- InvitéInvité
she's the giggle at a funeral | arthur
Mar 22 Fév 2022 - 2:38
Londres, le 4 janvier 2022.
Patiner de nuit sur le lac gelé, avec pour toile de fond l'élégante et imposante silhouette du château de Vajdahunyad, illuminé tel un décor de théâtre. Déguster des mézeskalács à peine sortis du four et respirer les effluves épicées du vin chaud. Décidément, les festivités de Noël seyaient particulièrement bien à la ville de Budapest, qui resplendissait de lumières et de chaleur sans pour autant tomber dans les décorations criardes et nauséantes que beaucoup insistaient à associer à cette date. Même le réveillon s'était passé sans accroc. Mère et fille continuaient de s'ignorer mutuellement, et Vanda avait pu une fois de plus s'amuser aux dépends de son cher frère en lui offrant un cadeau qu'il n'aurait jamais imaginé recevoir d'elle. La réaction mi surprise mi méfiante de Milán quand elle lui tendit son présent, elle l'avait savouré pendant plusieurs jours. Il avait grincé des dents tellement fort en la remerciant qu'elle se serait presque inquiété que sa mâchoire se brise, si seulement elle n'était pas trop occupée à jubiler intérieurement. Les mots les plus doux avaient toujours plus d'effet sur lui que les insultes les plus incisives.
La bonne humeur était légèrement retombée quelques jours plus tard à l'annonce du décès de la doyenne de la famille. Flóra Héderváry était morte dans son sommeil, à l'âge plus qu'honorable de cent-seize ans. La nouvelle n'aurait dû surprendre personne étant donné son âge avancé, mais paradoxalement ce fut un choc pour beaucoup. Il faut dire que la vieille femme avait toujours su conserver un air de vigueur et de grande intelligence malgré un physique depuis longtemps diminué. Déjà enfant Vanda la percevait comme une figure quasi préhistorique, une sorte de fossile préservé dans le whisky pur feu. Mais voilà, antique ne voulait pas dire immortel, et notre Jeanne Calment hongroise avait finalement rendu l'âme quelques jours seulement avant la nouvelle année. La nouvelle ne suscita guère d'émotion chez Vanda, qui attendait seulement de savoir ce qu'elle pourrait bien récupérer de cette femme qu'elle n'avait pour ainsi dire pas vu depuis plus de quinze ans.
Et pour cause, Vanda n'avait que huit ans la dernière fois qu'elle avait assisté à l'une de ces traditionnelles réunions de famille dont semblait particulièrement friande la bonne société sorcière. Pourquoi avaient-ils dû s'infliger ces visites pendant si longtemps, elle n'en savait rien. Son grand-père s'était déjà aliéné une partie de la famille en épousant une sang-mêlée, et sa mère n'avait pas arrangé l'affaire en accouchant d'un enfant hors mariage et de père inconnu. La grande majorité les méprisait ; seule Flóra et quelques autres membres de la famille persistaient à vouloir maintenir l'illusion. Pour Vanda, ces rassemblements n'avaient que deux intérêts : profiter du buffet et s'amuser de la crédulité de ses cousins en leur faisant croire les choses les plus improbables. Les regards noirs des adultes étaient pour elle autant de sources d'amusement que les mines confuses de leur progéniture quand ils réalisaient enfin le vilain tour qui leur avaient été joué. La découverte de son "don" de fourchelangue l'avait fait remonter dans leur estime (car après tout, n'était-ce pas un pouvoir normalement confiné aux vieilles familles de sang pur ?), mais c'était déjà trop tard. Grand-père, mère et fille ne remirent plus jamais les pieds au manoir familial après ça.
La lecture du testament à elle seule avait dû être étalée sur plusieurs jours, tant les biens et les héritiers présomptifs étaient nombreux. Personne n'avait été oublié, même les relations les plus éloignées. Il faut dire que la vieille sorcière était pleine aux as, et en un siècle d'existence avait amassé assez d'artefacts en tout genre pour remplir un musée (ou plusieurs). En sa qualité d'arrière-petite-fille, Vanda avait ainsi hérité d'une magnifique opale iridescente de dix carats, ceinte de diamants et montée sur un anneau d'argent et d'or rose. La pierre était enchantée pour changer de couleur et devenir plus ou moins laiteuse selon l'humeur de son porteur. C'était un très bel objet, et ses yeux aiguisés en avaient vite estimé la valeur. Ses grands-parents, désireux de rattraper l'éducation lacunaire "prodiguée" (le terme était généreux) par leur fille, avaient pris soin d'apprendre à Vanda à estimer avec justesse la valeur des choses : valeur esthétique et historique certes, mais aussi marchande. Si jamais les relations familiales venaient à s'envenimer davantage, la revente d'un tel bijou lui assurerait probablement un train de vie confortable pour plusieurs années, le temps d'acquérir une indépendance financière complète. Mais si Vanda s'imaginait déjà convertir son héritage en forints et le placer à la banque, d'autres membres de la famille tardaient à se manifester pour récupérer leur part du trésor.
