7 juillet 2023

L'anniversaire de @Enola Blackthorn, comme le tien le mois dernier, signifie nouveau retour au Manoir, et si voir ta douce aînée te réjouit toujours, retrouver les pierres froides et les visages sévères de vos parents t'enchante aussi beaucoup moins. Tu fais acte de présence, comme il se doit, et le présent pour ta soeur aînée est dissimulé au fond de ta poche depuis plusieurs jours. Ce charm rappelant la vanille qu'elle chérit tant possède déjà son double autour de ton cou, dissimulé sous ta chemise, et attend patiemment dans son écrin au fond de ta poche le moment où tu seras seul avec elle, à l'abri des regards pour être offert. Et lui proposer d'y associer le sortilège que tu as si maladroitement imposé à @Cataleya Blackthorn. On apprend de ses erreurs, paraît-il, aussi lourdes de conséquences soient-elles.

T'as presque l'air d'aller à un enterrement, tout de noir vêtu, si ce n'est l'étrange symbole blanc sur ta cravate, mais c'est toujours l'effet que te fait le retour au Manoir, après tout. En passant la lourde porte, tu te promets de rendre visite à Baby cette fois, pourtant, dès lors que les formalités d'usage auront été accomplies. Saluer vos parents. Ton cousin, sa femme et leur enfant - avec clairement plus de tendresse envers Tobias qu'envers les autres, et tu ne cherches même plus vraiment à le cacher. Accroupi près du petit garçon, tu lui adresses quelques mots, bien qu'il ne te connaisse assurément que très peu. Combien de fois l'as-tu vu en plus de deux ans ? Deux fois aux fêtes de fin d'année, guère plus. Et il n'en garde probablement aucun souvenir. Toi si. Et le bambin de ton souvenir a assurément énormément grandi. Instinctivement, t'as eu envie de lui demander s'il aimait dessiner - autant qu'un enfant de son âge puisse gribouiller sur une feuille - mais tu t'es repris avant que les mots ne passent tes lèvres. Un garçon ne dessine pas, pas entre ces murs en tout cas.

Assez rapidement, cependant - dès lors que tu as pu t'éclipser sans créer d'incident diplomatique - t'as rejoint le jardin, et les parterres que Cataleya puis toi avez honteusement pillés en partant. C'étaient vos plantes qui poussaient là, et si tu n'as aucun remord à avoir récupéré ton bien, tu regrettes que nul n'ait jugé utile de les remplacer depuis. Quelle tristesse.

Un bruissement retentit derrière toi, et tu te retournes pour faire face à ta belle-soeur - belle-cousine plus exactement - à qui tu adresses un signe de tête poli, bien que surpris de la voir te rejoindre. Tobias est visiblement resté à l'intérieur, et tu le regrettes un peu, quoi que tu n'en fasses évidemment pas mention. Tu n'as jamais été très proche de la blonde, pas plus de son mari au final, qui attise chaque jour un peu plus ta méfiance. Alors tu t'en tiens à des banalités, reportant ton regard sur l'étendue verte face à vous.

- C'est triste que personne n'entretienne plus ces jardins à présent...

Histoire de ne pas laisser le silence s'éterniser, quoi que tu ne saches guère quoi dire de plus à l'héritière Dalgaard.

tenue - charm à venir
@Aldous langue fourchue

Demain ? Non, j'ai prévu d'aller voir @Grace Robinson et @Juliet Blackthorn. Mais plus tard dans la semaine si vous le souhaitez Claudia. Ce sera avec plaisir. Ainsi, la Féroïenne rappelait à la maitresse des lieux qu'elle n'était pas son pion, disponible quand elle le voulait. Et encore moins Tobias. Ce brave Tobias qui, sous le regard de son père, s'était tout de même risqué à s'éloigner pour saluer d'autres personnes. Une attitude qui n'avait pas fini de faire naitre un sourire sur le visage de sa mère. Il s'affirmait, et ne souffrait pas de timidité. Et la nordique entendait bien encourager cela, au plus possible.

