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i'm not a heartless monster you know, even if i'm not the boy you used to love anymore▬ ekstasy
Sam 22 Jan 2011 - 17:44
(c) hollow art & lipstick bitch
Et elle, est-ce que t'as pensé à elle?
Aujourd'hui encore, y a que moi qui lui dis t'es belle.
Elle a cassé son miroir, elle veut plus s' regarder,
J' gomme toute ressemblance, j' veux pas la voir pleurer.
C'est pas comme ces couples qu'on voit à la télé,
Toi t'es juste parti, tu r' viendras jamais...
ALDERIC & EKSTASY. CHAPITRE 2.
Je n’avais pas versé une larme, même pas quand il avait été porté en terre, pas même en ruminant en silence les heures sombres qui s’en suivirent, pas même en étant hanté par la dernière image que j’avais eue de lui. Je le revoyais confortablement calé dans son fauteuil, cigarette coincée entre les lèvres et verre de whisky à la main. Il avait tout simplement un sourire paisible sur les lèvres, comme s’il n’était pas mécontent de partir. Je me détournai finalement de la pierre tombale, comme si sa simple vision m’insupportait. Entre nous, il ne sera jamais question que d’une haine éternelle. Je m’inquiète surtout pour elle, tu sais. Elle qui pleurait dans son mouchoir. Maman, à la carrure si faible, au visage si fragile. Elle a vieilli prématurément, le poids des années s’inscrivait sur ses pommettes affaissées, creusées de rides. Ses mains frêles jointes en signe de prière, son alliance encore présente. Regarde ce que tu lui as fait, ce que tu nous a faits. Te rends-tu compte qu’il n’y aura plus personne pour veiller sur elle quand je serai moi aussi parti? Au bout du compte, c’est elle qui finira seule, sans avoir la chance de pouvoir refaire sa vie. Te rends-tu compte à quel point son sort peut être injuste, à quel point je t’en veux d’être parti? Je ne suis que le fils, tu sais, c’était ton devoir d’être présent dans sa vie, de veiller sur elle. Qu’as-tu fait du devoir d’assistance et de respect entre époux? Du soutien dans la douleur? Tu n’as même pas été foutu d’être là quand Jimmy est mort. Suis-je vraiment le seul à me rendre compte qu’elle va mal? Qu’elle a besoin d’être aidée? Suis-je vraiment le seul à me préoccuper d’elle, tout simplement?
Elle tourna finalement vers moi son visage baigné de larmes, ses grands yeux bleus emplis d’une douleur indicible. J’eus la décence de ne pas détourner le regard devant cette vision difficile. À la place, je me contentai de la serrer dans mes bras, où elle put se blottir pour y pleurer tout à son aise. « viens maman, on y va. » finis-je par décréter, ne supportant plus l’ambiance austère et oppressante des lieux. « non chéri, on reste encore un peu. » Je finis par soupirer lourdement. Cela faisait presque un mois qu’il nous avait quittés à présent, et pour elle, cela allait être un jour de plus passé à pleurer sur sa tombe. Je ne pouvais plus la voir se détruire ainsi, mettre entre parenthèses son existence pour pleurer un homme qui ne méritait pas ses larmes. elle l’aimait. Elle pleure parce qu’elle a perdu celui qu’elle a aimé. Celui qui lui a fait deux fils. Elle aimait son bourreau. Deux fils, un qui était mort et l’autre dont l’heure viendrait bien trop rapidement. Et une fille, qui ne donnait plus aucun signe de vie. Une bouffée de colère déferla en moi, tandis qu’un profond sentiment d’injustice venait de m’animer. Je ramènerai Helena à Maman, quoiqu’il m’en coûte. Je devais mettre ma sœur au devant de ses responsabilités, elle n’avait plus le droit de fuir. Maman n’aurait plus qu’elle lorsque je serai moi aussi dans ce fichu trou. Je te jure Maman, je ne partirai pas tant que je ne t’aurai pas ramené Helena.
Je finis par transplaner, à l’abri des regards. Un vague sentiment de culpabilité vint m’envahir. Je n’aimais pas la savoir seule dans cet endroit glauque, elle allait encore s’abrutir dans sa peine et noyer le tout dans une bouteille de whisky. Je n’avais pas pris la peine de passer par la porte de l’immeuble où j’habitais, j’avais directement transplané dans ma chambre. Tout en m’allumant une clope, d’un geste presque mécanique, j’allumai l’ordinateur qui ronronna légèrement. J’écoutai un instant le ronflement de la machine, qui était presque le seul bruit que l’on pouvait entendre dans ce silence oppressant qui avait imprégné l’appartement, probablement la seule trace de vie depuis quelques petites heures. Isaac devait être parti avec une fille ou que sais-je comme activité passionnante qui l’accaparait au point même d’oublier de rentrer à la maison. Il m’est déjà arrivé de l’entendre converser dans la pièce d’à côté avec cette fichue française. Je n’avais pas besoin de voir les traits fins et délicats ainsi que le joli petit cul de cette Joséphine, son accent horripilant me suffisait amplement pour l'identifier. Elle était jolie, très jolie même, mais elle était également très frigide et ses airs de grande dame outragée avaient le don de déclencher mon hilarité. Néanmoins, son regard argenté et implacable me dissuadait de me moquer d’elle, c’était généralement à ce moment là que je choisissais de disparaître et de m’isoler, écouteurs sur les oreilles ou à flinguer du soldat sur Call of Duty. Tout en écoutant par intermittence ce qui se passait, mais pas une seule fois je les ai entendus faire autre chose que parler, ou s’engueuler. Bien plus souvent s’engueuler, d’ailleurs. J’étais tout de même persuadé qu’il y avait anguille sous roche, qu’Evans avait eu l’occasion de regarder le corps de cette fichue française d’un peu plus près que la décence ne le permettait. Je n’irais pas jusqu’à dire que cette fille est une salope, mais disons qu’elle cache bien son jeu sous ses airs de sainte nitouche. Quoiqu’il en soit, ni l’un ni l’autre n’était là, et cela ne me déplaisait pas.
