Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

« Mr. Keir, bien que j’apprécie votre compagnie, il serait peut-être temps de quitter mon cours ? » Le jeune homme leva les yeux vers lea professeur.e de MM&S (Médias Moldus et Sorciers, à ne pas confondre avec les M&M’s) avant de comprendre que la classe entière avait quitté la salle et qu’il était le dernier à rester comme un idiot assis sur sa chaise, à regarder le sol. D’un air embarrassé, il attroupa ses possessions, les rangea en grand désordre dans son sac et quitta en trombe la pièce. Il atterrit dans la cour en maudissant cette fichue lune qui embrouillait ses pensées ainsi que son jugement. Malgré toute la bonne volonté dont il était capable, il ne se souvenait même pas du dernier contenu du cours, avant qu’on ne dispose des étudiants. Comment allait-il réussir son année dans ces conditions ? Hors de question qu’il redouble une nouvelle fois. Il s’était promis que cela n’arriverait plus jamais, étant donné tous les sacrifices qu’il subissait pour être à Hungcalf. Le sorcier s’installa sur un banc un peu éloigné et regarda sa montre. Pas l’heure, mais plutôt la date. Voilà presque deux jours qu’il n’avait rien mangé de consistant et malgré son appétit de moineau, la faim commençait à se faire ressentir. Au départ, il pensait que s’affaiblir aiderait à réduire l’impact du loup-garou sur son entourage mais il s’était avéré qu’au contraire, il se devait d’être en forme pour pouvoir garder le dessus sur l’animal lors de cette nuit fatidique. La potion Tue-Loup à elle seule ne suffisait pas.

Malgré les bonnes intentions de Victoria, Keir sursauta lorsqu’elle manifesta sa présence. Avec la grâce d’un tractopelle, la Blackthorn mit les deux pieds dans le plat en évoquant sa fuite de ces derniers mois. Malheureusement, il ne pouvait pas lui donner tort : il l’évitait à toute fin toute force car l’étudiante possédait un don qui pouvait mettre sa malédiction en danger. Et pas que sa vie à lui, pauvre petit Charlie, mais celle de ses camarades Capes Noires si on venait à apprendre l’erreur qu’ils avaient commise cette nuit-là.

« Non, t’inquiète pas va… t’as rien fait. » Mais il ne parvenait pas à se résoudre à lui mentir complètement en lui affirmant qu’il ne l’évitait pas. Que de savoir qu’à chaque seconde, elle pouvait rentrer dans sa tête et y voir ces atrocités, et que cela le rendait fou d’inquiétude. D’ailleurs, il se concentra pour ne plus penser qu’à ses cours.

« Est-ce que tu peux… ne pas… tu vois ? » Il désigna sa tête et se bricola un sourire engageant. Ce n’était pas contre elle, non… Il voulait juste la protéger de la vérité.

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

Il opina du chef dans une petite moue mais même s’il le savait, il ne pouvait pas user de la gentillesse de Victoria à son égard. Trop de personnes se trouvaient déjà impliquées dans cette histoire, il ne comptait pas mettre qui que ce soit d’autre en danger. Alors, il devait se protéger. LES protéger.

« Oh je sais bien ! D’ailleurs, t’as jamais réussi à trouver une astuce pour l’annuler ou au moins, le freiner ? Ce doit être épuisant au quotidien. » À moins que… rentrer dans l’intimité des autres ne lui plaise ? Il ne la voyait pas forcément ainsi mais ne pouvait pas non plus se targuer de la connaître à cent pour cent. Et Keir se dit qu’il fallait être sacrément sournois pour ne pas chercher à atténuer cette capacité envahissante, mettant de côté la vie privée de ses amis et proches. Il ne s’imaginait pas un seul instant passer cette frontière comme bon lui semblait et en toute honnêteté, il aurait peur d’y trouver des choses difficiles à encaisser. Parfois, l’ignorance se présentait comme le meilleur des remèdes. S’il aimait vraiment les Chauffe-Plats, il préférait ne pas entendre leurs pensées à son sujet. Ce serait se blesser inutilement.

