Belle comme l’était le jour en dépit des gardes qui se cumulaient, Cataleya terminait la rédaction de ses rapports un doux fredonnement aux lèvres. Si la scène avait de quoi surprendre les deux internes qui l’avait interrompu dans sa maigre pause, au point qu’ils théorisaient à voix basse qu’elle envisageait forcément de leur jeter un maléfice, ou qu’elle était sous les coup d’un amortentia depuis un gros mois, force était d’admettre que la Blackthorn était d’une amabilité singulière. Elle avait même entrepris de remplacer une collègue couchée par la fièvre. Une première, puisqu’elle s’était dévouée d’une main vivement levée, alors même qu’elle s’était défaite de sa blouse en soupirant qu’elle avait cruellement besoin de dormir. Ainsi, si la lufkin dévia un instant de ses notes pour étirer ses bras vers le ciel, offrant un sourire à un collègue qui passait en lui demandant si elle avait eu le temps d’avaler quoi que ce soit, sa plume à papotte n’avait de cesse que de trahir son enthousiasme puisqu’elle valsait d’une ligne à l’autre, faisant par parfois trésauter le pompom blanc qui l’accompagnait lorsque la sorcière semblait prit d’un nouveau sursaut allègre. “Pom pom pom.” Laissa t-elle soudainement échapper, puisqu’elle fredonnait cette étrange comptine sorcière qui chantait qu’un lapin blanc allait se marier ; Celle qui lui avait appris à tracer les runes de Dagaz et Wunjo quand elle était toute petite, puisqu’elle aidait à les signer. Par réflexe sans doute, les doigts forment deux triangles en en se pinçant, puis s'embrassent pour former la rune du jour. “mwaaaah.” Elle le faisait toujours durer, ce baiser, autant parce qu’elle aimait sincèrement cette histoire que parce que le geste avait toujours fiché dans le regard de son aîné des airs foncièrement doux. Elle a pourtant l’air un peu con le docteur Blackthorn, là, avec ses mains pincées à la manière de bec de canard et des étoiles plein les yeux, et c’est peut être cette subite réflexion qui lui fait relever la tête pour répondre à son collègue. “Pas encore ! J’ai une pomme dans mon s-”

La voix se brise à l’instant même où le nez plisse sous la brusque odeur de fer que lui porte l’air. Une odeur forte, agressive, qui lui laissait un affreux goût sur la langue. Presque poisseux. La grimace est telle qu’elle alerte son collègue bien avant qu’ils ne soient tous bipés auprès de deux aurors en apprentissage, l’un vilement touché dans le dos, l’autre sur l'entièreté du bras droit par un maléfice que les urgentistes n'avaient pas su nommer. Si le regard de la Blackthorn effleure le premier pour se faire une idée du sinistre, il n’a de cesse que de dévier sur le second. Les lèvres se pincent en une expression sévère, mais un “Quel crétin.” lui échappe tout de même. A peine audible. McCandless dans toute sa splendeur, “blessé tous les trois matins” arguait la médicomage puisqu’elle aimait grossir le trait pour pouvoir souffler après qu’il était au mieux stupide, au pire inconséquent. C’était ainsi qu’elle évacuait la terreur qu’il lui collait aux tripes lorsqu’il lui était rendu mal en point. Et pour le coup, mal en point, c’était aujourd’hui peu dire. Plié par la douleur, imperméable aux sortilèges de soin, c’est un vent d’incompréhension qui soufflait sur les médicomages attroupées autour des aurors en formation. Les prémisses d’une tempête qui agitaient en grande vague les yeux bleus de la Blackthorn. Impuissante, l’esprit tordu sous les contre-sens que lui offrait la situation,  la lufkin ne comprend pas ce qu’il se passe puisque les morsures qui lacèrent leurs chaires semble indiquer un maléfice de Chauve-furie particulièrement vorace, et que ce genre de magie ne pouvait en aucun cas entrer en contradiction avec les soins apportés. Pourtant, plus ils s'acharnaient à offrir des réponses à ces corps meurtris, et plus ceux-ci se tordaient d’avantage. Fiévreux.

“On stop tout ! C’est une corruption sanguine. ” Elle a aboyé, Cataleya, si vivement que l’un de ses internes en fait tomber sa baguette. Et puisqu’on lui répond qu’il faudrait faire des analyses pour s’en assurer et que la réponse semble lui donner l’envie de s'éclater le crane contre le mur, c’est d’un geste sans défaut que la Blackthorn pique le bras d’Alexander pour prélever du sang. Déposé sur une coupelle et menacé de la baguette torsadé de Cataleya, il boue à grande bulle sous le sortilège qu'elle a pourtant à peine esquissé. “Le maléfice altère la réception de l’episkey et libère des toxines : c'est une corruption du sang.” Le ton est sans appel, incontestable puisqu'ils ont déjà perdu trop de temps. L'ordre est à la sédation et à l'usage exclusif de philtres et potions pour ne pas aggraver leur état puisque les Corruptions sanguines réagissaient toujours effroyablement au contact des sortilèges. C'était d'ailleurs là que résidait toute leur perfidie : on détournait l'attention avec un sortilège offensif particulièrement impressionnant comme ça tout le monde s'acharnait à soigner ses dégâts, et là seulement s'éveillait cette petite merveille de magie noire. Cataleya serait impressionnée par la sournoiserie du lanceur si ce n'était pas Alex qu'elle avait sous ses doigts.

- J'espère que tu as pu lui faire ravaler ses dents, parce qu'à cause de lui je vais louper l'essayage de ma robe de marié. Soupire t'elle finalement, appliquant un bandage imbibée d'une bien visqueuse matière sur le bras abimé de son partenaire. “ Et si ce n'est pas le cas, quand tu le reverras tu lui diras qu'il ne sait pas équilibrer ses maléfices ; Il a mal exécuté son geste, ou ne le maitrise pas, sans quoi ça aurait été dévastateur. ” Mais s'il l'avait lancé correctement, au moins aurait-elle comprit plus tôt de quoi il s'agissait. Laissant échapper un soupire, la rousse observe les paupières du grymm s'entrouvrir doucement. Elle aurait aimé lui caresser la joue du bout du pouce, ou du moins tenter de le rendormir d'un baiser sur le front, mais ses mains collaient affreusement aussi se contenta t'elle de mot qu'il ne percevrait peut être pas, tant il était dans le coaltar. “ J'ai récupéré ton portable, j'appellerai tes parents lors de ma pause histoire que tu ais un peu de compagnie sur les prochains jours. ”

Une mission qui se voulait facile. C’est pour ça que Ian avait permis à Alex de venir avec le reste de l'équipe. Et puis il faut dire que l’étudiant arrivait en fin de dernière année. Il avait bien le droit à faire une sortie sur le terrain. En tout cas, c’est ainsi qu’il avait réussi à convaincre son tuteur. En précisant aussi qu’il se ferait discret.
Mais voilà, tout ne se passa pas comme prévu. Les sorciers qu’ils avaient pris en filature, présumés revendeur d’organes humains pour la magie noire, s’étaient rendus compte de la présence des aurors.
“Tu restes là.”

Planqué derrière des arbustes dans le parc du Château de Beaufort, à quelques kilomètres d’Inverness, McCandless vit Ian partir à l’affront de deux sorciers qui avaient lancé des sortilèges envers une autre équipe planquée derrière un mur en pierres.
Mais il vit aussi un autre apprenti auror être dans une mauvaise position et personne ne lui venir en aide. Il n’allait quand même pas être le témoin d’un meurtre sans rien faire !
McCandless sortit de sa cachette et fonça droit vers le sorcier encapuchonné, lançant un expelliarmus. Encore trop loin, il n’arriva pas à l’atteindre, mais cela suffit à son collègue pour se mettre à fuir. Malheureusement, le mage réussit à le toucher au dos et il vit son collègue s’effondrer. Putain, il n’était pas sortit de sa cachette pour ça. Il stoppa nette sa course, s’agenouilla et visa. Il lui semble avoir réussi à l’immobiliser. Il n’est sûr de rien car
il fut touché lui aussi au bras. Douleur fulgurante qui le fit basculer sur le côté. Personne n’avait vu qu’il y avait un troisième type. Ils s’étaient tous fait avoir.

La suite est floue. La douleur non seulement pulse dans son bras, mais aussi partout dans son corps. Des images qui se succèdent entre la tête de ses collègues, les ambumages, l’hôpital. La fièvre grimpe et il entend des sons tantôt apaisants, tantôt flippants.
Il perd connaissance. Lorsqu’il ouvre les yeux, il voit Cataleya. Elle lui parle. Il ne comprend pas vraiment ce qu’elle lui dit, étant dans le coaltard. Il attrape sa blouse de travail.

“Charlie…Vite, il faut le sauver. Tu dois le sauver Blackthorn.”

Puis il replonge dans le néant. Il n’a aucune idée qu’il se trouve à l’hôpital et délire complètement.
Une heure passe et il ouvre de nouveau les yeux. La douleur est moindre. Il se sent même cotonneux. Sensation très étrange. Il a extrêmement soif mais ne reconnaît pas la pièce dans laquelle il se trouve. La fièvre est toujours présente, il a chaud. Il se sent faible et déteste ça. Et pourquoi est-ce qu’il y a tous ces chats sur lui ? Tu m’étonnes qu’il ait chaud !

“Foutez le camp !”

McCandless tente de se débarrasser de tous ces chats ronronnant sur lui, mais les mouvements provoquent des douleurs.

“Allez, dégagez de là !”

La voix est faible mais le ton est là. Il est réellement agacé par ces squatteurs.

Une heure s’était écoulée. De quoi stabiliser l’état de ses patients et prendre en chasse cet odieux mal qui compliquait la tâche des médicomages de St Marie. Si Cataleya s’était sentie d’attaque pour offrir une heure supplémentaire puisque tenue en haleine par la présence d’Alexander sous ses doigts, c’est fermement que son responsable lui avait imposé l’arrêt. Elle manquait de sommeil, n’avait rien avalé, aurait dû partir depuis belle lurette, l’adrénaline ne la sauverait définitivement pas. Pourtant, elle s’était trouvé bien incapable de délaisser son poste alors, si la blouse avait soigneusement été raccrochée, c’était dans sa jolie robe noire qu’elle trônait au chevet d’Alexander. Déverrouillant son portable après s’être essayée à plusieurs mots de passe et conclu au dessus d’un “Prévisible, mon p’tit pêcheur de sirène.”, elle lisait sans le moindre scrupule ses derniers messages sous prétexte qu’elle cherchait le numéro de parents pourtant parfaitement bien annotés.  Pas comme elle qui donnait des noms de code à tout le monde, et avait clairement renommé honteusement @Arthur Batthyány “Daddy” suivi d’émoji soulignant ses bras musclés puisqu’il était un titan implacable qui lui faisait aussi à manger.