C'est pourquoi elle se retrouvait au ministère cet après-midi là, se préparant à délivrer un paquet à un soi-disant "cousin de Roumanie" dont elle n'avait jamais entendu parler avant. Sa mère ne s'était pas embarrassée de beaucoup d'explications. Elle lui avait simplement collé le fameux paquet entre les mains et demandé (comprenez "ordonné") de le remettre à un certain Arthur Batthyány qui, par pure coïncidence, se trouvait en ce moment à Londres. Vanda n'était pas franchement emballée à l'idée de rencontrer un nouveau membre de sa famille, même éloignée. Entre sa mère qui la tolérait à peine et Milán qui conspirait probablement sa mort, elle était déjà bien servie. Comme elle connaissait bien sa fille, Ráhel avait donc bien entendu insisté sur le fait que le concerné avait déjà été prévenu de sa venue et qu'il serait inacceptable de refuser maintenant. La fourbe.
À l'abri des regards désapprobateurs, Vanda n'avait pas pu résister à l'envie d'ouvrir le fameux paquet pour découvrir ce qu'il pouvait bien contenir. Après tout, si on voulait disposer d'elle comme d'un vulgaire hibou, se serait selon ses règles à elle. Mais le paquet ne contenait que des livres ; soit rien de particulièrement intéressant aux yeux de Vanda qui n'appréciait guère la lecture, préférant de loin les histoires qui se donnaient à entendre et à voir au théâtre ou à l'opéra. En revanche, la qualité d'entretien de ces ouvrages visiblement anciens indiquait qu'ils valaient probablement eux-aussi une petite fortune (mais pas autant que son opale, la hiérarchie familiale était préservée). Sa curiosité soulagée, elle avait remplacé l'emballage et jeté un rapide sortilège de ratatinage pour pouvoir transporter le tout dans sa poche sans s'embarrasser.
Ce n'est qu'une fois arrivée au Département de la coopération magique qu'elle se rappela qu'elle n'avait aucune idée à quoi pouvait bien ressembler ce cher cousin, s'il avait un bureau ou même s'il serait seulement au ministère quand elle arriverait. Heureusement, après avoir repéré les accents les plus est-européens et posé quelques questions, elle se retrouva finalement devant un homme d'une trentaine d'années, aux cheveux sombres et à l'expression sérieuse. Vanda frappa deux coups pour attirer son attention et le salua d'un sourire. « Vanda Héderváry, enchantée. Il parait qu'on est cousins. » Au troisième degré, c'est à dire le niveau zéro de la parenté. Au moins, si la rencontre se passait mal, ils n'auraient pas de difficulté à s'ignorer après ça. « Vous savez déjà pour dédi* Flóra, je suppose. Tragique, vraiment. On est tous effondrés. » Son expression blasée et le rire dans sa voix contredisaient ses mots. « Mais bon, elle peut pas être plus morte que ça maintenant. Et puis, vous perdez une grande-tante pour gagner une cousine. C'est pas si mal. » Un clin d'oeil et un petit sourire malicieux ponctuèrent sa phrase. Ses grands-parents auraient été horrifiés (mais pas surpris) d'un tel manque de respect, mais elle se moquait bien ce que l'autre pouvait bien penser d'elle. Elle sortit de sa poche l'objet responsable de sa venue, agitant le paquet (tout juste retourné à sa taille véritable par un sort d'engorgement) sous les yeux du diplomate. « J'espère que vous avez été sage, parce que j'apporte des cadeaux. »
* dédi = mot familier pour désigner son arrière-grand-mère en hongrois
- Arthur BatthyányMODO - Modérateur
- » parchemins postés : 834
» miroir du riséd : sebastian stan
» crédits : proserpine (ava)
» multinick : maximus / wywy / ofe / keir
» âge : trente-six ans
» situation : célibataire
» options obligatoires & facultatives :♞ DIPLÔMES ♞durmstrang : a.s.p.i.c. (1997 - 2004)
hungcalf : d.e.f.i.s. (grymm ; 2004 - 2014) sciences occultes ♘ option obligatoires : dcfm, potions, étude des runes ♘ options facultatives : histoire de la magie, sciences politiques et magiques
» profession : diplomate au Ministère de la Magie Bulgare, Département de la Coopération Magique Internationale / Chevalier d'Absolutum
» particularité : occlumens
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 5318
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: she's the giggle at a funeral | arthur
Dim 27 Fév 2022 - 19:07
04.01.22 | She's the giggle at a funeral ft. @Vanda HéderváryArthur n’avait jamais été sujet à l’émotion provoquée par le commencement d’une nouvelle année. Il s’en moquait bien. Le monde ne changeait pas parce qu’un nouveau chiffre venait remplacer l’ancien et ses affaires ne s’en trouvaient pas différentes. Quand ceux qui revenaient de vacances râlaient déjà de la lourdeur colossale de leurs dossiers, rêvassant déjà de leurs prochains séjours loin du gris perpétuel de Londres, le Roumain s’attelait à la tâche sans broncher. Il ne cherchait pas nécessairement à nouer des liens avec ses collègues du Département de coopération magique autres que ceux qui s’avéraient obligatoires pour la bonne marche de leurs affaires. Ce début d’année n’était donc en rien différent de tous les autres, à cela près qu’il se trouvait sur le territoire britannique, et non dans sa Roumanie natale.
