Là, perdu au milieu de… rien, se dressait le Blackwood Manor. L’image imprimée sur la rétine lui servait de guide, comme un phare dans la nuit noire. Là sans y être, il se contentait de fouler le chemin de terre avec un automatisme plutôt efficace. Des pensées tournaient en boucle depuis le petit matin, malmenant sa nuit comme tant d’autres par le passé. Pollué par ses doutes et son éternelle culpabilité, Barghest trainait sa carcasse à travers la campagne d’Inverness.

La promenade lui était bénéfique et l’air frais gommait de moitié les traces de sa fatigue. La nuit passée, il n’avait pu compter sur le réconfort que pouvait lui apporter la présence de @Charlie Keir . Il devait lui laisser un peu de lest, après tout. A trop le couver, il finirait surement par le repousser. Il ne comprenait pas pourquoi il ne l’avait pas encore fait, d’ailleurs. A sa place, il ne supporterait pas d’avoir une ombre qui lui collait au train. Vraiment pas. S’il était un tant soit peu honnête avec lui-même, il se rendrait compte que c’était seulement sa présence à lui qu’il désirait. Uniquement. Perpétuellement.

Mais cette nuit, les deux acolytes avaient été séparés et c’est l’âme en peine que Lewis avait passé la soirée, luttant en vain contre ses insomnies. L’avantage, lorsqu’on ne dort pas, c’est qu’on a aucune difficulté à se lever. Aidé par la potion de @Cataleya Blackthorn , il n’avait pas eu trop de mal à se mettre en route pour son rendez-vous. S’il avait été surpris qu’Andrew sollicite sa présence, il l’avait été d’autant plus en apprenant qu’aucun autre chauffe-plats n’était attendu. Il ne savait s’il devait s’en inquiéter ou profiter de cette occasion. Pour une fois qu’il n’aurait pas pour mission de tempérer les autres et de jouer au pseudo-conciliateur… Il était curieux de savoir ce que l’éclairé avait à lui dire et c’est relativement vite qu’il traversa le passage secret, esquivant une ou deux toiles d’araignée au passage. Il salua de loin les quelques capes présentes sans trop s’attarder et toqua finalement à la porte. Pile à l’heure. Ce fait, si simple pourtant, témoignait en partie du respect qu’il vouait à l’homme. En d’autres circonstances, il aurait profité de la moindre occasion pour trainer des pieds ou éviter une conversation qu’il supposait lourde, puisque seul convoqué parmi le groupe. Ponctuel et patient, il attendait que l’éclairé l’invite à le rejoindre.

@Andrew Hill

Une épaisse couche de poussière se souleva quand le Hill souffla sur la couverture d’un livre qu’il n’avait pas sorti depuis des années. A croire qu’il était le seul intéressé par ce traité de protections runiques. Les pages étaient si vieille, si fine, qu’il alla s’installer sur une des tables pour pouvoir manipuler le livre sans en abîmer le contenu. Epuisé par le rendez-vous mensuel qui arrivait à échéance demain, il s’installa sur un des bancs.

La troisième pleine lune de @Charlie Keir à ses côtés le rendait aussi nerveux que la première. Comme s’il craignait de le blesser alors que des deux, le louveteau pourtant le plus dangereux. En l’absence d’une potion tue-loup correctement dosée, les pleines lunes prenaient des airs de roulette russe. Lors de la dernière, Charlie n’avait pas su garder le contrôle du loup et c’est impuissant que le Hill s’était rendu compte que les sorts et enchantements qui protegeaient le reste du monde du Keir étaient largement insuffisantes. Evidemment, il fallait arranger cela et Andrew y travaillait activement.

L'ouïe définitivement trop fine pour celui qui n’était plus un simple mortel, entendit les pas de celui qu'il avait convoqué. Stressé, contrarié, le britannique l’avait presque oublié. Un coup d’oeil sur sa montre lui démontra du sérieux et de la ponctualité du Barghest qui n’avait plus rien à prouver à ce niveau là.

