(mood board) (music) Trust the simulation, don't you let it break. Every stimulation, promise I can take. What you wanna give? Boy, you better show me.

08.10.23. On ne savait pas exactement par quelle magie les membres de l’association étudiante la moins sérieuse - mais bien la plus fêtarde - était parvenue à garder ce lieu caché des yeux et des oreilles du personnel enseignant. Ils étaient pourtant nombreux et nombreuses dans leur rang à avoir fait partie de ces mêmes bambocheurs. Un auror renommé, @Caël Muller, avait même gravé son nom sur une des poutres du Grenier, disait-on. La rumeur était peut-être fausse, mais Peter voulut croire que, comme beaucoup de ragots, celle-ci fut basée sur une poussière de vérité. Il avait passé des mois à essayer de trouver la marque de patronage sur la charpente, accompagné de son meilleur ami, Riley Fraser. Les employés de l’institut passaient chaque fois à côté du bruit des bottines qui claquaient sur les tables dans le grenier, des éclats de rire et de la musique, qui pulsait et enveloppait la salle dans ses bras de fête. Il n’était pas rare qu’un groupe jouât dans l’espace improvisé pour la débauche des décennies auparavant. Il fallait alors berner les sortilèges de protection mis en place pour défendre l’intégrité de la faculté et faire entrer leur équipement. Les sortilèges d’extension étaient indiscutablement les plus appréciés par le petit groupe chargé de la vie festive des étudiants. Ils oubliaient parfois de les doubler d’un charme de légèreté et se retrouvaient à traîner les petites sacoches avec toute la force qu’ils pouvaient déployer collectivement.

La fête de ce soir avait été plus simple à organiser. Elle avait débuté par un regroupement inoffensif ; des estudiantins venus relâcher un peu la pression et discuter de tout, mais surtout pas de leurs études. Le groupe avait rapidement enflé et quelqu’un avait mis de la musique. Les notes enchantées s’étaient envolées par la lucarne du grenier et les membres des Beer Flops avaient rappliqué plus vite qu’un Nimbus 2 000. Un d’entre eux avait éteint les lumières suspendues au plafond et avait sorti sa baguette magique pour enchanter les lampions pour que leurs lumières changeassent en rythme.

Très vite sur les lieux du crime, Peter Drummond avait ignoré son épaule qui le lançait encore un peu après son match de quidditch, malgré les soins de l’infirmière. Le cognard ne l’avait pas manqué et il se surprenait parfois à imaginer qu’il enchantait la mâchoire du batteur de l’équipe adverse pour que celle-ci soit capable d’avaler la balle qui lui avait déchiré les muscles et tordu les os. @James Blackthorn, son cousin, ne verrait peut-être pas d’inconvénient à lui prêter main forte, s’il usait de ses charmes sur lui.
Il avait dansé dans la combinaison ensorcelée qu’il avait achetée un mois plus tôt chez Madame Blansec, en compagnie d’@Inès Saouli. Le corbeau l’avait enfilée dans l’intimité de sa chambre et avait jeté une cape de sorcier par-dessus pour ne pas éveiller les soupçons des vrais adultes de l’université. Le long manteau était rapidement tombé pour laisser sa combinaison changer de couleurs, elle aussi, au gré de la musique. La proximité des autres et leurs mains, déliées par l’alcool et les réjouissances, avaient vite dévoilé le détail secret de sa tenue ; elle se teintait où les mains avaient été posées sur son corps, comme si celles-ci avaient été tachées de peinture. La magie secrète de l’habit moulant avait beaucoup plu au garçon qui s’était empressé de débourser quelques gallions.

Le hasard faisait généralement bien les choses, mais il n’eut pas la brillante idée de rassembler les deux compères sur la piste de danse sans cesse réinventée par les étudiants. Il fallut attendre quelques heures pour que les mains larges et les doigts longs vinrent se promener dans la chevelure de Peter, qui avait bien poussé depuis sa coupe estivale. Dakota s’affala sur le canapé recouvert de paillettes. Des ballons lévitaient tout autour d’eux. À voir le septième année, dans son petit débardeur sombre et son jean, mais surtout son sourire et ses yeux impudiques, il n’était pas difficile de comprendre pourquoi et comment ces deux-là s’étaient rencontrés, s’étaient fréquentés, et s’étaient mélangés dans des draps volés. Peter ne put retenir un rire bruyant. Il porta la bouteille d’hydromel à ses lèvres sucrées par l’alcool.

