Tu savais ! Tu savais qu’il rageait, qu’il bouillonnait même et ça te faisait rire. « Qu’est-ce qui te fait rire comme ça ? » Tu tournas légèrement la tête, apercevant le dos nu de ton amant de l’instant. Tout en te relevant et reboutonnant ton pantalon, tu lui lâchas un « Rien ! Rien de bien important » et pourtant, à ce moment là tu ne pensais qu’à lui. Un sourire mesquin se dessina sur ton visage et une voix dans ta tête laissant entendre un « bien fait ». Tu terminas vite de te rhabiller tout en demandant à ton compagnon de lit si il pouvait te déposer au terrain, tu avais entrainement. Fou de toi, il ne put te le refuser alors que lui-même devait être sacrément en retard, mais qu’importe pour toi, sa vie tu t’en foutais, c’était son corps qui t’intéressait et il t’avait donné ce dont tu avais envie alors après …

A vue de nez, tu devais avoir plus de vingt minutes de retard. Le jeune homme avec qui tu avais passé un charmant moment et dont tu ne te rappelais déjà plus son nom, te déposa à l’orée du terrain de Quidditch, là où sous une pluie fine mais puissante, s’entrainer déjà tes coéquipiers. Un regard vers eux et tu captas très vite que ton arrivé avait été remarqué par un brun que tu ne connaissais que trop bien. Plus pour le rendre jaloux que par envie, tu embrassas ton amant du jour à pleine bouche et avec passion, espérant bien que cette étreinte ai l’effet escompter sur le capitaine de Quidditch.

Tu trottinas, style d’être pressé mais n’adressa aucunes excuses à ton chef d’équipe. Un simple sourire en coin, à peine un gloussement avec ta coéquipière alors que tu la rejoignais tout juste et tu t’incrustas dans l’entrainement comme si de rien n’était.

« T’as pris ton temps Rosewood »

Même avec les bourrasques de vent, tu reconnus sa voix et une sorte de petite victoire s’immisça dans ta tête. Très doucement, tu vis volte face avec ton balai, te trouvant alors de profil à lui. Tu le toisas du regard et tout en jetant un coup de tête à l’endroit de ton arrivée, tu répondis « J’avais quelque chose sur le feu ! »
Ton regard en arrière te permit de voir le même jeune homme que tu avais sous les draps à peine une heure auparavant, te dévisager du regard. Les vôtres se croisèrent, il te fit un signe enjoué. Il était toujours là. Pauvre petit chiot, raide dingue de toi alors qu’à ton sens il n’est qu’un jouet dont tu disposes quand tu t’ennuies. Il s’est sans doute accroché … Tant pis, il souffrira.

***

Décidément, les plaisirs charnels justes avant le match t’avaient donné des ailes. Tu t’étais trouvé bonne, efficace et c’est donc avec un sentiment de fierté que l’entrainement s’acheva pour toi. La pluie s’était calmé, tu n’en restais pas moins trempé et n’avais qu’une envie, celle d’aller te troquer tes vêtements mouillés pour un jet d’eau chaude bouillant et des tissus secs.  C’est avec ces plans en tête que tu commenças à te diriger vers les vestiaires, malheureusement pour toi, cela ne se passa pas comme prévu.

Tu t’arrêtas net en entendant l’interpellation de Daniel, roulant tes yeux jusqu’au ciel, laissant ton amie avancer seule devant toi. Demi tour sur toi-même et tu fixas ton capitaine sans dire un mot, le regard dédaigneux.

La pluie continuait de tomber, ne donnant aucun répit à ta chevelure déjà trempés dont les gouttes d’eau froide se délectaient sans doute. Ton visage, lui aussi, n’avait le droit à aucune accalmie. Le vent commençait alors à souffler, se donnant de la puissance et ce froid te mordait les joues.

