S’élevant avec enthousiasme entre les couloirs lugubres de la Maison, une entêtante mélodie s’essayait à réchauffer la carcasse du froid manoir Blackthorn. A le défaire de son parfum de mort puisque, chantant par delà des roses qui fleurissaient en tous sens, l’hymne était à l’amour et au Beau. A la poésie, puisque Cataleya avait offert aux premières lueurs du jour une valse sur le parquet vieilli de sa salle de danse. Si elle œuvrait seule depuis l’exil de James, ne virevoltant qu’entre les doigts des Absents, de quelques spectres ou de fantasme de son enfance, force était admettre que le Joyaux de Claudia s’épanouissait au sein d’un éther ineffable. Belle comme l’était l’aurore ; Dotée de la grâce des anges. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pourtant plus dansé, et plus encore qu’elle ne s’était pas essayée à donner de la couleur au nid calcifié qui les avait vu grandir. Bien longtemps qu’elle n’avait pas souri de la sorte puisque les dernières années n’avait compté que peur et peine. Pourtant, depuis son retour en Janvier derniers elle n’avait eu de cesse que de chanter, petit oiseau encagé, ravir les oreilles de ses aînés sans pour autant parvenir à rendre supportable l’enfer qui était le leur plus. Rien ne le pouvait, même si elle sacrifiait son coeur pour verser dans la plus pure et ancienne des magies. Cataleya avait pourtant redonné de sa superbe à la roseraie familiale, avait fait fleurir de nouveau les jardins, jouant les mécènes de quelques artistes locaux lorsqu’elle ne courrait pas entre son travail, ses deux thèses, et la multiplicité de cours particuliers qu’elle ou qu’on lui imposait.


Si son rythme de vie avait toujours défié le diable, jamais elle ne l’avait mené avec autant de superbe que depuis qu’elle traînait à son doigt cette discrète bague ornée d’une aigue-marine à la couleur du ciel, et deux rubellites d’une rose étonnamment tendre. Pas de diamant pour ne pas trahir sa nature, puisque Cataleya avait toujours clamé vouloir d’une alliance étincelante. Celle-ci l’était, puisque enchantée sous les aurores boréales de Suède, mais ne vêtait aucunement la noblesse du diamant. Ne lui rendait pas hommage Sifflerait sa mère. Observant une dernière fois l’union des runes de Wunjo et de Dagaz qui prenait place sur l’aigue-marine centrale de son alliance, Cataleya fait taire la douce musique que soufflait le piano de sa salle de danse pour se faufiler avec enthousiasme jusqu’à la bibliothèque du manoir. Passant sa tête par delà le chambranle de la porte, le sourire éclot entre deux charmantes fossettes lorsqu’elle croise enfin le regard de sa cousine, le visage plongé dans un roman que l’Adoptée tentait de décrypter en penchant dangereusement la tête sur le côté. Non, elle ne parviendrait décidément pas à lire le titre à cette distance, et qui plus est à l’envers. “Je suis prête, si tu l’es Ella ! Pour… Tu sais. Le truc.” Marque finalement celle qui fut née Villanueva, plus maladroite qu’elle ne l’avait espéré puisque l’enthousiasme battait trop fort dans la poitrine. Et, puisqu’elle doute subitement que son aînée comprenne l’objectif du jour, quand bien même Cataleya lui avait demandé confirmation le matin même, et par trois fois, c’est du bout des lèvres que l’animagus mime un mot unique “Robe.”

Elle ne parvient pourtant pas à contenir plus longtemps son allégresse et s'avance de quelques pas, trouvant place à genoux non loin d'elle comme pour se faire toute petite au sein de ce temple du savoir.

“Si on est efficaces, on pourra même prendre un thé à la moufette enchantée !” Murmure t-elle, des airs de facétieuse fée fichés dans le regard.