- Entre, Lewis. Installe toi ou tu veux, je suis à toi dans une minute. Le temps de ranger…

Baguette en main, sortilège informulé, les livres qui ne trouvaient pas grâce à ses yeux allaient retrouver les interminables allées de reliures. Puis s’installant face à l’étudiant, il annonça.

- Je ne vais pas y aller par quatre chemins. J’ai besoin de ton aide.

Et c'était déjà un effort que de le verbaliser.

Barghest salua son Eclairé d'un petit hochement de tête, signe infime d'un respect pourtant puissamment ancrée. Si Andrew n'avait pas été accueillie le plus chaleureusement du monde, sa patience envers les chauffe-plats et son tempérament ont su gagner petit à petit sa confiance. Il avait apprit à apprécier l'homme et le tenait à présent en haute estime, même s'il se gardait bien de l'avouer à quiconque.

"Je te dérange en pleine lecture ?" Pas de ton humoristique. Pas de démarche lente à en mourir. Là, isolé de toute influence, il osait faire transparaitre son intérêt. Un jour, peut-être, réussira t-il à se rapprocher de lui pour bénéficier de son enseignement. Un jour, peut-être, parviendra-t-il à demander de l'aide sans se sentir honteux.

Tranquillement, le Rouge alla s'installer sur le banc d'en face et laissa ses yeux courir sur les livres poussiéreux qui n'avaient pas regagnés leur place sur l'étagère. Des runes, encore et toujours. Rien d'étonnant. Le professeur ne tarda pas à le rejoindre et lui lança une phrase, somme toute très courte, mais qui lui fit un effet monstre. Lui ? Avoir besoin d'aide ? De son aide à lui ? Est-ce que Cataleya lui avait fait prendre quelque chose à son insu ? Ce serait bien le genre de la diablesse.

Ne sachant trop comment réagir à cette annonce, le brun fit ce qu'il s'avait faire le mieux : il fronça les sourcils et se redressa, mettant tout ses sens en éveil.

" Qu'est-ce que je dois faire ?"

S'il avait été tenté de lui demander pourquoi il lui demandait de l'aide, à lui, il se ravisa. Dans le fond, il était heureux d'être le cible de cette attention. Il allait enfin pouvoir se rendre utile, du moins il l'espérait. Andrew était suffisamment haut placé dans son estime pour qu'il ait envie de lui rendre ce service, sans savoir dans quel guêpier il allait se fourrer. A ses yeux, il faisait partie de "ces gars bien", gars auxquels lui même ne s'identifiait pas tellement d'ailleurs.

@Andrew Hill

Les livres inutiles, autant que celui offert par @Cataleya dans l’espoir de détourner son addiction au café, allèrent se ranger à leur place tandis que le Britannique faisait disparaitre dans une petite mallette de cuir des dizaines de livres qu’il comptait étudier dès qu’il le pourrait. Accompagné d’une tasse de péruvien évidemment. "Je te dérange en pleine lecture ?"

- En pleine recherches plutôt. Et tu ne me déranges pas.

Il y avait comme un sourire dans sa voix même si son visage restait de marbre. Lorsque ses affaires furent soigneusement rangés et la mallette fermée, il alla rejoindre le Wright et s’installa face à lui et annonça qu’il avait besoin de lui. Cette information fit l’effet escompté. " Qu'est-ce que je dois faire ?"

- Je prévois de partir quelques jours aux alentour de la… Disons mi-février.

Il aimait bien le Barghest mais pas au point de lui livrer de détail sur sa vie sentimentale. Le Wright n’avait pas besoin de savoir qu’il envisageait de s’agenouiller devant Pénélope pour lui demander sa main le jour de la Saint Valentin.

- Je serais complètement indisponible pendant quelques jours. Et je vais avoir besoin que tu sois… moi. Pendant quelques jours.

Il avait cet air très sérieux sur le visage, celui qui donnait l’impression qu’il ne savait même pas comment on riait. Il espérait que Barghest ne prenne pas la mouche… même s’il était celui dont il était le plus proche, il savait que les chauffes-plats étaient si loyaux qu’il ne serait pas facile de mettre de son côté l’un des leurs. Même si c’était pour la meilleure des causes. Quelque-chose comme : garder tout le monde en vie.