Tu laissas un instant de silence, à regarder celui qui auparavant était tien, droit dans les yeux. Une manière de le défier ? De lui montrer que tu ne te démontrais pas ? Non pas vraiment ! Les souvenirs et sentiments avaient tendance à te torturer dans ce genre de situation, quand tu étais seule avec lui. Mais impossible de perdre la face, non Faye tu n’avais pas le droit de te laisser aller à des songes passés. Tu te repris alors, instinct de survie et sans aucune gêne tu te dirigeas dans le vestiaire des capitaines où tu entras. Le froid te prenait bien trop fort dans ses bras, il ne manquerait plus qu’il anesthésie ton cerveau. Non tu avais besoin de toute ta raison, de toutes tes capacités pour te confronter à lui et même si tu faisais le genre de fille intouchable face à ses remarques, toi-même tu savais ce que cela provoquait chez toi. En entendant des pas sur le parquet vieillis par les années, tu compris alors qu’il t’avait suivi. Une inspiration lente et profonde te donna la contenance suffisante pour te retourner et lui faire face. De nouveau, tes yeux dans les siens et non Faye cette fois encore tu ne te démontras pas.
« Tu veux me virer de l’équipe Westchester ! Mais je t’en prie ! Fait donc ! » Dis-tu en t’inclinant comme si Monsieur en était digne. « Mais tu sais très bien que si tu fais cela, tu peux dire adieu à la coupe ! »
Te vanter sur des affabulations n’était pas ton genre, lui-même le savait ! Si tu te mettais en avant c’était sur des choses concrètes. Tu n’étais certes pas irremplaçable mais il ne pouvait nier que tu étais un membre moteur du groupe. Les entraînements avec son frère lui avait permis d'acquérir un niveau notable.

Votre proximité ancienne t’avais également permis de le connaitre d’avantage. Si Daniel n’avait pas changé depuis ce temps alors sa hargne, son envie de gagner était plus forte que tout, dépassé tout ! La coupe était son but ultime, si il était si dur, si intransigeant dans son rôle de capitaine d’équipe ce n’était pas pour rien.
Ton regard n’avait pas cillé d’un point, toujours dans le sien. Il savait que tu ne blaguais pas, comme il savait aussi que ce qui vous avez aussi rapproché était cette passion commune pour le Quidditch. Peut-être regretterais-tu cette provocation. Peut être que tu en perdrais ta place mais au moins tu aurais conservé un point d’honneur à ne jamais capituler ou te faire marcher dessus.

Un rire se mêla alors à un soupire. Que pouvais-tu répondre à sa question hein ? Il n’y avait pas de réponse. Ton problème c’était lui, c’était vous, votre passé, vos baisers, ses promesses, sa trahison … Il le savait et il osait encore poser la question comme si il était blanc comme neige dans leur relation.
« Tu sais très bien pourquoi je fais encore partis de cette équipe »
Sa passion et rien de plus. Cette équipe était la seule chose que ses ainés avaient acceptée de son engouement pour ce jeu bien trop masculin pour une demoiselle de son rang.

Ce ton si dur te rappela des souvenirs et sans doute pas des meilleurs, dommage pour Daniel. Son intonations te brusqua, tu détestais qu’on te crie dessus, tu l’avais bien trop entendu ce ton si autoritaire, celui qui te ramenait à ton enfance, te poussant à l’époque à baisser la tête, les yeux. Seulement il n’en était rien aujourd’hui, pas pour lui, non tu ne te soumettrais pas à son courroux quelque soit la position qu’il pouvait bien avoir envers toi.

Assis contre le mur, ton visage se ferma, réaction d’une huître face au danger et de nouveau tu laissas quelques secondes de silence, respectant l’écho de la voix masculine s’évaporer dans l’air qui vous entourez. L’imitant, tu retiras ta cape humide, la jetant sur une chaise au passage tout en t’approchant vers lui d’un pas lent. Le bout de ses chaussures, souillés par la boue, touchèrent les siennes. Une main sur la pierre froide et rugueuse au dessus de ta tête et tu te penchas vers lui, ne laissant qu’un infime espace entre vos deux visages. Sans ciller, tes yeux vinrent capturer les siens et d’une voix très lentes et dépourvu de chaleur tu laissas alors entendre. « Serais-ce des menaces Daniel ?! » Ton regard s’introduisit encore plus profondément dans le sien, à se demander si tu ne venais pas à sonder son âme tellement la proximité était là.

