« Pour rendre mon autonomie financière crédible », c'est ce qu'il répond lorsqu'on lui demande pourquoi il bosse chez la Griffe de l'Hippo. C'est une réponse originale et qui met rapidement fin aux discussions lorsqu'elles deviennent ennuyantes. En vérité, c'est sa passion pour la lecture et l'odeur des vieux bouquins recouverts de poussière et abimés par l'histoire qui expliquent son emploi actuel. Vince aime les bonnes histoires, apprendre de nouvelles choses, mais plus que tout, les runes. Il veut tout savoir d'elles : que ce soit leurs profondes significations jusqu'à leurs secrets les plus inavoués. Il veut figurer parmi les rares sorciers possédant ce savoir si sacré, mais il n'est pas pressé pour autant. Celui-ci sait que pour cela il devra traverser la terre, les cultures et les années pour en tirer sagesse. L'idée d'imaginer les aventures qui l'attendent lui donne des frissons.

La librairie est grande, possédant quatre étages avec le sous-sol, mais seulement trois pleinement utilisables par le public. En tant qu'employé, celui-ci possède la clé enchantée permettant d'accéder à la réserve secrète de l'établissement (un simple « Alohomora » ne suffit pas à en ouvrir l'accès), mais également au sous-sol exclusivement emprunté par le club de duel. Il est facile de se perdre parmi toutes ces rangées de livres et de parchemins lorsqu'on est peu familier à fréquenter l'établissement, soit tout le contraire de Vincenzo.

Armé de sa baguette et suivi par une tonne de bouquins, il fait le tour des rangées, plaçant les nouveaux arrivages et replaçant les bouquins qui ont été placés ici et là. De toute évidence, ses clients lui donnent du boulot à tout replacer, peut-être est-ce même volontaire pour certains. Bien qu'il soit payé à faire cela, il aimerait bien pouvoir s'assoir de temps en temps pour réviser ses notes. Non, il ne pourra pas se reposer car l'habituelle clochette sonna, signalant que la porte venait d'être utilisée. Forcément, c'est un nouveau client ; à peine dix secondes plus tôt, l'Ethelred était seul. En séparant deux bouquins, il put apercevoir Luan Nguyen entrer en ces lieux.

Toutefois, il ne peut pas s'empêcher de se répéter en boucle : « comment vais-je faire pour l'aborder amicalement ? »

Vincenzo ne pouvait que comprendre la situation financière de Luan. Bien que sa famille n'ait rien à se plaindre, n'empêche que le petit Ricci a décidé de voler de ses propres ailes. Adios l'autorité maternelle, holà l'éternelle liberté. Néanmoins, il doit tout de même admettre une chose : il est pauvre, comme pas mal d'étudiants à l'Université, bien que l'Ethelred ait pu remarquer que certaines familles influentes semblent posséder beaucoup de ses membres au sein de cet établissement. Des familles prestigieuses, à ce que l'on dit. Allez savoir si elles ont un véritable pouvoir sur l'Instance Administrative de l'établissement. Peut-être bien que si. Dans tous les cas, l'unique fils de Monica est bien content d'avoir sa propre petite vie à lui.

Ses coups de poignet sont sans appel : il agite sa baguette magique devant des rayons de livres avec l'aisance d'un enchanteur. Les livres se placent automatiquement et bien rapidement, il devient à court de travail. Il n'a donc pas le choix d'aller aborder les clients, pour demander s'ils ont besoin de conseils. Or, la seule personne présente dans la librairie est ce jeune homme dont il a déjà croisé à plusieurs reprises dans les lieux communs aux Ethelred, mais jamais dans les dortoirs. À croire qu'il ne vit pas à l'Université...

« Déjà à la recherche d'un nouvel ouvrage à se mettre sous la dent ? », demanda-t-il à l'intention du jeune homme qui semblait être profondément perdu dans ses pensées. S'il avait été un legilimens, Vincenzo n'aurait pas même pris la peine de s'aventurer dans le psyché de Luan, par peur de jamais retrouver la sortie. Enfin, le Ricci ne semble pas manquer de professionnalisme. Avec une posture droite, les mains dans les poches de son pantalon qui lui donne de belles jambes et son sourire sibyllin, on ne peut lui reprocher que d'être charmant. « Permets-moi de te présenter quelques nouveaux arrivages. »