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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Arthur gardait un visage froid et austère depuis quelque temps car les choses n’allaient pas comme il le désirait et il s’en trouvait fortement agacé. Il était obligé d’employer les grands moyens et parfois, ils faisaient plus de mal que de bien. Aujourd’hui encore, il ne savait pas si cette excursion avec Ian allait mener à quelque chose de bon ou de mauvais. Le Roumain avait seulement promis de lui venir en aide s’il lui en faisait la demande et voilà où il en était désormais, à le rejoindre dans un pub pour se lancer dans une aventure potentiellement dangereuse. Arthur n’était plus à ça près. Il en avait vu des pires lors de ses recherches des Joyaux. Des meilleures aussi, cela dit.

Il traversa la rue et entra dans le café moldu à peine quelques minutes avant l’heure de rendez-vous fixé et pu rapidement constater à son visage dans la foule, que Ian l’avait devancé. Une première. Il le rejoignit prestement, retira son veston et serra la main tendue de l’Auror en guise de salutation. À peine furent-ils assis que celui-ci s’enquit de son état, ce à quoi il répondit par un bref « Bien, et toi ? » de rigueur lorsque l’on avait été, comme lui, élevé dans le respect de la politesse et de la bienséance. Arthur jeta un oeil à peine intéressé sur la carte des boissons puis haussa les épaules en direction de son ancien camarade d’école.

« Un café, s’il-te-plaît. Noir, sans sucre. »  Il entendait déjà les aficionados des sucreries grincer des dents à l’évocation d’une boisson aussi terne qu’elle était amère. Ian ne tarda pas à mentionner la raison de leurs retrouvailles. Le Roumain écouta sa question puis se pencha en avant pour lui répondre avec discrétion. Ils se trouvaient parmi les moldus et, de ce fait, ils devaient faire preuve d’une précaution extrême.

« J'ai pris contact avec l’homme que l’on va voir et il est disposé à nous rencontrer. Néanmoins, je ne peux pas garantir qu’il s’occupera de notre problème en priorité, ni qu’il acceptera de le faire. Certes, il m’est redevable mais je ne le forcerai pas à réaliser cette tâche. » Son café fut posé devant lui sur la table et il le huma quelques secondes avant d’en prendre une gorgée brûlante. Puis, il reprit là où il s’était arrêté.

« Ne cherche pas à lui cirer les pompes pour obtenir de lui ce que tu souhaites, il déteste cela et se braquera. Ne sois pas trop virulent non plus. Le mieux est de ne parler que s’il t'y invite, notamment par une question. S’il vient à t’en poser une, sois bref et concis, il n’aime pas les digressions et moi non plus d’ailleurs. Ne mentionne ton lien émotionnel à T’Chaba que s’il le demande. En général, il réalise son travail sans forcément vouloir déterrer tous les secrets sur son chemin. Est-ce bon pour toi ? » Nouvelle gorgée de café, plus longue cette fois alors que son regard ne quittait pas celui de Ian.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Arthur se montra minutieux dans ses explications car il n’y avait pas de place pour l’improvisation dans la tâche qu’ils s’apprêtaient à accomplir. L’erreur n’était pas permise et si elle devait montrer le bout de son nez malgré tout, c’était de façon minime. Ce coaching était rudimentaire, mais nécessaire. Il comptait sur le professionnalisme de Ian pour garder un comportement exemplaire, même si cette situation pouvait enfreindre tous les codes de conduite de l’Auror. Arthur n’enfreignait pas volontairement les règles mais il ne pouvait pas en dire autant pour ses contacts, bien utiles en cas de pépin. Cette mission en était la preuve flagrante. Arthur savait choisir les personnes à qui il rendait service et qui, ultimement, lui revaudraient la même. Cela ne pouvait être qu’un fichier effacé, une ligne supprimée ou une date oubliée… et ils devenaient redevables pour un nombre incalculable d’années. Car le Roumain prenait son temps pour réclamer son dû, attendant le moment opportun pour se manifester. Le service qu’il rendait à Ian, aujourd’hui, n’était pas identifié comme payant et pourtant, Arthur gardait précieusement dans un coin de sa tête la possibilité que l’Auror lui rende la pareille un jour prochain. Il lui suffirait d’évoquer le nom de T’Chaba pour que son ancien ami accepte l’aide demandée. Venant d’un Auror, l’opportunité ne se refusait pas.