Je soupirai profondément, alors que les pages internet défilaient sous mes yeux. Mes sourcils se froncèrent lorsque je lus les messages échangés entre Elliot et Riley, qui ne laissaient présager rien de bon. J’en avais touché mot à la blonde Fitzgerald, mais parler à Elliot n’allait pas être une mince affaire, nous étions aussi butés l’un que l’autre et nos conversations sérieuses ne manquaient pas de dégénérer en dispute. Une notification. Même plusieurs. Un message de Bree. Un autre d’Ekstasy. Les deux voulaient me parler. J’eus la brève idée d’organiser un apéro pour qu’on puisse parler tous ensemble, mais le climat propice aux disputes m’en dissuada. J’ignorais comment Bree gérait ma proximité avec Ekstasy et vice-versa. J’ignorais surtout si elles s’appréciaient ou pas du tout. Eviter un autre incident diplomatique me paraissait être une bonne idée, ainsi j’entrepris de répondre à l’une et à l’autre. Je refermai finalement le clapet de l’ordinateur, pour le mettre en veille. Je pris mes clés que j’avais posées sur le bureau, avant de transplaner à nouveau. J’étais à présent dans une ruelle sombre, à l’abri des regards indiscrets, non loin du Starbucks dont j’avais parlé dans mon message. Il était près de 16 heures, et j’étais censé retrouver celle qui était pour moi comme une sœur devant le café. Nous avions convenu de prendre quelque chose à boire et de discuter dans un endroit tranquille. Peut-être le toit de l’immeuble de Norwich? Il serait facile d’y transplaner, et j’aimais beaucoup m’y trouver quand j’étais en quête d’un peu de tranquillité. Nous aviserions en temps voulu. Encore fallait-il que je repère Ekstasy parmi les passants. Alors, comme un brave petit soldat, je me postai devant l’échoppe et commençai à guetter l’arrivée de la brune. Cela étant, je n’allais pas avoir la patience d’attendre trop longtemps. Ce n’est pas qu’il faisait froid en cette fin janvier, mais presque.
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Re: i'm not a heartless monster you know, even if i'm not the boy you used to love anymore▬ ekstasy
Dim 23 Jan 2011 - 17:10
Je ne suis pas sûre d’être une si bonne amie que j’aimerais le croire. J’ai longtemps eu la fierté de pouvoir dire qu’on pouvait compter sur moi, quoiqu’il arrive, quoiqu’il advienne. J’apprenais aujourd’hui que c’était peut-être faux, peut-être n’étais-je qu’une lâche, et que le choixpeau avait fait une erreur monumentale en m’envoyant chez les rouges et ors, maison du courage et de l’hardiesse. Depuis la mort de maman, je n’avais pensé qu’à moi ; j’étais devenue absente, indifférente ; que le monde se mette à tourner à l’envers ou non, je m’en fichais. Je suis quelqu’un d’égoïste ; au lieu d’avoir soutenu du mieux possible Aldéric quand il avait perdu son père, je m’étais contentée de regarder son doux visage blessé de loin. Parce que moi aussi, je souffrais. Lorsqu’Elliot avait tenté de se suicider, je n’étais pas allée le voir à Ste Mangouste et n’avais pris de ses nouvelles que par l’intermédiaire de Nell. Je l’avais ignoré au moment où il avait le plus besoin de moi. Parce qu’il avait joué avec la vie et la mort, alors que certaines personnes n’ont pas ce choix. J’avais mes raisons de lui en vouloir, et je pouvais facilement trouver des raisons d’en vouloir à la Terre entière… Mais ce n’était pas ça le courage, le courage n’était pas de lever les mains en signe d’impuissance, perdue dans un coin, le courage, c’était de se relever, de se battre et d’aider les autres à faire de même. J’avais compris cela il y a quelques temps, mais je n’avais toujours pas réussi à appliquer ces conseils sur ma propre vie. Un pas à la fois, m’étais-je dit, lorsque j’avais allumé mon ordinateur pour me connecter sur facebook afin de voir comment se portaient les amis que j’avais quelques temps délaissés. Ce fut quelques minutes plus tard que j’appris une grande nouvelle, aussi effrayante et surprenante soit elle. Capri attendait un bébé, et apparemment d’Aldéric. Je dus relire plusieurs fois tous ces messages pour être sûre qu’il ne s’agissait pas d’une blague, mais malheureusement, la Grymm était on ne peut plus sérieuse. Choquée, j’écrivis rapidement un message à Aldéric à propos de cette histoire, avant de fermer l’écran de mon ordinateur et de me plonger sous mes draps. Qu’est-ce que c’était que cette histoire, encore ? Qu’est-ce qu’il se passait encore dans cette putain de ville ? Dans cette putain d’université ? Aldéric n’avait pas besoin d’un enfant, il était si jeune, et pas assez… pas assez fort psychologiquement pour être père, lui qui n’avait connu qu’un père ivrogne et qui avait perdu son petit frère… Je ne dis pas qu’il ferait un mauvais père, je ne connais personne de plus gentil et généreux qu’Aldéric mais il … il n’avait pas besoin de cela. Et s’il…s’il venait à mourir jeune, il n’avait pas besoin d’avoir l’abandon d’un fils sur la conscience… Comment allait-il faire ? Pourquoi cela lui tombait-il encore dessus ? Pas à lui, il avait déjà assez souffert. Pas à lui.
Seule, dans mon lit, je jetai un coup d’œil à la lune opaline qui éclairait légèrement ma chambre. Est-ce qu’il y avait vraiment un être supérieur, tout là haut ? Si oui, pourquoi s’entêtait-il à faire mal aux mêmes personnes, encore et toujours ? Ce n'était pas juste.
Cette nuit là, je dormis peu.
La première chose que je fis le lendemain fut d’allumer mon ordinateur pour voir si ce que j’avais lu la veille était réel ou si ce n’était qu’une énorme blague, un triste cauchemar que j’avais fait. Nouvelles notifications. J’ignore les autres, je vais tout de suite voir celle qui dit qu’Aldéric a commenté ma publication. Et merde, ce n’était pas un rêve. Il me propose des explications à 16h. Oui, j’y serai. Je les attends, tes explications, Aldéric, je n’attends plus que ça.