“Cher Monsieur et madame McCandless” Le message s’annonçant trop formel, la Blackthorn n’a de cesse que d’effacer et réécrire, ne sachant définitivement pas comment se positionner devant les parents de son ami. Alors, puisqu’elle se souvint qu’Alexander leur avait parlé d’elle à noël dernier, la rousse s’essaye à un peu de familiarité. “Alex est a l’hôpital sous observation, je vais lui rapporter des changes mais pourriez vous lui tenir compagnie sur la semaine à venir s’il vous plaît ?” C’était déjà mieux que le brouillon initial qui s’empressait de leur dire que leur enfant n’était pas mort mais avait largement douillé. Rien de pire que pour alerter des parents inquiets. Elle signait d’un simple “Cat” quand s’agita sous ses yeux le corps mou d’Alexander. Si elle arque un vague sourcil et se contente de terminer la rédaction de son message avant l’envoi, c’est dans un long soupire qu’elle se redresse puisque le grymm s’agace entre quelques douloureux gémissement.

-Tu délires Alex. Ca ne l’empêche pourtant pas de hisser son royal fessier sur son lit, et porter une main blanche sur son front brulant dans un long soupire. La potion auraient pourtant dû le soulager. Tu es à Sainte Marie. Tu t'es mangé un sortilège en mission. J'ai prévenu tes parents, ils ne tarderons sans doute pas à venir... En attendant ton retour, je nourrirais Scylla puisque les animaux sont interdit ici.

Se penchant doucement sur le duelliste pour lui caresser les cheveux, la Blackthorn maudit sa bonté d'âme : elle devrait envoyer Lewis prendre en charge cette ratte. Il était le plus à même de s'occuper d'un animal. Sans doute c'est ce qu'elle finirait par faire, d'ailleurs, puisque pas certaine que le rongeur se laisse approcher par la rousse.

Un parfum familier atteint le nez d’Alex. Une voix aussi. Il n’avait même pas vu que Cataleya était présente à côté de lui. Lorsqu’elle lui annonce qu’il délire, il fronce les sourcils. Quel breuvage lui a-t-elle encore donné ? Il ne se souvient pas avoir donné son accord pour l’une de ses expériences. A Sainte Marie en plus ? Attend, il s’est pris un sortilège ? Ses parents ? Putain, elle ne peut pas être plus clair ? Son esprit est beaucoup trop embrouillé. Cela l’agace quelques secondes puis s’y résigne. Ce n’est pas son genre, mais hé, il est sous dose médicamenteuse.

Il relève la tête un instant. Bizarrement les chats ont disparu. Etrange, très étrange. Il est persuadé qu’il y en avait pourtant. Il laisse tomber sa tête et apprécie les caresses de Cataleya. Il l’observe et son regard ne peut se détacher d’elle.

“C’est fou ce que tu es belle.”

Oui il le pense, ET l’a dit tout haut. La lumière, peu importe d’où elle provient, se reflète dans ses cheveux roux. Ils ont l’air tellement soyeux qu’il a envie de les toucher. Il tend la main vers les pointes rousses et les caresse.

“C’est si doux…”

Il se redresse sur un coude pour porter ces cheveux vers son nez.

“Anh et ils sentent bon !”

Reniflant fortement ces mèches, il a l’impression que ses capteurs olfactifs sont décuplés. C’est fou. Il sait que Cat’ sent bon, mais là c’est juste divin.

“Tu devras te couper une mèche pour que j’en garde une avec moi.”

Le parfum est juste exquis. Il ne veut pas s’en séparer. Mais il a chaud. Alors il quitte à contre-cœur ce parfum délicieux et tente de retirer le drap qui le recouvre. A peine a-t-il initié le geste qu’il sent son énergie se vider.

“Putain !”

Il ne peut même pas retirer un drap tout seul ? Et depuis quand il y a des papillons à Sainte Marie ?

“C’est fou ce que tu es belle.” La dernière personne qu’elle avait cueilli entre les bras du Délire lui avait demandée si elle était l’incarnation d’Hécate ou d’une autre déité, et cette douce réminiscence eu tôt fait de chanter aux oreilles de la Blackthorn qu’elle devait se prêter à l’exercice plus souvent. Machinalement sans doute, elle s’était penché au-dessus du duelliste pour lui répondre une bêtise signée Pajares puisque c’était sa voix qui pesait sur ses neurones afin de leur rappeler que les attentions du McCandless n’avait rien de platonique.  “[...] Et quand je dis « il t’aime » c’est genre « il crève d’amour pour tes beaux yeux et s’il pouvait m’éliminer pour t’avoir il le ferait. ” Les lèvres se pincent un peu quand elle se remémore leurs mots, mais c’est d’une main douce qu’elle s’apprête à recoucher le grymm afin de le conduire à un peu de repos. A peine pose t’elle pourtant les doigts sur ses épaules qu’il effleure ses cheveux, se redresse sur le coude, et perd son nez dans cette cascade rousse qui ondulait délicieusement puisque soustraite à son élastique. Et il les renifle, ce con, comme s’il s’agissait là des roses qu’elle cultivait assidûment dans le jardin familial, alors lorsqu’il se hasarde à lui demander une mèche c’est sans précipitation aucune que la Blackthorn récupère son trésor capillaire, bien décidée à ne jamais plus les couper.

-Je vous ais assez prélevé de cheveux pour savoir que ça n’a d’utilité que pour les polynectars ou la création de poupée. Et il est hors de question que tu t’essaies au vaudou sur ma personne Alex.

Lui glisse t’elle au creux de l’oreille en le recouchant. Pugnace, pourtant, le grymm bouge encore et s’essaye à retirer ses draps, condamnant la médicomage à lourdement rouler des yeux. Au diable la douceur ! Cette fois, la manière dont elle le recouche -le plaque au lit- se fait plus autoritaire. Elle serait bien tenté de le ficeler au matelas pour le contraindre au repos mais sait bien que ses collègues désaprouverait un choix qu’elle défendrait pourtant comme thérapeutique. Nécessaire, puisqu’à trop bouger ce petit con de McCandless rouvrirait ses plaies.

-Si tu te vide de ton sang, je te laisse mourir. Je ne suis plus en service. Soupire t’elle en repoussant un peu mieux le drap, le cul posé à côté de lui. Désespérée, elle use de sa baguette pour prendre sa température et s’indigne en marmonnant de l'inefficacité des potions qui n’avaient pas été réalisé par ses soins. Au manoir, au moins, elle l’aurait retapé sans avoir des têtes juchés au dessus de ses épaules en questionnant chacun de ses choix.


Elle avait parfois l'impression qu'on la croyait au mieux complètement cinglée, au pire à demi-incompétente lorsqu'elle prenait l'initiative des opérations. Et l'ironie toute morbide qu'elle pouvait offrir à ses collègues, mais plus encore à ses patients, n'avait jamais aidé à lever le doute sur le fait qu'elle s'essayait à réanimer des morts dans sa cave les jeudi soirs en poussant des "He's alive" sadiques et névrosés. Si cette image qu'on avait d'elle aurait pu la désespérer, elle laissait au contraire planer un vent de mystère lorsqu'elle se glissait sans un bruit derrière ses internes en leur murmurant qu'ils se trompaient dans leur diagnostique. C'était tout de même mieux que leur hurler qu'ils étaient complètement cons.

-Au fait, tu fais quoi le premier juin ? Non parce que, tant qu'à jouer les baby-sitter pour homme délirant, autant en profiter pour distribuer les invitations à son mariage. C'était un sacré gain de temps.

Vexé. Comment ose-t-elle renier sa demande ? Juste une petite mèche. Rien qu’une toute petite mèche. Ce n’est pourtant pas grand chose. Elle en a tellement des cheveux ! Et puis, pourquoi est-ce qu’il ferait du vaudou avec ? Ah si…Cela lui permettrait de lui fermer sa bouche de temps en temps. Ce serait pas mal en fait. @Lewis Barghest serait content aussi. Faut pas qu’il oublie.
Sauf que déjà, il passe à autre chose. Il a chaud et ne supporte plus le drap sur lui. Il remue, du moins en gestes incroyablement lents, et tout d’un coup se retrouve plaqué contre le matelas. WHAT ? Hébété, il observe Cataleya de la tête aux pieds. Quelle potion a-t-elle ingurgité pour avoir une force pareille ? Elle aussi serait un loup garou ?

“Oh non…” lâche-t-il, comme si le calvaire recommençait.

Les papillons ont disparu. Il regarde les fenêtres. Elles sont fermées. Où sont-ils donc passés ? Il passe une main sur son visage, se questionnant sur la réalité des choses.
La voix de la Blackthorn résonne de nouveau.

“Pourquoi ? C’est la pleine lune ?”

Elle avait besoin de lui pour ses transformations ?

“Mais depuis quand ? Quand est-ce que tu t’es fait mordre ? Oh c’est pendant cette putain de nuit non ? Putain, et tu ne m’as rien dit depuis ce temps ?”

Il parle en même temps qu’il réfléchit. Ses pensées ont du mal à prendre de l’avance par rapport à sa parole. Cette nuit, où elle s’est retrouvée seule face à un lycan et qu’elle a voulu jouer en solo. Et voilà ce que ça donne ! Elle se retrouve, elle aussi, dans la même team que @Charlie Keir ! Pourtant, elle a moins de cernes que d’habitude… Elle a l’air de le vivre plutôt bien alors. Keir n’avait pas du tout cette tête là.

“T’as de l’eau ? J’ai soif.”

La fatigue l’étreint soudainement. Il se pose enfin complètement, n’ayant qu’une envie : dormir. Mais la soif le maintient éveillé. Il lui faut de l’eau.