Il jeta un œil sur la pâtisserie et, comme pour le trahir, son ventre se mit à gronder. Oups, de quand datait son dernier repas, déjà ? Il ne parvenait pas à s’en souvenir avec précision. Charlie passa sa langue sur ses lèvres et regarda longuement Victoria avant d’acquiescer.

« C’est vrai que tu es une cuisinière. J’aimerais avoir ce talent ! » Il prit la patacitrouille en la remerciant d’un signe de tête, en décrocha un morceau qu’il mit entre ses lèvres puis soupira de bonheur. Rien ne valait cette sensation, lorsque l’on mangeait enfin après des heures de diète forcée.

« Ce que je vais dire ne va probablement pas te paraître surprenant, mais c’est vraiment très bon. » À noter que, étant donné ses compétences culinaires - et celles de Cataleya, un rien est vite goûtu avec lui. Sachant pertinemment qu’il ne savait pas quand serait son prochain repas, il fit attention de ne prendre que des petites bouchées, espérant arriver à satiété avant que la patacitrouille n’ait complètement disparue.

« Tu n’as plus cours ? »

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

Il se tourna vers elle, pas certain de la comprendre. Une partie de sa réponse nécessitait une explication plus approfondie. « Tu as envie de leur venir en aide et c’est admirable, mais tu ne penses pas qu'au niveau éthique c’est... mal de violer leur intimité que de laisser libre cours à ton don de façon aussi… intrusive ? Chacun devrait avoir l’opportunité de choisir quand, où et surtout avec qui il souhaite aborder ses angoisses et ses secrets.» Il soupira lourdement et regarda ses mains jouer entre elles. « Je trouve… qu’il n’y a rien de pire que de voir ses secrets révélés aux autres alors qu’on n’est même pas prêt à les affronter soi-même. Parfois, il faut juste prendre son temps avant de parler à voix haute et je pense que tu devrais respecter ce temps, Vic. Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres mais à titre personnel, j’aimerais… j’aimerais avoir le luxe de ce temps, tu comprends ? Si je veux te parler de ce qui me tracasse, je viendrai te voir. » Il essayait de lui faire comprendre le plus gentiment possible et avec ses mots, certes maladroits, qu’il voulait qu’elle laisse sa tête tranquille. Keir savait très bien que s’il cherchait de l’aide, il pourrait se tourner vers elle et qu’elle serait là pour lui (ou pas d’ailleurs, personne ne pouvait être sûr à cent pour cent). Mais en attendant, elle se devait de respecter son besoin de silence. Il n’y avait rien de plus malsain que de forcer sa présence dans la vie des autres, il en savait quelque chose.

Cela ne l’empêcha pas de la remercier pour sa gourmandise et de féliciter ses capacités culinaires. S’il savait se débrouiller aussi bien qu’elle en la matière, il aurait beaucoup moins de problèmes alimentaires. Comment se faisait-il qu’il parvenait à bidouiller un gadget utile à partir de presque rien mais que faire une omelette relevait de l’exploit ? Il ne se comprenait pas lui-même. D’autant plus que, désormais, à l’approche de la pleine lune, il rêvait de viande saignante et on ne trouvait pas plus cher que ce met en magasin. Il se persuadait que finir ses études était plus important que de soulager une fringale de loup, alors il résistait.

« Il me reste un dernier cours en Histoire de la Magie pour aujourd’hui, mais je ne pense pas qu’on fera grand chose. À cette période de l’année, plus personne n’est réellement attentif… » Mais lui, pour des raisons bien différentes. « Assez oui ! Je vais pouvoir me consacrer à plein temps à un job et au podcast du club de journalisme, ce sera vraiment top. » Sans mentionner qu’il allait, comme chaque été, mettre de l’argent de côté au maximum pour pouvoir payer son prochain semestre universitaire. Charlie ne partait pas en vacances, jamais. Il avait ses projets avec les Capes Noires depuis cinq ans déjà, son podcast à Radio Phoenix et c’était la période de l’année où sa mère décidait de voir s’il allait bien et leur imposait un dîner étrange dont la conversation finissait toujours par tourner sur sa vie sexuelle. Great.

