœur, l’ayant emprunté tant de fois par le passé.

La scène qui l’attendait le surprit et força l’incompréhension sur son visage. Ian avait préparé repas, feu et couverture, de quoi les installer pour plusieurs minutes alors qu’Arthur ne pensait pas en rester plus de cinq. L’étreinte que lui offrit le sorcier le fit grimacer intérieurement mais son visage, lui, resta de marbre. A ses yeux, cette accolade n’avait rien d’amicale et n'effaçait pas des années de distance.

« Que me veux-tu, Ian ? » Le Roumain resta planté devant son interlocuteur, l’air méfiant. Non, il ne prendra ni à boire ni à manger tant que l’homme ne se sera pas expliqué sur la raison de cette entrevue. Ou plus que ce que son hibou laissait entendre. Contrairement à ses discussions professionnelles, il n’y alla pas par quatre chemins et Ian le connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’à moins de lui donner une bonne raison, il ne restera pas papoter autour du feu comme si le passé ne s’était pas imposé entre eux. Les flammes se reflétaient dans les yeux glacés du Roumain, qui attendait sa réponse tout en inspectant son ancien camarade du regard.

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

Arthur considérait rarement avoir tort mais lorsque cela se présentait, il voulait bien y réfléchir à deux fois avant de se braquer. La situation avec Ian avait dégénéré bien plus vite encore car ils étaient amis et que chacun des deux pensait avoir raison. Cette fois-là, le Roumain n’avait pas accepté d’avoir tort car son instinct le trompait rarement et concernant T’Chaba, il avait été catégorique. Son ami n’avait pas su l’écouter et n’avait pas été tendre dans ses propos à son égard. La rupture, inévitable, les avait tous deux accablés. Pendant ces cinq longues années, il était arrivé à Arthur de réfléchir à ce qui s’était passé, à la façon dont il aurait pu gérer la situation. Mais peu importe comment il la retournait dans sa tête, il n’estimait pas avoir tort. Quelque chose ne collait pas avec le fiancé de Ian et si ce dernier ne voulait pas l’écouter, grand bien lui fasse. Il y avait un pour cent de chance qu’il soit dans le faux et qu’en fin de compte, ils deviennent un heureux couple.

La présence de Ian l’étonnait donc et laissait entendre que quelque chose s’était produit. Bien sûr, le diplomate savait exactement ce que c’était car, non content d’avoir été abandonné par son ami, il n’avait pas cessé de surveiller les activités de T’Chaba. Il fut au courant de sa mort sans grand détail quelques jours après que celle-ci survienne. Est-ce que cela l’avait soulagé ? Un peu mais elle expliquait surtout cette entrevue. Sans chercher à faire preuve de bassesse, il demanda clairement à Ian le but de tout ceci, n’étant pas encore prêt à se détendre.

Se faire entendre dire qu’il avait raison était une sensation indescriptible. Un soulagement le traversa et les mots de Ian venaient confirmer qu’il n’était pas fou et qu’il n’avait pas mal jugé le compagnon de son ami. Arthur resta silencieux quelques secondes puis alla s’installer au sol, sur la couverture. Une fois son costume à l’abri de la moindre motte de terre, il se tourna vers l’Écossais avec un regard un peu moins dur que précédemment.

« Je suis navré pour ta perte. Veux-tu me parler de ce qui s’est passé plus en détails ? » D’une façon ou d’une autre, Ian avait dû découvrir les réelles intentions de T’Chaba mais le fait que cela se soit conclu par la mort étonnait Arthur. Il s’attendait à ce qu’il le quitte - ou le blesse, au pire des cas. Mais la mort ? L’Africain avait dû faire quelque chose de terrible pour mériter un tel traitement et il souhaitait vraiment en savoir plus sur le sujet. Et recevoir les excuses qui lui étaient dues.

