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Hey, hey. I wanna be a Rock Star ♦ Silver
Lun 31 Jan 2011 - 19:55
J’avais eu peur, au début, de sombrer dans l’inconnu. De me perdre dans cette nouvelle université. Et d’être seule, effroyablement seule. J’avais eu peur, oui, comme à mon habitude. Je m’étais attendue à ce que l’on me tourne le dos, qu’on me fuit car j’étais « celle qu’on a envoyé ici pour s’en débarrasser ». Mais j’avais eu de la chance, apparemment. Aucun des autres étudiants ne connaissaient ma réelle présence ici, pensant certainement que j’avais été attiré par les joies d’un échange culturel, le genre d’échange qui ne m’avait jamais intéressé. Mieux même, j’avais fait des connaissances intéressantes ; avais même développé des débuts d’amitié. C’était tout simplement incroyable, dans la continuité. J’avais l’impression de n’avoir jamais quitté l’Amérique, en un sens. Car le paysage, lui, était tout autre. Les gens étaient différents, tellement différents. L’ambiance n’était pas du tout la même aussi et j’aurais pu continuer, pendant longtemps, sur la comparaison. Mais j’avais autre chose à faire. J’avais envie de bouger, de courir, que sais-je. Le monde à ma portée ne me suffisait plus, j’avais envie d’explorer. De connaître un peu plus le bâtiment que je foulais depuis mon arrivée, la semaine précédente. Une semaine, c’était bien peu pour tout connaître, tout savoir. Mais largement suffisant pour avoir entendu parler de certains coins à ne rater à aucun prétexte. J’entendais souvent parler d’un endroit intitulé « le grenier ». Je n’avais strictement aucune idée de quoi il en retournait mais je comptais bien, un jour, faire connaissance du lieu-dit. En attendant, il fallait que je continue de vagabonder, portée par ma démarche légère, vers de nouveaux lieux à découvrir. A redécouvrir. Et, aussi, vers d’autres places, bordées de monde, afin que je puisse entendre parler d’autres places appétissantes. La vie était belle, ici. La vie était douce. J’avais l’impression d’avancer sur un étrange nuage. Je savais que j’allais bientôt en redescendre ; mais ne connaissais pas la date. Je ne voulais pas savoir, préférant avancer au gré du vent et des rencontres. Et en l’instant présent, j’avais envie d’aller au deuxième étage. J’avais entendu parler des couloirs coulissant et, dans mon esprit de gamine, je trouvais l’idée de m’y promener follement amusante. Des couloirs coulissants. Je m’imaginais d’or et déjà dans un labyrinthe, à l’image du jeu de société moldu auquel je jouais avec mon frère, petite. La différence, c’était que j’avais tout mon temps, n’avait personne à battre et aucune carte à aller récupérer. Heureusement.
Je changeais d’étage, arrivant enfin là où je voulais être. Un sourire commençait à s’étirer sur mes lèvres, j’étais ravie comme une gamine, excitée comme un pou. Je devais certainement être ridicule ainsi. Mais je m’en moquais. J’avais fini par ne plus faire attention au regard des autres. Ou, plutôt, un peu moins ; cela me touchait moins, voilà. Je fis un peu supplémentaire, vis une tête blonde descendre des escaliers. Ah ? Ces cheveux-là me disaient quelque chose, j’avais déjà eu une discussion avec la demoiselle. Son statut : correspondante. Son prénom : une belle énigme. J’avais un peu de mal à me rappeler du prénom de chacun. Comment pouvais-je souvenir si le débit des nouvelles rencontres était à ce point important ? Ca allait venir, je ne désespérais pas. En attendant, elle allait s’appeler la blonde. Ce n’était pas original, j’en conviens. Mais c’était mieux que rien, après tout. Je fis demi tour, revenant dans la cage des escaliers que je venais de quitter. Juste un petit sourire, allez, et c’était reparti. « Bonjour ! », avais-je dit dans un français presque parfait. Si je ne me souvenais plus de l’identité de la demoiselle, je me souvenais de notre brève discussion précédente où elle m’avait dit qu’elle était française et que, blàhblàhblàh, je lui avais répondu que je connaissais quelques phrases, ma mère l’étant également. C’était dans cette optique là que je l’avais salué de cette manière, histoire de lui remettre les idées en place, aussi. J’hésitais, alors, entre entamer une conversation – pas forcément intéressante – ou aller faire un tour dans le couloir de mes rêves. Ou presque. On le qualifiait de « serial killer », je n’en croyais pas un mot. Avant d’avoir vu, avant de mourir de ses mains. Ou de ses murs, plutôt. Prenant une voix enjouée, je repartis sur la langue anglaise ; c’était tellement plus facile. « Je t’avouerai que je ne me souviens plus de ton prénom, là. Mais t’avais l’air vraiment funky la dernière fois. Ce te dirait de faire un tour, dans les couloirs-là : j’ai envie de me faire surprendre ? Ou d’aller boire un coup, quelque part ? J’t’offre le verre, pas de soucis. Si tu ouvres la voie, aussi … Ca fait longtemps que t’es là, à tout hasard ? ». J’arquai alors le sourcil gauche, vieille habitude quoi me suivait pour indiquer que je m’intéressais à la conversation. Ou à la personne, c’était au choix ; parfois aux deux comme à l’instant présent. Je toussotai alors, afin de chasser l’immaturité qui pointait dans mon comportement. Comme si cela allait changer quelque chose à ma situation ; ça me faisait drôlement sourire, encore. Si ça continuait, la blonde allait croire que je me foutais de sa gueule, comme ça. Ce qui n’était pas du tout le cas. Je tentais alors de soulager mes zygomatiques, mais c’était pire. A ce train-là, j’allais finir par attraper des crampes aux joues. Dire que je n’avais même pas rigolé, c’était carrément grave. Tripotant l’élastique que j’avais au poignet droit, j’attendais une réponse de ma partenaire. Peut être que je la surprenais, à parler comme ça. J’avais toujours été direct, pas assez timide selon mes parents. Je parlais presque à n’importe qui, me foutant des conséquences, généralement. Et ça, ça la foutait mal, parfois. Mais impossible de me corriger, c’était ma nature et changer ne me venait pas à l’idée. « Disons que les cours sont finis, là, pour la journée. Et j’ai envie de bouger, de remuer, de danser. Donc, si tu as une idée, n’importe laquelle, mieux que celles que je t’ai proposées, je t’écoute. J’crois que t’es là depuis plus longtemps, je suis donc tes humbles conseils. Dans la mesure du possible. J’avais failli finir par lâcher un clin d’œil, comme j’avais l’habitude de le faire. Mais je n’étais pas encore chez moi. Je n’avais pas envie de passer pour une folle à lier des les premiers jours. Un peu de tenue était exigée ; je n’allais pas tenir longtemps. Mon habitude de parler était déjà revenue. J’étais heureuse de ne pas avoir casé un « bordel » ou un « putain » dans les pauvres phrases que j’avais dites. Cela aurait été pire que tout, je crois. Enthousiaste, je regardais la blonde, prête à partir sur ses talons si besoin était.
