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Il y a beaucoup plus qu'on ne le croit dans un regard ... n a t h a n
Jeu 28 Oct 2010 - 15:57
« Il y a beaucoup plus qu’on ne le croit dans un regard … »
Lou dormait en demi teinte. C’était sa façon de vivre la nuit, et ce depuis qu’elle était née. Durant son sommeil, son père était omniprésent, figure titanesque et lustrée de désirs inassouvis, sauvages et cruels, dans laquelle elle plongeait corps et âme. Il lui avait enseigné l’art de se repaître d’un rayon de lune, d’une obscure brindille, d’un animal en chasse … Elle sentait la nuit, les sens en éveil, et tentait de lutter contre ses besoins humains pour vivre encore quelques secondes en sa présence. Dans ces rêves - ses exutoires - il n’était que le réceptacle malsain de sa haine légitime, celui qui endossait les coups virtuels et qui saignait des larmes intimes et lâches. Mais lorsque le jour inondait le monde de sa clarté nouvelle, ces images horrifiques s’évanouissaient dans l’oubli, laissant place à d’autres vérités plus terre à terre, plus pures, qui dénigraient les envies parricides. Ces matins là, Lou se levait le cœur serré. Ces matins là, elle avait l’impression que rien ne serait jamais réglé, qu’il hanterait toujours son être autant que son paraître, et cette fatalité l’assommait de surcroît. Heureusement, il y avait d’autres matins, plus vastes, plus tendres, plus jolis … C’était ses matins doux. Des matins comme celui là.
La jeune femme se hissa hors des couvertures, songeuse. Absente, elle tituba vers la salle d’eau, enfilant son jean à la hâte avant de descendre dans la grande salle pour prendre son petit déjeuner bien English : toast, bacon, thé, scones beurrés de chantilly. Bref le bonheur quoi ! Quand elle fut repue outre mesure, notre estomac sur pattes décida qu’il était l’heure de se dégourdir un peu les gambettes, histoire de chasser de sa caboche les pensées brumeuses qui occultaient son subconscient. Heureusement, on était le premier week end du mois, ce qui était en langage étudiant, synonyme de liberté divine et charnelle. Autrement dit, elle allait pouvoir se donner à fond. Bien que la douceur de l’air ne soit que tempérée, Lou prit le chemin du lac, afin de permettre à ses pieds de s’aérer certes, mais surtout parce que la vue de l’eau lui rappelait sa mère … Elle avait toujours besoin de ce lien mystique, de ce culte autonome qui la berçait de souvenirs. C’était comme si, l’espace d’une heure, elle pouvait de nouveau la sentir prés d’elle, bien vivante, reine des océan disparue. L’eau ou l’élément primaire, la symbiose amniotique dans le ventre de la mère : un trésor enfoui sous de nombreuses couches de quotidien, qu’elle avait de plus en plus de mal à exhumer. Oui, ces moments d’intimité se faisaient de plus en plus rares au fur et à mesure qu’elle grandissait et qu’elle apprenait les germes de la sociabilisation. Elle n’était plus seule désormais, et cet aspect nouveau de l’existence la comblait bien sûr, mais l’accaparait surtout, la forçant à se concentrer sur autre chose que sa meute dissoute. Papa, maman se faisaient plus lointain.
Lou étendit ses pieds sur la berge, ses longs cheveux châtins liberrés par une brise légère, amère, venue du Sud. Elle laissa planer son regard candide vers l’étendue liquide, absorbant le rêve, l’ectoplasme qui bouillait quelque part dans les profondeurs abyssales. Elle se revigorait d’une essence nécessaire : le rêve, la supposition, le repli sur soi. Concentrée sur elle même, elle n’entendit pas les bruit de pas derrière elle. La silhouette, intrusive, se reflétait dans l’eau du lac. Lou eut un sourire absent …
La jeune femme se hissa hors des couvertures, songeuse. Absente, elle tituba vers la salle d’eau, enfilant son jean à la hâte avant de descendre dans la grande salle pour prendre son petit déjeuner bien English : toast, bacon, thé, scones beurrés de chantilly. Bref le bonheur quoi ! Quand elle fut repue outre mesure, notre estomac sur pattes décida qu’il était l’heure de se dégourdir un peu les gambettes, histoire de chasser de sa caboche les pensées brumeuses qui occultaient son subconscient. Heureusement, on était le premier week end du mois, ce qui était en langage étudiant, synonyme de liberté divine et charnelle. Autrement dit, elle allait pouvoir se donner à fond. Bien que la douceur de l’air ne soit que tempérée, Lou prit le chemin du lac, afin de permettre à ses pieds de s’aérer certes, mais surtout parce que la vue de l’eau lui rappelait sa mère … Elle avait toujours besoin de ce lien mystique, de ce culte autonome qui la berçait de souvenirs. C’était comme si, l’espace d’une heure, elle pouvait de nouveau la sentir prés d’elle, bien vivante, reine des océan disparue. L’eau ou l’élément primaire, la symbiose amniotique dans le ventre de la mère : un trésor enfoui sous de nombreuses couches de quotidien, qu’elle avait de plus en plus de mal à exhumer. Oui, ces moments d’intimité se faisaient de plus en plus rares au fur et à mesure qu’elle grandissait et qu’elle apprenait les germes de la sociabilisation. Elle n’était plus seule désormais, et cet aspect nouveau de l’existence la comblait bien sûr, mais l’accaparait surtout, la forçant à se concentrer sur autre chose que sa meute dissoute. Papa, maman se faisaient plus lointain.
Lou étendit ses pieds sur la berge, ses longs cheveux châtins liberrés par une brise légère, amère, venue du Sud. Elle laissa planer son regard candide vers l’étendue liquide, absorbant le rêve, l’ectoplasme qui bouillait quelque part dans les profondeurs abyssales. Elle se revigorait d’une essence nécessaire : le rêve, la supposition, le repli sur soi. Concentrée sur elle même, elle n’entendit pas les bruit de pas derrière elle. La silhouette, intrusive, se reflétait dans l’eau du lac. Lou eut un sourire absent …