Opinant du chef sous les derniers mots de sa cousine, Cataleya suit d’un pas rapide ceux d’Enola, humant l’air de temps à autre pour leur assurer que la route était dégagée. Les joies de s’être astreinte aux trop longs rituels des animagis. Si elle se plaignait encore de se changer en chien et pas en chat, force était d’admettre que cet animal totem lui sied plus encore à merveille lorsqu’elle se faisait autant pétillante. Se stoppant net, la plus jeune des lufkins plisse un peu le nez lorsqu’elle devine le parfum de Tiberius flotter dans le salon et change de fait de direction, accélérant subitement l’allure, haut perché sur ses talons, comme s’il s’agissait là des courses qu’elle lançait enfant puisqu’elle rêvait toujours de battre ses frères à plat de couture. Elle n’avait hélas jamais beaucoup gagné. Passé le portail, la main de la future mariée se pose comme le ferait un papillon sur le bras de son aînée pour la transplaner sur le Myrddin Wyllt District. L'atterrissage y est aisé, sans secousse, mais Quarta s’empresse pourtant de relâcher sa cousine pour tendre ses bras vers le ciel azuré et y crier son enthousiasme comme le ferait une enfant. Elle avait l’impression de respirer. A croire que l’air au sein du manoir était en tout point vicié. Rangeant sagement ses mains dans son dos pour feindre une innocence auquel on ne croyait plus, l’avant dernière adoptée de Claudia chasse de quelques discrètes oeillades tout mouvement suspect parmis la foule, comme pour s’assurer qu’elle pouvait parler librement. Ne percevant aucune odeur ou bruit suspect, ses yeux bleus coulent en direction d’Enola et un sautillement soudain mais léger marque le début de leur aventure.

- J’ai déjà fais des repérages avec tante Alicia ! lance- t-elle en pointant du menton une première boutique tenue dans un coin étriqué de la rue. J’ai prétexté vouloir prendre de l’avance, puisque Marius posera tôt où tard le genoux au sol, mais elle m’a conseillé d’attendre pour l’achat.

Gonflant un peu les joues devant les réminiscences de la scène, Cataleya ne peut s’empêcher de songer que la déception de sa tante sera grande lorsqu’elle comprendrait que ce n’était pas pour honorer ce fiancé imposé que Cataleya lui avait demandé conseil, mais bien pour ravir les yeux d’un sang-mêlé, fauché qui plus est. Déçue, elle le serait certainement oui, mais bien moins qu’une Claudia que Cataleya projetait déjà à sa suite, hurlant à tout rompre qu’elle l'étranglait. C’était bien pour ça qu’elle n’avait rien dit, petite lufkin, bien décidée à ne lâcher un “Oh fait ! Je suis mariée” qu’une fois bien à l’abri dans les bras de son aimé, et à une distance raisonnable des sorts. Ca ne l’avait pourtant pas empêchée de rédiger son testament et contacter son père biologique pour ne mourir avec aucun regret. Cette funeste perspective ne l’effraie pourtant en rien, raisonnablement convaincue que @Miguel Pajares le valait mille fois.

-Du coup on n’a rien pris, mais ça m’angoisse un peu d’y aller seule. En plus j’ai peur que celles que j’ai choisis ressemblent un peu trop à la robe que j’avais achetée pour mon mariage avec James…

“[...]et ma personne se fait un plaisir de la passer avec toi.” L’expression de la plus jeune s’était plissé de délice à la manière d’un chat que l’on flattait d’une main en lisant au coin du feu. Il fallait avouer que peu d’âme clamait apprécier sa compagnie et l’Infante d’Aloysius et Claudia ne pouvait pas même s’en indigner, bien trop conscience de l'infamie et violence qui bullaient sous ses canines lorsque celles-ci se faisaient porteuses de fiel. Bien plus adroite dans l’art de briser que dans celui du kintsugi, Cataleya avait été superbement forgée par ses parents en dépit de cette foutue sensibilité qui les révulsaient corps et âme. Le temps n’était cependant pas à la violence Blackthorn mais à quelque chose de plus beau, aussi Cataleya chassa d’une main distraite les pensées parasites qui se frayait un chemin droit sur ses insécurités afin de lui murmurer ô combien elle était affreuse, petite dragonne ravageuse. Dégainant finalement un portable en tout point moldu où pendait un charme en forme de lapin, les sourcils de la rousse se firent subitement trop sérieux. En tout point semblable à sa mère, l’agressivité en moins. Elle relisait attentivement le tableau qui organisait sa vie, faisant coexister études, révisions, loisirs et préparatif de mariage sur un rythme définitivement effréné.