“Oh non…” Médicomage oblige, aussi détestable soit ce trait, c’est l’alerte qui pique les muscles d’une soudaine adrénaline. Vive, Cataleya observe le duelliste en quête d’un souci mais tire franchement la gueule quand elle comprend que c’est le délire qui parle et non pas l’instinct de survie. La tentation de lui taper le bras est grande, mais la mention de la pleine lune la surprend assez pour qu’elle n’ait pas le temps de lui rappeler une fois de trop qu’il était con. Aussi l’observe t’elle tout aussi hébétée qu’il avait pu l’être, cillant à de nombreuses reprises devant l’idée qu’elle ait pu se faire mordre et ne pas lui en parler. Quelques seconde du moins. C’est que la Blackthorn est malicieuse, bien plus que le sont les lutins de Cornouailles, et pose déjà genoux sur le lit pour se hisser à califourchon sur Alexander. Une main posée sur son épaule pour le garder couché, les lèvres se rapproche de son oreille pour souffler sous ses crocs parfaitement animagus et non pas lycanthrope que si elle n’avait rien dit tout ce temps, c’était pour mieux le dévorer. L’emporter dans la nuit dans un rire machiavélique puisque pour une fois elle aurait l’avantage de la force et lui ferait manger la poussière.

- Si je te l'avait dit, tu te serais méfié. Et je ne pourrais pas être à califourchon en ce moment même sur toi, à deux doigt de te dévorer.

Si l’envie de lui dépeindre une vie fantasmée de loup psychotique est grande, la rousse se ravise par respect pour Charlie et croise doucement les bras sur le torse de MacCandless pour le garder couché sous son corps. Les yeux fiché au plus profond de son âme. S’il est dans un état lamentable, elle le sait passager. D’ici une heure au maximum le délire se sera estompé et son sang sera purgé de la toxine à la nuit tombée. On le garderait en observation par sécurité, mais il pourrait de nouveau gambader sous le feu de ses ennemis dès la semaine prochaine.

-Tu n’as pas dit les mots magiques.

Répond t’elle sans même bouger, là, allongée contre le torse d’un malade qui lui réclamait de quoi ne pas finir mort et déshydraté, comme une écrevisse sur un barbecue. La bouteille d’eau n’est qu’à un bras tendu et pourtant, doucement, le menton se pose sur les bras qu’elle à si joliment croisé sous celui du grymm.  

-Si tu les trouve, ou si tu arrives à me dire qui t'a blessé, j’accède à ta requête.

La voilà qui grimpe sur le lit pour se retrouver à califourchon au-dessus de lui. Putain, il a déjà chaud, pas la peine qu’elle lui apporte plus de chaleur. Il fronce les sourcils lorsqu’elle lui murmure à l’oreille. Loin des mots doux qu’il aurait pu imaginer. Puis il arque un sourcil, tout en plongeant dans son regard.

“Ben je t’en prie, fais- moi plaisir…Dévore-moi.”

Une lueur de malice brilla dans son regard. Il est peut-être délirant avec la fièvre mais Alex reste Alex. Est-ce que c’est réel ? Est-ce qu’elle est vraiment sur lui, à califourchon ? Est-ce qu’elle est maudite comme Charlie ?

“Tu serais ultra badass en loup-garou”, laissa-t-il échapper. Et pourtant, en vrai, ce serait invivable. Charlie c’était une chose, Cat’ en loup-garou, elle serait incontrôlable et perverse.
Mais il ne va pas gâcher davantage sa salive car il a soif.

Et le petit côté pervers fait son apparition. Les paupières du grymm deviennent lourdes, la fatigue arrivant sans prévenir. Cependant, il laisse échapper un petit rire mi fatigué, mi bêta.

“Je te jure que je te botterai le cul quand je sortirai.”
Il lutte contre le sommeil. Il ne veut pas s’endormir alors que la Blackthorn se trouve au-dessus de lui. Elle serait capable des pires crasses. Néanmoins, la main de McCandless vient se poser sur la sienne et il sent une bague qu’il ne connaît pas (oui, il connaît la plupart des bijoux de la diva, cette dernière se vantant de tout atout luxueux ). Mais il ne s’en formalise pas. Elle avait encore fait une folie. Ou maman hideuse lui avait fait un cadeau empoisonné.

“Allez Cat’, fait pas ta chienne. Donne-moi de l’eau.”

Il ne va quand même pas la supplier. Il n’a qu’une envie, se redresser et se débarrasser d’elle. Il tente, elle le replaque sur le lit. Putain, il déteste ça. Une chose est certaine, il se vengera.

Une porte s’ouvre et deux personnes se trouvent hébétés devant la scène qui se déroule face à eux. Les parents d’Alexander s’attendaient à voir leur fils dans un lit, mais pas avec une femme au dessus de lui, dans une telle position…
Le père, un homme de même taille que le fils, plus large d’épaules, les cheveux bouclés hirsutes grisonnants, une barbe épaisse toute aussi grise, éclate de rire.

“Tu vois, il va bien”, dit-il à sa femme.

Erin, de taille plus petite, ne sait comment réagir. Habillée encore en jogging, les cheveux blonds foncés comme la paille sont attachés en une queue de cheval. Elle se tient droite, et bien que mince, on ne peut douter de ses capacités physiques en la voyant. Elle a le teint hâlé, comme tous les marins, ce qui accentue d’autant plus le regard azuré. Alexander tient clairement la couleur de ses yeux de sa mère.

Alex tourne la tête vers ce rire qu’il connaît par coeur. Il sourit à son tour vers ses parents.

“Elle essaye de m’achever.”

“[...]Dévore-moi” Si le sourire de la Blackthorn lutte ardemment pour ne céder, la rousse se mord finalement la lèvre inférieure pour taire toute envie de répliquer. La tentation est pourtant grande, et la répartie bien trop aisée. Aussi se contente-t-elle de mimer la morsure dans le vide, comme toutes ces fois où elle passait tout près du bras de @Lewis Barghest et qu’il avait un mouvement de recul. Elle voudrait faussement s’indigner lorsqu’il prétend qu’elle serait charismatique sous forme lupine, placer une main sur son coeur en lui demandant si elle ne l’était pas déjà, mais se laisse aller au rire en réponse à celui du grymm puisqu’elle ne doute pas qu’il pourrait se venger mille fois, oui, mais pas tout de suite. “Allez Cat’, fait pas ta chienne.”

-Que tu peux être vulgaire. Souffle t’elle en réponse, redressant la poitrine mais recouchant d’une main autoritaire le torse du duelliste lorsque celui-ci s’essaye à faire de même. “Couché.”

De sa main libre elle se saisit de la bouteille d’eau située non loin d’eux mais la pose entre ses cuisses le temps de rattacher proprement ses cheveux, relevant ses boucles rousses en un chignon qui retomba aussitôt que la porte fut ouverte sur un monde qu’elle n’attendait pas. Si l’expression du couple tenu derrière elle est hébétée, celle de la rousse se fait subitement honteuse et tourne à de multiple reprise ses rougissements vers la mère, le père, puis le fils.

-C-Ce n’est pas ce que vous croyez ! Lâche t’elle précipitamment sans pourtant lever son cul, puisque MacCandless fils argue déjà qu’elle cherche à le tuer. La sanction ne tarde pas, désastreusement intuitive puisque la claque frappe le biceps avant même que le cerveau ne lui rappelle que ses parents étaient là. “Non ! Je.. Je suis sa médicomage”

C’était de fait pire, et s’en rendre compte accentua l’état de panique qui s'insinua dans les veines de la Blackthorn. Elle cherchait ses mots, elle qui avait toujours quelque chose à dire, et se retenait désastreusement de taper frénétiquement ce même biceps puisque le brun souriait connement à ses parents quand elle, elle était de la couleur des pivoines. N’oubliant pas qu’Alexander lui avait tout de même demandé de l’eau, elle récupère la bouteille et la lui plaque précipitamment dans les mains avant de tourner vers la mère du marin un regard alerte. C’est qu’elle prendrait presque des airs de loir surprit au saut du lit, terrible Blackthorn.

-Vous devez être Madame et monsieur MacCandless. Je vous en prie, asseyez vous. La main désigne les deux fauteuils sur lesquels elle avait étendue ses notes de cours et différente lecture, se penchant brusquement pour débarrasser son sac à main et son atlas sur les malédictions de sang. Votre fils souffre d’une corruption sanguine mais une fois celle-ci purgé, les potions le remettront sur pied !

Prenant une brusque inspiration pour se lancer dans le détail complet de cette altération physique, Cataleya réalise subitement être toujours sur Alexander et s’en excuse par trois fois, désespérément maladroite dans la manière dont elle bondit finalement au sol. “Il voulait de l’eau.” se défend t’elle coupablement, et de la pire des manières.

Est-ce que Cataleya Blackthorn est en train de bégayer ? Alex cligne des yeux, abasourdi. Bientôt sa peau sera aussi rousse que sa chevelure. Il se met alors à sourire jusqu’aux oreilles. Lui ne voit pas d’inconvénient à ce qu’elle soit sur lui, même face à ses parents. Il est ravi de la voir dans l’embarras. En même temps, de son côté il ne peut rien faire, il est coincé sous ses cuisses.
Ewan McCandless pousse gentiment sa femme vers l’intérieur de la pièce, une main posé sur son dos. Elle qui avait été très inquiète par le message, est quelque peu perturbée par cette situation.

“C’est cool que vous soyez là. Vous venez pour la fête ?”

“Allons bon Alex, arrêtes de faire l’idiot,” répliqua sa mère d’une voix ferme mais douce.
Elle s’attendait à le voir souffrant, blessé, dans un sale état, certainement pas en train de faire le clown.

Alex veut se redresser mais la Blackthorn est toujours là. A croire qu’elle s’y sent bien. Bon, ce n’est pas pour déplaire au grymm, mais il a réellement soif.
Les parents se rapprochent du lit, et enfin la rousse revient au sol. Il peut enfin se redresser un peu et porter le goulot de la bouteille à sa bouche. Sa mère passe une main dans ses cheveux, et voyant que la main de son fils tremble, l’aide à se désaltérer.

“Et vous devez être Cataleya” intervient le père. “Content de vous connaître. Finalement vous ne ressemblez en rien à un dragon,” dit-il en souriant.