En un coup de baguette, les divers recueils et grimoires s’envolèrent et filèrent sous son nez, un à un, jusqu’à trouver un nid idéal en la mallette de l’Eclairé. Ses yeux bruns avaient suivi chacun d’eux et tentés d’en retenir quelques titres dans l’espoir de gonfler sa bibliothèque personnelle. En vain. Il ne doutait pas de l’intérêt de chacun de ses ouvrages et l’impossibilité d’en deviner le contenu attisait d’autant plus sa curiosité.

« Bien. Je t’écoute. »

L’échange pouvait paraitre singulièrement froid entre les deux capes noires, pour ceux qui ne les connaissaient pas. Notez l’absence de froncement de sourcil, de tension aux quatre coins de son visage. Remarquez la posture droite, à deux doigts de l’immobilisme d’une statue. Lewis était entièrement focalisé sur l’homme et le respect qu’il ressentait à son égard transparaissait sans honte puisqu’ils étaient seuls, pour une fois. Pas de nonchalance apparente. Pas de regard jeté à droites et à gauches pour veiller à ce que l’un ferme son clapet et que l’autre se contente de mordre ces satanés souris. Non. Rien de tout ça. C’était à deux doigts de s’appeler miracle quand on sait le rapport qu’il entretient envers les figures d’autorités. Andrew est ici une exception, sans parler de la relation étrange qu’il a pu entretenir dans le passé avec Ian. Le premier représente pour lui un guide, tandis que le deuxième n’a jamais connu une telle sacralisation. Bien au contraire.

Le Rouge croisa les bras contre son torse et se contenta d’hocher la tête à la mention de son départ. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre que le professeur disparaisse pendant quelques jours ? Même si l’histoire montrait bien qu’ils étaient des aimants à catastrophe, ils pouvaient bien se tenir tranquilles ou du moins, faire profil bas. Si ça tombait mi-février, chacun aurait sûrement une occupation bien précise qui éviterait toutes actions moralement répréhensibles. Rectification : toutes incidences néfastes. La princesse inspecterait la cavité buccale de Pajares. McCrétin serait surement en plein sexy-marathon et Charlie… Ben… S’il n’avait rien de prévu, il l’inviterait sûrement à faire un truc. Le 13 était son anniversaire, après tout.

« Toi ? Tu veux rire ? » Un rire cassé ponctua sa phrase, avant que le calme ne vienne reprendre sa place. « Tu n’es pas sérieux, rassures-moi ? » C’est qu’il avait cet espoir fou que l’homme se soit soudain pris d’affection pour les shows comiques et qu’il avait tenté sa chance auprès de lui, quitte à faire un bide. Non ? Ah.

« Mais… Enfin Andrew, j’suis pas Alex. J’suis pas un leader. Je parle dans le vide les trois quarts du temps, t’as bien vu. Je peux limiter la casse, la réparer aussi… Mais la prévenir ? Tu me prêtes des compétences que je n’ai pas. »

Ses deux mains passèrent dans ses mèches brunes, les décoiffant plus qu’elles ne l’étaient déjà. Est-ce qu’il avait conscience de ce qu’il lui demandait, au juste ? Il était partant pour endosser cette responsabilité, là n’était pas la question… Mais il n’avait pas suffisamment confiance en lui pour prétendre être l’homme de la situation. Chacun avait son rôle propre au sein du groupe. Séléné était l’une des têtes pensantes. Mélionoé en était la guérisseuse attitrée. Moros en était le meneur naturel. Lui ? Il était la petite voix nasillarde qui lui sautait sur l’épaule pour lui dire qu’il allait trop loin et faisait office de bouclier humain envers les "p’tits". Rien que ça représentait une mission de longue haleine.

« Combien de temps ? » avant que le ciel ne leur tombe sur la tête ? Il n’allait pas se mentir. Si le Hill insistait, il serait bien incapable de lui refuser ce service.