-Si j’étais pleinement honnête, je te répondrais “jusqu’au premier glacier qu’on trouvera” parce que j’ai envie de glace depuis deux semaines, mais si je me réfère au planning… Chez Madame Trinket pour la robe. J’ai déjà fait une présélection donc en une heure, une heure et quart au maximum, on peut être dehors. J’ai dis que je ferais mon maquillage et ma coiffure seule, donc ça… On peut barrer…

Ce mariage n’aurait en définitive rien de celui qu’elle avait projeté sur elle et James. Elle qui rêvait depuis ses six ans de licorne tirant son carrosse, d’une traine aussi longue qu'étaient ses bijoux mit bout à bout, et d’être pouponner trois mois avant la date prévu pour être aussi radieuse que le jour avait solennellement déclaré que celui-ci serait intime et bohème. Loin des noel protocolaire qu’elle organisait, des évènement millimétré et anxiogène dans lesquels elle hurlait traîner par la peau du cul les retardataires. Quelque chose de doux, oui, en petit comité et bien moins tape-à-l’oeil que tout ce qu’elle avait prétendu vouloir. Elle ne rêvait que d’une cérémonie sous le couvert des arbres, de muguet fleurissant tendrement à leur pied, et de gens qu’elle aimait. Seulement des gens qu’elle aimait. Un peu de poésie véritable avant d’échouer à la taverne du troll puisqu’il ne faisait aucun doute que c’est ce qu’il se passerait. Assurément, la suite se ferait autour de stout et bièreaubeurre levées en grands cris. C’était d’ailleurs pour ça que la Blackthorn avait réservé l’arrière salle en hochant gravement la tête devant le gérant quand il lui avait demandé s’il devait sortir sa cuvée spéciale. “Ils seront tous ronds comme des citrouilles” avait-elle soupiré en levant les yeux en direction des écrans qui retranscrivaient le match des canons contre les Harpies de Holyhead. Ils seraient tous ronds comme des citrouilles, et c’est bien pour ça qu’elle avait aussi prévu les hôtels, ainsi que de porter son mari comme elle l’avait fait lors de la célébration de la licorne. Sans doute jugerait-elle les convives à trois heures du matin, mains sévèrement posées sur ses hanches, mais elle savait en rire dès le lendemain quand tous se plaindrait de maux de tête. Tout ceci serait affreusement chaotique, elle le savait, mais n’était-ce pas là l’essence même du couple qu’elle formait avec le Pajares ? Et lorsqu’il seront un peu mieux posés, dans cinq ans, peut-être dix, elle réitèrerait ses vœux de la plus belle des manières. Au coeur d’une seconde cérémonie, plus digne, plus belle, plus mature sans doute, qui collerait mieux avec leur évolution. A ce stade de leur vie, ils avaient encore besoin de légèreté. Surtout elle, à dire vrai, après trop d'années contenue et millimétré. Tout ce chaos cependant la rendait indécise, comme lorsque Miguel lui avait donné “champ libre” pour la décoration du sapin de noel quand elle avait toujours eu en main un cahier des charges étriqué, et une mère impitoyable penchée sur son épaule. Toute cette liberté la rendait indécise, et de fait elle doutait de tout et constamment. Peut être que quelque chose de plus cadré serait mieux adapté, après tout, pour la première fois de sa vie elle était en droit d’imposer un costume à son aimé. Son mariage fantasmée, elle pouvait l’avoir si elle acceptait de lire un peu de déception dans les yeux de son poursuiveur adoré.

-“Tu sais… Miguel vient d’une famille de tisserand.” Reprend t’elle doucement, stoppant son pas au coeur d’une foule qu’elle abhorrait habituellement. “Son père déteste autant les sangs purs que papa déteste les moldus et.. C’est peut être idiot mais… Tu crois que si je lui commandait une étoffe pour la robe il accepterait ? Ça serait un pas vers lui quelque part. Peut-être même la source d’un dialogue…”

Bon, ça voulait dire faire faire une robe en un temps record et lever un majeur capricieux devant tous les essayages réalisés, mais il lui tenait désastreusement à coeur de se faire accepter. Miguel lui avait fait changer d’avis sur les relations mêlées, peut-être parviendrait-elle à apaiser Emilio Pajares de la même façon ?