« Et toi, des projets en vue pour cet été ? La famille Blackthorn va quelque part ? »

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

Dans l'état actuel des choses, Keir était parfaitement conscient du fait qu'il ne pouvait pas lui parler de ce qui le tracassait. C'était bien trop dangereux pour elle... Cela ne l'amusait pas de repousser son don de la sorte mais il n'avait pas d'autre choix. S'il voulait les protéger, il devait agir. Réprimer son don devait revenir à réprimer son loup et Charlie ne pouvait qu'en saisir la complexité. Mais de la même façon qu'il s'abreuvait de potion Tue-Loup pour sauvegarder ses prochains, Victoria devait faire l'effort de restreindre son potentiel envers les autres. Il lui offrit un sourire pour ne pas avoir à lui dire qu'en aucun cas il ne pourrait se confier à elle sans avoir l'impression de la faire tomber dans un puits sans fond.

L’évocation de la fin d’année et de ses vacances lui rappela que, vu l’état de sa scolarité, il n’aurait même pas le droit au rattrapage et qu’il était bon pour recommencer. Encore. Il ne le mentionna pas à Victoria, trop honteux pour admettre qu’il galérait quand tant d’autres se montraient brillants. Toutes ses économies partaient dans cette université de luxe et il venait de s’ajouter une année supplémentaire au compteur. Non, il ne pouvait pas en parler car cela reviendrait à expliquer POURQUOI ses notes ont tant chutées… Keir porta son regard sur la jolie blonde à ses côtés, dont la notion de travail devait être complètement étrangère à ses yeux. Peut-être enviait-il son bien-être financier, pas tout à fait ignorant de ce qu’elle devait subir pour en bénéficier, comme Mélinoé. Mais vu l’état de sa propre famille, pouvait-il réellement affirmer qu’il possédait mieux ?

« C’est bien, le soleil. Tu vas pouvoir te reposer, penser un peu à toi, te faire plaisir. C’est à ça que sont faites les vacances ! Tu n’envisages pas de voyager seule ? » Comme il aimerait le faire ? Mais pas un rond pour assumer d’aller ailleurs qu’à Inverness ou chez sa mère. Victoria le pouvait, pourquoi n’en profitait-elle pas ? S’était-elle déjà lassée de cette opulence ? De ces choix ?

« Oooooh trop mignon, avec plaisir bien sûr tu te doutes bien ! » Pas de chien, s’il-vous-plaît. Lui qui les adorait pourtant ne pouvait plus vraiment les regarder en face tant ils le renvoyaient à sa propre nature. Keir laissa son regard vagabonder autour de lui avant qu’il ne se pose à nouveau sur sa camarade. Son visage enfoui contre la manche de son t-shirt, il demanda avec un sourire.

« L’été est aussi l’occasion de vivre l’expérience des beaux sentiments. Tu pourrais tomber amoureuse, qui sait ? N’est-ce pas grisant ? »

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

Keir était surpris de constater que Victoria n’avait pas pensé à cette option plus tôt. Les parents Blackthorn avaient-ils un tel ascendant sur leurs enfants que ceux-ci hésitaient même à ne serait-ce que voyager sans eux ? Il trouvait l’idée effrayante sur bien des points et espérait lui avoir donné l’envie de tenter de s’émanciper. Elle en était plus que capable à ses yeux et cela pourrait même lui faire le plus grand bien ! En parlant de cela, il pensa aussitôt aux expériences amoureuses que les vacances pouvaient créer au fil des rencontres. N’y songeait-elle pas à son âge ? N’avait-elle pas envie de vivre ces sentiments, aussi effrayants fussent-ils ? Keir s’interdisait de ressentir ces choses-là depuis sa transformation mais il n’était pas dupe au point de croire qu’il les tiendrait éloignés très longtemps. Il était ce qu’on appelait assez communément “un cœur d’artichaut” et s’il ne possédait aucun attrait pour le sexe, l’amour lui paraissait toujours merveilleux. Il lui souhaitait réellement de pouvoir le vivre. Et si elle craignait les mésaventures ou la douleur… eh bien, cela faisait partie du lot, malheureusement. Il était rare de nos jours de connaître l’amour sans la souffrance. Il fut surpris de la gêne que cela créait en elle. Il ne la pensait pas si innocente en la matière ! Alors, il se pinça les lèvres et fit une moue désolée, comme pour s’excuser.

