Décembre 2022

T'es dans la salle commune, comme souvent entre deux cours. C'est un des rares endroits que t'as bien repéré dans le château, t'arrives encore régulièrement en retard en cours parce que tu t'es paumé, alors ici, au moins, tu te sens un peu... disons en sécurité. Puis ça te fait un point de repère, un point de chute au quotidien.

Comme toujours ou presque, t'es plongé dans un livre de dragonologie. Comme toujours ou presque aussi, t'as ton appareil photo à portée, pendu autour de ton cou. Pourquoi ? Pourquoi pas, surtout... Tu sais bien qu'on te regarde parfois bizarrement pour ça, mais tu t'en rends même pas vraiment compte, tout plongé que tu es dans ton univers. Et t'as presque fini ton ouvrage, à force, et ça, c'est ta petite victoire personnelle de jour.

Pourtant, alors que t'attaques ton dernier chapitre, une mélodie d'abord diffuse vient trancher le silence studieux de la salle commune. T'as même pas vraiment fait gaffe s'il y avait du monde, au départ, mais maintenant que la voix s'élève, un peu plus forte à chaque minute qui passe, tu relèves la tête de ton livre. Et tu restes fasciné. Parce que la fille, là-bas, elle a aussi des cheveux de feu, et ça, t'es en admiration totale. Comme Cat en cours de sortilèges, là... Mais pas les mêmes. Tu restes un moment à comparer les teintes de leurs mèches rousses, songeant que celles-ci sont plus rougeoyantes quand celles de Cat tirent davantage vers les flammes. Un peu moins longues aussi, et moins disciplinées peut-être. Est-ce qu'elles auraient la même texture ? Tu t'interroges sur ce que ça pourrait donner au toucher, mais t'es trop loin, puis t'as pas - encore - touché ceux de Cat non plus, donc t'aurais pas de point de comparaison. Faudrait que tu testes, pour voir - tu te rends même pas bien compte que ce geste serait probablement déplacé.

Et la voix de la fille monte en puissance, accentuant ta fascination. Tu sais pas d'où ça lui vient, tu comprends pas trop bien ce qui se passe, mais t'es clairement au spectacle. Et elle sur une estrade imaginaire qu'elle occupe de façon grandiose. Alors tu poses ton livre soigneusement, un joli marque page orné d'un dragon d'or signalant l'avancée de ta lecture, et t'empares de ton appareil photo, ne te préoccupant pas une seconde de l'acceptabilité de ta démarche - ça ne t'effleure même pas l'esprit que ce puisse être dérangeant.

Et alors qu'elle s'éclate sur sa scène irréelle, ton flash irradie la pièce comme tu cherches à saisir cet instant hors du commun sur un de tes nombreux clichés volés...

@Emmy Robinson (quand tu peux, no pressure !)

J’aime bien changer d’endroit pour travailler sur ma thèse. De temps en temps à la bibliothèque, quelques fois dans un salon de thé, souvent chez moi, et parfois dans la salle commune des Elthered. L’heure du rendu écrit approche. Enfin c’est dans trois mois, mais cela va venir vite et j’ai encore pas mal de chose à rectifier, à compléter. J’ai l’impression qu’il me manque des données, et pourtant, j’ai déjà écrit un bon pavé. C’est bien la première fois que je sens la pression sur les épaules. Je ne veux pas louper ma thèse. Je veux terminer ces études pour ensuite vivre de mon métier. Oh je sais bien que ce ne serait qu’une porte ouverte, et qu’il me reste à avancer mais ce sera toujours une étape de faite.

Je m’installe sur une table dans la salle commune. Je suis tranquille, il n’y a personne. J’essaye de m’y mettre mais bizarrement je n’arrive pas à me concentrer. Depuis ce matin, j’ai une chanson qui tourne en boucle dans ma tête.
Le regard fixé sur un parchemin avec des hiéroglyphes, je commence à fredonner, sans même m’en rendre compte.

« oh come on baby, let me touch the sky. »

Je bats la mesure avec ma plume, et commence à chanter à voix basse. La musique m’envahit et je ferme un instant les yeux, adossée à la chaise. J’ai l’impression d’entendre le groupe de rock jouer.

« wow yeah, won’t you come with meeee ? »

« Tum, tum, tututum. »

Mes mains miment le batteur, tout en accompagnant le rythme produit avec ma bouche. Très vite, je me mets debout et enchaîne avec le solo guitare électrique.

« Wowowooooow. »

Il n’y a personne après tout, alors je peux chanter comme je veux. Je suis sur scène et j’occupe l’espace, dans mon petit monde imaginaire. Comme ça fait du bien de relâcher la pression !
Et là, paf ! J’ouvre les yeux et stoppe direct, telle une statue. Etait-ce un flash de lumière ?
Mais oui ! Finalement je ne suis pas seule ! Heureusement le ridicule ne tue pas, sinon je serai morte plus d’une fois.