“Ewan ! Tu penses vraiment que c’est le moment de plaisanter ?”

Erin se tourne un instant vers son mari, agacée qu’il soit aussi décontracté.

“Oh ça va… Il va bien ! Il a juste une sale tête, mais il n’a pas l’air très amoché.”

Erin soupire et regarde de nouveau son fils. Celui-ci vient de boire toute la bouteille.

“Une corruption sanguine ? Quelles en sont les conséquences ?”

Tout en remettant le bouchon sur la bouteille, Erin fait face à la médicomage présente. Elle ne sait pas si elle est compétente, mais son fils lui a parlé d’elle. S’il a confiance en cette femme, elle devrait pouvoir faire de même ?

“Hey Cat, ce sont mes parents. Les meilleurs parents du monde. Et la meilleure femme du monde.”

Le sourire béat se fige un instant pour s’évanouir.

“Je vais mourir ?”

Sinon pourquoi seraient-ils tous présents ? Si Lewis et Charlie débarquent maintenant, c’est clair, il va mourir. La peur le gagne peu à peu et les souvenirs s'entremêlent.

"Maman, je ne veux pas aller dans l'eau. J'ai peur. Non, je ne veux pas."

"Quoi ?"
Erin ne comprend pas, Ewan non plus. Ce dernier se tourne vers la médicomage.

"Il a prit un coup sur la tête ?"

“Dragon”. Si le sourire de la Blackthorn s’était figé dans une politesse de circonstance, le rire trahit une étonnante nervosité. Dragon. Quel putain d’enfoiré. Elle se fait violence pour ne pas fustiger McCandless fils d’un regard aussi noir que l’était les écailles des Hébrides ou plonger ses griffes dans sa chaire en lui claquant odieusement la cuisse pour lui faire passer l’envie de parler d’elle de la sorte. Ca ne confirmerait qu’un peu plus sa réputation, mais ça aurait au moins le mérite de faire voler en éclat les crispations légères de son sourire. La mise en mouvement se faisant irrépressible, c’est le plus poliment du monde que la Blackthorn s’incline en avant, les mains sagement rangé devant sa robe comme une enfant polie. Un sketch, s'esclafferait Lewis quand pourtant la mise en scène était du plus bel effet. La lufkin a pourtant tôt fait de reporter son regard sur Alexander et la moue se forme devant la question maternelle.

-C’est un maléfice relativement avancé ; il altère la réception des sortilèges ainsi que celle des potions de soin pour en retourner les effets. Ça permet généralement à un sorcier de s’assurer que sa victime ne puisse pas survivre à ses blessures puisque peu de médicomage y sont confrontés. Généralement on s’essaye à plusieurs traitements et…

Inexorablement, on tuait ses patients. Un drame qu’Aloysius lui avait très tôt appris lorsque, enfant, elle se penchait avidement sur son grimoire avant de lever ses grands yeux bleus vers son paternel. S’il s’était fait mentor terrible, ses enseignements sauvaient paradoxalement aujourd’hui des vies puisqu’il avait rendu sa fille terriblement réactive. Bien plus prompt à sortir des diagnostics pré-faits que lui tendait parfois ses collègues ou internes. Inspirant profondément, l’Infante de Claudia renoue avec une noblesse aussi altière que Blackthorn, sans doute piqué par l’idée que si elle n’avait pas accepté cette garde, on aurait aggravé l’état du grymm. Elle aurait pu en trembler si ses griffes n’étaient pas solidement plongé dans la paume de son autre main. Impeccablement tenue, puisqu’elle se voulait rassurante.

-La prise en charge a été rapide, les soins tout autant. J’ai stabilisé les plaies avec des cataplasmes qui n’entrent pas en contradiction avec la Corruption et d’ici ce soir son sang sera purgé ; On pourra ainsi traiter les blessures. L’organisme lutte et entraîne une fièvre, mais elle passera dans l’heure.

“Hey Cat, ce sont mes parents.” Si le discours paraissait froid et dénué d’empathie, l’intervention d’Alexander la fait désastreusement rouler des yeux. Oui Alex, elle l’avait comprit. Les lèvres s’entrouvrent de nouveau, mais le brun se lance dans un étalage de sentiment qui lui fait arquer un sourcil. Elle croit à tord qu’il parle de sa mère, lorsqu’il la proclame au sommet du monde, et l’idée d’un McCandless fils à maman est cocasse puisqu’il aime rouler des mécaniques fier et fort. Une fois de plus, la Blackthorn s’efforce de ne pas prêter plus attention à son délire, déterminé à assurer aux parents que tout était sous contrôle, mais la question qu’il pose la saisit avec tant de violence qu’elle semble s’en horrifier.

-Ne dis pas de sottise ! Ca a claqué, fort, mais déjà le brun raccroche ses yeux bleus à sa mère dans une expression désarmante tant elle tenait de l’infantile. Le coeur se serre et, puisque la proximité des parents avec leur fils dissuade Cataleya d’avancer, c’est d’un mouvement sec qu’elle se saisit de son sac et déverse son contenu sur la maigre table tenue non loin de là. Retournant inlassablement ses entrailles sans fond jusqu’à faire tinter des fioles sous ses doigts. L’agacement de la sorcière est palpable, et elle se surprend de cette subite agressivité qui palpite dans ses veines puisqu’elle ne réalise pas tout de suite que c’est la vulnérabilité à peine admise de son ami qui éveille toute l’ire qui s’abat désormais sur les compétences de ses collègues.

-Il est en plein délire. Et il est en plein délire, parce que mes foutus internes ne sont pas capables de faire des mesures précises. Elle a répondu un peu sèchement et s’en maudira durant l’heure suivante, mais déjà elle marmonne dans une langue que les McCandless ne connaissent pas. Persiflant dans la langue de son père adoptif qu’elle les changerait tous en rat si elle ne risquait pas d’être virée en voulant sanctionner leur odieuse incompétence. Portant finalement sa main sur une fiole longiligne sur laquelle avait été dessiné au feutre indélébile des huitres perlière (parce que Chaotique oui, mais créative aussi), Cataleya se saisit d'une seringue parfaitement empaqueté dans ce chaos coloré qui s'offrait à elle. Des livres, des bijoux, quelques cailloux aux formes étranges, et même les plumes d'un rouge-gorge. “Il y a t'il une objection à ce que je pique ? Un, deux, trop tard c'est piqué. Je vous ferez signer une décharge à la sortie. " Oui, elle l'avait fait. Et avec une absence d'hésitation telle qu'il était évident qu'elle n'attendait aucun consentement de la part des parents puisqu'elle avait soigné Alexander de manière plus brutale que ça fut un temps. Tendant une poubelle à la mère elle continue. "Il va vomir un bon coup, mais ça aura au moins le mérite d'être radical. Je vous laisse gérer, je vais ajouter ça à son dossier."

Oui. Elle venait odieusement de se barrer.

Les parents écoutent attentivement les propos de la professionnelle de santé. Erin n'est pas à l'aise avec tout ça, mais elle est reconnaissante envers Cataleya qui évite d'utiliser un jargon trop médical. Ses propos sont clairs : son fils va s'en remettre. Certainement grâce à elle d'ailleurs. Le visage est toujours fermé mais elle peut de nouveau respirer pleinement. 


Alex prend la parole et redevient le centre d'attention. S'il affiche tout d'abord un sourire de béatitude face au tableau familial devant lui, son visage tourne vite en une expression d'inquiétude. 

La peur le gagne rapidement, trop rapidement. Pourtant d'habitude il sait la maîtriser, il ne la montre pas. Sauf que voilà, la fièvre n'aidant pas, il continue à délirer et un souvenir d'enfance remonte à la surface. C'est qu'il avait failli se noyer lorsqu'il était gosse. Tombé du bateau, pourtant amarré au port, son père l'avait sorti de là. Mais les secondes passées dans l'eau avaient été interminables et s'en était suivi une phobie de l'eau. Il peut être fier aujourd'hui McCandless d'avoir su dépasser sa peur. C'est ce qu'il prône avec ses amis. 


Il n'empêche qu'en cet instant l'enfant refait surface. Les parents ne comprennent pas et s'en inquiètent. Ils peuvent seulement être observateurs de la scène : leur fils qui délire, une médicomage qui semble perdre patience mettant un bazard pas possible et s'en vient la piqûre. 

Ils n'ont même pas eu le temps de répondre à la question de la Blackthorn, qui n'en était pas vraiment une. 


La mère se retrouvant avec une poubelle entre les mains percute ce que venait de dire la médicomage avant de sortir de la pièce. Elle donne alors la poubelle à Alex ne souhaitant pas se faire asperger de vomi.


“Tiens ça Alex et si tu veux vo…”


L'effet ne tarde pas. C'est violent, brutal. Tout le corps d'Alex se plie pour expulser. Heureusement, cela est bref. Alex tend la poubelle à qui veut et se rallonge. Ewan se charge de rapidement nettoyer la poubelle d'un coup de baguette, une moue de dégoût sur le visage. Mais c'est le seul à pouvoir le faire, sa femme étant cracmol. Alors il s'y colle. Il ne veut plus de cette odeur dans la pièce. 


“Hé ben. Une sacrée femme cette Cataleya.”


Alex, les paupières closes ne peut s'empêcher de sourire. 


“Et ce n'est qu'un aperçu” murmure le fils. 


“Repose toi.”


Le ton d'Erin est ferme.  Elle n'est pas médicomage mais elle sait que le sommeil est réparateur. Pas le moment de plaisanter. A vrai dire, elle ne sait que penser de cette femme qui semble prendre beaucoup de place dans la vie de son fils. 


Elle s'installe dans le fauteuil, son mari venant s'accroupir près d'elle. 


“Il est hors de danger. On sait très bien les risques qu'il prend avec ce métier.”


“Oui.”


Elle soupire. Alex lui a déjà donné des sueurs froides et elle sait que cela ne va pas s'arrêter de si tôt. 


“Tu as raison. Il va bien et je me sens complètement inutile ici. Rentrons chez nous.”


Elle prend un papier dans son sac et laisse un mot pour son fils lui demandant de leur donner des nouvelles de sa santé. 


Lorsque le grymm ouvre de nouveau les yeux, il n'y a personne dans la chambre. La fièvre est redescendue et il a un goût affreux en bouche. Il se redresse et son bras lui lance une vive douleur. 