Le regard se plissa quelque peu tandis que l'enfant salua l'un des cousins d'Eliott : James. Peut-être l'un des plus mystérieux de la bande, celui chez qui l'ancienne Poufsouffle avait ressentie jusqu'alors une impression froide. Elle qui s'était targuée face à son mari d'être un coeur de glace avait même sourit en apprenant le surnom de Quartus dans la fratrie : ice. Pourtant, malgré ce point commun, ils n'avaient jamais pris le temps de réellement sympathiser.

Vous désirez ? Nifty venait d'approcher, plateau en main. Le trophée de Cataleya avait pour cette soirée mis à contribution, afin d'assurer le service. Et les coupes à la Dalgaard, celle-ci le dédaigna en apercevant que le sorcier sur lequel son attention s'était portée était sorti, en direction des jardins.

Quarta, puis-je te laisser veiller sur Tobias ? Je... J'ai besoin de prendre un peu l'air. Etait-ce réellement une question ? En tout cas, la sorcière n'attendit pas la réponse, pour se diriger vers les jardins. Cela dit, c'était vrai. Dans son état, un peu d'air lui ferait du bien. Mais cette sortie ne fut pas sans un regard vers Secundus, histoire de le rassurer. Elle n'avait pas besoin de lui pour ce qui allait suivre. Et puis, elle connaissait le serpent. Mieux valait le mettre devant le fait accompli ensuite.

Elle suit Quartus un moment, à distance. Pour finalement le rattraper alors qu'il s'est arreté à hauteur de ce qui fut jadis de magnifiques rosiers. Et elle laisses la flore trahir sa présence, tandis qu'elle avait dans l'une de tes mains tes chaussures. Elle était après tout une fille de Féroé, le genre à éprouver unn besoin irrémédiable de contact avec la nature.

Je vois que je ne suis pas la seule à profiter de la fraicheur de cette soirée. Justifiant sa présence, elle répond à la salutation de son cousin par alliance, écoutant son dessaroi quant à ce que sont devenu les plants. C'est vrai qu'ils étaient jolis... Elle était la première à le reconnaitre, à l'affirmer, elle qui avait choisi ce lieu pour célébrer son union avec Eliott. Mais en même temps... Mais j'aime aussi voir la nature libre. Ca me rappelle les vastes étendues de mon île natale. Une terre sèche, de l'herbe à perte de vue, la végétation libre de ses droits. Cela pouvait suffire à la satisfaire.

Comment vont tes études ? Amicale, autant qu'intéressée, ainsi était le ton de voix de la nordienne. Ce soir, elle voulait réellement mieux connaitre Ice, et savoir si ce dernier pouvait lui être utile.

La blonde près de toi tient ses souliers en main, profitant du contact de la terre mère sous ses pieds et tu l'envies un peu. Ailleurs, dans un cadre autrement plus intimiste et seul ou en une autre compagnie, tu l'aurais peut-être imitée. Pas ici. Pas ainsi entouré.

Je vois que je ne suis pas la seule à profiter de la fraicheur de cette soirée.

Tu hoches sobrement la tête, agréant à ce lien qu'elle tisse entre vous, pour l'heure anodin. Si la Dalgaard n'a jamais généré ni sympathie ni antipathie particulière, le fait aujourd'hui qu'elle soit l'épouse de ton cousin impose une méfiance que tu ne verbalises pas mais qui rappelle les souvenirs et réflexes de ta vie entre les murs derrière vous. Des habitudes de survie dont tu cherches pourtant à te passer au quotidien, quand bien même le moindre accroc dans tes routines les ravive aussitôt.

C'est vrai qu'ils étaient jolis... Mais j'aime aussi voir la nature libre. Ca me rappelle les vastes étendues de mon île natale.
- Je comprends. Je regrette cependant les trous de terre encore frais et visibles...

