Les jambes pendue dans le vide et un vulgaire sandwich pincé entre ses lèvres puisque les mains s’affairent à rédiger des rapports, Cataleya campe le toit de Sainte Marie. Seul endroit où elle était parvenue à se réfugier sans craindre le brouhaha incessant et les commérages de collègues dont elle ne voulait pas. Rattraper les conneries des uns l’avait rendu singulièrement grincheuse, et entendre les autres favoriser leurs plans de la soirée plutôt que s’occuper de leur patients, impatiente. Plus qu’à l’habitude, du moins. Augmentant d’un geste machinal “Kickstart my heart” que crachait un portable hissé sur une pile improbable de lecture, l’animagus plisse le nez lorsque des pas aux frontières de l’audible signe la fin de cette maigre quiétude.

-Si je monte jusqu’ici, c’est que je ne veux pas être dérangée. Marmonne t’elle sans même lever la plume de ses rapports.
-Le docteur Cooper vous cherche…
-C’est la blonde qu’il cherche. Il faut se tenir au courant des relations internes à ton service… Blu… Mer ? Ne répond pas. Je ne m’en souviendrai de toute manière pas.
Si le jeune homme entrouvre les lèvres, vexé que la jeune femme n’ai pas prit la peine de retenir son nom après quatre mois de travail côte-à-côte, c’est un peu plus assuré qu’il reprend “Il a spécifié votre prénom.” Ceci eu au moins le mérite de relever le nez de la lufkin qui, enfin, finit par tendre son bras pour récupérer le dossier de ce nouveau patient.

Cooper. Le sourcil s’arque et, s'il croit un instant à l'homonyme, la raison achève de faire le lien entre Elio et ce dénommé Marcus. 50 ans. Ministère. Les sourcils se froncent devant un profil qui lui laisse entendre un vieil oncle ou pire, un père. Su-per. S'il claquait entre ses doigts on accuserait les Blackthorns de vouloir éliminer cette fichue lignée. Roulant exagérément ses yeux bleus, la lufkin s'arme de ses lectures, d'un portable qu'elle daigne enfin éteindre, et de ses rapport qu'elle glisse comme elle le peut sous son bras avant de retourner dans son service, son sandwich pas même entamé posé tristement sur cette pile de livre qui vacillait entre ses mains.

- Cooper, on me suit. Salle numéro trois. Jette t'elle en passant devant la salle d'attente avant de pousser du bout du pied la porte de la salle d'examen. La pile s'abat brutalement sur le bureau mis à disposition et tout en adressant ses premiers mots, la Blackthorn se tourne pour se laver les mains. "Je suis le docteur Blackthorn, que puis-je faire pour vous ?"

@Marcus Cooper

@Cataleya Blackthorn ou @Elio Cooper ?

“Absolument pas.” Ça claque aussitôt, tombant sur les maigres mètres qui les séparent avec une désinvolture toute caractéristique. Pourtant, la Blackthorn prend tout de même la peine de pointer du bout de sa baguette le dossier en haut de la pile comme pour amorcer la suite. “C’est pour ça que j’ai ça.” Du moins, ça serait un minimum utile si ses prédécesseurs ne versaient pas dans une incompétence crasse et prenaient la peine de consigner soigneusement leurs expériences. D’un geste gracile la lufkin se saisit finalement dudit dossier et l’ouvre en s’appuyant sur son bureau. A peine assise sur son bord. La lecture se fait brève, peut être quatre seconde, et d’un geste assuré Cataleya le claque à côté de son sandwich pas même entamé.

-Bien. A votre démarche arythmique j’en déduis que vous êtes là pour une boiterie, et si ce n’est pas le cas ; Il faudrait vous en inquiéter parce qu’elle est laide. Le regard se plisse pourtant de manière presque suspicieuse, constatant que le patient n’osait pas même prendre place assise. Etait-ce son ton implacable qu’il l’effrayait, une franchise pas toujours bien vue dans le domaine médical ou une réputation qu’avait nourrit à grande flamme Elio dans son dos ? Jusqu’à présent, elle n’avait pourtant jamais encore mordu de patient. A moins que ce soit quelques douloureux hémorroïdes qui ne le maintiennent debout. “ Racontez-moi ce qu’il vous arrive Monsieur Cooper. Symptômes, dates… Et asseyez-vous bon sang ! Vous n'êtes pas un enfant : je ne vais pas vous dévorer. ”