Satisfait de la réponse de Ian, ils finirent par se mettre en route côte à côte. Il n’était pas mécontent de la façon dont l’Australo-Ecossais avait pris les choses, d’autres pouvaient se montrer bien moins coopératifs, surtout lorsqu’on leur donnait des ordres comme il venait de le faire. Bien que son esprit ne fusse pas totalement léger, Arthur se sentait confiant pour cette rencontre. Il savait à qui il avait affaire, pourquoi et quel était le but recherché. La seule chose qu’il ne contrôlait pas, c’était Ian et il l’avait suffisamment cadré pour que celui-ci ne tente pas l’improbable. Pourtant, ce n’était pas une garantie valable. Le Roumain se préparait toujours au pire. Ainsi, il n’était jamais pris au dépourvu et au mieux, il ressortait content.

« L’homme qu’on va voir n’est pas un très bon duelliste, mais il est rusé, rapide et surtout, son atelier est truffé de combines pour l’aider à s’échapper au besoin. » Il omit de spécifier “en cas de descente des Aurors” pour ne pas le faire tiquer. « Si les choses se passent mal et que nous n’avons pas l’opportunité de transplaner hors de l’atelier, n’hésite pas à recourir à la force physique. Il s’attend toujours à ce que nous, sorciers, sortions nos baguettes pour nous défendre ou attaquer et de ce fait, il verra venir moins vite une attaque plus physique et surtout, frontale. Ah et… évite de donner ton nom. » Pour des raisons évidentes. Cet homme-là ne marchandait pas avec des Aurors et il possédait une liste de noms qu’il avait sûrement apprise par cœur au fil des années. Il espérait que ce dernier ne connaisse pas le visage de Ian car si tel était le cas, alors oui, ils étaient en train de se fourrer dans un sacré pétrin et sortir de là indemne leur demandera plus d’effort que prévu. Arrivés à destination, Arthur fit craquer les articulations de ses mains, inspira profondément puis, d’un geste habile, sortit sa baguette de son étui. Quelques mouvements de poignets plus tard, la porte devant eux s’ouvrit par magie. Arthur entra le premier dans l’antre du faussaire.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Arthur opina du chef, gardant le silence. Il ne pouvait pas se payer le luxe d’utiliser un pseudonyme car l’homme qu’ils venaient voir ne connaissait que trop bien son visage et son nom. Les circonstances de leur rencontre avaient anéanti les chances d’anonymat mais le Roumain n’était pas disposé à s’épancher sur le sujet auprès de Ian, un Auror certifié. Qu’il puisse passer inaperçu ce soir était déjà une réussite en soi. Malgré son expérience, Arthur ressentait une certaine pression en entrant dans la boutique. Cette opération demandait finesse et diplomatie. Bien qu’il n’en manquait pas, Arthur avait conscience que la moindre erreur pouvait signer leur arrêt de mort… ou au moins engendrer de graves blessures.

Le Roumain se fit prudent en parcourant le premier mètre après la porte d’entrée. Dans ce petit couloir, il faisait volontairement sombre pour rendre les visiteurs plus vulnérables, le temps que leurs yeux s'acclimatent à l'obscurité ambiante. Arthur, parce qu’il savait fort bien dans quoi il allait tomber, s’habitua rapidement à cet environnement étrange et angoissant. La pièce principale de la boutique ne payait pas de mine. Les seules lumières agrémentant le lieu étaient artificielles. Tout, jusqu’au mobilier, avait été conçu pour mettre les potentiels clients mal à l’aise. Ainsi, ils savaient dans quoi ils s’embarquaient en marchandant avec lui. Il sentit la présence de Ian à ses côtés, se décala sur la droite puis avança jusqu’à l’homme qui les attendait, vraisemblablement prévenu par un quelconque enchantement de leur arrivée. De ceux qu’Arthur utilisait pour ses logements, même temporaires. Un bref signe de tête plus tard, il s’arrêta à quelques mètres du sorcier. Les salutations furent tout aussi succinctes et dans le ton de leur voix, on pouvait sentir toute la tension qui les habitait. N’étant l’un comme l’autre pas disposé à parler inutilement, ils en virent vite au sujet de leur visite : plonger dans les souvenirs de la baguette magique d’un mort. Mais ça, il n’en avait pas fait mention au vendeur/trafiquant/faussaire.