@Andrew Hill

Il avait failli tout annuler. Appeler @Holly De Launay et lui dire qu’il allait falloir reporter leurs projets. Ils avaient préparé ce moment avec tellement de coeur, planifiant tout dans les derniers détails… Ca aurait été presque criminel mais vu la situation avec ses chandelles, il n’était vraiment pas serein à l’idée de partir. Même quelques jours. Même pas si loin.

Il avait fallu qu’il retombe sur l’écrin qui contenait la magnifique bague de fiancaille qu’il avait mis des semaines à choisir. Une opale de feu bleue. Juste une goutte. Une merveille d'orfèvrerie au cœur de laquelle il avait insufflé un peu de magie. A peine visible, la Rune Wunjo y était gravée, n'en déplaise à @Cataleya Blackthorn . Soigneusement rangé dans son tiroir à chaussette, attendant qu’il s’agenouille et prononce les trois petits mots…

Il n’avait pas l’habitude de demander des services. Encore moins à l’un de ses chauffe-plats. Il était plutôt du genre injonction aboyée… Il aurait pu solliciter les services d’ @Isabelle D'Essenault mais malgré tout l’amitié qu’il avait pour elle, il ne voulait pas trahir la parole donnée à @Charlie Keir et il était évident que son amie ne laisserait pas la moindre question sans réponse. Mieux vallait ne pas s’y risquer.

Restait Lewis. « Tu n’es pas sérieux, rassures-moi ? » L’hilarité du Wright ne fut pas contagieuse, Andrew se contentant d’un sourcil arqué, pour manifester son agacement plus que sa surprise. Parce qu’il n’était guère surpris. « Tu me prêtes des compétences que je n’ai pas. » L’enseignant souffle du nez face à temps de bêtises débitées en si peu de temps. « Combien de temps ? »

- Cinq jours.

En réalité, c’était trois. Pas un de plus. Mais demander plus pour obtenir ce dont il a besoin faisait partie de ses habitudes d’ancien enchanteur indépendant.

- Vous êtes quatre et sur quatre, il n’y a qu’en toi que je peux avoir confiance actuellement. J’en conviens, c’est fâcheux, mais c’est ainsi. Alexander voudra à tout prix prouver qu’il a raison, Cataleya fera toujours en sorte de me dissimuler la vérité et Charlie…

Il marque une pause, choisissant soigneusement ses mots.

- Charlie va avoir fort à faire avec lui-même.

D’autant plus qu’il faisait plutôt partie de ceux qu’il faut surveiller, plutôt que de ceux qui doivent surveiller.

- A d’autre ton excuse de ne pas savoir te faire entendre. Tu ne te fais pas entendre parce que tu prétends ne rien avoir à dire. Tu n’es pas incapable de prendre le lead mais tu es bien content quand quelqu’un endosse cette responsabilité à ta place, Barghest. Tu n’as pas été choisi par les Capes Noires pour faire de la figuration. Comme eux, j’en attend plus de toi.

La réaction de l’éclairé laissa Barghest de marbre. Presque. Disons qu’il était suffisamment impacté pour redresser son dos et avoir envie de faire bonne figure au lieu de rouler des yeux si fort qu’on n’en verrait plus que le blanc. C’était typiquement le genre d’attitude qu’il adoptait à chaque soupire d’une certaine princesse pourrie gâtée. Il avait quand même cette envie folle, quelque part bien cachée au fond de lui, d’être reconnu par l’Eclairé. L’être en endossant le rôle de chef de meute, par contre… Et pendant cinq jours ? Est-ce qu’il avait pris le temps de convertir ce chiffre en données chauffe-plats ? Chaque heure était doublée lorsqu’il s’agissait de les surveiller. Il devait bien le savoir, non ?