« Eh bien, ça l’est. » Même s’il y avait son lot d'inconvénients. Il fallait penser à deux plutôt qu’uniquement à soi-même, ce qui pouvait être éreintant à la longue. Surtout quand on n'en avait pas l’habitude. La question ne lui parut pas absurde étant donné leur conversation et il n’eut aucun mal à y répondre.

« Oui, je l’ai été. » Son aveu ne cachait rien. Simple, sans artifice et même fardé d’un léger sourire nostalgique. « C’est une étrange sensation, tu sais. Soit elle prend d’un coup, comme ça sans prévenir, soit elle vient en douceur… et il existe sûrement des tas d’autres façons de tomber amoureux j’imagine ! J’te dirais pas que c’est facile mais… ça reste quand même sympa, surtout au début. » Il pinça à nouveau les lèvres en la regardant, pas certain de l’avoir convaincu du bienfondé de l’exercice. « Mais de toute façon, te précipite pas ! Ce qui est sûr avec l’amour, c’est que ça viendra quand ça viendra. Tu le sauras, même si t’y connais rien. C’est comme ça, on le sait, on le sent. J’pense pas qu’il y ait vraiment d’explications… » Il avait bien conscience que ses propos n’aidaient en rien la pauvre jeune femme à comprendre mais il faisait de son mieux.

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

« Mmmh… Après je ne sais pas ce qu’on vécu tes amies, mais toute fin de relation ne finit pas obligatoirement dans le drame et la tragédie ! La fin rend triste c’est vrai, mais elle est parfois plus facile à accepter que d’autres, surtout quand elle est justifiée. » À quoi bon rester ensemble si tout allait mal ? S’ils ne s’amusaient plus, ne s’entendaient plus et donc, par extension, n’étaient plus heureux ? Cela lui était arrivé de mettre un terme à ce type de relation, pour la bonne raison que son partenaire tenait absolument à avoir des relations sexuelles et que de son côté, il ne se sentait pas prêt pour cela. Prêt ou tout simplement, il n’en ressentait pas l’envie. L’acte en lui-même ne lui procurait qu’indifférence et son cœur parlait beaucoup plus fort que son corps. Keir n’était même pas certain de connaître le désir et la forme qu’il prenait chez une personne. Il tut ces choses-là à Victoria qui n’avait nullement besoin d’être encore plus confuse.

« Je t’assure que tu n’es pas plus bête qu’une autre. » Quand à la question du mariage entre cousins… Keir fréquentait Cataleya depuis suffisamment longtemps pour comprendre qu’il était coutume dans cette famille de se marier à ses propres membres pour “purifier” le sang. Une pratique qu’il préférait ne pas juger à voix haute pour ne pas s’attirer l’antipathie de ses camarades. Mais qu’en pensait-il réellement alors ? Ses pensées s’avéraient confuses. Il s’inquiétait surtout sur la santé des potentiels futurs enfants que ces alliances engendreraient et du regard qui sera porté sur eux, inévitable. Car la suprématie des sang-purs ne durera pas éternellement, malgré leur grande foi en eux.

« C’est peut-être pas plus mal, non ? Ce doit être très éprouvant d’être sous surveillance, de se voir dicter ses choix et ce, de façon constante. Tu devrais profiter du fait qu’ils sont occupés à autre chose pour te faire plaisir, avant qu’ils ne reviennent vers toi et t’imposent un mari et une vie. À ta place, je verrais ça comme une aubaine. Un sursis. » Il ne comprenait pas, d’ailleurs, qu’elle n’y avait pas déjà réfléchi en ce sens. Elle avait échappé à un mariage avec son propre cousin - ou même s’il n’était pas son cousin, avec une personne qu’elle n’avait pas choisi pour elle-même. Elle devrait se réjouir, espérer trouver quelqu’un qui convienne à tout le monde, elle y comprit. Il espérait l’encourager dans ce sens.