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

Si le Roumain accepta de s’installer, ce fut uniquement par respect pour le passé et leur relation. Il n’avait légitimement aucune raison d’écouter Ian et de perdre ainsi de longues minutes de son temps. Mais il le fit tout de même, conscient de l’enjeu et parce qu’il n’était pas totalement dépourvu de sentiments. Sa demande fut directe, sans équivoque. Il voulait l’entendre lui raconter la vérité, celle qui blesse, celle qui transperce de part en part. Mais plus que tout, Arthur ne demandait qu’à entendre que son jugement s’était avéré vrai. Il l’écouta donc avec attention et sans intervenir. Malgré la détresse évidente de l’Écossais, il ne parvenait pas à se sentir pleinement désolé pour lui. Il ne se moqua pas pour autant de son mal-être, sans s’en rendre coupable. Il aurait pu insister plus que cela n’aurait rien changé : Ian l’aurait foutu à la porte de leur amitié de la même manière. Ce qu’il apprit sur les intentions de T’Chaba ne le surprit pas outre mesure. Ses connexions lui avaient toujours paru malsaines. Arthur semblait insensible à cet instant et il en avait parfaitement conscience. Ce n’est pas qu’il n’éprouvait pas de peine pour Ian - de la sympathie, il en possédait mais n’en donnait qu’à petite dose. La question de Ian sonnait comme rhétorique pour lui. Sa gorge le démangeait car il voulait lui dire qu’il l’avait prévenu. Que s’il l’avait écouté, il ne se traiterait pas de “con” aujourd’hui. Mais le passé ne se changeait pas et Ian allait devoir apprendre à vivre avec cette nouvelle réalité. Comme beaucoup, il avait la possibilité de mettre cette erreur sur le compte de “l’amour”. Arthur avait toujours trouvé cette excuse trop simple. Amoureux ou pas, cela ne devait pas exclure un peu de perspicacité et de respect pour ses proches. On ne connaît pas mieux les intentions d’une personne juste parce qu’on l’aime…

Silencieux, le feu crépitant faisait bien plus de bruit que lui, outrepassé par la voix de Ian qui continuait sa narration des événements. « Un sortilège de saucissonnage n’aurait-il pas suffit ? » Il trouvait sa question pertinente car les sortilèges ne manquaient pas pour immobiliser un adversaire, avant de le tuer. Arthur ne chercha même pas à s’immiscer dans les pensées de Ian car il voulait que les mots sortent de sa propre bouche, plutôt que de les capturer en mémoire. Quel sort avait-il jeté qui n’ait pas suffit à attraper T’Chaba ? L’homme était un bon sorcier, certes, mais pas insaisissable pour autant. Et surtout pas imperméable aux sortilèges. Quelque chose lui dit qu’au fond, lui donner la mort était une vengeance à vif de Ian et cela impliquait qu’il puisse regretter son geste plus tard. L’avis du Roumain, lui, s’avérait simple : mort, T’Chaba leur rendait un énorme service. S’il avait été vivant, il aurait fallu le surveiller et Ian aurait pu retomber dans ses filets.

« C’est probablement pour le mieux mais je ne suis certainement pas objectif en la matière. As-tu pu récolter des informations sur les personnes pour qui il travaillait ? » Autant faire d’une pierre deux coups, non ?

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

La question qu’il se posait était légitime. Pourquoi tuer quelqu’un quand la magie permettait de réduire ses capacités à néant en un seul sort bien dirigé ? Il se doutait que Ian avait une bonne raison pour en être venu à une telle extrémité et il lui tardait de l’entendre. Malheureusement pour lui, Arthur n’était pas en capacité de lui offrir chaleur et consolation. Cela ne lui ressemblait pas en temps normal, et encore moins quand il reprenait contact avec une personne qui lui avait à ce point manqué de respect. Voire humilié. Pourtant, le Roumain ne manquait aucun des signes de la tristesse qu’éprouvait le blond à cet instant. Les larmes sur le point de couler, le ton de la voix faible aux vibrations inquiétantes et la posture qui laissait entendre qu’il se trouvait honteux. À raison. Il avait choisi la mauvaise personne vers qui se tourner pour un peu de chaleur humaine. Même s’il en possédait, Arthur n’avait jamais vraiment appris à la distribuer à son prochain. Encore moins dans une telle situation. Ce qu’il pouvait faire, en revanche, c’était offrir une oreille attentive et tenter d’ouvrir son esprit à ses excuses. Allait-il lui accorder son pardon ? Rien n’était moins sûr, mais il fera au moins l’effort d’essayer. En souvenir du bon vieux temps en compagnie de Ian.