Toute la journée de cours, je fus encore moins concentrée qu’à mon habitude ; je ne prononçai pas un mot mais avais l’esprit ailleurs, si bien que j’étais incapable de prendre une seule note. Lorsque la sonnerie de mon dernier cours retentit, je ne perdis pas une seule seconde pour transplaner tout près du Starbuck, dans une petite ruelle tranquille. J’accélérai le pas, courant presque, jusqu’à que je remarquai la silhouette de mon ami, quelques mètres devant moi. Je déglutis, me stoppant net. Qu’est-ce que j’allais pouvoir lui dire ? Je n’avais pas été présente lorsqu’il avait perdu son père alors que lui l’avait été pour moi, pour ma mère. Et je n’étais pas l’amie idéale qui pourrait le rassurer et lui promettre que tout irait bien. Je passai la main dans mes boucles brunes, baissant le regard dès qu’il me remarqua, avant de recommencer à marcher, cette fois-ci le plus lentement possible. Arrivée finalement devant lui, je relevai mes yeux et les plongeai dans ceux de mon ami. « Salut. » Salut ? C’était tout ce que j’étais capable de lui sortir ? Pathétique. Je savais que je pouvais mieux faire, allez, un petit effort, un autre pas à faire. « Je… On entre ? » J’étais une dégonflée. Je n’avais jamais été timide avec Aldéric, jamais, alors pourquoi n’arrivais-je pas à former des phrases correctes maintenant ? Rentrant alors dans le Starbucks, je commandai un cappuccino et un cookie. Attendant que le serveur prépare notre commande, j’osai un nouveau regard vers le Wright. « C’est sympa de se retrouver à Starbucks après les cours, on le faisait souvent à une époque, tu te souviens ? Enfin je t’avoue que ce n’était peut-être pas la peine de se déplacer, on aurait pu parler sur facebook. C’est le nouveau moyen à la mode pour annoncer et parler de choses sérieuses, paraît-il. » Je me mis à rire, comme si ce que je venais de dire avait un semblant d’humour alors qu’à l’intérieur, j’étais en colère. En colère de l’avoir appris comme cela, de cette façon. Peut-être n’avais-je pas été une très bonne amie ces derniers temps, mais ce n’était pas une raison pour me laisser apprendre quelque chose d'aussi énorme devant mon ordinateur ; il était comme un frère, j’aurais du être une des premières à qui il aurait annoncé la nouvelle. Je ne suis pas sûre que j’aurais été de meilleur réconfort, mais au moins, on aurait pu digérer tout ça ensemble. Ensemble. On a toujours été meilleurs, lorsqu’on était ensemble. L'avait-il oublié ?
Seule, dans mon lit, je jetai un coup d’œil à la lune opaline qui éclairait légèrement ma chambre. Est-ce qu’il y avait vraiment un être supérieur, tout là haut ? Si oui, pourquoi s’entêtait-il à faire mal aux mêmes personnes, encore et toujours ? Ce n'était pas juste.
Cette nuit là, je dormis peu.
La première chose que je fis le lendemain fut d’allumer mon ordinateur pour voir si ce que j’avais lu la veille était réel ou si ce n’était qu’une énorme blague, un triste cauchemar que j’avais fait. Nouvelles notifications. J’ignore les autres, je vais tout de suite voir celle qui dit qu’Aldéric a commenté ma publication. Et merde, ce n’était pas un rêve. Il me propose des explications à 16h. Oui, j’y serai. Je les attends, tes explications, Aldéric, je n’attends plus que ça.
Toute la journée de cours, je fus encore moins concentrée qu’à mon habitude ; je ne prononçai pas un mot mais avais l’esprit ailleurs, si bien que j’étais incapable de prendre une seule note. Lorsque la sonnerie de mon dernier cours retentit, je ne perdis pas une seule seconde pour transplaner tout près du Starbuck, dans une petite ruelle tranquille. J’accélérai le pas, courant presque, jusqu’à que je remarquai la silhouette de mon ami, quelques mètres devant moi. Je déglutis, me stoppant net. Qu’est-ce que j’allais pouvoir lui dire ? Je n’avais pas été présente lorsqu’il avait perdu son père alors que lui l’avait été pour moi, pour ma mère. Et je n’étais pas l’amie idéale qui pourrait le rassurer et lui promettre que tout irait bien. Je passai la main dans mes boucles brunes, baissant le regard dès qu’il me remarqua, avant de recommencer à marcher, cette fois-ci le plus lentement possible. Arrivée finalement devant lui, je relevai mes yeux et les plongeai dans ceux de mon ami. « Salut. » Salut ? C’était tout ce que j’étais capable de lui sortir ? Pathétique. Je savais que je pouvais mieux faire, allez, un petit effort, un autre pas à faire. « Je… On entre ? » J’étais une dégonflée. Je n’avais jamais été timide avec Aldéric, jamais, alors pourquoi n’arrivais-je pas à former des phrases correctes maintenant ? Rentrant alors dans le Starbucks, je commandai un cappuccino et un cookie. Attendant que le serveur prépare notre commande, j’osai un nouveau regard vers le Wright. « C’est sympa de se retrouver à Starbucks après les cours, on le faisait souvent à une époque, tu te souviens ? Enfin je t’avoue que ce n’était peut-être pas la peine de se déplacer, on aurait pu parler sur facebook. C’est le nouveau moyen à la mode pour annoncer et parler de choses sérieuses, paraît-il. » Je me mis à rire, comme si ce que je venais de dire avait un semblant d’humour alors qu’à l’intérieur, j’étais en colère. En colère de l’avoir appris comme cela, de cette façon. Peut-être n’avais-je pas été une très bonne amie ces derniers temps, mais ce n’était pas une raison pour me laisser apprendre quelque chose d'aussi énorme devant mon ordinateur ; il était comme un frère, j’aurais du être une des premières à qui il aurait annoncé la nouvelle. Je ne suis pas sûre que j’aurais été de meilleur réconfort, mais au moins, on aurait pu digérer tout ça ensemble. Ensemble. On a toujours été meilleurs, lorsqu’on était ensemble. L'avait-il oublié ?