Il suffirait d'aplanir un peu et de laisser la bruyère et les épilobes autochtones remplacer d'elles-mêmes les rosiers disparus. Tu imagines déjà le paysage, la nature reprenant ses droits ainsi. Tu aimerais ça assurément. Autant que tu exècres les pierres derrière vous.

Et puis tes regrets vont aussi vers ces vastes terres qui ne sont plus tiennes désormais. Tu n'as plus autant de place pour tes propres cultures, quoi que tu mettes à profit tout l'espace offert par ton appartement et sa large baie vitrée aux allures de serre pour les faire prospérer.

Comment vont tes études ?
- Bien, je te remercie. Il me faut cependant rattraper le retard imposé par ces deux années en Egypte et l'obligation du règlement de reprendre le deuxième cycle à zéro.

Un retard non pas vraiment dans les connaissances acquises - au contraire, tu ne peux nier une certaine forme d'ennui parfois devant la simplicité de certains cours - mais bien dans l'avancée chronologique comme tu te retrouves trois années en arrière de ceux de ta promotion d'origine. Un échec à tes yeux, que de devoir suivre une deuxième quatrième année, bien que tes résultats aux examens aient été parfaitement excellents cette fois-ci, contrairement à ta première session avant l'exil, ternie par la tentative de suicide de Tertius. Admettrais-tu devant elle songer fortement à rattraper cela en entamant dès à présent des travaux de recherche pour accélérer ton avancée ? Non bien sûr. Tu ne lui fais pas assez confiance pour cela. Cela étant, l'idée germe déjà depuis un moment, et les tue-loup répétées, modifiées chaque lune dans l'espoir de trouver la formule capable de soulager réellement ce loup si tristement réactif à son seul remède (@Jolan Wauters), n'y sont clairement pas étrangères.

Je comprends. C'était vrai. Tu pouvais imaginer la frustration qu'il ressentait à devoir reprendre un cursus au début d'un cycle. Tu pouvais imaginer ce que cette perte de temps pouvait provoquer comme sentiment, comme frustration chez tout un chacun. Je ne me suis jamais retrouvée dans cette situation, mais j'imagine très bien.. Tu as cependant failli, à une époque, devoir recommencer. Ta maladie, ton handicap, t'avait fait risquer cela. Et tandis que ta main vient effleurer un pendentif que tu portes, tu te rappelles de celui qui te l'a offert, un autre garçon, aussi talentueux que les propos que l'on a pu te tenir concernant celui que tu côtoies ce soir.

Je crois que si j'avais du y faire face, j'aurais tout fait pour profiter de ce moment. Prendre de l'avance. Montrer de quoi je suis capable. Ou me concentrer sur des projets personnels. Tu croyais ? Non t'en étais sûre au fond. Tu le savais pertinemment, parce que c'est ce que tu avais fait avec Eliott. Doucement tu avais tissé ta toile, laissant tes mères décider d'avec qui tu t'accouplerais. Mais depuis vos fiançailles, c'est bien toi qui avait pris le contrôle. Plus personne ne te dictait ta conduite, tu étais devenu la Reine. Sa Reine. Et tu te plaisait à ces jeux de pouvoirs perpétuels.

Tu... Une phrase qui débute, mais qui ne se termine pas. Haut le coeur, ta main se porte doucement à ta bouche quand l'autre se plaque contre ton ventre, tenant encore tes chaussures de la soirée. Tu réprimes une envie de vomir, manquant clairement de grâce tout en murmurant un Excuse-moi... de circonstances.

Fichues nausées.

- Je comprends.

Tu peines à juger si cette affirmation est sincère ou purement courtoise, alors tu ne relèves pas. Pas encore. Lys tout près de toi reprend déjà la parole de toute façon, t'évitant de te pencher trop sur cette question.

- Je ne me suis jamais retrouvée dans cette situation, mais j'imagine très bien..