Tu te relevas alors brusquement, des longs cheveux blonds venant caresser son visage et toujours de la même cadence tu t’éloignas, doucement. « Tu pensais vraiment t’en tirer ainsi ? » Volte face et te voila de nouveau face à lui alors qu’auparavant seul ton dos était visible « Quelques années et hop ! La petite Faye oubliera vite ! Ce n’est qu’un simple déconvenue » Citas-tu d’un ton ironique « Un simple déconvenue … »
Non il n’était pas que cela et malheureusement pour toi encore aujourd’hui il était bien plus ! Il avait brisé ton cœur de jeune fille éprise et croyant à cette union. Il t’avais salie, bafouée et surtout trahit. « Tu seras mienne pour l’éternité ! » Hurlas-tu en riant sur un air moqueur. « Menteur Daniel ! Menteur !!! » … « Comment veux-tu que j’ai le moindre respect pour un être aussi abjecte que toi » Les dents et poings serrés, tu faisais exploser toute une haine accumulé durant des années.

Il était devenu rebelle, le petit chaton avait pris de l’assurance. Ce qui te fit rire, ironiquement. Il était bien tard pourtant, tu auras préféré qu’un acte de bravoure se passe des années auparavant. Tout aurait alors différent, vous en serez pas là, à vous haïr ou toi du moins ! Mais où en serez vous hein ? Tu l’avais souvent imaginé, rêvé ces années qui n’existeront probablement jamais. Vous auriez été sans doute unis à jamais, avec peut être un enfant déjà ou même deux et vous vous serez aimé comme à l’époque. Ta vue se troubla par tes pensées, des songes que tu aurais aimé réel, à l’époque. Mais très vite le goût acre de la trahison te revint en bouche et tu retombas sur tes pieds, en pleine réalité, celle qui te frappa aux visages, celle qui t’avait amené jusqu’ici, en face de lui.
Ton corps humide fut pris par la chaleur des enfers, ça bouillonnait depuis tellement longtemps que même ton corps transpirait cette rage, cette douleur, cette tristesse. Et tu la laissas sortir, t’envahir. Tu l’écoutais à peine, des paroles étaient voilés, embués par tout ce qui se passait en toi. Tu ne pouvais rester statique, tu bougeais sans cesse, faisant les cents pas. C’est même sans le regarder, tes bras autour de toi, en train de te ronger les ongles que tu laissas entendre un « Mais je t’aimais Daniel ! »

Comment un homme pouvait avoir autant d’emprise sur toi, comment pouvait-il rythmer tes humeurs. Il avait plus d’impact que tu ne le pensais. Tout ces amants, était-ce pour le rendre jaloux ou pour te punir d’avoir été aussi faible, d’avoir cru en lui, en un amour que tu pensais éternel ? Mais lui t’aimait-il vraiment pour être passé à autre chose alors que toi tu n’y arrivais pas, alors que toi tu ressasser sans cesse le passé, votre passé.

Ses paroles résonnèrent dans ta tête «  … aujourd'hui tu peux avoir qui tu veux, alors pourquoi tu continues à me chercher » Parce qu’à l’époque c’était lui que tu voulais, que tu ne l’avais pas eu et aujourd’hui ton caprice d’enfant continuait sous une autre forme. Aujourd’hui tu voulais lui faire du mal, autant de mal que ce que tu avais ressentis à l’époque mais tu te rendais compte que tout cela n’avait aucuns impacts sur lui, il était intouchable, du moins dans ce domaine …