« J’ignorai qu’il y avait un paparazzi dans la salle. »

Je suis amusée de la situation, et je me rapproche de lui. Je ne crois pas l’avoir déjà vu.

« Désolée, je pensais être seule. »

A priori cela ne l’a pas vraiment dérangé, vu qu’il a sorti son appareil photo.

« Au fait, je m’appelle Emmy. »

T'es complètement au spectacle. Et comme un gosse, t'as des étoiles plein les yeux. Toi, ces moments-là, tu les trouves précieux, et magnifiques. Le ridicule, même si tu l'expérimentes d'une certaine manière, puisque t'as souvent ce retour des autres, tu le reportes jamais sur personne, parce que tu as du mal à en comprendre le concept, en fait. La fille s'éclate, et c'est tout ce qui compte, non ? Pourquoi on devrait se mettre des barrières quand ça fait de mal à personne ? Tu comprends très bien les règles morales qui régissent la vie en société - même si en vrai, t'en as pas besoin, toi tu ferais pas de mal à une mouche - mais tu piges vraiment pas qu'on impose des façons de voir les choses, des façons d'être aux autres. Et quand tout au contraire, tu vois des gens qui font ce qu'ils veulent, tu trouves ça beau, tout simplement.

Alors ton flash irradie la pièce. Aïe. La fille se stoppe instantanément, et tu baisses ton appareil, un peu déçu, d'une part, et un peu pris en faute aussi.

« J’ignorai qu’il y avait un paparazzi dans la salle. »

Oups. Tu te mords un peu la lèvre, mais la fille a encore le sourire aux lèvres, alors tu espères qu'elle n'est pas fâchée. C'était pas ton but du tout de l'embêter, tu voulais juste faire une belle photo. Elle s'approche, et tu la regardes faire sans rien dire, te demandant un peu à quelle sauce tu vas être mangé.

« Désolée, je pensais être seule. »
- Non c'est rien. Enfin moi, désolé, je voulais pas te déranger...
« Au fait, je m’appelle Emmy. »
- Luan !

T'as un grand sourire sur les lèvres, parce que visiblement, la fille t'en veux pas trop, et ça te soulage grandement. Ca te dit pas ce que tu dois faire maintenant pour autant, et après une seconde de flottement, tu finis par lui montrer la photo sur l'écran de visualisation de ton appareil.

- C'est pas des photos d'art, hein, c'est juste... des trucs que j'aime bien...

Ton accent s'entend toujours beaucoup, révélateur de ton origine extérieure au Royaume-Uni, mais à vrai dire, ça non plus, tu t'en formalises pas. C'est pas comme si c'était un secret que t'étais pas né ici, puis rien qu'à te regarder, y a des indices... Quoi que tu pourrais avoir des origines et être natif des îles britanniques quand même, mais bref. Ton esprit s'égare sur ces considérations autant que sur les souvenirs qui défilent avec les photos prises ces dernières semaines. Des détails de l'université, le Loch, un phare au loin, des gens random pour des détails qui peuvent sembler insignifiants, un pli sur une robe, la lumière sur une veste, une fleur inconnue, la couverture d'un livre un peu travaillée, et des cheveux roux. Tu regrettes un peu de pas avoir pris une photo de Wyatt l'autre jour, mais tu te dis que t'auras d'autres occasions. Le garçon avait un sourire rayonnant, t'aurais bien aimé le fixer sur un de tes clichés...

Luan n’a pas l’air très à l’aise mais il a un très joli sourire. Je comprends son malaise. Et une autre fille se serait certainement offusqué de son geste indélicat. Mais je suis Emmy, et par le passé j’ai déjà été sur scène devant un public. Et puis bon, ce n’est pas comme s’il m’avait surpris complètement nue. Et même cela, pas dit que j’aurai été gênée.
Il souhaite me montrer la photo et j’en suis ravie. Je suis juste légèrement déçue de constater qu’il s’agit d’un appareil moldu. Je trouve les clichés magiques beaucoup plus vivants. Celle-ci ne bouge pas. Elle me fige alors que j’étais en mouvement. Je ne suis pas vraiment emballé mais si cela lui fait plaisir…
Par contre, les autres photos sont plus intéressantes, notamment le jeu de lumière sur le vêtement. Il est fort pour prendre les détails.

« Je vois que tu aimes les chevelures rousses. »

Je ne sais à qui appartient cette chevelure mais ce n’est pas la mienne. Et ce n’est en rien une critique, je suis juste un peu taquine.

Je m’installe sur l’accoudoir du fauteuil.

« Tu es étudiant en Arts ? »

Je continue de regarder les photos.

