début avril 2023

A la fin de sa cure de désintoxication, Elio avait repris activement le VTT. Il n’arrivait pas encore à faire du vélo en ville depuis son agression, mais dès qu’il en avait l’occasion, il pédalait en campagne. Son lieu de prédilection ? Les Highlands. Il avait l’habitude d’y venir avec son meilleur ami Kashmiri. Le Cooper appréciait la solitude dans les activités sportives. Le sport coopératif n’était pas pour lui. Cependant, il appréciait aussi la présence de son ami lors de leurs randonnées cyclistes. Et il ne connaissait personne d’autre qui aimait cette activité.

Alors lorsqu’il vit une annonce pour de la cani-rando, il se dit pourquoi pas ? Il adorait les chiens. S’il avait plus de temps, il en aurait sûrement déjà un. Mais avec l’emploi du temps qu’il avait, la pauvre bête serait bien malheureuse avec lui.
Il avait cependant hésité en constatant la description du chien dans l’annonce. Cela n’était pas vraiment engageant. Puis il avait fait le pas, et le rendez-vous fut pris.

Il arriva donc à l’un des sommets des Highlands, car ce qui est intéressant en VTT, c’est la descente. En tout cas, c’est là où Elio s’éclate le plus.
Il savait qu’il avait à faire à des sorciers car il avait vu l’annonce à Hungcalf.
Son vélo à la main, pied à terre, casque sur la tête, lunettes de soleil sur le nez, il s’avança vers l’homme et le chien.

« Bonjour, je suis Elio. »

Il remarqua l’état du chien et fut quelque peu surpris. Il faisait peine à voir. Etait-ce son maître ? Etait-il maltraité ? Dans quoi s’était-il engagé ?

« Comment s’appelle le chien ? »

Il n’y avait pas de nom inscrit sur l’annonce. Et en faisant le lien entre le chien et l’annonce, il commençait sérieusement à croire que son maître n’avait aucune estime pour l’animal.

@Cataleya Blackthorn

Le chien, ou la chienne dans ce cas, grondait, coincée entre les pieds du dit Alex.
Elio ne connaissait pas ce professeur Hill, mais il était clair que cette chienne n'allait pas bien. Elle semblait nerveuse et tout son langage corporel n'engageait pas la sympathie.

"Je vois..."

L'animal semblait être prêt à bondir puis s'enfuir loin d'ici. La sociabiliser ? Avec du cani-cross ? Elio doutait vraiment de l'efficacité et du bienfait de cette expérience pour elle.

"Elle est un minimum éduquée tout de même ? Je veux dire, elle connait les bases, comme le rappel ?"

Il était légitime qu'il se questionne sur elle. Jusqu'ici le portrait dépeint ne faisait clairement pas envie. Alors, si en plus elle n'avait aucune base d'éducation, la sortie lui semblait compromise.

"Est-ce que vous avez déjà essayé le cani-rando ?"

Pourquoi est-ce que ce jeune homme ne se prêtait pas à cette activité ?
Comme cette chienne lui faisait peine. Elle avait dû vivre des trucs pas drôle dans sa vie pour avoir autant de séquelles sur son corps. Peut-être même que sa psychique en avait été affecté ? Il voulait bien être sympa mais il ne partirait pas avec un chien agressif.

@Cataleya Blackthorn

S'écroulant sans grâce dans les herbes rases, Alexander MacCandless observe longuement le médicomage avant d'apposer sa main sur le dos du Malinois pour l'arracher à la panique silencieuse dans laquelle elle s'enferme. Si le geste la surprend un peu, le museau niche intuitivement sous ses doigts avant qu'elle ne daigne véritablement s'affaler contre lui. La respiration est rapide, le regard chasse encore un peu les bruits environnants, mais la posture gagne en souplesse.

- « Mélinoé, c'est un robot ; Elle mémorise tout. Les ordres, les tics, les habitudes... Elle comprend vite et va se calibrer au poil de cul sur ta gestuelle mais va être complètement perdue du moment que tu touche à de l'émotionnel. En fait, elle ne sait pas lire les gens malgré sa sur-sensibilité. Elle croit que tout ce qui respire veut la bouffer, a tendance à surréagir avant d'analyser, mais une fois mise en confiance elle est franchement génial. C'est... Un chaos émotif qui ne sait pas s'exprimer sans crier. Clairement fracassée, mais on rattrape doucement le tir, hein grincheuse ! »

Dans un fin sourire, le grymm masse le crâne du Malinois qui s'autorise a fermer les yeux, un peu piquée par un portrait qu'elle aimerait contester point par point. Elle aimerait siffler qu'elle bien plus adroite socialement que ce que voulait bien croire Alexander, mais ce serait occulter sa faculté à rentrer dans le lard dès lors qu'on osait l'approcher. Parfois même la regarder. Elle n'avait franchement rien d'engageant dans ses mauvais jour et revêtait des airs tant solaire le lendemain que cette saisissante ambivalence la faisait, au mieux passer pour instable, au pire pour complètement fêlée.