mention de @Miguel Pajares

Si les mots d’Enola tirèrent une moue bien étrange à sa cadette puisque ses tentatives de sociabilisation étaient au mieux incomprise, au pire catastrophique dans bon nombres des relations qu’elle entreprenait, le “[...]et, s'il ose te faire pleurer, sache que je serais là pour m'occuper de lui.” arracha un rire franc et sincère à la Blackthorn. Pas qu’elle doute des compétences de sa cousine, mais elle savait Emilio Pajares être le fils de Carmen Mora, tireuse d’élite espagnole et légendaire, elle-même issue d’une lignée qui avait toujours brillé dans les combats. Si le père de Miguel s’épanouissant en tant que tisserand, il ne faisait nul doute qu’il portait en lui cet héritage et cette éducation toute particulière qui avait par la suite été inculqué à son propre fils. Elle même, aussi pugnace et surprenante pouvait-elle se faire dans ses réactions, craignait de ne jamais avoir l’ascendant sur ce père semi-craint en dépit des effets de surprise multiple qu’elle saurer générer : en duel, elle et Enora se ferait honteusement plier. Même en équipe, et recluse dans une bibliothèque de grimoire tourné sur la défense contre les forces du mal.

-Il faudra justement me laisser pleurer. Marque la lufkin, Miguel prendra ma défense et je pourrais ainsi  jeter des regards noirs à son père, bien à l’abri sur son épaule.

Les mains jointes machiavéliquement tout près de ses lèvres, la rousse étire ses zygomatiques en une expression faussement carnassière mais ne la tient pas. L’oeil vacillant un peu devant cette image qui s’imposait à elle. Le soupire est imperceptible mais l’abattement de ses épaules se fait saisissant. Comme soudainement vidé de toute énergie. Peu à même de confier ce qui lui grattait le coeur, Cataleya se faisait pourtant effroyablement expressive et ce simple abattement en fut la plus belle des preuves. Quelque chose la travaillait indéniablement.

-Tu sais, ce n’est pas de sa faute. Ose t’elle enfin, après avoir pincé si sévèrement son poignet qu’il s’en était vu rougit sous ses ongles. Il a eu le coeur fracassé.

Pas brisé comme à la mort d’une idylle, presque poétiquement, non. Fracassé. A la batte clouté et avec une violence telle qu’il avait ressentit le besoin de distiller sa haine dans les veines de son propres fils. Ses insécurités, aussi. Combien de fois Cataleya avait-elle du lui assurer qu’il était assez bien pour elle ? Trop pour être calculée, mais aujourd’hui la dynamique qui s’inversait. C’était elle qui, effroyablement, doutait d’avoir sa place. Kiran, pourtant, y était parvenu en sortant avec la cousine de Miguel.

-Moi aussi, à la mort de Cillian, j'ai haïs le monde tout entier. Mais les circonstances étaient différente. Cet amour maudit et adolescent, à peine osé, lui avait été arraché contre son gré par la mort. C'était parce que Cataleya avait confessé cette idylle contre nature, puisque mêlée, qu'Aloysius avait abattu ce pauvre adolescent. Emilio, lui, jeune et insouciant, avait été laissé pour compte un bébé dans les bras. Silencieusement alors, Cataleya se jure de rassembler le courage de prendre contact avec les Pajares pour commander l'étoffe dans laquelle elle marierait Miguel. Déterminer à prouver qu'elle ne répèterait pas la tragédie qui avait emporté son père fut quelques années. Je vais faire ça, je crois. La soeur de Miguel travaille avec leur père... Je crois pouvoir lui piquer son téléphone pour pouvoir la contacter !

Les sourcils se froncent de détermination mais le sourire à tôt fait de couler en direction de sa cousine. Pressant doucement son bras contre le sien, Cataleya joue de malice. "Et toi ? A quand le héro d'un de tes romans prendra t'il vit pour te sauver de ce manoir délétère ? Il n'y a vraiment aucune âme à Inverness capable de te charmer ?"