« Dis donc, celle-ci est très jolie aussi ! »

La couverture d’un livre sublimée par la lumière environnante. Il y en a d’autres qui m’intéressent moins, qui sont un peu plus banales. Cependant, je note tout de même qu’il a le regard pour les détails et sait les mettre en valeur.

@Luan Nguyen

Tu lui montres tes clichés sans plus y réfléchir, pas vraiment conscient de ce goût pour les détails qui te caractérise et que tu dévoiles peut-être trop facilement. T'as jamais été très doué pour savoir quelles étaient les limites dans quelque domaine que ce soit, t'essaies de pas trop dénoter au jour le jour mais faut dire ce qui est, les codes, les normes, t'as bien du mal avec.

« Je vois que tu aimes les chevelures rousses. »
- Oui, c'est vrai... C'est qu'il n'y en a pas beaucoup par chez moi...

Effectivement, c'est une autre chevelure rousse au moment où ils parlent, qui s'affiche sur l'écran. Le sourire de Luan s'étire un peu plus. Elle fait un peu peur, la dragonne, mais il l'aime bien.

« Tu es étudiant en Arts ? »
- Non, en médicomagie. Je veux soigner les maladies et blessures liées aux dragons.

Rien à voir. Et tu te rends même pas compte de l'incongruité de la chose. Tu t'es jamais posé la question plus avant en vrai, pour toi c'est une évidence : tu veux travailler avec les dragons. Ca t'empêche pas d'avoir ce regard fasciné par des détails aberrant pour beaucoup, qui donnent ces photos qu'elle est en train de faire défiler.

« Dis donc, celle-ci est très jolie aussi ! »

Tu te penches pour regarder avec elle, et ta tête frôle la sienne, mais tu ne sembles même pas t'en rendre compte.

- Ah oui ! En plus t'as vu, c'est un livre de dragono ! Mais c'était joli avec le rayon de soleil là, alors voilà...

Faudrait pas non plus te demander de faire un exposé sur tes photos, t'en es clairement pas capable. Toi tu fonctionnes tellement au feeling, tu te poses vraiment pas de question. Tu fais juste ce qui te plaît, et tant que ça dérange pas les autres, y a pas de souci, n'est-ce pas ?

J’ai ma réponse concernant ses origines. Je sais déjà qu’il n’est pas Britannique, vu sa réponse concernant les cheveux roux. Il est asiatique mais quel pays exactement ? Aucune idée.
Bon par contre, je me suis plantée sur ses études. Rien à voir. Je trouve que les étudiants en médicomagie ont bien du mérite. Il doit certainement être dans ses premières années car il me paraît jeune. Sait-il dans quoi il se lance ? Tout comme l’archeomagie, ce cursus est long. Mais j’ai l’impression qu’il est encore plus difficile que celui que je suis, certainement parce que je suis plus à l’aise avec tout ce qui est littéraire, qu’anatomique. Enfin sur ce dernier point, je peux avoir des connaissances, mais pas tout à fait de la même façon…

« Dis donc, tu ne te serais pas trompée de cursus ? Parce que tu me parles beaucoup de Dragons, il faut croire que ces créatures te plaisent. »

Que fait-il alors en médicomagie ? Ne serait-il pas mieux en magizoologie ?
Je sais que la Chine respecte beaucoup ces créatures. Serait-il Chinois ?
J’espère que je n’ai pas mis le doigt là où il ne fallait pas. Je suis un peu experte en la matière, malgré moi.

« En tout cas, il faut que je te présente Wyatt. Il bosse avec les Dragons. »

Autant faire marcher les relations. Il est clair que ce jeune homme adore ces géants aîlés, et je ne connais que Wyatt qui ait la même adoration.

@Luan Nguyen

« Dis donc, tu ne te serais pas trompée de cursus ? Parce que tu me parles beaucoup de Dragons, il faut croire que ces créatures te plaisent. »

Tu clignes deux fois des yeux, ne comprenant pas vraiment pourquoi elle pense que tu as pu te tromper de cursus. Par contre, clairement, les dragons, ça tu peux pas nier. Quand tu pensais encore que t'irais au collège moldu, t'étais déjà mordu, et tu ne parlais pour ainsi dire que de ça. Alors clairement, après ton entrée à Mahoutokoro, ça ne s'est clairement pas arrangé.

- J'ai toujours adoré les dragons, même quand je savais pas qu'ils existaient vraiment ! confirmes-tu avec entrain, comme à chaque fois que ces créatures ailées (ou non dans le folklore par chez toi, d'ailleurs) viennent sur le tapis.
« En tout cas, il faut que je te présente Wyatt. Il bosse avec les Dragons. »

Un drôle de picotement te parcourt l'échine à l'entente de ce prénom, un des rares auxquels tu associes un visage. Faut dire que tu ne connais quasiment personne ici, et le dragonologue fait figure d'exception.