Il se rend compte qu'il est à l'hôpital et se rappelle pourquoi il est arrivé ici. Il voit le mot laissé par sa mère. Il fronce les sourcils…Ses derniers souvenirs sont flous. Ainsi donc, ils sont bien venus ?

Caractéristique, la démarche de Cataleya Quarta Blackthorn s’imposa dans les couloirs de Sainte marie comme on annonçait une révolution puisque le claquement régulier de ses talons aiguilles avaient des allures de guillotine. Si elle avait trainé dans son retour, c’est qu’elle avait exigé durant de trop longue minutes que l’on vérifie et refasse certaines potions et qu’elle s’était acharnée à le démontrer lorsqu’un interne avait osé lui sortir qu’ils étaient débordés. Loins d’être pourtant une insurrection, c’était là un fait numérique ; ils étaient en sous-nombre et le bâclage de certains soins en était la plus belle des preuves. Si ce n’était pas là une excuse, ça avait au moins poussé la Blackthorn à siffler entre ses dents qu’elle le referait elle-même sur son temps personnel puisque exceptionnellement de bonne humeur, au vu de son mariage imminent. Quoi que ses sourcils froncés et ses airs de harpies n’en disaient rien. Comme la porte qu’elle ouvrit si brutalement qu’elle avait arraché un brusque sursaut à l’aide-soignant tenu non loin, dans le couloir. C’est pourtant un regard fondamentalement surprit que darde la Blackthorn sur la chambre d’Alex, puisque vide.

-J’ai mis en fuite tes parents ? S’étonne t’elle, puisqu’elle estimait s’être faite tout de même relativement douce et polie. Parfait ! Comme ça j’aurai la certitude de ne recevoir aucune invitation pour noel prochain !

Puisque vraisemblablement Alex leur parlait d’elle durant cette période, et qu’ils avaient estimé au dernier qu'il serait intéressant de la rencontrer. Si Cataleya nourissait des sueurs froides à l'idée de rencontrer son propre père biologique et celui de Miguel, ce n'était pas pour s'apprendre à en rencontrer d'autres. Le constat, pourtant, lui arrache une moue quelque peu tordue. Elle aurait aimé se faire moins brutale, sans doute plus professionnelle devant les parents d'Alexander pour moins les inquiéter. En plus, ils étaient partis avant même de signer la décharge qu'elle rapportait.

-Du coup tu signeras ça. Soupire t'elle en claquant la feuille et son stylo à pompom sur le porte plateau à roulette qui juxtaposait le lit d'Alexander. Hésitant longuement avant de s'asseoir à ses côtés pour poser un main sur son front qui se perdit bien vite dans ses cheveux afin de les discipliner. “ Tu vas un peu mieux ?” avait-elle à peine murmurée, ses yeux bleu perdu au fond des siens.

Le papier encore en main, McCandless voit entrer Cataleya sans prendre la peine de frapper avant. Elle aurait pu au moins lui tendre un sourire, ou montrer un certain soulagement de le voir en vie. Mais non, la Blackthorn entre brusquement, et mentionne les parents de l'écossais.

“Quoi ?”

Pourquoi elle lui parle de Noël ? Au moins il a la certitude que ses parents sont venus lui rendre visite. Et ils ont rencontré la Blackthorn…Il est réellement dégoûté de ne pas avoir les idées claires et de ne pas s'en souvenir complètement. Comment s'est passé cette rencontre ? Étrangement il est soulagé que cela ait eu lieu. Au moins, ils pourront mettre un visage lorsqu'il leur parlera de Cat’. Il espère simplement qu'elle ne les a pas trop effrayés.

“Je vais bien oui.”

Pourquoi en serait-il autrement ?

“Tu m'as déjà vu plus amoché que ça. Ce n'est pas cette blessure au bras qui va me mettre à terre.”

S'il savait…

La douleur est présente mais supportable. Par contre, il a l'impression d'avoir couru un marathon. Il se sent crasseux comme après avoir fait du sport, et son corps est clairement fatigué. Et puis, il a un goût horrible dans la bouche.

“Quand est-ce que je sors ?”

Les hôpitaux, ce n'est pas trop son truc. Il préfère mille fois être soigné dans la cave du Yard Manord, allez savoir pourquoi.
La rousse caresse d'une main les cheveux de l'écossais, tandis que l'autre repose sur son bras. Le voilà le soulagement qu'il attendait. Il est certain qu'elle s'est inquiété pour lui. Il le perçoit dans son regard.

“Alors comme ça, tu as rencontré mes parents…T'as pas dit trop de conneries j'espère.”

Elle aurait été bien capable de profiter de la situation pour le traité au mieux de petit con…Le pire, il préfère même pas l'envisager

S'il était évident que Cataleya avait vu Alexander dans des états plus effroyable que celui-là, elle ne pouvait écarter de son esprit qu'il aurait bien pu perdre la vie si elle était partie essayer sa robe de mariée. Si elle ne s'était pas proposée pour cette garde alors qu'elle était épuisée, et que d'autres, à la place, se seraient acharnés à le soigner à grand coup de sortilège. Ils auraient pu le tuer. Elle se le répétait en boucle et l'avait hurlé à ses internes pendant qu'elle rectifiait le dossier d'Alexander quelques minutes plus tôt. Purement, et le plus simplement du monde, terrifiée.
“Quand est-ce que je sors ?” La medicomage inspire profondément et s'essaye à un sourire pour faire passer la pilule ;

-Ça dépendra de comment se résorbe les blessures… Sans doute une semaine.

Elle l'aurait remis sur pied plus rapidement, elle en était convaincue. Plus brutale, mais parce qu'elle connaissait les limites de son corps et psyché. Le regard pourtant vacille un peu à mesure qu'elle lui caresse les cheveux. Le visage se penche sur le sien, le front posé un trop long instant sur celui de son homologue pour chasser le vestige de cet Alexander enfant qui lui avait saisi les tripes.

-Arrête de dire des bêtises. Souffle t elle à peine avant de se redresser. D'une main, elle récupère une seconde bouteille d'eau et la lui tend pour faire passer le goût de la bile qu'elle sentait à plein nez. Je crois que ta mère me déteste et j'ai peut être traumatisé ton père. Mais je le referais sans la moindre hésitation si c'était à refaire.

Parce qu'elle était effroyablement perméable à la détresse du grymm, trop pour ne pas se précipiter lorsqu'elle la pressentait. Pour réagir calmement et posément en réponse. C'était instinctif et elle s'en maudirait cent fois en sortant de l'hôpital.

-Mais au moins, je sais maintenant d'où te viens ton humour nul. Et ses yeux bleus. Et sa carrure. Et… “Tu leur ressemble, c'est beau.”

Ose t’elle finalement, elle qui ressemblait à peine à ses parents adoptifs et n'avaient rien d'une madrilène. Verrait-elle un peu de ressemblance avec Fernando lorsqu'elle le découvrirai enfin ? Elle en doutait. Entrouvrant ses lèvres pour confier qu'elle aurait sacrifié bien des choses pour ressembler à ses parents, la Blackthorn se ravise et observe longuement de McCandless ;

-J'espère que tu as attrapé celui qui t'a fait ça ; S’il savait tenir correctement sa baguette, il aurait pu te tuer.

Une semaine. Sérieusement ? Il est clair qu'au bout de trois jours il irait mieux. Peut-être même deux ? Qu'est-ce qu'il va faire pendant une semaine ici ? Et qui va s'occuper de Scylla ? Non, une semaine c'est définitivement inconcevable. Il ne peut risquer de laisser la Blackthorn s'occuper de la petite rate aussi longtemps.

Cataleya vient poser son front contre le sien un instant. Il prend sa main dans la sienne. Il a envie de lui dire qu'il est là, qu'il va bien. Il a envie de la rassurer mais cela serait inutile car elle en sait beaucoup plus que lui. Il a envie de lui dire qu'il ne l'abandonnera pas, comme ont pu le faire bien d'autres. Mais les mots ne viennent pas. Ils sont inutiles. Il a juste à apprécier ce doux instant.

Néanmoins il finit par y mettre fin car la question de la rencontre avec ses parents le turlupine.

“Ah bah bravo”, commente-t-il.

Il en profite néanmoins pour boire de l'eau. Au fond, il n'est pas vraiment étonné par ses propos même s'il ne sait pas vraiment ce qui s'est passé.

Il sourit lorsqu'elle parle de l'humour de son père. Il est incorrigible sur ce point.

“Oui, ils sont beaux. Tels parents, tel fils…”

La malice est de nouveau présente dans le regard du grymm. Il sait bien que le commentaire de la Blackthorn était plus profond qu'une simple constatation. Il est vrai qu'il a grandi dans une famille qui l'a enveloppé d'amour et elle en a eu un aperçu.
La boutade est simplement pour lui redonner le sourire.

A son tour de se concentrer pour répondre au mieux à la question de la rousse.

“Je ne l'ai pas vu. Personne ne l'a vu venir. J'ai réussi à toucher l'un de ses collègues mais n'en sait pas plus. Est-ce qu'il y avait un autre auror ? Ne me dis pas qu'il est mort parce que j'ai tenté de sauver sa peau.”

Non seulement il aurait fait tout ça pour rien mais en plus il s'en voudrait se pas avoir réussi à le sortir de là.

“Tels parents, tel fils…” Le commentaire ne manque évidemment pas de faire rouler des yeux la Blackthorn qui le chasse d’un vague mouvement de main. Désespérant. C’était là un adjectif qu’elle aimerait lui coller sur le front avec tant de hargne qu’elle lui causerait un bleu, et qu’elle ne manqua pas de lui faire comprendre d’un second roulement d’yeux lorsqu’elle croisa son sourire trop blanc. Il y avait pourtant dans son expression une malice nouvelle qu’elle s’évertua à pincer comme elle pinçait son sourire, quand celui-ci ne sublimait pourtant qu’un peu plus ses adorables fossettes. Il la désespérait à la faire sourire de la sorte, et elle ne pu décemment pas taire l’envie de répliquer.

-Dommage que votre humour soit héréditaire: Tu ferais tourner toutes les têtes sans ça.

