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It was a long time ago...[Orphée]
Mar 31 Aoû 2010 - 11:02
« D’accord, pas de problème. Et désolé pour le dérangement. » L’étudiante m’adressa un sourire tandis qu’elle refermait la porte derrière moi, tandis qu’une profonde déception pouvait se lire sur mon visage dépité. Malgré tout, j’étais resté poli et courtois, remerciant le plus chaleureusement qu’il m’était possible l’inconnue, qui m’avait contemplé d’un air désolé. A présent, je devais me faire à l’idée. Elle n’était plus là. Tout l’espoir que j’avais placé dans cette ultime rencontre, un espoir peut être pour recoller les morceaux, venait de partir en éclat, laissant un goût amer dans ma bouche encore pâteuse de la cuite de hier soir. Je savais que prendre de l’alcool en soirée était déraisonnable, d’autant plus que j’étais incapable de le tenir. Il suffisait d’un ou deux verres pour que l’ivresse me gagne, un ou deux supplémentaires pour que je fasse ce que je ne ferais pas habituellement. A chaque fois que je me réveillais, le lendemain matin, avec une migraine horrible et les membres engourdis, incapable du moindre mouvement sans être pris de nausées, je me disais plus jamais. Plus jamais je ne me laisserai aller à de tels écarts. Et pourtant, inlassablement, je recommençais, comme si je n’avais pas retenu la leçon. Je n’en faisais qu’à ma tête, touchant davantage le fond. Comme si je n’étais pas déjà assez à la dérive comme ça. Et ma déception avait été encore plus grande que j’avais dû m’insuffler toute la volonté du monde pour arriver jusqu’ici, même dans un état précaire. Et j‘avais fait tout cela pour rien. J’aurais dû rester couché, parce que là, j’étais encore plus mal qu’au réveil. Quand on avait la gueule de bois un lendemain de cuite, on avait difficilement envie de faire quelque chose de sa journée. La plupart du temps, on restait couchés, en attendant que ça se passe, non sans avoir pris des cachets contre les maux de tête et les nausées. Je vous dis qu’ils feraient mieux d’inventer un cachet spécial gueule de bois, les laboratoires pharmaceutiques feraient un malheur au vu du nombre affolant de jeunes qui finissaient dans le caniveau après une fête. Seulement, cette invention géniale n’avait pas encore vu le jour, et on devait faire sans. C’était pénible, mais le prix à payer pour les excès.
A présent, je ne savais pas où aller, ni quoi faire. J’avais des projets pour l’après-midi, mais il semblerait qu’ils aient tous été annulés par un stupide coup du sort. Je pourrais sortir pour aller à Norwich, ne serait-ce que pour squatter un moment le Dressing Pony tout en étant alerte, ne sait-on jamais, peut-être que pourrais faire quelques rencontres là bas. Mais le pub, généralement, était toujours bondé, occupé par les étudiants d’Hungcalf que je connaissais plus ou moins de vue. Rien de nouveau sous le soleil, donc, même si j’avouerais que l’expression est assez mal choisie au vu des fines gouttes de pluie qui s’écrasaient sur le campus. En soupirant, je rabattis la capuche de mon sweat sur ma tête. J’avais sans doute ridicule affublé de la sorte, mais c’était tout de même mieux que rien, je ne serais pas trempé rien qu’en voulant regagner l’autre bâtiment. Parce qu’à présent, je n’avais aucune envie de retourner m’enfermer dans l’ambiance morose et solitaire de ma chambre. J’avais un furieux besoin de compagnie à combler, sans doute pour alléger les effets de la déception qui m’habitait. Tout comme je pouvais me maudire moi-même. C’était de ma faute si j’étais dans une telle situation. Après tout, j’aurais très bien pu savoir qu’Orphée avait déménagé, si seulement j’avais pris la peine de prendre de ses nouvelles. Seulement, je ne l’avais pas fait. Tant pis pour moi. Je n’avais qu’à pas être aussi lâche, assumer aussi peu mes responsabilités, d’autant plus que j’étais le fautif dans toute cette histoire. Quoiqu’il en soit, depuis que je l’avais aperçue dans un des nombreux couloirs de l’université magique, j’avais nourri la folle idée d’aller la voir, ne serait-ce que pour savoir comment elle allait. Mais Orphée représentait trop de choses pour que le simple fait de lui rendre visite soit parfaitement anodin. Elle était l’un des nombreux éléments qui me rattachaient à mon passé tumultueux et éprouvant, l’un des vestiges de cette période difficile qui avait suivi la mort de mon frère et mon expulsion de la maison.