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Re: i'm not a heartless monster you know, even if i'm not the boy you used to love anymore▬ ekstasy
Jeu 27 Jan 2011 - 10:21
Les quelques mots échangés avec Eurydice à ce sujet me revinrent en mémoire. Elle était dans la confidence puisqu’elle était sorti avec Gianni, lequel était très proche de Capri si je ne m’abuse. Eurydice qui s’était insurgée à cause de ce choix que je devais faire. A son sens, je n’avais pas à m’en préoccuper. Elle avait fait le choix de garder cet enfant, nonobstant les conséquences qui pourraient en découler, et elle n’avait pas à m’imposer ce choix qu’elle avait fait seule qui plus est. Je soupirai lourdement, tirant sur la clope que je venais de m’allumer, comme si cette petite étincelle avait le pouvoir de réchauffer mon être déjà glacé. J’avais été prétentieux de croire que je pouvais rester au dessus de tout sans que jamais rien ne m’atteigne, et pourtant, même le Titanic, réputé insubmersible avait fini par couler. C’était exactement ce qui m’arrivait en ce moment, bien que j’avais cru avoir déjà touché le fond. Un violent sentiment de culpabilité me prit alors que je pensais à Ekstasy, que j’étais en train d’attendre en cet instant. Elle n’avait pas été la seule à blâmer pour ce léger fossé qui s’était creusé entre nous, alors qu’autrefois nous eussions été si proches, et sans secret pour l’autre. Presque fusionnels, en somme. Et pourtant, il y avait eu cette cassure, même légère. Au message qu’elle m’avait envoyé sur Facebook, je devinais sans peine sa déception, comme si garder cette nouvelle pour moi sans estimer nécessaire de lui en parler avait été la pire des trahisons. Quelque chose qu’un frère ne pouvait pas cacher à sa sœur. Elle aurait dû savoir, avant tout le monde. Et je comptais bien le faire, mais c’était sans compter l’intervention de Capri, Capri qui prenait un malin plaisir à distiller les détails de cette grossesse sur le net, au vu et au su de tous mes camarades de classe. Ce qui m’avait bien entendu mis hors de moi, je ne voulais pas que ça se sache, ne serait-ce que pour éviter les racontars, les regards en coin et les questions indiscrètes qui allaient de pair. Je soupirai une énième fois, avant de jeter le mégot incandescent à terre puis de l’écraser. Les mains dans les poches, je fixais les passants, dans l’espoir de repérer cette jeune fille que j’aimais tant. Et à présent que mon regard avait accroché sa silhouette à la fois gracile et fragile, je cherchais la meilleure façon de m’excuser, mais aucune ne paraissait être valable pour justifier un tel silence, alors, je me tus, poursuivant la politique que j’avais adoptée il y a déjà quelques semaines. « Salut. » Je lui souris, avant de me pencher légèrement sur elle pour embrasser sa joue. « Je… On entre ? » J’opinai en silence, incapable d’émettre le moindre son. L’atmosphère était plus que tendue entre nous, il ne serait guère étonnant que l’orage n’éclate incessamment sous peu…Nos disputes étaient rares mais quand cela arrivait, c’était toujours pour des bonnes raisons. « C’est sympa de se retrouver à Starbucks après les cours, on le faisait souvent à une époque, tu te souviens ? Enfin je t’avoue que ce n’était peut-être pas la peine de se déplacer, on aurait pu parler sur facebook. C’est le nouveau moyen à la mode pour annoncer et parler de choses sérieuses, paraît-il. » Je tiquai légèrement à ces quelques mots. Le sous-entendu était on ne peut plus clair. Mais comment lui expliquer que ce n’était pas ma faute?
« désolé. » lâchai-je simplement, le temps de commander un café-latte. Ce fut presque tout ce que je parvins à dire, et pourtant je me maudissais. Je me savais pitoyable, mais on n’aura jamais vu une prestation aussi pathétique. Puis, réalisant qu’un simple désolé ne suffirait certainement pas à panser cette blessure, je me tournai finalement vers elle, légèrement gêné. « Je suis désolé que tu l’aies appris comme ça. » Une phrase toute faite. Mais j’étais sincère. « J’aurais voulu t’en parler, vraiment. Mais je n’en ai pas eu le temps. » Mon regard s’assombrit. Je n’avais pas d’autre choix à part jouer le jeu de Capri. Je n’étais pas en mesure de nier les faits pour être tranquille. Parfois, je me demandais si elle se comportait de la sorte pour se faire plaindre, et me faire passer pour le salaud de l’histoire. Je n’étais sûrement pas la victime, mais je ne pensais pas mériter qu’on me taille un tel costard. A ce que je sache, j’avais encore le droit de garder secrètes certaines informations sur ma vie privée. Après tout, personne n’avait besoin de savoir qu’elle attendait mon enfant, d’autant plus que je n’avais pas encore fait de choix. Les paroles d’Eurydice me revinrent en mémoire. Elle n’avait pas le droit de m’imposer un choix qu’elle avait fait toute seule. Pourtant, j’avais l’impression d’avoir les pieds et les mains liés par tout ce qui disait sur Facebook. Comme si au fond elle ne me laissait pas le choix « Capri m’a devancé en annonçant publiquement la nouvelle. Moi, je ne voulais pas que ça se sache. Tu sais, pour être tranquille. Ça me dérange qu’autant de personnes soient au courant, alors que je n’ai même pas parlé de cette histoire à ma mère. À Elliot. À toi. » je m’interrompus dans un souffle. Peut-être aurais-je dû commencer par là, avant même d’en parler à Bree. Bree qui avait été en parler à Spencer et à Elia. Les autres, eux, l’ont su à cause de Capri. Combien je pouvais en vouloir à la Grymm, là, maintenant, tout de suite. « Si seulement elle n’avait été dire que ça…maintenant…pour peu qu’il y ait quelques personnes qui suivent cette histoire entre elle et moi…ils sauront que je suis malade et que je n’en ai plus pour très longtemps. Parce qu’encore une fois, elle n’a pas tenu sa langue. Et s’il y avait bien une information que je voulais cacher, plus que tout le restant…c’était celle là. » Un long soupir franchit mes lèvres pincées, tandis que mes épaules venaient de s’affaisser, comme si elles portaient un fardeau bien trop lourd. Pourtant, seul Merlin sait que j’aurais aimé que ce ne soit qu’une image.