Il allait réussir à la stresser, à camper debout avec ses yeux de merlan frit. Les lèvres se pincent en une sévérité inhérente au tempérament de dragon de la Blackthorn mais c'est d'une grâce forgée par la danse que la ballerine se saisit de son stéthoscope et trouve de quoi prendre une tension potable puisque les mesures n'étaient pas toujours fiables lorsque exécuté par magie. Certaines pathologies pervertissait les résultats si confrontait à un sortilège. Si Elio prenait le risque de lui envoyer son vieux père, c'est certainement qu'il suspectait une blessure ou maladie en lien avec la magie. Après tout, c'était là son champ d'expertise. La main se temps dans un vague "Bras." pour permettre à la pathologiste de poser son tensiomètre. Si elle semble écouter l'homme d'une oreille et le coupe même pour annoncer que sa tension était bonne, force est de constater qu'une plume s'agite nerveusement sur le bureau, consignant précisément, et dans une calligraphie superbe, les propos du Cooper.

Le nez de la Blackthorn se tourne en direction d’un dossier qui lévite aussitôt jusqu’à elle lorsque s'amorce le mot “moldu”, puisque si elle était encore un peu convaincue qu’ils demeurait tous chasseur de sorcière sur leur dimanche, il était toujours bon d’avoir des avis qui occultaient l’ésotérisme. Souvent, les biais cognitifs poussaient les guérisseurs et médicomages à écarter des solutions pourtant simples, et faisaient traîner le diagnostic en longueur. “Une perte de connaissance, hein... Enlevez votre pantalon..” Réfléchit-elle à haute voix, tout en s’abaissant pour poser sa main tout d’abord sur la cuisse du Cooper, palpant en lui demandant si cela faisait mal, où et et à qu’elle intensité lorsqu’elle trouvait un point douloureux. Si l’exercice paraît de prime abord purement sadique -et ce serait là le genre des Blackthorn-, il est pourtant mue du besoin de visualiser si la douleur était musculaire ou tendineuse afin d’orienter les questions et le diagnostic. L’asymétrie des réflexes des genoux, pourtant, lui arrache un froncement de sourcil sévère.

- “Bien. Maux de tête récurrents ? Vertiges ?” Elle ne le fait pas marcher devant elle puisque consciente qu’il n’en serait pas capable, mais finit tout de même par s’accroupir devant lui après s’être saisi de sa baguette.  “Je ne vois aucune raison qui lierait votre boiterie à un burn-out. On va mettre un philtre de paix pour ça, d’ailleurs. Ça calmera l’anxiété et favorisera le sommeil. Papotte ! Trois gouttes, pas plus, matin et soir.” La plume s’exécute, agitant son large pompom blanc par delà les parchemins tout en faisant tinter sous sa calligraphie superbe le pendentif en forme de biche qui y pendait. “ Ce n’a pas l’air tendineux, sinon la douleur serait localisé là.” reprend t’elle en alliant le geste aux mots, traçant du bout de ses doigts les composants de la cuisse, du genoux et du mollet pour rendre plus tangible ses explications, puisque déjà elle se perdait en l’énumération des muscles et des relations qu’ils entretenaient entre eux.

-“Une fracture serait criante, et ne serait pas passée inaperçu sous les examens de moldu et de votre fils. Et on va vérifier ça par les examens, mais les ménisques ont l’air en place. Mais ça peut être une dégénérescence dûe à l’age. On va vérifier à l’écho’ que ce n’est pas un kyste puisque votre fils empoisonnera certainement mon thé s’il apprend que j’ai fais l’impasse dessus...”  Un vague sourire s’offre au Cooper pour appuyer cette blague, mais se ravise aussitôt : Cataleya n’avait jamais eu un sens de l’humour très développé au travail. Moins encore avec les patients. “Mais au vu de votre perte de connaissance l'hypothèse d’un maléfice est plus qu'envisageable, et je ne prendrais pas grand risque en favorisant cette piste puisque votre fils vous envoie à moi et pas à un généraliste.”

Elle aurait pu commencer par ça, mais ça aurait été là une pure fainéantise intellectuelle doublée d’un cruel manquement professionnel si elle ne s’était pas essayé à démentir toute autre piste avant d’envisager celle-là. Se redressant souplement sur ses talons hauts, la Blackthorn retourne se laver les mains sans discontinuer dans le dialogue.

-“Lancer un maléfice étant généralement énergivore, et n'étant pas un acte anodin, on s'essaye généralement à le rendre efficace. Soit dans le court terme, soit sur la durée. ” Et étant donné que le Mal s'était bien installé, le cas du Cooper s'étirait dans cette seconde case. “On mise souvent sur une dégénérescence ou atrophie musculaire, parce que c'est le plus accessible à ceux qui s'essayent à la  magie noire, mais je l'aurai sentit à la palpation. Là, ça semble osseux. ”

Et aussi dénué d'empathie cela puisse paraitre, c'était en un sens excitant puisque cette perspective la sortait des cas trop habituel qu'elle avait à traiter. Un sortilège qui tourne mal, elle en soignait à la pelle. Un maléfice volontaire, c'était déjà plus appétant, alors un maléfice qui s'attaquait aux os... C'était certainement là la pépite qui ravirait sa semaine puisque les enseignements tiré de son enfance passée sous l'effroyable cape d'Aloysius Blackthorn, à l'observer macérer d’infâmes sortilèges, n'en serait que stimulé. Lui, jetait les sorts. Elle, elle les soignaient.