Un livre pas encore ouvert. Une moue songeuse passe sous le nez de Cataleya qui, rangeant ses mains dans son dos, se penche en avant pour se faire plus petite. Noyer dans l’océan de ses yeux ceux de la si jolie Enola. Elle aussi s’était sagement confinée derrière les murs du domaine Blackthorn et ce, jusqu'à il y avait pas si longtemps. Elle n’en sortait que depuis un ans et demi, deux grand maximum, et passé l'appréhension causée par ces trop grands espaces à explorer et une nouveauté qui l’effrayait sans doute un peu, Cataleya parvenait enfin à étirer ses ailes. Peut être pourrait-elle introduire son aînée auprès de ses propres amis ? Au moins la convaincre de la suivre lorsqu’elle courait derrière @Peter Drummond . Offrir à @Maximilien Leroy une présence plus douce qu’elle pouvait l’être, plus encore lorsqu’elle suivait les pas de son cousin, ne lui ferait pas de mal. Et puis, il avait le don de mettre les gens à l’aise. Certainement parviendrait-il à convaincre, lui, Enola de sortir plus souvent. Plissant les yeux à la manière d’un chat que l’on couchait sur les genoux pour le caresser, Cataleya sourit devant la question de sa cousine et se redresse finalement.

-@Jules de Gray. C’était tombé net et franc, mais elle avait le sentiment qu’en dépit du sang, c’était là deux profils qui s’accorderait à merveille. Alchimiste, cultivé, beau garçon, et des yeux à charmer les vélanes. Posant son indexe sur sa joue pour marquer sa réflexion, Cataleya ne ralentit pourtant pas l’allure. @Duncan Oxford, Auror, sang pur, doté d’une âme aussi noble qu’il est habile en duel… Quand j’étais enfant, te souviens-tu, je te disais vouloir épouser un chevalier ? C’est tout lui. @Marvin Moen n’est pas mal dans son genre non plus. Sa famille a perdu de son prestige mais il plairait à ton père. A Aloysius, surtout. Cataleya s’étonnait qu’il n’ait pas cherché à l’unir à l’un des fils Moen mais la nature toute cracmole du second en était peut être la cause. Cataleya aurait-elle été plus douce avec lui qu’avec Marius, cependant ? Sans doute pas. Elle se faisait effroyablement agressive à l’égard de toute les mains qui s’essayait à lui passer la bague au doigts puisqu’elles n’étaient pas signée Pajares. Chassant cette idée d’un nouveau sourire à destination de la rousse, celle ci reprend “ Il travaille avec Juliet, elle pourrait te le présenter !”.

Offrant finalement sa main à sa cousine, Cataleya joua de haussement de sourcil pour lui suggérer qu'elle pouvait toujours s'essayer à lire entre les lignes de sa main son avenir amoureux. Elle était une piètre devineresse mais l'exercice l'enchantait toujours. Plus encore lorsque Kiran, son grand frère, qui lui était réellement doué du don de voyance, faisait mine de hocher la tête devant chacune de ses prédictions pour ne pas la vexer. Aucune de ses prophéties ne s'étaient pourtant jamais réalisées.

La larme n’échappe pas à Cataleya qui se fige un peu, soucieuse d’être la cause d’un quelconque mal affligeant sa cousine. Si Enola la gomme discrètement, sa cadette finit par doucement lier ses doigts aux siens pour tenter de lui communiquer son enthousiasme et chasser les noirs nuages qui semblaient peser sur ses pensées. La médicomage s’en détache pourtant pour fouiller dans son sac mais se laisse surprendre quand l’étudiante en lettre la rattrape et balance leurs doigts entremêlés entre leurs deux corps. Opinant devant le fait que Duncan répondait de toute évidence aux critères imposés par les Blackthorn et qu’il saurait charmer aisément Enola tant il semblait parfait aux yeux de la plus jeune, les lèvres finissent par se pincer malicieusement quand elle constate que Enola semble un minimum intriguée par cette fâcheuse tendance qu’avait Quarta de vouloir caser tout le monde autour d’elle quand elle était pourtant elle-même un désastre social et émotionnel. Alors redresse-t-elle fièrement la tête et balance leur mains un peu plus fort.

-Qui diable pourrait résister à une femme aussi douce, charmante, cultivée, et de surcroît patissière de talent ? Voyons Enola. Le monde est trop grand pour que ton âme ne trouve pas sa moitié.