Arrivé dans les premiers au Ministère de la Magie, il salua quelques têtes et passa en revue les derniers dossiers en date. Les élections arrivaient à grand pas et même s’il n’avait aucun pouvoir décisionnaire ni de vote sur la situation, Arthur ne se trouvait pas à Londres sans raison. Tel un serpent sournois, on lui avait donné pour mission de faire pencher la balance d’un certain côté plutôt que de l’autre, afin que le futur gouvernement britannique corresponde aux ambitions de Mère Russie. Le nez plongé dans quelques fichiers sensibles, on lui fit savoir qu’il était demandé par une jeune femme dont la description ne lui était pas familière. Il envisagea de la renvoyer chez elle sans même lui accorder la moindre attention, mais il n’était pas dans son pays et les apparences comptaient bien plus qu’on ne voulait l’admettre. Ici, il n’était qu’un étranger. Il referma donc son dossier et accepta de la rencontrer.
En la voyant, il lui trouva un air familier mais sans plus. Les traits de son visage n’avaient rien d’exceptionnels et sa beauté, bien que présente, n’était que singulière. Une chose lui paraissait néanmoins certaine : il ne la connaissait pas. De part son métier, Arthur se devait d’être un minimum physionomiste et cette femme-là ne faisait pas partie de ses rencontres récentes. Dès ses premiers mots, pourtant, il perçut chez elle un accent qu’il aurait reconnu entre mille et son nom alluma aussitôt une ampoule dans sa tête. Héderváry, voilà une famille qui ne lui était pas étrangère, puisqu’elle était liée à la sienne ! Il avait appris récemment le décès de la doyenne hongroise mais n’en avait ressenti aucune peine particulière. Autant parce qu’il ne l’avait jamais rencontrée que parce qu’il était imperméable à ce type de sentiments. Arthur représentait toute une nation, il n’avait que faire d’un pan de la famille à qui il ne parlait pratiquement jamais. On ne l’avait même pas convié à l’enterrement de la vieille femme et il n’y serait sûrement pas allé de toute manière.
« Oui, il semble en effet. Enchanté. » Elle connaissait déjà son nom, aucune utilité de le répéter. Il préféra l’écouter exposer la raison de sa venue et le ton qu’elle employait le laissait perplexe. Elle ne semblait avoir que peu de respect pour la défunte doyenne et il eut une légère grimace. Arthur n’était pas la plus aimante des personnes, mais la famille restait la famille. Parler avec tant de désinvolture d’un mort ne pouvait absolument rien apporter de bon. Qui avait élevé cette jeune fille, au juste ? Si sa mère l’entendait parler de la sorte, elle s’empresserait de la corriger. Ah les Hongrois et leur manque de tenue… Arthur fronça les sourcils mais garda les lèvres closes. Il attendait toujours la raison de la venue de Vanda et devinait sans peine qu’elle était liée au paquet qu’elle tenait entre ses bras. Il le prit et l’inspecta rapidement avant de l’ouvrir et d’y jeter un regard. Un bref sourire s’afficha sur son visage, avant de disparaître presque aussitôt. Il ne connaissait pas vraiment la vieille Héderváry, mais elle savait quelle entreprise était la sienne et ce que cela pouvait apporter à leur famille. Ainsi, elle lui avait confié ses livres les plus précieux sur le sujet. Il lui tardait de pouvoir les feuilleter un à un.
« Merci pour la livraison. Une cousine, donc ? Il ne me semble pas t’avoir déjà croisé. » Il se permit de la tutoyer car, de toute évidence, elle avait une bonne dizaine d’années de moins que lui. « Où étudies-tu ? »
|
|