Je rate peut-être quelques détails, mais si je les rate, c’est qu’ils ne sont pas importants dans l'immédiat et si quelque chose me revient, je le ferais savoir. Lorsque je mentionne l'hôpital moldus, j'aperçois le bref signe vers un dossier qui l'évite vers elle.  

- Je confirme, j’ai été retrouvé au bas de l’escalier… queoi?...

Ouais, bon, vous l’aurez compris, je ne m’attendais pas trop à ce qu’elle me dise de me changer en jaquette bleue quoi qu’un peu. Mais je n’ai pas le temps de réagir qu’elle s'approche plus ou moins dangereusement. Je fixe donc un point pour essayer de lui répondre. M’auto évaluer sur une échelle de douleur n’est pas mon exercice préféré puisqu’on m’a déjà dit que j’avais une bonne tolérance à la douleur, vous voyez le tableau, j’ai enduré se mal presque huit mois avant de venir ici. Elle l'a sans doute deviné sur quelque hésitation de ma part sur quelques points de pression.

- Cela m’arrive parfois… La voix de ma femme me reviens: Sois plus précis. Quelques migraines...

Au point d’aller me coucher tôt ou de me cloîtrer dans le noir lorsque les douleurs deviennent presque insurmontables.

- Cela a plus un lien avec ma chute, je dirais…

Philtre de paix ? Je grimace légèrement sans aucun doute, mais je n’y ai sans doute pas le choix, le manque de sommeil me rend légèrement à cran et cela commence à jouer sur mes humeurs. J’ai tout essayé ou presque du côté Moldus, me reste que le côté sorcier auquel je n’y avais pas trop prêté attention vu que je m’y tiens loin en général.

J'essaye de suivre les déductions qu’elle tire sur l’observation qu’elle énumère, elle y joint quelques exemples qui aident à la compréhension. Malgré ma bonne tolérance à la douleur, je ne marcherais pas s’il y avait eu fracture. Plus elle avance sur les déductions, plus elle me perd dans le jargon médical. Apprendre qu’Elio serait du genre à mettre un poison dans son thé si elle omettait une hypothèse, me fait presque sourire en coin. J'y glisserais probablement un mot ou pas.

-Un.. Maléfice?

Je ne m’attendais pas vraiment à cela à vrai dire. Quoi que…  Hum… Je reste à demi-pensif avant de relever le regard vers la femme médecin qui se lave à nouveau les mains qui continue sa réflexion à voix haute.

-Donc.. Si je comprends, ce n’est pas un débutant qui m’a fait cela...

Je bouge légèrement pour me remettre de façon confortable parce que la douleur semble vouloir revenir, allonger la jambe aide un peu.

- Peut-on arriver à savoir qui l'aurait lancé ?

Même si je le saurais, je ne pourrais rien faire vu mon statut social dans le monde des sorciers, je ne suis plus rien pour eux de toute façon.

- Oubliez ma question...

Dr Cooper montait quatre à quatre les escaliers menant au bon étage. Toujours vêtu de sa blouse de travail, il avait pourtant terminé sa journée. Et il était en retard à son rendez-vous. Ce n'était pas tant le fait qu’il soit en retard qui le préoccupait, mais plutôt le fait de savoir que son père et Cataleya étaient seuls depuis une vingtaine de minutes. La Blackthorn pouvait se montrer assez froide, et il ne voulait pas que son père se braque pour un rien.
En grimpant ces marches, il espérait fortement que son père soit toujours présent dans la salle d’auscultation.

Arrivé dans les couloirs de l’étage, il vit un collègue qui fut étudiant en même temps que lui. Il aurait aimé pouvoir échanger avec lui mais il n’avait pas le temps. Alors le voyant venir à son encontre, il le salua de la main et poursuivit son chemin.
Il se renseigna auprès de l’accueil du service afin de savoir dans quelle salle ils se trouvaient puis s’y dirigea.

Arrivé devant la porte, il toqua et entrouvrit pour vérifier qu’il ne s’était pas trompé. Voyant son père assis sur une chaise, il entra.

“Désolé pour ce retard, la réunion a duré plus longtemps que prévu.”