Le geste ne t'échappe pas, mais là encore tu gardes le silence et une attitude immobile. Tes pendentifs restent dissimulés sous tes vêtements, et si tes doigts les effleurent régulièrement lorsque tu es chez toi, ici, c'est un mouvement que tu ne t'autorises pas.

- Je crois que si j'avais du y faire face, j'aurais tout fait pour profiter de ce moment. Prendre de l'avance. Montrer de quoi je suis capable. Ou me concentrer sur des projets personnels.

Un léger sourire effleure tes lèvres, fugace. Si elle savait... Des projets personnels, combien en as-tu, en vérité ? Outre les Capes Noires pour lesquelles tu oeuvres désormais dans l'ombre, il y a ces recherches pour Jolan et sa lycanthropie atypique, ton vivier botanique au-dessus de l'apothicairerie et les liens que tu cherches à tisser avec son propriétaire bourru. Tes contacts en Egypte et ceux que tu cherches à asseoir en secret plus près d'Inverness. Les enquêtes concernant vos géniteurs et ces documents cryptés, ou encore cette énigme irrésolue qui tourne éternellement dans ton esprit : qui a osé touché à ta si précieuse Sunshine et lui a volé l'enfant qu'elle portait ? L'instant d'après, l'angoisse t'étreint, comme tu crains qu'elle ne soit elle aussi capable de legilimancie tant le timing de son discours concorde avec tes pensées.

- Qui n'a pas ses propres projets, ici bas ? réponds-tu finalement sobrement, laissant le doute planer quant à la nature des tiens.

Tu peux au moins lui concéder ce point : avoir des objectifs personnels n'est pas un sujet de controverse. Et si ton corps a souffert au cours de cette année scolaire, de ton fait ou non, mais tu n'es pas resté oisif pour autant, quand bien même tu as dû te retrouver alité un certain nombre de fois.

- Tu...

Le silence incongru détourne ton regard des vastes étendues du domaine pour le ramener vers la jeune femme, soudain inquiet.

- Lys ? l'interpelles-tu plus par réflexe qu'autre chose.

Son teint glauque ne t'échappe pas, et cette main plaquée sur son ventre pas davantage. Ton esprit pourtant refuse l'évidence, un instant de plus. Tu lui offres néanmoins ton bras, et un soutien, quand bien même tu prends le risque de voir ses évidentes nausées se concrétiser.

- Excuse-moi...

Un mouchoir extirpé de ta poche se tend vers elle et tu la guides vers un banc un peu plus loin où elle puisse s'asseoir. Le temps de reprendre quelques couleurs. Toi, tu enchaînes les sortilèges, apportant à vous quelques brins de mélisse dérobés aux médicinales plus loin, dont tu froisses quelques feuilles pour en produire les fragrances citronnées que tu lui présentes avant de poursuivre l'oeuvre que tu t'es fixé. Un nouveau sortilège métamorphose un pot de fleur et une galet en théière et tasse de fortune, un autre emplit la première d'eau avant que le suivant l'amène à l'ébullition.

- Ces feuilles infusées devraient atténuer quelque peu tes nausées... commences-tu, concentré sur ta préparation. Les feuilles délicatement retirées de leurs tiges rejoignent le récipient fumant, y développant leurs bienfaits. Tu peux en consommer régulièrement jusqu'à ce qu'elles s'amenuisent, mais il vaudrait mieux éviter la camomille et limiter la menthe...

Le silence plane quelques instants jusqu'à ce que tu lui tendes la tasse emplie d'infusion fumante.

- Tu en es à combien ?

Doucement, tu te laisses guider vers le banc, attrapant ce mouchoir que ton cousin par alliance te tend dans ce qui est et restera toujours un vestige de la galanterie apprise dans un autre temps. Et t'asseyant, il te semble que cela passe un peu, ton esprit se détachant de ton hôte et de ses occupations pour te concentrer sur ce mal-être passager qui s'empare de toi dans une presque régularité quotidienne.