J’avais longtemps réfléchi avant de prendre cette décision. Cela ne m’empêcha pas pour autant de l’apercevoir encore, à la sortie d’un amphi ou d’une classe de cours, et d’avoir toujours envie d’aller la voir. Et honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m’en tenir avec elle, et l’ignorance m’avait considérablement freiné dans mon enthousiasme. M’en voulait-elle encore? Voulait-elle au moins me voir, au vu de tout ce qui a pu se passer entre nous? Certes, je ne connaîtrai jamais les réponses si je n’avais pas le cran d’aller sonner à sa porte, mais d’un autre côté, je n’avais pas nécessairement envie de savoir, trop d’évènements continuaient à me hanter. Ce qui m’a fait trancher pour de bon, c’est justement cette envie de passer outre les fantômes du passé. Il fallait parfois revivre certains moments pour pouvoir tourner définitivement la page, même si l’expérience allait sans nul doute être pénible. Et aujourd’hui me semblait être le bon jour pour mener à bien une telle quête. J’avais certes encore ma gueule de bois, mais au moins, question drogue, j’étais plus ou moins clean. Cela faisait un moment que je n’avais rien pris, cela remontait peut-être à hier soir. Par conséquent, j’étais encore relativement conscient de ce qui se passait autour de moi, ce qui n’arrivait pas souvent. La pluie tombait dru sur le campus, me poussant à m’abriter sous le préau. Je ne savais toujours pas quoi faire, et cette inaction commençait sérieusement à m’emmerder. En fait, j’avais plusieurs options, et aucune ne me paraissait assez satisfaisante. J’avais déjà éliminé la première, qui consistait à aller sonner directement à son ancienne chambre. À glaner ça et là quelques renseignements, j’avais fini par savoir à quel étage elle habitait, avant de me faire gentiment rembarrer par la nouvelle locataire, qui n’avait pas su m’indiquer la nouvelle adresse d’Orphée.
Dès lors que j’avais su qu’elle avait quitté sa chambre d’étudiante, je n’ai pas pu m’empêcher de me forger quelques scénarios catastrophe, sans doute appuyés par ma paranoïa. Que s’était-il passé? Avait-elle quitté Hungcalf? Ne reviendrait-elle pas pour la nouvelle année? Je ne saurais dire pourquoi, mais cette perspective m’angoissait. Apercevoir Orphée dans les couloirs avait été comme une source de réconfort. En être privé aurait été, à mon sens, dramatique. J’avais donc continué à me renseigner, quitte à devoir arpenter le campus de l’université en long, en large, et en travers. J’avais pris une réelle décision, même si j’en ignorais la teneur en bon sens, je ne retournerai pas à ma chambre avant d’avoir obtenu la nouvelle adresse de la Summerbee. Après…J’aviserai. A force de persévérance, deux longues heures plus tard, après avoir croiser quelques individus ignorants de la nouvelle situation d’Orphée, j’avais enfin réussi à extirper l’information tant convoitée à l’une des connaissances de la demoiselle. Elle habitait désormais dans l’immeuble de Norwich, et son colocataire n’était autre que Lust Whitaker. Ironie du sort. Je n’avais plus qu’à espérer que ça ne soit pas lui qui m’ouvre la porte. Je devais probablement être fou pour désirer quand même aller faire un saut à leur appartement, quand bien même je savais qu’il était habité par un Whitaker, le cousin de Tatiana qui de plus est, mais l’envie de voir Orphée était plus forte.
Ce fut quand je me retrouvai sur le palier, en face de la porte, le bout de papier m’ayant servi à noter l’adresse serré dans ma poigne que je mesurai l’ampleur du problème. Qu’allais-je lui dire? Parce qu’il était évident que je n’avais rien à dire. Même trois ans après la fin de notre relation de couple. Tant pis. J’improviserai, comme d’habitude. Fermement, j’assénai trois coups à la porte, malgré l’existence de la sonnette sur le côté. Anxieux, j’attendais qu’on daigne bien m’ouvrir. Plus les secondes passaient, et plus le suspense devenait insupportable. Enfin, j’entendis des pas dans le couloir derrière la porte, et le cliquetis du verrou qu’on ouvrait. La tête brune d’Orphée apparut dans l’embrasure de la porte. Je m’efforçais de sourire, conscient que je débarquais probablement comme un cheveu sur la soupe. Je m’éclaircis pitoyablement la gorge, l’air gêné. « Hey, salut. » J’avoue, en guise d’intro, je pouvais largement mieux faire. Mais était-ce le trac qui m’ôtait de la sorte tous mes moyens? « Je euh…je ne te dérange pas? » Après tout, j’étais en droit de poser la question. Si ça se trouvait, elle avait déjà des invités. Dans ce cas, je ne pourrais pas la retenir plus longtemps, même si je n’étais pas vraiment disposé à essuyer une nouvelle déception. Trop, c’est trop. A présent venait l’étape la plus difficile: se justifier, chose que je n’ai jamais été capable de faire sans opposer d’arguments creux et minables, étant assez nul pour plaider ma propre cause. « Cela peut te paraître plutôt étrange, surtout qu’on n’a pas vraiment eu l’occasion de se voir…plus sérieusement, dirons nous. Mais…» Par Merlin…Pourquoi fallait-il que je dissipe toujours mon malaise dans la tchatche? Si c’était pour dire des conneries, autant ne rien dire du tout, non? Je ne faisais que de me rendre ridicule, et ça, c’était vraiment une claque pour mon orgueil. Tant pis. Si je voulais que les choses s’arrangent un tant soit peu, je devais faire preuve d’humilité. « Mais, j’avais envie de venir te voir. Savoir comment tu allais. Bref, prendre de tes nouvelles. » Voilà, on y arrive. C’était si dur que ça, d’être sincère, honnête avec soi-même, sans user de mensonges et de voies détournées pour sauver sa peau? A présent s’ouvrait une autre étape difficile: attendre sa réponse, et l’accepter, quoiqu’elle puisse être. Positive, ou non.