Réunion avec d’autres titulaires pour faire un point sur le parcours des internes aux urgences. C’était toujours très intéressant mais certaines personnes avaient soulevé des interrogations voire des débats.

“Bien, je vois que vous avez commencé. Vous avez bien fait.”

Et à priori, ils ne se sont pas étripés. Tout va bien.

“Où en êtes-vous ?”

Il s’adressait principalement à la médicomage. Est-ce qu’elle avait déjà pu établir un diagnostic ? Est-ce que cela rejoignait celui d’Elio ?

@Cataleya Blackthorn, @Marcus Cooper

“Difficile de définir l’expérience du lanceur sans examen.” Marque la Blackthorn en revenant près de son bureau. S’y hissant souplement, elle croise les jambes sous sa blouse immaculée et s’étonne du ravisement dont fait preuve le Cooper lorsque tombe son ultime question. Ne prêtant pas attention au vœux d’oublie, Cataleya reprend “Les autorités compétentes le pourraient. C’est le travail des aurors que de chasser les mages noirs, non ? Avec un diagnostic formel, l’enquête pourrait être aiguiller.” Si elle savait la justice partiale et nécrosée dans ses fondements même par des jeux de pouvoirs, elle doutait sincèrement qu’un gros bonnet ne s’en prenne au père du plat et lassant Elio Cooper et ne censure de fait l’enquête. Penchant un instant le visage sur le côté pour observer la jambe du patient sous un autre angle, comme si cela lui permettrait d’y voir plus clair, la jeune femme se laisse finalement aller à un soupire. Le père de Juliet aurait à la rigueur s’essayer à ce genre de sort, mais il aurait visé le fils. Et il y a bien longtemps de cela. La moue se pince pourtant devant les questionnements qui naissent en cascade sous cette ultime question puisque, à première vue, le père Cooper avait tout d'un honnête homme si on passait le fait qu'il soit traître à son sang, et qu'il ait mit fin à une longue tradition puriste pour offrir au monde Elio. Une bénédiction si on écoutait les internes de St Marie. Récupérant de nouveau le dossier pour l'annoter lorsqu'on toque à sa porte, l’air que prend la Blackthorn se pince sévèrement.

-Tu as vingt minutes de retard, nous n'allions pas t'attendre. Si le ton est dénué d'animosité, il est vrai que plus d'un collègue auraient pu s’en offusquer. On peut lui faire passer une écho pour vérifier la présence de kyste… Mais au manque d’entrain que trainait la voix de la lufkin, il faisait nul doute qu’elle n’y croyait pas trop. D’un geste de la main elle invoque la venue d’un immense volume traitant des malédictions osseuses, et l’ouvrage s’ouvre brutalement en son centre avant de laisser ses pages feuilleter vivement sous les grands yeux bleus de la Blackthorn.

-Au vu de la datation, et de l’absence d’aggravation brusque et remarquée, on va écarter d’emblée … Ca. Et ça. Et plus encore ça, sinon ça voudrait dire que mon cher collègue est un mauvais médicomage, et ce n’est vraisemblablement pas le cas. Par contre, une Ostéomyélite incantatores… La voix se trainent sur le suspens, non pas pour frustrer les Cooper, mais bel et bien parce que la perspective d’un tel diagnostique éveillait en elle un enthousiasme qu’elle préférait mesurer avant de claquer sur la table le dossier en clamant que c’était son premier de l’année et que c’était tout de même un peu classe. Mais puisqu’elle était au travail, et pas penché sur l’une des tables de pierre qui lui servait de plan de travail chez les capes noires… C’est une nécrose osseuse provoquée par un sortilège direct. Ca se vérifie assez simplement avec une série de prise de sang, mais c’est un peu long à soigner.” Explique t’elle finalement, invitant d’un geste de la main Elio à procéder puisqu’elle n’avait toujours pas manger, qu’elle était sur son temps de pause, et qu’il était hors de question qu’il demeure planté comme un poteau dans un coin de son bureau, sans quoi la Blackthorn en deviendrait vite nerveuse.

Bien évidemment qu’ils n’allaient pas l’attendre. Après tout, la présence d’Elio n’était pas primordiale en tant que médicomage. Il avait fait appel à la Blackthorn pour déterminer un diagnostic, elle n’avait pas besoin de lui pour le faire.
Cela dit, cela ne l’empêcha pas de faire une moue dubitative lorsqu’elle mentionna la présence potentielle d’un kyste. Il n’avait pas fait appel à elle s’il avait présumé ce genre de diagnostic. Elle-même n’avait pas l’air d’y croire, et heureusement elle passa rapidement à autre chose.
Lorsqu’il vit arriver le grimoire, le médicomage se rapprocha du bureau de sa collègue, curieux. Il essayait de suivre de loin, une main maintenant son menton, signe de réflexion. Il arqua un sourcil lorsqu’elle le mentionna, balayant une hypothèse invraisemblable. Il ne savait s’il devait la remercier ou la fustiger du regard, donc il ne fit rien, et continua d’écouter.