« J’avoue que j’ai un peu du mal à envisager le mariage pour moi-même en ce moment… Le futur est assez flou. »

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

« Non, et c’est bien normal. » Pourtant, Charlie affichait un air incertain. L’influence de ses parents ? On ne pouvait pas dire qu’il y avait été soumis. Il ne leur ressemblait à rien. Son père était un passionné de balais qui ne jurait que par ça et en faisait son sujet de conversation principal, quand Keir n’aimait pas spécialement voler ; sa mère voyait et expliquait toute la vie et le comportement de ses pairs via le spectre de la sexualité, ce dont Keir n’était pas féru. Un étrange mélange dont il était un résultat approximatif et, en réfléchissant à ses derniers choix, il ne voyait pas en quoi ses parents y avaient eu une quelconque influence. Il savait Cataleya contrainte par la même force familiale et faire preuve dans un tel contexte s’avérait plus difficile qu’on ne pouvait le penser.

Il évoqua le mariage et son incapacité à se portrayer dans cette configuration. Femme ou homme, la question ne se posait pas à cet instant : le concept entier formait un flou entourant son esprit et l’empêchant de voir plus loin que le mois en cours. Chaque pleine lune marquait la fin ainsi que le renouvellement et il ne parvenait jamais à la dépasser, inquiet de faire des plans sur la comète qu’un incident aurait tôt fait de réduire en cendres.

Pendant un court instant, il craignit que Victoria ait lu dans son esprit malgré ses mises en garde. Le doute persistait dans son esprit mais finalement, il lui sourit en guise de remerciement.

« Ce ne doit pas être très compliqué à trouver ça ! Tes pâtisseries sont toujours très bonnes. » Pour le côté “gentil”, il ne préférait pas se prononcer. L’être humain, sorcier qui plus est, faisait preuve de nombreuses nuances, si bien qu’il était clairement impossible pour lui de qualifier quelqu’un de foncièrement gentil. Chacun avait sa part d’ombre ; ce qui comptait, c’était la place qu’on lui faisait. On lui avait déjà fait ce compliment et, même s’il l’avait apprécié, Charlie s’était surtout rendu compte qu’il était erroné. Il lui arrivait aussi de blesser les autres, même involontairement. Ses activités au sein des Capes Noires - sa simple appartenance à ce groupe secret - le rayaient définitivement de cette liste.

« Tant qu’il te respecte et te fait te sentir heureuse, c’est tout ce qui compte, j’imagine. Ou elle hein. » Il se rendit compte qu’il était allé trop vite en besogne en supposant qu’elle n’aimait que les hommes. Grosse erreur de sa part.

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

Il trouva sa répétition de refus typique des sang-purs. Pourtant, les Blackthorn avaient posé leur marque dans le jeu de l’amour interdit. Keir avait cru être en tort en partant du principe que Victoria n’aimait que les hommes mais en voyant sa réaction, il comprit que supposer le contraire était idiot. Quand bien même ce serait le cas, elle devait être allergique à cette “liberté de choix”. Il se mit à penser que, même si elle avait le droit de dire non, un seul aurait largement suffit pour exprimer sa pensée.

« “Louable” ? Tu sais, ce n’est pas une œuvre de charité. » Il se pinça la lèvre, entendant dans les propos de la blonde tout l’endoctrinement de sa famille. Keir haussa les épaules à cette question étrange à laquelle il ne pouvait pas avoir de réponse franche. « Définit le mot “bizarre” ? Car j’ai un peu de mal à comprendre ce que tu veux dire par là. » Ils entraient sur un terrain que le jeune loup ne souhaitait pas explorer en compagnie de Victoria. Il ne se sentait pas en mesure de lui expliquer pourquoi il ne serait “bizarre” pour personne d’aimer le sexe similaire au sien, ou même de vouloir en changer en cours de route. Il l’aurait peut-être fait si elle ne lui donnait pas l’impression parfois d’être le pantin de sa famille, une pâle copie de ses aînées ou pire encore, de sa mère que beaucoup décrivaient comme une dragonne impitoyable dans les couloirs d’Hungcalf. Parfois, la discussion n’avait tout simplement pas lieu d’être. Une voie sans issue.