« La manumagie… c’est évident, en effet. Je ne suis même pas surpris de l’apprendre, cet homme avait plus d’un tour dans son sac. » Et il pensait ces mots. À l’instant même où il avait posé les yeux sur T’Chaba, Arthur avait compris que le sorcier cachait de nombreux secrets terribles, bien plus terribles que ceux du Roumain. Il y avait dans son regard une perfidie, ce qui avait surpris le diplomate. Comment Ian avait pu passer à côté, lui qu’il avait toujours estimé si perspicace ? La réalité l’avait finalement rattrapée en lui faisant voir le vrai visage de son amant.

Arthur eut un petit rictus en entendant les geignements de son ex-ami. Était-il réellement en train de faire preuve de regrets face à son acte ? Alors que tout indiquait qu’il avait eu raison d’agir ainsi. Pour son propre bien. Pour celui de son pays, également, car il y avait fort à parier que T’Chaba travaillait pour un groupuscule ennemi, encore inconnu à ce jour. Des réponses devaient être trouvées avant que ce groupe en question ne passe à l’action, quels que soient leurs desseins. Il aurait aimé prendre Ian par les bras et le secouer un bon coup mais, comme à son habitude, Arthur se força à faire preuve de diplomatie. C’était son métier, après tout. Donc pas de bousculade, juste des propos bien choisis.

« Dans un premier temps, je ne formulerais ni ne ressentirais aucun regret face à l’acte que je viens de faire. Il était justifié. Cet homme n’apportait rien de bon, vivant. Je sais que c’est dur à entendre, mais c’est la vérité. Ensuite, je me vengerais en trouvant ce groupe de sorciers et en le démantelant. Tu ne peux plus changer le passé, Ian. Chaque décision que tu as prise est désormais gravée dans la pierre et il faut vivre avec. Cependant, tu peux faire le choix de les assumer pleinement et de te redéfinir. Je te le dis sans détour : les “si seulement” ne t’aideront pas à aller de l’avant. Tu l’as tué, point. Maintenant, tu apprendras à te méfier avant d’accorder ta confiance à quelqu’un qui te porte un peu trop d’intérêt trop vite. L’Humain est perfide quand il a une idée en tête, je ne comprends pas pourquoi tout le monde s’en trouve choqué. » On pouvait dire de sa méfiance exagérée qu’elle était un défaut, qu’elle l’empêchait de vivre pleinement certaines parties de sa vie, mais Arthur se couchait le soir en sachant qu’il ne risquait pas de se réveiller avec un couteau dans le dos. Car il se préparait à chaque éventualité.

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

Il ne reconnaissait plus Ian, car l’homme qui lui faisait face n’avait rien de réfléchi ou de perspicace. Ce n’était qu’une fontaine de larmes et de plaintes, ce à quoi Arthur n’était pas habitué de sa part. Il n’aimait pas ce type de personnalité, autant parce qu’elle l’embêtait que parce qu’elle lui paraissait imprévisible et problématique. S’asseoir et écouter quelqu’un brailler pendant des heures n’était pas dans ses habitudes et ça n’allait pas le devenir. Il faisait une grande exception avec Ian et à tout moment, il pouvait se relever et partir de son côté, fatigué de devoir supporter les incessantes jérémiades de son ancien ami qui, de toute évidence, préférait se plaindre plutôt que d’entrer en action. Arthur savait exactement quels conseils lui donner - et il le fit - mais sans la certitude qu’ils seraient entendus et appliqués. Il resta stoïque face à la première répartie de Ian pour ne pas, justement, lever les yeux au ciel d’indignation. Oui, c’était un fait : affronter la vérité était difficile mais plus on tardait à le faire, plus les choses empiraient et moins la situation se réglait. Il soupçonna l’Austro-Ecossais de se complaindre dans sa peine de cœur, faute de pouvoir faire mieux.