Une ostéomyélite incantatores ? Le médicomage ne se rendit pas vraiment compte qu’il fronçait un peu plus les sourcils. Il se souvenait en effet avoir vu cette maladie lors de ses études mais cela ne courrait tellement pas les rues qu’il l’avait oublié.
D’après ses souvenirs, en effet, la maladie était compliquée à soigner. En tout cas, son père n’allait pas s’en débarrasser de suite.

“Oh tu souhaites que je fasse la prise de sang ?”

Comme elle ne bougeait pas, il comprit que c’était ce qu’elle attendait de lui.

“Aurais-tu perdu la main Cataleya ?”

Elle était en charge de son père, et elle lui demandait de jouer à l’infirmier, alors qu’elle pouvait exécuter cette prise de sang. Rien de plus simple. Mais peut-être était-ce trop banal pour miss Blackthorn ?
Il prit une petite fiole sur une étagère et rapprocha de son père tout en lui demandant de relever sa manche.
Sa baguette pointée vers une veine, il utilisa le sortilège Suctu Sanguis pour prélever une peu de sang. Les gouttelettes s’envolèrent dans les airs pour se retrouver dans la fiole.

“Cela signifie donc que c’est intentionnel.”

Il pose la fiole sur le bureau de Cat’. Finalement la parano de son père était peut-être justifiée.

@Cataleya Blackthorn @Marcus Cooper

“Je ne suis plus rien pour le monde magique de toute façon…” Pourtant connue pour tenir le titre de Miss Dramaqueen du comté, Cataleya arque un sourcil devant une phrase qu’elle ne sait pas tout à fait mesurer. Si tous les traîtres à leurs sangs finissait reclus de la société, alors le monde magique s'écroulait. La dominante était aux sang-mêlés. Fondamentalement dubitative, la Blackthorn se convainc tout de même que son diagnostique aurait une utilité, même légère, dans le cadre d’une enquête et avise Cooper père d’un regard qui ne laissait que peu de doute sur ce fait. Justice viciée ou pas, ce diagnostic serait signée de la main d’une Blackthorn et s’il fallait qu’elle aboie un peu fort pour le faire entendre, alors elle démolirait la porte des aurors du bout de ses talons aiguilles. Pas que la notion de Justice dans ce cas précis lui importait, mais plus mue d’une volontés égoïste de prouver qu’elle avait raison. C’est qu’elle se vexait vite lorsque ce fait été démenti, miss Quarta. “Aurais-tu perdu la main Cataleya ?” Piquée au vif, presque insultée, la médicomage désigne dramatiquement son sandwich à peine entamé comme justificatif à sa requête :

-Heures supp’ à profusion, tu me déranges à peine ais-je le temps d’avaler un truc, donc oui, tu vas faire cette prise de sang.

Difficile d’imaginer que le Cooper était son supérieur hiérarchique au vu de l’aisance avec laquelle elle lui avait répondu, mais puisque que Elio s’exécuta, Cataleya ne prit pas la peine de révulser ses yeux en arrière et le faire à sa place. Elle l’aurait pourtant sans doute fait s’il avait patienté quelques secondes de plus. Faisant tournoyer sa baguette de saule torsadé entre ses doigts pour dissiper l’excitation et le stress engendré par l’étude d’un maléfice peu commun, la Blackhorn éclaircie sa voix :

-Ca peut effectivement gagner en gravité si ça n’est pas pris en charge à temps et fragiliser les os. Voir les détériorer de manière irréversible. Si ce n'est pas le cas et qu'on n’est pas mauvais, on peut stopper les dégâts et essayer de les répar- Elle se stoppe pourtant pour lancer un revelio sur quelques gouttes de sang avant d’incanter dans une langue aux accents étranges et ancien. Elle murmure à peine, petite Blackthorn, mais les quelques gouttes qui lévitent devant sa baguette oscille étrangement entre le vert chimique et le violet. Piquant entre ses sourcils froncé une expression grave. Elle aimerait saluer son génie et lever un majeur en l’air aux collègues qui osaient lui dire qu’elle ne pouvait pas constamment faire confiance à son instinct, mais la colorimétrie que prend le sang lui ôte toute envie de festoyer.