Ton attention ne revient à James que lorsque la tasse improvisée t'est tendue, moment précis où ton dos se redresse et où ta tête se relève à son encontre. Le gentil garçon penses-tu calmement, alors que tes doigts se referment et que tes oreilles s'ouvrent à ses explications. Il a compris. Il a tout compris, d'instinct ou par maitrise. Et doucement un sourire s'esquisse sur ton visage, chassant presque la désagréable grimace qui s'était emparée de toi l'instant d'avant. Ce moment, pourtant non prévu, vient te conforter dans le choix que tu as fait plus avant, et pour lequel tu as tenu tête à ton époux.

"Huit semaines..." Huit semaines que ce nouveau petit être, prince ou princesse en devenir, grandit dans tes entrailles. Huit semaines que ce secret est jalousement gardé de tous, tant et si bien que même Kiran n'a pas été mis au courant par celui qui le considère comme son jumeau. Et voila que James est aujourd'hui au courant. "Je... Je n'avais pas prévu que tu l'apprennes ainsi." Tu accentues le Tu dans cette phrase, volontairement, venant prendre une gorgée de ce thé préparé avec soin. Et doucement, tu le laisses couler le long de ta gorge, comme pour le laisser chasser les dernières marques de ce moment qui t'avait désavantagé.

"Je vais du coup te demander deux choses, James Blackthorn. Deux choses que j'espère, tu ne me refuseras pas." Parce que tu étais Lys Dalgaard-Blackthorn. Parce que le doute ne t'étais ni permis ni habitué. Et parce que tu te plaisais à te dire que tu étais la Reine, celle qui décidait du destin de ceux qui t'entourait, que tes choix étaient les bons, ceux que l'ont prend en compte, ceux que l'ont écoute.

"La première est assez simple en soit, bien qu'elle sera surement la plus compliquée pour toi : garder encore un peu ce secret." Ce n'était ni le jour ni l'heure d'annoncer cet événement. Pas avant les trois mois, et encore moins à l'improviste, sans une préparation calculée et préparée en tout point. "La seconde est ce qui explique que tu auras du mal à réaliser la première : nous voudrions que tu sois le parrain de ce petit ange à naitre." Il allait devoir garder cette joie pour lui.

Il y a des restes, oui, à cette éducation stricte et puritaine que tu as reçue. Qu'on a marqué au fer rouge dans ta chair - par la terreur ou à coups de doloris. Des bons et des moins bons. Cette galanterie est peut-être un des rares exemples positifs, quelque part. Et au-delà de celle-ci, Lys, par l'alliance avec ton cousin, fait partie de ta famille, de ta meute. Aussi dysfonctionnelle soit-elle, et aussi méfiant puisses-tu être face à la majorité d'entre eux.

Et puis tu n'es pas idiot, loin de là, et les signes semblent tous diriger vers une explication qui te touche plus que tu n'as jamais su l'exprimer à qui que ce soit. L'idée même qu'un petit être soit en train de se former, là, au creux du ventre pâle tout près de toi t'émeut bien davantage que quiconque pourrait en présager, quoi que tu t'efforces de garder le calme impassible qu'ici tous te connaissent.

"Huit semaines..."

Tu hoches simplement la tête à cette réponse confirmant ton hypothèse et générant une bouffée d'affection presque irrationnelle envers la jeune femme. D'envie, peut-être, aussi, alors même que tes désirs de paternité jamais réellement verbalisés ont pris des airs de quête inaccessibles au fil des derniers mois. Et qu'on te trouve une nouvelle fiancée acceptable n'y change rien. Tu repousses au loin le moment fatidique où il te faudra envoyer valser tous les plans parentaux, mais tu sais bien, en ton for intérieur, que tu ne saurais dire oui à une femme que tu n'aimes pas, et encore moins la toucher. L'idée même te rebute, sans que tu parviennes réellement à la comprendre. Alors c'est sur ta belle-soeur, belle-cousine, plus exactement, que tu te focalises, pour éviter de laisser tes pensées dériver.