« Non, pas le moins du monde. C’était juste une pensée comme ça. » Il plaignait la pauvre femme ou le pauvre moldu qui aurait le malheur de s’éprendre d’un des membres de cette famille. Devoir tirer Cataleya des griffes du Manoir quelques années plus tôt avait suffit à lui faire comprendre le mal qui résidait entre ces murs et le fait que même lui, avec son sang sorcier, n’y trouverait que souffrance et destruction. Alors, tout naturellement, il se demanda comment Victoria trouvait de l’apaisement dans cette ambiance qu’il pourrait décrire comme malsaine.

« Tu l’as revu depuis, cet élève de Serpentard ? Il veut peut-être toujours sortir avec toi ça se trouve. Ce serait l’occasion de s’armer de courage et de se lancer dans la mêlée. »

Tell me is it black or white ft. @Victoria Blackthorn | 01.06.23

Keir aurait pu se lancer dans une diatribe sur la pensée limitée des Blackthorn, enfants compris mais il préféra garder ses lèvres closes. Il devrait probablement se sentir offensé des propos de Victoria. L’habitude de se dire que tous les sorciers n’en étaient pas encore à ce stade de l’évolution des mentalités et qu’il leur fallait du temps, que les presser n’arrangerait rien. Un jour, peut-être, Victoria réalisera-t-elle la réalité des choses sans que personne n’ait à les lui enfoncer dans le crâne. Il ne souhaitait pas être une de ces personnes-là. Que ce fusse la conception d’un enfant ou l’amour en lui-même, elle avait encore tant à découvrir sur les possibilités autres que “il faut un homme viril et une femme midinette pour que le duo fonctionne”. Il espérait seulement que sa réalisation se produise avant qu’il ne soit définitivement trop tard pour elle.

Il dirigea donc la conversation vers le Serpentard auquel elle avait fait allusion, se disant que le sujet serait peut-être plus “simple” et léger pour eux. Bien sûr, il lui suggéra de prendre les devants, de ne pas être celle qui attend mais celle qui prend sa vie en main, qui la gère comme une championne. Elle ne semblait pas être du même avis, cependant. Encore une idée qu’on lui avait mis dans la tête et qui se résumait en une seule phrase : tu n’es capable de rien alors n’essaye pas. Keir trouvait dommage de dévaloriser une personnalité à ce point et… pour quoi ? Avoir le contrôle ? Quelle connerie… Il ne savait pas s’il devait se concentrer sur l’identité du Serpentard en question (les Alexander se comptaient sur les doigts de deux mains dans cette grande université mais il avait une petite idée de celui dont elle parlait…) ou sur son côté fataliste qui l’irritait. Ou alors était-ce la Pleine Lune ?

« Tu sais, je suis vraiment désolé pour toi et en même temps, je ne comprends pas trop quelle est ta pensée. S’il essaye de te parler entre les cours sans que tu n’aies cherché à créer une rencontre pour ça, c’est qu’il s’intéresse à toi. Point barre. Alors, ça peut n’être qu’amicale et pas amoureux hein, entends-moi bien. Mais vu ce que tu me décris, je ne vois pas trop comment tu fais pour en déduire qu’il ne s’intéresse pas à toi… Ouai, Alex peut avoir qui il veut - et encore hein, j’aurais des choses à dire sur le sujet. Mais c’est pas une raison pour te dévaloriser en fait, Vic. T’es aussi bien que n’importe qui d’autre. Plutôt que de te demander si tu lui plais, demande-toi si, à toi, il te plaît vraiment ! » Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle manquait de confiance en elle de ce côté-là. Et il pouvait parfaitement comprendre ce sentiment. Lui-même n’était jamais certain de sa valeur, surtout en amour.

« Je peux peut-être enquêter pour toi ? Si c’est bien le Alexander que je connais. Environ deux mètres, baraqué, une tête de Superman ? » Pas étonnant qu’elles craquent toutes… et tous !