« C’est un service que je te demande. » Arthur ne précisa pas qu’il lui en devait un car primo, l’homme le savait déjà fort bien et deuzio, se le faire rappeler risquait de le mettre dans de mauvaises dispositions. Demian, le propriétaire des lieux, fixa longuement le diplomate puis s’attarda sur l’homme qui l’accompagnait. Son attention fut un peu plus longue et il alla même jusqu’à froncer les sourcils. Arthur, s’il le vit faire, ne manifesta aucun signe d’inquiétude pour ne pas mettre la puce à l’oreille du marchand. S’il ne doutait qu’un seul instant de l’identité de Ian, ils n'obtiendront jamais les informations dont ils avaient besoin pour continuer leur enquête. Un long silence plus tard, pendant lequel le Roumain eut une parfaite gestion des battements de son cœur et de sa respiration, Demian reporta son attention sur lui et sa tête bougea de haut en bas. Il tendit la main en direction de l’Auror, ses yeux plus clairs qu’un ciel d’été semblant percer le crâne de Ian. Il savait sans même qu’il y ait besoin de le dire qu’il possédait la baguette en question. Par ailleurs, il ne posa pas plus de questions sur son propriétaire, comme prévu. Mort ou vivant, cela lui importait peu.

« Cela prendra quelques minutes. Installez-vous. » Il désigna d’un mouvement d’épaules les rares chaises un peu vieillottes disposées derrière une table, qui devait faire office de bureau pour la conclusion de ses affaires. Alors que Demian disparaissait derrière une épaisse tenture sombre, Arthur s’installa à l’endroit indiqué et chassa une poussière de sur son épaule. Il tourna la tête vers Ian et tapota plusieurs fois son oreille de son index, cherchant à lui faire comprendre que leur conversation était sous écoute.

« Cela se passe bien, il sait ce qu’il fait. »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ian s’était montré prudent et n’avait pas fait preuve de son caractère d’Auror. Il était même resté silencieux en donnant la baguette à Demian, qui avait disparu sans demander son reste. Assis sur une chaise peu confortable, Arthur tourna la tête vers son acolyte du moment alors que ce dernier lui répondait. Ils gardèrent le silence de longues minutes durant, ce qui ne gêna pas le diplomate. Il savait de source sûre qu’ils étaient sur écoute et il préférait largement cela à une discussion futile pour combler les minutes. Il n’en avait pas besoin.

Il se leva lorsque le faussaire réapparu et sa remarque lui tira un rictus mauvais. Il lui faisait toujours le coup donc le Roumain s’y était préparé, même s’il aurait préféré que cela ne se produise pas. Demian se savait en position de force et en profitait allègrement. Arthur jeta un regard vers Ian et inspira profondément. Ce fut l’Auror qui apporta de quoi faire parler le sorcier et celui-ci s’empressa de le compter avec une minutie imparable. Presque maladive. Il leva ensuite la tête vers les deux hommes, les avisa et sembla se raviser face au regard du diplomate.

« Il n’y allait pas de main morte avec sa baguette, c’ui-là. Beaucoup de sorts d’attaque. Le dernier, cependant, est surprenant… » Arthur tendit l’oreille, attentif et intrigué.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Avec le temps, Arthur avait appris à faire preuve d’un grand sang-froid et ce, en toutes situations. Face à un homme comme celui-ci, il n’y avait pas d’autre solution possible : il fallait rester stoïque, droit dans ses bottes et ne pas flancher. Rallonger la somme n’était pas contraignant aux yeux du Roumain, qui s’y attendait. Il fréquentait Demian depuis un petit moment maintenant et l’homme était avare, filou et peu enclin à la négociation. Il ne chercha même pas à discuter le prix demandé et attendit que Ian s’exécute. Enfin, les pièces d’or suffirent à délier la langue du sorcier, qui leur apprit une grande nouvelle : un sortilège impardonnable avait été usé comme dernier sort, restait à savoir sur qui. La curiosité d’Arthur s’emballa mais il ne pouvait pas dire qu’il était surpris par cette nouvelle. Vu ce qu’il savait de T’Chaba, l’homme n’était pas un sain et il devait avoir utilisé ce sort plus d’une fois. Arthur, lui-même, en avait déjà fait usage par le passé. Pouvait-il donc réellement juger ?