"Je... Je n'avais pas prévu que tu l'apprennes ainsi."

L'accentuation portée sur ce tu fronce tes sourcils. Pourquoi toi spécifiquement ? L'emphase voudrait qu'il se trouve une différence entre le reste du clan Blackthorn et toi, mais tu n'en saisis clairement pas la cause. Après tout, Eliott et toi n'êtes vraiment pas les plus proches, et tu connais mal son épouse.

"Je vais du coup te demander deux choses, James Blackthorn. Deux choses que j'espère, tu ne me refuseras pas."

Le malaise semble s'atténuer, car elle retrouve ces airs de matriarche qu'elle arbore parfois, reine au milieu du bal. Tu ne sembles pas réagir, pourtant toute ton attention reste tournée vers elle, et tu t'interroges grandement sur la teneur de ces demandes incongrues.

"La première est assez simple en soit, bien qu'elle sera surement la plus compliquée pour toi : garder encore un peu ce secret."

Un rictus quelque peu nerveux t'échappe, iceberg en carton.

- Sur ce premier point, sauf la legilimancie de tante Claudia et Victoria, il y a assez peu de risque, rassure-toi.

A l'évidence, tu ne comprends pas en quoi ce serait le point le plus compliqué d'après elle. Ce n'était pas comme si les trois quarts de ta vie réelle n'étaient pas cachés aux yeux de tous ou presque...

"La seconde est ce qui explique que tu auras du mal à réaliser la première : nous voudrions que tu sois le parrain de ce petit ange à naitre."

Cette fois la surprise se lit pleinement sur ton visage d'ordinaire impassible et tu repasses en boucle cette dernière phrase, cherchant vainement à y trouver un autre sens que celui qui y réside. La blonde est on ne peut plus sérieuse, et toi, parfaitement perplexe.

- Pourquoi ? finis-tu par demander, après quelques trop longues secondes de silence.

Tu ne vois aucune raison valable à ce choix, et clairement encore moins de la part de ton cousin.

- Pourquoi moi ? répètes-tu, comme s'il pouvait réellement être nécessaire de préciser ta question. Ne te méprends pas, Lys, je suis très honoré de cette demande mais... Je dois bien avouer qu'elle me laisse dans l'incompréhension la plus totale. J'entends bien que Kiran est déjà le parrain de Tobias mais... Qu'est-ce qui te pousse à faire ce choix ?

Parce qu'elle a beau avoir insisté sur ce nous, tu doutes fortement qu'Eliott ait réellement été pro-actif concernant ta nomination... Cela étant, malgré ton questionnement, tu n'as aucune intention de refuser, bien au contraire. A défaut de pouvoir être père toi-même - ce point te semblant parfaitement inaccessible depuis la rupture avec @Cataleya Blackthorn - le lien qui se dessine avec le petit être qui commence seulement à se former dans le ventre de ta belle-soeur cousine par alliance t'enchante bien plus que tu ne saurais l'exprimer.

Pourquoi lui ? Une question à laquelle tous pouvaient s'attendre. Mais elle y était préparée, la Reine des Féroé. Répondre à cette question, se montrer convaincante, c'était bien là quelque chose de plus facile que de faire face à un des nombreux Noirs des Hébrides dont sa famille s'occupait.

Et Ice donnait déjà lui-même une partie de la réponse : l'honneur. Parce qu'il était ce genre de sorciers, emprunt d'honneur, qui ne délaisserait jamais son role. Si quoi que ce soit venait à leur arriver, à ce couple ténébreux qu'était Lys et Eliott, elle savait qu'il n'aurait de cesse que de mener son rôle à bien. Il avait au moins cela en commun avec Victor De Launay, ce petit quelque chose dans le regard qui, pour la sorcière, était un gage de confiance.