A présent, je ne savais pas où aller, ni quoi faire. J’avais des projets pour l’après-midi, mais il semblerait qu’ils aient tous été annulés par un stupide coup du sort. Je pourrais sortir pour aller à Norwich, ne serait-ce que pour squatter un moment le Dressing Pony tout en étant alerte, ne sait-on jamais, peut-être que pourrais faire quelques rencontres là bas. Mais le pub, généralement, était toujours bondé, occupé par les étudiants d’Hungcalf que je connaissais plus ou moins de vue. Rien de nouveau sous le soleil, donc, même si j’avouerais que l’expression est assez mal choisie au vu des fines gouttes de pluie qui s’écrasaient sur le campus. En soupirant, je rabattis la capuche de mon sweat sur ma tête. J’avais sans doute ridicule affublé de la sorte, mais c’était tout de même mieux que rien, je ne serais pas trempé rien qu’en voulant regagner l’autre bâtiment. Parce qu’à présent, je n’avais aucune envie de retourner m’enfermer dans l’ambiance morose et solitaire de ma chambre. J’avais un furieux besoin de compagnie à combler, sans doute pour alléger les effets de la déception qui m’habitait. Tout comme je pouvais me maudire moi-même. C’était de ma faute si j’étais dans une telle situation. Après tout, j’aurais très bien pu savoir qu’Orphée avait déménagé, si seulement j’avais pris la peine de prendre de ses nouvelles. Seulement, je ne l’avais pas fait. Tant pis pour moi. Je n’avais qu’à pas être aussi lâche, assumer aussi peu mes responsabilités, d’autant plus que j’étais le fautif dans toute cette histoire. Quoiqu’il en soit, depuis que je l’avais aperçue dans un des nombreux couloirs de l’université magique, j’avais nourri la folle idée d’aller la voir, ne serait-ce que pour savoir comment elle allait. Mais Orphée représentait trop de choses pour que le simple fait de lui rendre visite soit parfaitement anodin. Elle était l’un des nombreux éléments qui me rattachaient à mon passé tumultueux et éprouvant, l’un des vestiges de cette période difficile qui avait suivi la mort de mon frère et mon expulsion de la maison.
J’avais longtemps réfléchi avant de prendre cette décision. Cela ne m’empêcha pas pour autant de l’apercevoir encore, à la sortie d’un amphi ou d’une classe de cours, et d’avoir toujours envie d’aller la voir. Et honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m’en tenir avec elle, et l’ignorance m’avait considérablement freiné dans mon enthousiasme. M’en voulait-elle encore? Voulait-elle au moins me voir, au vu de tout ce qui a pu se passer entre nous? Certes, je ne connaîtrai jamais les réponses si je n’avais pas le cran d’aller sonner à sa porte, mais d’un autre côté, je n’avais pas nécessairement envie de savoir, trop d’évènements continuaient à me hanter. Ce qui m’a fait trancher pour de bon, c’est justement cette envie de passer outre les fantômes du passé. Il fallait parfois revivre certains moments pour pouvoir tourner définitivement la page, même si l’expérience allait sans nul doute être pénible. Et aujourd’hui me semblait être le bon jour pour mener à bien une telle quête. J’avais certes encore ma gueule de bois, mais au moins, question drogue, j’étais plus ou moins clean. Cela faisait un moment que je n’avais rien pris, cela remontait peut-être à hier soir. Par conséquent, j’étais encore relativement conscient de ce qui se passait autour de moi, ce qui n’arrivait pas souvent. La pluie tombait dru sur le campus, me poussant à m’abriter sous le préau. Je ne savais toujours pas quoi faire, et cette inaction commençait sérieusement à m’emmerder. En fait, j’avais plusieurs options, et aucune ne me paraissait assez satisfaisante. J’avais déjà éliminé la première, qui consistait à aller sonner directement à son ancienne chambre. À glaner ça et là quelques renseignements, j’avais fini par savoir à quel étage elle habitait, avant de me faire gentiment rembarrer par la nouvelle locataire, qui n’avait pas su m’indiquer la nouvelle adresse d’Orphée.