« Je ne peux que te conseiller de ne pas trop tarder. Si j’étais le groupe auquel il appartenait, je me dépêcherais d’effacer toute preuve de son existence en brûlant toutes ses affaires. Car je doute qu’il ait laissé quoi que ce soit chez toi. À l’heure où on parle, tout a dû déjà disparaître. » Encore une chose qu’il pouvait reprocher à Ian : à force de pleurnicher, il passait à côté de l’opportunité de se venger. Il accepta la canette tout en l’identifiant comme celle qui empêchait le sorcier de réaliser son souhait. Plus ils restaient là à papoter longtemps, plus cela laissait de temps aux associés de T’Chaba d’effacer toute trace de leur existence. Mais ça, il semblait être le seul des deux à s’en rendre compte…

« Un mini Arthur, tu dis ? Et comment suis-je supposé prendre cela ? » Il ne voulait pas jouer de susceptibilité à cet instant mais il fallait bien admettre que les mots employés par Ian n’étaient pas les bons. Il mettait en opposition son comportement imprudent et la méfiance du Roumain, qui s’avérait toujours justifiée. Il ne lui conseillait pas d’être un “mini lui”, mais bien de réfléchir à deux fois avant de foncer tête baissée dans les bras d’une personne louche. Ou, d’au moins, écouter l’avis des autres avant de prendre une décision contre son intérêt. Était-ce un raisonnement si négatif qu’il puisse en être moqué de la sorte ? Arthur posa la canette sur le sol sans même l’ouvrir, pas encore décidé à accorder à Ian l’entrevue amicale qu’il espérait avoir. Jusqu’à présent, il ne faisait preuve que de peu de délicatesse à son égard.

« Tu veux vraiment parler de ça ? Alors que tu as un mort sur le feu, des problèmes à régler, une vengeance à mettre en marche ? » Non, franchement, il ne comprenait pas la perte de temps que cette discussion créait. Cela n’avait aucun sens mais étant donné que Ian semblait décidé à rester dans cette direction…

« Je vais très bien, tant professionnellement que personnellement. J’ai des affaires qui me tiennent suffisamment occupé. » Et il ne pouvait rien dire d’autre sans rentrer dans des détails classifiés secrets.

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

Nul besoin d’être perspicace pour comprendre que Ian n’était pas sur le bon chemin, qu’il avait dévié sa route à la rencontre de T’Chaba et que depuis, il errait dans les bois sans vraiment réussir à retrouver le Nord. Il lui suffirait pourtant de lever la tête et de regarder les étoiles pour y parvenir. Arthur ne savait pas encore s’il voulait jouer le rôle de cette étoile qui lui pointera la direction à suivre. Malgré son visage de marbre et ses émotions quasi inexistantes au quotidien, il n’était pas insensible aux blessures qu’on cherchait intentionnellement à lui infliger et il lui semblait que son ancien ami y mettait toutes ses dernières forces. Il entendait ses excuses mais n’était pas en mesure de savoir si, oui ou non, il pouvait oublier ce qui s’était produit entre eux. Arthur se savait fourbe et ne s’attendait pas à ce que tout le monde suive ses conseils à la lettre mais lorsqu’il s’agissait de ses amis - qui se comptaient sur le doigt d’une seule main - il n’en espérait pas moins. Ian avait brisé sa confiance et la récupérer allait lui demander bien plus qu’une canette et un feu de camp. Néanmoins, c’était un bon début. La preuve, le diplomate se trouvait toujours à côté de lui, à l’écouter. Il aurait très bien pu partir il y a plusieurs minutes de cela au lieu d’écouter l’homme lui raconter ses déboires. De tous ses anciens amis, il n’était certainement pas le mieux qualifié pour le consoler mais Ian le savait et il n’y comptait peut-être pas. Non, au contraire, il attendait de lui qu’il se serve de son caractère dur et froid pour gérer cette situation au mieux. Cette théorie fut confirmée quelques secondes après qu’il eut parlé. “Lui mettre un coup de pied au cul”, c’était tout à fait dans ses cordes et il le fera même avec plaisir. Il manqua de lui dire que sa capacité à “toujours rester objectif” lui avait coûté une relation à laquelle il tenait plus que tout mais garda les lèvres closes car ces choses-là, il n’en discutait jamais. Avec personne. Voilà pourquoi il passa rapidement sur la question “comment vas-tu” car quoi qu’il se passe dans sa vie, il ne tenait pas à le raconter. Bien sûr, sa froideur déplut à Ian mais ainsi va la vie.