Je changeais d’étage, arrivant enfin là où je voulais être. Un sourire commençait à s’étirer sur mes lèvres, j’étais ravie comme une gamine, excitée comme un pou. Je devais certainement être ridicule ainsi. Mais je m’en moquais. J’avais fini par ne plus faire attention au regard des autres. Ou, plutôt, un peu moins ; cela me touchait moins, voilà. Je fis un peu supplémentaire, vis une tête blonde descendre des escaliers. Ah ? Ces cheveux-là me disaient quelque chose, j’avais déjà eu une discussion avec la demoiselle. Son statut : correspondante. Son prénom : une belle énigme. J’avais un peu de mal à me rappeler du prénom de chacun. Comment pouvais-je souvenir si le débit des nouvelles rencontres était à ce point important ? Ca allait venir, je ne désespérais pas. En attendant, elle allait s’appeler la blonde. Ce n’était pas original, j’en conviens. Mais c’était mieux que rien, après tout. Je fis demi tour, revenant dans la cage des escaliers que je venais de quitter. Juste un petit sourire, allez, et c’était reparti. « Bonjour ! », avais-je dit dans un français presque parfait. Si je ne me souvenais plus de l’identité de la demoiselle, je me souvenais de notre brève discussion précédente où elle m’avait dit qu’elle était française et que, blàhblàhblàh, je lui avais répondu que je connaissais quelques phrases, ma mère l’étant également. C’était dans cette optique là que je l’avais salué de cette manière, histoire de lui remettre les idées en place, aussi. J’hésitais, alors, entre entamer une conversation – pas forcément intéressante – ou aller faire un tour dans le couloir de mes rêves. Ou presque. On le qualifiait de « serial killer », je n’en croyais pas un mot. Avant d’avoir vu, avant de mourir de ses mains. Ou de ses murs, plutôt. Prenant une voix enjouée, je repartis sur la langue anglaise ; c’était tellement plus facile. « Je t’avouerai que je ne me souviens plus de ton prénom, là. Mais t’avais l’air vraiment funky la dernière fois. Ce te dirait de faire un tour, dans les couloirs-là : j’ai envie de me faire surprendre ? Ou d’aller boire un coup, quelque part ? J’t’offre le verre, pas de soucis. Si tu ouvres la voie, aussi … Ca fait longtemps que t’es là, à tout hasard ? ». J’arquai alors le sourcil gauche, vieille habitude quoi me suivait pour indiquer que je m’intéressais à la conversation. Ou à la personne, c’était au choix ; parfois aux deux comme à l’instant présent. Je toussotai alors, afin de chasser l’immaturité qui pointait dans mon comportement. Comme si cela allait changer quelque chose à ma situation ; ça me faisait drôlement sourire, encore. Si ça continuait, la blonde allait croire que je me foutais de sa gueule, comme ça. Ce qui n’était pas du tout le cas. Je tentais alors de soulager mes zygomatiques, mais c’était pire. A ce train-là, j’allais finir par attraper des crampes aux joues. Dire que je n’avais même pas rigolé, c’était carrément grave. Tripotant l’élastique que j’avais au poignet droit, j’attendais une réponse de ma partenaire. Peut être que je la surprenais, à parler comme ça. J’avais toujours été direct, pas assez timide selon mes parents. Je parlais presque à n’importe qui, me foutant des conséquences, généralement. Et ça, ça la foutait mal, parfois. Mais impossible de me corriger, c’était ma nature et changer ne me venait pas à l’idée. « Disons que les cours sont finis, là, pour la journée. Et j’ai envie de bouger, de remuer, de danser. Donc, si tu as une idée, n’importe laquelle, mieux que celles que je t’ai proposées, je t’écoute. J’crois que t’es là depuis plus longtemps, je suis donc tes humbles conseils. Dans la mesure du possible. J’avais failli finir par lâcher un clin d’œil, comme j’avais l’habitude de le faire. Mais je n’étais pas encore chez moi. Je n’avais pas envie de passer pour une folle à lier des les premiers jours. Un peu de tenue était exigée ; je n’allais pas tenir longtemps. Mon habitude de parler était déjà revenue. J’étais heureuse de ne pas avoir casé un « bordel » ou un « putain » dans les pauvres phrases que j’avais dites. Cela aurait été pire que tout, je crois. Enthousiaste, je regardais la blonde, prête à partir sur ses talons si besoin était.