« désolé. » lâchai-je simplement, le temps de commander un café-latte. Ce fut presque tout ce que je parvins à dire, et pourtant je me maudissais. Je me savais pitoyable, mais on n’aura jamais vu une prestation aussi pathétique. Puis, réalisant qu’un simple désolé ne suffirait certainement pas à panser cette blessure, je me tournai finalement vers elle, légèrement gêné. « Je suis désolé que tu l’aies appris comme ça. » Une phrase toute faite. Mais j’étais sincère. « J’aurais voulu t’en parler, vraiment. Mais je n’en ai pas eu le temps. » Mon regard s’assombrit. Je n’avais pas d’autre choix à part jouer le jeu de Capri. Je n’étais pas en mesure de nier les faits pour être tranquille. Parfois, je me demandais si elle se comportait de la sorte pour se faire plaindre, et me faire passer pour le salaud de l’histoire. Je n’étais sûrement pas la victime, mais je ne pensais pas mériter qu’on me taille un tel costard. A ce que je sache, j’avais encore le droit de garder secrètes certaines informations sur ma vie privée. Après tout, personne n’avait besoin de savoir qu’elle attendait mon enfant, d’autant plus que je n’avais pas encore fait de choix. Les paroles d’Eurydice me revinrent en mémoire. Elle n’avait pas le droit de m’imposer un choix qu’elle avait fait toute seule. Pourtant, j’avais l’impression d’avoir les pieds et les mains liés par tout ce qui disait sur Facebook. Comme si au fond elle ne me laissait pas le choix « Capri m’a devancé en annonçant publiquement la nouvelle. Moi, je ne voulais pas que ça se sache. Tu sais, pour être tranquille. Ça me dérange qu’autant de personnes soient au courant, alors que je n’ai même pas parlé de cette histoire à ma mère. À Elliot. À toi. » je m’interrompus dans un souffle. Peut-être aurais-je dû commencer par là, avant même d’en parler à Bree. Bree qui avait été en parler à Spencer et à Elia. Les autres, eux, l’ont su à cause de Capri. Combien je pouvais en vouloir à la Grymm, là, maintenant, tout de suite. « Si seulement elle n’avait été dire que ça…maintenant…pour peu qu’il y ait quelques personnes qui suivent cette histoire entre elle et moi…ils sauront que je suis malade et que je n’en ai plus pour très longtemps. Parce qu’encore une fois, elle n’a pas tenu sa langue. Et s’il y avait bien une information que je voulais cacher, plus que tout le restant…c’était celle là. » Un long soupir franchit mes lèvres pincées, tandis que mes épaules venaient de s’affaisser, comme si elles portaient un fardeau bien trop lourd. Pourtant, seul Merlin sait que j’aurais aimé que ce ne soit qu’une image.
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Re: i'm not a heartless monster you know, even if i'm not the boy you used to love anymore▬ ekstasy
Ven 28 Jan 2011 - 18:22
Peut-être n’aurais-je pas du user de l’ironie pour lui montrer à quel point j’étais blessée qu’il ne m’en ait pas parlé. Peut-être n’aurais-je du rien dire, comme si le fait que je l’ai appris sur facebook ne me dérangeait absolument pas. Peut-être aurais-je du mettre ma rancune de côté pour me concentrer sur ce qui était vraiment important ; le fait qu’il allait être père. « Désolé. Je suis désolé que tu l’aies appris comme ça. J’aurais voulu t’en parler, vraiment. Mais je n’en ai pas eu le temps. » Je regardai les yeux tristes de mon ami et haussai les épaules. Le temps. On avait beau dire qu’on pouvait toujours en trouver, c’était faux ; chaque personne sur cette Terre ne savait pas combien de temps il lui restait …ça pouvait être deux heures, comme trois jours, comme dix ans. On n’avait aucune idée du temps qu’il nous restait, peut-être encore moins Aldéric. Mais j'aurais pensé qu'il aurait tout fait pour m'épargner l'humiliation d'avoir appris une telle nouvelle de la sorte. « J’aurais aimé que tu le trouves… » me contentai-je de murmurer. Je n’allais pas piquer une crise d'hystérie ni m'énerver contre lui. J'avais beau être déçue, ce n'était pas le moment. Aujourd’hui, il devait plutôt avoir besoin d’une amie. D’une confidente. D’une sœur. « Capri m’a devancé en annonçant publiquement la nouvelle. Moi, je ne voulais pas que ça se sache. Tu sais, pour être tranquille. Ça me dérange qu’autant de personnes soient au courant, alors que je n’ai même pas parlé de cette histoire à ma mère. À Elliot. À toi. » J’hochai la tête, lui montrant que je comprenais. Je ne connaissais pas bien Capri; la seule chose que je savais d'elle c’était qu’à une époque, elle traînait assez souvent avec Aldéric, sa maison, et que c’était une excellente amie d’Emy. Etait-elle quelqu’un de bien ? Je n’en savais rien, je ne la connaissais pas assez pour juger. « Si seulement elle n’avait été dire que ça…maintenant…pour peu qu’il y ait quelques personnes qui suivent cette histoire entre elle et moi…ils sauront que je suis malade et que je n’en ai plus pour très longtemps. Parce qu’encore une fois, elle n’a pas tenu sa langue. Et s’il y avait bien une information que je voulais cacher, plus que tout le restant…c’était celle là. » Je me mordis la lèvre, mal à l’aise pour lui. « Je comprends. » Aldéric ne parlait presque jamais de sa maladie ce que je comprenais parfaitement. La maladie, c’est intime et personnel, et ça n’appartient qu’à la personne concernée. A personne d’autre. Les gens sains compatissent, s’imaginent ce que ça peut-être mais personne n’est apte à en parler à la place du malade, de celui qui en souffre directement.
Le serveur nous donna ensuite notre commande, tandis que je sortais des pièces de mon porte-monnaie. « Je t'invite. » Je lui adressai un faible sourire, lui tendis son café latte et le suivis jusqu'à une table. Je bus quelques gorgées de mon cappuccino tandis que mon esprit, ailleurs, réfléchissait à toute cette situation. Je pensais à Breeony, à la façon dont elle avait du prendre les choses. Car j’étais sûre que c’était à elle, qu’il en avait parlé en premier. A cette pensée, mon cœur se serra. J’appréciais beaucoup Breeony et cela paraissait normal qu’il en parle d’abord à sa petite amie plutôt qu’à moi… mais alors pourquoi étais-je frustrée ?... Je pensais ensuite à cette Capri, à ce qu’elle devait éprouver pour l’être qui logeait dans son ventre. Je l’avais déjà vue prendre des substances illicites lors de soirées; était-elle assez forte pour arrêter et pour prendre soin de son bébé ? Je fronçai finalement les sourcils. Ma mère biologique était une junkie finie et elle m’avait abandonnée aux Beansley lorsque j’avais à peine quelques jours. Même si maintenant elle était clean, je n’aimerais pas la rencontrer, je lui en voulais trop. Mais au final, elle avait fait une bonne chose en me laissant aux Beansley et en m'offrant une véritable mère. Même si je lui en voudrai toute ma vie de m’avoir rejetée à peine née me causant alors de profonds troubles affectifs, c'était sans doute mieux que d'être élevée par une junkie.
Tout le monde finissait par me quitter, ou quand ce n'était pas le cas, c’était moi qui m’éloignais. Aldéric, c’était différent, je le connaissais depuis ma plus tendre enfance et pour le moment il était toujours à mes côtés mais… ma gorge se serra. Pour combien de temps encore ?