(anglais) « Hey, Fox. J’t’attendais !”

Il avait pris l’habitude de coiffer Dakota du sobriquet lubrique dont on affublait souvent les jolies filles de ce côté de la manche. Il trouvait que le surnom seyait à ravir à ses traits ravissants et au patronus qu’ils partageaient. Il voulut attraper Dakota par le cou, mais son bras lui arracha une petite grimace ; il ignora la douleur et déposa une bise amicale sur la joue de son partenaire de crime.

(anglais) « T’as réussi à t’arracher à tes bouquins ? J’suis vachement fier de toi, Fox ! »

(mood board) (music) Trust the simulation, don't you let it break. Every stimulation, promise I can take. What you wanna give? Boy, you better show me.

Fier comme un coq français, les pieds dans la bière et perché sur le coussin du canapé, Peter souriait à s’en décrocher la mâchoire. Ses couleurs dansantes avaient hypnotisé Dakota qui, il en était certain, voulait apposer ses mains sur le tissu immaculé pour le marquer de sa peinture écarlate. Il s’étala de tout son long pour mieux s’offrir à la découverte. La place tant désirée sur les podiums de la dernière collection de sa cousine n’avait jamais été aussi lointaine qu’à ce moment précis.

(anglais) « Tu aimes ? »

La rhétorique camoufla à peine le plaisir qu’il prenait à surprendre son camarade de débauche. Il manqua de se faire catapulter lorsqu’il se redressa ; l’assise couina sous le poids des muscles saillants qui se laissaient tomber. Le renard sautait sur sa proie, laissant ses griffes accrocher ici et là le vêtement enchanté. Hilare, Peter observa un instant le rouge, le vert et le jaune s’imprégner sur ses côtes et sur sa hanche avant de réussir enfin à protester.

(anglais) « Fait chaud ! C’est pas juste pour faire beau, tu sais ? »

La main libérée subitement, il mima la quête de fraîcheur pour son unique public. Impertinente, sa langue balayait les traces du crime sur deux lèvres charnues. Peter fit mine de tirer sur la bouteille pour récupérer son bien le plus précieux et termina deux lampées avant de gonfler les joues.

(anglais) « Ailleurs. Pas ‘d’ailleurs’. Ils sont très bien ailleurs. » Quelques picotement indolores informèrent la main venue tapoter la joue qu’elle avait été tondue récemment. Le temps précieux où il fut bon de s’y frotter et de ronronner lui vint en tête. (anglais) « Et puis, j’critique jamais. En parlant d’intellectuel et de lecture intéressante – ça fait belle lurette que j’n’ai pas lu tes aventures dans le Chineur ! Te serais-tu assagi ? »

L’air faussement choqué et déçu, il mit sa main devant sa bouche et porta la bouteille à la destination du visage de son ami, lui offrant vulgairement une lampée qu’il ne pouvait pas refuser ; le petit sursaut en avant du goulot ne pouvait tolérer un refus.

(anglais) « Je n’crois pas avoir de conseils sur la fête à recevoir de la part d’un beau mec venu en… jeans ? Et en débardeur ? » L’œil avare n’en perdait pourtant pas une miette. (anglais) « Quel beau spécimen a retenu ton attention ce soir pour réussir à te sortir de ton terrier ? »

Le bras tendu sur le torse voisin, Peter s’affalait comme un prince dont le royaume dansait à en perdre haleine sous ses yeux. Il offrait le loisir à Dakota de jouer avec ses doigts dans sa main épaissie par la génétique et le sport.

(anglais) « Après, t’as pas tort, ça f’sait longtemps qu’on n’était pas sortis faire les quatre-cent coups, toi et moi ! Comme au bon vieux temps ! »

Il libéra ses doigts emprisonnés et tapa virilement sur le torse ferme et rebondi de son camarade.

(anglais) « Qu’est-ce que t’en dis ? »

(mood board) (music) Trust the simulation, don't you let it break. Every stimulation, promise I can take. What you wanna give? Boy, you better show me.