- “Bonne ou mauvaise nouvelle, c'est bien ça. On va faire une ponction de la moelle osseuse, ainsi qu’une biopsie pour voir l’avancée du maléfice. Ca va piquer, et on en a pour minimum vingt minutes. Un genre musical de prédilection ou on part sur du AC/DC ? ”

Faire une prise de sang à son père, il n’y avait pas de problème pour le Cooper, ce geste étant d’une banalité pour lui.
Mais il ne put s’empêcher de sourire, tout en secouant la tête en écoutant l’excuse de la Blackthorn pour ne pas la faire. Enfin bref, il n’allait pas perdre son temps à entrer dans une joute verbale. D’autant plus qu’il n’était pas certain de gagner avec sa collègue.

Elio était trop occupé à observer la réaction magique du sang pour s’apercevoir que son père faisait une crise de douleur. La couleur et le visage de la Blackthorn n’engageaient rien de bon. Le verdict fut annoncé et le médicomage prit conscience de la gravité de la santé de son père.
Et il n’apprécia pas vraiment la réaction de la Blackthorn. Comment pouvait-elle prendre cela autant à la légère ? Et puis, il n’aimait pas non plus sa précipitation.

“Quoi ? Tout de suite ? Ici ?”

Voilà pourquoi les médicomages ne pouvaient soigner leurs proches. Elio se sentit un instant dépassé par la situation. Son père avait une maladie rare et sérieuse, et qui plus est non hasardeuse.

Le père ne semblait pas non plus comprendre ce qui allait se passer. Et comment le pourrait-il ? Il n’avait encore jamais eu de ponction de la moelle osseuse.
Soudain, Elio se tourna vers lui, décontenancé.

“Je…Quoi ? Une offre d’enquête ?”

Mais de quoi parlait-il ? Ok, ça partait dans tous les sens. Il ne savait ce que lui avait proposé Cataleya, mais pour le moment ce qui lui importait c’était le processus de soin.

“Cataleya, explique-moi le processus de soin.”

Et tant pis si son père ne comprenait pas le langage médicomagique. Elio avait besoin de savoir si elle savait où elle allait.

@Cataleya Blackthorn, @Marcus Cooper

-Sauf si tu préfères laisser ton père en souffrance, et tenter de masquer la douleur quand pourtant je la flaire sans même lever les yeux vers lui ?

Le détachement de la Blackthorn pourrait faire froid dans le dos mais c’était là une divergence majeur entre sa vision de la médicomagie et celle de sa cousine @Juliet Blackthorn ; elle, elle soignait la maladie, pas le patient. Si l’empathie était essentielle, un trop plein faussait le jugement et menait à la panique brève mais terrible de son supérieur. Déposant soigneusement sa fiole pour se tourner en direction de la porte, la Blackthorn se stoppe pourtant net devant l’injonction qui tombe derrière elle. A croire que chaque mot issue de la bouche d’Elio étaient en mesure de lui arracher un soupire. D’un index dressé entre elle et lui elle temporisa les question et ouvrit la porte pour réquisitionner d’un mouvement de baguette l’un des lits d'hôpitaux sur roue qui campaient dans le couloir.

-Mr Cooper souffre d’une Ostéomyélite incantatores depuis sept mois, et a fait deux crises en vingt minutes. On peut jouer à qui sortira les meilleures probabilités si tu le souhaite, mais il est plus que probable qu’il nous en refasse une prochaine dans dix minutes, et si sa tendance à inhiber la douleur lui permettra de ne pas crier, je doute que la quatrième lui offre ce luxe.

Et si elle avait suffisamment entendu Charlie hurler à la mort pour ne plus se laisser déstabiliser par un homme qui hurlait à ce qu’on l’achève, la Blackthorn se doutait qu’Elio serait inefficace s’il entendait son propre père se mettre à crier. Faisant des heures supplémentaire par manque de personnel, connaissant son nombre de patient sur le bout des doigts et le sachant trop nombreux pour les capacités de Sainte Marie puisque le gouvernement n’avait vraisemblablement pas grand chose à faire du corps médical, elle se doutait qu’il serait vain de déplacer le patient puisqu’il ne trouverait aucun espace de libre pour l’opération. Et puis soyons honnête, elle avait déjà fait plus artisanal et sur son propre canapé.

-J’ai besoin de savoir exactement où en est le maléfice avec un échantillon de moelle osseuse sans quoi le traitement sera désastreux. Si je dose trop fortement, je dégrade les tendons, si pas assez il y a un risque pour que le maléfice réagisse et empire l’état de ton père. Mais si tu veux on peut attendre qu’une chambre se libère, que Fish débarque pour me remplacer, et qu’il le renvoie sous prétexte que ça fait sept mois que ton père traine ça et qu’il peut attendre un rendez vous avec un spécialiste. Les délais du docteur Guinness sont de trois mois, pour info.