Avait-elle soufflé avant de tirer la langue, faussement légère quand pourtant le coeur et l'estomac demeuraient irrépressiblement noués. C’était bien pour ça que jamais elle n’aurait voulu devenir médicomage : Elle n’était pas certaine que son coeur tienne sa carrière et avait décidément hâte de pouvoir s’enfermer dans le cadre de la recherche. Réduire les montagnes russes que lui causait ce genre de coup de stress. Étonnamment, elle remercia l’impulsivité de Miguel de l’avoir ramené au quidditch quand tout pourtant le destinait aux plus hautes instances. S’il avait été tireur d’élite, qui sait combien de fois c’est lui qu’elle aurait vu couché devant elle, en proie au délire ? Si les nerfs supportaient les blessures d’Alexander et Lewis, il ne faisait aucun doute qu’ils auraient craqué sous le poids d’un troisième. Ainsi ressent-elle le besoin de se redresser pour chasser l'irritabilité que lui cause l'idée même qu'on ait pu toucher son collègue chauffe-plat. Rattachant soigneusement ses cheveux pour ne pas laisser percevoir la dureté qui gèle ses grands yeux bleus, Cataleya inspire profondément. Elle serait tenté de demander à Alexander s'il avait récupéré un morceau de cape ou cheveux de son agresseur pour pouvoir le retrouver et lui coller au visage les traces de ses morsures. "Je ne l'ai pas vu" Bien incapable se réprimer son soupire, Cataleya s'affaire à ranger son bazar avant de répondre proprement au grymm.

-Il a lui aussi subit une corruption de sang, mais ses blessure étaient moindres. Il sortira sans doute avant toi. Et non, il est hors de question que je te donne son numéro de chambre : tu restes couché.

Un mage noir insaisissable, presque fantomatique, qui claquait sans la moindre hésitation des corruptions de sang par deux fois. C'était là un profil particulièrement inquiétant. Qu'avaient interrompu Alexander et ses maîtres de stage pour provoquer pareille hargne chez leurs agresseurs ?

-Quoi qu'il en soit, tes parents et Lewis ont été prévenus ; j'irais m'occuper de ta femme ce soir. Sa femme, un joli descriptif pour qualifier la seule fille ayant réussit à se faire une place dans le coeur du grymm ; Scylla. Et non, je ne vais pas la traumatiser. Je me suis déjà occupé d'animaux... Enfant. Mais j'ai eu des chats depuis !

Parce que les soins donné à son hibou étaient sommaire et purement vital. Pas de câlin, pas de mot doux, un peu de potion revigorante puisqu'il était sur le déclin et que ça tirait une moue un peu attristé à sa propriétaire, c'était tout. Pouvait-on vraiment lui en vouloir, elle qui n'avait jamais vraiment connu d'animaux à cajoler ? Le seul qu'elle aurait voulu garder était le lapin qu'avait sacrifié son père pour un rituel. Et si oui, ils l'avaient gardés, ce n'était que sous formes de gant pour l'hiver. L'image avait été assez traumatisante pour lui faire passer l'envie de s'attacher à la moindre bestiole. Tout au plus caressait-elle le chien de @Peter Drummond et @Maximilien Leroy quand celle-ci approchait. Il n'y avait que ses chats qu'elle avait aimé, mais ceux ci avaient fui si loin qu'ils en étaient depuis introuvables. Un désastre qui l'avait fait pleurer des nuits durant avant qu'elle ne se ressaisisse.

Son collegue va s'en sortir aussi. Alex est soulagé. Il considère donc qu'il a fait correctement son taff même s'il n'a pas écouté les directives de Ian.
En plus, il sortira avant McCandless. Si celui-ci ne peut sortir de son lit, il espère bien que son collègue viendra lui rendre visite. Et puis bon, Cat’ ne lui donnera pas le numéro de sa chambre mais elle ne sera pas la seule à venir ici. Il suffira d'amadouer une infirmière et voilà.

Alex apprend que la médicomage a aussi prévenu Lewis. Etait-il vraiment nécessaire ? Il va se faire de souci pour rien. Et lorsqu'elle aborde le sujet “Scylla”, le grymm se crispe un peu. Il sait qu'elle est capable, plus ou moins, de s'occuper d'animaux. Il l'a bien vu lorsqu'elle avait ses chats. MAIS on ne peut pas dire que la rate porte dans son cœur la rouquine.

“Ouai…Tant qu'à faire, vu que Lewis est au courant, autant que ce soit lui qui gère Scylla.”

Autant éviter de courir à la catastrophe. Il sait que la rate accepte plus facilement Lewis que la Blackthorn. Le côté canin de la rousse ne plaît guère au muridé.

Il boit un peu d'eau et machinalement sa main se repose sur la sienne pour atténuer sa vexation. Et tandis que son pouce caresse les doigts de la médicomage, il sent une bague, à l'annulaire. Il s'arrête de boire et pose son regard sur la main. Il y a bien une bague à ce doigt. Il lui semblait pourtant qu'elle n'en portait plus.Il n'y a qu'une explication possible. Par Merlin, combien de temps a-t-il été dans le flou ? Est-ce qu'elle se serait mariée pendant ce temps ? Il bug le McCandless et son regard s'accroche de nouveau aux yeux bleus de la Blackthorn, si toutefois il devait encore l'appeler ainsi. Mais non, elle n'aurait quand même pas osé un mariage alors qu'il était à l'hôpital ? Et puis…avec qui ? Les questions fusent dans son esprit mais il n'arrive pas à les verbaliser. Il se sent statufié. Sensation très étrange et désagréable. Il ne sait que faire.

Vexée. Outrageusement vexée puisque les joues de Cataleya se gonflaient déjà comme le ferait un hamster qui y accumulait non pas ses graines, mais bien un semblant d’affront. Elle voudrait marteler qu’elle ne mangerait pas son rat, et que ses propres chats étaient bien portant avant qu’ils ne croisent l’effroi provoqué par Claudia, reine entres toutes. Elle voudrait se lever le menton haut et fier, puis jeter entre eux un “bien ! De toute façon j’avais déjà décidé de lui donner cette tâche” parce qu’elle n’était pas assez naïve pour se croire en mesure d’approcher la Belle nacre et jais, mais se l’entendre dire en était presque douloureux. A croire qu’il n’avait pas confiance. Bien plus immature que laissait présager sa double thèses et ses années sautées, la rousse détourne subitement le visage pour bouder mais la main qui caresse la sienne l’empêche de se redresser. Il faut dire qu’elle s’était toujours faite effroyablement sensible, petite Blackthorn, autant face aux mots qu’aux gestes même les plus infimes. Il n’y avait qu’à voir ses interactions à table avec Maxence Bonnamy, quand Charles Leroy se faisait infect, pour réaliser que s’il ne prenait pas cette toute petite inspiration pour inviter la rousse à faire de même, ou s’il ne s’acharnait pas à doucement tresser ses cheveux lorsque le discours s’envenimait grandement, elle aurait depuis bien longtemps bondit par dessus la table pour ravager le visage de ce misogyne anti-rousse de ses canines acérées. Ils s’asseyaient pourtant tous à la même place, et elle avait depuis le début évalué les distances : il lui suffirait de peu pour pouvoir mordre, et l’effet de surprise serait tel qu’elle se savait être en mesure de faire des ravages bien avant que les Leroy / Bonnamy ne puisse esquisser le moindre mouvement. Pourtant, prise entre le regard en coin de @Maximilien Leroy et les mains à peine posées sur sa précieuse capillarité de Maxence, elle se disciplinait étrangement. Ca ne l’empêchait pas de grogner une fois sur deux qu’elle finirait bien par lui arracher les yeux avec les dents quand elle finissait ramassée entre les bras de l’aîné Bonnamy, mais ça avait au moins le mérite de la canaliser avant qu’elle ne commette un incident diplomatique.

Sentant la caresse s’atténuer, Cataleya daigne finalement tourner le visage en direction d’Alexander pour confronter sa propre surprise à la sienne. Pourquoi la dévisageait-il avec cette expression de merlu agonisant hors de l’eau ? Soutenant son regard un long moment comme de peur qu’il ne s’effondre, c’est doucement que la rousse réalise l’objet du délit. Il est vrai qu’elle passait son temps à la mettre et la retirer, pas certaine de pouvoir afficher haut et fort qu’elle était sur le point de se marier, mais trop amourachée de l’idée pour ne pas fièrement l’arborer dès qu’elle le pouvait. Son père y avait vu une énième lubie de sa fille qui, rappelons le, avait passé presque six mois à déambuler régulièrement en robe de marier pour attendre le retour de @James Blackthorn . Si sa mère la connaissait moins bien, et si elle était incapable de retourner ses neurones en quêtes d’information, certainement que la future Pajares l’aurait gardé au doigt dès son retour de Suède. Le regard s’adoucit alors considérablement devant cette bien étrange alliance tant elle semblait peu conventionnelle, et c’est dans un radieux sourire que la lufkin resserre ses mains autour de celles du grymm.

-J’aurai préféré te l’annoncer une fois que tu irais mieux. Lui murmure t’elle avant de serrer à peine plus fort les doigts d’Alexander entre les siens, puisque mue d’un sincère enthousiasme. “Les garçons ne sont pas encore au courant, et j’espérais faire une annonce un peu plus officielle mais.. Le premier juin je me marie.”

Et à voir l’éclat qui illuminait les profondeurs de son regard, il ne faisait aucun doute qu’elle n’avait pas entre ses lèvres une cérémonie visant à l’unir à @Marius Bonnamy . Portant soudainement ses mains à ses joues pour les tapoter dans le vain espoir de taire le sourire qui se dessinait, la Blackthorn se laissa aller à un premier soupir amoureux. Elle se détestait quand elle réagissait de la sorte, pas capable de contenir l’enthousiasme que faisait naître en elle l’idée de courir en robe blanche jusqu’à @Miguel Pajares puisqu’il se faisait évident qu’elle aurait le jour J des airs de chien fou. Des airs de chien fou canonissime, puisque sa robe l’était, mais des airs de chien fou tout de même. Reportant son regard sur Alex, les doigts viennent se nouer aux siens pour communiquer son allégresse.

-Tu viendras, n’est-ce pas ? Je te jure que ça ne sera pas une cérémonie cols montés et corsets serrés, plus une… Course d’orientation ? NE JUGE  PAS ! J’ai dis à Miguel que je m’occupais de tout et il m’a dit de foncer. Il ignore encore que me dire ça, comme à noel, c’était la pire erreur à commettre.