« Tu n’as rien trouvé sur son corps qui puisse leur appartenir ? Une lettre, un objet ou même un tatouage sur son corps. N’importe quoi qui puisse être recherchable de façon concrète. Je me doute qu’ils sont prudents mais ils ne peuvent clairement pas l’être à ce point, sinon ce groupuscule serait connu depuis des années. » À moins que ce soit le contraire, justement. Qu’ils aient une existence si ancienne que désormais, chacun des membres - nouveau ou non - faisait preuve d’une discrétion millimétrée si bien qu’il était impossible de trouver le groupe en question. Rien n’était laissé au hasard. Il en avait la preuve avec Absolutum. Des siècles d’existence et la communauté sorcière n’avait même pas conscience de leur existence et de leurs objectifs.

« As-tu pu entrer en possession de sa baguette ? » Ce serait un bon point de départ. Bien qu’il ait été fan de manumagie, T’Chaba devait forcément en posséder une.

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

Il regarda l’Auror chercher des réponses dans son propre inconscient, comme si faire remonter des souvenirs lui permettrait de résoudre cette situation. Dans un cas comme celui-ci, Arthur regrettait de ne pas être Legilimens. Voilà quelque chose qui aurait pu aider Ian, mais il devait forcément en connaître un ou deux, non ? Le Roumain ne regrettait pas son choix de pratiquer l’art de l’occlumencie. Face à tant de dangers, il était important à ses yeux de pouvoir protéger ses pensées, surtout avec le travail qu’il faisait. Ses intentions ne devaient jamais être découvertes sans son aval et les jeunes de nos jours prenaient un peu trop de plaisir à pratiquer la légilimencie. Ses suggestions à Ian ne donnèrent pas grand-chose. Apparemment, T’Chaba et son crépuscule prenaient bien garde à ne laisser aucune trace derrière eux et il ne pouvait qu’applaudir cette initiative, bien qu’elle leur posait souci aujourd’hui. Difficile de retrouver quelqu’un qui ne voulait pas l’être.

« Tu as ses papiers ? Intéressant… » Mais encore fallait-il que ce soit sa vraie identité. Arthur ne comptait pas sur le fait que T’Chaba ait donné sa vraie version de lui-même à Ian. S’il a pu mentir sur tant de choses, pourquoi pas son identité ? Il allait s’avérer encore plus difficile de le tracer si son nom était faux mais au moins, avec des papiers d’identité, il y avait un début. Il était toujours possible de retrouver le sorcier qui les avait falsifiés et de lui soutirer des informations sur le vrai T’Chaba. Peut-être était-il venu accompagné d’un comparse et que ce dernier était toujours vivant… L’esprit d’Arthur se faufilait sur des chemins sinueux qui, il l’espérait, mèneraient au but final de l’Auror. Ce dernier vint finalement l’avertir qu’il était possible que sa baguette soit toujours en sa possession. Si tant est que personne ne soit venu fouiller l’appartement de l’Australo-Écossais et ait récupéré ce bien, très précieux dans cette enquête. La baguette était une extension de la magie d’un sorcier, même quand ce dernier n’usait principalement que de manumagie. Elle en disait toujours beaucoup sur son propriétaire.

