♣ Dans les affaires, comme en amour, il est un moment où l'on doit s'abandonner. ♣

Marchant calmement dans les couloirs, j'observais le vide avec une attention étonnante. Mes amies riaient à mes côtés sans s'étonner que je ne me mêle pas à elles, comme je le faisais bien souvent d'ailleurs. Je n'avais pas le coeur à rire en cette merveilleuse journée ensoleillée, mes pensées étaient fixées sur cette lettre qui pesait lourd dans mon sac. Mes grands-parents m'avaient écrit, un exploit je peux vous l'assurer. Une bonne ou une mauvaise nouvelle? J'avais peur de le découvrir, redoutant le moment ou l'enveloppe allait se déchirer sous mes fines mains. Ne regardant pas devant moi, je bouscule une personne plus petite. Lançant un regard méchant et froid, je ne peux m'empêcher de dire sournoisement.

- Regarder devant sois est préférable si tu ne veux pas te retrouver les deux pieds en l'air!

Mes amies éclatent de rire alors que je continue mon chemin, je n'étais pas de très bonne humeur et cela se voyait nettement sur mon visage toutefois angélique et charmeur. Je n'avais plus cour aujourd'hui, j'allais devoir affronter la dure réalité...je devais ouvrir cette lettre, mais pour cela je devais être seule. Je commence à ralentir le pas quand une de mes amies se tourna vers moi le regard interrogateur.

- Continuez sans moi, je dois aller rendre visite à quelqu'un, je reviens dans une vingtaine de minutes.

Je souris avec une normalité étonnante, comme si rien en moi ne me torturais ce qui était totalement faux. Bref, je m'éloigne en silence cherchant un endroit tranquille, un endroit où je pourrais au cas ou exploser en larme sans avoir honte. Passant devant l'animalerie je m'arrête et regarde à l'interrieur, personne en vue et cet endroit était à cette heure tranquille. Un regard à droite puis à gauche, je pénètre dans la pièce et évite une chouette en liberté, je referme la porte rapidement et prend la lettre d'une main tremblante.

" Ma chère Heaven,
je t'écris cette lettre pour t'annoncer une mauvaise nouvelle. Ton grand-père est malade comme tu me l'avais prédis, ta vision était donc exacte malheureusement. Comme tu l'as constaté dans cette même vision, il ne s'en sortira pas vivant, les médecins lui donnent deux à trois mois encore. Malgré ton souhait de revenir pour le soutenir dans cette tragique épreuve, je suis dans l'obligation de t'ordonner de rester à l'école pour continuer tes études, cela me semble plus sage. Je te tiendrais bien sûr au courant de l'évolution et des derniers moment de ton grand-père.

Bien à toi, Grand-mère."

Je relus la lettre encore et encore, je tremblais, je pleurais également sans m'en rendre compte. Ainsi, je ne pouvais même pas voir mon grand-père mourir? Cette femme était-elle donc si cruelle? Oui, il semblerait bien. Je vais m'asseoir sur une chaise en passant une main sur mon visage, je me mis à fondre en larme toute seule dans la salle quand un bruit me parvient. La porte venait de s'ouvrir sans que je ne l'entende, quand mes yeux se levèrent je vis Colin devant moi. Je ne dis pas un mot, il avait le chic pour tomber dans les moments ou je me montrais la plus faible...

Je pleurais à chaude larme, essayant vainement de cacher ce visage que je voulais tellement fort en général. J'entendis mon prénom être prononcé, cette voix je la connaissais parfaitement, Colin. Je gémis doucement, n'aillant pas vraiment la force ni même l'envie de lui répondre. Que pourrais-je lui dire? Il me voyait une fois de plus pleurer, qu'allait-il penser de moi après ça? Je ne voulais pas me montrer faible, mais une fois de plus Colin arrivait dans un de ses moments ou j'avais besoin de réconfort et d'un ami. Je n'osais toujours pas montrer mon visage, je le cachais bêtement tout en sachant que Colin allait vouloir s'emparer de l'image de celui-ci. Je sentis d'ailleurs quelques secondes plus tard la main du jeune homme enlevant la mienne, je lève alors mes yeux bleutés vers les siens en faisant un mince sourire. Je n'arrivais pas à dire un seul mot, ma gorge nouée, je ne faisais que l'observer avec une immense peine.

Normalement, je me serais amusé à le charmer, le séduir mais je n'avais vraiment pas la tête à ça. J'essuie doucement mon visage en me mordant la lèvre interieure, que devais-je lui dire? Que j'avais vu dans une de mes visions la mort de mon grand-père? Que ma grand-mère ne daignait pas me laisser l'accompagner dans ses derniers instants? Cela aurait été la vérité, mais je n'en avais pas encore le courage. D'une voix tremblante je réussis néanmoins à dire.

-Je...je viens d'apprendre une mauvaise nouvelle.

Les larmes coulaient toujours sur mes joues rosées par la peine peine, mon coeur frappait contre ma poitrine alors que ma respiration était coupée. Mes yeux se perdirent dans le vague quelques instants, oui, j'avais un flash. Je voyais des tombes autour de moi, des gens qui pleuraient sauf une, ma grand-mère. Je me vis habillée de noir, une rose blanche à la main, le visage pâle, le regard anéanti...je n'étais plus qu'une épave. Quand je repris mes esprits, je plonge de nouveau mes yeux dans ceux de Colin.

-Je...je ne sais plus quoi faire Colin, je suis perdue. Il va mourir, mon grand-père et ma grand-mère refuse que je sois à ses côtés...que vais-je devenir sans lui?

Mon grand-père était toute ma vie, lui me prêtait quelque peu d'attention alors que sa femme me détestait. Pour elle, j'étais la cause de la mort précipitée de sa fille Gabriella Senior. Je me remis à pleurer en silence cette fois, passant une main dans mes cheveux, j'appuie mon front sur l'épaule du jeune homme. Colin m'avait toujours plu. De part son envie de me résister, son côté énigmatique aussi mais bien sûr la personne qu'il était en général. Néanmoins, je n'avais pas une très belle façon de lui montrer. Séductrice dans l'âme, je séduisais bon nombres d'hommes, mais quand un me plaisait réellement celui-ci pensait que c'était un jeu...