« Tu as peur ? » Voilà ce que j’avais réussi à lui sortir au bout de quelques minutes. J’étais franche, directe, je n’y allais pas par quatre chemin, c’était peut-être plus violent, mais au final moins douloureux que de tourner autour du pot. J’avais envie de savoir ce qu’il pensait de tout ça, ce qu’il ressentait au plus profond de son être. Je me tus, buvant encore quelques gorgées de cappuccino, ne souhaitant pas l’influencer par mes pensées. Car même si je me sentais personnellement impliquée dans l’histoire de celui que je considérais comme mon frère, ce n'était pas le cas. Je n'avais aucun droit. Car cette histoire, c’était celle d’Aldéric et de Capri. Seulement d’eux. C'était leur choix.
Le serveur nous donna ensuite notre commande, tandis que je sortais des pièces de mon porte-monnaie. « Je t'invite. » Je lui adressai un faible sourire, lui tendis son café latte et le suivis jusqu'à une table. Je bus quelques gorgées de mon cappuccino tandis que mon esprit, ailleurs, réfléchissait à toute cette situation. Je pensais à Breeony, à la façon dont elle avait du prendre les choses. Car j’étais sûre que c’était à elle, qu’il en avait parlé en premier. A cette pensée, mon cœur se serra. J’appréciais beaucoup Breeony et cela paraissait normal qu’il en parle d’abord à sa petite amie plutôt qu’à moi… mais alors pourquoi étais-je frustrée ?... Je pensais ensuite à cette Capri, à ce qu’elle devait éprouver pour l’être qui logeait dans son ventre. Je l’avais déjà vue prendre des substances illicites lors de soirées; était-elle assez forte pour arrêter et pour prendre soin de son bébé ? Je fronçai finalement les sourcils. Ma mère biologique était une junkie finie et elle m’avait abandonnée aux Beansley lorsque j’avais à peine quelques jours. Même si maintenant elle était clean, je n’aimerais pas la rencontrer, je lui en voulais trop. Mais au final, elle avait fait une bonne chose en me laissant aux Beansley et en m'offrant une véritable mère. Même si je lui en voudrai toute ma vie de m’avoir rejetée à peine née me causant alors de profonds troubles affectifs, c'était sans doute mieux que d'être élevée par une junkie.
Tout le monde finissait par me quitter, ou quand ce n'était pas le cas, c’était moi qui m’éloignais. Aldéric, c’était différent, je le connaissais depuis ma plus tendre enfance et pour le moment il était toujours à mes côtés mais… ma gorge se serra. Pour combien de temps encore ?
« Tu as peur ? » Voilà ce que j’avais réussi à lui sortir au bout de quelques minutes. J’étais franche, directe, je n’y allais pas par quatre chemin, c’était peut-être plus violent, mais au final moins douloureux que de tourner autour du pot. J’avais envie de savoir ce qu’il pensait de tout ça, ce qu’il ressentait au plus profond de son être. Je me tus, buvant encore quelques gorgées de cappuccino, ne souhaitant pas l’influencer par mes pensées. Car même si je me sentais personnellement impliquée dans l’histoire de celui que je considérais comme mon frère, ce n'était pas le cas. Je n'avais aucun droit. Car cette histoire, c’était celle d’Aldéric et de Capri. Seulement d’eux. C'était leur choix.
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Re: i'm not a heartless monster you know, even if i'm not the boy you used to love anymore▬ ekstasy
Sam 29 Jan 2011 - 15:45
J’étais un monstre. Je n’avais pas non plus rempli mon rôle de frère comme il se devait. Ces dernières semaines, j’avais joué les abonnés absents. Et quand je fus enfin de retour, c’était pour critiquer ce monde qui avait été le mien pendant des années. Bien que critiquer et monde n’étaient pas forcément les termes les plus adéquats. Disons que je portais un tout autre regarde sur ce qui m’entoure, personnes comme ambiance. Et plus je m’éloignais d’Hungcalf et de mes pairs, plus je me rendais compte à quel point il pouvait y avoir des tensions entre nous tous, et comme c’était souvent le cas pour des futilités. En réalité, toutes ces histoires avaient le don de m’épuiser, bien plus que je ne l’étais déjà du fait de la maladie. Souvent, il me prenait l’envie de leur mettre une paire de claques à chacun, pour qu’ils se rendent enfin compte à quel point ils étaient devenus des loques humaines, le cadavre de ce qu’ils avaient été avant. Pourtant, je n’étais pas en droit de m’en mêler, je n’en avais pas la possibilité de toute manière, j’avais mes propres problèmes à régler avant de songer à me préoccuper de ceux des autres. Ainsi donc, je rangeai dans un coin de mon esprit l’idée de botter les fesses d’Elliot, pour revenir au problème actuel. C’est-à-dire, régler cette histoire avec Ekstasy, même si la discussion qui s’installait à peine promettait d’être houleuse. « J’aurais aimé que tu le trouves… » Je ne répondis rien, ne prenant même pas la peine de soupirer. Que pouvais-je répondre à cela, à part faire mon mea culpa, de lui dire ô combien j’avais été un ami indigne et un être égoïste? Avec elle, je n’avais pas besoin de m’enfoncer dans des explications toutes aussi fumeuses les unes que les autres, de toute manière, s’il me venait l’idée d’essayer, elle ne tarderait pas à me contrer à chaque fois, tant elle me connaissait. Elle aurait sitôt deviné que je ne lui racontais que des mensonges, des fausses excuses destinées à me disculper. Rien ne pouvait justifier mon comportement de ces dernières semaines, ainsi donc j’avais pris le parti de ne rien dire, me contentant de lui dédier un regard désolé.