Les deux pupilles se contractaient pour mieux tirer sur la corde de l'arc et lancer leurs flèches. Elles percutaient, indolores, la chair taquine qui préférait emporter son secret dans le cercueil. La chance était peut-être de son côté puisque la soirée battait son plein et manquait inéluctablement de toucher à sa fin. Les autres invités en étaient persuadés ; il n'y avait qu'à les observer - tous conscients de l'issue certaine - se ruer sur la piste de danse improvisée. Le claquement de sa main sur la surface ne rivalisa pas le moindre du monde avec un sérum de vérité, et les lèvres de Dakota, à défaut de rester liées, se contorsionnaient pour le railler. L'Écossais humecta les siennes tandis que Dakota retirait son tee-shirt. Il détourna le regard, mais certainement une seconde trop tard. Autant qu'il eut changé, Peter reconnut la beauté là où elle était. Et si la forme admirable ne l'intéressait plus, au fond, elle continuait de contenter son regard. Il oublia de réceptionner le débardeur, et celui-ci termina sa course à moitié sur le goulot de la bouteille qu'ils partageaient. Refusant tout de bon ce message de la providence, le garçon reporta son attention sur Dakota ; de la naissance de son abdomen à la hauteur de son port, il toisa la montagne de muscles et d'érudition.

(anglais) « Ça m'arrive souvent. »

L'air chaud avait assurément beaucoup de mal à s'échapper du grenier ; les étudiants gardaient les quelques fenêtres fermées, pour s'assurer qu'aucun vrai adulte ne s'inviterait de lui-même. Malgré tout, bon nombre de convives l'admettraient volontiers : la température venait de grimper de plusieurs dixièmes de degrés. Dakota se tenait debout. Il le regardait de ses yeux baissés et les lumières ondoyaient sur sa peau. Il jeta ses deux paluches comme on lançait des harpons, et Peter la baleine se trouva sur la trajectoire. Paquebot parmi les barques, Foxy le tira vers lui pour l'obliger à se hisser sur ses deux pattes. Peter se sentit tanguer, mais reprit vite ses appuis.

(anglais) « 'Scusez-nous, on passe ! La fête arrive enfin ! »

Il criait à qui voulait l'entendre et qui voulait bien leur ouvrir le chemin. Les deux mains restaient fermement harponnées à ses hanches, le poussant vers l'avant, comme s'il n'avait jamais compris quel fardeau menaçait les descendants de Vélanes. Lorsqu'ils eurent enfin trouvé un endroit très fréquenté et que les courbes de Peter s'illuminaient de couleurs par dizaines tant il était frôlé, son compagnon du soir relâcha sa prise et libéra son plus beau déhanché. Presque. Il en connaissait des meilleurs.

(anglais) « Fuck me! T'es insatiable ! »

L'hypocrisie n'échappa guère au corbeau moqueur, qui avait tourné son appétit démesuré sur un seul et unique repas savoureux. @Maximilien Leroy était aujourd'hui, et depuis plusieurs années déjà, le seul plat, la seule entrée, et le seul dessert qu'il voulait dévorer. Alors qu'il se joignait à la danse, la magie opéra de son propre chef. Elle envoûta une poignée d'hommes et de femmes, qui tous et toutes, s'approchaient plus que de raison pour se coller à lui. Grand habitué, Peter les évitait avec adresse. Il s'attacha davantage à Dakota, épousant ses courbes pour tenter de dissuader les plus audacieux.

(anglais) « Tu n'es pas du genre à faire un jeûne intermittent, pourtant ! »

Le clin d'œil, peut-être, ou la musique, plus vraisemblablement, les distrayèrent suffisamment pour qu'ils n'entendirent pas un garçon vexé leur jeter un maléfice. Peter sentit simplement une chaleur frapper son flanc droit et envahir son abdomen. Ses yeux s'arrondirent de surprise et bientôt d'hilarité lorsqu'il voulut se reculer et qu'il réalisa être soudé. Peau à peau, ou plutôt peau à combinaison, Dakota venait de voir son vœu exaucé par son parrain la mauvaise fée.

(anglais) « Fais gaffe ! Tu m'fais perdre l'équilibre là ! Tu vas nous faire chavirer, Fox ! »

Il beuglait dans son oreille, de toute façon trop près de son visage pour ne pas l'assourdir.