Demian n’en resta pas là, cependant, et démontra à quel point il était doué dans son domaine. Il ne pouvait pas fouiller cette baguette sans tomber sur l’identité de Ian, ils auraient dû s’en douter dès le départ, et le sourire qu’il eut pour l’Auror était annonciateur d’ennuis. Arthur leva les yeux vers l’origine du bruit qui se faisait de plus en plus présent dans la pièce et sortit vivement sa baguette.

« On reparlera de ça Demian » ragea le diplomate en attrapant son camarade par la veste pour le tirer en arrière. Il le poussa alors vers la sortie alors qu’au-dessus d’eux, à travers le plafond, ils pouvaient entendre les pas se faire plus rapides et lourds avec un seul objectif : Ian. Mais Arthur n’était pas naïf. Maintenant que Demian était libéré de sa dette envers lui, il avait l’opportunité de lui causer du tort. Il n’allait certainement pas attendre que ce dernier ait une fenêtre d’ouverture et il pouvait compter sur les réflexes de son ami pour s’en sortir. Il parvint à mettre une première cloison entre eux mais cela n’allait pas être suffisant. Il fallait remonter à la surface et la sortie était actuellement très éloignée.

« Le couloir jusqu’à la sortie est sombre et probablement truffé de pièges. On tente le coup ? T’es prêt ? » Avaient-ils le choix ? Il ne savait pas pourquoi Demian voulait s’en prendre à Ian mais ce n’était sûrement pas personnel. Il comptait sûrement le remettre à quelqu’un qui avait une dent contre l’Auror suite à une intervention/arrestation…

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Arthur n’arrivait pas à croire qu’il s’était encore fourré dans un tel pétrin. Le mauvais sort le poursuivait jusque dans ses relations amicales et il ne parvenait pas à déterminer s’il en était l’unique responsable ou si une force supérieure jouait avec ses nerfs. En grand superstitieux, il envisageait une punition cosmique suite à un verre brisé ou une parole prononcée au mauvais endroit au mauvais moment. Il tourna la tête vers Ian et se demanda si ce désordre ne venait pas, au contraire, de leur amitié retrouvée. Il avait choisi de mettre le nez dans des histoires qui ne le concernaient pas. De ce fait, pouvait-il donc vraiment se trouver surpris d’être dans une situation aussi catastrophique ?

À la vue du couloir devant lui, il su que leur chemin n’allait pas être facile. Demian n’était pas un idiot, il avait fait ce qu’il fallait pour que ses adversaires ne ressortent pas de chez lui sans, au moins, un pieu planté dans le dos. S’il ne connaissait pas le détail de ses pièges (de quoi ils étaient composés, notamment), il n’ignorait pas leur existence. Prudence était de mise et il le fit rapidement savoir à Ian, qui seconda son sort de sa baguette. La lueur au bout de l’objet magique en bois leur permettait de discerner un bon mètre devant eux, mais pas plus. Ce n’était pas rassurant. Pas plus que la dalle qui se substitua à la simple pression du bout de sa chaussure. Un sol piégé, bien évidemment. Pourquoi faire simple ? En un instant, il vit la baguette de l’Auror voler derrière eux et dans un réflexe naturel, immobilisa la silhouette adverse. Il faisait trop noir pour retrouver la baguette au sol et si Arthur envisageait de la récupérer d’un Accio, une nouvelle attaque détourna son attention. D’un geste rapide du poignet, il initia un Locomotor couplé d’un sort de lévitation sur les différents objets autour d’eux et s’en servit comme bouclier face aux diverses attaques venant de l’autre côté du couloir. Ainsi, ils purent faire un premier pas.

« Je n’arrive pas à transplaner, il a dû user d’un sortilège pour bloquer la sortie par magie. Il faut passer de force. Je n’aime pas procéder ainsi mais on pourrait les déstabiliser en lançant un sort explosif. Un bombarda, par exemple ? Cela devrait les déboussoler suffisamment longtemps pour qu’on puisse déjouer les pièges devant nous. Demian est un amateur d’hallucinations, je te préviens. Si tu vois T’Chaba, fuis. » Quand à lui, il s’attendait à voir Isabelle et quelques minutes après avoir fait exploser une petite parcelle de l’extrémité du couloir, elle se présenta à lui. Même s’il savait que ce n’était que fourberie, Arthur se sentit déstabilisé et se maudit pour cela. Il ne voulait pas se faire avoir par une magie aussi primaire. Le diplomate ferma les yeux, se concentra, les rouvrit et tenta de discerner les silhouettes à travers la fumée des gravats.