- Wyatt... C'est l'ancien gris qui vivait chez Raf avant, c'est ça ? Je l'ai déjà rencontré, il est venu à la coloc. Apparemment, j'ai pris sa chambre...

T'as aucune idée de tout ce qui a pu se produire dans cette pièce par le passé, d'ailleurs. Toi, t'aurais presque une auréole au-dessus de la tête tellement t'es innocent ; un vrai petit ange, la chasteté qui va avec. C'est d'autant plus ironique, sans doute, que la première personne à laquelle tu te lies ici - outre ton colocataire - soit ce petit diablotin de @Wyatt Mora.

- J'espère qu'il pourra me faire venir un jour, là où il travaille... Ca se trouve un jour je viendrai le soigner d'une blessure de dragon !

Parce que c'est ton but, après tout. Te spécialiser pour soigner les affections causées par ces créatures si magnifiques à tes yeux, mais terriblement dangereuses. Le chemin à parcourir est encore bien long, tu n'es qu'au démarrage de ton cursus, mais qu'importe. Tu t'accroches à ton rêve, et même si t'es toujours un peu... disons facilement distrait, t'espères bien y arriver un jour.

Oh serait-il né moldu pour ne pas avoir grandi avec l'idée que les dragons puissent être réels ? J'ai beaucoup d'admiration pour les né-moldus car du jour au lendemain ils découvrent un nouveau monde, et doivent s'y adapter. Cela ne doit pas être facile. A l'inverse, je ne sais si je serai capable de vivre dans un monde sans magie.
S'il avait déjà une passion pour ces créatures magiques, il a dû tomber des nues lorsqu'il a appris leur existence.
En tout cas, il connaît déjà le dragonologue.

"C'est bien ça oui."

Avec Wyatt c'est quitte ou double, soit les gens l'adorent, soit ils ne peuvent le supporter. A priori, Luan a l'air en bonne entente avec lui.

"Peut-être...Ce que je ne souhaite pas pour Wyatt. Une blessure de dragon, autant éviter..."

Bien que j'imagine que c'est un risque à prendre à travailler auprès de ces créatures.

"Je comprends mieux pourquoi tu veux être médicomage. En tout cas, ne laisse pas ce talent de côté."

Peut-être en a-t-il plusieurs mais je parle de la photographie.

Quelques étudiants entrent dans la salle et s'installent à une table pour papoter avant de sortir leurs livres et commencer à étudier ensemble. Il y a trop de monde maintenant pour que je puisse travailler tranquille sur ma thèse et de toute façon j'en ai perdu l'envie.
Je me demande si @Bartholomé McPrewett est à Hungcalf ou s'il est à la boutique.
Je me lève.

"Luan, ravie d'avoir fait ta connaissance. Je dois y aller. On se croisera sûrement de nouveau."

Surtout si Wyatt devient son ami.
Sur ce, je le salue et sors de la salle. Je prends mon téléphone et demande à Barth où il se trouve.

Tombé des nues ? Oui mais dans le bon sens au final, parce que t'as été d'émerveillement en émerveillement. Faut dire que t'as tendance à être facilement émerveillé, et ta rencontre avec le dragonologue ne fait pas exception. Et si tu réponds tout naturellement, tu te rends seulement compte de ce que tu impliques concernant sa potentielle blessure quand Emmy relève.

"Peut-être... Ce que je ne souhaite pas pour Wyatt. Une blessure de dragon, autant éviter..."
- Ah oui, non bien sûr, je lui souhaite pas de mal ! te récries-tu un peu trop vivement, presque sans le vouloir.

Mais c'est vrai qu'à travailler auprès de ces créatures, c'est un risque qu'il prend.

"Je comprends mieux pourquoi tu veux être médicomage. En tout cas, ne laisse pas ce talent de côté."
- Talent ?

T'es même pas conscient que ça puisse en être un, toi tu te fais juste plaisir en fait. T'as tes albums personnels, petits morceaux de souvenirs, et ça te suffit.

- Euh... Ok.

Tu restes circonspect, parce que tu vois pas trop bien ce que tu as de talentueux, mais tu ne te focalises pas plus que ça là-dessus : d'autres entrent dans la salle commune et ton attention est vite attirée par le va-et-vient.

"Luan, ravie d'avoir fait ta connaissance. Je dois y aller. On se croisera sûrement de nouveau."
- D'accord !

Toi qu'a pas trop l'habitude de te faire des amis, t'es clairement pas contre l'idée d'en avoir quelques-uns ici. Elle te salue et sort sans plus de cérémonie, et toi tu suis sa chevelure rousse le temps que tu peux, la tête légèrement penchée sur le côté. Et puis tu retournes au livre de pathologies du feu que tu avais laissé de côté, oubliant complètement la présence des autres autour de toi.