- « On court ensemble elle et moi. J'ai tenté un peu de vélo mais c'clairement pas mon truc, mais pour le coup, elle, elle ne bouge pas. J'ai tenté d'envoyer des potes au casse pipe mais, comme je le disais, elle se calque vraiment sur le rythme et les gestes des autres. Du coup je me suis dite qu'elle pourrait faire le bonheur de quelqu'un ! Et franchement, si ça peut lui permettre de se défouler, c'est un vrai plus. Elle pète les plombs à trop rester inactive.  »

Oser démontrer l'inverse tiendrait de l'hérésie. Son double cursus, couplé à ses gardes nocturnes l'avait conduite à communiquer en morse avec Alexander lorsqu'elle s'écroulait bras croisé sur la table, et qu'il lui posait des questions. Elle chronométrait mentalement chacun de ses trajets, avait développé une obsession quasis maladive pour les détails, et était globalement plus susceptible qu'à l'accoutumé.

Est-ce que ces mots le rassuraient ? Oui et non. Cela avait l'air d'être une sacré tempête cette chienne. Mais en même temps, il faut croire qu'elle obéissait et finalement c'est ce qui comptait n'est-ce pas ? A la voir se coucher près d'Alexander, elle paraissait un peu plus rassurée, bien que ses oreilles continuaient à pointer dans tous les sens.
De toute façon, Elio voyait mal comment pouvait entrer en jeu l'émotionnel avec elle. Le but était de se dépenser, c'est tout.

"On a ça en commun."

Depuis qu'il s'était remis au sport, Elio ne pouvait plus s'en passer. Il en avait réellement besoin pour se vider la tête, disperser toutes les tentions qu'il pouvait accumuler. Il valait mieux pour sa santé de se réfugier dans la dépense physique, que dans l'alcool.

"Bon et bien, je suis prêt pour un essai. Si ça te va, je vais faire la descente avec elle et on se retrouve en bas près de la rivière ?"

La vitesse, c'était ce qu'il préférait. Et pour une première fois, il ne souhaitait pas que ce soit trop technique. Il n'avait quà dévaler le flanc de cette coline de végétation assez rase agrémentée de rocailles, tout en sachant que ce n'était pas non plus en terrain pour débutant.
Quant à la chienne, il allait aussi tester son endurance. Il a cru comprendre que c'était une véritable pile, mais savait-elle aussi tenir sur la longueur ?

"Je pense qu'on en a pour quarante, quarante cinq minutes."

Il mit son casque sur la tête et monta sur son vélo.

"Prête Mélinoé ? On va faire un tour ensemble. Allez viens !"

Sur ce, il appuya sur la pédale et se dirigea vers la pente.

@Cataleya Blackthorn

« On a ça en commun. » Si l'intérêt se porte un instant sur Elio puisque la phrase semble profondément surprendre Miss Blackthorn, le cœur bat encore trop fort et les muscles demeure tendu. Aurait-elle seulement pu se décrisper s'il avait s'agit là d'un autre ? Certainement pas. Elle surréagissait au contact de tout depuis décembre et d'une nuit qui la pourchassait dès lors qu'elle osait fermer les yeux. Dès lors que l'odeur du sang perçait les couloirs de St Marie et la glaçait jusqu'au fondation même de ses os. A croire que chaque bruissement de feuille hurlait au loup et que chaque murmure que lui soufflait le vent l’enjoignait à fuir au plus vite et pourtant, inflexible elle s'obligeait à l'immobilité. A l'observation, même si cela faisait longtemps qu'elle n'était plus raisonnée puisque la Blackthorn tombait dans une sur-analyse folle. Et pour la première fois depuis longtemps, elle renouait avec l'allure rase qu'elle avait prit lorsque, prostrée dans sa tour, n'ayant pour seule compagnie que le fantôme de sa sœur morte et des bourreaux qui la courbait sous leurs sort, elle filait dans l'ombre de McCandless.
Alors, si elle le cherche encore beaucoup du regard, l'animagus s'efforce de se convaincre que ce plan, aussi stupide soit-il, lui fera certainement du bien. De toute manière elle avait suffisamment augmenté les doses quotidiennes de philtre de paix pour se rendre compte que cela ne lui faisait aujourd'hui plus grand chose ; elle avait atteint un point de rupture. Tout bonnement.