« La récupérer, dans un premier temps. L’analyser, si la première étape se déroule avec succès. Quel a été son dernier sort, de quoi est-elle composée… Couplée à ses papiers d’identité, on peut peut-être en apprendre plus sur T’Chaba ainsi. Plus que ce que tu sais déjà, en tout cas. » C’est-à-dire, peu. Mais il n’enfonça pas le couteau dans la plaie. Ian lui avait prouvé qu’il regrettait déjà assez cette situation, même s’il était tentant de le faire mariner encore un peu.

« Qu’est-il advenu du corps ? A-t-il déjà été enterré ? Brûlé ? L’as-tu analysé lui aussi pour, peut-être, récupérer des informations cruciales ? »

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

Il y avait plusieurs façons d’obtenir ce qu’ils désiraient mais Ian avait longtemps été aveuglé par la tristesse et la colère pour s’en apercevoir. Il ouvrait à peine les yeux sur les options qui s’offraient à lui pour résoudre ce mystère qu’était T’Chaba. Mais Arthur ne se montrait pas imprudent pour autant. Venant lui-même d’une société secrète, il connaissait les modus operandi de ce genre de groupuscule et ces personnes-là faisaient preuve d’une grande vigilance. Si T’Chaba fonctionnait de la même façon que le Roumain, toute trace de lui devait avoir disparu après sa mort. Pourtant, Ian lui indiqua qu’il avait récupéré ses papiers d’identité - sûrement des faux, à la réflexion. Peu importe, cela restait un indice indéniable.

« Je connais des personnes qui me doivent un service. On ne sait jamais, ça pourrait fonctionner. » Il était en train de prouver à Ian qu’il lui laissait une petite ouverture où se glisser pour atteindre le centre de sa confiance. Cela allait prendre du temps mais s’il continuait comme ça, l’effort paierait. Arthur était prêt à sacrifier l’un de ces services coûteux pour l’aider, n’était-ce pas là la preuve de sa grande implication dans leur relation ?

« J’en connais plusieurs » avoua-t-il en frottant son index contre sa lèvre inférieure. « Mais tous ne seront pas disposés à analyser la baguette d’un mort sans que les motifs n’en soient clairs. Il faut s’attendre à de nombreux refus. Ce n’est pas impossible pour autant. » Il fronça les sourcils tout en faisant la liste des experts en baguette magique qu’il connaissait de près ou de loin. Quelques noms semblaient pertinents tandis que d’autres relevaient de l’absurde. Pour beaucoup, il connaissait déjà leur réponse avant même que la question ne leur soit formulée ! Le Roumain grimaça légèrement en apprenant que le corps avait été brûlé et, avec lui, toute trace d’une quelconque indication sur le personnage qu’était T’Chaba. Il ne faisait pas confiance au légiste non plus car la corruption était monnaie courante dans certains secteurs et si vraiment le sorcier appartenait à un groupuscule, il semblait évident que le médecin avait été “enjoint à se taire”. On l’avait payé grassement ou mieux, menacé lui et/ou sa famille pour qu’il rédige un rapport contraire à ses observations. Ce qui l’ennuyait et leur mettait des bâtons dans les roues. S’il s’agissait d’argent, il y avait moyen de retrouver le légiste et de le faire parler avec une plus belle somme - mais s’il y avait eu menace, difficile de le forcer à avouer.

« Mmh, ça vaut toujours le coup d’y jeter un œil. » Ian n’avait clairement pas pris les bonnes décisions concernant toute cette histoire, que ce soit avant ou après la mort de T’Chaba. Il mettait ces erreurs sur le compte des émotions, à l’instar de beaucoup de leurs semblables. Mais Arthur ne comprenait pas toujours cela. Il se redressa à la suite de son ami et épousseta sa veste.