« Attention ! » Il poussa Ian contre le mur pour leur éviter une salve de magie bleue et le choc actionna un nouveau piège. Le sol sembla se dérober sous eux. Arthur se plaque contre le mur, sur la pointe des pieds.

« Rahat* ! Il veut vraiment notre peau. Tu crois qu’un portoloin fonctionnerait ? » Même s’ils n’avaient pas l’autorisation d’en créer un…

*Merde

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Arthur ne vit pas son partenaire user de manumagie pour récupérer sa baguette et c’était bien mieux ainsi, car le moment n’était pas à la réflexion mais à l’action. Entre les attaques répétées de leurs adversaires et les pièges mis en place par Demian, ils devaient rester concentrés au maximum. Voir Isabelle ne le surprit pas et même s’il se reprit bien vite, la distraction fut suffisante pour le faire douter. Il n’aimait pas douter, encore moins de lui-même. Chaque geste s’enchaînait à une vitesse folle et le Roumain savait que seule son expérience sur le terrain lui permettait d’échapper au pire. Si on le prenait facilement pour un homme de bureau bon qu’à faire couiner la secrétaire, il ne comptait plus le nombre d’aventures en terres sauvages à son actif. Elles l’avaient doté d’un bon sens de l’observation et de réflexes salutaires… Comme lorsque le sol se déroba sous eux. Il eut la rapidité nécessaire pour ne pas se faire happer par le vide comme son partenaire, qu’il regarda grimper jusqu’à la terre ferme. Fichu Demian, il ne les ménageait pas et sa fourberie n’avait aucune limite ! Ils se retrouvèrent d’un côté du trou - pas le bon - et s’il suggéra un portoloin, ce fut en sachant pertinemment que cette idée n’avait aucun sens, en plus d’être potentiellement mortelle. Mal exécutée, ils pouvaient se retrouver démantelés lors du transport.

Arthur plaça son bras devant ses yeux juste à temps avant que Ian ne crie son sort à la volée. L’initiative leur permit de reprendre l’avantage sur leur adversaire et il regarda l’Auror s’envoler comme un papillon par-dessus la crevasse.

« Occupe-toi plutôt de l’autre gars derrière toi ! » Il n’avait pas besoin qu’on le “rattrape”, mais plutôt qu’on lui assure une arrivée sans adversaire à combattre en sus. Diplomate, certes, mais pas couillon non plus. Ce n’était pas le premier fossé qu’il traversait d’un bond, ou le premier obstacle paraissant infranchissable qui se dressait devant-lui. Les grottes du Pérou étaient bien plus dangereuses que ce couloir et il y avait survécu. Pourquoi pas là ? Il prit néanmoins un peu d’élan pour s’assurer une bonne traversée, puis joua avec le poids de son corps pour donner assez de puissance à son saut. S’il ne fut pas aussi magistral que celui de Ian, il eut le don de le faire arriver à bon port, à ses côtés.

« Allez, ne perdons pas de temps. Je commence à en avoir marre de ces conneries. » Grâce au Revelio précédemment lancé par l’Australo-écossais, ils évitèrent sans mal les pièges les plus simples qui suivirent. Tout, dans ce couloir, était fait pour les désarçonner, pour leur mettre le doute sur ce qu’ils voyaient ou faisaient en tout temps. Il fallait avoir un mental d’acier pour le parcourir sans devenir fou ou se faire mortellement blesser. Et bientôt, il ne leur resta qu’un petit mètre avant de toucher du doigt la porte qui leur accorderait le salut. Une fois à l’extérieur, ils pourront faire appel à de la magie plus puissante, jusque-là entravée par l’esprit étriqué de Demian. Mais à peine s’en approchèrent-ils qu’une nuée de petits oiseaux vicieux se jetèrent sur eux, piquant chaque morceau de peau se trouvant à leur disposition.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ces petites agressions microscopiques faisaient plus de mal qu’on ne pouvait le penser et Arthur jura plusieurs fois dans un roumain abrupt lorsque l’un de ces bestioles parvenait à lui retirer un morceau de chair. Ils auraient aisément pu s’en sortir s’il n’y avait eu qu’une petite dizaine de ces volatiles mais leur nombre ne cessait de croître au fil des secondes. Plus ils en décimaient, plus ils revenaient à l’assaut. La moindre de leurs attaques ne faisait que les encourager à les tirailler davantage. Avec tout ce qu’ils venaient de traverser, Arthur ne possédait plus la patience nécessaire pour traiter ce genre d’événement mais fort heureusement pour lui, il parvint à garder son sang-froid. La porte était là, juste tout contre eux et il ne leur suffisait que de la forcer pour l’ouvrir. Le seul obstacle résidait en ces petites bestioles qui leur faisaient du mal et les empêchaient donc de se concentrer suffisamment longtemps pour parvenir à leurs fins. Mais dans leur malheur, les sorciers possédaient un avantage : ils étaient deux et ce simple fait pouvait tout changer. Sans plus attendre, Arthur attrapa Ian par l’avant-bras et le tira derrière lui, au plus près du verrou de la porte. Sa mission allait être simple et pourtant essentielle à leur survie.