Oeuvrant entre minaude et malice, Cataleya avait prit le même ton qu’elle offrait à @Miguel Pajares lorsqu’elle tentait de le convaincre d’un plan qu’il le laissait de prime abord dubitatif. Ensuite venait le regard de chaton, et c’est ce qu’entreprirent de feindre ses doux battements de cil puisque tourné vers son ainée et déterminée à la caser. Elle lui tirerait son horoscope amoureux dans une tasse de thé ou s'essayerait à lire dans les lignes de sa main, quand bien même le clan Blackthorn entier savait Cataleya mauvaise devineresse.

-Tu pourrais aisément croiser Jules à la bibliothèque si tu prenais ton courage à deux mains. Et concernant Duncan… Je peux faire les yeux doux à Miguel pour qu’il le traîne hors du club de duelliste. Un verre à la taverne du troll serait facile à organiser.

Machinalement la rousse avait porté son index à ses lèvres pour le pincer, retournant déjà mentalement son carnet d’adresse pour jouer les entremetteurs ou Dame marieuse, mais profite qu’Enola rompt définitivement le contact entre leurs deux mains pour tourner sur elle même et faire gracieusement virevolter sa robe autour d’elle, attisant de fait des regards surprit ou emprunt de jugement devant cette morveuse trop enthousiaste. Elle avait prit sa décision, concernant sa robe du moins :

-Nul part ! On abandonne et file faire des emplettes pour toi ! Je demanderais à la sœur de Miguel de m’aider à confectionner ma robe dans une étoffe signée Pajares ! Autant faire les choses bien.

Quitte à se faire déshériter par sa famille, autant tenter de se faire accepter par l’autre du mieux qu’elle le pouvait.

Des emplettes pour quelle occasion ? Trouver l’Amour, pardi ! L’étincelle qui passa dans le regard de la cadette était suffisamment équivoque pour qu’elle n’ait à dire mot et, passant une main dans le dos d’Enola, elle la poussa doucement en direction des échoppes. Trottinant presque comme le faisait une enfant enjouée, Cataleya se visualisait déjà parfaitement entreprendre de lire les lignes de la main de sa cousine pour dépecer son avenir marital, croiser sur la ligne du coeur quelques palpitantes aventures. Certainement serait-ce là la seconde étape de leur épopée lorsque, posée à la Moufette enchantée autour d’un thé, la Blackthorn jouerait doucement avec la main de son aîné.

-Mieux vaut que nous trouvions toutes deux ton futur mari plutôt que de laisser faire Maman.

Répondit alors t’elle avec un enthousiasme saisissant, gonflé d’orgueil par sa propre idylle au point d’oublier qu’elle ne pourrait jamais réellement échapper au poids du mariage arrangé. On chercherait à la faire accoucher d’un sang pur dès lors que sa relation avec Miguel s’effriterait, si Papa ne venait pas à débarquer le jour du mariage pour la saisir par les cheveux et la ramener au manoir. Si cette seule idée gomme un peu la hardiesse de Cataleya, elle se rassure bien vite en se promettant que jamais ça n’arriverait. Se met des œillères, puisque convaincue qu’elle aurait enfin son petit conte de fée.

-Elle a le gout des Hommes durs et peu cultivé. Aussi puissant et tordu soit l’amour qu’éprouvait Cataleya pour sa mère, elle ne pouvait que déplorer son goût en matière de parti : plissant un peu le nez devant des profils qu’elle même arborerait viscéralement. Des hommes bien positionné et puissant mais qui ne brillait ni par leur douceur, ni par leur gout pour l’art. Elle semblait préférer les brutes Claudia, peut-être parce qu’elles étaient plus facile à manipuler sous ses doigts de fée. Nul doute qu’elle haïrait Miguel au premier regard en dépit de son impulsivité. Et puis, n’est-ce pas plus stimulant que de s’essayer à charmer plutôt que subir les rencontre imposés par nos parents ?