« Allons-y dans ce cas. En espérant être les premiers à avoir eu cette idée. » Il y avait une forte chance que la baguette ait disparu à leur arrivée. « Tu nous y transplanes ? » À ces mots, il se rapprocha pour que Ian puisse mettre la main sur son épaule et l’emmener avec lui car, bien sûr, il ne connaissait pas l’adresse.

06.01.22 | Pardonne-moi ft. @Ian McCavish

« J’ai ma petite idée, bien sûr » commença-t-il par dire puis afficha un air de réflexion. « Mais je dois encore affiner mon choix pour éviter le plus possible d’ébruiter cette affaire. Après tout, ce genre de service ne se demande pas à n’importe qui. Il nous faut de la discrétion et du talent. » Cela coulait de source, bien entendu, mais il trouvait judicieux de le préciser au cas où Ian veuille aller trop vite dans son processus de recherche d’informations. Arthur aimait avoir le contrôle de la situation et il ne pouvait pas toujours prévoir les agissements de son collègue. Par exemple, il ne laissait pas fréquemment quelqu’un transplaner à sa place. Arthur préférait toujours prendre les choses en main et être le transporteur plutôt que le transporté. Mais cette fois-ci, il laissait à Ian l’opportunité de gérer les choses par lui-même et de prouver qu’il en avait encore dans le pantalon. Le trajet fut bref, bien entendu, et ils arrivèrent dans l’appartement du sorcier qui se trouvait être à l’image du mental de son propriétaire : un bazar sans nom. Du moins, du point de vue du diplomate. Il lui confessa n’avoir pas eu le cœur à faire du rangement régulier et le Roumain tût le fait que cela se voyait comme le nez au milieu du visage. À quoi bon le juger maintenant alors qu’il reconnaissait aisément ses torts ? D’un signe de tête, il le suivit jusqu’à la chambre mais ne fut pas surpris de découvrir le tiroir qu’il ouvrit complètement vide. Il fallait s’en douter. Quelqu’un était probablement déjà passé par ici, on n’avait pas attendu qu’ils se réveillent pour agir ! Quoi que soit ce groupuscule, il savait couvrir ses traces, même - surtout - lors d’un événement aussi tragique.

« Je peux le prendre. » Le temps, tout un concept. Il n’aimait pas en perdre, assurément et il ne le distribuait qu’à ceux qu’il estimait le mériter. Ian avait ses défauts mais il pouvait se séparer de quelques unes de ses minutes pour lui venir en aide. Sans plus tarder, il sortit sa baguette de l’intérieur de sa veste et la pointa dans la chambre.

« Accio baguette de T’chaba. » Son intention se dirigeait vers celle du sorcier défunt et dès les premières secondes, il crut entendre un bruit émaner du salon. Il posa son index sur ses lèvres pour faire signe à Ian de ne pas faire de bruit et se dirigea vers l’autre pièce. À peine l’eut-il atteint que l’objet apparut de derrière un meuble et vola jusqu’à lui. Possédant de bons réflexes, il l’attrapa en plein vol et l’examina minutieusement. Elle était intacte.

« Mmmh, je pensais que ce serait plus difficile que cela. » Il eut presque un sourire en direction de l’Auror et lui tendit la baguette en question. « Veux-tu que je m’en charge ou préfères-tu le faire toi-même ? Après tout, c’est ton combat. » Ce n’était en aucun cas un acte complètement désintéressé. Il voulait voir de quoi était capable Ian, ce qu’il était prêt à faire pour obtenir justice. « Ceci dit, cela peut tout à fait attendre demain. Maintenant que nous sommes en possession de la baguette, nous pouvons aisément la cacher nous-mêmes pour qu’elle ne soit pas subtilisée par les compagnons de T’Chaba. » En somme, il avait l’embarras du choix.

Lancer de dés