« Je comprends. » Ce fut tout ce qu’elle répondit. Elle n’eut pas besoin d’être davantage éloquente, je savais qu’elle comprenait. Après tout, elle pouvait se targuer d’être l’une des rares personnes capables de voir au-delà du masque d’insensibilité et de distance que j’affichais une fois en société. Elle connaissait mes peines, mes douleurs, pour en avoir vécu certaines à mes côtés. Quoiqu’il arrive, je savais qu’elle répondrait à l’appel, quels que soient les non dits, les griefs que l’on pouvait faire à l’autre. Nous ne restions jamais fâchés trop longtemps, notre amitié était bien plus précieuse pour qu’on se permettre de la détruire à cause d’une bêtise. Ces bêtises incluaient notamment le fait de rester sages quand bien même on aurait envers l’autre des intentions que la décence condamnerait. Je n’avais toujours rien dit quand nous nous étions installés à la table que nous occuperions pendant un petit moment encore. Je ne dis toujours rien alors que mes prunelles ambrées scrutaient le visage de mon amie, laquelle était bien silencieuse. Je me demandais quelles pensées pouvaient bien lui traverser l’esprit. Ne serait-ce que pour savoir si elle ruminait toujours cette rancœur qu’elle avait accumulé à mon égard. Enfin, après un instant qui me parut une éternité, tant l’attente en devenait insoutenable en raison de la tension environnante, elle se risqua à briser le silence pour oser une ultime question. « Tu as peur ? » Cette simple question eut pour effet de provoquer en moi une multitude de questions, et autant d’émotions contradictoires. La peur, bien sûr, mais aussi le déni, l’incertitude, la haine, le désespoir, l’injustice. À tout cela s’ajoutaient les nuances, ces émotions sur lesquelles je ne pouvais pas mettre de nom, les idées noires qui me traversaient une fois de plus. Je sus alors que je n’avais aucune réponse concrète à lui fournir, juste des impressions. Mais peut-être étaient-ce justement mes impressions, qu’elle voulait interroger. Je bus à mon tour une gorgée de café, laissant échapper un soupir de satisfaction en sentant le liquide brûlant me réchauffer agréablement le gosier. « Je sais pas. » fut tout ce que je parvins à répondre, après quelques autres interminables minutes. « Dire que j’ai peur serait mentir. Tout autant que dire que je n’ai peur de rien. » Elle devait être bien avancée, n’est-ce pas? J’ignorais si mitigé pouvait être une réponse, peut-être attendait-elle un oui ou un non. Rien qui ne soit vague, dans tous les cas. J’arquai un sourcil. « J’ai peur, oui. Du temps qui passe, assurément. De me savoir…condamné, sûrement. C’est pas facile de se dire qu’on ne sera plus rien une fois l’échéance arrivée. Tu sais, je ne crois pas à Dieu, à l’Au-delà, à toutes ces conneries. » Je soupirai profondément, me tassant un peu plus sur sa chaise. Aussi proches que nous l’étions, jamais je n’avais parlé de tout ça avec elle. Sûrement parce qu’en mettant des mots sur tout ce qui se passait allait apporter aux évènements un tant soit peu de réalité. « mais si tu parle de…de…de…enfin, tu vois quoi…non, je n’ai pas peur. Simplement parce que je ne me sens pas concerné. Pas encore, en tout cas. Ce qui me fait surtout peur…C’est le choix que j’ai à faire. » Oui, c’était du choix que j’avais peur. Un choix difficile, cornélien. Quelle que soit la solution envisagée, jamais plus je pourrai me regarder en face. Je devais choisir, concrètement, si on caricature un peu, entre l’amour de ma vie et cet enfant qui était aussi mon sang. Un choix cruel, impossible. Un dilemme, si chères aux tragédies. Mais ma vie n’avait rien de la tragédie, elle n’était qu’une comédie grotesque où s’enchaînaient les bouffonneries et coups de théâtre ridicules. « Je ne suis qu’un lâche. » finis-je par siffler, mâchoires serrées. J’étais un lâche, un putain de lâche. Je préférais fuir encore plutôt que d’avoir à choisir. Je rivai mes prunelles ambrées dans les yeux clairs de mon amie. « toute ma vie durant, je n’aurais fait que fuir. » Mon regard qui semblait lui implorer de l’aide, un conseil, du réconfort peut-être. Comme pour masquer mon trouble, je bus une autre gorgée de mon café.
« Je comprends. » Ce fut tout ce qu’elle répondit. Elle n’eut pas besoin d’être davantage éloquente, je savais qu’elle comprenait. Après tout, elle pouvait se targuer d’être l’une des rares personnes capables de voir au-delà du masque d’insensibilité et de distance que j’affichais une fois en société. Elle connaissait mes peines, mes douleurs, pour en avoir vécu certaines à mes côtés. Quoiqu’il arrive, je savais qu’elle répondrait à l’appel, quels que soient les non dits, les griefs que l’on pouvait faire à l’autre. Nous ne restions jamais fâchés trop longtemps, notre amitié était bien plus précieuse pour qu’on se permettre de la détruire à cause d’une bêtise. Ces bêtises incluaient notamment le fait de rester sages quand bien même on aurait envers l’autre des intentions que la décence condamnerait. Je n’avais toujours rien dit quand nous nous étions installés à la table que nous occuperions pendant un petit moment encore. Je ne dis toujours rien alors que mes prunelles ambrées scrutaient le visage de mon amie, laquelle était bien silencieuse. Je me demandais quelles pensées pouvaient bien lui traverser l’esprit. Ne serait-ce que pour savoir si elle ruminait toujours cette rancœur qu’elle avait accumulé à mon égard. Enfin, après un instant qui me parut une éternité, tant l’attente en devenait insoutenable en raison de la tension environnante, elle se risqua à briser le silence pour oser une ultime question. « Tu as peur ? » Cette simple question eut pour effet de provoquer en moi une multitude de questions, et autant d’émotions contradictoires. La peur, bien sûr, mais aussi le déni, l’incertitude, la haine, le désespoir, l’injustice. À tout cela s’ajoutaient les nuances, ces émotions sur lesquelles je ne pouvais pas mettre de nom, les idées noires qui me traversaient une fois de plus. Je sus alors que je n’avais aucune réponse concrète à lui fournir, juste des impressions. Mais peut-être étaient-ce justement mes impressions, qu’elle voulait interroger. Je bus à mon tour une gorgée de café, laissant échapper un soupir de satisfaction en sentant le liquide brûlant me réchauffer agréablement le gosier. « Je sais pas. » fut tout ce que je parvins à répondre, après quelques autres interminables minutes. « Dire que j’ai peur serait mentir. Tout autant que dire que je n’ai peur de rien. » Elle devait être bien avancée, n’est-ce pas? J’ignorais si mitigé pouvait être une réponse, peut-être attendait-elle un oui ou un non. Rien qui ne soit vague, dans tous les cas. J’arquai un sourcil. « J’ai peur, oui. Du temps qui passe, assurément. De me savoir…condamné, sûrement. C’est pas facile de se dire qu’on ne sera plus rien une fois l’échéance arrivée. Tu sais, je ne crois pas à Dieu, à l’Au-delà, à toutes ces conneries. » Je soupirai profondément, me tassant un peu plus sur sa chaise. Aussi proches que nous l’étions, jamais je n’avais parlé de tout ça avec elle. Sûrement parce qu’en mettant des mots sur tout ce qui se passait allait apporter aux évènements un tant soit peu de réalité. « mais si tu parle de…de…de…enfin, tu vois quoi…non, je n’ai pas peur. Simplement parce que je ne me sens pas concerné. Pas encore, en tout cas. Ce qui me fait surtout peur…C’est le choix que j’ai à faire. » Oui, c’était du choix que j’avais peur. Un choix difficile, cornélien. Quelle que soit la solution envisagée, jamais plus je pourrai me regarder en face. Je devais choisir, concrètement, si on caricature un peu, entre l’amour de ma vie et cet enfant qui était aussi mon sang. Un choix cruel, impossible. Un dilemme, si chères aux tragédies. Mais ma vie n’avait rien de la tragédie, elle n’était qu’une comédie grotesque où s’enchaînaient les bouffonneries et coups de théâtre ridicules. « Je ne suis qu’un lâche. » finis-je par siffler, mâchoires serrées. J’étais un lâche, un putain de lâche. Je préférais fuir encore plutôt que d’avoir à choisir. Je rivai mes prunelles ambrées dans les yeux clairs de mon amie. « toute ma vie durant, je n’aurais fait que fuir. » Mon regard qui semblait lui implorer de l’aide, un conseil, du réconfort peut-être. Comme pour masquer mon trouble, je bus une autre gorgée de mon café.