Et pourquoi pas ? Elle aimait ce petit jeu, celle qui aurait pu donner la main à Daenerys. Pourquoi devrait-elle se justifier, elle qui se voyait supérieur ? Sous-estimait-elle le Blackthorn en face d'elle ? Loin sans faux, tant elle avait pris le temps de s'informer sur son compte auprès d'Eliott. Mais il aurait été faux de dire que l'honneur était la seule raison. Si longtemps loin des siens, il était probablement devenu cet électron libre, ce grain de sable qui pouvait détruire l'engrenage. Et la Dalgaard préférait rester Maitresse des cartes, que de composer avec l'imprévu. Alors, si le fruit de ses entrailles devait servir pour rapatrier dans le giron le sorcier, elle n'hésiterait aucunement.

Disons simplement que je sais juste que... je peux te faire confiance pour ça. C'est... comment dire... écris sur ton visage. Parfois il n'y a rien de plus à comprendre, sinon que nous te faisons confiance. Et si... même Eliott. Elle l'avait certes convaincu, mais convaincu tout de même.

La question ne la surprend pas, la réponse lui paraître peut-être évidente, mais pour toi, c'est loin d'être le cas. Tu connais tes qualités et tes défauts, au fond, quoi que tu n'acceptes pas entièrement toutes les parts de ta personnalité, mais tu es autrement plus habitué à ce qu'entre les murs sombres du Manoir, on les ignore, pire, qu'on ne relève que tes tares, réelles ou supposées. Alors tu en attends réellement la réponse, ton attention toute dédiée à la blonde auprès de toi.

Et pourquoi pas ?

Tu n'aimes pas cette réponse, quoi que tu maintiennes un silence respectueux et retiennes le roulement d'yeux qui te démange fortement. Ce n'en est pas une en soi, et nul doute que si la jeune femme n'avait pas repris d'elle-même la parole, c'est toi qui aurais relancé le sujet. Parce que tu en as marre, de ces foutus non-dits. Définitivement.

Disons simplement que je sais juste que... je peux te faire confiance pour ça. C'est... comment dire... écrit sur ton visage. Parfois il n'y a rien de plus à comprendre, sinon que nous te faisons confiance. Et si... même Eliott.

Le silence plane un moment comme tu intègres péniblement ce qu'elle dit sur un ton qui se veut bien trop nonchalant. Elle peut te faire confiance pour ça ? C'est vrai, tu le sais pertinemment, cet enfant aura assurément toute ton attention. Mais comment peut-elle en être aussi persuadée ? Tu peines à comprendre ce qu'elle parvient, elle, à lire sur ton visage, que personne ici ne cherche plus vraiment à décrypter. Ceux qui savent le lire se comptent sur les doigts d'une seule main et n'ont plus besoin d'effort particulier, les autres - la majorité - n'y voient aucun intérêt. A l'évidence, tu intègres Eliott dans cette seconde catégorie, quoi que tu te gardes de le mentionner à cet instant.

- Tu peux me faire confiance là-dessus, en effet, finis-tu par répondre en hochant sobrement la tête. Une façon comme une autre de confirmer ton accord, et celui, tacite du silence que tu garderas.

- Il commence à faire un peu frais, nous devrions rentrer, il ne serait pas bon que tu prennes froid.

Tu lui offres galamment ton bras pour amorcer votre retour auprès des autres membres de cette famille disloquée dans laquelle tu ne trouves plus vraiment ta place, gardant à nouveau le silence, et clôturant ainsi cette conversation. Ce n'est pas à toi d'annoncer cette nouvelle, de toute façon, et tu ne comptes guère t'éterniser sur les terres des Blackthorn. Dès lors qu'il te sera possible de t'éclipser, tu comptes bien regagner le confort certes moins luxueux, mais ô combien plus chaleureux de ce qui est devenu ton nouveau foyer.

– Terminé –