« Je m’occupe d’eux. Toi, ouvre-nous cette fichue porte ! » Le diplomate évita de justesse un coup de bec dans l’un de ses beaux yeux bleus et agrippa le bois de sa baguette avec force. Il puisa dans toutes ses forces pour lancer le sort suivant et donner à Ian quelques secondes de répit pour les sortir de là.

« Repulso ! » Le sort ricocha sur les animaux voraces qui reculèrent, jusqu’à s’écraser contre les murs pour certains. L’intensité avec laquelle il avait lancé sa formule était efficace mais Arthur, déjà bien amoché, ne saurait la maintenir éternellement. Déjà, sa seconde offensive se montra plus faible et ne toucha qu’une petite partie des volatiles. Désormais, il comptait sur Ian pour faire au plus vite.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Arthur sentait chaque petite bestiole lui arracher un bout de peau, un à un. L’adrénaline provoquée par l’action qu’ils vivaient depuis quelques minutes lui empêchait de ressentir la douleur mais une part de toi savait qu’une fois celle-ci retombée, ça allait piquer. Pas la pire sensation qu’il eut expérimentée à ce jour mais pas la plus agréable non plus, qu’on se le dise ! Mais son sacrifice temporaire eut au moins le don de leur venir en aide puisqu’il donna suffisamment de temps à Ian pour ouvrir la lourde portée passée une heure plus tôt. Une fois à l’extérieur - supposément en sécurité mais d’aucun ne pouvait réellement en être certain - il souffla longuement et eut un sourire étrange. Il devait au moins admettre que Demian était un gars sacrément inventif qui ne reculait devant rien et n’ignorait pas que c’était pour cette raison qu’il avait eu affaire avec lui par le passé. Un sorcier seul aurait du mal à déjouer tous les pièges tendus par un tel génie des sortilèges… à moins d’en être un lui-même. Après avoir accepté le mouchoir de l’Auror et effacé en grande partie les traces de sang frais sur sa peau, il se tourna vers lui.

« Je le savais capable de telles choses mais les vivre est définitivement différent. On devrait s’éloigner avant qu’il ne pense à continuer ça dans la rue. » Moldus ou non, on parlait d’un homme capable de tous les vices et intelligent. Peu importe comment il essaierait de les atteindre en pleine territoire non-maj, il réussirait sûrement ! Le silence qui suivit les propos de Ian lui fit froncer les sourcils. Comptait-il la finir un jour ou… ? Arthur remarqua alors son air totalement absent et cela lui parut durer une éternité. Pendant un instant, il s’inquiéta que Demian ait réussi à atteindre l’Auror à distance car il tenait des propos incompréhensibles hors de leur contexte.

« De quoi parles-tu ? De qui, plus exactement ? T’Chaba ? Tu as des raisons de penser qu’il t’a fait subir ce sort ? » Voilà qui serait encore plus intéressant… Car peu importe ce qu’il lui avait fait faire, Ian ne semblait pas s’en souvenir. Or, il ne se serait pas donné cette peine si l’action en question n’était pas importante. Lancer un sort impardonnable sur un Auror… il devait saluer le culot du sorcier ! Il aurait pu être un atout considérable dans sa recherche des Joyaux si Arthur n’avait pas aussitôt reconnu en lui l’essence de la trahison et de la perfidie.