Tapotant deux fois de sa baguette le lit pour inviter le patient à s'y hisser avec ou sans aide de son fils, dépendamment de son taux de fierté, la Blackthorn prépare d'ors et déjà le matériel en grimaçant un peu puisqu'elle n'avait rien d'une urgentiste et préférait le confort de ses consultations à ce genre d'opération faite à même son bureau.

-Vérifie tout de même si une chambre est disponible.

Je sors lentement de ma crise, en étant de plus en plus perdu face à leurs charabia médicale, ils ne faut pas grand chose pour que je comprenne quelque chose. Je perçois à peine le changement de couleurs dans la fiole de sang entre les doigts de la médecin. Je croyais que ma crise était passée sous le radar, mais je me trompais, elle l'avait donc remarquée. Deux fois plutôt qu’une? Oui, peut-être disons que rester sur cette chaise n’aide pas à soulager ma douleur. De ce que je comprends, l’échange entre eux d’eux n’annonce rien de bon à propos de mon dossier. J’ai donc une Ostéoquoiincantatoire, qui semble assez préoccupante pour qu’elle s’en occupe maintenant.

Lorsque je lève les yeux vers mon fils qui prend lentement conscience que je ne plaisante pas depuis 7 mois à propos de ma douleur qui s'intensifie de plus en plus.

-J’ai été victime …. de magie noire, elle t'expliquera mieux que moi…

Parce que j’ignore le processus qui en suivra de toute manière. Tout ce que je sais, c’est assez sérieux pour en faire une enquête. Avec les arguments qu'elle amène, je ne serais sans doute pas dans la possibilité d‘attendre trois mois de plus. Elles sont de plus en plus difficiles à surmonter lorsqu’elle se pointe. Tiens on dirait bien que cela va se faire aujourd'hui, son truc de ponction de moelle osseuse. Au moins ça, je sais vaguement ce que c'est. Je perçois du coin de l'œil, l’invitation à prendre place sur la civière qui vient d'arriver. Je ne suis pas chaud a l'idée, mais je n’ai pas le choix.

Me relever est une horreur après avoir passé autant de temps immobile, je consens à prendre l’aide de mon fils, une fois debout, je lui glisse à l'oreille d’aller appeler sa mère. J’ai la démarche moins assurée que lorsque je suis arrivé, ma fierté me pousse à le pousser légèrement en direction de la porte. Je sens mon portable vibrer dans ma poche et celui de mon fils ne va pas tarder à sonner lui aussi. Pas question qu’il me voie tomber, j’ai le vertige de plus en plus, la douleur qui me traverse en approchant la civière, j’ai conscience d’y avoir touché mais pas de ce qui est de la suite. Je n’ai pas non plus le souvenir d'être presque tomber au sol et de qui m’a retenue de justesse pour ne pas me fracasser le crâne sur le sol.

@Cataleya Blackthorn @Elio Cooper

Elio savait bien qu'il s'agissait d'une maladie initiée par la magie noire. Mais l'existence de cette poliomyélite suffisait-elle à ouvrir une enquête ? Peut-être.  En tout cas, il l'espérait. Il fallait trouver les coupables.  Ils auraient de quoi déposer une plainte auprès des forces de l'ordre.
Mais l'heure n'était pas encore à la justice. Il fallait tout d'abord soulager et soigner son père. Cependant il fut quelque peu surpris par la demande d'examens à faire sur le champ. Et pourtant, la Blackthorn avait raison. Il n'y avait pas de temps à perdre. Elio aurait certainement fait la même chose si ce n'était pas un proche.

L'argumentaire de Cataleya tenais la route. Elio s'approcha alors de son père et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Après avoir vécu ces crises, il devait avoir les muscles douloureux. A lui de voir s'il fait le malin en refusant l'aide apportée par son fils.
Elio était nerveux. Il ne savait pas si la médicomage avait l'habitude d'effectuer elle-même des ponctions lombaires. Et lui ne se sentait pas de le faire. C'était pourtant un geste qu'il connaissait par coeur. Mais le faire à son père, il s'en sentait incapable.

“Je le ferai après.”

Il est certain d'en trouver une même si ce n'est pas dans le service de Cataleya.
Il souhaitait avant tout rester auprès de son père et surtout veiller à ce que la Blackthorn ne le paralyse pas.
Il avait tant envie de lui demander à quand datait sa dernière ponction lombaire mais il ne voulait pas inquiéter son père.
Il se dit qu'il faudrait appeler sa mère aussi pour la tenir au courant. Elle devait savoir si ce qui se passait. Mais encore une fois, il le ferait après les examens.
Il vit alors son père défaillir. Impressionnant de voir un gaillard pareil tomber dans les pommes. Elio fit un mouvement vers lui, mais il fut stoppé net par la Blackthorn.