Dès lors que j’avais su qu’elle avait quitté sa chambre d’étudiante, je n’ai pas pu m’empêcher de me forger quelques scénarios catastrophe, sans doute appuyés par ma paranoïa. Que s’était-il passé? Avait-elle quitté Hungcalf? Ne reviendrait-elle pas pour la nouvelle année? Je ne saurais dire pourquoi, mais cette perspective m’angoissait. Apercevoir Orphée dans les couloirs avait été comme une source de réconfort. En être privé aurait été, à mon sens, dramatique. J’avais donc continué à me renseigner, quitte à devoir arpenter le campus de l’université en long, en large, et en travers. J’avais pris une réelle décision, même si j’en ignorais la teneur en bon sens, je ne retournerai pas à ma chambre avant d’avoir obtenu la nouvelle adresse de la Summerbee. Après…J’aviserai. A force de persévérance, deux longues heures plus tard, après avoir croiser quelques individus ignorants de la nouvelle situation d’Orphée, j’avais enfin réussi à extirper l’information tant convoitée à l’une des connaissances de la demoiselle. Elle habitait désormais dans l’immeuble de Norwich, et son colocataire n’était autre que Lust Whitaker. Ironie du sort. Je n’avais plus qu’à espérer que ça ne soit pas lui qui m’ouvre la porte. Je devais probablement être fou pour désirer quand même aller faire un saut à leur appartement, quand bien même je savais qu’il était habité par un Whitaker, le cousin de Tatiana qui de plus est, mais l’envie de voir Orphée était plus forte.
Ce fut quand je me retrouvai sur le palier, en face de la porte, le bout de papier m’ayant servi à noter l’adresse serré dans ma poigne que je mesurai l’ampleur du problème. Qu’allais-je lui dire? Parce qu’il était évident que je n’avais rien à dire. Même trois ans après la fin de notre relation de couple. Tant pis. J’improviserai, comme d’habitude. Fermement, j’assénai trois coups à la porte, malgré l’existence de la sonnette sur le côté. Anxieux, j’attendais qu’on daigne bien m’ouvrir. Plus les secondes passaient, et plus le suspense devenait insupportable. Enfin, j’entendis des pas dans le couloir derrière la porte, et le cliquetis du verrou qu’on ouvrait. La tête brune d’Orphée apparut dans l’embrasure de la porte. Je m’efforçais de sourire, conscient que je débarquais probablement comme un cheveu sur la soupe. Je m’éclaircis pitoyablement la gorge, l’air gêné. « Hey, salut. » J’avoue, en guise d’intro, je pouvais largement mieux faire. Mais était-ce le trac qui m’ôtait de la sorte tous mes moyens? « Je euh…je ne te dérange pas? » Après tout, j’étais en droit de poser la question. Si ça se trouvait, elle avait déjà des invités. Dans ce cas, je ne pourrais pas la retenir plus longtemps, même si je n’étais pas vraiment disposé à essuyer une nouvelle déception. Trop, c’est trop. A présent venait l’étape la plus difficile: se justifier, chose que je n’ai jamais été capable de faire sans opposer d’arguments creux et minables, étant assez nul pour plaider ma propre cause. « Cela peut te paraître plutôt étrange, surtout qu’on n’a pas vraiment eu l’occasion de se voir…plus sérieusement, dirons nous. Mais…» Par Merlin…Pourquoi fallait-il que je dissipe toujours mon malaise dans la tchatche? Si c’était pour dire des conneries, autant ne rien dire du tout, non? Je ne faisais que de me rendre ridicule, et ça, c’était vraiment une claque pour mon orgueil. Tant pis. Si je voulais que les choses s’arrangent un tant soit peu, je devais faire preuve d’humilité. « Mais, j’avais envie de venir te voir. Savoir comment tu allais. Bref, prendre de tes nouvelles. » Voilà, on y arrive. C’était si dur que ça, d’être sincère, honnête avec soi-même, sans user de mensonges et de voies détournées pour sauver sa peau? A présent s’ouvrait une autre étape difficile: attendre sa réponse, et l’accepter, quoiqu’elle puisse être. Positive, ou non.
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