Parce que si elle s’était lâché sur les décorations de noël et s’était faite un poil trop audacieuse, au point de s’acharner à faire des biscuits de noel qui avaient tous prit vie et avec lesquels ils avaient fini par parier vu que la cuisine s’était transformé en battle royal, elle s’était plus encore enthousiasmée sur les préparatifs du mariage. Si elle le savait loin, très loin de ce à quoi on s'attendait, elle savait d’avance que son futur mari poufferait un peu en découvrant ce qu’elle avait mis en scène. Et qu’il soupirerait de soulagement lorsqu’il réaliserait qu’il n’y aurait ni ouverture de bal codifié, ni de traiteur hors de prix, et encore moins de Cataleya rendue quasis militaire comme à chaque fois qu’elle avait le pied dans l'événementiel.

-En plus, tu me connais assez pour passer les épreuves sans même suer.

L'espace d'un instant, il ne comprend plus rien McCandless. Elle se marie ? OK, donc c’est une bague de fiançailles. Le mariage avec Bonamy a-t-il été précipité ? Mais son visage la trahit. Alex comprend avant même qu'elle ne cite son nom. Mais c'est impossible, ses parents ne le permettront jamais…

Les sourcils du grymm se fronce un instant, non pas parce que la Blackthorn a l'idée saugrenue d'organiser une course d'orientation pour son mariage mais parce que tout ceci ne tient pas la route. Comment compte-t-elle le cacher à ses parents ? Il sait ce qui est arrivé au sang-mêlé qui a fricoté avec Juliet. Miguel a de la chance de ne pas avoir encore subi le même sort. Et elle souhaite mettre au grand jour sa relation ? Elle est plus stupide qu'il ne le pensait. Où alors elle est kamikaze. Elle cherche quoi ? A être l'origine de son propre malheur ?

“Je suis en plein délire, c'est ça ?”

Non, il ne se réjouit pas face à cette nouvelle. Et ce pauvre fou qui a osé la demander en mariage ?! Mais connaît-il les conséquences possibles de son acte ? On dit que l'amour rend aveugle, ce n'est pas une connerie. C'est eux qui nagent en plein délire.

“Putain Cat’, mais c'est n'importe quoi !”

Il sait que sa réaction ne va pas lui plaire mais il s'en fout. Il ne va pas sauter de joie, alors qu’elle risque de foutre en l’air sa vie !

“Ok, tu es amoureuse. Ok, il t’aime en retour. C’est merveilleux tout ça. Mais tu as pensé à tes parents ? Tu as pensé à Bonamy ? Putain, mais qu’est-ce qui te passe par la tête bon sang ?!”

Il va la décevoir, il le sait. Mais il a l’impression de continuer de nager en plein délire. Il faut bien que quelqu’un essaye de la raisonner non ?

“Pourquoi vous marier, sérieux ? Vous ne pouvez juste pas en profiter comme ça ?”

Il se sent faiblard le gaillard. S’il n’était pas hospitalisé, le flot d’émotions qui le submerge à ce moment serait exprimé beaucoup plus fort que cela. Et elle compte l’annoncer ensuite à Charlie et Lewis ? Mais ils vont avoir la même réaction que lui ! A quoi s’attend-elle au juste ? Qu’on la félicite ? C’est n’importe quoi.

Doucement le sourire se fane à mesure que les traits en face se durcissent et, le coeur serré mais l’allure noble, l’héritière de Feyr Blackthorn redresse le menton. Elle ne laisse ni le ton d’Alexander la mettre à mal, ni même son regard, puisque c’est mue d’une force étonnante qu’elle campe ses position. Sans précipitation aucune, elle retire ses mains de celles du grymm pour les reposer sur sa robe et couper tout espoir de se laisser amadouer par quelques caresses.

-Je renie mon sang, voilà ce qu’il me passe par la tête Alexander. Abat-elle enfin, lorsque le ton lui semble monter trop haut pour ne pas attirer un ou une aide soignant. La saison des shooters sera terminée mi-mai : on fuira en Espagne, au Brésil, aux États-Unis si nécessaire.

Mais elle s’était décidée à se défaire de son héritage et ses privilèges puisque son amour auprès de Miguel en valait bien la peine. Il était hors de question de le cacher plus encore, le Pajares ne le supporterait pas et, à fortiori, elle non plus. Kiran était bien parvenu à se faire une place avec son amour multiple et mêlés, pourquoi pas elle ? Elle était bien plus teigneuse et se laissait bien moins intimider depuis son agression en août dernier. A croire que Claudia avait brisé quelques choses et que retourner au manoir l’avait démontré à sa fille puisqu’elle lui préférait la compagnie d’Aloysius, pourtant bien plus effrayant. Mais quand parfois il daignait la regarder, là, gamine tenue au bout de son bureau à le regarder travailler, il lui rappelait la grandeur passé des siens. Et que ce qu’elle voulait, elle n’avait qu’à s’en saisir à pleine main. Alors elle s’enhardissait terrible enfant, autant devant l’éducation toute étrange de ses parents qui lui avait apprit à fondre en direction du danger que sous les baiser qu’apposait à Miguel pour sertir son front.  Elle se savait -les savait- forte. Capable de tenir un séisme ou deux le temps que l’outrage ne passe et, s’il ne passait pas alors tant pis. Son foyer, petite hirondelle, elle le ferait ailleurs.

-Que tu le veuilles ou non, Miguel est quelqu’un de bien. Il mérite plus que d’être relayé au rang de petit secret honteux. J’en ai assez de cette vie, tu sais mieux que quiconque ce qu’elle m’a fait, cette fichue vie ! Alors laisse moi en changer.

De toute façon il n’avait pas son mot à dire sur la décision puisque ce n’était pas lui qu’elle prenait pour mari, mais bien son madrilène. Se redressant doucement, la Blackthorn lisse sa robe pour se défaire des plis et darde sur le marin un regard sans animosité, mais si saisissant qu’il prenait les contours d’un raz-de-marée déferlant sur son âme :

-Si tu déclines l'invitation, je ne t’en voudrais pas. Mais ce mariage aura lieu, McCandless.

Comment aurait-il pu l'envisager ? Il s'était persuadé que cet amour ne durerait pas, certain que Miguel fauterait un jour. Mais il s'est trompé McCandless et cette annonce lui fait certainement plus de mal que la blessure sur son bras. Pourquoi ? Pourquoi avoir aussi mal alors qu’elle semble nager dans le bonheur ? Il faut avouer qu'il l'a rarement vu aussi heureuse que lorsqu'elle lui parle de Miguel. Et il avait finit par l'accepter, attendant la fin de cette relation. Mais celle-ci prend une toute autre tournure. Connaissant le Pajares, un engagement n’est pas rien. Il est donc bel et bien fou amoureux de Cataleya et est prêt à lui promettre de devenir son époux fidèle. Bordel… oui, il ne l'a pas vu venir.

Tout cela est insensé car au mieux elle fuit avec Miguel, au pire ils risquent leurs vies. Dans tous les cas, il la perd. Est-ce qu'il a déjà envisagé la suite de son existence sans la Blackthorn ? Absolument pas. Alors la colère monte car il ne peut assumer sa tristesse.

La voilà déjà qui se redresse, et il sent qu'elle lui échappe.

“Cat’...”

Il la rattrape par le bras, l'invitant à se rasseoir près de lui. Mais les mots se bloquent dans sa gorge. Que peut-il faire de plus ? Il sait que la Blackthorn peut être buttée. Il ne la fera pas changer d'avis. Ou alors il faudrait qu'il essaye en présence de Lewis et de Charlie. Et là encore, elle risque de n'en faire qu'à sa tête.
Il se racle le fond de gorge pour pouvoir chasser la boule qui s'était formée.

“Tu mérites mieux que quiconque le bonheur…”

Il en est persuadé. Elle en a déjà tellement baver dans sa vie !

“Mais tu serais prête à sacrifier toute une partie de ta vie pour partir avec lui ?”

La meilleure partie de sa vie désastreuse : celle avec les Chauffes-plat, avec lui. Le madrilène n'est pas au courant pour les Capes Noires. Elle maintiendrait ce secret toute sa vie ?

“Un engagement n'est pas rien. Est-ce qu'il te connaît réellement Cataleya Blackthorn ? Est-ce qu'il sait que tu voues une passion pour les plantes carnivores, ou pour les coquillages ? Est-ce qu'il sait que tu es capable de créer des poupées vaudou lorsque tu te sens en détresse ? Est-ce qu’il sait que tu partages un tatouage de sang avec moi ? Connaît-il tes recherches sur les loups-garous ?”

Le regard azuré de l'écossais plonge au plus profond de l'âme de la Blackthorn.

“Est-ce qu'il te connaît comme moi je te connais ?”

Sa main s'accroche à elle, comme il se raccroche au désespoir. Elle va droit dans le mur et il ne peut rien faire.

“Je ne veux pas te perdre.”

Les mots ont fini par sortir. Il ne joue pas, n'arrive pas à lancer une taquinerie, ou une blague de séducteur comme il a l'habitude de le faire. Pour une fois, il arrive à exprimer son attachement pour elle.

Prête à doucement rassembler ses affaire, la Blackthorn se voit saisir au bras et s’étonne de n’avoir aucun sursaut rétif ou agressif puisqu’elle n’aimait jamais ça, et encore moins lorsque les tensions pesaient sur ses muscles. Fracassée, elle préférait la morsure au contact, parfois même la fuite, mais ne fut prise d’aucune animosité puisque la main n’avait rien de bien agressif et que, par dessus tout, elle était signée McCandless. Dans un soupir lourd de sens elle consent à se rasseoir mais tourne la tête en direction de ses lectures éparpillée quand il lui dit mériter le bonheur. Elle n’y croyait pas, du moins pas tout à fait, trop consciente des parallèles qui l’unissait à ses parents pour percevoir un quelconque mérite à tout ça. Pourtant, elle le voulait. Elle voulait être heureuse. Plus encore, elle en avait besoin puisque si la mort de Baby la hantait encore et toujours, Miguel avait le don d’alléger l’infâme bagage que sa compagne trainait. Alors, lorsque Alexander lui demande si elle était prête à sacrifier tout un pan de sa vie, la rousse répond à l’affirmative sans marquer la moindre hésitation. Des enfants Blackthorn, elle était l’une des plus puriste et pourtant elle ronronnait à l’idée seule d’épouser un sang-mêlé, envisageait même un jour, peut être, lui faire des enfants. Ce seul fait suffisait à traduire que pour @Miguel Pajares , oui, elle pourrait tout sacrifier. Il lui insuffler suffisamment de force et courage pour qu’elle accepte le contre-coup  sans nourrir des nuits d’anxiété, même si elle était inexorablement passé par là à se répêter qu’ils faisaient tout deux une terrible erreur. Si bon nombre le lui avait déjà et le lui confirmerait par la suite, elle s’était depuis convaincue du bien fondé de l’acte. De sa nécessité. Elle avait besoin d’échapper aux mariages arrangés, elle avait besoin de se sentir aimé, et plus encore, elle avait besoin de Miguel à ses côtés quand bien même ce constat révulserait plus d’une âme Invernessoise.