« Je pense qu'on en a pour quarante, quarante cinq minutes. » Ok. Elle retirait tout constat fait sur le sport et son épanouissement futur puisque Elio était tout bonnement cinglé. Trois quart d'heure de course ? En pente ? Si c'est l'arrêt de travail que tu cherchais Cooper, il y avait plus efficace que finir la tête dans une rivière. Les oreilles se plaquent en arrière un peu dubitative mais le corps se redresse souplement, témoins d'une certaine vivacité en dépit de l'allure de liche qu'elle traînait depuis des jours. La pente semblait douce mais l'instinct criait à la traîtrise puisque le chemin semblait sinueux et prendre des contours étrange. Quarante-cinq minutes hein.. ? Donnez en lui trente. Elle pourfendrait l'air.
Le corps s'étirent douloureusement et la tête se contorsionne en arrière lorsque Elio vient à s'adresser à elle. Prête ? Carrément. Mais toi, étais-tu seulement prêt à finir tracté jusqu'à la rivière puisqu'elle voulait désespérément finir ça au plus vite ? Alors certes, la musculature avait fondu avec la dénutrition mais elle se savait encore assez cinglée pour traîner quelqu'un sur des kilomètres. Même si elle chouinerait le lendemain sur ses courbatures. Alors, si le malinois s’asseoir noblement dans l'herbe le temps des derniers préparatifs, force est d'admettre que son corps entier hurle à l'anticipation. Elle se tient prête, jauge le léger déséquilibre du vélo pendu à son harnais et, enfin, s'élance.

La traction est un poil plus laborieuse que dans ses souvenirs et l'image que lui renvoie cette faiblesse du corps n'est pas la plus agréable qui soit. Arthur n'avait pas tout à fait tord en la qualifiant de poids plume lorsque, acharné, il fixait une assiette qui peinait véritablement à se vider. Pas étonnant qu'elle n'arrive plus à se débattre avec autant de véhémence lorsque Barghest la jetait à l'eau ou qu'elle finissait sur l'épaule d'un des chauffes-plat. Têtue pourtant, le rythme ne faiblit pas ; il fallait bien plus que la gifle du vent et une route tortueuse pour pleinement la faire renoncer.

Etait-il fou ? Certainement un peu insouciant tout de même pour avoir choisi une descente en guise d’essai pour de la cani-rando, non ? Ils s’élancèrent tout deux et Elio devait non seulement gérer son équilibre comme d’habitude mais aussi le déséquilibre provoqué par la sangle du harnais. Heureusement pour lui ce n’était pas un débutant et qu’il connaissait bien son vélo. Mélinoé, malgré sa pauvre carrure, avait beaucoup d’énergie. C’était même étonnant de voir les muscles de cette chienne se dessiner lors des mouvements. Le Cooper n’avait quasiment plus besoin de pédaler. Il fallait juste qu’il maîtrise la balance de son poids. Le plus difficile était la gestion du freinage. Il ne pouvait se permettre de freiner sec, la chienne en prendrait un sacré coup. Mais il ne devait pas non plus prendre trop de vitesse pour maintenir une bonne distance avec elle.
Les premiers mètres furent un peu laborieux, Elio reprenant l’équilibre de son vélo de justesse plusieurs fois, et freinant quelques fois un peu trop brusquement, ce qui valait des excuses verbales envers l’animal.
Mais finalement, il arriva à se caler sur son rythme. La piste était suffisamment large et en terre, pour permettre les ajustements nécessaires. Il avait une bonne adhérence malgré les nombreux trous et autres aspérités du terrain.

Au bout de longues minutes, il s’aperçut qu’il était trop crispé au niveau de ses avants bras. S’il continuait ainsi, il aurait très vite des crampes. Il essaya donc de détendre ses muscles, mais plus facile à dire qu’à faire.
La concentration était intense. Il ne voulait pas se vautrer et emporter la chienne dans sa chute.
Le paysage défilait à côté d’eux mais il ne s’y attardait pas. Sa vue était centrée sur la piste, et l’anticipation était de mise.

Les premiers virages arrivèrent et ils passèrent le premier sans encombre. Le deuxième valu un beau dérapage de la part du cycliste, mais pas de chute. Il se fit une petite frayeur, mais cela lui procura encore plus d’adrénaline. Et soyons clair, il adorait ça.

@Cataleya Blackthorn