@Cataleya Blackthorn, @Marcus Cooper

“Elle t'expliquera mieux que moi” Se tournant net vers Elio en entrouvrant les lèvres, prête à se faire encyclopédie véritable et potentiellement lâcher que quand ce maléfice ne touchait pas un proche, il était hautement fun à étudier, Cataleya se ravise devant l’air de son supérieur. Il doute et empeste la peur naissante ; rien de pire pour déconcentrer sa cadette. Sa nervosité aurait certainement pu se faire contagieuse si les mouvements de la Blackthorn n’avait pas trouvé écho en une précision chirurgicale. Elle cadre sa pensée par le mouvement, focalise ses sens sur le malade et tente du mieux qu’elle le peut d’occulter la présence d’Elio puisqu’il prend des airs de carpe morte sur le côté. Pas franchement utile. Peut être devrait-elle l’envoyer chercher une connerie pour lui éviter de tourner de l’oeil quand elle viendrait à piquer. Elle n’était pas certaine de gérer la panique du père si le fils s’effondrait sous le coup du stress ; urgentiste ou pas, on agissait toujours différemment devant des proches au point où Cataleya la première, la nuit où @Charlie avait été mordu, avait oublié les règles de bases de la prise en charge d’un blessé. En proie à la tétanie, elle avait perdu de précieuses seconde et passait encore quelques nuits blanches à se répéter que ça aurait pu lui être fatal. Invoquant d’un brusque mouvement de baguette sa chaise, celle-ci frappa derrière les genoux de Cooper Fils pour le déséquilibrer et l'assurer de force avant de glisser à côté de leur civière de fortune. Ca, c’était fait.

-Qui dit mot consent ; va pour du AC/DC. On serre les dents les Cooper, pour minimum… Vingt minutes. Sans doute plus, à dire vrai, puisque l’état de stress ambiant lui imposait une plus grosse charge mentale. Préparant soigneusement son matériel avant que ne s’élève “Highway to hell”, Cataleya se voulu pourtant un poil rassurante. “La dernière fois que j’ai fais ça, c’était sur un loup garou transformé. Vous êtes un patient nettement moins compliqué.” “Rassurer” était en définitive un bien grand mot pour la Blackthorn qui d’une voix claire s'apprêta à inviter Cooper père à s'allonger quand elle le perçu du coin de l'oeil chuter. Vive, effroyablement vive du fait de son éducation toute paternelle et des années passée à œuvrer au sein des capes noires, la médicomage le rattrape de justesse et s'assure d'un mot de ses constantes vitales. Pressentant tout de même qu'Elio se redresserait, le Assis ! claque avec une fermeté effroyable. En définitive, la Blackthorn ne le veut pas dans ses pattes dans son état puisque sa panique n'aiguiserait qu'un peu plus celle qui pressait son cœur à galoper un peu plus vite. Merde. Merde. Merde !

-Je l'avais dit. Pas tout à fait, et en aucun cas elle avait pressentit que le père tomberait dans les pommes aussi vite, mais appuyer l'urgence d'une ponction lombaire lui donna un certain sentiment de légitimité alors, soulevant laborieusement le corps de l'agent du ministère pour le coucher sur la civière, Cataleya inspira grandement. "Tiens le. Je vais en profiter pour piquer. "

Plus d'un collègue plisserait les yeux devant cet opportunisme effroyable mais puisque les constantes vitales étaient stables et l'opération douloureuse, autant profiter qu'il n'en ai aucunement conscience. Dégainant une aiguille effroyablement large après avoir préparé méticuleusement la zone à piquer, Cataleya s'exécuta dans un sang froid à faire pâlir un mort après s'être assurée par trois fois que son patient ne se réveillerait pas de sitôt.
Vingt-trois minutes et trente-huit secondes. Elle avait demandé à Elio de chronométrer et ce fut certainement là le seul échange qui troubla le silence morbide de l'opération puisque la spécialiste ne trouva pas un quelconque intérêt à faire la conversation. Trop concentrée sans doute, ou trop inquiète pour se permettre de penser à autre chose qu'à la justesse de ce qu'elle faisait. Elle prit tout de même la peine de taper vivement sur l'épaule de son supérieur pour l'arracher sa sidération, ou au moins son anxiété, et lança d'une voix claire :

-Dépendamment de qui bosse au labo, il aura les résultats demain ou après demain. Trouve lui une chambre. Et sur ce elle embarqua l'échantillon, ayant tout de même la décence de ne pas claquer la porte derrière elle.

-Fin pour Cat-