Ce fut léger. Imperceptible. Ses sourcils se déridèrent à la seconde où la notion de confiance fut abordée. Cette simple phrase aurait clairement suffi à lui faire ravaler ses doutes. Il aurait accepté la mission les yeux fermés, tel un âne appâté par une carotte. Sa fierté lui fit serrer la mâchoire et lui permit de rétablir un semblant de sérieux sur son visage tacheté. Un « ok » retenu contre ses dents, il se contenta d’hocher la tête à chacune des vérités énoncées. Les muscles de sa mâchoire se contractèrent d’autant plus à la mention de Charlie. Il ne lui fallait pas plus d’argument pour qu’il se plie à la demande d’Andrew. Si sa sécurité était encore confiée à quelqu’un d’autre, il en deviendrait malade. Donner cette mission à Alexander serait pire encore. Plus jamais. Pas sans surveillance.

Un soupire las, plus pour se redonner contenance que pour la forme, siffla entre ses lèvres. Touché. Andrew avait ce talent terrible de trouver le point sur lequel appuyer pour faire mal. Les attentes, encore et toujours. A côté des autres, il faisait pale figure. Cat excellait dans les potions. Alex dessinait gentiment sa carrière d’auror. Charlie avait un cerveau magique et encore le temps de faire ses preuves. Demain, Lewis serait confronté à la réalité et il n’y était foutrement pas préparé. Il devait se bouger mais ne cessait de regarder en arrière et de compter ses échecs. Il leva les mains en signe de reddition et détourna les yeux.


« Pas la peine de m’faire la leçon. J’vais le faire. »


Il se mit à tapoter des doigts contre ses cuisse, à défaut d’y coincer une cigarette.


« Tu seras d’retour pour la pleine lune ? » espoir infime mais perceptible pour l’oreille la plus fine.

@Andrew Hill

Les sourires d’Andrew c’était comme les eclipses. On savait que ça existait mais c’était rare et un peu abrutissant de surprise. « Pas la peine de m’faire la leçon. J’vais le faire. » Il n’avait fallut que cette phrase, prononcée avec une extrême mauvaise foi, pour arracher un très, très léger sourire au lycan. Bien que caractériel, le Wright s’était toujours montré lucide dans ses prises de considérations. Y comprit celles qui le concernaient directement. Rares étaient les personnes capable de telles remises en questions.

Et puis dans le fond, il savait qu’il allait le faire. Ce n’était pas vraiment une demande mais plutôt un avertissement. Il allait devoir quitter la ville et il n’était pas sage de ne faire sans mettre toutes les chances de son côté. Tenir Barghest dans l’ignorance n’avait jamais été dans son intérêt, de toute manière.

« Tu seras d’retour pour la pleine lune ? » Pas besoin de faire de calcul mental pour répondre a l’aspirant auror. Outre le fait que le 14 février était une date particulière pour lui et Penny, en dehors du fait que c’était le cas pour tous les couples du monde occidental, il avait choisit cette date parce qu’elle était parfaitement à mi-chemin entre deux pleines-lunes.

- Je serais assurément rentré pour le 17 février. Soit une semaine avant la pleine lune. Rassure toi.

Il marque une pause avant d’ajouter :

- Et je serais joignable. Par l’ombre. Et si l’un d’entre vous est agonisant uniquement.

Il hésite une seconde avant de suggérer :

- Peut-être que tu pourrais lui prévoir quelques… activités ? Pour les occuper. Un truc inoffensif comme… je ne sais pas… Une soirée cinéma pour quelque-chose dans ce genre là.

Quoi que @Cataleya Blackthorn était capable de tous les empoisonner en préparant du pop-corn.

Si pour une fois dans sa vie, Lewis s’était contenté de faire ce qu’on lui demandait sans râler, pester et montrer combien il était gonflé tout en sachant pertinemment qu’il le ferait quand même, peut-être aurait-il pu apercevoir cette chose innommable qui était apparue sur le visage de son éclairé. Fugace. Irréel. Un sourire ? Peut-être. Un spasme musculaire ? Sûrement. Sa consommation excessive de café n’y serait pas étrangère. La pseudo-gestion d’un groupe de têtes brûlées comme eux non plus, d’ailleurs. Il avait du mérite, en y repensant. Il avait du mérite le prof.