Se faisant une place sur le lit pour finalement s’y coucher, la Blackthorn esquisse une moue étrange devant ce qui sonne comme un sermon. Si elle semblait badiner avec l’idée d’engagement il n’en était au contraire rien, mais elle savait qu’elle serait obligé de tendre un jour la main alors autant l’offrir à quelqu’un qui l’aimait aussi follement qu’elle aimait. Elle ne pouvait concevoir un monde où elle serait obligée de courber l’échine et écarter les cuisses pour un homme qui certainement la répugnerait, aussi beau et doux soit-il, parce qu’elle ne l’aurait pas choisit. Si elle se savait parfois injuste à l’égard de Marius puisqu’on s’attendait à ce qu’un jour elle lui offre des héritiers, il ne faisait aucun doute qu’elle tiendrait de l’Infâme devant un autre. Et si elle avait promis à son fiancé légitime qu’elle prendrait forme animale à chaque fois qu’il oserait poser le pied dans sa chambre, il ne faisait aucun doute qu’elle ravagerait de ses crocs le corps des autres. Elle éprouvait assez de sympathie pour Marius pour se contenter de grogner et ne pas lui briser le bras à chaque tentative de geste tendre.
Si les lèvres s’entrouvre pour confier à l’écossais qu’elle avait même songé à arrêter la pratique de la magie noire avant que le madrilène ne renonce à l’idée de devenir tireur d’élite -parce que ces deux aspects de leur vie semblaient de fait incompatibles- c’est dans un doux sourire qu’elle se ravise. Elle s’apprêtait à lui souffler que lui non plus, il ne connaissait pas tout d’elle, et qu’il y aurait certainement des pans entier de sa vie dont il resterait certainement privé jusqu’à sa mort puisque, même au sein des capes noirs, Cataleya Quarta Blackthorn avait ses petits secrets. Elle s’apprêtait à lui souffler que @James Blackthorn non plus ne la connaissait pas aussi bien qu’il le croyait, et que ça ne les avait jamais empêché de s’aimer aussi fort que s’aimait l’océan et la lune, mais cette main accroché à la sienne fige tout espoir de s’expliquer. Et elle comprend, enfin, ce que Miguel voulait dire quand il s’essayait à expliquer à la rousse l’ampleur des sentiments de l’écossais. Elle le comprend avec cette dernière phrases, qu’il y a peut être quelques choses de plus que de l’amitié.
Se redressant sur le coude, la Blackthorn cherche ses mots et se défait de cette main pour doucement poquer la joue du brun.

-C’est une grande folie que voilà, sir McCandless. Qu’il puisse croire l’aimer, autant que la perdre. Si les lèvres se rapprochent, ce n'est que pour sertir le front du grymm d'un doux baiser puisqu'elle ignore quoi dire pour le raisonner. "En un sens, nous serons toujours lié. Mais pas comme tu l'espérerais. On s'entre-déchirerait Alex, et je finirais inexorablement par te ravager le coeur." La moue se forme et le doigt retourne doucement poquer la joue du blessé pour ponctuer la réflexion de la Blackthorn. Elle ne sait pas comment se sortir de cet écueil sans démolir sa coque. "Des secrets, j'en aurais toujours. Même pour toi. Il y a mille chose que tu ignores encore sur moi, à commencer par la symbolique du lieu que j'ai choisi pour ce mariage. Toi non plus, Alex, tu n'y a jamais mit les pieds. Ce n'est pourtant pas une preuve de désamour, juste le témoignage du fait qu'il y a des facettes de moi que je ne veux pas que tu aperçoives. Comme il y a des facettes de moi que j'accepte de taire à Miguel, et d'autre qu'il est essentiel qu'il ignore. Du moins pour l'instant. Celles là, il apprendra à les connaître notre mon rythme..."

Retombant sur le dos, la médicomage passe une main sur son visage pour plaquer ses mèches en arrière, observant longuement le plafond. Miguel était loin d'être l’imbécile pour lequel on aimait le faire passer, il était évident qu'il se doutait de bien des choses et il était évident qu'elle se confierait. Elle avait même amorcé le cas "Jolan" pour doucement induire le fait que si elle refusait de sortir les soirs de pleine lune ce n'était pas par peur, mais parce que jusqu'il n'y avait pas si longtemps, elle avait des cas à traiter. Pourtant, loin de soucier de son avenir conjugal puisque confiante, c'est vers Alexander que le regard coule :

-Tu m'en veux ?

Il regrette déjà presque que ces mots soient sortis de sa bouche. Avouer sa peur de la perdre, c'est avouer une faiblesse. Et il est très mal à l'aise avec ça le McCandless. Celui qui est devenu leader des Chauffes Plats s'est promis de garder une image d'homme résistant, fort, sur lequel ils pouvaient s'accrocher. Il n'est pas du genre à laisser entrevoir ses failles. Alors lorsqu'elle lui répond qu'ensemble ils finiraient pas s'entre-déchirer, il sut qu'il était allé trop loin. Il n'a pas été mention de couple pourtant.

“Calme ta joie, je ne t'ai pas fait une déclaration non plus”, rétorque-t-il.

Elle s'emballe la Blackthorn. Il lui a juste dit qu'il ne voulait pas la perdre. Il ne faut pas non plus en faire une montagne.

Il sait bien qu'elle garde des secrets, qu'il a encore à découvrir d'elle. Mais il ne peut s'empêcher de penser que la Cataleya qu'il connaît peut ne pas plaire au madrilène. Oh et puis après, merde. Elle a fait son choix et puis voilà. Ça le gonfle sévère l'Ecossais mais que peut-il y faire ? Il ne va quand même pas l'enchaîner pour éviter ce mariage stupide, ni même la séquestrer. Ce serait une idée plus stupide, bien que tentante. Et puis, il n'est pas un Blackthorn mais un McCandless. C'est là toute la différence.

Allongée à côté de lui, il sait maintenant que ces instant se feront de plus en plus rare, jusqu'à devenir inexistant. Alors lorsqu'elle lui demande s'il lui en veut, il lui répond par l'affirmative.

“Mais cela ne changera pas ta décision.”

Il sait d'expérience qu'une amitié longue distance ne dure pas. Il l'a déjà vécu avec son ami d'enfance, et même avec Miguel. Et ce crétin recommencera, en emportant avec lui la meilleure amie d'Alex.
Allongée du côté de son bras non douloureux, il le glisse sous la rouquine pour l'emmener contre lui. Autant profiter de cet instant puisqu'il ne se reproduira pas.

“premier juin hein…Quelle est la date d'aujourd'hui ?”

Oui il a perdu toute notion du temps. Autant qu'il sache combien de temps il reste à Cataleya avant qu'elle ne se mette la corde au cou.

“Calme ta joie [...]” En d’autres circonstances sans doute, elle aurait ri aux éclats. Bien trop consciente que monsieur Fierté et Muscles n’était pas du genre à se perdre en déclaration mièvres et mielleuses. A se perdre en amour, surtout, puisqu’elle ne lui connaissait aucune relation sérieuse. C’était certainement pour ça qu’elle n’avait jamais vraiment prêté attention aux propos de Miguel lorsqu’il l’enfermait jalousement dans ses bras. Du moins jusqu’à ce bal où, les yeux plongés au plus profond des siens, il lui avait confié les sentiments qu’éprouvaient Alexander. Le fait qu’il ne démente pas, ou n’en profite pas pour plaisanter laissa présager à la Blackthorn qu’il n’avait sans doute pas tord, son petit Madrilène. Elle ne se souci pourtant pas plus que nécessaire de la rancoeur du grymm puisque, réajustant sa position lorsque celui-ci passe un bras sous elle et la ramène contre lui, elle le sait bien incapable de la haïr plus d’une semaine. Du moins le croit-elle. Les yeux se ferment et doucement la rousse se laisse aller à un soupire lorsqu’elle se rend compte que la fatigue ankylose déjà ses muscles. Elle n’aurait pas dû se coucher ; sortir de là serait un calvaire.

-26 Avril. Murmure t’elle à peine, avant d’ouvrir un oeil pour le poser sur le grymm. “Et je rate mon essayage de robe de mariée pour la sauvegarde de tes fesses. T’as intérêt de te racheter, parce qu’en plus, tu n’es toujours pas devenu confortable.”

En témoignait la manière dont elle ajustait doucement sa posture pour trouver la bonne. Elle le lui disait à chaque fois qu’ils dormaient ensemble, et si ça ne tenait qu’à elle, sans doute finirait-elle avachi sur lui plutôt que coincée comme elle se coinçait toujours, puisque pas spécialement à l’aise avec l’idée de justement trouver ses aises contre lui. Moins encore depuis ses fiançailles. Ca ne l'empêche pourtant pas de fermer l'oeil dans un long soupire et se lover un peu mieux en quête de chaleur.

-Tu devrais dormir. T'es pas même censé être éveillé avec tout ce que je t'ai filé, et à trop lutter tu vas finir trois jours de plus à l’hôpital.

Et, comme pour appuyer ce conseil, c'est d'une main molle et bien peu déterminé qu'elle se saisit du maigre coussin qui dormait non loin pour l'abattre sur le visage du grymm. Ca ne l'aiderait certainement pas à mieux dormir, mais au moins ça mettrait fin à cette discussion étrangement pesante qui les unissaient.