“Heureuse ou non”. Si Cataleya ne s’était pas faite autant enthousiaste en cette douce journée, sans doute se serait-elle laissée aller au rire tant il était évident que Claudia Blackthorn tordait le bon vouloir d’Alicia sans qu’elle n’ait son mot à dire. Aussi douce soit cette dernière, et aussi affirmée soit-elle dans son envie de sauvegarder sa progéniture de l’esprit tordu des trois autres, force était d’admettre que jamais elle ne s’interposerait à une histoire de mariage. Il avait fallu la présence de Nullus, ainsi que les affirmations silencieuses de Cataleya pour tenter de contrebalancer le fait qu’on ne pouvait décemment pas jeter @Juliet Blackthorn à Octave Muller. Non pas parce qu’il était un salaud notoire, mais parce que les Muller avait déjà la main mise sur Elizabeth et qu’il fallait un mariage entre les deux lignées Blackthorn pour sceller l’adoptive à la bien née. N’était-ce pas pour conserver les biens familiaux que Claudia et Aloysius avait arrachés aux orphelinats leur portée ? Répéter le schéma familial puisque, cousin et cousine, c’était plus d’une fois marié dans leur généalogie dégénérée. Enola avait cependant l'avantage de se faire oublier. De passer sous les radars au point où aucun mariage ne lui avait encore été destinée quand les trois plus jeunes étaient déjà odieusement promis. “Comment j'intéragie avec des hommes ?” Cette fois, Cataleya ne résiste pas à l’envie de rire puisqu’elle même avait posé la question plus d’une fois lorsqu’elle suivait, à ses débuts, Miguel à la taverne du troll. Figée comme un “i” contre un mur, paniquant dès lors que le grimm se désintéressait d’elle puisqu’une fois de trop elle lui avait craché qu’il ne porterait jamais la main sur ses seins. Particulièrement rétive et savamment dressé par papa et maman, Cataleya était loin d’être la plus à même de prodiguer des conseils. Elle s’était pourtant nettement améliorée et offrit un bref clin d’oeil à son aîné.

-Seule l’expérience te sauvera ; on n’apprend pas à lire les gens entre les pages d’un roman mais en les observants. Tu te ridiculises, comme je me ridiculise, mais si tu crains de voir des faux pas être épiés, je peux te proposer de m'accompagner à la taverne du troll ce soir ; il y a un match de quidditch retransmit et @Maximilien Leroy et @Peter Drummond m’ont promis de venir. Miguel sera là aussi, certainement avec des amis. Ce serait l’occasion de goûter à une petite sortie. Et si elle savait Miguel prompt à mettre à l’aise, quoi qu’un peu trop brut de décoffrage, elle n’avait aucun doute sur le fait que Maximilien sécuriserait sans mal Enola. Quant à Peter, leur cousin, son tempérament fêtard était connu de tous. Tout comme la fâcheuse tendance qu’avait Cataleya à le suivre en courant quand ils avaient trop bu et qu’il lui promettait de folles idées… ‘Ton père et le miens me croiront à la bibliothèque et il ne serait pas étonnant que je t’y traîne en vue de mes thèses. Quant à maman, elle n’est pas dupe mais accepte sans mal mes écarts tant que je reste en tête de classe. Elle serait même rassurée de me savoir chaperonnée par toi, plutôt que de laisser Maximilien seul me veiller moi et Peter.”

D’autant plus que Quarta avait la conviction que sa mère était parvenue à se frayer un chemin jusqu’à ses neurones lorsqu’elle avait émit le souhait silencieux de se bourrer la gueule jusqu’au bout de la nuit pour chasser ses angoisses scolaires. Cataleya avait même renommé pour la peine Arthur en “ne pas appeler / envoyer de sms” puisqu’elle l’avait une fois appelé des toilettes de la taverne en chouinant qu’elle n’était pas bien et qu'il était venu le chercher, ce fou. Ca, ajouté au fait qu’elle était quasis convaincue lui avoir récemment envoyé une photo des shooter qu’elle avait aligné sur la table, puis l’avoir ensuite supprimé en croyant que ça annulerait l’envoi. Sans doute avait-il jugé fort ce soir là, mais sans doute moins que la fois des toilettes puisqu’il l’avait porté jusqu’à son lit pour l’y border.

-D’abord une soirée pour te mettre à l’aise et ensuite je te présente à @Alexander McCandless ; il a un faible pour les rousses et se fera un plaisir de t’apprendre les rudiments de la drague. Crois moi.