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Re: i'm not a heartless monster you know, even if i'm not the boy you used to love anymore▬ ekstasy
Lun 31 Jan 2011 - 19:28
J’avais passé les premiers instants de notre rencontre à éviter le regard de mon ami mais maintenant que la question était posée, mes yeux ne pouvaient détacher les siens, désireux et curieux de savoir les sentiments ressentis par le Wright. « Je sais pas. Dire que j’ai peur serait mentir. Tout autant que dire que je n’ai peur de rien. » J’arquai un sourcil, attendant qu’Aldéric poursuive. Je sais qu’à ma place, c’était facile, je n’avais fait que lui poser une question. Mais lui, lui, il devait trouver les bons mots pour décrire ce qu’il éprouvait et c’était cela le plus dur. « J’ai peur, oui. Du temps qui passe, assurément. De me savoir…condamné, sûrement. C’est pas facile de se dire qu’on ne sera plus rien une fois l’échéance arrivée. Tu sais, je ne crois pas à Dieu, à l’Au-delà, à toutes ces conneries. » Je baissai alors les yeux, car je savais qu’ils allaient s’humidifier d’une seconde à l’autre. Par rapport à Noah, qui m’avait quittée trop tôt – je pensais à Emy – qui nous avait quittées plus tôt, par rapport à maman, à Jimmy, et enfin à Aldéric. A toutes ces personnes qui quittaient pour toujours la Terre, sans savoir au juste où ils se poseraient, si toutefois ils se posaient quelque part… « mais si tu parle de…de…de…enfin, tu vois quoi…non, je n’ai pas peur. Simplement parce que je ne me sens pas concerné. Pas encore, en tout cas. Ce qui me fait surtout peur…C’est le choix que j’ai à faire. Je ne suis qu’un lâche. Toute ma vie durant, je n’aurais fait que fuir. » Je fronçai les sourcils, contredisant immédiatement les propos d’Aldéric ; « C’est faux. » Je marquai une pause, attrapant la main de mon ami pour la serrer comme si ce contact physique lui apporterait un minimum de réconfort. « C’est faux. Tu… Tu n’as pas eu une vie facile, Aldéric… mais regarde-toi, regarde qui tu es devenu aujourd’hui ; quelqu’un de bien. Quelqu’un de courageux. Tu t’es battu et tu te bats encore. » Je m’interrompis, un soupir triste soulevant ma poitrine. Il avait passé sa vie à se battre, non à fuir. Je relâchai sa main et murmurai alors d’une voix suffisamment claire pour ne pas que j’ai à me répéter ; « Ce qui te tuera, ce n’est en rien ta lâcheté. » Ce sera la maladie, juste elle. Mais il ne faut pas que tu partes en pensant que ta vie est une série d’échecs, car c’est faux, terriblement faux.« Et pour… pour le … bébé. » Ce mot avait eu incroyablement du mal à franchir mes lèvres. Je regardai Aldéric, comme une mère regarderait son fils si elle venait à apprendre qu’il avait mis une jeune femme enceinte. Et comme une mère, j’éprouvais de la peur, moi aussi. J’avais peur que ce bébé compromette l’avenir d’Aldéric, lui enlève définitivement ses rêves et ce qu’il souhaitait entreprendre tant qu’il en avait encore le temps. Et enfin, comme une mère d’enfant malade, j’avais peur que ce bébé ne fatigue Aldéric plus qu’il ne le devrait. « En fait, je crois que je ne peux pas t’aider. Capri a fait le choix de le garder, elle a fait le choix de devenir une mère, mais toi, pas encore. Il n’y a que toi qui peux décider de ça… Moi, la seule chose que je puisse faire, c’est te soutenir, t’épauler, quelque soit ta décision.» Je lui adressai un sourire réconfortant avant de boire quelques gorgées de cappuccino. Peut-être que ma mère n’était pas un monstre finalement. Peut-être avait-elle juste fait ce choix en se disant que ce serait mieux pour tout le monde. Enfin… je jetai un autre coup d’œil à Aldéric. Non. Lui ferait un bon père, lui saurait arrêter toutes ses mauvaises manies pour s’occuper de son enfant, j’en étais sûre. « Mais si tu hésites parce que tu as peur de mal remplir ce rôle… alors cesse tout de suite. Parce que même si… même s’il ne te reste que quelques années, peut-être qu’aux côtés de ton enfant, elles te paraîtront particulièrement douces. » Le visage sérieux, je fixai les yeux bruns de mon ami, guettant une réaction. Par pitié, Aldéric, ne pense qu’à toi et à l’enfant dans cette histoire… Et n’écoute que ton cœur. Ni le mien, ni celui de Breeony. Ni même celui de Capri. Fais ton propre choix, et sois sûr que, quel qu’il soit, tu seras prêt à assumer les conséquences. Détachant soudainement mon regard, je me mis à rire ; « Enfin… tu sais, je dis ça, mais je ne pense pas être la meilleure conseillère possible à ce sujet. » Stoppant mon rire nerveux, je repris quelques gorgées de cappuccino pour me donner une contenance. S'il avait bien quelque chose à retenir de mes propos c'était que je le soutiendrai, quoiqu'il décide.
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