C’est lui qui avait peut être raison. Tu te devais de passer à autre chose, pour toi, pour ton bien être pour ton équilibre. Soit égoïste, bien que cela lui rendrait sans doute service, et pense à toi. Dan était définitivement du passé concrètement, lui-même était passé à autre chose alors pourquoi, toi, tu avais autant de mal à en faire de même. En vérité tu ne l’aimais plus, c’était terminé depuis un moment ce sentiment de papillon, de cœur loupant un battement quand tu le voyais, ce frisson qui parcourait ton corps quand tu venais à l’effleurer. C’était fini pour toi et pourtant … Tu lâchas un rire sarcastique en entendant ses paroles, ça t’énervait.
« Permet moi d’en douter mon cher Dan’ ! Tu es vite passé à autre chose toi qui disait que tu te bâterais jusqu’au dernier pour que je porte ton nom ! Il est où le guerrier HEIN ! Tu n’es qu’un lâche Dan’, tu as préféré te soumettre à la volonté de tes parents plutôt que de leur imposer ton choix, choix qu’ils ont dabors fait avant toi si je ne me trompe. »
Oui c’était ça, tu avais l’impression qu’il s’en était tiré à bon compte, que ses paroles d’amour et promesses n’avaient été que du vent. Tu ne pouvais t’empêcher de repenser à cette horrible période, à l’humiliation que tu avais vécût à l’annonce de la fin de vos fiançailles. Il était un peu ta bouée à l’époque. Alors qu’on racontait des choses sur la pureté de ton sang, ces ragots qui t’étouffait, lui était ta bouffée d’air frais. Et puis tout s’est empiré, tu ne comptes plus les hiboux que tu recevais en salle commune avec des injures tel que « impure », « menteuse », « tu es sale » … C’était à ce moment là que tu avais encore plus besoin de son soutien, mais lui il s’éloignait.
Intérieurement tu te recroquevillas sur toi-même et cela se traduit physiquement. Tes propres bras entourés ta carcasse trempée, se laissant aller à des spasmes de fatigue mêlés au froid. Tu ne bougeas plus, regardant le sol, les yeux dans le vague et laissa entendre en un murmure
« Je veux plus rien de toi Dan’ » … « c’est finis ! »
Etais-tu réellement consciente ou dans une léthargie qui t’emmenait complètement ailleurs. Il aurait pu parler, dire milles mots sans que tu ne les entendes. Tout se bousculait dans ta tête, notamment ces souvenirs affreux d’un passé douloureux et marquant. En vérité tu ne savais même pas comment tu faisais pour tenir sur tes jambes, une bourrasque de vent te terrasserait complètement. Tu étais ailleurs, envahis par des songes d’un passé ayant plus de contenances que tu ne l’aurais pensé.

Et dans le froid glacial qui entourait ton cœur, tu sentis une chaleur réconfortante. Peu à peu c’était un peu comme si tu repris vie, comme si ton cœur recommençait à battre, comme si tes sens fonctionnaient de nouveau … Alors tu sentis ce parfum que tu connaissais si bien, cette odeur familière, celle de ses cheveux dans lesquels tu aimais passer ta main, celle de sa peau que tu aimais parsemer de baiser. Les souvenirs remontent, ta vue se voile et ton cœur se serre. Violemment tu le repousses au point où il finit à terre, sur le parquet trempé.
« DÉGAGES DAN ! DÉGAGES ! NE ME TOUCHE PLUS ! »
Un silence, tu reprends ton souffle, et presque haletante tu poursuis
« Je ne veux pas de ta pitié Daniel ! Tu n’as donc pas compris que je ne voulais plus rien de toi ! Je te hais, je te déteste, je te méprise ! »
Les talons de tes bottines claquent sur le parquet pendant que tu fais le tour de sa personne, tel un loup autour d’une brebis blessé.
« Tu n’es plus rien Dan’, tu ne vaux plus rien »
Tu es une autre, comme habité, possédé. C’est comme si toute la douleur que tu as ressentis au moment où tu avais appris la rupture de vos fiançailles, l’instant où la porte de la demeure Westchester s’était refermé sur toi alors que tu suppliais de le voir, ce mot « reject » en majuscule et de couleur rouge sur les lettres que tu lui envoyais et que te ramenais aussi vite ton hiboux … C’était comme si tout cela se transformé en haine et te dépassait littéralement. C’était un combat intérieur qui se jouait en toi, entre la haine, l’amour et la souffrance. Trois rois pour un seul trône.