Barghest était agacé, mais résigné. Il s’abstint de toutes nouvelles revendications et ponctua simplement sa déclaration d’un intense, interminable et démonstratif soupir. Histoire de. Ses yeux sombres accrochèrent un calendrier tout ce qu’il y a de plus formel et il se mit à compter. Charlie. Allait-il l’abandonner alors que ce dernier s’accrochait à leur éclairer comme un naufragé à sa bouée ? Son absence lui permettrait-elle de reprendre sa place aux côtés du louveteau ?

Non. Rassure-toi, qu’il lui lança le plus calmement du monde. Séléné ne serait pas déçu, c’était au moins ça de gagné. Quand à lui, c’était une toute autre histoire. C’était trop beau pour être vrai. Il fit un effort monstre pour ne pas montrer combien sa réponse pouvait l’affecter. Il ne détourna pas son regard, ne croisa pas les bras. Il ne lui fit même pas l’affront de faire claquer sa langue contre son palais et Dieu sait que ça le chatouillait.


« Bien. Il compte sur toi tu sais. »


Evidemment qu’il le savait. Il avait même plutôt intérêt. Eclairé ou pas, il lui collerait sa pompe au cul s’il s’avisait d’attrister son ami.


« T’es entrain de me dire que j’dois les babysitter en plus ? Tu m’as pris pour un animateur de colo ? La plaie. »


Ah. Voilà. Les orbes blancs venaient d’apparaitre dans leur totalité, l’iris se cachant exagérément en hauteur. Est-ce qu’il leur organisait des sorties scolaires, lui ? Non. Ne valait mieux pas. Ça se terminerait forcément mal.


« J’imagine… J’peux toujours appâter Alex avec un jeu et une bière. Cat s’ra accrochée à son mec comme une moule à un rocher. » un frisson désagréable remonta le long de sa colonne à cette idée. Ecœurant. « Et Charlie… J’trouverai quelque chose pour qu’on passe du temps ensemble. On le fait tout le temps, t’façon. »


Un sourire moqueur apparut sur ses lèvres, lui donnant des airs de diablotin.


« Ou alors j’enferme tout le monde dans la cave et j’perds la clé. » Tout le monde sauf Charlie, évidemment.

Il était prêt à tout. Même à offrir sa paie de Professeur pour louer une petite sale de cinéma locale, une tonne de films. Il pouvait même prévoir de quoi les nourrir pendant cinq jours. Bref il était prêt a à peu près n’importe quoi pour contraindre à se tenir tranquille. Pour éviter d’avoir à raccourcir son escapade romantique. Pour éviter d’avoir a rappliquer en urgence…

Il était évident néanmoins qu’il serait rentré pour la pleine lune. Non seulement parce qu’il n’y avait pas ce qu’il fallait pour passer la nuit sereinement en France, mais également parce qu’il n’imaginait plus laisser Charlie seul face à une transformation. Lewis semble satisfait de cette réponse.« Bien. Il compte sur toi tu sais. »

- Il peut.

Le ton est on ne peut plus sérieux. L’engagement d’Andrew auprès du jeune lycan est total. On ne peut plus complet. L’idée du cinéma n’est pas lancée au hasard. Il veut absolument que le Barghest passe le plus de temps possible auprès de ses amis. Pour les avoir à l'œil. Il y avait moins de chances que ça dérape alors. Évidemment, l’idée de jouer au baby-sitter ne plait pas tellement au Barghest.

- Tu crois que ça m'a fait plaisir de devenir votre babysitter ?

Cette fois, le ton est légèrement moqueur. D. ayant été nommé Eclairé, Andrew pensait qu’il serait épargné de cette corvée mais D. avait merdé et … here they are…

- Je ne t’apprends pas qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie.
Un soupir précède les plans fomentés par le Wright. Andrew les approuve tous d’un hochement de tête. Surtout le dernier.

- Fait comme bon te semble. Ma seule consigne étant pas -  de - drame.

Andrew se doutait-il de sa chance insolente ? Le karma avait sans doute eu pitié de lui, après lui avoir assigné une telle brochette de bras cassés, frôlant la limite de la sociopathie pour certains. Cataleya, quoi. Qui d’autre ? Lewis ne maitrisait pas la legilimencie, et c’était un mal pour un bien en ce qui concernait l’Eclairé. S’il avait pu lire le fond de sa pensée, il en aurait largement profité pour obtenir un budget illimité et offrir des vacances bien méritées aux chauffe-plats. Loin. Très loin. Histoire de se couper de la routine un poil sordide dans laquelle ils s’étaient enlisés depuis plusieurs mois.

Un sourire franc se dessina sur son visage à la réponse du professeur. Bien. Barghest ne chercha pas plus loin. Il le croyait, c’était aussi simple que ça. N’en déplaise à sa harpie préférée ou à son frère d’arme. Il sentait qu’il pouvait avoir foi en lui.


« Ta vie serait bien ennuyeuse sans nous. »


Calme. Exempt de complications. Sans aucune source de stress aucune. Une vie tristement prévisible. Normale, oserait suggérer sa petite voix intérieure. Son sourire se tord, se fait un brun moqueur. Tu devrais d’mander une prime de risque, Hill.

« J’le sais ça. C’est pourtant pas faute d’espérer. »


Il énonce chacune de ses propositions, réfléchit à comment tenir à l’œil les personnes les plus imprévisibles qu’il connaisse, et termine sur une note d’humour. Ou pas ? Un accident était si vite arrivé et il n’était doutait fort qu’Alex se plaigne de se retrouver coincé avec la rouquine. Dommage que Miguel fasse partie de l’équation. Le rouge aurait pu sauter sur l’occasion et ainsi passer un peu de temps avec Charlie, seul à seul. Comme avant.

« Pas de drame. Pas de blessures sérieuses. Pas de preuve. J’ai bien noté. »

Un rire rauque, succinct, perça ses lèvres. Il se redressa ensuite et toisa l’Eclairé. Cet homme qu’il respectait par on-ne-sait quel miracle. Ou folie.

« Je peux faire autre chose pour toi Mr. Hill ? Ou j’peux aller m’enterrer à la bibliothèque ? »

Quitte à être là, autant en profiter.

@Andrew Hill

« Ta vie serait bien ennuyeuse sans nous. » C’est un ersatz de sourire qui accueille la moquerie du Wright. C’est qu’Andrew l’aimait, sa vie ennuyeuse. Enseigner à ses étudiants, se concentrer sur ses recherches et ses publications qu’il réservait aux Capes Noires… Déjà que l’arrivée de Penny était venue renverser sa tranquillité mais la vie semblait penser que ce n’était pas suffisant et elle avait ajouté une couche pleins plus amer au goût du Britannique.

On ne pouvait pas toujours faire ce qu’on voulait. « J’le sais ça. C’est pourtant pas faute d’espérer. » Chacun d’eux savaient bien qu’espérer ne changeait pas grand chose à la réalité. Voir rien du tout. Agir restait plus prometteur. Et c’est bien pour ça qu’il avait convoqué Lewis. Et qu’il allait mettre @Isabelle D'Essenault dans la confidence de son départ. C’était plus sûr. « Pas de drame. Pas de blessures sérieuses. Pas de preuve. J’ai bien noté. » Même si Lewis était sur la même longueur d’onde que lui, il n’était que trop conscient des capacités de nuisance de @Cataleya Blackthorn , pour ne citer personne.

- Bien.

Le menton s’abaisse, franc. On entendrait presque un merci, mais il le remercierait après son retour et seulement si personne n’est mort. Ou blessé. Ou a Azkaban. « Je peux faire autre chose pour toi Mr. Hill ? Ou j’peux aller m’enterrer à la bibliothèque ? »

- C’est bon pour moi.

Andrew se lève, serre la main de la chandelle avant d’ajouter.

- Mais manipule les plus anciens à la baguette, certains risqueraient de tomber en poussière si tu es trop brusque.